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UNIVERSITE DE DOUALA
*****************
ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES
ECONOMIQUES ET COMMERCIALES
(E.S.S.E.C)
MEMOIRE
En vue de l’obtention du
Diplôme d’Etudes Supérieures de Commerce (DESC)
Rédigé et soutenu par :
EYA’ANE ABOUE Pulchérie Jessica Emmanuel
UE : MEMOIRE
Filière : DESC
Option : Gestion Financière et Comptable (FICO)
Niveau : 4
Matricule : 11S1084
Sous l’encadrement
Académique de : Professionnel de :
Dr. ONOMO Cyrille M. BELLET-EDIMO Maurice
Enseignant à l’ESSEC Analyste des risques d’investissement
M. Valentin TCHAKOUNTE
Enseignant à l’ESSEC
THEME :
LA NOTATION FINANCIERE ET LE MODELE
FINANCIER DE DUPONT DE NEMOURS : UNE
ANALYSE A PARTIR DES EXPERIENCES
CAMEROUNAISES
Année Académique 2016 - 2017
REPUBLIQUE DU CAMEROUN
Paix – Travail – Patrie
***********
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT
SUPERIEUR
REPUBLIC OF CAMEROON
Peace –Work – Fatherland
**********
MINISTRY OF HIGHER EDUCATION
II
DEDICACE
Je dédie ce travail à tous ceux que je porte dans mon cœur.
III
REMERCIEMENTS
Le présent ouvrage, qui est le fruit d’un travail acharné, a vu multiplier les apports tant sur le
plan intellectuel, moral que financier d’un bon nombre de personnes. Nous tenons ainsi à
remercier particulièrement :
▪ Dr ONOMO Cyrille, qui a guidé notre travail avec vigilance tout en faisant preuve
d’une grande sollicitude et d’une disponibilité de tous les instants.
▪ M. BELLET EDIMO et M. TCHAKOUNTE Valentin, pour l’aide au choix du thème,
à l’identification de la problématique et à la délimitation du cadre du sujet.
▪ Tout le personnel enseignant et non enseignant de l’École Supérieure des Sciences
Économiques et Commerciales (ESSEC) pour leur encadrement.
▪ M. FANDIO TCHABO Ferdinand de la Direction Statistique Économique et M.
NANA FEUKEU Armand pour leur grande disponibilité afin de nous permettre
d’avoir accès aux informations pour l’opérationnalisation de notre recherche.
▪ M. EBOKO MBAPPE Georges Lacour, pour ses conseils utiles et encourageants.
▪ Notre famille en les personnes de Mme EYA’ANE ABOUE Pulchérie, M. MBARGA
MVONDO Henri, M. ABANDA, Mme MBARGA Palestine, Mme EKANI Christelle,
Mlle MBECHEUN Nadège, Mme EKAMBI Stéphanie, M. EYA’ANE Patrick, Mlle
EYA’ANE Kelly et M. MEKA Jean Marc pour leurs soutiens moral et financier
indéniables.
Nous remercions tous ceux qui ont participé de près ou de loin à la réalisation de ce mémoire.
IV
AVANT PROPOS
L’école supérieure des Sciences Économiques et Commerciales (ESSEC) de Douala à
travers son programme académique, prévoit pour l’obtention du Diplôme d’Études
Supérieures de Commerce (DESC), la rédaction en fin de formation d’un mémoire dont le
sujet est lié à l’option de l’étudiant. Il est alors question pour l’étudiant de faire un travail de
recherche sur un thème pertinent débouchant sur la résolution d’un problème spécifique pour
un secteur d’activité d’entreprises bien précis. C’est dans cette optique que nous avons traité
du thème : « Le modèle de notation de Dupont de Nemours : une analyse à partir des
expériences camerounaises ».
La notation financière des entreprises à l’international prend de l’importance de par
l’utilité faite de la note attribuée à une entreprise. Mais en Afrique et plus précisément au
Cameroun, cette activité ne commence qu’actuellement à s’accentuer. Les cabinets
internationaux qui s’installent en Afrique oublient la contextualisation des démarches de
notation. Ainsi il existe des aspects tels que le capital social de l’entreprise qui ne sont pas
pris en compte dans les démarches de notation.
V
RESUME
La notation financière existe aujourd’hui dans plusieurs domaines allant de la finance
à la responsabilité sociétale des entreprises. Son intervention dans des processus d’octroi de
financement devient de plus en plus prégnante. En Afrique lors de la phase d’analyse, les
modèles financiers souvent utilisés à l’instar du modèle financier de Dupont De Nemours, ne
considèrent pas toujours les éléments de contexte Dans un souci de contextualisation de la
démarche de notation au Cameroun, nous avons abordé la question suivante : comment
assurer la notation des entreprises à partir du modèle de Dupont de Nemours au Cameroun ?
La réponse à cette question a conduit au choix d’une méthode par étude de cas. A
partir des données collectées sur quelques entreprises, nous avons pu évaluer le model étudié.
Les résultats obtenus, impliquent la prise en compte dans l’équation du modèle financier de
Dupont de Nemours du capital social, du niveau d’endettement, de la rentabilité des ventes et
l’efficacité de la gestion des actifs dans le contexte camerounais.
Mots clés : notation financière, modèle financier, analyse financière.
VI
ABSTRACT
Financial ratings exist today in several areas ranging from finance to corporate social
responsibility. Its involvement in funding processes is becoming more and more important. In
Africa during the analysis phase, financial models often used in the same way as the financial
model of Dupont De Nemours do not always consider contextual elements. In order to
contextualize the rating process in Cameroon, Addressed the question: how to ensure the
rating of companies based on the model of Dupont de Nemours in Cameroon?
The answer to this question led to the choice of a case study method. From the data collected
on a few companies, we were able to evaluate the model studied. The results obtained imply
the inclusion in Dupont de Nemours' financial model equation of social capital, debt level,
profitability of sales and the efficiency of asset management in the Cameroonian context.
Key words: financial rating, financial model, financial analysis.
VII
LISTE DES SIGLES ET DES ABBREVIATIONS
A : Total de l’Actif utilisé ;
AAA : Meilleure note en AN. Elle désigne l’assurance maximale d’être remboursé ;
ALPHA : Terme utilisé pour désigner l’un des cas à l’étude ;
AMF : Autorité des Marchés Financiers ;
AN : Agence de Notation financière ;
BAI : Bénéfice Avant Impôts ;
BAII : Bénéfice Avant Intérêts et Impôts ;
Bâle II : Second accord de Bâle qui constitue un dispositif prudentiel.
BETA : Terme utilisé pour désigner l’un des cas à l’étude ;
Camtel: Cameroon Telecommunications;
CamWater: Cameroon Water;
CC : Niveau des Comptes Clients ;
CF : Niveau des Comptes Fournisseurs ;
CMV : Coût des Marchandises Vendues ;
CMVf : Coût des Marchandises Vendues à partie fixe ;
CMVv : Coût des Marchandises Vendues à partie variable ;
Cv : Coût variable unitaire ;
DSX : Douala Stock eXchange ;
E : Niveau d’Encaisse ;
EBE : Excédent Brut d’Exploitation ;
FE : Frais d’Exploitation ;
I : Immobilisations nettes ;
INS : Institut National de la Statistique ;
OHADA : Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires ;
OPA : Offre Public d’Achat ;
P : Prix de vente ;
PAD : Port Autonome de Douala ;
Q : Quantités vendues ;
RAO : Résultat des Activités Ordinaires ;
RHAO : Résultat des Hors Activités Ordinaires ;
TEI : Taux Effectif d’Imposition ;
V : Ventes.
VIII
LISTE DES TABLEAUX, FIGURES ET GRAPHIQUES
Tableau 1 : Ratios financiers utilisés pour mesurer le risque de faillite ................................... 8
Tableau 2 : Comparatif des notes attribuées par les trois plus grandes agences..................... 11
Tableau 3 : Échelle des notes de recouvrement ...................................................................... 12
Tableau 4 : Les indices éthiques ............................................................................................. 20
Tableau 5 : Pourcentage des entreprises ayant déclaré avoir les difficultés d’accès aux crédits
par type..................................................................................................................................... 26
Tableau 6 : Informations sur l’entreprise ALPHA -2014-...................................................... 44
Tableau 7 : Informations sur l’entreprise BETA -2014-......................................................... 47
Tableau 8 : Listes d’informations nécessaires pour la recherche............................................ 52
Tableau 9 : Rendement de l’avoir d’ALPHA ......................................................................... 62
Tableau 10 : Rendement de l’avoir de BETA......................................................................... 62
Tableau 11 : Récapitulatif des données sur le rendement de l’avoir des deux entreprises ..... 62
Tableau 12 : Marge nette d’ALPHA....................................................................................... 64
Tableau 13 : Marge nette de BETA ........................................................................................ 64
Tableau 14 :Récapitulatif des données sur la marge nette de deux entreprises ...................... 65
Tableau 15 : Récapitulatif du système de Dupont au premier niveau de décomposition ....... 65
Tableau 16 : Calcul des ratios - ALPHA- ............................................................................... 66
Tableau 17 : Calcul des ratios - BETA-.................................................................................. 67
Tableau 18 : Illustration de l’utilisation de l’endettement ...................................................... 68
Figure 1 : Le processus de notation d’une entreprise en agence de notation financière ......... 13
Figure 2 : Premier niveau de décomposition du ratio central de Dupont................................ 31
Figure 3 : Deuxième niveau de décomposition du ratio central de Dupont............................ 38
Figure 4 : Bilan de l’entreprise ALPHA - Actif-..................................................................... 45
Figure 5 : Bilan de l’entreprise ALPHA - Passif- ................................................................... 45
Figure 6 : Compte de résultat de l’entreprise ALPHA – Charges - ........................................ 46
Figure 7 : Compte de résultat de l’entreprise ALPHA – Produits - ........................................ 46
Figure 8 : Bilan de l’entreprise BETA -Actif- ........................................................................ 48
Figure 9 : Bilan de l’entreprise BETA - Passif- ...................................................................... 48
Figure 10 : Compte de résultat de l’entreprise BETA - Charges -.......................................... 49
Figure 11 : Compte de résultat de l’entreprise BETA - Produits -.......................................... 49
Graphique 1 : Rendement de l’avoir d’ALPHA et BETA ..................................................... 63
Graphique 2 : Marge nette d’ALPHA et BETA..................................................................... 65
IX
SOMMAIRE
DEDICACE................................................................................................................................I
REMERCIEMENTS............................................................................................................... II
AVANT-PROPOS ..................................................................................................................III
RESUME.................................................................................................................................IV
ABSTRACT............................................................................................................................. V
LISTE DES SIGLES ET DES ABBREVIATIONS ............................................................VI
LISTE DES TABLEAUX, FIGURES ET GRAPHIQUES .............................................. VII
INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................ 1
Partie I : LA NECESSITE D’UNE APPROCHE CONTINGENTE DE LA NOTATION
FINANCIERE DES ENTREPRISES AU CAMEROUN..................................... 4
CHAPITRE I : LA NOTATION FINANCIERE DES ENTREPRISES............................. 5
SECTION I : CONCEPT DE NOTATION FINANCIERE DES ENTREPRISES................... 5
SECTION II : LES TYPES DE NOTATION ET LE MARCHE DE LA NOTATION
FINANCIERE DANS LES PAYS EN AFRIQUE........................................... 16
CHAPITRE II : UNE VISION CONTEXTUALISEE DU MODELE DE DUPONT DE
NEMOURS AU CAMEROUN ................................................................. 25
SECTION I : SPECIFICITES CAMEROUNAISES EN MATIERE DE NOTATION
FINANCIERE : POINT DE VUE SUR L’ENVIRONNEMENT DES
AFFAIRES..................................................................................................... 25
SECTION II : MODELE DE DUPONT DE NEMOURS : UNE ANALYSE EN CONTEXTE
CAMEROUNAIS............................................................................................. 29
Partie II : UNE ANALYSE DU MODELE DE DUPONT DE NEMOURS AU
CAMEROUN....................................................................................................... 39
CHAPITRE III : DEMARCHE D’APPLICABILITE DU MODELE DE DUPONT DE
NEMOURS A LA LUMIERE DES CAS AU CAMEROUN............... 40
SECTION I : JUSTIFICATION DE L’APPROCHE DE RECHERCHE ET
PRESENTATION DES CAS................................................................................................... 40
SECTION II : CANEVAS DE RECHERCHE ........................................................................ 49
CHAPITRE IV : RESULTATS DE L’ANALYSE SUR LES CAS ETUDIES,
RECOMMANDATIONS ET IMPLICATIONS.............................. 62
SECTION I : LES RESULTATS DE L’ANALYSE SUR LES CAS ETUDIES.................... 62
SECTION II : RECOMMANDATIONS ET IMPLICATIONS.............................................. 69
CONCLUSION GENERALE ............................................................................................... 79
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES............................................................................. 82
ANNEXES............................................................................................................................... 86
TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 99
1
Dans les économies caractérisées par de fortes asymétries d’informations entre
prêteurs et emprunteurs, plusieurs structures et principalement les agences de notation
assurent l’évaluation rigoureuse des entreprises pour guider la prise de décision des
institutions de crédit. En matière de prise de décision, cette évaluation s’appuie sur l’analyse
financière ceci en fonction de l’utilité et de l’objectif poursuivi par l’analyste. En effet, cette
évaluation établit un diagnostic de l’entreprise en utilisant l’information disponible sur cette
dernière. L’analyste financier réalise alors une opération de notation financière. Les résultats
de sa notation ont un impact sur les choix des investisseurs ou agents économiques divers,
servant de base à la prise de décision et ont le pouvoir d’influencer les possibilités de
financement qui s’offre à une entité notée.
La notation financière ou notation de la dette ou rating (dans le monde anglo-saxon)
est l'appréciation, par une agence de notation financière, du risque de solvabilité financière
d’une entreprise, d’un État (notation souveraine) ou d’une autre collectivité publique,
nationale ou locale ou d’une opération (emprunt, emprunt obligataire, opération de
financement structurée, titrisation, etc.). La notation exige de déterminer les risques de crédit,
d'analyser les opérations de marché figurant en hors bilan, de suivre les créances douteuses et
les provisions1
. Le processus d’attribution des notes réunit des analystes spécialisés du secteur
noté. Partant de la présentation du projet de notation par l’émetteur à l’agence à la définition
des modalités de la notation et la façon dont va être suivie la note, un questionnaire spécifique
au secteur est transmis ainsi qu’une liste d’informations à communiquer à l’équipe qui se rend
ensuite dans les locaux de l’entreprise afin d’obtenir les documents manquants et évaluer les
critères qualitatifs, comme la qualité de la direction ou la stratégie de l’entreprise ; l’équipe
dans la phase d’analyse des informations récoltées procède à une analyse financière des états
financiers suivant des modèles financiers notamment le modèle financier de Dupont de
Nemours.
Dans les pays d’Afrique subsaharienne et notamment le Cameroun, un grand nombre
d’entreprises ne sont pas rentables. Cela s’explique davantage par les faibles notes attribuées à
ces entreprises lors des opérations de notation financière pour ces dernières. Les analyses
financières qui en découlent ne prennent pas déjà aussi en compte un souci de
1
Karyotis Daniel, 1997, La notation financière : quand une information devient un instrument de décision, Revue
d'Économie Financière, n° 41, pp 57-6
INTRODUCTION GENERALE
2
contextualisation de l’entreprise à noter dans son économie où elle se trouve être en perpétuel
mouvement et évolution. Un tel défaut de notation financière rigoureuse et contextuelle ne
permet pas une identification pertinente des facteurs explicatifs de cette situation. C’est
pourquoi, à partir de la démarche de notation financière au travers du modèle d’analyse de
Dupont de Nemours, nous voulons proposer une interprétation de la formation de la notation
financière d’une entreprise au Cameroun. D’où le choix du thème : La notation financière et
le modèle financier de Dupont de Nemours : Une analyse à partir d’expériences
camerounaises.
Notre réflexion s’articule autour de la question principale suivante :
Question principale : Comment assurer la notation des entreprises à partir du modèle de
Dupont de Nemours au Cameroun ?
De cette question principale, il est dégagé les questions secondaires ci-dessous :
Quelle est la démarche de notation des entreprises à partir du modèle de Dupont de
Nemours ?
Quels ajustements doit-on réaliser pour une notation des entreprises camerounaises par ce
modèle ?
Quels sont les résultats de la notation des entreprises camerounaises au moyen du modèle de
Dupont de Nemours ?
Pour y parvenir, nous nous appuyons sur une étude comparative de deux entreprises du
secteur industriel. L’objectif à terme est de faire ressortir à des fins d’exploitation les
techniques et les choix de gestion qui font de l’une la plus performante et la mieux notée par
rapport à l’autre. Dans le but de résoudre cette problématique dont l’objectif principal est de
permettre une meilleure notation des entreprises au Cameroun à partir du modèle de Dupont
de Nemours. De manière spécifique, il revient de décrire la démarche de notation de Dupont
de Nemours, d’identifier les ajustements nécessaires pour son adaptation judicieuse dans le
contexte camerounais et d’évaluer la pertinence de cette notation en s’appuyant sur des
résultats obtenus sur la base de deux expériences concrètes.
Dans l’atteinte de notre objectif et pour répondre de manière satisfaisante à notre
question de recherche, nous avons adopté l’approche de recherche qualitative par une stratégie
d’étude de cas. Cette approche s’est déclinée en une étude exploratoire à travers les
recherches documentaires qui nous a permis de regrouper toutes les informations et données
nécessaires à la compréhension de la notion de notation financière et de model financier et les
3
concepts qui les englobent ; et une étude descriptive par le recours aux observations et
l’entretien semi-directif qui nous a permis de comprendre les facteurs explicatifs de la
notation financière des entreprises par une analyse du model financier de Dupont de Nemours
dans le contexte camerounais.
Cette étude comporte toutefois plusieurs intérêts.
- Un intérêt méthodologique à savoir la nécessité qu’a la chaine d’intervenants
(chercheurs, managers et théoriciens de l’entreprise) à déterminer les facteurs
importants dans une opération de notation financière contextualisée au Cameroun et
d’apprivoiser les déterminants (macros et micros) de la rentabilité financière des
entreprises. Or pour mieux réussir d’apprivoiser ces facteurs il faut au préalable les
identifier, comprendre les liens qui les unissent les uns des autres et comment ils
agissent pour assurer la performance financière de l’entreprise ;
- Un intérêt scientifique en ceci que notre travail est un travail de recherche orientée
dans le domaine de gestion, il constitue un document qui met en évidence des
données réelles, qualitatives et vérifiables pouvant servir à d’autres recherches ;
- Un intérêt théorique en ce sens qu’il est un apport à la connaissance dans le
domaine sur les principaux leviers d’optimisation à titre contextuel de l’analyse
financière en vue d’une notation tel révision faite sur l’équation du model financier
de Dupont De Nemours ;
- Et un intérêt managérial et pratique qui est de donner aux managers une grille de
compréhension des axes de notation financière de leur entreprise.
La structure de ce travail porte sur deux (2) parties dont la première intitulé la nécessité d’une
approche contingente de la notation financière des entreprises au Cameroun présente le
concept de notation financière des entreprises : origine, démarche, méthodes, outils, types et
marché dans les pays d’Afrique (chapitre 1) ; une vision contextualisée du modèle de Dupont
de Nemours au Cameroun en abordant les spécificités camerounaises (chapitre 2). La seconde
partie dite empirique se rattache à la présentation de la démarche méthodologie de notre étude
consacrée à la compréhension du canevas de la recherche et la présentation des expériences
camerounaises (chapitre 3). Enfin, présente les résultats de l’étude et propose des axes
d’analyse financière des entreprises en matière de notation financière dans le contexte
camerounais en émettant quelques recommandations et implications (chapitre 4).
4
PREMIÈRE PARTIE
LA NECESSITE D’UNE APPROCHE CONTINGENTE DE LA
NOTATION FINANCIERE DES ENTREPRISES AU
CAMEROUN
L’approche d’analyse financière par la notation a connu d’importants développements
ces derniers temps. Malgré la sophistication des démarches, un besoin de contextualiser les
méthodes n’est pas toujours affirmé mais pourtant nécessaire. Une contextualisation qui doit
échapper au cadre régional et se focaliser sur les pays et les secteurs d’activité dans les pays.
Dans ce chapitre, nous essayons de montrer que la notation des entreprises dans les contextes
tel celui du Cameroun, pour des résultats plus pertinents, doit davantage procéder à une
adaptation des modèles développés ailleurs, voire un développement des modèles localisés.
Pour ce faire, dans le premier chapitre, nous exposons sur la notion de notation des entreprises
et dans le deuxième, nous effectuons une révision du modèle de Dupont de Nemours dans le
contexte camerounais.
5
Afin de comprendre la méthodologie adoptée par une agence de notation2
, il faut
analyser la place qu’a prise la notation sur les places de marchés financiers depuis la fin du
XIXe siècle avec la notation des premières entreprises de chemin de fer. C’est ainsi que
suivant le cheminement de pensée, nous traiterons tout au long de ce chapitre du concept de la
notation financière des entreprises, des types de notations des entreprises et du marché de la
notation financière des entreprises en Afrique.
SECTION I – CONCEPT DE NOTATION FINANCIERE DES ENTREPRISES
La notation est un réel outil d’information pour les investisseurs en réponse aux
émissions obligataires importantes de ce secteur d’activité. Nous parlerons dans cette section
de la définition, démarche et dimension de la notation des entreprises ensuite des enjeux de la
notation de l’entreprise.
I- La notation financière des entreprises : définitions, démarches et dimensions
Il est important de présenter une définition de la notation financière. Suivi de la
méthodologie d’évaluation des entreprises en agence de notation financière. Et enfin le
processus d’attribution des notes et l’apport des notes aux utilisateurs finaux.
I.1-Définition de la notation financière : la recherche d’un consensus
À l’origine des agences de notation, on trouve le renseignement financier. Ainsi, à la
fin des années 1820, la banque britannique Barings désigne Thomas Wrend Ward pour classer
plusieurs milliers d’établissements de crédit et de boutiques en fonction de leurs surfaces
financières3
. Puis des entreprises spécialisées dans la compilation de données économiques et
financières émergent.
Tandis qu’une agence de notation financière est une société indépendante qui évalue la
capacité d'un émetteur de titres de créance à honorer ses obligations financières
(remboursement, paiement des intérêts) relatives à ses émissions de titres de créances, et lui
2
Les agences de notation seront aussi dénommées agence de rating, agences d’évaluation financière, agences
d’évaluation de crédit, organismes, organismes de rating et agences tout au long de ce mémoire.
3
Pour un développement plus complet sur l’activité de notation voir Gaillard (2010)
CHAPITRE I :
LA NOTATION FINANCIERE DES ENTREPRISES
6
attribue une note qui exprime l'appréciation de cette capacité4
, il se conçoit de proposer tout
aussi une définition à la notation financière. La notation financière ou notation de la
dette ou rating (dans le monde anglo-saxon) est l'appréciation, par une agence de notation
financière, du risque de solvabilité financière d’une entreprise, d’un État (notation souveraine)
ou d’une autre collectivité publique, nationale ou locale ou d’une opération
(emprunt, emprunt obligataire, opération de financement structurée, titrisation, etc.).La
notation exige de déterminer les risques de crédit, d'analyser les opérations de marché figurant
en hors bilan, de suivre les créances douteuses et les provisions5
.
I.2-La méthodologie d’évaluation des entreprises
L’évaluation se fonde, d’une part, sur une analyse qualitative de la stratégie et de la
position concurrentielle de l’entreprise et, d’autre part, sur une analyse quantitative qui est une
analyse financière. Ces analyses se font selon le risque industriel et le risque financier6
.
Il s’agit d’évaluer l’environnement économique de l’entreprise et les risques qu’il représente.
I.2.1-L’analyse qualitative
L’analyse qualitative est axée autour de trois éléments notamment le secteur d’activité
de l’entreprise, la position concurrentielle de l’entreprise et l’analyse de la stratégie et de la
direction de l’entreprise.
I.2.1.1-Le secteur d’activité de l’entreprise dans le cadre d’une notation
financière
Les analystes sont spécialisés par secteur d’activité. Ils déterminent les capacités de
croissance du secteur et son niveau de risque. Les secteurs cycliques (comme l’automobile)
sont jugés plus risqués que ceux acycliques (comme l’agroalimentaire). Plus l’intensité
4Les agences de notation, Article publié le 20/12/2011, iotafinance.com.
5 Le point de vue d'un expert en notation à propos des places financières, Veverka, François, Revue d'Économie
Financière, n° 57, 01/07/2000, pp 151-155
Recommandation sur l'information financière relative au risque de crédit, Bulletin de la Commission Bancaire,
n°22, 01/04/2000, pp 12-17
Endettement et détection du risque, Paget-Blanc, Éric, La Gazette du Palais, n° 266, 23/09/1999, 24-28
Fusions et acquisitions : quelles incidences sur la notation ? , Moody's France, Lepreux, Jean-Luc, Banque, n°
601, 01/03/1999, pp 48-50
Le point de vue du notateur : les besoins des agences de notation sont différents, Standard & Poor’s, Veverka,
François, Banque, n°600, 01/02/1999, p 22
La notation financière : quand une information devient un instrument de décision, Karyotis, Daniel, Revue
d'Économie Financière, n° 41, 01/06/1997, pp 57-6
La notation des parts de fonds communs de créances, Gerst, Catherine, Banque, n° 552, 01/10/1994, pp 66-69
La notation, Mattout, Jean-Pierre ; Mouy, Stéphane, Bulletin Joly Bourse et produits financiers, n° 5,
01/09/1994, pp 441-458
6
Pour un développement plus complet, voir Paget-Blanc, Painvin (2007)
7
capitalistique (et donc le BFR) est grande, plus le risque est important. En effet, la rentabilité
dépend de la conjoncture alors que le capital est investi quoiqu’il arrive. Cependant, des
capitaux propres importants peuvent aussi constituer une barrière à l’entrée. L’agence évalue
également la valeur ajoutée de l’entreprise ainsi que sa technologie (Philippe Raimbourg,
2003, pp. 67-765)7
. L’objectif est de déterminer l’avantage compétitif ou le risque d’arrivée
d’une nouvelle technologie non maitrisée. De plus, le risque règlementaire est apprécié.
I.2.1.2-La position concurrentielle de l’entreprise
Tout d’abord, l’analyste évalue la situation concurrentielle d’une entreprise avec
l’analyse de Porter (Jean-Etienne Palard et Franck Imbert, 2013)8
.L’objectif est de déterminer
la taille du marché, d’identifier les principaux intervenants, leurs parts de marché, et d’évaluer
la possibilité d’arrivée de nouveaux entrants. Ensuite, il compare la taille de l’entreprise et son
positionnement par rapport à la concurrence. Un leader9
a des avantages stratégiques
(économies d’échelle, effet d’apprentissage, notoriété…) qui affectent directement son risque
de crédit. Enfin, l’analyste détermine les risques et possibilités de l’entreprise ainsi que ses
horizons temporels. Cet élément, difficile à évaluer, explique souvent les dégradations
brutales observables sur les obligations de type corporate.
I.2.1.3-L’analyse de la stratégie et de la direction de l’entreprise
La théorie financière, par le Modèle d’Évaluation des Actifs Financiers (M.E.D.A.F),
démontre l’intérêt de la diversification d’un portefeuille. En effet, l’espérance de risque d’un
portefeuille est plus faible que l’espérance des risques des titres qui le composent. Une agence
doit donc évaluer la capacité de l’entreprise à diversifier son investissement, afin de protéger
le patrimoine des obligataires (Nicolas Gurnot, 2013).
De façon plus pragmatique, l’analyste évalue la stratégie de gestion du risque. Il peut
s’agir d’une diversification, d’une intégration verticale (c.-à-d. une stratégie de filière), d’une
stratégie de domination par les coûts, d’une différenciation ou encore d’un positionnement sur
un marché de niche. Pour chacun de ces choix, il détermine l’impact sur la capacité de
remboursement. C’est notoire pour les opérations de croissance externe financées par un effet
de levier. De plus, l’agence évalue systématiquement les performances des dirigeants (Gérard
Gourguechon, 2012).
7 Les enjeux de la notation financière, Philippe Raimbourg, ED. Lavoisier
8 Guide Pratique d’évaluation d’entreprise, Jean-Etienne Palrad et Franck Imbert, Ed. Eyrolles, 2013.
9 Le mot leader désigne par exemple une entreprise qui est soit le no 1 du secteur d'activité économique où elle
exerce, soit celle qui impose son dynamisme à la profession.
8
I.2.2-L’analyse quantitative
L’analyse quantitative quant à elle est axée sur l’actionnariat, le risque financier de
l’entreprise, la capacité à générer des flux de trésorerie et la flexibilité financière.
I.2.2.1-L’actionnariat de l’entreprise
L’actionnariat10
d’une entreprise dépend de plusieurs facteurs. Si l’actionnariat est très
dilué, l’entreprise est à la merci d’une O.P.A, ce qui peut modifier sa qualité de crédit. Les
considérations des actionnaires doivent être prises en compte notamment s’il s’agit-il d’un
actionnariat intéressé par une rentabilité immédiate ou plutôt par une prise de participation
stratégique.
I.2.2.2-Le risque financier
Il s’agit d’évaluer la solvabilité et la liquidité de l’entreprise. L’analyse porte sur la
mesure du risque de faillite.
Tableau 1 : Ratios financiers utilisés pour mesurer le risque de faillite
Ratios Description
Couverture de l’intérêt brut
Résultat brut sur opérations courantes + charges d’intérêt
=
Intérêt brut
Couverture de l’intérêt par le
résultat
Résultat courant avant impôt
=
Intérêt brut
Financement de l’exploitation
Dettes totales
Résultat net sur opérations courantes + amortissements
=
Dettes totales
Cashflow d’exploitation
Dettes totales
Financement de l’exploitation – dépenses en capital
– variation du fonds de roulement
=
Dettes totales
Résultat sur capitaux permanents
avant impôt
Résultat brut sur opérations courantes + charges d’intérêt
=
Moyenne de début et de fin d’année des dettes à long et à court termes,
intérêts minoritaires et capitaux propres
Résultat d’exploitation
Ventes
Ventes – cout d’achat des marchandises vendues – charges de
distribution – charges administratives – frais de recherche et de
développement
=
Ventes
Dettes à long terme
Capital
Dettes à long terme
=
Dettes à long terme + capitaux propres
Dettes totales
Capitaux permanents
Dettes totales
=
Dettes totales + capitaux propres
Source : Standard & Poor’s
10L’actionnariat est un terme financier désignant l’ensemble des actionnaires (propriétaires d’un titre financier
appelé action et donnant droit à un certain nombre de prérogatives à leurs titulaires) d’une entreprise.
9
I.2.2.3-La capacité à générer des flux de trésorerie
Les flux de trésorerie permettent le service de la dette. L’analyste s’appuie sur le
compte de résultat et le tableau de financement des cinq dernières années. Tout d’abord, il
retraite les soldes intermédiaires de gestion, afin de rendre les données issues de la
comptabilité OHADA comparable au niveau international. Ensuite, il détermine un
échantillon d’entreprises comparables du même secteur ou de la même zone géographique
(peer group) (Nicolas Gurnot, 2013).
Les ratios utilisés dépendent du domaine d’activité. Il s’agit par exemple : du taux de
croissance du chiffre d’affaires, du taux de valeur ajoutée (VA/CA) ou encore de la rentabilité
des capitaux investis (EBE/(immobilisations brutes + BFR)). Les différents flux générés par
l’entreprise sont ensuite distingués : exploitation, investissement et financement ; ce qui
rapproche cette analyse du tableau préconisé par l’Ordre des Experts Comptables.
Nous travaillerons essentiellement sur ce volet en utilisant le modèle financier de
Dupont de Nemours comme l’un des modèles utilisés en analyse financière (Patrick Piget,
2011), travaux préliminaires aux travaux de notation financière proprement dits11
.
I.2.2.4-La flexibilité financière
Il s’agit d’évaluer la capacité de l’entreprise à affronter de nouveaux besoins de
financement sans remettre en question les versements destinés aux obligataires. L’analyste
détermine la saisonnalité de l’activité afin d’estimer finement les flux futurs de trésorerie. Il
opère une distinction entre deux éléments. Le premier élément est la solvabilité, c’est-à-dire la
flexibilité financière à moyen et long terme. Elle dépend du niveau d’endettement, ce qui
explique que certaines agences prennent en compte l’endettement (par exemple le crédit-bail).
En outre, plusieurs ratios sont calculés afin de relativiser la part de l’endettement, ce qui
facilite la comparaison avec d’autres organisations. Le second élément est la liquidité c'est-à-
dire la flexibilité court terme. Il s’agit ici de mesurer la capacité de l’entreprise à affronter ses
obligations financières pour une durée inférieure à un an. Il faut donc comparer les besoins de
court terme (principalement le B.F.R) aux ressources de court terme (Simon Parienté, 2013)12
.
L’agence analyse tous les placements financiers réalisés afin de déterminer leurs
liquidités et leurs risques réels. Elle évalue également la qualité des banques et leur nombre
suffisant. Enfin, elle s’intéresse à l’existence de sources alternatives de liquidité rapidement
11C’est le cas pour l’agence de notation financière Bloomfield Investment lors des travaux de la phase d’analyse
pour une analyse financière d’une entreprise. L’évaluation se fait via un model financier (Jean-Florent Rérolle,
2014) ce qui aboutit à une analyse financière de la structure (Patrick Piget, 2011).
12Analyse financière et évaluation d’entreprise Méthodologie Diagnostic Prix d’offre, Pearson France, 2013.
10
mobilisables. Il en existe de deux sortes : les lignes de crédits non utilisées et les actifs
liquides pouvant être cédés en situation de crise (Bâle III, 2013)13
.
I.3-Le processus d’attribution des notes et l’apport des notes aux utilisateurs finaux
L’attribution des notes suit une démarche que nous présenterons sous ce titre.
I.2.3.1-Le processus d’attribution des notes
Les notes sont attribuées par le comité de notation qui réunit des analystes spécialisés
du secteur noté. Le dossier est présenté par au plus deux analystes, dont l’un est un analyste
principal (lead analyst) responsable du suivi de la note et qui propose une note au comité.
Voici les principales étapes du processus de proposition de la note :
▪ Présentation du projet de notation par l’émetteur à l’agence. Une fois l’accord
commercial signé, l’agence désigne une équipe, responsable de l’évaluation du risque
de défaut, et définit les modalités de la notation et la façon dont va être suivie la note ;
▪ Un questionnaire spécifique au secteur est transmis ainsi qu’une liste d’informations à
communiquer ;
▪ L’équipe se rend ensuite dans les locaux de l’entreprise afin d’obtenir les documents
manquants et évaluer les critères qualitatifs, comme la qualité de la direction ou la
stratégie de l’entreprise ;
▪ L’équipe dans la phase d’analyse des informations des informations récoltées procède
à une analyse financière proprement dite de ces données suivant des modèles
financiers notamment le modèle financier de Dupont de Nemours ;
▪ Puis, l’équipe rédige un rapport soumis à l’émetteur afin qu’il donne son avis avant
soumission au comité de notation ;
▪ La note est alors communiquée à l’émetteur qui peut, ou non, refuser la diffusion de
cette information en fonction de l’agence ;
N.B : 4 à 5 % des notes ne sont pas destinées à être publiées, cela concerne les émissions de
dettes privées (A.M.F, 2012).
▪ Enfin, le rapport de l’équipe est publié sans mentionner les informations privilégiées
bien que la note les prenne en compte.
La note est suivie annuellement, mais le lead analyst garde un contact permanent avec
l’entreprise pour obtenir, « au fil de l’eau », toute information susceptible de modifier la note.
13Bâle III : Ratio de liquidité à court terme et outils de suivi du risque de liquidité, Banque des règlements
internationaux, 2013.
11
Dans l’échelle de notation, on distingue deux grandes catégories de notes, les «
investment grade » ou « high grade », de AAA à BBB, pour les émissions les plus fiables et
les « speculative grade » ou « below investment grade », de BB à D, pour les émissions les
moins sûres voire très risquées14
. La note maximale AAA signifie une qualité de crédit très
élevée alors qu’une notation D constate un défaut de paiement. Des signes « + » et « - »
permettent d’affiner la notation. Enfin, la notation diffère selon qu’il s’agit d’opérations à
court terme, concernant les engagements à un an au plus et les opérations à long terme,
réalisées sur plus d’un an (Pascale Revault, 2009).
Tableau 2 : Comparatif des notes attribuées par les trois plus grandes agences
Moody’s Standard & Poor’s Fitch Ratings
CommentairesLong
Terme15
Court
terme
Long
Terme
Court
terme
Long
Terme
Court
terme
Aaa
P-1
AAA
A-1+
AAA
F1+
Meilleure note, le risque est presque
inexistant.
Aa1 AA+ AA+
Très proche de la meilleure note,
l’emprunteur est très fiable.Aa2 AA AA
Aa3 AA- AA-
A1 A+
A-1
A+
F1 Bonne qualité mais le risque peut être
présent dans certaines circonstances
économiques
A2 A A
A3
P-2
A-
A2
A-
F2
Baa1 BBB+ BBB+
Solvabilité moyenneBaa2
P-3
BBB
A3
BBB
F3
Baa3 BBB- BBB-
Ba1
Not
Prime
BB+
B
BB+
B
Avec cette note, la spéculation est plus
grande : le risque de non solvabilité est
plus grand sur le long terme
Ba2 BB BB
Ba3 BB- BB-
B1 B+ B+
Doute important sur le remboursement.
Le risque est encore assez grandB2 B B
B3 B- B-
Caa CCC+
C CCC C
Risque très important de non solvabilité
sur le long terme
Ca CCC L’emprunteur étant en quasi faillite,
l’emprunt est très spéculatifC CCC-
/ D / DDD / L’emprunteur est en faillite
Source : extrait du site easybourse.com
14Vernimmen, 2009
15
Moody’s applique des coefficients numériques de 1 à 3 correspondants à chaque catégorie de notation de Aa à
Caa. Le coefficient 1 indique que le titre se situe dans la fourchette haute de l’échelle ; le coefficient 2
correspond à une notation intermédiaire alors que le coefficient 3 correspond à la fourchette basse.
12
En outre, une note complémentaire a été crée par Fitch en 2005 (illustré au tableau 3),
destinée aux titres des institutions financières, entreprises et État notés en dessous de B+.
Tableau 3 : Échelle des notes de recouvrement
Note Taux de recouvrement Note Taux de recouvrement
RR1 90 % RR4 31-50 %
RR2 71-90 % RR5 11-30 %
RR3 51-70 % RR6 Moins de 10 %
Source : Gaillard (2010)
I.2.3.2-Apports des notes aux utilisateurs finaux
Les agences d’évaluation de crédit réduisent l’incertitude concernant le risque que
représente un emprunteur. Ceci permet d’attirer de nouveaux investisseurs sur le marché
obligataire et ainsi de réduire le coût de financement des entreprises émettant des obligations.
De plus, elles augmentent la transparence du marché en diffusant de façon indirecte, à travers
leurs notations, les informations privilégiées qu’elles détiennent sur les entreprises.
Dans la théorie économique, le recours à un mandataire (agent) se justifie lorsqu’il y a
asymétrie d’information, comme c’est le cas pour le marché obligataire. En effet, les
souscripteurs sont défavorisés par rapport aux banquiers qui connaissent mieux la situation du
débiteur. Cette asymétrie d’information induit un aléa moral (moral hazard). Le débiteur peut
investir dans des projets risqués sans que le créancier le sache, ce qui peut conduire
l’emprunteur à une situation de défaut. La note reste une garantie offerte à l’acheteur lui
permettant de discerner les bons des mauvais produits. Et pourtant un paradoxe subsiste, le
fait est que les notes n’ont qu’un rôle d’information, et sont équivalentes à un communiqué de
presse. Il y a donc une distorsion entre le rôle légal des agences et l’utilisation, en tant que
garantie, de ces opinions par les marchés (Aline Darbellay et Franck Partnoy, 2012, pp. 309-
318)16
.
16Aline Darbellay et Franck Partnoy (2012),Revue d’économie financière La nouvelle finance américaine,
Association d’économie financière.
13
Figure 1 : Le processus de notation d’une entreprise en agence de notation financière
Source : Standard & Poor’s
Demande
de notation
par
l’émetteur
Présentation
de l’analyse
du comité de
notation de
l’AN.
Discussion et
vote de la
note attribuée
Le dossier
final
d’analyse
est préparé
pour le
comité de
notation
La société
émettrice
organise une
rencontre de
présentation
avec le
personnel de
l’AN pour
analyser les
aspects de
l’émission
Le demandeur
complète les
renseignements
demandés par l’AN
et la demande entre
dans le système
administratif de
contrôle de l’AN
L’AN charge une
de ses équipes
d’analyser
l’émission de titres
L’équipe
d’analyse et
de recherche
consulte les
bibliothèques
, les fichiers
internes et les
bases de
données
Notification
de la décision
prise à
l’émetteur ou
à son
représentant
délégué
L’émetteur
conteste-t-il la
note et veut-il
fournir des
informations
supplémentaires
Notification
définitive de la
décision à
l’émetteur ou à
son représentant
délégué
Présentation des informations supplémentaires
au comité de l’AN de notation et vote pour
confirmer la modification
No
n
Oui
14
II – Enjeux de la notation financière de l’entreprise
Depuis près de deux décennies, de nouveaux organismes sont venus contribuer à la
régulation des compartiments boursiers réservés aux titres de créances : les agences de
notation. C’est ainsi qu’elles acquièrent un pouvoir légitime qui leur confèrent une existence
de droit. La théorie financière justifie ce comportement par le fait que la diversification d’un
portefeuille réduit le risque global encouru par l’investisseur17
. C’est ainsi que nous citerons
sous ce titre les enjeux de la notation de l’entreprise notamment l’accès aux ressources
financières, la conclusion des partenariats, l’évaluation du risque de défaut sur les marchés
financiers et un impact économique de l’activité des agences de notation.
II.1-L’accès aux ressources financières
L’accès aux ressources financières est une mine pour les entreprises. Nombreuses sont
les raisons qui emmènent une entreprise à rechercher du financement ; de nouveaux projets à
réaliser, un réinvestissement à considérer, l’acquisition d’une immobilisation et nous n’en
citons d’autres. La notation financière est l’un des chemins aujourd’hui à l’heure de la
mondialisation qui conduit à une reconnaissance internationale de l’activité d’une entreprise
tant sur ses états financiers que sur sa liquidité et solvabilité ce qui traduit son niveau de
gestion administrative et financière. À ce stade d’importance accordé à une note attribuée par
une AN à une entreprise, l’AN se doit d’être fiable de par sa qualité de notation afin qu’on
puisse la solliciter pour de telles interventions.
Pour les émetteurs, la notation de leur émission est aujourd’hui un passage obligé afin
de pouvoir la placer auprès des investisseurs. Nombre d’investisseurs institutionnels
notamment ont des contraintes de notes minimum fixés dans leur politique d’investissement.
En fournissant une opinion indépendante sur sa solvabilité, une notation permet également à
un émetteur peu connu des investisseurs à emprunter plus facilement sur le marché.Les
organismes de régulation financière utilisent également les notations des émetteurs. Un
exemple en est notamment la prise en compte de la notation des émetteurs de titres en
portefeuille dans le calcul des réserves obligatoires des banques. Le rating d’une émission
détermine également si elle peut être présentée comme garantie dans une transaction
financière ou non.
C’est ainsi que les notes attribuées par les AN se doivent d’être mise à jour
continuellement ; il s’agit notamment de continuellement évaluer l’entreprise après une action
17
La sagesse populaire l’explique par l’adage : « ne pas mettre ses œufs dans le même panier ».
15
ou opération à caractère financier. C’est toute la difficulté là pour une AN du point de vue
qu’une note non actualisée est un « poison » pour tout investisseur qui s’y base pour émettre
une transaction financière.
II.2-La conclusion des partenariats
La crédibilité auprès des partenaires en sont tout aussi des enjeux et défit liés aux
agences de notation à cette heure de la mondialisation. Les entreprises recherchent du
financement de part et d’autres allant des ressources nationales aux ressources internationales
et le recours aux AN ne peut que s’observer tout naturellement par le biais du fait que l’AN
leur apportera le quitus qui validera leur dossier de demande de financement par le biais d’une
note. Leur apportant de la crédibilité auprès des partenaires d’affaires.
Le circuit financier qu’intègre l’AN est grandissant à mesure que les besoins de
financement se creusent et augmentent. En Afrique encore plus, dans un contexte de quête de
développement et de pays en voie de développement, les entreprises cherchent les voies et
moyens de s’en sortir, et émettent des signaux d’aide jusqu’à l’international. L’AN vient être
à ce moment l’intermédiaire indicatif qui dans une certaine mesure assure la transaction qui
s’effectuera après validation des accords. L’AN se doit à ce moment d’être une référence dans
le domaine de la notation afin qu’on puisse la solliciter. C’est donc le chalenge des agences de
notations africaines qui voient le jour à l’exemple de Bloomfield Investment que l’on cite
dans ce mémoire.
Malgré les critiques exprimées en direction des agences de notation, la note qu’elles
attribuent possède pour un émetteur des conséquences financières non négligeables. Plus la
note est élevée, plus son coût de financement sera faible et plus il arrivera facilement à placer
ses émissions. Si la note se dégrade franchement, il peut devenir beaucoup plus difficile et
coûteux pour lui de se refinancer, ce qui pèsera d’autant plus sur son activité. C’est le pouvoir
d’une note financière de nos jours. On lui confère une crédibilité de par la taille de son agence
de notation et même de la justesse et éclaircissement apporté antérieurement dans les
transactions financières des investisseurs via l’observation de la note financière d’une
entreprise.
Les agences de notation de par leurs notes qu’ils attribuent déterminent le cours du
marché financier d’un pays ou d’un secteur d’activité.
16
SECTION II : LES TYPES DE NOTATION ET LE MARCHE DE LA NOTATION
DANS LES PAYS EN AFRIQUE
Le marché de la notation financière en Afrique est perçu comme un chalenge à relever
face aux contraintes économiques des nations et situations économiques et financières
précaires des États et des entreprises locales pour la plupart qui s’y trouve. Nous parlerons
dans cette section des types de notation et du marché de la notation financière dans les pays en
Afrique.
I- Les types de notation des entreprises
On distingue des notations financières et des notations non financières appelées
notations extra financières.
I.1-La notation financière des entreprises
Nous parlerons dans cette section de la notation bancaire et du scoring.
I.1.1-La notation bancaire
D’une manière générale, la notation encore appelée note ou rating est l'opinion d’une agence
de notation, à une date donnée, sur la capacité d'un émetteur à faire face, à temps, à ses
engagements financiers à terme (paiement d'intérêts, de dividendes, ou remboursement du
principal). Mais, la notation des banques est sensiblement différente de celle des autres
entreprises. En effet, la solvabilité d’une banque (ou d’un établissement de crédit) est fonction
de sa solidité financière intrinsèque de la banque (ou notation intrinsèque), de la probabilité
d’un soutien externe en cas de besoin (ou note de soutien extérieur), et les éléments
susceptibles d’influencer son risque de crédit global18
.
Dans le cadre de la notation bancaire, les agences de notation définissent donc
l'ensemble des notes pouvant être attribuées à une banque. Il s'agit principalement :
▪ De la note de solidité financière : Les agences de notation n’ont pas communément
défini la notion de « solidité financière ». Pour Moody’s, elle correspond à la qualité
de crédit intrinsèque sans considération d'éléments éventuels (et incertains) de soutien
aux banques en cas de difficultés. Elle prend en compte les éléments spécifiques aux
banques tels que les fondamentaux financiers (rentabilité, liquidité, adéquation des
fonds propres, efficacité opérationnelle, qualité des actifs), la valeur d'enseigne
(franchise value), le niveau de diversification des métiers et des actifs. Mais aussi les
18
Nadège Dongmo-Kenfac (2012), Influence des agences de notation sur les banques : apports de la théorie néo-
institutionnelle, , cahier de recherche n°2012-01.
17
facteurs de risque propres à l'environnement opérationnel des banques (perspectives
économiques futures, structure et fragilité relative du secteur, qualité de la
réglementation et du contrôle du système bancaire…).
▪ De la note de soutien extérieur : c'est l’opinion des agences sur la probabilité et
l’origine du soutien extérieur dont peut bénéficier une banque (ou tout autre
établissement de crédit) en difficulté. Il s’agit du soutien provenant du groupe
coopératif ou mutualiste auquel appartient la banque notée, de ses actionnaires, des
systèmes d’assurances, et du soutien de la banque centrale et de l’État aux banques
afin d’éviter les défauts d’importance systémique. L'un des aspects essentiels lors du
travail d'analyse des agences consiste à évaluer la probabilité qu'un établissement en
difficulté bénéficie d'un soutien externe, dans quelles circonstances et par quel biais.
Les agences évaluent l’importance de la banque dans l’économie et observent les
mesures de sauvegarde existantes.
▪ Des notes de dettes ou de titres de dettes : Ces notes intègrent la solidité financière
intrinsèque de la banque, le risque de transfert souverain (pour les dettes en devises
étrangères) et des facteurs de soutien externes. En fonction de la durée de la dette, on
distingue les notations de dettes long terme qui représentent l’opinion des agences sur
le risque de crédit lié aux titres de dettes (obligations) dont l’échéance est supérieure
ou égale à un an et sur l’éventualité qu’un engagement financier ne soit pas honoré
comme prévu, les notations MTN (Medium-Term Notes) et les notations de dettes
court terme (qui expriment l’opinion des agences sur la capacité des émetteurs à
honorer leurs engagements financiers à court terme).
I.1.2-La méthode du scoring : outil privilégié de la gestion du risque crédit
La méthode du scoring a vu le jour aux Etats-Unis et s’est développée par la suite dans
les autres pays occidentaux. Le scoring correspond à une méthode d’analyse financière qui
tente à synthétiser un certain nombre de ratios sous forme d’un seul indicateur susceptible de
distinguer les entreprises saines des entreprises défaillantes.
À partir d’un ensemble de « n » entreprises divisé en deux sous-échantillons
(entreprises défaillantes et entreprises saines), on mesure « K » ratios (variables
discriminantes) et l’on mesure une variable Z (score Zêta). Les valeurs prises par la variable Z
doivent être les plus différentes possibles d’un sous-ensemble à l’autre. Le score s’exprime
ainsi :
Z=α1 R1+ α2 R2+ α3 R3+………+ αn Rn+b
18
Avec :
Ri : les ratios comptables et financiers ;
αi: les coefficients associés aux ratios ;
b : une constante.
Aucune fonction score n’a de pouvoir séparateur absolu ; il existe toujours une zone de
recouvrement entre les deux sous-ensembles qui engendre deux erreurs :
▪ Erreur de premier type : il s’agit de classer une entreprise défaillante par l’utilisation
de la fonction score parmi les entreprises saines ;
▪ Erreur de second type : il s’agit de classer une entreprise saine comme une entreprise
défaillante par le modèle.
Les fonctions scores sont relativement nombreuses. La méthode du scoring présente
plusieurs atouts pour le secteur bancaire. Ces avantages concernent l’outil lui-même et
l’établissement qui l’utilise. Les atouts spécifiques à l’outil sont essentiellement,
premièrement, la simplicité : l’utilisation du score s’obtient généralement à partir d’un certain
nombre d’informations (de 6 à 12 en général), de ce fait, elle est utilisable en très peu du
temps (Verdier, 1986). Cette rapidité dans la prise de décision présente un double avantage :
un avantage interne de charge de travail dans la mesure où la tâche de l’exploitant et le
processus de décision sont considérablement accélérés d’une part ; et d’autre part, un
avantage commercial, il s’agit le fait que le client reçoit une réponse en quelques minutes.
Deuxièmement, l’homogénéité : avec le diagnostic financier, un client refusé aujourd’hui par
l’exploitant pourrait être accepté demain ou inversement. Dans ce contexte, il est difficile de
définir une politique de crédit homogène. Par contre, le crédit scoring donne la même
décision quel que soit l’agence ou le temps de la prise de décision. Les atouts spécifiques pour
l’établissement qui l’utilise sont, premièrement, la diminution des impayés : la méthode du
scoring est fondée sur une analyse statistique et objective des critères de risque, elle se révèle
d’une efficacité supérieure aux méthodes classiques. Deuxièmement, la politique de
cautionnement : les établissements de crédits, pour se couvrir contre un risque de crédit,
recourent généralement à la politique de cautionnement. Toutefois, le cautionnement est un
procédé soit coûteux, soit anti-commercial, soit les deux. Devant cette situation, la méthode
du scoring permet à l’établissement de crédit d’accepter sans cautions les dossiers jugés
comme des « dossiers sans problèmes » et ne demande une caution que pour les dossiers
tangents. Troisièmement, la productivité : la méthode du scoring permet une appréciation
rapide et relativement fiable (Ramage, 2001), et donc permet en quelques minutes de traiter
un grand nombre de cas qui ne présentent aucun problème et laisser les techniques
19
traditionnelles opérer les dossiers tangents. Quatrièmement, La délégation des décisions : un
personnel moins qualifié, et moins coûteux que le personnel capable à mener à terme le
processus traditionnel de décision, peut facilement utiliser la méthode du scoring pour la
plupart des dossiers. Cette méthode permet donc la délégation des décisions.
I.2-La notation extra financière des entreprises
Le développement de l’investissement socialement Responsable a fait naitre le besoin
de notation extra-financière, c’est-à-dire qui ne prend pas en compte uniquement les aspects
financiers et modélisation financière. Nous parlerons des AN RSE et des AN sociale et
environnementale.
1.2.1-Agence de notation RSE
Ce type de notation tient compte de la responsabilité sociétale de l’entreprise et
introduit des valeurs morales et éthiques, ce qui permet d’adopter un autre éclairage face à la
toute-puissance des marchés financiers. Le développement de l’Investissement Socialement
Responsable (ISR) a fait naître le besoin de notation extra-financière, c'est-à-dire qui ne prend
pas en compte uniquement les aspects financiers. La notation extra-financière est une
évaluation d’une entreprise qui ne se base pas uniquement sur ses performances économiques
mais aussi sur son comportement vis-à-vis de l’environnement, sur le respect des valeurs
sociales, sur son engagement sociétal et son gouvernement d’entreprise. Chaque domaine
d’analyse donne lieu à une évaluation selon différents critères (transparence, innovation,
communication…) et est pondéré pour obtenir une note finale.
Les fonds ISR intègrent dans leurs décisions de placement des critères extra-financiers
en plus des critères de performances économiques. Exemples de critères extra-financiers : la
contribution à l’amélioration de la santé publique, l’adoption d’un code de conduite, la
valorisation de la formation professionnelle, l’amélioration des conditions d’hygiène et de
sécurité, le respect des droits de l’Homme, la mise en place d’une politique de protection de
l’environnement, la lutte contre la corruption, la politique de ressources humaines, les
relations avec les clients, les fournisseurs et les sous-traitants, le respect de l’environnement,
la gouvernance d’entreprise etc. La notation extra-financière peut aussi être demandée par une
entreprise qui souhaite connaître son positionnement en termes de responsabilité sociale.
Progressivement, les sociétés mesurent et communiquent sur leurs performances sociales et
environnementales.
Les agences de notation excluent de leurs analyses les entreprises qui sont dans des
secteurs d’activité tels que le tabac, l’alcool, le jeu, la prostitution, l’armement, etc. Sont aussi
20
exclues les entreprises qui pratiquent le travail des enfants, les tests sur animaux, etc. Ces
critères peuvent être variables d’un pays à un autre.
Pour établir l’évaluation d’une entreprise, les agences de notation extra-financière
s’appuient sur les documents publics, notamment les documents obligatoires (liasses fiscales,
bilan social…), mais aussi sur des entretiens avec le personnel, des questionnaires envoyés
aux entreprises et des rencontres avec la direction et l’environnement direct de l’entreprise
(syndicats, ONG, fournisseurs, clients…). Les méthodes de collecte de ces informations sont
différentes d’une agence à une autre. Certaines agences extra-financières reprennent le
système de notation par lettre et signes + ou - des agences de notation financière
L’agence de notation BMJ Ratings propose des notations extra-financières de DDD à
AAA agrémentées de signes « + » ou « - » selon la tendance prise par la société.
D’autres, comme Vigeo par exemple, utilise des signes, de « ++ » pour les meilleures
entreprises à « --» pour les entreprises qui ne font pas d’effort.
On dénombre aussi les indices éthiques qui sont des indices qui prennent en compte les
considérations environnementales, sociales et sociétales des entreprises. Faire partie d’un
indice éthique pour une entreprise est signe d’une forte responsabilité sociale et
environnementale.
Tableau 4 : Les indices éthiques
NOM DE L'INDICE
DATE DE
CRÉATION
AGENCE DE
NOTATION EXTRA-
FINANCIÈRE
NOMBRE DE
VALEURS
ASPI Eurozone
(Advanced Sustainable
Performance Indice)
juin 2001 Vigeo (France) 120
DJSI Stoxx
(Dow Jones
Sustainability Index)
octobre 2001 SAM (Suisse) 300
ESI
(Ethibel Sustainability
Index)
juin 2001 Ethibel (Belgique) 200
FTSE4Good
(Financial Times Stock
Exchange)
juillet 2001 Eiris (Royaume-Uni) 305
Source : Article Notation extra-financière19
I.2.2-Agence de notation sociale et environnementale
19
http://www.lafinancepourtous.com/Decryptages/Articles/Notation-extra-financiere
21
On a vu apparaître, dans le domaine du développement durable, des agences notant les
entreprises selon des critères sociaux et environnementaux. Ces agences déterminent à partir
de différents critères le niveau de responsabilité de l'entreprise, la responsabilité sociale des
entreprises en regard du développement durable.
Nées vers la fin des années 90, les agences de notation sociale et environnementale
évaluent et notent les entreprises, selon leur méthode. Une agence de notation se base sur les
documents publics, des questionnaires et des résultats d'entrevue avec les responsables
d'entreprise. Elle doit aussi disposer d'une méthode, objet d'un travail de recherche en amont,
sur la cohérence entre les questions posées et les objectifs recherchés au regard
du développement durable (notamment au regard de l'agenda 21, mais plus généralement, en
fonction des critères que souhaite favoriser l'investisseur. Des travaux de fond ont été
entrepris en France dans les années 2001 à 2003 à ce sujet20
.
Au départ, les agences de notation ainsi spécialisées travaillaient essentiellement pour
les investisseurs du domaine de l'investissement socialement responsable (ISR).En pleine
expansion, ce secteur comprend une trentaine de structures exclusives, dont les plus
importantes sont en Europe : Vigeo, Oekom en Allemagne, Triodos Bank aux Pays-Bas, et en
France, Arcet Cotation, Standard Ethics, EthiFinance,Trucost au Royaume-Uni qui se focalise
sur la dimension environnementale Gavet&Bacqué ou diversum SAS.
L'enjeu a pris de l'importance en France avec la création du Fonds de réserve pour les
retraites (FRR) dont les critères de gestion ont inclus a priori une obligation d'intégrer des
actifs gérés selon des critères de notation sociale et environnementale. Depuis 2013, la société
BIOMWORK, agence de notation, fondée par Arnaud Lobez, propose l'évaluation de
l'engagement sociétal des entreprises selon une méthode comptable, nommée BIOM Attitude.
Cette méthode a conduit à la création du label "Attitude Réunion", défini à partir d'une grille
d'évaluation propre à l'ile de la Réunion et retenue solution COP 21.
II-Le marché de la notation financière dans les pays en Afrique
Nous aborderons une observation générale suivie d’un point d’arrêt sur l’état actuel au
Cameroun.
20
Analyse comparative d'indicateurs du développement durable ; "Investir dans le développement durable" sous
la direction de Grégoire Postel-Vinay
22
II.1-Caractéristiques générales de la notation financière en Afrique
L’Afrique devient de plus en plus intégrée au système financier et économique
mondial. Certes, les notes facilitent l’émission de la dette par les entités notées mais elles
servent également à d’autres fins. Elles fournissent un point de référence quant au risque que
présentent les économies et permettent de surmonter les asymétries d’information entre les
investisseurs et les émetteurs de dette. Bien que l’Afrique puisse se vanter de taux de
croissance parmi les plus élevés au monde, la récente et forte demande des investisseurs pour
la dette africaine est plutôt une conséquence des conditions extérieures, en particulier des taux
d’intérêt historiquement bas sur les marchés plus développés. En outre, malgré des progrès
encourageants, les systèmes financiers du continent restent relativement sous-développés
(Patrick Raleigh, 2014, pp. 229-242)21
.
La notation financière, bien que crée il y’a plus de 100 ans, n’est apparue en Afrique que dans
les années 1990 et reste encore méconnue, en général et, surtout dans les pays francophones.
Les pays anglophones sont plus familiers à ce système d’évaluation. L’expérience a montré
que la culture de rendre l’information publique disponible facilitait l’introduction d’outils
d’évaluation basés sur la disponibilité d’information. L’Afrique de l’ouest abrite trois des
quatres agences de notation financière africaines : West African Rating Agency (2012, Côte
d’Ivoire), Agusto (2001, Nigéria), Global Credit Rating (1996, Afrique du Sud) et Bloomfield
Investment Corporation (2012, Côte d’Ivoire) qui est l’agence sur la base de laquelle nous
avons élaboré ce mémoire.
Partout dans le monde, les agences de notation sont devenues étroitement
règlementées depuis la crise financière mondiale et l’Afrique ne fait pas exception.
Cependant, il y a une reconnaissance croissante des gouvernements et des autorités sur le
continent du fait que les agences de notation règlementées peuvent jouer un rôle utile dans
l’approfondissement des marchés financiers. Actuellement, les niveaux de l’intermédiation
financière en Afrique sont faibles. Cela se voit aussi bien dans les niveaux de pénétration
bancaire évoqués plus haut que dans le faible poids de la capitalisation boursière par rapport
au PIB (Patrick Raleigh, 2014).
Les gouvernements africains et les autorités financières sont donc désireux de
renforcer les marchés financiers pour faciliter la mobilisation de capital destiné à financer les
activités économiques. Par exemple, dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine
(UEMOA), le régulateur régional des marchés financiers, le Conseil régional de l’épargne
21Patrick Raleigh (2014), L’Afrique notée : le rôle de la notation dans le développement des marchés financiers
africains : la revue africaine en mutation, Association d’économie financière.
23
publique et des marchés financiers (CREPMF)22
, autorise et contrôle les agences de notation
opérant dans la zone conformément à la règlementation qu’il a émise en 2009. Le plan
stratégique à moyen terme du CREPMF cite la notation comme l’un des outils pour atteindre
son objectif d’élargir et de diversifier les marchés financiers de la zone UEMOA. Plus
précisément, le CREPMF vise à accroître le financement par les marchés de capitaux à au
moins 50 % des prêts bancaires à moyen et long terme, comparé à un niveau actuel de 12 %
(CREPMF, 2014).
En permettant aux notes d'être utilisées comme une alternative au collatéral, le
CREPMF a assoupli les exigences onéreuses qui pesaient sur les émetteurs et
décourageaient le recours aux marchés de capitaux. Une autre organisation régionale,
l’UMOA-Titres – créée en 2013 pour aider les gouvernements sur les questions de
gestion de la dette sur les marchés locaux –, contribue aux efforts officiels pour
approfondir les marchés financiers dans la zone. Ces efforts incluent une assistance
aux États membres de la zone pour la mise en place d’un programme de notation
financière.
II.2-Traits particuliers de la notation financière au Cameroun
La nouvelle gouvernance qui voudrait que des économies en quête d’émergence
s’arriment aux méthodes modernes de financement n’épargne pas le Cameroun. Le Cameroun
s’affranchit de plus en plus des moyens classiques de financement à travers des banques
commerciales transpose également ce mode de gouvernance aux entreprises publiques. Dans
cette perspective, les dossiers de trois entreprises sont actuellement en étude à l’agence de
notation financière panafricaine Bloomfield Investment, basée à Abidjan, en Côte d’Ivoire, en
vue d’évaluer leur risque de crédit sur le marché des capitaux23
. Il s’agit en l’occurrence de la
Cameroon Water Utilities Corporation (CAMWATER), l’entreprise publique du secteur de
l’eau, le Port autonome de Douala (PAD) et la Société camerounaise des dépôts pétroliers
(SCDP). Avant ces trois entreprises, la Cameroon Telecommunications (Camtel), l’opérateur
historique des télécoms avait obtenu une notation en monnaie locale à BBB sur le long terme
chez Boomfield, devenant ainsi la première entreprise camerounaise à se soumettre à ce
procédé de gouvernance.
22
CREPMF (Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers) (2014), Plan stratégique 2014-
2021 du marché financier régional de l’UMOA, janvier, www.crepmf.org/PS_2014-2021_du_MFR_Jan.pdf.
23
Entreprises publiques : pourquoi la notation financière, Rubrique économie, Cameroon tribune du 08
Décembre 2016.
24
La quête d’une notation financière découle de la décision du gouvernement
camerounais de voir des sociétés nationales aller sur le marché des capitaux, pour pouvoir
financer elles-mêmes leurs projets de développement. Une démarche qui a l’avantage de
soustraire des entreprises publiques à une assistance régulière de l’État et leur permettre de
mieux se vendre sur le marché international.
Dans son dernier rapport sur le Cameroun(Rapport des services du FMI)24
, partant du
fait que la plupart des entreprises publiques camerounaises enregistrent de « piètres résultats
», le FMI conseille au gouvernement de réduire les subventions en leur faveur, et de leur
imposer des cahiers de charges contraignants25
.
En parallèle, le secteur d’activité qu’occupe la notation financière au Cameroun bien
que n’étant pas bien structuré constitue le marché financier où différents acteurs y exercent.
Notamment nous pouvons citer parmi les principaux acteurs du marché financier
camerounais :
▪ La commission des marchés financiers (CMF) ;
▪ L’entreprise de marché : la Douala Stock Exchange (DSX) ;
▪ Le dépositaire central : la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA) ;
▪ La banque de règlement : la Société Générale Cameroun (SGC) ;
▪ Les prestataires de services d’investissement ;
▪ Les émetteurs : l’Etat, les entreprises, les collectivités locales et les Organismes à
Placement Collectif des Valeurs Mobilières (OPCVM) ;
▪ Les propriétaires des titres qui sont des donneurs d’ordres.26
Les investisseurs inscrivent de plus en plus la notation financière parmi leurs
exigences, les quatre agences d’origine africaine peuvent anticiper des perspectives quant à
l’avenir du marché de la notation financière.
Au terme de ce chapitre, il apparait que le concept de notation financière manque fort encore
d’application sur le marché camerounais mais présente des perspectives indéniables. Il
advient maintenant de contextualiser la phase d’analyse financière dans la démarche de
notation financière au travers du model financier de Dupont de Nemours.
24
FMI (Fonds monétaire international) (2010), « The Uses and Abuses of Sovereign Credit Ratings », chap. 3,
in Global Financial Stability Report.
25
Cameroun – Economie, Agence Ecofin, Cameroun 24.net, 27 Décembre 2013.
26
Pour plus de détails : site dgtcfm
25
Dans ce chapitre, nous présenterons d’une manière précise les spécificités
camerounaises en matière de notation financière en abordant l’environnement des affaires
(section 1) et nous présenterons une analyse en contexte camerounais du modèle de Dupont
De Nemours (section 2).
SECTION I : SPECIFICITES CAMEROUNAISES EN MATIERE DE NOTATION
FINANCIERE : L’ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES
L’environnement des affaires décrit le cadre dans lequel les entreprises exercent leurs
activités. Il est un facteur déterminant dans la mobilisation des investissements (intérieurs ou
extérieurs), porteurs de croissance. La qualité de l’environnement des affaires est un défi
permanent. Un mauvais environnement des affaires constitue un frein à la compétitivité des
entreprises et un obstacle à l’attrait des Investissements Directs Étrangers. La compétitivité
des entreprises requiert donc la mise en place des moyens technologiques et commerciaux
inhérents. Ces efforts de performance doivent être soutenus par un cadre règlementaire
favorable et un appui institutionnel au profit des entreprises.
I-Environnement financier (accès aux crédits) : état des lieux
Le financement des entreprises est en amont de toute stratégie pour la compétitivité.
L’exigence d’un personnel qualifié, l'acquisition d’un matériel de production approprié,
l'extension des activités sur un grand espace géographique nécessitent des moyens financiers
importants pas toujours à la portée des entreprises. L'accès aux financements extérieurs en
faveur des entreprises reste faible et trop sélectif.
Les obstacles les plus cités par les entrepreneurs (en % des opinions des chefs
d’entreprises) sont par ordre d’importance la fiscalité pour 58,8%, la corruption pour 50,6%,
l’accès au crédit pour 37,6%, les formalités administratives pour 35,2%, la concurrence
déloyale pour 25,8%, les infrastructures pour 18,4% et enfin le coût de financement crédit
pour 18%27
. Les autres obstacles qui gênent la bonne marche des affaires se rapportent à
l’insuffisance du dialogue entre le secteur privé et le secteur public, les pénuries de l’énergie
électrique, le transport et le fonctionnement de la justice.
27
Source : INS/RGE 2009
CHAPITRE II :
UNE VISION CONTEXTUALISEE DU MODELE DE
DUPONT DE NEMOURS AU CAMEROUN
26
Le Cameroun compte quinze (15)28
banques commerciales dont la clientèle est
constituée de particuliers, des responsables des professions libérales, des PME et des grandes
entreprises. Ces banques financent des investissements par des crédits à court terme
(maximum 1 an) et à moyen terme (maximum 5 ans).Les investissements productifs à moyen
et long terme sont pour l'essentiel financés en dehors du secteur bancaire, surtout par
autofinancement. Les banques camerounaises s'engagent très peu dans le financement des
activités économiques. Le financement extérieur des entreprises pose un problème majeur
pour leur éclosion, leur activité et leur développement. Pour 37,6% des chefs d’entreprises, la
difficulté d’accès au crédit est un obstacle à leur développement. Toutefois, cet obstacle est
plus ressenti par les TPE et les PME (près de 42%) que par les grandes entreprises (20%) qui
sont pour la plupart filiales des firmes multinationales (RGE, 2009)29
.
Cette relation entre la taille de l’entreprise et l’accès au crédit pénalise fortement les
TPE et les PME qui ont besoin d’organismes spécialisés de financement et d’encadrement.
Les structures telles que le Fonds de Garantie et de Crédits aux PME (FOGAPE), le Fonds
National de Développement Rural (FO-NADER) qui apportaient un soutien au financement
des entreprises ont cessé de fonctionner il y a près de deux décennies. L’aboutissement des
projets en cours pour la création de telles structures devra booster sans doute l’entrepreneuriat
au Cameroun. Nous notons ainsi la naissance de l’Agence de Promotion des PME (APME) et
en 2015, la naissance de la Banque Camerounaise des Petites et Moyennes Entreprises (BC-
PME S.A.).
Tableau 5: Pourcentage des entreprises ayant déclaré avoir les difficultés d’accès aux crédits
par type
Type d’entreprises Pourcentage d’entreprises
TPE 34,7
PE 40,7
ME 42,5
GE 20
Total 37,6
Source : INS/RGE 2009
La Douala Stock Exchange qui était censée constituer un financement direct aux
entreprises et suppléer le financement bancaire n’a véritablement pas décollé. Seules trois
28
Actualité du 20 mars 2017, déclaration du Gouverneur de la BEAC Président de la COBAC
29Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises (2009), Institut National de la
Statistique, Rapport thématique Partie, Recensement Général des Entreprises (RGE).
27
entreprises30
y sont cotées. Le taux des crédits accordés au secteur privé en pourcentage du
PIB est un élément qui peut servir d’appréciation du financement de la croissance par le
secteur bancaire. Ce dernier est passé de 26,7% en 1990 à 10,3% en 2003, soit une diminution
de plus de la moitié. Pour remonter à une valeur de 16.4% en 201531
. Ce taux est très en deçà
de la moyenne de l’Afrique Subsaharienne (près de 64%).
Face à ce niveau faible de crédits accordés aux entreprises par les banques, les
financements informels se développent. C’est notamment le cas des tontines qui financeraient
près de 18% des besoins de financement des entreprises (USAID, 1994).La responsabilité des
chefs d’entreprises est aussi sujet à questionnement. En effet il manque de transparence dans
leur gestion. Des résultats du RGE, on a pu noter que seulement 13% d’entreprises tiennent
une comptabilité financière. C’est une situation préjudiciable dans la mesure où la tenue d’une
bonne comptabilité constitue un élément-clé de la transparence et de la gouvernance
économique dans une entreprise. Ce qui facilite l’accès au crédit.
Des efforts importants sont à faire pour astreindre les entreprises à se conformer aux
directives du droit comptable OHADA. La mise en application du droit des affaires est une
difficulté non encore réglée au Cameroun. L’acte uniforme relatif au droit commercial, dans
son article 13 indique que « tout commerçant, personne physique ou morale doit tenir un
journal, enregistrant au jour le jour ses opérations commerciales. Il doit également tenir un
grand livre avec balance générale récapitulative ainsi qu’un livre d’inventaires. (…) ».
Les pouvoirs publics, pour atteindre les objectifs fixés par les États parties signataires
du traité OHADA doivent organiser la mise en application du droit comptable pour
encourager la tendance des entreprises à tenir une comptabilité financière. Celle-ci conduit à
la vulgarisation des états financiers de synthèse (bilan, compte de résultats, DSF) qui sont des
documents essentiels pour les actionnaires, le banquier, les bailleurs, tous les investisseurs et
l’État.
La production des états financiers formels est en effet un critère important d’éligibilité des
entreprises aux crédits bancaires traditionnels et au financement auprès des institutions de
crédit.
30
Notamment SOCAPALM, SAFACAM, SEMC.
Source : site douala-stock-exchange
31
Site de la banque mondiale : http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/FS.AST.PRVT.GD.ZS
28
II- La compétitivité du pays
La compétitivité des entreprises est l’une des principales préoccupations des autorités
gouvernementales dans le monde. En effet les économistes ne s’entendent ni sur la façon de la
définir, ni sur la manière de la quantifier encore moins sur les indices qui la représentent.
Certains économistes utilisent le concept de compétitivité dans un sens
macroéconomique. Ils proposent comme indicateurs le solde de la balance commerciale, le
taux de couverture des importations, la propension d'un pays à importer, la propension d'un
pays à exporter, le degré d'ouverture et les parts de marchés. Selon cette approche, la
compétitivité correspond à la performance commerciale d’un pays. Un pays devient moins
compétitif lorsque ses exportations baissent ou lorsque ses importations augmentent. Selon
Njikam (1996, pp.68), « la compétitivité d’une économie nationale peut être définie comme
étant sa capacité d’affronter la concurrence mondiale ». D’après cette définition, la
compétitivité reflète la performance globale de l’économie et conditionne de ce fait son
équilibre extérieur à travers le taux de change réel, la balance commerciale, etc. Plus grandes
sont les capacités d’un pays à vendre les biens qu’il produit aussi bien sur les marchés
étrangers que sur son propre marché, plus forte sera la croissance permise avant que ne
survienne l’obstacle du déficit extérieur.
Le Cameroun a vu sa balance commerciale se dégrader au cours de ces dernières
années, signe sans doute d’une dégradation de la compétitivité des entreprises. D’autres
économistes par contre considèrent la compétitivité comme un concept microéconomique,
applicable au niveau de la firme ou de l’industrie. Dans ce cas les indicateurs sont fondés sur
les prix, la qualité du produit, les coûts des facteurs, etc. Les définitions microéconomiques
sont fondées sur la productivité, les prix, les coûts, la part de marché, la qualité de produit
(Buckley et Marku-sen, 1992). La comparaison n’est possible que pour les firmes ou les
industries produisant le même bien. Les entreprises performantes au Cameroun ont tout intérêt
à se faire connaitre sur les marchés financiers. De plus, avec les accords de Bâle II32
, les
banques ont désormais l’accord de s’appuyer sur la notation financière. Et les entreprises les
mieux notées bénéficient de ce fait, d’un coût de financement moins élevé et d’un accès plus
facile au besoin de financement. Au Cameroun à l’heure actuelle, nous comptons très peu
d’agence de notation financière. Les services des agences de notation financière viennent en
appui au service de la bourse des actions, la Douala Stock Exchange (DSX).
32Les normes Bâle II (le second accord de Bâle) constituent un dispositif prudentiel destiné à mieux appréhender
les risques bancaires et principalement le risque de crédit ou de contrepartie et les exigences, pour garantir un
niveau minimum de capitaux propres, afin d’assurer la solidité financière.
29
SECTION II : MODELE DE DUPONT DE NEMOURS : UNE ANALYSE EN
CONTEXTE CAMEROUNAIS
Dans cette section, il est question de présenter les connaissances relatives à la compréhension
du système financier de Dupont De Nemours et une présentation des deux cas à l’étude.
I-Présentation du modèle de Dupont et premier niveau de décomposition
Le modèle financier de Dupont De Nemours étant une démonstration en découpage de
ratio de la rentabilité financière des entreprises. Nous aborderons tout d’abord le ratio central.
Le ratio central servant à mesurer la performance de l’entreprise s’appelle le
rendement de l’avoir, il se calcule comme suit :
Avoir = les Capitaux Propres
Ce ratio nous donne la mesure du bénéfice retiré des activités de l'entreprise par
rapport à la mise de fonds comptable des propriétaires (qui est représentée ici par l’avoir :
essentiellement, ce qu'ils sont investi dans l'entreprise au départ plus tous les bénéfices
réalisés au fil des ans et qu'ils y ont réinvestis). Si le choix du bénéfice net au numérateur va
de soi, celui de l’avoir au dénominateur demande de préciser le point de vue adopté dans
l’analyse. Ici, le choix de l’avoir signifié que le point de vue adopté est celui du propriétaire.
Considérer comme point de départ le point de vue des propriétaires a beaucoup de sens
pour un gestionnaire dont l’objectif est la maximisation de leur richesse et c’est l’optique du
gestionnaire que nous adopterons ici. Cependant, le modèle proposé ici est très complet et
permettra d’adopter également d’autres points de vue, comme celui de l’ensemble des
fournisseurs de capitaux. Bien qu’il s’agisse d’un seul ratio, le rendement de l'avoir permet
lorsque calculé sur plusieurs années, de dégager certaines tendances.
La décomposition de premier niveau du ratio central donne l’équation suivante :
×
(1) (2) (3)
Rendement de marge nette Rotation Levier
l’avoir des actifs financier
30
Bénéfice net=Résultat net
Ventes = Chiffres d’Affaires
Actifs= Total Bilan
Avoir=Capitaux propres
• Le premier ratio, que l'on appelle ratio de marge nette, constitue le premier point
d’intérêt du modèle de DuPont, le premier facteur explicatif du rendement. Il
renseigne sur la rentabilité des ventes de l'entreprise, c’est-à-dire sur la quantité de
bénéfice net que génère chaque unité monétaire de ventes.
On peut faire ressortir ici les éléments qui influenceront la valeur de ce ratio. Tous les
éléments qui composent l'état des résultats sont en cause : les ventes (et donc les quantités
vendues et les prix de vente) et les diverses charges encourues pour réaliser ces ventes. Parmi
les charges, on retrouvera le coût (d'achat ou de fabrication) des marchandises vendues, les
frais de vente et d'administration, l'amortissement des immobilisations de l'entreprise de
même que les intérêts encourus sur les dettes que l'entreprise a contractées et les impôts
chargés à l’exercice.
• Le deuxième ratio, appelé ratio de rotation des actifs, constitue le deuxième facteur
explicatif du rendement de l’avoir du modèle de DuPont. Il sert à mesurer l’efficacité
de la gestion des actifs et représente la quantité d’argent en ventes que peut générer
chaque unité monétaire investi dans les actifs de l'entreprise. Ce ratio fait donc un lien
entre les deux états financiers principaux, à savoir le bilan et l'état des résultats.
Idéalement, on voudrait encore que ce ratio soit le plus élevé possible puisqu'il signifie
alors que les actifs sont utilisés au maximum, ce qui couplé à la marge la plus élevée
possible, aura un impact à la hausse sur le rendement de l’avoir.
• Le troisième ratio, appelé ratio du levier financier, nous renseigne, quant à lui, sur la
proportion des actifs de l'entreprise qui est financée par ses propriétaires. Pour mieux
en comprendre le sens, il suffit de remplacer le numérateur par son équivalent en
termes de sources de fonds, soit Dettes + Avoir de sorte que le ratio devient :
Le ratio du levier financier mesure le degré d’endettement d’une entreprise, c’est-à-
dire que plus l’utilisation de la dette est importante, plus la valeur de ce ratio augmente. Une
variation à la hausse du ratio signifie donc un endettement supplémentaire. À l’opposé, une
baisse du ratio signifie une réduction relative de l’endettement.
31
Plus ce ratio sera élevé, plus le recours à l’effet de levier est grand et plus le taux de
rendement de l'avoir sera grand, toutes choses étant égales par ailleurs. Il est important
d’ajouter ceceteris paribus puisqu’une variation dans ce ratio sera habituellement
accompagnée d'une variation dans la marge nette. Une augmentation de la valeur de ce ratio
signifie que l'importance relative du financement par dette a augmenté, ce qui se traduira
généralement par une hausse de la charge d’intérêts et une baisse de la marge nette. Ici
encore, la valeur prise par ce ratio sera fortement influencée par le secteur d’activité, certains
d’entre eux faisant plus appel à l’effet de levier que d’autres.
Le tableau qui suit résume le premier niveau de décomposition du modèle DuPont, il
permet de mettre en valeur les trois facteurs pouvant expliquer l'évolution de l'avoir des
actionnaires.
Figure 2 : Premier niveau de décomposition du ratio central de Dupont
Source : conçu par l’auteur de la recherche.
II-Deuxième niveau de décomposition : analyse détaillée des trois ratios
Dans cette section, nous présenterons une analyse détaillée des trois ratios présentés
dans le paragraphe précédent.
II.1-Ratio de marge nette : rentabilité des ventes
Pour comprendre les changements survenus dans la marge nette, il convient de scruter
à la loupe l’état des résultats. L’analyse de l’état des résultats elle-même peut se diviser en
trois parties :
• l’analyse de la marge d’exploitation
Rendement de l’avoir
Rentabilité des
ventes
Marge nette
Ratio :
Efficacité de gestion des
actifs
Rotation des actifs
Ratio :
Risque
d’insolvabilité
Levier financier
Ratio :
32
• l’analyse des charges liées aux activités de financement (charges financières)
• l’analyse des charges relatives à l’impôt sur le bénéfice des sociétés.
II.1.1-Analyse de la marge d’exploitation
La marge d'exploitation met en relation le bénéfice d’exploitation (appelé aussi le
bénéfice avant intérêts et impôts, d’où l’expression BAII) et le niveau des ventes (V).
BAII = RE
Elle se calcule comme suit :
La marge d’exploitation est une notion très importante puisqu’elle inclut tous les
postes de l’état des résultats à l’exception des frais financiers et des charges d’impôt sur les
bénéfices.
Afin de bien comprendre les principaux facteurs qui l’influencent, il faut examiner
plus en détail chacune de ses composantes. Les ratios examinés sont les suivants :
(a) Marge bénéficiaire brute
(b) Frais d'exploitation/Ventes
Marge bénéficiaire brute
La marge bénéficiaire brute est obtenue en mettant en relation le bénéfice brut (BB) et
les ventes. La formule est la suivante :
BB = EBE
Marge bénéficiaire brute =
Alternativement, on peut observer l’évolution du rapport du coût des marchandises
vendues(CMV) aux ventes. On obtient alors le ratio suivant :
Nous examinerons de plus près chacune des constituantes du bénéfice brut.
Le bénéfice brut est obtenu en soustrayant le coût des marchandises vendues des
ventes. A l'intérieur du coût des marchandises vendues, il y a une proportion de frais variables
(CMVv) et une autre de frais fixes (CMVf). Le bénéfice brut peut donc être exprimé en
fonction du prix de vente (P), des coûts variables unitaires (Cv), des quantités vendues (Q) et
de la portion des coûts fixes du coût des marchandises vendues comme le démontre
l'expression 1.
33
(1)
] (2)
En somme, l'équation 2 nous permet de constater qu'une amélioration de la marge
brute peut être attribuable à plusieurs facteurs ayant trait au prix de vente, aux quantités
vendues et / ou à la réduction de certains coûts. Elle peut être provoquée par une
augmentation du prix de vente(P), une réduction des coûts variables unitaires (Cv) ou encore
une réduction de la portion des coûts fixes du coût des marchandises vendues (diminution de
CMVf). Enfin, une augmentation du volume d'affaires (Q) peut aussi engendrer une
amélioration de la marge brute à condition qu'il y ait une certaine proportion du coût des
marchandises vendues qui soit fixe (CMVf > 0).
Une hausse de cette variable est réalisable au moyen d’efforts de vente, de campagnes
publicitaires ou encore d’une baisse de prix. Dans ce dernier cas, l’entreprise doit s’assurer
que la hausse du volume de ventes compensera la perte de revenus attribuable à la baisse du
prix.
Frais d'exploitation/Ventes :
L’examen du rapport des frais d'exploitation (FE) par rapport aux ventes permet de
juger de l’évolution des frais d'exploitation. Évidemment, l’entreprise vise une certaine
stabilité qui témoigne jusqu’à un certain point du contrôle de ses coûts. Toutefois, elle ne doit
pas rechercher la stabilité de ce ratio à tout prix. En effet, si tel était le cas, cela supposerait
indirectement que les frais d'exploitation sont totalement variables alors qu'en réalité certains
sont fixes et d’autres semi-variables. Il semble normal de s’attendre à certaines économies
d’échelle au niveau des frais d’exploitation.
II.1.2-Analyse des charges liées aux activités de financement (charges
financières)
Dans un deuxième temps, après l’étude de l’exploitation, il convient d’examiner
l’importance que représentent les charges financières par rapport aux ventes au moyen du
ratio suivant :
34
En contexte de croissance ou de stabilité des ventes, une hausse de ce ratio peut être
expliquée par deux facteurs : une augmentation du taux d’intérêt ou une augmentation de
l’endettement.
Une combinaison des deux facteurs est aussi possible. Il est donc fort difficile
d’expliquer une variation de ce ratio sans examiner l’évolution du ratio de levier financier.
L’évolution de ce ratio a souvent un impact important sur celle de la marge nette.
II.1.3-Analyse des charges relatives à l’impôt sur le bénéfice des sociétés
La situation fiscale d'une entreprise a une influence sur sa rentabilité. C’est pour cela
qu’il est important, après avoir examiné l’exploitation et les charges financières de
l’entreprise, de jeter un regard sur l’impact de l’impôt sur sa marge nette. Le ratio suivant,
appelé taux effectif d’imposition(TEI), peut servir à cette fin :
BAI étant le bénéfice avant impôts.
BAI = RAO + RHAO
Pour résumer, notons que le ratio de marge nette peut être décomposé de la façon
suivante :
La décomposition de la marge nette de cette façon est très utile pour identifier
rapidement les causes des écarts dans la marge nette.
II.2-Ratio de rotation des actifs : l’efficacité de gestion des actifs
L’analyse de la rentabilité se concentre uniquement sur l’examen de l’état des résultats
et celle de l’efficacité de la gestion des actifs nécessite l’examen d’informations provenant de
l'état des résultats et du bilan. La notion d'efficacité de gestion des actifs est essentielle et
vient compléter celle de rentabilité des ventes dans le diagnostic de la performance financière.
35
Pour évaluer la performance de l’entreprise à ce titre, on peut séparer l’analyse en
deux blocs, soit :
▪ L’efficacité de la gestion des actifs à court terme
▪ L’efficacité de la gestion des actifs à long terme
II.2.1-L’efficacité de la gestion des actifs à court terme
Le ratio de rotation de l'encaisse :
E étant le niveau de l’encaisse.
Un certain niveau d'encaisse est nécessaire au bon fonctionnement d'une entreprise. Ce
niveau ne doit ni être trop élevé car des ressources financières seraient utilisées
inefficacement, ni trop bas pour éviter des problèmes de liquidité.
On peut mesurer l'efficacité de la gestion de l'encaisse par le ratio des ventes par
rapport à l'encaisse de fin de période (on pourrait aussi utiliser le niveau d'encaisse moyen).
Cette mesure suppose évidemment que le niveau d'encaisse varie proportionnellement aux
ventes, ce qui n’est pas nécessairement le cas. Un autre ratio permettant de juger du niveau
d’encaisse est celui mettant en rapport le niveau de l’encaisse et le total de l'actif utilisé (A) :
Le ratio de rotation des comptes clients :
CC étant le niveau des comptes clients.
La gestion du crédit offert aux clients influence l'efficacité de deux façons.
Premièrement, une gestion trop restrictive (taux de rotation trop élevé) peut empêcher le
développement des affaires et par le fait même affecter négativement la rentabilité. Ensuite,
une gestion trop souple (taux de rotation trop faible) peut faire en sorte que le taux de
mauvaises créances soit inutilement important. Il convient donc d'analyser la politique de
gestion du crédit client afin de déterminer si elle permet de maximiser le volume d'affaires
sans imposer un risque démesuré.
Il est possible de mesurer la gestion du crédit client également en calculant le délai que
prennent les clients pour rembourser les sommes dues. Pour ce faire, on exprime le niveau du
36
poste débiteur en fonction des ventes effectuées quotidiennement. Nous posons ici l'hypothèse
que le niveau des débiteurs est constant tout au long de l'année. Le résultat obtenu s'interprète
comme le nombre de jours que prennent les clients pour rembourser l’entreprise.
Le ratio de rotation des stocks :
La gestion du stock peut avoir des conséquences importantes sur les affaires d'une
société. La détention d'un stock de marchandises trop élevé nuit à la rentabilité en imposant
des frais d'entreposage, de manutention et de gestion inutilement élevés (taux de rotation trop
faible).
Par contre, une gestion trop serrée peut faire en sorte que l’on se retrouve en rupture
de stock et que l’on perde un certain volume d'affaires aux mains des concurrents (taux de
rotation trop élevé).
De part et d'autre, une mauvaise gestion du stock affecte négativement la rentabilité.
On peut également évaluer l'efficacité de cette gestion en mesurant le délai d'écoulement du
stock. Pour ce faire, il faut mettre en relation le niveau des stocks au bilan et le coût des
ventes. La formule de calcul du délai d’écoulement des stocks est la suivante :
Délai d’écoulement des stocks =
Le délai de paiement des comptes fournisseurs :
Pour évaluer la gestion des comptes fournisseurs, le ratio du délai de paiement des
fournisseurs peut être utilisé. Le calcul de ce ratio est similaire aux deux précédents. Il s'agit
de mettre en relation le niveau des créditeurs par rapport aux achats quotidiens effectués à
crédit. On interprète le résultat comme le nombre de jours nécessaires au paiement des
fournisseurs.
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  • 1. UNIVERSITE DE DOUALA ***************** ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET COMMERCIALES (E.S.S.E.C) MEMOIRE En vue de l’obtention du Diplôme d’Etudes Supérieures de Commerce (DESC) Rédigé et soutenu par : EYA’ANE ABOUE Pulchérie Jessica Emmanuel UE : MEMOIRE Filière : DESC Option : Gestion Financière et Comptable (FICO) Niveau : 4 Matricule : 11S1084 Sous l’encadrement Académique de : Professionnel de : Dr. ONOMO Cyrille M. BELLET-EDIMO Maurice Enseignant à l’ESSEC Analyste des risques d’investissement M. Valentin TCHAKOUNTE Enseignant à l’ESSEC THEME : LA NOTATION FINANCIERE ET LE MODELE FINANCIER DE DUPONT DE NEMOURS : UNE ANALYSE A PARTIR DES EXPERIENCES CAMEROUNAISES Année Académique 2016 - 2017 REPUBLIQUE DU CAMEROUN Paix – Travail – Patrie *********** MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR REPUBLIC OF CAMEROON Peace –Work – Fatherland ********** MINISTRY OF HIGHER EDUCATION
  • 2. II DEDICACE Je dédie ce travail à tous ceux que je porte dans mon cœur.
  • 3. III REMERCIEMENTS Le présent ouvrage, qui est le fruit d’un travail acharné, a vu multiplier les apports tant sur le plan intellectuel, moral que financier d’un bon nombre de personnes. Nous tenons ainsi à remercier particulièrement : ▪ Dr ONOMO Cyrille, qui a guidé notre travail avec vigilance tout en faisant preuve d’une grande sollicitude et d’une disponibilité de tous les instants. ▪ M. BELLET EDIMO et M. TCHAKOUNTE Valentin, pour l’aide au choix du thème, à l’identification de la problématique et à la délimitation du cadre du sujet. ▪ Tout le personnel enseignant et non enseignant de l’École Supérieure des Sciences Économiques et Commerciales (ESSEC) pour leur encadrement. ▪ M. FANDIO TCHABO Ferdinand de la Direction Statistique Économique et M. NANA FEUKEU Armand pour leur grande disponibilité afin de nous permettre d’avoir accès aux informations pour l’opérationnalisation de notre recherche. ▪ M. EBOKO MBAPPE Georges Lacour, pour ses conseils utiles et encourageants. ▪ Notre famille en les personnes de Mme EYA’ANE ABOUE Pulchérie, M. MBARGA MVONDO Henri, M. ABANDA, Mme MBARGA Palestine, Mme EKANI Christelle, Mlle MBECHEUN Nadège, Mme EKAMBI Stéphanie, M. EYA’ANE Patrick, Mlle EYA’ANE Kelly et M. MEKA Jean Marc pour leurs soutiens moral et financier indéniables. Nous remercions tous ceux qui ont participé de près ou de loin à la réalisation de ce mémoire.
  • 4. IV AVANT PROPOS L’école supérieure des Sciences Économiques et Commerciales (ESSEC) de Douala à travers son programme académique, prévoit pour l’obtention du Diplôme d’Études Supérieures de Commerce (DESC), la rédaction en fin de formation d’un mémoire dont le sujet est lié à l’option de l’étudiant. Il est alors question pour l’étudiant de faire un travail de recherche sur un thème pertinent débouchant sur la résolution d’un problème spécifique pour un secteur d’activité d’entreprises bien précis. C’est dans cette optique que nous avons traité du thème : « Le modèle de notation de Dupont de Nemours : une analyse à partir des expériences camerounaises ». La notation financière des entreprises à l’international prend de l’importance de par l’utilité faite de la note attribuée à une entreprise. Mais en Afrique et plus précisément au Cameroun, cette activité ne commence qu’actuellement à s’accentuer. Les cabinets internationaux qui s’installent en Afrique oublient la contextualisation des démarches de notation. Ainsi il existe des aspects tels que le capital social de l’entreprise qui ne sont pas pris en compte dans les démarches de notation.
  • 5. V RESUME La notation financière existe aujourd’hui dans plusieurs domaines allant de la finance à la responsabilité sociétale des entreprises. Son intervention dans des processus d’octroi de financement devient de plus en plus prégnante. En Afrique lors de la phase d’analyse, les modèles financiers souvent utilisés à l’instar du modèle financier de Dupont De Nemours, ne considèrent pas toujours les éléments de contexte Dans un souci de contextualisation de la démarche de notation au Cameroun, nous avons abordé la question suivante : comment assurer la notation des entreprises à partir du modèle de Dupont de Nemours au Cameroun ? La réponse à cette question a conduit au choix d’une méthode par étude de cas. A partir des données collectées sur quelques entreprises, nous avons pu évaluer le model étudié. Les résultats obtenus, impliquent la prise en compte dans l’équation du modèle financier de Dupont de Nemours du capital social, du niveau d’endettement, de la rentabilité des ventes et l’efficacité de la gestion des actifs dans le contexte camerounais. Mots clés : notation financière, modèle financier, analyse financière.
  • 6. VI ABSTRACT Financial ratings exist today in several areas ranging from finance to corporate social responsibility. Its involvement in funding processes is becoming more and more important. In Africa during the analysis phase, financial models often used in the same way as the financial model of Dupont De Nemours do not always consider contextual elements. In order to contextualize the rating process in Cameroon, Addressed the question: how to ensure the rating of companies based on the model of Dupont de Nemours in Cameroon? The answer to this question led to the choice of a case study method. From the data collected on a few companies, we were able to evaluate the model studied. The results obtained imply the inclusion in Dupont de Nemours' financial model equation of social capital, debt level, profitability of sales and the efficiency of asset management in the Cameroonian context. Key words: financial rating, financial model, financial analysis.
  • 7. VII LISTE DES SIGLES ET DES ABBREVIATIONS A : Total de l’Actif utilisé ; AAA : Meilleure note en AN. Elle désigne l’assurance maximale d’être remboursé ; ALPHA : Terme utilisé pour désigner l’un des cas à l’étude ; AMF : Autorité des Marchés Financiers ; AN : Agence de Notation financière ; BAI : Bénéfice Avant Impôts ; BAII : Bénéfice Avant Intérêts et Impôts ; Bâle II : Second accord de Bâle qui constitue un dispositif prudentiel. BETA : Terme utilisé pour désigner l’un des cas à l’étude ; Camtel: Cameroon Telecommunications; CamWater: Cameroon Water; CC : Niveau des Comptes Clients ; CF : Niveau des Comptes Fournisseurs ; CMV : Coût des Marchandises Vendues ; CMVf : Coût des Marchandises Vendues à partie fixe ; CMVv : Coût des Marchandises Vendues à partie variable ; Cv : Coût variable unitaire ; DSX : Douala Stock eXchange ; E : Niveau d’Encaisse ; EBE : Excédent Brut d’Exploitation ; FE : Frais d’Exploitation ; I : Immobilisations nettes ; INS : Institut National de la Statistique ; OHADA : Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires ; OPA : Offre Public d’Achat ; P : Prix de vente ; PAD : Port Autonome de Douala ; Q : Quantités vendues ; RAO : Résultat des Activités Ordinaires ; RHAO : Résultat des Hors Activités Ordinaires ; TEI : Taux Effectif d’Imposition ; V : Ventes.
  • 8. VIII LISTE DES TABLEAUX, FIGURES ET GRAPHIQUES Tableau 1 : Ratios financiers utilisés pour mesurer le risque de faillite ................................... 8 Tableau 2 : Comparatif des notes attribuées par les trois plus grandes agences..................... 11 Tableau 3 : Échelle des notes de recouvrement ...................................................................... 12 Tableau 4 : Les indices éthiques ............................................................................................. 20 Tableau 5 : Pourcentage des entreprises ayant déclaré avoir les difficultés d’accès aux crédits par type..................................................................................................................................... 26 Tableau 6 : Informations sur l’entreprise ALPHA -2014-...................................................... 44 Tableau 7 : Informations sur l’entreprise BETA -2014-......................................................... 47 Tableau 8 : Listes d’informations nécessaires pour la recherche............................................ 52 Tableau 9 : Rendement de l’avoir d’ALPHA ......................................................................... 62 Tableau 10 : Rendement de l’avoir de BETA......................................................................... 62 Tableau 11 : Récapitulatif des données sur le rendement de l’avoir des deux entreprises ..... 62 Tableau 12 : Marge nette d’ALPHA....................................................................................... 64 Tableau 13 : Marge nette de BETA ........................................................................................ 64 Tableau 14 :Récapitulatif des données sur la marge nette de deux entreprises ...................... 65 Tableau 15 : Récapitulatif du système de Dupont au premier niveau de décomposition ....... 65 Tableau 16 : Calcul des ratios - ALPHA- ............................................................................... 66 Tableau 17 : Calcul des ratios - BETA-.................................................................................. 67 Tableau 18 : Illustration de l’utilisation de l’endettement ...................................................... 68 Figure 1 : Le processus de notation d’une entreprise en agence de notation financière ......... 13 Figure 2 : Premier niveau de décomposition du ratio central de Dupont................................ 31 Figure 3 : Deuxième niveau de décomposition du ratio central de Dupont............................ 38 Figure 4 : Bilan de l’entreprise ALPHA - Actif-..................................................................... 45 Figure 5 : Bilan de l’entreprise ALPHA - Passif- ................................................................... 45 Figure 6 : Compte de résultat de l’entreprise ALPHA – Charges - ........................................ 46 Figure 7 : Compte de résultat de l’entreprise ALPHA – Produits - ........................................ 46 Figure 8 : Bilan de l’entreprise BETA -Actif- ........................................................................ 48 Figure 9 : Bilan de l’entreprise BETA - Passif- ...................................................................... 48 Figure 10 : Compte de résultat de l’entreprise BETA - Charges -.......................................... 49 Figure 11 : Compte de résultat de l’entreprise BETA - Produits -.......................................... 49 Graphique 1 : Rendement de l’avoir d’ALPHA et BETA ..................................................... 63 Graphique 2 : Marge nette d’ALPHA et BETA..................................................................... 65
  • 9. IX SOMMAIRE DEDICACE................................................................................................................................I REMERCIEMENTS............................................................................................................... II AVANT-PROPOS ..................................................................................................................III RESUME.................................................................................................................................IV ABSTRACT............................................................................................................................. V LISTE DES SIGLES ET DES ABBREVIATIONS ............................................................VI LISTE DES TABLEAUX, FIGURES ET GRAPHIQUES .............................................. VII INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................ 1 Partie I : LA NECESSITE D’UNE APPROCHE CONTINGENTE DE LA NOTATION FINANCIERE DES ENTREPRISES AU CAMEROUN..................................... 4 CHAPITRE I : LA NOTATION FINANCIERE DES ENTREPRISES............................. 5 SECTION I : CONCEPT DE NOTATION FINANCIERE DES ENTREPRISES................... 5 SECTION II : LES TYPES DE NOTATION ET LE MARCHE DE LA NOTATION FINANCIERE DANS LES PAYS EN AFRIQUE........................................... 16 CHAPITRE II : UNE VISION CONTEXTUALISEE DU MODELE DE DUPONT DE NEMOURS AU CAMEROUN ................................................................. 25 SECTION I : SPECIFICITES CAMEROUNAISES EN MATIERE DE NOTATION FINANCIERE : POINT DE VUE SUR L’ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES..................................................................................................... 25 SECTION II : MODELE DE DUPONT DE NEMOURS : UNE ANALYSE EN CONTEXTE CAMEROUNAIS............................................................................................. 29 Partie II : UNE ANALYSE DU MODELE DE DUPONT DE NEMOURS AU CAMEROUN....................................................................................................... 39 CHAPITRE III : DEMARCHE D’APPLICABILITE DU MODELE DE DUPONT DE NEMOURS A LA LUMIERE DES CAS AU CAMEROUN............... 40 SECTION I : JUSTIFICATION DE L’APPROCHE DE RECHERCHE ET PRESENTATION DES CAS................................................................................................... 40 SECTION II : CANEVAS DE RECHERCHE ........................................................................ 49 CHAPITRE IV : RESULTATS DE L’ANALYSE SUR LES CAS ETUDIES, RECOMMANDATIONS ET IMPLICATIONS.............................. 62 SECTION I : LES RESULTATS DE L’ANALYSE SUR LES CAS ETUDIES.................... 62 SECTION II : RECOMMANDATIONS ET IMPLICATIONS.............................................. 69 CONCLUSION GENERALE ............................................................................................... 79 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES............................................................................. 82 ANNEXES............................................................................................................................... 86 TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 99
  • 10. 1 Dans les économies caractérisées par de fortes asymétries d’informations entre prêteurs et emprunteurs, plusieurs structures et principalement les agences de notation assurent l’évaluation rigoureuse des entreprises pour guider la prise de décision des institutions de crédit. En matière de prise de décision, cette évaluation s’appuie sur l’analyse financière ceci en fonction de l’utilité et de l’objectif poursuivi par l’analyste. En effet, cette évaluation établit un diagnostic de l’entreprise en utilisant l’information disponible sur cette dernière. L’analyste financier réalise alors une opération de notation financière. Les résultats de sa notation ont un impact sur les choix des investisseurs ou agents économiques divers, servant de base à la prise de décision et ont le pouvoir d’influencer les possibilités de financement qui s’offre à une entité notée. La notation financière ou notation de la dette ou rating (dans le monde anglo-saxon) est l'appréciation, par une agence de notation financière, du risque de solvabilité financière d’une entreprise, d’un État (notation souveraine) ou d’une autre collectivité publique, nationale ou locale ou d’une opération (emprunt, emprunt obligataire, opération de financement structurée, titrisation, etc.). La notation exige de déterminer les risques de crédit, d'analyser les opérations de marché figurant en hors bilan, de suivre les créances douteuses et les provisions1 . Le processus d’attribution des notes réunit des analystes spécialisés du secteur noté. Partant de la présentation du projet de notation par l’émetteur à l’agence à la définition des modalités de la notation et la façon dont va être suivie la note, un questionnaire spécifique au secteur est transmis ainsi qu’une liste d’informations à communiquer à l’équipe qui se rend ensuite dans les locaux de l’entreprise afin d’obtenir les documents manquants et évaluer les critères qualitatifs, comme la qualité de la direction ou la stratégie de l’entreprise ; l’équipe dans la phase d’analyse des informations récoltées procède à une analyse financière des états financiers suivant des modèles financiers notamment le modèle financier de Dupont de Nemours. Dans les pays d’Afrique subsaharienne et notamment le Cameroun, un grand nombre d’entreprises ne sont pas rentables. Cela s’explique davantage par les faibles notes attribuées à ces entreprises lors des opérations de notation financière pour ces dernières. Les analyses financières qui en découlent ne prennent pas déjà aussi en compte un souci de 1 Karyotis Daniel, 1997, La notation financière : quand une information devient un instrument de décision, Revue d'Économie Financière, n° 41, pp 57-6 INTRODUCTION GENERALE
  • 11. 2 contextualisation de l’entreprise à noter dans son économie où elle se trouve être en perpétuel mouvement et évolution. Un tel défaut de notation financière rigoureuse et contextuelle ne permet pas une identification pertinente des facteurs explicatifs de cette situation. C’est pourquoi, à partir de la démarche de notation financière au travers du modèle d’analyse de Dupont de Nemours, nous voulons proposer une interprétation de la formation de la notation financière d’une entreprise au Cameroun. D’où le choix du thème : La notation financière et le modèle financier de Dupont de Nemours : Une analyse à partir d’expériences camerounaises. Notre réflexion s’articule autour de la question principale suivante : Question principale : Comment assurer la notation des entreprises à partir du modèle de Dupont de Nemours au Cameroun ? De cette question principale, il est dégagé les questions secondaires ci-dessous : Quelle est la démarche de notation des entreprises à partir du modèle de Dupont de Nemours ? Quels ajustements doit-on réaliser pour une notation des entreprises camerounaises par ce modèle ? Quels sont les résultats de la notation des entreprises camerounaises au moyen du modèle de Dupont de Nemours ? Pour y parvenir, nous nous appuyons sur une étude comparative de deux entreprises du secteur industriel. L’objectif à terme est de faire ressortir à des fins d’exploitation les techniques et les choix de gestion qui font de l’une la plus performante et la mieux notée par rapport à l’autre. Dans le but de résoudre cette problématique dont l’objectif principal est de permettre une meilleure notation des entreprises au Cameroun à partir du modèle de Dupont de Nemours. De manière spécifique, il revient de décrire la démarche de notation de Dupont de Nemours, d’identifier les ajustements nécessaires pour son adaptation judicieuse dans le contexte camerounais et d’évaluer la pertinence de cette notation en s’appuyant sur des résultats obtenus sur la base de deux expériences concrètes. Dans l’atteinte de notre objectif et pour répondre de manière satisfaisante à notre question de recherche, nous avons adopté l’approche de recherche qualitative par une stratégie d’étude de cas. Cette approche s’est déclinée en une étude exploratoire à travers les recherches documentaires qui nous a permis de regrouper toutes les informations et données nécessaires à la compréhension de la notion de notation financière et de model financier et les
  • 12. 3 concepts qui les englobent ; et une étude descriptive par le recours aux observations et l’entretien semi-directif qui nous a permis de comprendre les facteurs explicatifs de la notation financière des entreprises par une analyse du model financier de Dupont de Nemours dans le contexte camerounais. Cette étude comporte toutefois plusieurs intérêts. - Un intérêt méthodologique à savoir la nécessité qu’a la chaine d’intervenants (chercheurs, managers et théoriciens de l’entreprise) à déterminer les facteurs importants dans une opération de notation financière contextualisée au Cameroun et d’apprivoiser les déterminants (macros et micros) de la rentabilité financière des entreprises. Or pour mieux réussir d’apprivoiser ces facteurs il faut au préalable les identifier, comprendre les liens qui les unissent les uns des autres et comment ils agissent pour assurer la performance financière de l’entreprise ; - Un intérêt scientifique en ceci que notre travail est un travail de recherche orientée dans le domaine de gestion, il constitue un document qui met en évidence des données réelles, qualitatives et vérifiables pouvant servir à d’autres recherches ; - Un intérêt théorique en ce sens qu’il est un apport à la connaissance dans le domaine sur les principaux leviers d’optimisation à titre contextuel de l’analyse financière en vue d’une notation tel révision faite sur l’équation du model financier de Dupont De Nemours ; - Et un intérêt managérial et pratique qui est de donner aux managers une grille de compréhension des axes de notation financière de leur entreprise. La structure de ce travail porte sur deux (2) parties dont la première intitulé la nécessité d’une approche contingente de la notation financière des entreprises au Cameroun présente le concept de notation financière des entreprises : origine, démarche, méthodes, outils, types et marché dans les pays d’Afrique (chapitre 1) ; une vision contextualisée du modèle de Dupont de Nemours au Cameroun en abordant les spécificités camerounaises (chapitre 2). La seconde partie dite empirique se rattache à la présentation de la démarche méthodologie de notre étude consacrée à la compréhension du canevas de la recherche et la présentation des expériences camerounaises (chapitre 3). Enfin, présente les résultats de l’étude et propose des axes d’analyse financière des entreprises en matière de notation financière dans le contexte camerounais en émettant quelques recommandations et implications (chapitre 4).
  • 13. 4 PREMIÈRE PARTIE LA NECESSITE D’UNE APPROCHE CONTINGENTE DE LA NOTATION FINANCIERE DES ENTREPRISES AU CAMEROUN L’approche d’analyse financière par la notation a connu d’importants développements ces derniers temps. Malgré la sophistication des démarches, un besoin de contextualiser les méthodes n’est pas toujours affirmé mais pourtant nécessaire. Une contextualisation qui doit échapper au cadre régional et se focaliser sur les pays et les secteurs d’activité dans les pays. Dans ce chapitre, nous essayons de montrer que la notation des entreprises dans les contextes tel celui du Cameroun, pour des résultats plus pertinents, doit davantage procéder à une adaptation des modèles développés ailleurs, voire un développement des modèles localisés. Pour ce faire, dans le premier chapitre, nous exposons sur la notion de notation des entreprises et dans le deuxième, nous effectuons une révision du modèle de Dupont de Nemours dans le contexte camerounais.
  • 14. 5 Afin de comprendre la méthodologie adoptée par une agence de notation2 , il faut analyser la place qu’a prise la notation sur les places de marchés financiers depuis la fin du XIXe siècle avec la notation des premières entreprises de chemin de fer. C’est ainsi que suivant le cheminement de pensée, nous traiterons tout au long de ce chapitre du concept de la notation financière des entreprises, des types de notations des entreprises et du marché de la notation financière des entreprises en Afrique. SECTION I – CONCEPT DE NOTATION FINANCIERE DES ENTREPRISES La notation est un réel outil d’information pour les investisseurs en réponse aux émissions obligataires importantes de ce secteur d’activité. Nous parlerons dans cette section de la définition, démarche et dimension de la notation des entreprises ensuite des enjeux de la notation de l’entreprise. I- La notation financière des entreprises : définitions, démarches et dimensions Il est important de présenter une définition de la notation financière. Suivi de la méthodologie d’évaluation des entreprises en agence de notation financière. Et enfin le processus d’attribution des notes et l’apport des notes aux utilisateurs finaux. I.1-Définition de la notation financière : la recherche d’un consensus À l’origine des agences de notation, on trouve le renseignement financier. Ainsi, à la fin des années 1820, la banque britannique Barings désigne Thomas Wrend Ward pour classer plusieurs milliers d’établissements de crédit et de boutiques en fonction de leurs surfaces financières3 . Puis des entreprises spécialisées dans la compilation de données économiques et financières émergent. Tandis qu’une agence de notation financière est une société indépendante qui évalue la capacité d'un émetteur de titres de créance à honorer ses obligations financières (remboursement, paiement des intérêts) relatives à ses émissions de titres de créances, et lui 2 Les agences de notation seront aussi dénommées agence de rating, agences d’évaluation financière, agences d’évaluation de crédit, organismes, organismes de rating et agences tout au long de ce mémoire. 3 Pour un développement plus complet sur l’activité de notation voir Gaillard (2010) CHAPITRE I : LA NOTATION FINANCIERE DES ENTREPRISES
  • 15. 6 attribue une note qui exprime l'appréciation de cette capacité4 , il se conçoit de proposer tout aussi une définition à la notation financière. La notation financière ou notation de la dette ou rating (dans le monde anglo-saxon) est l'appréciation, par une agence de notation financière, du risque de solvabilité financière d’une entreprise, d’un État (notation souveraine) ou d’une autre collectivité publique, nationale ou locale ou d’une opération (emprunt, emprunt obligataire, opération de financement structurée, titrisation, etc.).La notation exige de déterminer les risques de crédit, d'analyser les opérations de marché figurant en hors bilan, de suivre les créances douteuses et les provisions5 . I.2-La méthodologie d’évaluation des entreprises L’évaluation se fonde, d’une part, sur une analyse qualitative de la stratégie et de la position concurrentielle de l’entreprise et, d’autre part, sur une analyse quantitative qui est une analyse financière. Ces analyses se font selon le risque industriel et le risque financier6 . Il s’agit d’évaluer l’environnement économique de l’entreprise et les risques qu’il représente. I.2.1-L’analyse qualitative L’analyse qualitative est axée autour de trois éléments notamment le secteur d’activité de l’entreprise, la position concurrentielle de l’entreprise et l’analyse de la stratégie et de la direction de l’entreprise. I.2.1.1-Le secteur d’activité de l’entreprise dans le cadre d’une notation financière Les analystes sont spécialisés par secteur d’activité. Ils déterminent les capacités de croissance du secteur et son niveau de risque. Les secteurs cycliques (comme l’automobile) sont jugés plus risqués que ceux acycliques (comme l’agroalimentaire). Plus l’intensité 4Les agences de notation, Article publié le 20/12/2011, iotafinance.com. 5 Le point de vue d'un expert en notation à propos des places financières, Veverka, François, Revue d'Économie Financière, n° 57, 01/07/2000, pp 151-155 Recommandation sur l'information financière relative au risque de crédit, Bulletin de la Commission Bancaire, n°22, 01/04/2000, pp 12-17 Endettement et détection du risque, Paget-Blanc, Éric, La Gazette du Palais, n° 266, 23/09/1999, 24-28 Fusions et acquisitions : quelles incidences sur la notation ? , Moody's France, Lepreux, Jean-Luc, Banque, n° 601, 01/03/1999, pp 48-50 Le point de vue du notateur : les besoins des agences de notation sont différents, Standard & Poor’s, Veverka, François, Banque, n°600, 01/02/1999, p 22 La notation financière : quand une information devient un instrument de décision, Karyotis, Daniel, Revue d'Économie Financière, n° 41, 01/06/1997, pp 57-6 La notation des parts de fonds communs de créances, Gerst, Catherine, Banque, n° 552, 01/10/1994, pp 66-69 La notation, Mattout, Jean-Pierre ; Mouy, Stéphane, Bulletin Joly Bourse et produits financiers, n° 5, 01/09/1994, pp 441-458 6 Pour un développement plus complet, voir Paget-Blanc, Painvin (2007)
  • 16. 7 capitalistique (et donc le BFR) est grande, plus le risque est important. En effet, la rentabilité dépend de la conjoncture alors que le capital est investi quoiqu’il arrive. Cependant, des capitaux propres importants peuvent aussi constituer une barrière à l’entrée. L’agence évalue également la valeur ajoutée de l’entreprise ainsi que sa technologie (Philippe Raimbourg, 2003, pp. 67-765)7 . L’objectif est de déterminer l’avantage compétitif ou le risque d’arrivée d’une nouvelle technologie non maitrisée. De plus, le risque règlementaire est apprécié. I.2.1.2-La position concurrentielle de l’entreprise Tout d’abord, l’analyste évalue la situation concurrentielle d’une entreprise avec l’analyse de Porter (Jean-Etienne Palard et Franck Imbert, 2013)8 .L’objectif est de déterminer la taille du marché, d’identifier les principaux intervenants, leurs parts de marché, et d’évaluer la possibilité d’arrivée de nouveaux entrants. Ensuite, il compare la taille de l’entreprise et son positionnement par rapport à la concurrence. Un leader9 a des avantages stratégiques (économies d’échelle, effet d’apprentissage, notoriété…) qui affectent directement son risque de crédit. Enfin, l’analyste détermine les risques et possibilités de l’entreprise ainsi que ses horizons temporels. Cet élément, difficile à évaluer, explique souvent les dégradations brutales observables sur les obligations de type corporate. I.2.1.3-L’analyse de la stratégie et de la direction de l’entreprise La théorie financière, par le Modèle d’Évaluation des Actifs Financiers (M.E.D.A.F), démontre l’intérêt de la diversification d’un portefeuille. En effet, l’espérance de risque d’un portefeuille est plus faible que l’espérance des risques des titres qui le composent. Une agence doit donc évaluer la capacité de l’entreprise à diversifier son investissement, afin de protéger le patrimoine des obligataires (Nicolas Gurnot, 2013). De façon plus pragmatique, l’analyste évalue la stratégie de gestion du risque. Il peut s’agir d’une diversification, d’une intégration verticale (c.-à-d. une stratégie de filière), d’une stratégie de domination par les coûts, d’une différenciation ou encore d’un positionnement sur un marché de niche. Pour chacun de ces choix, il détermine l’impact sur la capacité de remboursement. C’est notoire pour les opérations de croissance externe financées par un effet de levier. De plus, l’agence évalue systématiquement les performances des dirigeants (Gérard Gourguechon, 2012). 7 Les enjeux de la notation financière, Philippe Raimbourg, ED. Lavoisier 8 Guide Pratique d’évaluation d’entreprise, Jean-Etienne Palrad et Franck Imbert, Ed. Eyrolles, 2013. 9 Le mot leader désigne par exemple une entreprise qui est soit le no 1 du secteur d'activité économique où elle exerce, soit celle qui impose son dynamisme à la profession.
  • 17. 8 I.2.2-L’analyse quantitative L’analyse quantitative quant à elle est axée sur l’actionnariat, le risque financier de l’entreprise, la capacité à générer des flux de trésorerie et la flexibilité financière. I.2.2.1-L’actionnariat de l’entreprise L’actionnariat10 d’une entreprise dépend de plusieurs facteurs. Si l’actionnariat est très dilué, l’entreprise est à la merci d’une O.P.A, ce qui peut modifier sa qualité de crédit. Les considérations des actionnaires doivent être prises en compte notamment s’il s’agit-il d’un actionnariat intéressé par une rentabilité immédiate ou plutôt par une prise de participation stratégique. I.2.2.2-Le risque financier Il s’agit d’évaluer la solvabilité et la liquidité de l’entreprise. L’analyse porte sur la mesure du risque de faillite. Tableau 1 : Ratios financiers utilisés pour mesurer le risque de faillite Ratios Description Couverture de l’intérêt brut Résultat brut sur opérations courantes + charges d’intérêt = Intérêt brut Couverture de l’intérêt par le résultat Résultat courant avant impôt = Intérêt brut Financement de l’exploitation Dettes totales Résultat net sur opérations courantes + amortissements = Dettes totales Cashflow d’exploitation Dettes totales Financement de l’exploitation – dépenses en capital – variation du fonds de roulement = Dettes totales Résultat sur capitaux permanents avant impôt Résultat brut sur opérations courantes + charges d’intérêt = Moyenne de début et de fin d’année des dettes à long et à court termes, intérêts minoritaires et capitaux propres Résultat d’exploitation Ventes Ventes – cout d’achat des marchandises vendues – charges de distribution – charges administratives – frais de recherche et de développement = Ventes Dettes à long terme Capital Dettes à long terme = Dettes à long terme + capitaux propres Dettes totales Capitaux permanents Dettes totales = Dettes totales + capitaux propres Source : Standard & Poor’s 10L’actionnariat est un terme financier désignant l’ensemble des actionnaires (propriétaires d’un titre financier appelé action et donnant droit à un certain nombre de prérogatives à leurs titulaires) d’une entreprise.
  • 18. 9 I.2.2.3-La capacité à générer des flux de trésorerie Les flux de trésorerie permettent le service de la dette. L’analyste s’appuie sur le compte de résultat et le tableau de financement des cinq dernières années. Tout d’abord, il retraite les soldes intermédiaires de gestion, afin de rendre les données issues de la comptabilité OHADA comparable au niveau international. Ensuite, il détermine un échantillon d’entreprises comparables du même secteur ou de la même zone géographique (peer group) (Nicolas Gurnot, 2013). Les ratios utilisés dépendent du domaine d’activité. Il s’agit par exemple : du taux de croissance du chiffre d’affaires, du taux de valeur ajoutée (VA/CA) ou encore de la rentabilité des capitaux investis (EBE/(immobilisations brutes + BFR)). Les différents flux générés par l’entreprise sont ensuite distingués : exploitation, investissement et financement ; ce qui rapproche cette analyse du tableau préconisé par l’Ordre des Experts Comptables. Nous travaillerons essentiellement sur ce volet en utilisant le modèle financier de Dupont de Nemours comme l’un des modèles utilisés en analyse financière (Patrick Piget, 2011), travaux préliminaires aux travaux de notation financière proprement dits11 . I.2.2.4-La flexibilité financière Il s’agit d’évaluer la capacité de l’entreprise à affronter de nouveaux besoins de financement sans remettre en question les versements destinés aux obligataires. L’analyste détermine la saisonnalité de l’activité afin d’estimer finement les flux futurs de trésorerie. Il opère une distinction entre deux éléments. Le premier élément est la solvabilité, c’est-à-dire la flexibilité financière à moyen et long terme. Elle dépend du niveau d’endettement, ce qui explique que certaines agences prennent en compte l’endettement (par exemple le crédit-bail). En outre, plusieurs ratios sont calculés afin de relativiser la part de l’endettement, ce qui facilite la comparaison avec d’autres organisations. Le second élément est la liquidité c'est-à- dire la flexibilité court terme. Il s’agit ici de mesurer la capacité de l’entreprise à affronter ses obligations financières pour une durée inférieure à un an. Il faut donc comparer les besoins de court terme (principalement le B.F.R) aux ressources de court terme (Simon Parienté, 2013)12 . L’agence analyse tous les placements financiers réalisés afin de déterminer leurs liquidités et leurs risques réels. Elle évalue également la qualité des banques et leur nombre suffisant. Enfin, elle s’intéresse à l’existence de sources alternatives de liquidité rapidement 11C’est le cas pour l’agence de notation financière Bloomfield Investment lors des travaux de la phase d’analyse pour une analyse financière d’une entreprise. L’évaluation se fait via un model financier (Jean-Florent Rérolle, 2014) ce qui aboutit à une analyse financière de la structure (Patrick Piget, 2011). 12Analyse financière et évaluation d’entreprise Méthodologie Diagnostic Prix d’offre, Pearson France, 2013.
  • 19. 10 mobilisables. Il en existe de deux sortes : les lignes de crédits non utilisées et les actifs liquides pouvant être cédés en situation de crise (Bâle III, 2013)13 . I.3-Le processus d’attribution des notes et l’apport des notes aux utilisateurs finaux L’attribution des notes suit une démarche que nous présenterons sous ce titre. I.2.3.1-Le processus d’attribution des notes Les notes sont attribuées par le comité de notation qui réunit des analystes spécialisés du secteur noté. Le dossier est présenté par au plus deux analystes, dont l’un est un analyste principal (lead analyst) responsable du suivi de la note et qui propose une note au comité. Voici les principales étapes du processus de proposition de la note : ▪ Présentation du projet de notation par l’émetteur à l’agence. Une fois l’accord commercial signé, l’agence désigne une équipe, responsable de l’évaluation du risque de défaut, et définit les modalités de la notation et la façon dont va être suivie la note ; ▪ Un questionnaire spécifique au secteur est transmis ainsi qu’une liste d’informations à communiquer ; ▪ L’équipe se rend ensuite dans les locaux de l’entreprise afin d’obtenir les documents manquants et évaluer les critères qualitatifs, comme la qualité de la direction ou la stratégie de l’entreprise ; ▪ L’équipe dans la phase d’analyse des informations des informations récoltées procède à une analyse financière proprement dite de ces données suivant des modèles financiers notamment le modèle financier de Dupont de Nemours ; ▪ Puis, l’équipe rédige un rapport soumis à l’émetteur afin qu’il donne son avis avant soumission au comité de notation ; ▪ La note est alors communiquée à l’émetteur qui peut, ou non, refuser la diffusion de cette information en fonction de l’agence ; N.B : 4 à 5 % des notes ne sont pas destinées à être publiées, cela concerne les émissions de dettes privées (A.M.F, 2012). ▪ Enfin, le rapport de l’équipe est publié sans mentionner les informations privilégiées bien que la note les prenne en compte. La note est suivie annuellement, mais le lead analyst garde un contact permanent avec l’entreprise pour obtenir, « au fil de l’eau », toute information susceptible de modifier la note. 13Bâle III : Ratio de liquidité à court terme et outils de suivi du risque de liquidité, Banque des règlements internationaux, 2013.
  • 20. 11 Dans l’échelle de notation, on distingue deux grandes catégories de notes, les « investment grade » ou « high grade », de AAA à BBB, pour les émissions les plus fiables et les « speculative grade » ou « below investment grade », de BB à D, pour les émissions les moins sûres voire très risquées14 . La note maximale AAA signifie une qualité de crédit très élevée alors qu’une notation D constate un défaut de paiement. Des signes « + » et « - » permettent d’affiner la notation. Enfin, la notation diffère selon qu’il s’agit d’opérations à court terme, concernant les engagements à un an au plus et les opérations à long terme, réalisées sur plus d’un an (Pascale Revault, 2009). Tableau 2 : Comparatif des notes attribuées par les trois plus grandes agences Moody’s Standard & Poor’s Fitch Ratings CommentairesLong Terme15 Court terme Long Terme Court terme Long Terme Court terme Aaa P-1 AAA A-1+ AAA F1+ Meilleure note, le risque est presque inexistant. Aa1 AA+ AA+ Très proche de la meilleure note, l’emprunteur est très fiable.Aa2 AA AA Aa3 AA- AA- A1 A+ A-1 A+ F1 Bonne qualité mais le risque peut être présent dans certaines circonstances économiques A2 A A A3 P-2 A- A2 A- F2 Baa1 BBB+ BBB+ Solvabilité moyenneBaa2 P-3 BBB A3 BBB F3 Baa3 BBB- BBB- Ba1 Not Prime BB+ B BB+ B Avec cette note, la spéculation est plus grande : le risque de non solvabilité est plus grand sur le long terme Ba2 BB BB Ba3 BB- BB- B1 B+ B+ Doute important sur le remboursement. Le risque est encore assez grandB2 B B B3 B- B- Caa CCC+ C CCC C Risque très important de non solvabilité sur le long terme Ca CCC L’emprunteur étant en quasi faillite, l’emprunt est très spéculatifC CCC- / D / DDD / L’emprunteur est en faillite Source : extrait du site easybourse.com 14Vernimmen, 2009 15 Moody’s applique des coefficients numériques de 1 à 3 correspondants à chaque catégorie de notation de Aa à Caa. Le coefficient 1 indique que le titre se situe dans la fourchette haute de l’échelle ; le coefficient 2 correspond à une notation intermédiaire alors que le coefficient 3 correspond à la fourchette basse.
  • 21. 12 En outre, une note complémentaire a été crée par Fitch en 2005 (illustré au tableau 3), destinée aux titres des institutions financières, entreprises et État notés en dessous de B+. Tableau 3 : Échelle des notes de recouvrement Note Taux de recouvrement Note Taux de recouvrement RR1 90 % RR4 31-50 % RR2 71-90 % RR5 11-30 % RR3 51-70 % RR6 Moins de 10 % Source : Gaillard (2010) I.2.3.2-Apports des notes aux utilisateurs finaux Les agences d’évaluation de crédit réduisent l’incertitude concernant le risque que représente un emprunteur. Ceci permet d’attirer de nouveaux investisseurs sur le marché obligataire et ainsi de réduire le coût de financement des entreprises émettant des obligations. De plus, elles augmentent la transparence du marché en diffusant de façon indirecte, à travers leurs notations, les informations privilégiées qu’elles détiennent sur les entreprises. Dans la théorie économique, le recours à un mandataire (agent) se justifie lorsqu’il y a asymétrie d’information, comme c’est le cas pour le marché obligataire. En effet, les souscripteurs sont défavorisés par rapport aux banquiers qui connaissent mieux la situation du débiteur. Cette asymétrie d’information induit un aléa moral (moral hazard). Le débiteur peut investir dans des projets risqués sans que le créancier le sache, ce qui peut conduire l’emprunteur à une situation de défaut. La note reste une garantie offerte à l’acheteur lui permettant de discerner les bons des mauvais produits. Et pourtant un paradoxe subsiste, le fait est que les notes n’ont qu’un rôle d’information, et sont équivalentes à un communiqué de presse. Il y a donc une distorsion entre le rôle légal des agences et l’utilisation, en tant que garantie, de ces opinions par les marchés (Aline Darbellay et Franck Partnoy, 2012, pp. 309- 318)16 . 16Aline Darbellay et Franck Partnoy (2012),Revue d’économie financière La nouvelle finance américaine, Association d’économie financière.
  • 22. 13 Figure 1 : Le processus de notation d’une entreprise en agence de notation financière Source : Standard & Poor’s Demande de notation par l’émetteur Présentation de l’analyse du comité de notation de l’AN. Discussion et vote de la note attribuée Le dossier final d’analyse est préparé pour le comité de notation La société émettrice organise une rencontre de présentation avec le personnel de l’AN pour analyser les aspects de l’émission Le demandeur complète les renseignements demandés par l’AN et la demande entre dans le système administratif de contrôle de l’AN L’AN charge une de ses équipes d’analyser l’émission de titres L’équipe d’analyse et de recherche consulte les bibliothèques , les fichiers internes et les bases de données Notification de la décision prise à l’émetteur ou à son représentant délégué L’émetteur conteste-t-il la note et veut-il fournir des informations supplémentaires Notification définitive de la décision à l’émetteur ou à son représentant délégué Présentation des informations supplémentaires au comité de l’AN de notation et vote pour confirmer la modification No n Oui
  • 23. 14 II – Enjeux de la notation financière de l’entreprise Depuis près de deux décennies, de nouveaux organismes sont venus contribuer à la régulation des compartiments boursiers réservés aux titres de créances : les agences de notation. C’est ainsi qu’elles acquièrent un pouvoir légitime qui leur confèrent une existence de droit. La théorie financière justifie ce comportement par le fait que la diversification d’un portefeuille réduit le risque global encouru par l’investisseur17 . C’est ainsi que nous citerons sous ce titre les enjeux de la notation de l’entreprise notamment l’accès aux ressources financières, la conclusion des partenariats, l’évaluation du risque de défaut sur les marchés financiers et un impact économique de l’activité des agences de notation. II.1-L’accès aux ressources financières L’accès aux ressources financières est une mine pour les entreprises. Nombreuses sont les raisons qui emmènent une entreprise à rechercher du financement ; de nouveaux projets à réaliser, un réinvestissement à considérer, l’acquisition d’une immobilisation et nous n’en citons d’autres. La notation financière est l’un des chemins aujourd’hui à l’heure de la mondialisation qui conduit à une reconnaissance internationale de l’activité d’une entreprise tant sur ses états financiers que sur sa liquidité et solvabilité ce qui traduit son niveau de gestion administrative et financière. À ce stade d’importance accordé à une note attribuée par une AN à une entreprise, l’AN se doit d’être fiable de par sa qualité de notation afin qu’on puisse la solliciter pour de telles interventions. Pour les émetteurs, la notation de leur émission est aujourd’hui un passage obligé afin de pouvoir la placer auprès des investisseurs. Nombre d’investisseurs institutionnels notamment ont des contraintes de notes minimum fixés dans leur politique d’investissement. En fournissant une opinion indépendante sur sa solvabilité, une notation permet également à un émetteur peu connu des investisseurs à emprunter plus facilement sur le marché.Les organismes de régulation financière utilisent également les notations des émetteurs. Un exemple en est notamment la prise en compte de la notation des émetteurs de titres en portefeuille dans le calcul des réserves obligatoires des banques. Le rating d’une émission détermine également si elle peut être présentée comme garantie dans une transaction financière ou non. C’est ainsi que les notes attribuées par les AN se doivent d’être mise à jour continuellement ; il s’agit notamment de continuellement évaluer l’entreprise après une action 17 La sagesse populaire l’explique par l’adage : « ne pas mettre ses œufs dans le même panier ».
  • 24. 15 ou opération à caractère financier. C’est toute la difficulté là pour une AN du point de vue qu’une note non actualisée est un « poison » pour tout investisseur qui s’y base pour émettre une transaction financière. II.2-La conclusion des partenariats La crédibilité auprès des partenaires en sont tout aussi des enjeux et défit liés aux agences de notation à cette heure de la mondialisation. Les entreprises recherchent du financement de part et d’autres allant des ressources nationales aux ressources internationales et le recours aux AN ne peut que s’observer tout naturellement par le biais du fait que l’AN leur apportera le quitus qui validera leur dossier de demande de financement par le biais d’une note. Leur apportant de la crédibilité auprès des partenaires d’affaires. Le circuit financier qu’intègre l’AN est grandissant à mesure que les besoins de financement se creusent et augmentent. En Afrique encore plus, dans un contexte de quête de développement et de pays en voie de développement, les entreprises cherchent les voies et moyens de s’en sortir, et émettent des signaux d’aide jusqu’à l’international. L’AN vient être à ce moment l’intermédiaire indicatif qui dans une certaine mesure assure la transaction qui s’effectuera après validation des accords. L’AN se doit à ce moment d’être une référence dans le domaine de la notation afin qu’on puisse la solliciter. C’est donc le chalenge des agences de notations africaines qui voient le jour à l’exemple de Bloomfield Investment que l’on cite dans ce mémoire. Malgré les critiques exprimées en direction des agences de notation, la note qu’elles attribuent possède pour un émetteur des conséquences financières non négligeables. Plus la note est élevée, plus son coût de financement sera faible et plus il arrivera facilement à placer ses émissions. Si la note se dégrade franchement, il peut devenir beaucoup plus difficile et coûteux pour lui de se refinancer, ce qui pèsera d’autant plus sur son activité. C’est le pouvoir d’une note financière de nos jours. On lui confère une crédibilité de par la taille de son agence de notation et même de la justesse et éclaircissement apporté antérieurement dans les transactions financières des investisseurs via l’observation de la note financière d’une entreprise. Les agences de notation de par leurs notes qu’ils attribuent déterminent le cours du marché financier d’un pays ou d’un secteur d’activité.
  • 25. 16 SECTION II : LES TYPES DE NOTATION ET LE MARCHE DE LA NOTATION DANS LES PAYS EN AFRIQUE Le marché de la notation financière en Afrique est perçu comme un chalenge à relever face aux contraintes économiques des nations et situations économiques et financières précaires des États et des entreprises locales pour la plupart qui s’y trouve. Nous parlerons dans cette section des types de notation et du marché de la notation financière dans les pays en Afrique. I- Les types de notation des entreprises On distingue des notations financières et des notations non financières appelées notations extra financières. I.1-La notation financière des entreprises Nous parlerons dans cette section de la notation bancaire et du scoring. I.1.1-La notation bancaire D’une manière générale, la notation encore appelée note ou rating est l'opinion d’une agence de notation, à une date donnée, sur la capacité d'un émetteur à faire face, à temps, à ses engagements financiers à terme (paiement d'intérêts, de dividendes, ou remboursement du principal). Mais, la notation des banques est sensiblement différente de celle des autres entreprises. En effet, la solvabilité d’une banque (ou d’un établissement de crédit) est fonction de sa solidité financière intrinsèque de la banque (ou notation intrinsèque), de la probabilité d’un soutien externe en cas de besoin (ou note de soutien extérieur), et les éléments susceptibles d’influencer son risque de crédit global18 . Dans le cadre de la notation bancaire, les agences de notation définissent donc l'ensemble des notes pouvant être attribuées à une banque. Il s'agit principalement : ▪ De la note de solidité financière : Les agences de notation n’ont pas communément défini la notion de « solidité financière ». Pour Moody’s, elle correspond à la qualité de crédit intrinsèque sans considération d'éléments éventuels (et incertains) de soutien aux banques en cas de difficultés. Elle prend en compte les éléments spécifiques aux banques tels que les fondamentaux financiers (rentabilité, liquidité, adéquation des fonds propres, efficacité opérationnelle, qualité des actifs), la valeur d'enseigne (franchise value), le niveau de diversification des métiers et des actifs. Mais aussi les 18 Nadège Dongmo-Kenfac (2012), Influence des agences de notation sur les banques : apports de la théorie néo- institutionnelle, , cahier de recherche n°2012-01.
  • 26. 17 facteurs de risque propres à l'environnement opérationnel des banques (perspectives économiques futures, structure et fragilité relative du secteur, qualité de la réglementation et du contrôle du système bancaire…). ▪ De la note de soutien extérieur : c'est l’opinion des agences sur la probabilité et l’origine du soutien extérieur dont peut bénéficier une banque (ou tout autre établissement de crédit) en difficulté. Il s’agit du soutien provenant du groupe coopératif ou mutualiste auquel appartient la banque notée, de ses actionnaires, des systèmes d’assurances, et du soutien de la banque centrale et de l’État aux banques afin d’éviter les défauts d’importance systémique. L'un des aspects essentiels lors du travail d'analyse des agences consiste à évaluer la probabilité qu'un établissement en difficulté bénéficie d'un soutien externe, dans quelles circonstances et par quel biais. Les agences évaluent l’importance de la banque dans l’économie et observent les mesures de sauvegarde existantes. ▪ Des notes de dettes ou de titres de dettes : Ces notes intègrent la solidité financière intrinsèque de la banque, le risque de transfert souverain (pour les dettes en devises étrangères) et des facteurs de soutien externes. En fonction de la durée de la dette, on distingue les notations de dettes long terme qui représentent l’opinion des agences sur le risque de crédit lié aux titres de dettes (obligations) dont l’échéance est supérieure ou égale à un an et sur l’éventualité qu’un engagement financier ne soit pas honoré comme prévu, les notations MTN (Medium-Term Notes) et les notations de dettes court terme (qui expriment l’opinion des agences sur la capacité des émetteurs à honorer leurs engagements financiers à court terme). I.1.2-La méthode du scoring : outil privilégié de la gestion du risque crédit La méthode du scoring a vu le jour aux Etats-Unis et s’est développée par la suite dans les autres pays occidentaux. Le scoring correspond à une méthode d’analyse financière qui tente à synthétiser un certain nombre de ratios sous forme d’un seul indicateur susceptible de distinguer les entreprises saines des entreprises défaillantes. À partir d’un ensemble de « n » entreprises divisé en deux sous-échantillons (entreprises défaillantes et entreprises saines), on mesure « K » ratios (variables discriminantes) et l’on mesure une variable Z (score Zêta). Les valeurs prises par la variable Z doivent être les plus différentes possibles d’un sous-ensemble à l’autre. Le score s’exprime ainsi : Z=α1 R1+ α2 R2+ α3 R3+………+ αn Rn+b
  • 27. 18 Avec : Ri : les ratios comptables et financiers ; αi: les coefficients associés aux ratios ; b : une constante. Aucune fonction score n’a de pouvoir séparateur absolu ; il existe toujours une zone de recouvrement entre les deux sous-ensembles qui engendre deux erreurs : ▪ Erreur de premier type : il s’agit de classer une entreprise défaillante par l’utilisation de la fonction score parmi les entreprises saines ; ▪ Erreur de second type : il s’agit de classer une entreprise saine comme une entreprise défaillante par le modèle. Les fonctions scores sont relativement nombreuses. La méthode du scoring présente plusieurs atouts pour le secteur bancaire. Ces avantages concernent l’outil lui-même et l’établissement qui l’utilise. Les atouts spécifiques à l’outil sont essentiellement, premièrement, la simplicité : l’utilisation du score s’obtient généralement à partir d’un certain nombre d’informations (de 6 à 12 en général), de ce fait, elle est utilisable en très peu du temps (Verdier, 1986). Cette rapidité dans la prise de décision présente un double avantage : un avantage interne de charge de travail dans la mesure où la tâche de l’exploitant et le processus de décision sont considérablement accélérés d’une part ; et d’autre part, un avantage commercial, il s’agit le fait que le client reçoit une réponse en quelques minutes. Deuxièmement, l’homogénéité : avec le diagnostic financier, un client refusé aujourd’hui par l’exploitant pourrait être accepté demain ou inversement. Dans ce contexte, il est difficile de définir une politique de crédit homogène. Par contre, le crédit scoring donne la même décision quel que soit l’agence ou le temps de la prise de décision. Les atouts spécifiques pour l’établissement qui l’utilise sont, premièrement, la diminution des impayés : la méthode du scoring est fondée sur une analyse statistique et objective des critères de risque, elle se révèle d’une efficacité supérieure aux méthodes classiques. Deuxièmement, la politique de cautionnement : les établissements de crédits, pour se couvrir contre un risque de crédit, recourent généralement à la politique de cautionnement. Toutefois, le cautionnement est un procédé soit coûteux, soit anti-commercial, soit les deux. Devant cette situation, la méthode du scoring permet à l’établissement de crédit d’accepter sans cautions les dossiers jugés comme des « dossiers sans problèmes » et ne demande une caution que pour les dossiers tangents. Troisièmement, la productivité : la méthode du scoring permet une appréciation rapide et relativement fiable (Ramage, 2001), et donc permet en quelques minutes de traiter un grand nombre de cas qui ne présentent aucun problème et laisser les techniques
  • 28. 19 traditionnelles opérer les dossiers tangents. Quatrièmement, La délégation des décisions : un personnel moins qualifié, et moins coûteux que le personnel capable à mener à terme le processus traditionnel de décision, peut facilement utiliser la méthode du scoring pour la plupart des dossiers. Cette méthode permet donc la délégation des décisions. I.2-La notation extra financière des entreprises Le développement de l’investissement socialement Responsable a fait naitre le besoin de notation extra-financière, c’est-à-dire qui ne prend pas en compte uniquement les aspects financiers et modélisation financière. Nous parlerons des AN RSE et des AN sociale et environnementale. 1.2.1-Agence de notation RSE Ce type de notation tient compte de la responsabilité sociétale de l’entreprise et introduit des valeurs morales et éthiques, ce qui permet d’adopter un autre éclairage face à la toute-puissance des marchés financiers. Le développement de l’Investissement Socialement Responsable (ISR) a fait naître le besoin de notation extra-financière, c'est-à-dire qui ne prend pas en compte uniquement les aspects financiers. La notation extra-financière est une évaluation d’une entreprise qui ne se base pas uniquement sur ses performances économiques mais aussi sur son comportement vis-à-vis de l’environnement, sur le respect des valeurs sociales, sur son engagement sociétal et son gouvernement d’entreprise. Chaque domaine d’analyse donne lieu à une évaluation selon différents critères (transparence, innovation, communication…) et est pondéré pour obtenir une note finale. Les fonds ISR intègrent dans leurs décisions de placement des critères extra-financiers en plus des critères de performances économiques. Exemples de critères extra-financiers : la contribution à l’amélioration de la santé publique, l’adoption d’un code de conduite, la valorisation de la formation professionnelle, l’amélioration des conditions d’hygiène et de sécurité, le respect des droits de l’Homme, la mise en place d’une politique de protection de l’environnement, la lutte contre la corruption, la politique de ressources humaines, les relations avec les clients, les fournisseurs et les sous-traitants, le respect de l’environnement, la gouvernance d’entreprise etc. La notation extra-financière peut aussi être demandée par une entreprise qui souhaite connaître son positionnement en termes de responsabilité sociale. Progressivement, les sociétés mesurent et communiquent sur leurs performances sociales et environnementales. Les agences de notation excluent de leurs analyses les entreprises qui sont dans des secteurs d’activité tels que le tabac, l’alcool, le jeu, la prostitution, l’armement, etc. Sont aussi
  • 29. 20 exclues les entreprises qui pratiquent le travail des enfants, les tests sur animaux, etc. Ces critères peuvent être variables d’un pays à un autre. Pour établir l’évaluation d’une entreprise, les agences de notation extra-financière s’appuient sur les documents publics, notamment les documents obligatoires (liasses fiscales, bilan social…), mais aussi sur des entretiens avec le personnel, des questionnaires envoyés aux entreprises et des rencontres avec la direction et l’environnement direct de l’entreprise (syndicats, ONG, fournisseurs, clients…). Les méthodes de collecte de ces informations sont différentes d’une agence à une autre. Certaines agences extra-financières reprennent le système de notation par lettre et signes + ou - des agences de notation financière L’agence de notation BMJ Ratings propose des notations extra-financières de DDD à AAA agrémentées de signes « + » ou « - » selon la tendance prise par la société. D’autres, comme Vigeo par exemple, utilise des signes, de « ++ » pour les meilleures entreprises à « --» pour les entreprises qui ne font pas d’effort. On dénombre aussi les indices éthiques qui sont des indices qui prennent en compte les considérations environnementales, sociales et sociétales des entreprises. Faire partie d’un indice éthique pour une entreprise est signe d’une forte responsabilité sociale et environnementale. Tableau 4 : Les indices éthiques NOM DE L'INDICE DATE DE CRÉATION AGENCE DE NOTATION EXTRA- FINANCIÈRE NOMBRE DE VALEURS ASPI Eurozone (Advanced Sustainable Performance Indice) juin 2001 Vigeo (France) 120 DJSI Stoxx (Dow Jones Sustainability Index) octobre 2001 SAM (Suisse) 300 ESI (Ethibel Sustainability Index) juin 2001 Ethibel (Belgique) 200 FTSE4Good (Financial Times Stock Exchange) juillet 2001 Eiris (Royaume-Uni) 305 Source : Article Notation extra-financière19 I.2.2-Agence de notation sociale et environnementale 19 http://www.lafinancepourtous.com/Decryptages/Articles/Notation-extra-financiere
  • 30. 21 On a vu apparaître, dans le domaine du développement durable, des agences notant les entreprises selon des critères sociaux et environnementaux. Ces agences déterminent à partir de différents critères le niveau de responsabilité de l'entreprise, la responsabilité sociale des entreprises en regard du développement durable. Nées vers la fin des années 90, les agences de notation sociale et environnementale évaluent et notent les entreprises, selon leur méthode. Une agence de notation se base sur les documents publics, des questionnaires et des résultats d'entrevue avec les responsables d'entreprise. Elle doit aussi disposer d'une méthode, objet d'un travail de recherche en amont, sur la cohérence entre les questions posées et les objectifs recherchés au regard du développement durable (notamment au regard de l'agenda 21, mais plus généralement, en fonction des critères que souhaite favoriser l'investisseur. Des travaux de fond ont été entrepris en France dans les années 2001 à 2003 à ce sujet20 . Au départ, les agences de notation ainsi spécialisées travaillaient essentiellement pour les investisseurs du domaine de l'investissement socialement responsable (ISR).En pleine expansion, ce secteur comprend une trentaine de structures exclusives, dont les plus importantes sont en Europe : Vigeo, Oekom en Allemagne, Triodos Bank aux Pays-Bas, et en France, Arcet Cotation, Standard Ethics, EthiFinance,Trucost au Royaume-Uni qui se focalise sur la dimension environnementale Gavet&Bacqué ou diversum SAS. L'enjeu a pris de l'importance en France avec la création du Fonds de réserve pour les retraites (FRR) dont les critères de gestion ont inclus a priori une obligation d'intégrer des actifs gérés selon des critères de notation sociale et environnementale. Depuis 2013, la société BIOMWORK, agence de notation, fondée par Arnaud Lobez, propose l'évaluation de l'engagement sociétal des entreprises selon une méthode comptable, nommée BIOM Attitude. Cette méthode a conduit à la création du label "Attitude Réunion", défini à partir d'une grille d'évaluation propre à l'ile de la Réunion et retenue solution COP 21. II-Le marché de la notation financière dans les pays en Afrique Nous aborderons une observation générale suivie d’un point d’arrêt sur l’état actuel au Cameroun. 20 Analyse comparative d'indicateurs du développement durable ; "Investir dans le développement durable" sous la direction de Grégoire Postel-Vinay
  • 31. 22 II.1-Caractéristiques générales de la notation financière en Afrique L’Afrique devient de plus en plus intégrée au système financier et économique mondial. Certes, les notes facilitent l’émission de la dette par les entités notées mais elles servent également à d’autres fins. Elles fournissent un point de référence quant au risque que présentent les économies et permettent de surmonter les asymétries d’information entre les investisseurs et les émetteurs de dette. Bien que l’Afrique puisse se vanter de taux de croissance parmi les plus élevés au monde, la récente et forte demande des investisseurs pour la dette africaine est plutôt une conséquence des conditions extérieures, en particulier des taux d’intérêt historiquement bas sur les marchés plus développés. En outre, malgré des progrès encourageants, les systèmes financiers du continent restent relativement sous-développés (Patrick Raleigh, 2014, pp. 229-242)21 . La notation financière, bien que crée il y’a plus de 100 ans, n’est apparue en Afrique que dans les années 1990 et reste encore méconnue, en général et, surtout dans les pays francophones. Les pays anglophones sont plus familiers à ce système d’évaluation. L’expérience a montré que la culture de rendre l’information publique disponible facilitait l’introduction d’outils d’évaluation basés sur la disponibilité d’information. L’Afrique de l’ouest abrite trois des quatres agences de notation financière africaines : West African Rating Agency (2012, Côte d’Ivoire), Agusto (2001, Nigéria), Global Credit Rating (1996, Afrique du Sud) et Bloomfield Investment Corporation (2012, Côte d’Ivoire) qui est l’agence sur la base de laquelle nous avons élaboré ce mémoire. Partout dans le monde, les agences de notation sont devenues étroitement règlementées depuis la crise financière mondiale et l’Afrique ne fait pas exception. Cependant, il y a une reconnaissance croissante des gouvernements et des autorités sur le continent du fait que les agences de notation règlementées peuvent jouer un rôle utile dans l’approfondissement des marchés financiers. Actuellement, les niveaux de l’intermédiation financière en Afrique sont faibles. Cela se voit aussi bien dans les niveaux de pénétration bancaire évoqués plus haut que dans le faible poids de la capitalisation boursière par rapport au PIB (Patrick Raleigh, 2014). Les gouvernements africains et les autorités financières sont donc désireux de renforcer les marchés financiers pour faciliter la mobilisation de capital destiné à financer les activités économiques. Par exemple, dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), le régulateur régional des marchés financiers, le Conseil régional de l’épargne 21Patrick Raleigh (2014), L’Afrique notée : le rôle de la notation dans le développement des marchés financiers africains : la revue africaine en mutation, Association d’économie financière.
  • 32. 23 publique et des marchés financiers (CREPMF)22 , autorise et contrôle les agences de notation opérant dans la zone conformément à la règlementation qu’il a émise en 2009. Le plan stratégique à moyen terme du CREPMF cite la notation comme l’un des outils pour atteindre son objectif d’élargir et de diversifier les marchés financiers de la zone UEMOA. Plus précisément, le CREPMF vise à accroître le financement par les marchés de capitaux à au moins 50 % des prêts bancaires à moyen et long terme, comparé à un niveau actuel de 12 % (CREPMF, 2014). En permettant aux notes d'être utilisées comme une alternative au collatéral, le CREPMF a assoupli les exigences onéreuses qui pesaient sur les émetteurs et décourageaient le recours aux marchés de capitaux. Une autre organisation régionale, l’UMOA-Titres – créée en 2013 pour aider les gouvernements sur les questions de gestion de la dette sur les marchés locaux –, contribue aux efforts officiels pour approfondir les marchés financiers dans la zone. Ces efforts incluent une assistance aux États membres de la zone pour la mise en place d’un programme de notation financière. II.2-Traits particuliers de la notation financière au Cameroun La nouvelle gouvernance qui voudrait que des économies en quête d’émergence s’arriment aux méthodes modernes de financement n’épargne pas le Cameroun. Le Cameroun s’affranchit de plus en plus des moyens classiques de financement à travers des banques commerciales transpose également ce mode de gouvernance aux entreprises publiques. Dans cette perspective, les dossiers de trois entreprises sont actuellement en étude à l’agence de notation financière panafricaine Bloomfield Investment, basée à Abidjan, en Côte d’Ivoire, en vue d’évaluer leur risque de crédit sur le marché des capitaux23 . Il s’agit en l’occurrence de la Cameroon Water Utilities Corporation (CAMWATER), l’entreprise publique du secteur de l’eau, le Port autonome de Douala (PAD) et la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP). Avant ces trois entreprises, la Cameroon Telecommunications (Camtel), l’opérateur historique des télécoms avait obtenu une notation en monnaie locale à BBB sur le long terme chez Boomfield, devenant ainsi la première entreprise camerounaise à se soumettre à ce procédé de gouvernance. 22 CREPMF (Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers) (2014), Plan stratégique 2014- 2021 du marché financier régional de l’UMOA, janvier, www.crepmf.org/PS_2014-2021_du_MFR_Jan.pdf. 23 Entreprises publiques : pourquoi la notation financière, Rubrique économie, Cameroon tribune du 08 Décembre 2016.
  • 33. 24 La quête d’une notation financière découle de la décision du gouvernement camerounais de voir des sociétés nationales aller sur le marché des capitaux, pour pouvoir financer elles-mêmes leurs projets de développement. Une démarche qui a l’avantage de soustraire des entreprises publiques à une assistance régulière de l’État et leur permettre de mieux se vendre sur le marché international. Dans son dernier rapport sur le Cameroun(Rapport des services du FMI)24 , partant du fait que la plupart des entreprises publiques camerounaises enregistrent de « piètres résultats », le FMI conseille au gouvernement de réduire les subventions en leur faveur, et de leur imposer des cahiers de charges contraignants25 . En parallèle, le secteur d’activité qu’occupe la notation financière au Cameroun bien que n’étant pas bien structuré constitue le marché financier où différents acteurs y exercent. Notamment nous pouvons citer parmi les principaux acteurs du marché financier camerounais : ▪ La commission des marchés financiers (CMF) ; ▪ L’entreprise de marché : la Douala Stock Exchange (DSX) ; ▪ Le dépositaire central : la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA) ; ▪ La banque de règlement : la Société Générale Cameroun (SGC) ; ▪ Les prestataires de services d’investissement ; ▪ Les émetteurs : l’Etat, les entreprises, les collectivités locales et les Organismes à Placement Collectif des Valeurs Mobilières (OPCVM) ; ▪ Les propriétaires des titres qui sont des donneurs d’ordres.26 Les investisseurs inscrivent de plus en plus la notation financière parmi leurs exigences, les quatre agences d’origine africaine peuvent anticiper des perspectives quant à l’avenir du marché de la notation financière. Au terme de ce chapitre, il apparait que le concept de notation financière manque fort encore d’application sur le marché camerounais mais présente des perspectives indéniables. Il advient maintenant de contextualiser la phase d’analyse financière dans la démarche de notation financière au travers du model financier de Dupont de Nemours. 24 FMI (Fonds monétaire international) (2010), « The Uses and Abuses of Sovereign Credit Ratings », chap. 3, in Global Financial Stability Report. 25 Cameroun – Economie, Agence Ecofin, Cameroun 24.net, 27 Décembre 2013. 26 Pour plus de détails : site dgtcfm
  • 34. 25 Dans ce chapitre, nous présenterons d’une manière précise les spécificités camerounaises en matière de notation financière en abordant l’environnement des affaires (section 1) et nous présenterons une analyse en contexte camerounais du modèle de Dupont De Nemours (section 2). SECTION I : SPECIFICITES CAMEROUNAISES EN MATIERE DE NOTATION FINANCIERE : L’ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES L’environnement des affaires décrit le cadre dans lequel les entreprises exercent leurs activités. Il est un facteur déterminant dans la mobilisation des investissements (intérieurs ou extérieurs), porteurs de croissance. La qualité de l’environnement des affaires est un défi permanent. Un mauvais environnement des affaires constitue un frein à la compétitivité des entreprises et un obstacle à l’attrait des Investissements Directs Étrangers. La compétitivité des entreprises requiert donc la mise en place des moyens technologiques et commerciaux inhérents. Ces efforts de performance doivent être soutenus par un cadre règlementaire favorable et un appui institutionnel au profit des entreprises. I-Environnement financier (accès aux crédits) : état des lieux Le financement des entreprises est en amont de toute stratégie pour la compétitivité. L’exigence d’un personnel qualifié, l'acquisition d’un matériel de production approprié, l'extension des activités sur un grand espace géographique nécessitent des moyens financiers importants pas toujours à la portée des entreprises. L'accès aux financements extérieurs en faveur des entreprises reste faible et trop sélectif. Les obstacles les plus cités par les entrepreneurs (en % des opinions des chefs d’entreprises) sont par ordre d’importance la fiscalité pour 58,8%, la corruption pour 50,6%, l’accès au crédit pour 37,6%, les formalités administratives pour 35,2%, la concurrence déloyale pour 25,8%, les infrastructures pour 18,4% et enfin le coût de financement crédit pour 18%27 . Les autres obstacles qui gênent la bonne marche des affaires se rapportent à l’insuffisance du dialogue entre le secteur privé et le secteur public, les pénuries de l’énergie électrique, le transport et le fonctionnement de la justice. 27 Source : INS/RGE 2009 CHAPITRE II : UNE VISION CONTEXTUALISEE DU MODELE DE DUPONT DE NEMOURS AU CAMEROUN
  • 35. 26 Le Cameroun compte quinze (15)28 banques commerciales dont la clientèle est constituée de particuliers, des responsables des professions libérales, des PME et des grandes entreprises. Ces banques financent des investissements par des crédits à court terme (maximum 1 an) et à moyen terme (maximum 5 ans).Les investissements productifs à moyen et long terme sont pour l'essentiel financés en dehors du secteur bancaire, surtout par autofinancement. Les banques camerounaises s'engagent très peu dans le financement des activités économiques. Le financement extérieur des entreprises pose un problème majeur pour leur éclosion, leur activité et leur développement. Pour 37,6% des chefs d’entreprises, la difficulté d’accès au crédit est un obstacle à leur développement. Toutefois, cet obstacle est plus ressenti par les TPE et les PME (près de 42%) que par les grandes entreprises (20%) qui sont pour la plupart filiales des firmes multinationales (RGE, 2009)29 . Cette relation entre la taille de l’entreprise et l’accès au crédit pénalise fortement les TPE et les PME qui ont besoin d’organismes spécialisés de financement et d’encadrement. Les structures telles que le Fonds de Garantie et de Crédits aux PME (FOGAPE), le Fonds National de Développement Rural (FO-NADER) qui apportaient un soutien au financement des entreprises ont cessé de fonctionner il y a près de deux décennies. L’aboutissement des projets en cours pour la création de telles structures devra booster sans doute l’entrepreneuriat au Cameroun. Nous notons ainsi la naissance de l’Agence de Promotion des PME (APME) et en 2015, la naissance de la Banque Camerounaise des Petites et Moyennes Entreprises (BC- PME S.A.). Tableau 5: Pourcentage des entreprises ayant déclaré avoir les difficultés d’accès aux crédits par type Type d’entreprises Pourcentage d’entreprises TPE 34,7 PE 40,7 ME 42,5 GE 20 Total 37,6 Source : INS/RGE 2009 La Douala Stock Exchange qui était censée constituer un financement direct aux entreprises et suppléer le financement bancaire n’a véritablement pas décollé. Seules trois 28 Actualité du 20 mars 2017, déclaration du Gouverneur de la BEAC Président de la COBAC 29Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises (2009), Institut National de la Statistique, Rapport thématique Partie, Recensement Général des Entreprises (RGE).
  • 36. 27 entreprises30 y sont cotées. Le taux des crédits accordés au secteur privé en pourcentage du PIB est un élément qui peut servir d’appréciation du financement de la croissance par le secteur bancaire. Ce dernier est passé de 26,7% en 1990 à 10,3% en 2003, soit une diminution de plus de la moitié. Pour remonter à une valeur de 16.4% en 201531 . Ce taux est très en deçà de la moyenne de l’Afrique Subsaharienne (près de 64%). Face à ce niveau faible de crédits accordés aux entreprises par les banques, les financements informels se développent. C’est notamment le cas des tontines qui financeraient près de 18% des besoins de financement des entreprises (USAID, 1994).La responsabilité des chefs d’entreprises est aussi sujet à questionnement. En effet il manque de transparence dans leur gestion. Des résultats du RGE, on a pu noter que seulement 13% d’entreprises tiennent une comptabilité financière. C’est une situation préjudiciable dans la mesure où la tenue d’une bonne comptabilité constitue un élément-clé de la transparence et de la gouvernance économique dans une entreprise. Ce qui facilite l’accès au crédit. Des efforts importants sont à faire pour astreindre les entreprises à se conformer aux directives du droit comptable OHADA. La mise en application du droit des affaires est une difficulté non encore réglée au Cameroun. L’acte uniforme relatif au droit commercial, dans son article 13 indique que « tout commerçant, personne physique ou morale doit tenir un journal, enregistrant au jour le jour ses opérations commerciales. Il doit également tenir un grand livre avec balance générale récapitulative ainsi qu’un livre d’inventaires. (…) ». Les pouvoirs publics, pour atteindre les objectifs fixés par les États parties signataires du traité OHADA doivent organiser la mise en application du droit comptable pour encourager la tendance des entreprises à tenir une comptabilité financière. Celle-ci conduit à la vulgarisation des états financiers de synthèse (bilan, compte de résultats, DSF) qui sont des documents essentiels pour les actionnaires, le banquier, les bailleurs, tous les investisseurs et l’État. La production des états financiers formels est en effet un critère important d’éligibilité des entreprises aux crédits bancaires traditionnels et au financement auprès des institutions de crédit. 30 Notamment SOCAPALM, SAFACAM, SEMC. Source : site douala-stock-exchange 31 Site de la banque mondiale : http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/FS.AST.PRVT.GD.ZS
  • 37. 28 II- La compétitivité du pays La compétitivité des entreprises est l’une des principales préoccupations des autorités gouvernementales dans le monde. En effet les économistes ne s’entendent ni sur la façon de la définir, ni sur la manière de la quantifier encore moins sur les indices qui la représentent. Certains économistes utilisent le concept de compétitivité dans un sens macroéconomique. Ils proposent comme indicateurs le solde de la balance commerciale, le taux de couverture des importations, la propension d'un pays à importer, la propension d'un pays à exporter, le degré d'ouverture et les parts de marchés. Selon cette approche, la compétitivité correspond à la performance commerciale d’un pays. Un pays devient moins compétitif lorsque ses exportations baissent ou lorsque ses importations augmentent. Selon Njikam (1996, pp.68), « la compétitivité d’une économie nationale peut être définie comme étant sa capacité d’affronter la concurrence mondiale ». D’après cette définition, la compétitivité reflète la performance globale de l’économie et conditionne de ce fait son équilibre extérieur à travers le taux de change réel, la balance commerciale, etc. Plus grandes sont les capacités d’un pays à vendre les biens qu’il produit aussi bien sur les marchés étrangers que sur son propre marché, plus forte sera la croissance permise avant que ne survienne l’obstacle du déficit extérieur. Le Cameroun a vu sa balance commerciale se dégrader au cours de ces dernières années, signe sans doute d’une dégradation de la compétitivité des entreprises. D’autres économistes par contre considèrent la compétitivité comme un concept microéconomique, applicable au niveau de la firme ou de l’industrie. Dans ce cas les indicateurs sont fondés sur les prix, la qualité du produit, les coûts des facteurs, etc. Les définitions microéconomiques sont fondées sur la productivité, les prix, les coûts, la part de marché, la qualité de produit (Buckley et Marku-sen, 1992). La comparaison n’est possible que pour les firmes ou les industries produisant le même bien. Les entreprises performantes au Cameroun ont tout intérêt à se faire connaitre sur les marchés financiers. De plus, avec les accords de Bâle II32 , les banques ont désormais l’accord de s’appuyer sur la notation financière. Et les entreprises les mieux notées bénéficient de ce fait, d’un coût de financement moins élevé et d’un accès plus facile au besoin de financement. Au Cameroun à l’heure actuelle, nous comptons très peu d’agence de notation financière. Les services des agences de notation financière viennent en appui au service de la bourse des actions, la Douala Stock Exchange (DSX). 32Les normes Bâle II (le second accord de Bâle) constituent un dispositif prudentiel destiné à mieux appréhender les risques bancaires et principalement le risque de crédit ou de contrepartie et les exigences, pour garantir un niveau minimum de capitaux propres, afin d’assurer la solidité financière.
  • 38. 29 SECTION II : MODELE DE DUPONT DE NEMOURS : UNE ANALYSE EN CONTEXTE CAMEROUNAIS Dans cette section, il est question de présenter les connaissances relatives à la compréhension du système financier de Dupont De Nemours et une présentation des deux cas à l’étude. I-Présentation du modèle de Dupont et premier niveau de décomposition Le modèle financier de Dupont De Nemours étant une démonstration en découpage de ratio de la rentabilité financière des entreprises. Nous aborderons tout d’abord le ratio central. Le ratio central servant à mesurer la performance de l’entreprise s’appelle le rendement de l’avoir, il se calcule comme suit : Avoir = les Capitaux Propres Ce ratio nous donne la mesure du bénéfice retiré des activités de l'entreprise par rapport à la mise de fonds comptable des propriétaires (qui est représentée ici par l’avoir : essentiellement, ce qu'ils sont investi dans l'entreprise au départ plus tous les bénéfices réalisés au fil des ans et qu'ils y ont réinvestis). Si le choix du bénéfice net au numérateur va de soi, celui de l’avoir au dénominateur demande de préciser le point de vue adopté dans l’analyse. Ici, le choix de l’avoir signifié que le point de vue adopté est celui du propriétaire. Considérer comme point de départ le point de vue des propriétaires a beaucoup de sens pour un gestionnaire dont l’objectif est la maximisation de leur richesse et c’est l’optique du gestionnaire que nous adopterons ici. Cependant, le modèle proposé ici est très complet et permettra d’adopter également d’autres points de vue, comme celui de l’ensemble des fournisseurs de capitaux. Bien qu’il s’agisse d’un seul ratio, le rendement de l'avoir permet lorsque calculé sur plusieurs années, de dégager certaines tendances. La décomposition de premier niveau du ratio central donne l’équation suivante : × (1) (2) (3) Rendement de marge nette Rotation Levier l’avoir des actifs financier
  • 39. 30 Bénéfice net=Résultat net Ventes = Chiffres d’Affaires Actifs= Total Bilan Avoir=Capitaux propres • Le premier ratio, que l'on appelle ratio de marge nette, constitue le premier point d’intérêt du modèle de DuPont, le premier facteur explicatif du rendement. Il renseigne sur la rentabilité des ventes de l'entreprise, c’est-à-dire sur la quantité de bénéfice net que génère chaque unité monétaire de ventes. On peut faire ressortir ici les éléments qui influenceront la valeur de ce ratio. Tous les éléments qui composent l'état des résultats sont en cause : les ventes (et donc les quantités vendues et les prix de vente) et les diverses charges encourues pour réaliser ces ventes. Parmi les charges, on retrouvera le coût (d'achat ou de fabrication) des marchandises vendues, les frais de vente et d'administration, l'amortissement des immobilisations de l'entreprise de même que les intérêts encourus sur les dettes que l'entreprise a contractées et les impôts chargés à l’exercice. • Le deuxième ratio, appelé ratio de rotation des actifs, constitue le deuxième facteur explicatif du rendement de l’avoir du modèle de DuPont. Il sert à mesurer l’efficacité de la gestion des actifs et représente la quantité d’argent en ventes que peut générer chaque unité monétaire investi dans les actifs de l'entreprise. Ce ratio fait donc un lien entre les deux états financiers principaux, à savoir le bilan et l'état des résultats. Idéalement, on voudrait encore que ce ratio soit le plus élevé possible puisqu'il signifie alors que les actifs sont utilisés au maximum, ce qui couplé à la marge la plus élevée possible, aura un impact à la hausse sur le rendement de l’avoir. • Le troisième ratio, appelé ratio du levier financier, nous renseigne, quant à lui, sur la proportion des actifs de l'entreprise qui est financée par ses propriétaires. Pour mieux en comprendre le sens, il suffit de remplacer le numérateur par son équivalent en termes de sources de fonds, soit Dettes + Avoir de sorte que le ratio devient : Le ratio du levier financier mesure le degré d’endettement d’une entreprise, c’est-à- dire que plus l’utilisation de la dette est importante, plus la valeur de ce ratio augmente. Une variation à la hausse du ratio signifie donc un endettement supplémentaire. À l’opposé, une baisse du ratio signifie une réduction relative de l’endettement.
  • 40. 31 Plus ce ratio sera élevé, plus le recours à l’effet de levier est grand et plus le taux de rendement de l'avoir sera grand, toutes choses étant égales par ailleurs. Il est important d’ajouter ceceteris paribus puisqu’une variation dans ce ratio sera habituellement accompagnée d'une variation dans la marge nette. Une augmentation de la valeur de ce ratio signifie que l'importance relative du financement par dette a augmenté, ce qui se traduira généralement par une hausse de la charge d’intérêts et une baisse de la marge nette. Ici encore, la valeur prise par ce ratio sera fortement influencée par le secteur d’activité, certains d’entre eux faisant plus appel à l’effet de levier que d’autres. Le tableau qui suit résume le premier niveau de décomposition du modèle DuPont, il permet de mettre en valeur les trois facteurs pouvant expliquer l'évolution de l'avoir des actionnaires. Figure 2 : Premier niveau de décomposition du ratio central de Dupont Source : conçu par l’auteur de la recherche. II-Deuxième niveau de décomposition : analyse détaillée des trois ratios Dans cette section, nous présenterons une analyse détaillée des trois ratios présentés dans le paragraphe précédent. II.1-Ratio de marge nette : rentabilité des ventes Pour comprendre les changements survenus dans la marge nette, il convient de scruter à la loupe l’état des résultats. L’analyse de l’état des résultats elle-même peut se diviser en trois parties : • l’analyse de la marge d’exploitation Rendement de l’avoir Rentabilité des ventes Marge nette Ratio : Efficacité de gestion des actifs Rotation des actifs Ratio : Risque d’insolvabilité Levier financier Ratio :
  • 41. 32 • l’analyse des charges liées aux activités de financement (charges financières) • l’analyse des charges relatives à l’impôt sur le bénéfice des sociétés. II.1.1-Analyse de la marge d’exploitation La marge d'exploitation met en relation le bénéfice d’exploitation (appelé aussi le bénéfice avant intérêts et impôts, d’où l’expression BAII) et le niveau des ventes (V). BAII = RE Elle se calcule comme suit : La marge d’exploitation est une notion très importante puisqu’elle inclut tous les postes de l’état des résultats à l’exception des frais financiers et des charges d’impôt sur les bénéfices. Afin de bien comprendre les principaux facteurs qui l’influencent, il faut examiner plus en détail chacune de ses composantes. Les ratios examinés sont les suivants : (a) Marge bénéficiaire brute (b) Frais d'exploitation/Ventes Marge bénéficiaire brute La marge bénéficiaire brute est obtenue en mettant en relation le bénéfice brut (BB) et les ventes. La formule est la suivante : BB = EBE Marge bénéficiaire brute = Alternativement, on peut observer l’évolution du rapport du coût des marchandises vendues(CMV) aux ventes. On obtient alors le ratio suivant : Nous examinerons de plus près chacune des constituantes du bénéfice brut. Le bénéfice brut est obtenu en soustrayant le coût des marchandises vendues des ventes. A l'intérieur du coût des marchandises vendues, il y a une proportion de frais variables (CMVv) et une autre de frais fixes (CMVf). Le bénéfice brut peut donc être exprimé en fonction du prix de vente (P), des coûts variables unitaires (Cv), des quantités vendues (Q) et de la portion des coûts fixes du coût des marchandises vendues comme le démontre l'expression 1.
  • 42. 33 (1) ] (2) En somme, l'équation 2 nous permet de constater qu'une amélioration de la marge brute peut être attribuable à plusieurs facteurs ayant trait au prix de vente, aux quantités vendues et / ou à la réduction de certains coûts. Elle peut être provoquée par une augmentation du prix de vente(P), une réduction des coûts variables unitaires (Cv) ou encore une réduction de la portion des coûts fixes du coût des marchandises vendues (diminution de CMVf). Enfin, une augmentation du volume d'affaires (Q) peut aussi engendrer une amélioration de la marge brute à condition qu'il y ait une certaine proportion du coût des marchandises vendues qui soit fixe (CMVf > 0). Une hausse de cette variable est réalisable au moyen d’efforts de vente, de campagnes publicitaires ou encore d’une baisse de prix. Dans ce dernier cas, l’entreprise doit s’assurer que la hausse du volume de ventes compensera la perte de revenus attribuable à la baisse du prix. Frais d'exploitation/Ventes : L’examen du rapport des frais d'exploitation (FE) par rapport aux ventes permet de juger de l’évolution des frais d'exploitation. Évidemment, l’entreprise vise une certaine stabilité qui témoigne jusqu’à un certain point du contrôle de ses coûts. Toutefois, elle ne doit pas rechercher la stabilité de ce ratio à tout prix. En effet, si tel était le cas, cela supposerait indirectement que les frais d'exploitation sont totalement variables alors qu'en réalité certains sont fixes et d’autres semi-variables. Il semble normal de s’attendre à certaines économies d’échelle au niveau des frais d’exploitation. II.1.2-Analyse des charges liées aux activités de financement (charges financières) Dans un deuxième temps, après l’étude de l’exploitation, il convient d’examiner l’importance que représentent les charges financières par rapport aux ventes au moyen du ratio suivant :
  • 43. 34 En contexte de croissance ou de stabilité des ventes, une hausse de ce ratio peut être expliquée par deux facteurs : une augmentation du taux d’intérêt ou une augmentation de l’endettement. Une combinaison des deux facteurs est aussi possible. Il est donc fort difficile d’expliquer une variation de ce ratio sans examiner l’évolution du ratio de levier financier. L’évolution de ce ratio a souvent un impact important sur celle de la marge nette. II.1.3-Analyse des charges relatives à l’impôt sur le bénéfice des sociétés La situation fiscale d'une entreprise a une influence sur sa rentabilité. C’est pour cela qu’il est important, après avoir examiné l’exploitation et les charges financières de l’entreprise, de jeter un regard sur l’impact de l’impôt sur sa marge nette. Le ratio suivant, appelé taux effectif d’imposition(TEI), peut servir à cette fin : BAI étant le bénéfice avant impôts. BAI = RAO + RHAO Pour résumer, notons que le ratio de marge nette peut être décomposé de la façon suivante : La décomposition de la marge nette de cette façon est très utile pour identifier rapidement les causes des écarts dans la marge nette. II.2-Ratio de rotation des actifs : l’efficacité de gestion des actifs L’analyse de la rentabilité se concentre uniquement sur l’examen de l’état des résultats et celle de l’efficacité de la gestion des actifs nécessite l’examen d’informations provenant de l'état des résultats et du bilan. La notion d'efficacité de gestion des actifs est essentielle et vient compléter celle de rentabilité des ventes dans le diagnostic de la performance financière.
  • 44. 35 Pour évaluer la performance de l’entreprise à ce titre, on peut séparer l’analyse en deux blocs, soit : ▪ L’efficacité de la gestion des actifs à court terme ▪ L’efficacité de la gestion des actifs à long terme II.2.1-L’efficacité de la gestion des actifs à court terme Le ratio de rotation de l'encaisse : E étant le niveau de l’encaisse. Un certain niveau d'encaisse est nécessaire au bon fonctionnement d'une entreprise. Ce niveau ne doit ni être trop élevé car des ressources financières seraient utilisées inefficacement, ni trop bas pour éviter des problèmes de liquidité. On peut mesurer l'efficacité de la gestion de l'encaisse par le ratio des ventes par rapport à l'encaisse de fin de période (on pourrait aussi utiliser le niveau d'encaisse moyen). Cette mesure suppose évidemment que le niveau d'encaisse varie proportionnellement aux ventes, ce qui n’est pas nécessairement le cas. Un autre ratio permettant de juger du niveau d’encaisse est celui mettant en rapport le niveau de l’encaisse et le total de l'actif utilisé (A) : Le ratio de rotation des comptes clients : CC étant le niveau des comptes clients. La gestion du crédit offert aux clients influence l'efficacité de deux façons. Premièrement, une gestion trop restrictive (taux de rotation trop élevé) peut empêcher le développement des affaires et par le fait même affecter négativement la rentabilité. Ensuite, une gestion trop souple (taux de rotation trop faible) peut faire en sorte que le taux de mauvaises créances soit inutilement important. Il convient donc d'analyser la politique de gestion du crédit client afin de déterminer si elle permet de maximiser le volume d'affaires sans imposer un risque démesuré. Il est possible de mesurer la gestion du crédit client également en calculant le délai que prennent les clients pour rembourser les sommes dues. Pour ce faire, on exprime le niveau du
  • 45. 36 poste débiteur en fonction des ventes effectuées quotidiennement. Nous posons ici l'hypothèse que le niveau des débiteurs est constant tout au long de l'année. Le résultat obtenu s'interprète comme le nombre de jours que prennent les clients pour rembourser l’entreprise. Le ratio de rotation des stocks : La gestion du stock peut avoir des conséquences importantes sur les affaires d'une société. La détention d'un stock de marchandises trop élevé nuit à la rentabilité en imposant des frais d'entreposage, de manutention et de gestion inutilement élevés (taux de rotation trop faible). Par contre, une gestion trop serrée peut faire en sorte que l’on se retrouve en rupture de stock et que l’on perde un certain volume d'affaires aux mains des concurrents (taux de rotation trop élevé). De part et d'autre, une mauvaise gestion du stock affecte négativement la rentabilité. On peut également évaluer l'efficacité de cette gestion en mesurant le délai d'écoulement du stock. Pour ce faire, il faut mettre en relation le niveau des stocks au bilan et le coût des ventes. La formule de calcul du délai d’écoulement des stocks est la suivante : Délai d’écoulement des stocks = Le délai de paiement des comptes fournisseurs : Pour évaluer la gestion des comptes fournisseurs, le ratio du délai de paiement des fournisseurs peut être utilisé. Le calcul de ce ratio est similaire aux deux précédents. Il s'agit de mettre en relation le niveau des créditeurs par rapport aux achats quotidiens effectués à crédit. On interprète le résultat comme le nombre de jours nécessaires au paiement des fournisseurs.