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CURRICULUM VITAE
insee.fr
Rapport d’activité
2016
2	Éditorial	
	 4	Grand témoin : Sir Charles Bean,
professeur d’économie à la London School of Economics
	 8	 Les faits marquants de l’année 2016
	 12	 Établir des diagnostics conjoncturels
	 14	Étudier le fonctionnement de l’économie française
et les déterminants de ses grandes tendances
	 16	 Connaître le système productif
	 18	 Observer l’évolution de la société
	 20	 Piloter le recensement de la population et exploiter les résultats
	 22	 Décrire et analyser les régions et territoires		
	 24	 Gérer des grands répertoires
	 26	 Diffuser ses statistiques et ses études
	 28	 Perfectionner ses méthodes et innover
	 30	Contribuer activement avec l’ensemble de la statistique publique
à la statistique européenne et internationale
	 32	 Le métier d’intégrateur informatique
	 33 	 L’Insee en faits et en chiffres
	 	 Chiffres clés
		 Organigramme
		 L’Insee en régions
		 Effectifs par région et par catégorie
		 Les femmes et les hommes de l’Insee
		 Formation des agents et budget
		 Enquêtes menées en 2016
Sommaire
Rapport d’activité Insee 20162
Éditorial
L
’année 2016 était celle du 70e
anniversaire de
l’Insee. L’institut a mis à l’honneur son his-
toire étroitement liée à la construction de la
statistique publique française, et plus largement, à
l’histoire économique et sociale de la France depuis
l’après-guerre. Il a également dessiné son avenir
pour continuer d’éclairer le débat économique et
social comme il le fait depuis 70 ans. Ainsi, 2016
est aussi l’année de la finalisation d’« Horizon 2025,
une stratégie ambitieuse pour l’Insee ». Fruit d’une
réflexion stratégique qui s’inscrit dans une tradition
bien établie de l’Insee, ce programme définit quatre
grandes orientations.
L a p re m i è re, « Fa ire pa r l e r l e s c h i f f re s et a ll e r
au-devant de tous les publics », s’appuie sur une
particularité de l’Insee dans le concert des instituts
nationaux statistiques. Ses statisticiens-économistes
développent en effet une expertise économique et
sociale qui leur permet de faire parler les chiffres
en délivrant de s statistique s systématiquement
accompagnées de commentaires ou en produisant
des études ad hoc. Il s’agit aussi de faciliter l’accès à
l’information pour tous les publics, depuis les experts
jusqu’au grand public, en cherchant notamment à
développer une gamme de produits pédagogiques.
L a deuxième, « Innover et être en première ligne
s u r l e s s o u r c e s d e d o n n é e s   », r e n v o i e à u n e
dimension par fois sous-estimée. Si la recherche
de comparabilité dans le temps des statistiques
conduit à une ce r taine stabilité de s méthode s,
elle n’interdit pas d’innover, bien au contraire !
Savoir tirer par ti des progrès technologiques et
notamment des données massives, exploiter les
données administratives et demain tirer par ti des
données détenues par des entreprises privées,
réduire la charge de réponse sur les personnes
et les entreprises enquêtées sont autant de défis,
sources d’innovation permanente.
La troisième, « Contribuer activement avec l’ensemble
de la statistique publique à la statistique européenne »,
souligne la prégnance du contexte européen. Parce
que les faits économiques et sociaux et la perfor-
mance des politiques publiques s’analysent aussi
à l’aune des comparaisons avec les pays voisins,
l’Insee veille à inscrire ses analyses dans le contexte
international et à produire, avec ses partenaires, des
données de qualité comparables d’un pays à l’autre.
Cela passe notamment par le partage de bonnes
pratiques et la mise en avant de nos méthodes.
Enfin, avec la quatrième orientation, « Faire preuve
d’agilité collective et de sobriété », l’Insee s’engage
à faire évoluer son cadre organisationnel et ses
méthodes. Il s’agit notamment de répondre à l’enjeu
que représente la préservation de ses savoir-faire
alors que de nombreux dépar ts à la retraite sont
prévus, mais aussi de pouvoir continuer à répondre
aux besoins des utilisateurs dans un contexte de
ressources contraintes.
Ces quatre orientations réaffirment les missions et les
valeurs de l’institut tout en précisant son ambition.
En effet, l’Insee et ses agents inscrivent d’ores et
déjà leurs actions dans la dynamique « Horizon
2025 », comme en atteste ce rapport d’activité pour
l’année 2016.
3
Répondant aux attentes des décideurs politiques
et é c o n o m i q u e s, l’I n s e e a s u ava n c e r d e d e u x
semaines la mise à disposition de trois indicateurs
essentiels pour les conjoncturistes : le PIB, l’indice
des prix à la consommation et le taux de chômage.
Après une première expérimentation en 2015, il
a reconduit la publication d’indicateurs avancés
sur la pauvreté et les inégalités, pour répondre à
la for te demande sociale en la matière. Dans ce
même domaine, les premiers indicateurs mesurant
les revenus disponibles et la pauvreté des habitants
des quar tiers prioritaires de la politique de la ville
ont été diffusés à l’occasion de la publication d’un
e n s e m b l e d’é t u d e s n a t i o n a l e s e t
régionales ; là aussi, l’Insee a cher-
ché à mobiliser des projets innovants
pour répondre aux besoins nouveaux
en matière d’analyses territoriales
f i n e s a s s o c i é s à l a réfo r m e d e l a
politique de la ville.
E n m a t i è r e d’i n n ov a t i o n e t d’u t i -
l i s a t i o n d e s o u r c e s d e d o n n é e s ,
notamment administratives, l’Insee
prépare l’exploitation des déclarations
sociales nominatives (DSN). Objectif :
améliorer le système d’information
sur l’emploi et les revenus d’activité, et plus lar-
gement la connaissance du marché du travail et
l’étude de ses mutations.
Le s donn é e s m a s si ve s ou B ig D ata font l’objet
d e p r o j e t s e t d ’e x p é r i m e n t a t i o n s a c c r u e s a u x
plans européen comme national. La loi pour une
R é p u b l i q u e n u m é r i q u e, d éf i n i ti ve m e nt ad o pté e
en octobre, définit les données détenues par des
entreprises comme troisième donnée de base de
la statistique publique, aux côtés des enquêtes
e t d e s f i c h i e r s a d m i n i s t r a t i f s . C e t te é v o l u t i o n
majeure permet notamment à l’Insee de confor ter
son projet d’élaborer une par tie de l’indice des
prix grâce aux données de caisse des réseaux de
grande distribution.
D’autres dispositions de cette loi sont déjà ef fec-
tives, comme l’ouver ture à tous des données du
réper toire Sirene depuis janvier 2017. L’Insee s’y
est préparé en 2016 et permet ainsi au plus grand
nombre d’accéder à cette base de référence des
entreprises et établissements français. L’ouverture
va jusqu’aux modèles eux-mêmes : l’Insee et la
Dre e s1
ont mis à disposition le code source de
leur modèle Ines, qui fait parler les chif fres issus
des politiques sociales et fiscales. Ce faisant, ils
favorisent la circulation des données et des savoirs.
Autre actualité législative : la loi rénovant les moda-
lités d’inscription sur les listes électorales a confié
à l’Insee la tenue du nouveau réper toire électoral
unique. L’institut y travaille avec les nombreuses
par ties prenantes pour répondre aux exigences
du futur code électoral.
Au niveau européen comme inter-
national, l’Insee, en collaboration
étroite avec les services statistiques
des ministères continue d’œuvrer à
l’amélioration de la qualité des sta-
tistiques publiques en s’impliquant
d a n s d e n o u ve a u x p ro j ets. Pa r m i
ceux débutés en 2016 : un jumelage
avec Statistiques Tunisie, un projet
européen d’expérimentations pour
exploiter le potentiel des données
massives, etc.
Enfin, pour permettre à tous les utilisateurs de la
statistique publique d’accéder plus facilement à
l’ensemble de ses productions mais aussi pour
donner à voir la statistique publique à un plus grand
nombre, l’Insee a mis en ligne un nouveau site web
qui fera l’objet d’enrichissements tout au long de
l’année 2017.
Cette mise à disposition des statistiques et des
études qui éclairent le débat public prend toujours
plus d’importance, particulièrement dans une année
2017 riche de rendez-vous électoraux stratégiques
pour notre pays.
Cela ne serait pas possible sans la mobilisation de
tous les agents de l’Insee et je tiens à les en remercier.
Jean-Luc Tavernier
Directeur général
1. Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère des Affaires sociales et de la Santé
« L’INSEE
ET SES AGENTS
INSCRIVENT D’ORES
ET DÉJÀ
LEURS ACTIONS
DANS LA
DYNAMIQUE
“HORIZON 2025” »
Rapport d’activité Insee 20164
de la moitié des secteurs dans la nomenclature des
activités SIC (Standard Industrial Classification). En
outre, plusieurs services sont réalisés sur mesure en
fonction des besoins de l’acheteur, ce qui rend plus
difficile de les identifier à un type de service repré-
sentatif auquel les statisticiens peuvent attribuer un
prix adéquat (nécessaire pour estimer les évolutions
en volume). Et dans le secteur public, la fourniture de
services comme la santé ou l’éducation est souvent
gratuite pour ceux qui en bénéficient, de sorte qu’aucun
prix ne leur est attaché.
Cependant, mesurer l’économie est devenu encore plus
compliqué ces dernières années en partie à cause de la
révolution numérique. Premièrement, les améliorations
de la qualité et l’innovation dans les produits ont été
particulièrement rapides dans le domaine des techno-
logies de l’information. De surcroît, certains produits
peuvent être à l’origine d’un nombre considérable de
services. Par exemple, les smartphones sont aussi
des mini-ordinateurs, des appareils photo, ils servent
à écouter de la musique, font office d’écran de télé-
vision ou de cinéma, de console de jeu, permettent
une navigation géolocalisée et bien davantage, si l’on
prend en compte le nombre gigantesque d’applications.
Mesurer le changement de qualité d’une génération de
téléphones à l’autre constitue un défi très grand. Et
comment prendre en compte les produits totalement
nouveaux ? Le cadre actuel des comptes nationaux
n’est pas bien adapté pour en apprécier l’impact.
Deuxièmement, la révolution numérique a aussi ap-
porté des façons complètement nouvelles d’échanger
et de fournir des services. Trois caractéristiques des
produits numériques – i.e. produits qui sont stockés,
« Garantir que
les statistiques
reflètent une économie
qui change est
l’un des défis
les plus difficiles que
les instituts nationaux
de statistiques
doivent relever »
S
ir Charles Bean est professeur d’économie
à la London School of Economics et ancien
Gouverneur adjoint pour la politique monétaire de
la Banque d’Angleterre. Il a été responsable de la mission
d’évaluation indépendante des statistiques économiques
du Royaume-Uni lancée en 2015 dans le cadre du plan
de productivité du gouvernement britannique. Rendu
public en mars 2016, le rapport final « Independent
review of UK economic statistics final report » est riche
d’enseignements sur les défis que doivent relever les
instituts nationaux de statistiques.
La difficulté croissante de mesurer
la production et la productivité avec
précision dans l’économie d’aujourd’hui
est le point de départ de votre étude.
Pourquoi est-ce si difficile ?
Le cadre de la comptabilité nationale a été développé,
autour de la deuxième guerre mondiale, afin de mesurer
la production, les dépenses et les revenus dans des
économies qui étaient encore essentiellement de nature
industrielle. Les biens étaient relativement homogènes
et produits selon des schémas conventionnels. Si mesu-
rer la quantité de « choses » produites dans une telle
économie était certainement difficile, les changements
intervenus dans l’économie au cours des 70 dernières
années ont rendu ce défi encore plus grand.
Certains défis ont été identifiés depuis longtemps. Tout
d’abord, nos économies sont de plus en plus tournées
vers les services – au Royaume-Uni par exemple, plus
des trois quarts du PIB est issu du secteur des services,
alors que l’industrie manufacturière compte pour plus
Grand témoin
5
délivrés ou utilisés dans des formats électroniques –
rendent difficile l’appréciation de leur valeur économique :
• les produits numériques sont typiquement « non
rivaux », leur consommation par un agent n’empêche
pas leur consommation par d’autres agents. En fait, la
valeur de beaucoup de produits numériques augmente
avec le nombre d’utilisateurs (par un « effet réseau ») ;
• les produits numériques peuvent être reproduits à un
coût négligeable et sont le plus souvent indiscernables
de l’original ;
• les produits numériques ne pèsent rien et n’ont pas
de dimension. Ils peuvent être stockés facilement et
librement sur un ordinateur et envoyés à de grandes
distances via un réseau.
Un produit numérique peut être coûteux à créer à l’ori-
gine. Mais ces caractéristiques font que, s’il peut être
aisément imité, sans barrière à l’entrée, son prix pourra
diminuer jusqu’à devenir nul. De plus, même lorsque
le fournisseur d’origine peut interdire l’entrée, il peut
aussi être incité à mettre un prix très bas afin d’attirer
un grand nombre d’utilisateurs, en
particulier quand joue l’effet réseau.
Le résultat est que, pour certains des
produits numériques les plus impor-
tants, il n’y a pas de prix observable
en dehors du coût fixe de l’accès au
réseau Internet. Ainsi, il devient ardu
d’identifier la valeur qu’en retirent
les usagers et de l’intégrer dans la
mesure du PIB ou de la productivité.
Les entreprises peuvent générer des
revenus de leurs produits numériques
en ligne essentiellement de trois
manières : en prélevant des frais
d’accès classiques ; en vendant à
des tiers de l’information sur leurs
acheteurs ; ou en vendant des espaces publicitaires.
Dans le premier cas, le consommateur paie pour le produit
avec de l’argent ; dans le deuxième, le client offre (ou
fournit à son insu) ses informations personnelles ; dans
le troisième, le client paie avec son temps, sous la forme
de l’attention qu’il porte aux publicités. Le premier cas
est, en principe, propre à être mesuré par des techniques
conventionnelles. En revanche, c’est moins évident pour
les deux autres. Par exemple, les dépenses de publicité
sont considérées comme une consommation intermé-
diaire dans les comptes nationaux. En conséquence, la
valeur des produits numériques financés par la vente
d’espace publicitaire sera comptabilisée dans le PIB
total seulement dans la mesure où elle se traduit aussi
par une consommation accrue des biens et services
faisant l’objet de la publicité.
Troisièmement, les avancées dans les technologies
numériques ont réduit considérablement les coûts de
transaction liés à la mise à disposition ou à l’utilisation
d’un actif ou d’un service par des individus ou des
organisations. N’importe quelle activité, en intégrant
ses bases de données et ses applications dans une
interface Internet, peut maintenant atteindre aisément
ses clients, employés, fournisseurs et partenaires à
toute heure du jour ou de la nuit, et ce où qu’ils soient.
De ce fait, les sociétés peuvent investir dans le cœur
de leurs activités transactionnelles, de façon bien plus
efficiente. En particulier, les plateformes électroniques
d’assistance à la clientèle offrent aux utilisateurs finaux
un accès à de l’information et à des supports 24h/24,
7 jours/7, sans qu’il soit besoin de dialoguer avec un
responsable commercial. Ces plateformes ont effecti-
vement réduit très fortement les coûts (marginaux) de
nombre d’activités très intensives en information et ont
éliminé (ou réduit) le besoin d’un intermédiaire dédié.
Prenons par exemple l’industrie du tourisme. Auparavant,
un client qui souhaitait réserver un voyage ou des vacances
se rendait chez un agent de voyage (ou lui téléphonait).
Désormais, les clients peuvent faire
des recherches en ligne pour trouver
ce qu’ils désirent et ensuite réserver
directement auprès des hôtels ou
des compagnies aériennes, ou par
le biais de portails en ligne comme
Expedia, en bénéficiant d’une réduc-
tion substantielle sur les commis-
sions. Il n’est donc pas surprenant
que le nombre d’agents de voyage
indépendants ait chuté au cours des
dernières années. En résumé, une
activité qui était auparavant prise en
charge par le marché – acquérir des
informations sur les possibilités de
voyage – est désormais sous-traitée
au consommateur. Dit autrement, une
fonction effectuée jusque-là par le marché a fait l’objet
d’une désintermédiation sous la forme d’une production
domestique, qui sort du périmètre de la comptabilité
nationale conventionnelle.
Quatrièmement, la disponibilité croissante de données
pertinentes pour beaucoup d’utilisateurs et la capacité
à les traiter avec Internet à des coûts négligeables a
ouvert des marchés en ligne et des réseaux sociaux
qui facilitent l’achat, la location et le partage des actifs
(« l’économie du partage »). Par exemple, Airbnb permet
aux individus de louer des chambres ou des biens pour
de courtes durées, pendant que les dispositifs munici-
paux de location-partage de vélos et ZipCar permettent
aux individus de louer des transports à la demande sans
avoir à faire face aux charges liées la propriété. Une
caractéristique majeure ici est le basculement de la pro-
priété vers la location à la demande. Certes, le partage
de biens non occupés n’est pas nouveau – on pouvait
« UNE FONCTION
EFFECTUÉE JUSQUE-LÀ
PAR LE MARCHÉ A
FAIT L’OBJET D’UNE
DÉSINTERMÉDIATION
SOUS LA FORME
D’UNE PRODUCTION
DOMESTIQUE, QUI
SORT DU PÉRIMÈTRE
DE LA COMPTABILITÉ
NATIONALE
CONVENTIONNELLE. »
Rapport d’activité Insee 20166
déjà le faire pour échanger son habitation pendant les
vacances – mais l’économie du partage dans sa nou-
velle dimension digitale est sans précédent en matière
d’échelle et de champ. Alors que le cadre actuel de la
comptabilité nationale peut sembler capable d’intégrer
cela au travers des paiements échangés entre le locataire
et le propriétaire du bien, en pratique il est probable que
beaucoup de transactions vont lui échapper par le net.
Ce ne sont pas seulement les actifs, mais aussi les
compétences qui peuvent être partagés (la gig eco-
nomy, économie des petits boulots). Grâce à l’économie
numérique, il est beaucoup plus facile pour les gens de
diversifier leurs sources de revenu. Ainsi, Uber permet
aux propriétaires de voiture de devenir chauffeurs de
taxi pendant une partie de leur temps, tandis que Fiverr
et Taskrabbit créent des marchés pour les petits boulots
ou les services. Cette fois encore, alors qu’en principe
ces activités devraient être incorporées dans le cadre
des comptes nationaux, en pratique beaucoup de ces
transactions pourraient ne pas être retracées dans les
déclarations d’impôts ou les enquêtes sur les revenus.
Votre étude met en exergue
le besoin d’améliorer constamment
les méthodologies statistiques établies
à l’échelle internationale.
Comment un institut national
de statistique (INS) peut-il faire
face à ce type de défi ?
Garantir que les statistiques reflètent une économie qui
change est l’un des défis les plus difficiles que les instituts
nationaux de statistique doivent relever. Les comptes
nationaux ont été mis en place dans une économie où
la plupart des entreprises étaient engagées dans la
production de biens raisonnablement homogènes, dans
un seul pays. La réalité aujourd’hui est assez différente,
avec beaucoup d’entreprises opérant par-dessus les
frontières nationales et produisant une gamme hétéro-
gène de produits et de services qui peuvent être conçus
sur mesure selon les goûts de chaque consommateur.
Mesurer cette nouvelle économie pose des défis parti-
culiers aux conventions de mesure actuelles. On peut
citer : la fourniture gratuite de services ou de contenus
financés en les couplant à de la publicité ; le déplace-
ment vers une production domestique, i.e. du côté des
ménages, d’activités de recherche d’information aupa-
ravant délivrées par des intermédiaires, tels les agents
de voyage ; la croissance de « l’économie du partage » ;
et l’importance croissante de l’investissement en capital
immatériel basé sur la connaissance, relativement à
l’investissement en capital physique. Quoique difficiles
à prendre en compte, une analyse rapide dont j’ai fait
état dans mon étude suggérait que de tels phénomènes
pourraient potentiellement conduire à sous-estimer les
données sur l’activité économique et qu’une investigation
supplémentaire était de ce fait justifiée.
De surcroît, ceci n’est pas un défi ponctuel. En parallèle
de l’évolution de l’économie, évolue aussi le cadre de
référence adapté pour les statistiques : il s’agit d’une
cible sans cesse mouvante. En conséquence, les métho-
dologies statistiques établies à l’échelle internationale
seront toujours d’une certaine manière en décalage ou
incomplètes car elles sont par nature en retard sur les
changements de l’économie. Nous devrions accepter
ceci comme la situation normale, mais aussi chercher
une manière constructive de faire face à ce défi.
À mon avis, une réponse progressive à ce défi requiert
de l’INS non seulement d’être bien au clair dans la
compréhension (et l’explication) des limites de ses
statistiques, mais aussi de montrer la voie pour déve-
lopper des mesures plus adaptées - après tout, les
statisticiens publics devraient en savoir plus sur les
data que n’importe qui d’autre ! En partenariat avec des
experts et des institutions extérieurs compétents, les
INS, individuellement et collectivement, devraient donc
mettre en place un programme continu de recherche
sur les conséquences en matière de mesure statistique
qui découlent des tendances économiques émergentes,
commencer par conduire des enquêtes ponctuelles pour
estimer leur importance quantitative potentielle. De telles
enquêtes peuvent nécessiter d’exploiter de nouvelles
sources d’information qui ne seraient pas appropriées
pour en tirer des séries statistiques régulières, comme
des données massives privées. Néanmoins, le but est
d’en savoir plus sur ces nouveaux développements et
jauger leur étendue. Dans certains cas, ils s’avéreront
quantitativement importants, dans d’autres non.
Une fois que cela aura été déterminé, l’on pourra décider
comment, le cas échéant, les nouveaux phénomènes
devront être incorporés dans le cadre de la comptabilité
nationale. Même lorsqu’ils seront significatifs, les défis
liés à la mesure pourraient s’avérer tels qu’ils rendent
leur prise en compte invalide. Mais le point important
est que les producteurs et les utilisateurs de statistiques
sachent peu ou prou quel impact ils peuvent avoir sur
les mesures conventionnelles de l’activité économique.
Parmi les recommandations que vous
avez faites pour l’Office for national
statistics, avez-vous identifié des
orientations stratégiques que tous les
INS devraient adopter ou partager ?
J’identifie trois orientations stratégiques. En premier
lieu, pour que les statistiques économiques restent per-
tinentes pour les utilisateurs, tant du secteur public que
du secteur privé, les INS doivent s’éloigner du modèle
consistant à surtout mettre l’accent sur la production
7
de statistiques et se considérer davantage comme un
fournisseur de service, venant en aide aux utilisateurs
pour répondre à leurs questions sur l’économie. De
surcroît, grâce à leur accès aux données brutes, les
INS sont dans une position idéale pour comprendre et
expliquer les limites de leurs statistiques et développer
des indicateurs alternatifs lorsque nécessaire.
Dans certains cas (mais évidemment pas tous - en
conduisant mon étude, j’ai rencontré des exemples de
très bonnes pratiques dans les INS), cela peut nécessiter
une sorte de changement culturel. Les agents doivent
se montrer proactifs, plutôt que réactifs, dans leurs
échanges avec les utilisateurs et répondre rapidement
aux besoins de ceux-ci. Ils doivent aussi faire preuve de
curiosité sur ce qui préside à leurs statistiques, savoir se
remettre en cause en identifiant les faiblesses et ouverts
pour expliquer ces limites aux utilisateurs. Enfin, les
agents doivent être encouragés à identifier les façons
d’améliorer la production de leurs statistiques, les idées
remontant de la base au sommet.
En second lieu, les INS devraient chercher à tirer pleinement
parti de l’explosion de l’information et
des capacités de traitement permises
par la révolution numérique. Cela signifie
sans aucun doute exploiter pleine-
ment ce qu’on appelle les « données
administratives » (les informations
détenues par le secteur public mais
obtenues pour des motifs autres que
la confection de statistiques). Je crois
que toutes les données détenues par
le secteur public devraient être présu-
mées disponibles pour l’INS du pays
dans le but de produire des statistiques
économiques, hormis des exceptions
très spécifiques, par exemple pour des
raisons de sécurité nationale.
Mais les INS devraient regarder au-delà de l’utilisation
des données administratives, et étudier le champ des
possibles ouvert là encore par des données massives
détenues par le secteur privé, par exemple sur les
paiements. Ils devraient aussi explorer le potentiel des
nouvelles techniques afin de collecter et d’analyser les
données massives, telles que l’extraction de données
du web (web scraping), la fouille de textes (text-mining),
et l’apprentissage automatique (machine learning). Bien
que celles-ci ne puissent pas toujours convenir en tant
que sources principales de données à la production
régulière de statistiques économiques, elles peuvent
être utiles pour vérifier des données, combler des trous
temporaires (prévision immédiate ou nowcasting) et
explorer la significativité des nouveaux phénomènes
économiques avant d’entreprendre une mesure plus
systématique. Bien entendu, agir ainsi suppose un inves-
tissement initial à la fois dans le système informatique
et dans la formation des agents pour qu’ils maîtrisent
les techniques de la data science.
Un plus grand usage de ces données offre la perspec-
tive de statistiques économiques plus actuelles et plus
précises, et d’une réduction des charges d’enquête sup-
portées par les entreprises et les ménages. Déverrouiller
ce coffre au trésor d’informations peut augmenter les
échantillons statistiques jusqu’à des tailles proches d’un
recensement, accroissant leur précision et permettant
aux statistiques, par exemple les données régionales,
d’être assez finement détaillées pour répondre aux
besoins individuels.
En troisième lieu, faire la lumière sur les énigmes diffi-
ciles à expliquer nécessite souvent de creuser bien en
dessous de la surface, dans la couche des données
microéconomiques. Être un expert dans ce domaine
est la clé pour comprendre les erreurs et les limites des
données, et aussi pour identifier les nouvelles tendances.
Une capacité accrue de la part des INS à examiner les
données microéconomiques sous-jacentes permettrait de
mieux étayer la production de statistiques économiques
et aurait l’avantage supplémentaire de
rendre les agents mieux capables de
vérifier en pratique les chiffres avant
qu’ils ne soient publiés.
Réaliser cet objectif requiert proba-
blement de la part des INS une plus
grande expertise économique et
analytique. Il requiert aussi du mana-
gement qu’il ménage suffisamment de
place à côté du processus journalier
de production pour permettre de
telles investigations exploratoires,
ce qui pourrait ne pas être le cas
aujourd’hui. Enfin, les technologies
et les systèmes informatiques doivent
être suffisamment flexibles et agiles
pour permettre d’examiner de façon effective les données
microéconomiques.
Pouvoir accéder aux données microéconomiques et les
examiner est également important pour certains utilisateurs.
En accord avec l’objectif d’offrir un meilleur service aux
utilisateurs, les INS devraient leur proposer des moyens
concrets pour interroger les données micro, soit en leur
fournissant un accès direct aux données anonymisées,
soit en entreprenant ces recherches pour leur compte.
Bien entendu, ce qui est réalisable sera déterminé par
les ressources disponibles, et les dirigeants des INS
seront nécessairement dans l’obligation de procéder à
des compromis et des arbitrages pour ne pas dépasser
leurs budgets. Néanmoins, je crois que la révolution
numérique nous offre beaucoup de possibilités ainsi
que de nombreux défis !
« LES MÉTHODOLOGIES
STATISTIQUES
ÉTABLIES À L’ÉCHELLE
INTERNATIONALE
SERONT TOUJOURS
D’UNE CERTAINE
MANIÈRE EN DÉCALAGE
OU INCOMPLÈTES CAR
ELLES SONT PAR NATURE
EN RETARD SUR
LES CHANGEMENTS
DE L’ÉCONOMIE. »
Rapport d’activité Insee 20168
Coopération internationale
avec la Tunisie
Le jumelage entre l’Insee et Statistiques Tunisie
démarre. Ce projet de deux ans vise la modernisation
de l’appareil statistique tunisien.
Recensement de la population :
internet, ça marche !
L’enquête annuelle de recensement de la population
s’achève. 39 % des ménages soit 46 % des personnes
recensées ont répondu par internet, confirmant
le succès de ce mode de réponse.
Mieux suivre les entreprises
L’Insee met en place une nouvelle méthodologie
pour le calcul des indices de chiffre d’affaires.
Atout majeur : une meilleure prise en compte
de la démographie des entreprises.
Une nouvelle base pour l’inflation
L’Insee change de base dans le calcul de l’indice des prix.
La base 2015 constitue la 8e
génération d’indices.
La 1re
génération date de 1914. Chaque changement de base
s’accompagne d’améliorations méthodologiques
et d’une couverture plus importante des prix mesurés.
Les faits marquants de l’année 2016
JANVIER
Des indicateurs plus rapides
L’Insee avance le calendrier de publication
de deux indicateurs conjoncturels essentiels :
le PIB et l’indice des prix à la consommation.
Ils seront désormais diffusés deux semaines plus tôt.
J-15J
FÉVRIER
MARS
9
Objectifs : développement durable
La commission statistique des Nations Unies adopte
une première liste de 241 indicateurs
de suivi des objectifs de développement durable.
L'Insee participe au groupe d’experts qui l'a élaborée.
CURRICULUM VITAE Le taux de chômage paraît
deux semaines plus tôt
L’Insee fait évoluer le calendrier de publication du taux
de chômage. Désormais, il sera diffusé deux semaines
plus tôt qu’auparavant.
L’institut a 70 ans
27 avril 1946 – 27 avril 2016 : déjà 70 ans que l’Insee mesure
l’économie et la société françaises.
Comparaison de prix
Paris, province, outre-mer
L’Insee publie les résultats de son enquête 2015
de comparaison des prix entre l’agglomération
parisienne et la province, et entre les cinq
départements d’outre-mer
et la France métropolitaine.
Mieux suivre les associations
L’Insee publie « Neuf associations sur dix fonctionnent
sans salarié », première enquête de la statistique
publique auprès des associations.
Insee Première n° 1587
Une analyse des quartiers
de la politique de la ville
L’Insee livre de nouvelles données sur les revenus et
les profils des habitants à l’échelle des quartiers et
publie « Les habitants des quartiers de la politique de
la ville - La pauvreté côtoie d’autres fragilités ».
Insee Première n° 1593
AVRIL
MAI
Rapport d’activité Insee 201610
Le modèle Ines accessible à tous
L’Insee et la Drees mettent à disposition leur modèle
de micro-simulation Ines en « open source » pour
favoriser la circulation des données et des savoirs,
en matière de pauvreté et d’inégalités notamment.
Un colloque pour les 70 ans
Le 29 juin, à Paris, l’Insee co-organise avec l’IGPDE
le colloque « Histoire aujourd’hui, statistiques demain :
regards croisés sur la production et l’usage des statistiques ».
JUILLET
White, futur bâtiment de la direction générale
L’Insee signe le bail de location qui entérine le futur
déménagement à Montrouge des 1 500 agents
de la direction générale. Date prévue :
premier trimestre 2018.
Garantir la qualité
des statistiques européennes
Du 31 mai au 3 juin se tient à Madrid
l’édition 2016 de la conférence sur la qualité
de la statistique européenne organisée par Eurostat
et l’INE, institut national de statistique espagnol.
SEPTEMBRE
Quel Insee en 2025 ?
L’Insee publie « Horizon 2025, Une stratégie
ambitieuse pour l’Insee » qui présente les orientations,
objectifs et actions de l’Insee pour la décennie qui
suit.
Les enjeux des comparaisons internationales
Le 26 mai, à Paris, le Conseil national de l’information
statistique organise un colloque sur les enjeux des
comparaisons statistiques internationales.
JUIN
11
La loi pour une république numérique
Le 7 octobre, la loi pour une république numérique est
promulguée. Elle permet notamment à la statistique publique
d’exploiter les données détenues par des entreprises.
OCTOBRE
Un hackathon pour Sirene
Le 15 novembre, à Paris, l’Insee organise avec Etalab
le hackathon #OpenSirene dans la perspective de la
mise à disposition libre et gratuite de la base Sirene
en janvier 2017.
NOVEMBRE
Géographie et statistique
Du 15 au 17 novembre, se tient à Paris
la 9e
édition du Forum européen de géographie
et de statistique, organisée par l’Insee,
en partenariat avec l’IGN et le SOeS.
La statistique européenne
a sa journée
Le 20 octobre,
Eurostat lance pour la première année
la Journée européenne des statistiques.
www.insee.fr fait peau neuve
Le 21 novembre, l’Insee met en ligne
son nouveau site web.
Des données plus précoces
sur la pauvreté et les inégalités
Après une première expérimentation en 2015, l’Insee
publie pour la deuxième année consécutive des
indicateurs avancés sur la pauvreté et les inégalités
pour l’année passée.
DÉCEMBRE
Rapport d’activité Insee 201612
Chaque trimestre, l’Insee élabore un diagnostic
conjoncturel, à horizon de six à neuf mois. Ce dia-
gnostic est publié dans trois Notes de conjoncture
qui paraissent en mars, juin et décembre, et un
Point de conjoncture qui paraî t en octobre. Les
prévisions concernent principalement la France,
mais s’étendent à la zone euro, au Royaume-Uni,
aux États-Unis, au Japon et aux économies émer-
gentes. Pour la France, la prévision ne se limite
pas à un diagnostic général, elle s’accompagne
de données prévisionnelles détaillées (par secteur,
par grand poste de la demande ou sur le marché
du travail et l’inflation ).
Pour produire ces diagnostics, les conjoncturistes
de l’Insee s’appuient sur des enquêtes de conjonc-
ture et des données quantitatives détaillées, pour
b e au c ou p p ro d u i te s pa r l’Inse e. C e s d e r n i è re s
concernent en par ticulier les prix à la consom-
mation et les prix de production et d’impor tation,
la consommation, la production industrielle, les
indices sectoriels de chif fre d’af faires, l’emploi,
le chômage. Ces données, comme les résultats
des enquêtes de conjoncture, sont publiées dès
qu’elles sont disponibles dans des Informations
Rapides, au nombre d’environ 340 par an.
Les conjoncturistes analysent l’actualité écono-
mique en développant des dossiers et des éclai-
rages spécifiques. Dans la Note de mars 2016, ils
ont par exemple analysé les ressor ts d’une plus
for te croissance au Royaume-Uni et mesuré les
conséquences des at tentats de novembre 2015
s u r l a c o n s o m m a t i o n d e s e r v i c e s m a r c h a n d s
grâce à l’exploitation des données quotidiennes
d’occupation des chambres d’hôtels à Paris. Dans
celle de décembre 2016 ils ont décrypté les raisons
des dif ficultés du secteur aéronautique.
Chaque année, « L’économie française », propose
des dossiers qui complètent ou approfondissent
le diagnostic de l’année écoulée, ou précisent les
méthodes employées par l’Insee. Dans l’édition 2016,
un dossier est consacré à « La place d’Internet dans
la description et l’analyse de l’économie » (cf. témoi-
gnage de Ronan Mahieu).
Les indicateurs clés de l’économie
française disponibles plus rapidement
En 2016, l’Insee est parvenu à avancer de deux se-
maines la parution de trois indicateurs économiques
majeurs : le produit intérieur brut (PIB), l’indice des
prix à la consommation (IPC) et le taux de chômage.
S’agissant de la croissance économique, l’Insee
diffuse désormais une première estimation du PIB
d’un trimestre 30 jours après la fin de celui-ci, contre
45 auparavant. Une deuxième estimation est délivrée
à 60 jours et les comptes trimestriels détaillés sont
consolidés dans un délai de 85 jours comme c’était
le cas auparavant. Bénéficier d’une première estima-
tion à 30 jours répond notamment aux besoins des
acteurs économiques et sociaux, d’Eurostat et de la
Banque centrale européenne. Le 29 janvier 2016, la
France est ainsi devenue le premier pays en Europe
à mettre à disposition dès 30 jours, non seulement le
taux de croissance du PIB mais également un compte
complet des biens et services.
En matière d’inflation, l’Insee fournit désormais l’IPC
le dernier jour ouvré du mois en cours. Enfin, l’institut
L’Insee élabore chaque trimestre un diagnostic et des prévisions sur la situation économique de la France. Ses
Notes de conjoncture proposent des dossiers sur des secteurs ou des sujets macroéconomiques majeurs.
L’ouvrage « L’économie française » réalise un diagnostic de l’année écoulée et des analyses structurelles.
Parmi celles de la dernière édition : l’impact d’internet sur la croissance. Parallèlement, l’Insee consolide et
met à disposition de nombreux indicateurs qui comptent dans ces diagnostics comme le produit intérieur brut,
l’indice des prix à la consommation ou le taux de chômage. Depuis 2016, l’Insee publie ces trois indicateurs
clés 15 jours plus tôt qu’auparavant.
Établir des diagnostics conjoncturels
13
publie le taux de chômage d’un trimestre environ
1,5 mois après la fin du trimestre concerné.
Pour garantir la qualité des estimations plus précoces
du PIB et de l’IPC, l’Insee a mené des tests pendant
plusieurs années. C’est notamment la disponibilité plus
rapide de nombreuses sources qui permet de réaliser
ces avancées. Ainsi, pour aboutir à une estimation à
30 jours du PIB, l’institut est parvenu à accélérer la
production d’autres indicateurs utilisés dans son calcul.
En particulier, l’indice de la production industrielle
fait l’objet d’estimations provisoires spécifiquement
prises en compte dans le calcul avancé du PIB.
Ce progrès a été rendu possible par la mobilisation
de nombreux services producteurs de l’Insee, au-delà
des équipes dédiées au calcul du PIB.
Concernant la parution plus rapide du taux de chô-
mage, elle est le fruit d’une nouvelle organisation des
traitements de l’enquête Emploi.
Proposer des indicateurs au plus près de la période
considérée fait partie des enjeux partagés au sein
de l’ensemble des services producteurs de l’institut.
Ainsi, en 2016, les délais de diffusion des indicateurs
trimestriels de fréquentation touristique dans les
hôtels, campings et autres hébergements collectifs
ont été également raccourcis, et ce d’une dizaine
de jours. À ce stade, le gain précis de temps varie
encore légèrement d’un trimestre à l’autre.
« Il est illusoire
de vouloir
isoler la valeur
ajoutée générée
par internet
et l’économie
numérique »
Témoignage de Ronan Mahieu, chef du département
des comptes nationaux de l’Insee, co-auteur1
de l’étude
« La place d’Internet dans la description et l’analyse
de l’économie »2
« Quel est l’impact d’internet sur la croissance ?
Depuis plusieurs années, cette question suscite la
controverse chez les économistes. Historiquement,
toute grande rupture ou innovation technologique
s’est traduite par un accroissement marqué de la
productivité. Or, l’émergence d’internet n’a pas
coïncidé avec une telle accélération. La question
s’est donc posée de savoir si ce paradoxe ne
serait pas imputable à un problème de mesure, à
une sorte de défaillance du système statistique.
C’est cette question à laquelle nous avons tenté
de répond re . Notre ét ude détail le la variété
des modèles économiques qui sous-tendent les
usages d’internet, du e-commerce à l’économie
collaborative, et précise comment nous intégrons
les activités associées dans les comptes nationaux.
L’utilisation d’internet se diffuse dans tous les
secteurs d’activité et il est illusoire de vouloir
isoler la valeur ajoutée générée par internet
et l’é conom ie nu mé r iq ue  : pa r e xe mple u ne
enseigne qui propose la vente en ligne mais aussi
en magasin ne peut pas forcément distinguer
le chiffre d’affaires généré par l’un ou l’autre
de ces canaux. Des clients peuvent commander
en ligne mais venir en magasin récupérer et
payer les produits. En revanche, des difficultés
nouvelles apparaissent pour identifier le pays dans
lequel s’exerce une activité. Traditionnellement,
l’activité d’u n commerçant est comptabilisée
dans le pays où se trouve son magasin, qui est
le lieu où se conclut la transaction  : que faire
q u a n d l a t r a n s ac t io n e s t d é m até r ia l i s é e , e t
que le choix de localisation des plateformes
peut résulter d’une pure optimisation fiscale  ?
Nous proposons des premiers enseignements
su r l’impact d’inter net e n terme s de volu me
d’activité, de prix et de bien-être. Au total, l’impact
d’internet se fait peut-être moins sentir sur le PIB
que sur le bien-être des individus, avec un accès
plus facile à des biens ou services répondant
exactement à leurs besoins, mais aussi à d’autres
personnes partageant les mêmes centres d’intérêt. »
1. avec Christophe Bellégo, chargé d’études au sein de la direction des Études
et Synthèses économiques
2. parue dans Insee Références « L’économie française » édition 2016
Rapport d’activité Insee 201614
Fournisseur incontournable et régulier des chiffres
clés et tendances de la conjoncture économique
française, l’Insee s’appuie sur son expertise pour
analyser le fonctionnement global de l’économie
française et prendre en compte les interactions et
incidences liées à l’environnement international.
Les Notes de conjoncture trimestrielles proposent
ainsi des dossiers d’analyse sur ces phénomènes
complexes, à l’instar de celui intitulé « Croissance
française en 2015 : les impulsions extérieures et les
facteurs internes se sont compensés », édité dans la
Note de juin 2016.
L’Insee s’intéresse aussi régulièrement aux boulever-
sements profonds qui forgent les nouvelles tendances
de l’économie française. Par exemple, quand le débat
public s’interroge de plus en plus sur l’impact des
nouvelles technologies en matière d’emploi, l’Insee
propose « Une décomposition comptable des évolu-
tions de l’emploi selon la technologie, le commerce
et la consommation finale » qui répond à la ques-
tion « Quels sont les déterminants de l’évolution de
l’emploi en France au cours des trente dernières
années et comment peut-on expliquer la proportion
croissante d’emplois qualifiés ? ».
Éclairer les choix des décideurs publics
Afin d’aider les décideurs publics dans l’orientation
de leur politique, l’Insee produit des études d’évalua-
tion sur une grande variété de politiques publiques.
Ainsi, en 2016, au moment du festival international du
film de Cannes, l’Insee a publié une analyse « Quels
sont les effets de la loi Hadopi ? Le cas des entrées
de films en salle ». L’étude montre l’impact positif de
la loi sur la part de marché des films américains en
salle, qui croît de 9 %.
Parmi les autres analyses de l’année :
• L’impact des infrastructures de transports sur le
développement local, avec une première étude axée
sur le déploiement du réseau express régional (RER)
en Île-de-France. Au nombre des enseignements,
l’emploi aurait progressé plus vite dans les com-
munes d’Île-de-France reliées à Paris par une ligne
de RER que dans celles, à caractéristiques égales,
bénéficiant uniquement d’une desserte de train de
banlieue. La seconde étude jette les prémices d’une
analyse de l’infrastructure TGV comme facteur de
compétitivité pour les entreprises françaises.
• L’ef fet de la réforme des retraites de 2010 sur
l’emploi et l’activité des seniors. Le taux d’activité
des salariés concernés par la réforme, entre 2008
et 2014, serait entre 19 et 22 points plus élevé que
celui des salariés non concernés.
• Une première évaluation des ef fets de la prime
à l’embauche PME, qui précise qu’au premier
semestre 2016, ont bénéficié de la prime 54 % des
embauches en CDD d’au moins 6 mois et 34 %
des embauches en CDI dans les entreprises de
moins de 250 salariés. Toutefois, en se focalisant
sur les entreprises autour de ce seuil, l’évaluation
ne parvient pas à déceler d’effet significatif de la
prime sur le nombre d’embauches.
Le nécessaire recours à des modèles 
L’Insee recour t à des modèles sophistiqués pour
produire ses analyses, tel que le modèle macroé-
conomique Mésange ( Modèle Économétrique de
Simulation et d’ANalyse Générale de l’Économie)1
ou
le modèle multi-pays NiGEM (National Institute Global
Econometric Model2
).
Si l’Insee mesure l’évolution de l’économie française, il en explore aussi le fonctionnement global et ses
relations avec son environnement international, à court comme à long terme. Ce travail d’éclairage s’appuie
sur plusieurs modèles que l’institut met au point ou actualise régulièrement. Afin d’aider les décideurs publics,
l’Insee mobilise également ses bases de données pour produire des études d’évaluation de politiques
publiques. Parmi les sujets de 2016 : l’impact de la loi Hadopi, les conséquences de la réforme des retraites
de 2010, les effets de la prime à l’embauche PME, etc.
Étudier le fonctionnement de l’économie
française et les déterminants
de ses grandes tendances
1. Modèle commun Insee - ministère de l’Économie et des Finances
2. Développé par le National Institute of Economic and Social Research britannique
15
En 2016, l’institut a mis au point un nouveau modèle
de l’économie de la zone Euro baptisé Mélèze (pour
Modèle Économique Linéarisé d’Équilibre en Zone Euro).
Il a vocation à comprendre comment l’appartenance
à une union monétaire peut affecter la mise en œuvre
et les conséquences sur le plan macroéconomique
de diverses politiques économiques et fiscales.
Pour analyser les effets des politiques redistributives
et des politiques sociales, l’Insee utilise le modèle
Ines qu’il a créé avec la Drees. Depuis 2015, Ines
sert également à estimer le taux de pauvreté dans
des temps raccourcis.
Autre modèle visant notamment à simuler les compor-
tements individuels de départ à la retraite, Destinie
a servi aux projections du dossier « L’espérance de
vie en retraite sans incapacité sévère devrait être stable
pour les générations nées entre 1960 et 1990 » paru
dans l’édition 2016 de « France, portrait social ».
« Que représente pour vous
l’ouverture du modèle Ines ?
C’est un pas important en matière d’information
statistique. En mettant ce modèle à la disposition
de tous, l’ Insee et la Drees vont au- delà de la
m i s e à d i sp o s it ion de c h i ffre s . I l s prop o s e nt
u n out i l q u i dé c r it de ma n iè re e x h au st ive le
système fiscalo-social, qui permet d’étudier son
fonctionnement et d’obtenir une information très
fine sur la redistribution monétaire. Ce modèle
est pour nous un outil précieux pour faire de la
conception de politique publique (policy design
en anglais), pour simuler l’impact de telles ou
telles mesures fiscales ou sociales. Avec Ines,
on peut par exemple simuler l’impact du revenu
u niversel et voir qui sont les gagnants ou les
perdants. On peut avoir une approche macro -
é c o nom iq u e m a i s p a s s e u l e me nt . L e mo d è l e
permet de calibrer finement les paramètres des
mesures qu’on analyse, de tester par exemple
l’incidence de tel ou tel montant attribué pour le
revenu minimum vieillesse.
La mise à disposition d’Ines est selon moi une
démarche résolument utile, une véritable action
de service public.
Qu’envisagez-vous de faire
avec ce modèle ?
Nous l’avons utilisé pour faire un bilan des mesures
fiscales sur la période 2011-2 015 soit quand ont
été mises en œuvre les premières mesures de
restriction budgétaire.
Parmi nos projets figure une analyse prévisionnelle 
de l’impact de me su re s av a nt q u’e l le s s oie nt
entérinées dans le projet de loi de finances. L’Insee
et la Drees proposent chaque année une analyse
de l’impact des réformes des prestations et des
prélèvements intervenues l’année précédente. Nous
voulons proposer une analyse d’impact a priori.
Nous envisageons aussi d’ajouter d’autres dimensions
dans le modèle. Par exemple, nous avons un projet
de recherche financé par l’ADEME qui vise à voir
l’impact d’u ne taxe carbone su r les ménages ,
définie en fonction du degré d’émission de CO2
qu’on peut leur attribuer. »
« La mise à disposition du modèle Ines
est une véritable action de service public »
Le 14 juin 2016, l’Insee et la Drees ont ouvert le code source du modèle Ines (acronyme
d’Insee-Drees). Créé en 1996, ce modèle simule les prélèvements sociaux et fiscaux directs
et les prestations sociales à partir de données représentatives de la population française
que fournit l’enquête Revenus fiscaux et sociaux. Témoignage de Xavier Timbeau, directeur
principal, Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Rapport d’activité Insee 201616
Connaître le système productif
Les résultats des enquêtes auprès des entreprises
intéressent plusieurs types d’utilisateurs. Les orga-
nismes professionnels les utilisent pour suivre leur
secteur et pour l’élaboration de leur stratégie. Les
entreprises s’en servent pour se situer par rapport
à l’ensemble de leurs concurrentes et pour mieux
connaître les secteurs en amont ou en aval de leurs
propres activités. Les acteurs publics s’appuient
sur ces résultats pour préparer leurs décisions.
Pour les économistes, les enquêtes répondent à
de multiples besoins d’analyses sectorielles ou
transversales. Elles sont par ailleurs indispensables
pour l’élaboration des comptes nationaux.
Po u r s a t i s f a i r e c e s n o m b r e u x b e s o i n s d’i n f o r-
mation, l’Insee a mis en place un dispositif très
complet d’enquêtes qui s’inscrit notamment dans
le cadre des règlements européens. Ce dispositif
permet de recueillir des informations structurelles
(taille, nature de l’activité, caractéristiques de la
main-d’œuvre, type d’organisation…) et conjonctu-
relles, ainsi que des données sur des thématiques
précises (consommation d’énergie, utilisation des
TIC, innovation…). Plusieurs mesures ont réduit
la charge que ces enquêtes représentent pour les
entreprises. En particulier, l’Insee et les ser vices
statistiques ministériels ont amélioré leur coordi-
nation pour mener leurs enquêtes et utilisent plus
systématiquement les données administratives que
les entreprises ont déjà fournies. Au total, selon
les organisations professionnelles, le poids des
enquêtes statistiques représente seulement 1 % des
sujétions administratives auxquelles sont astreintes
les entreprises.
Une meilleure prise en compte
de la réalité économique des entreprises
L’Insee donne corps progressivement à la défini-
tion économique de l’entreprise introduite par le
décret d’application de la loi de modernisation de
l’économie de 2008 ( LME) relatif aux catégories
d’entreprises. L’entreprise était auparavant définie
sur un plan purement juridique, associée à l’« unité
légale », à savoir un entrepreneur individuel ou
une société exerçant une fonction de production.
Elle est désormais définie comme « la plus petite
combinaison d’unité s légale s qui constitue une
unité organisationnelle de production de biens et
de ser vices jouissant d’une cer taine autonomie
de décision, notamment pour l’af fectation de ses
ressources courantes ». Cette nouvelle définition
permet de mieux appréhender l’organisation en
groupe et ainsi de mieux rendre compte de l’or-
ganisation réelle du système productif. En ef fet,
l’assimilation de l’entreprise à l’unité légale rendait
mal compte de la réalité des sociétés détenues
pa r d’au tre s d a ns u ne org a nis atio n d e group e,
celles-ci pouvant avoir une autonomie de décision
limitée voire inexistante.
Dans l’optique de mise en œuvre de cette nouvelle
définition, l’Insee mène des opérations de profilage
qui consistent à identifier, parmi les groupes, la ou
les entreprise (s) per tinente (s) au sens de la loi de
2008 ainsi qu’à reconstituer leurs comptes conso-
lidés. Le profilage des groupes est une opération
de longue haleine, que l’Insee a entamée en 2010.
Trois catégories de groupes sont distinguées :
Interroger les entreprises sur leurs activités, leurs investissements, leurs recrutements, leurs organisations
est indispensable pour connaître le système productif, suivre la conjoncture et permettre aux entreprises
elles-mêmes de se situer par rapport aux autres. Pour produire une information toujours plus pertinente
et qui rende mieux compte de la mutation du système productif, notamment du fait de la mondialisation,
l’Insee mène un travail de longue haleine : le profilage des groupes. Parmi les études marquantes de l’année
2016, des dossiers consacrés aux PME et au commerce de centre-ville dans « Les entreprises en France »,
un éclairage régional sur la création d’entreprise et le bilan de la saison touristique estivale.
17
• La première est constituée d’une petite centaine de
grands groupes que leur taille ou leur complexité
désigne comme prioritaires. Pour eux, le profilage
se fait en face à face dans le cadre d’un dialogue
avec les cadres dirigeants. En effet, seul le groupe
connaît sa structure opérationnelle et son système
d’information, et sait s’il peut fournir des informa-
tions sur les entreprises issues du profilage. Fin
2016, l’opération est achevée pour 51 de ces grands
groupes ; leurs comptes sont désormais traités au
niveau des entreprises profilées, et celles-ci sont
interrogées dans le cadre des enquêtes structu-
relles annuelles ;
• U n e d e u x i è m e c a té g o r i e e s t c o n s t i t u é e p a r
80 000 groupes petits ou moyens. Trop nombreux
pour faire l’objet d’un suivi individuel, ces groupes
sont considérés comme des entreprises. Leurs
comptes consolidés et leurs réponses à l’enquête
structurelle sont construits par algorithme à partir
des comptes sociaux et des réponses aux ques-
tionnaires d’enquête de leurs filiales. Cette nouvelle
méthode sera utilisée pour la première fois en 2018
pour le calcul des données sur l’exercice 2017 ;
• La troisième catégorie est constituée d’environ
3 900 groupes de taille médiane. Ils seront à court
terme traités de façon automatique comme les
précédents.
En juin 2016, pour la première fois, les résultats défi-
nitifs des statistiques structurelles d’entreprises ont
été transmis à Eurostat en tenant compte des 109
entreprises issues du profilage de 44 groupes parmi
les plus grands.
Coups de projecteur sur les PME
et le commerce de centre-ville
Parmi les publications marquantes de l’année, l’édi-
tion 2016 de l’Insee Références « Les entreprises
en France », propose notamment deux dossiers sur
les PME.
Le premier analyse le lien entre conditions de finan-
cement et comportements à l’exportation des PME.
Les délais de paiement semblent bien jouer un rôle
direct sur les dynamiques d’exportation des PME,
quoique faible.
Le deuxième dossier s’intéresse à la taille des PME
et à leur éventuelle organisation en groupe. Déplorer
que le tissu productif français manque d’unités de plus
de 50 salariés n’a pas vraiment de sens car la plupart
des petites PME privilégient la croissance externe,
en se regroupant avec une autre unité : qu’une PME
de 30 salariés double son effectif ou en acquière une
autre de 30 personnes ne devrait pas influencer l’ana-
lyse du tissu productif. Or, l’organisation en groupe
est importante même pour les petites unités. Ainsi,
à partir de 20 salariés, une majorité d’unités légales
appartiennent à un groupe. L’organisation en groupe
s’intensifie au voisinage de 50 salariés.
Un troisième dossier souligne qu’au cours des dix
dernières années, l’emploi salarié dans les com-
merces de centre-ville progresse dans les grandes
métropoles régionales, tandis qu’il diminue dans les
aires urbaines plus petites, notamment dans celles de
taille moyenne. Parmi les facteurs de dynamisme : le
tourisme, l’intérêt patrimonial et la proximité du littoral.
Photographies nationales
et régionales des créations d’entreprises
et du bilan touristique de l’été
Outre des analyses nationales, les études de l’Insee
proposent aussi régulièrement des éclairages au
niveau des régions.
Ainsi, le bilan annuel des créations d’entreprises
intègre un volet régional. Constat sur l’année 2015 :
tous types d’entreprises confondus, les créations
reculent dans toutes les régions, sauf en Martinique
et en Île-de-France.
La dimension territoriale est également précieuse en
matières de bilan touristique. Pour la saison touris-
tique de l’été 2016 l’Insee peut ainsi souligner que
si la clientèle étrangère s’est fortement repliée dans
l’agglomération parisienne, elle a davantage fréquenté
la campagne et les massifs qu’en 2015.
Rapport d’activité Insee 201618
Observer l’évolution de la société
Aux côtés des enquêtes que l’Insee mène réguliè-
rement auprès des ménages, l’institut exploite de
nombreux fichiers administratifs pour produire les
chiffres clés et ses études sur la société française.
De nouvelles perspectives
en matière de mesure de l’emploi
Prévue par la loi1
, la déclaration sociale nominative
(DSN) se substitue progressivement à l’ensemble des
déclarations auxquelles sont tenus les employeurs
auprès d’une diversité d’acteurs ( CPAM, Urssaf,
Pôle emploi, Centre des impôts, Caisses régimes
spéciaux, etc.).
Ce changement s’accompagne de plusieurs évolutions
majeures pour l’Insee, qui mobilise ces déclarations
pour construire son système d’information sur l’emploi
et les revenus d’activité (Siera).
Dès 2016, l’Insee a été destinataire des premières
DSN, cette déclaration se généralisant aux entreprises
en janvier 2017. L’Insee a mis en place un nouveau
processus de traitement de ces données allant de
la réception, au contrôle, à la mise au format des
concepts statistiques, en passant par l’identifica-
tion et le codage de la profession, pour permettre
l’exploitation de cette source.
Dans Siera, la DSN remplace deux sources admi-
nistratives utilisées précédemment : les bordereaux
récapitulatifs (BRC) des régimes général et agricole,
et les déclarations annuelles de données sociales
(DADS). L’Insee a commencé à faire évoluer en pro-
fondeur son système d’information pour s’adapter au
changement de déclarations sociales, le rendre plus
réactif à d’éventuelles évolutions futures et tirer profit
des nouvelles données mises à disposition dans ces
déclarations.
Grâce aux enquêtes menées régulièrement auprès
des ménages, dont celle du recensement, mais
aussi grâce à l’exploitation de nombreux fichiers
administratifs, l’Insee observe l’évolution de la
société française. Chômage, inégalités, structures
familiales… sont autant de dimensions du portrait
social de la France. Parmi les éclairages apportés
en 2016 : l’enjeu de mesurer le halo du chômage et
les difficultés rencontrées par les jeunes en matière
d’accès au logement, d’éducation, d’emploi et de
violences, ainsi que la délinquance juvénile.
« Nous avons pu
bénéficier de conseils
précieux à la fois pour
traiter les données
mais aussi pour
les faire parler »
Témoignage de Fabrice Gilles, Université de Lille 1 - LEM
et TEPP, co-auteurs2
d’un rapport d’évaluation sur
« Les effets du CICE sur l’emploi, les salaires et la
R  D » demandé par France Stratégie et publié en
septembre 2016 et Yannick L’Horty, Université Paris-
Est Marne-la-Vallée - ERUDITE et TEP
« Pour faire notre analyse nous avons eu recours
aux données de quatre services producteurs  :
l’Aco s s 3
, la D gfip, l’ I n se e et le min istère de
l’Enseignement supérieur de la Recherche. Parmi
les données de l’Insee nous avons utilisé celles
issues des DADS4
dans leur version exhaustive ainsi
que les données Fare5
qui donnent l’intégralité
des comptes des entreprises.
Pouvoir utiliser de telles données est le pré-
requis au travail que nous avons mené.
Leur caractère complet et précis est déterminant.
Nous avons pu faire toutes nos requêtes statistiques
et mener notre travail d’économétrie après la
fusion de toutes les sources mises à disposition
via un accès sécurisé du CASD6
.
Outre la fourniture de données, l’Insee nous a
aussi apporté son expertise technique.
En effet, nous avons soumis une première version
du rapport à des experts, dont certains de l’Insee,
afin d’avoir une première évaluation. Nous avons
alors pu bénéficier de conseils précieux à la fois
pour traiter les données mais aussi pour les faire
parler en réponse à la question centrale « Quel
est l’impact du CICE ? ». L’Insee nous a aidé dans
le choix des meilleurs indicateurs, notamment
pour bien cerner les incidences comptables au
niveau des entreprises. Par exemple, en matière
d’impact sur l’emploi, était-il plus pertinent de
considérer l’emploi au 31 décembre ou de prendre
une moyenne lissée sur l’année ?
Grâce à ces commentaires précieux, nous avons
pu affiner notre analyse et consolider un rapport
fiable. »
1. Loi n° 2012-387 du 22 mars 2012 relative à la simplification du droit
et à l’allègement des démarches administratives
19
À l’occasion de ce changement, l’Insee a aussi
engagé des travaux pour rationaliser la production
des estimations trimestrielles d’emploi. Ces travaux
ont été menés en par tenariat avec l’Acoss et la
Dares. L’objectif est de co-produire ces estimations
de façon à éviter la redondance de certains travaux
sur le secteur privé, et de ne plus publier qu’un
seul indicateur d’évolution de l’emploi trimestriel,
contre deux, voire trois auparavant. En couvrant
désormais l’ensemble du champ des salariés, y
compris l’emploi public et le secteur agricole, cette
co-production permettra d’assurer un suivi exhaustif
des évolutions conjoncturelles de l’emploi salarié.
À plus long terme, le traitement statistique de la
DSN, ainsi que d’autres évolutions engagées sur
l’enquête Emploi, devraient permet tre d’éclairer
d’autres sujets comme celui des formes particulières
d’emploi, conformément aux recommandations du
Rapport du Cnis de juillet 2016.
Coups de projecteurs sur le halo
du chômage et les difficultés des jeunes
Dans la collection thématique Inse e Réfé re nces,
l’Insee propose des éclairages nouveaux à chaque
édition.
Parmi ceux de 2016, « Emploi, chômage et revenus
du travail » élargit les thèmes du précédent numéro
« Emploi et salaires ». L’un des quatre dossiers inédits
qu’il contient s’arrête sur le halo autour du chômage
pour préciser ses différentes composantes. Au niveau
individuel, le halo constitue une catégorie souvent
plus transitoire que le chômage : seulement 32 %
des personnes dans le halo y sont encore le trimestre
suivant, en moyenne entre fin 2013 et fin 2015, alors
que le chômage est deux fois plus stable.
Un autre ouvrage phare, « France, portrait social », paru
en novembre, propose cinq chapitres balayant les pro-
blèmes rencontrés par les jeunes Français en matière
d’accès au logement, d’éducation, d’emploi ou de vio-
lences, ainsi que la délinquance juvénile. Si 43 % des
jeunes de 18-24 ans disposent de leur propre logement,
seulement 17 % y résident exclusivement et le financent
par eux-mêmes. En matière d’insertion professionnelle,
les écarts entre les jeunes diplômés de l’enseignement
supérieur et les autres jeunes se sont singulièrement
creusés au cours des dix dernières années. Quant aux
violences physiques, les jeunes de 10 à 25 ans en sont
deux fois plus victimes que les plus de 25 ans et quatre
fois plus que les enfants de moins de 10 ans.
De l’enjeu de généraliser
les enquêtes ménages par internet
L’Insee poursuit son plan d’expérimentation d’enquêtes
auprès des ménages par internet. L’objectif visé est de
proposer d’ici quelques années ce mode de réponse
en ligne pour toutes les enquêtes ménages, à l’instar
de ce qui est déjà proposé pour l’enquête annuelle de
recensement. En 2016, le projet « Muse » d’expérimen-
tations de l’enquête emploi par internet a ainsi mené
deux opérations de tests portant sur des échantillons
importants afin de tester ce nouveau protocole. Le
déploiement de ce dispositif est ainsi envisagé à l’hori-
zon 2020-2021, en phase avec les projets d’évolution
de l’enquête Emploi relevant du règlement européen.
Parmi les bénéfices attendus : la qualité (possibilité de
joindre des populations peu disponibles par téléphone
ou pour le face-à-face), l’efficience (enquêteurs dédiés
à la collecte des enquêtes non réalisées via internet)
et une plus grande réactivité (déploiement d’enquêtes
facilité, permettant de répondre à des demandes
d’enquêtes nouvelles).
2. Avec trois autres chercheurs : Mathieu BUNEL, Université de Bourgogne, LEDi et TEPP, Ferhat MIHOUBI Université Paris-Est Créteil, ERUDITE et TEPP et Xi YANG,
Université Paris-Ouest Nanterre la Défense, ECONOMIX
3. Acoss : agence centrale des organismes de sécurité sociale
4. DADS : déclaration annuelle des données sociales qui rassemble pour tous les employeurs - y compris les administrations publiques - la masse des traitements qu’ils
ont versés au cours de l’année, les effectifs employés et une liste nominative de leurs salariés en indiquant pour chacun leur statut et leurs rémunérations
5. Fare : fichier approché des résultats d’Esane (Élaboration des statistiques annuelles d’entreprises) qui donne notamment les résultats détaillés des bilans comptables
des entreprises (chiffre d’affaires, investissement...)
6. Centre d’accès sécurisé aux données
Rapport d’activité Insee 201620
Piloter le recensement
de la population et exploiter les résultats
Le recensement par internet
gagne du terrain
Depuis 2015, chaque foyer enquêté pour le recense-
ment a le choix entre répondre par formulaire papier
ou par internet. L’agent recenseur, quand il prend
contact avec un ménage, lui propose de répondre
par internet. Dès 2015, un ménage recensé sur trois
optait pour ce mode de réponse. En 2016, ce sont
39 % des ménages et 46 % des individus recensés
qui ont répondu par internet.
La fin du recensement tout papier permet de réduire
les coûts de la collecte : moins de déplacements
pour les agents recenseurs qui n’ont pas besoin de
revenir au domicile des personnes recensées pour
rechercher les questionnaires remplis, et moins de
papier à classer, stocker et transporter. Les réponses
en ligne n’ont pas à être saisies par l’Insee. Tout
cela se traduit par un gain en moyens humains et
financiers.
Pour les mairies et l’Insee, la collecte est facilitée.
Les acteurs de terrain, notamment les coordonna-
teurs communaux et les superviseurs peuvent suivre
l’état d’avancement de la collecte en temps réel grâce
à l’outil dédié proposé par l’Insee.
Vers une mesure plus fine des
déplacements en deux-roues
Pour permettre des comparaisons dans le temps, il
est essentiel que les questionnaires de recensement
évoluent peu. En outre, depuis la mise en place de
la nouvelle méthode de collecte annuelle en 2004,
le maintien de toute question à l’identique pendant
une période d’au moins cinq ans est essentiel à la
couverture de tout le territoire.
Pour autant, ce questionnaire n’est pas immuable
car la société évolue ainsi que la demande sociale
de statistiques pour éclairer ses évolutions.
Les contraintes de l’exercice sont fortes car, outre
celles liées à la stabilité des résultats dans le temps
et dans l’espace, la taille totale du questionnaire ne
peut être accrue afin de ne pas pénaliser les citoyens
répondants : tout ajout de question doit être compensé
par une suppression. Parmi les autres impératifs tech-
niques : le questionnaire étant rempli par les habitants
eux-mêmes, sans l’aide d’un enquêteur, les questions
doivent être simples, claires, et compréhensibles par
tous. Il faut également tenir compte des impératifs de
l’harmonisation internationale, qui imposent la pré-
sence de certains thèmes et les modalités de réponse
correspondantes.
Le Conseil national de l’information statistique (Cnis)
s’est penché sur cette question pour répondre au
mieux aux attentes de la société civile et des acteurs
publics.
Parmi les thèmes nécessitant une information statis-
tique plus nourrie : celui de la mobilité.
Les personnes recensées indiquent le mode de
transport qu’elles utilisent principalement pour aller
travailler. Depuis l’enquête de 2015, la modalité de
réponse « deux-roues » est scindée en deux moda-
lités « vélo (y compris à assistance électrique) » et
« deux-roues motorisé ».
Courant 2016, des experts de l’Insee ont ainsi pu
exploiter les nouvelles données de l’enquête pour
réaliser de premières analyses, basées sur une seule
enquête annuelle, sur l’utilisation du vélo dans les
déplacements entre le domicile et le lieu de travail.
Le recensement de la population française fait partie des activités historiques de l’Insee, qui organise et
contrôle les enquêtes, exploite les données et diffuse les résultats. Les ménages utilisent de plus en plus
la possibilité de répondre par internet. Grâce à toutes les réponses, l’institut fournit des statistiques sur les
habitants, les familles et leurs logements, leur nombre et leurs caractéristiques : répartition par sexe, âge,
nationalité, professions, conditions de logement, déplacements domicile-travail, transports utilisés pour ces
déplacements, etc., des informations fondamentales pour de nombreux acteurs publics et privés.
21
Une première étude a été publiée, « Partir de bon
matin, à bicyclette… », parue le 17 janvier 2017. On y
apprend notamment qu’en 2015, seuls 2 % des actifs
ayant un emploi vont travailler à vélo.
L’Insee pourra mener des études plus approfondies
à partir de 2020 lorsque les résultats complets de
cinq enquêtes de recensement seront disponibles.
De plus en plus de personnes
travaillent en dehors de leur commune
de résidence 
Les déplacements domicile-travail ont donné lieu à
d’autres analyses que le mode de transport.
Le 30 juin 2016, l’Insee a publié une étude qui dresse
l’état des lieux en la matière, dégageant les grandes
tendances à l’échelle de la France mais aussi les résul-
tats dans chaque région. Intitulée « De plus en plus
de personnes travaillent en dehors de leur commune
de résidence », l’étude indique que 16,7 millions de
personnes quittent quotidiennement leur commune
de résidence pour aller travailler, soit deux personnes
ayant un emploi sur trois. Ceux que l’on qualifie de
« navetteurs » sont proportionnellement les plus nom-
breux en Hauts-de-France (71 %) et en Île-de-France
(69 %). Parmi les autres enseignements de l’étude, les
disparités en fonction des catégories professionnelles :
trois quarts des ingénieurs et des cadres d’entreprise
sont des navetteurs contre seulement un quart des
indépendants ou des aides familiaux. Est également
mis en exergue le fait que la voiture reste le principal
mode de transport avec 80 % des navetteurs qui y
recourent.
« Le recensement
est un outil
indispensable
pour penser la ville
et le développement
des métropoles »
Témoignage de Patrick Brun, Directeur de projets
- Obser vations des territoires et obser vatoires 
Responsable suivi de production, UrbaLyon, agence
d’urbanisme de la métropole Lyonnaise
« Quelle que soit l’étude que nous avons à mener,
les données du recensement sont à la base de
not re t rav ail . Q u a n d il s ’agit d’é cl aire r u ne
politique sectorielle, avec des questions très
pointues, il nous faut utiliser les fichiers détaillés
du recensement où quasiment chaque ligne est
un individu (ou un logement) anonymisé. Par
exemple, pour Lyon, dans le cadre de la politique
de l’ h a bitat , il nou s a fal lu is ole r toute s le s
caractéristiques des logements desservis par
un ascenseur par période de construction croisé
avec les personnes âgées pour suivre dans le
temps un indicateur d’action publique.
Disposer de données à une échelle géographique
f i n e e s t c r u c i a l p o u r f a i r e l e s d i a g n o s t i c s
permettant de consolider des projets précis en
matière d’aménagement urbain. Cela permet de
quantifier et d’identifier la population de part et
d’autre d’un projet d’infrastructure comme une
route, un métro ou un tramway.
Le recensement est une vraie source de recherche
et développement. Pour une étude, nous avons
isolé les bâtiments dédiés à l’habitat et estimé
la volumétrie de chaque bâtiment grâce au x
sources sur la hauteur des bâtiments. On a ainsi
pu calculer une volumétrie habitable par quartier.
En affectant géographiquement la population
du quartier à cette volumétrie, on a pu répartir
la population dans les bâtiments. Ensuite des
i n d icateu r s d’acc e s si bil ité ont été ca lc u lé s .
Par exemple l’accessibilité des habitants aux
espaces verts. Ce type de travaux nous permet
d’opt i m i s e r no s proj et s d’a mé n age me nt s de
l’espace en termes de qualité de vie.
Penser et construire la ville sans la donnée du
recensement serait impossible ! »
Rapport d’activité Insee 201622
Décrire et analyser les régions
et territoires
Depuis l’éclairage général…
Chaque année, les directions régionales de l’Insee
produisent des centaines d’études. Pas moins de
743 en 2016 !
Ces travaux intéressent bien sûr en priorité tous les
acteurs locaux mais leur portée générale les rend
aussi utiles à la société civile et au grand public.
À l’instar des publications nationales, ces études
exploitent les nombreuses données statistiques que
les directions régionales contribuent à produire et
consolider, via l’enquête annuelle de recensement
ou des enquêtes auprès d’entreprises par exemple.
Parmi les thèmes faisant l’objet d’états des lieux
récurrents : la conjoncture économique de la région
et notamment l’emploi, le bilan économique annuel,
l’évolution de la population…
… jusqu’au conseil et au diagnostic
d’un territoire ou d’une filière
Les directions régionales apportent leur conseil et
expertise aux acteurs publics régionaux pour répondre
à une demande liée au déploiement d’une politique
publique, participer à des groupes de réflexion et
à des comités régionaux ou encore accompagner
les acteurs locaux dans leur utilisation de données.
Régulièrement, les acteurs locaux ont besoin de
diagnostics qui permettent d’établir les spécificités
d’un territoire ou d’une filière, de faire un bilan à un
instant donné pour dégager des axes stratégiques
d’action et réaliser une évaluation ultérieure. C’est
le cas lorsqu’ils veulent anticiper les évolutions
économiques et démographiques, bâtir de nouveaux
schémas d’intercommunalités liés à la réforme terri-
toriale ou encore assurer un suivi et une évaluation
des fonds européens auxquels ils peuvent prétendre.
Le s dire c tio ns ré gio n a l e s produise nt a lo r s d e s
études dédiées, menées en par tenariat avec les
acteurs publics de rang ré gional, qu’il s’agisse
des préfectures de région, des ser vices de l’État
ou des conseils régionaux mais aussi des conseils
dépar tementaux, des établissements publics de
coopération intercommunale, des comités régionaux
ou départementaux du tourisme, des métropoles,
des agences d’urbanisme, etc. En 2016, parmi les
743 études régionales, 269 ont été réalisées dans
le cadre d’un partenariat avec des acteurs publics
régionaux.
La réforme territoriale a notamment généré des de-
mandes d’études descriptives auprès de l’Insee, telles
que des portraits de départements, des panoramas
détaillés des forces et faiblesses de la région et de
ses territoires. Ces études font systématiquement
l’objet d’une publication. Parmi celles de 2016 : deux
atlas régionaux « Hauts-de-France : La population
des territoires de la région Hauts-de-France au
1er
 janvier 2014 » et « Auvergne-Rhône-Alpes : Nouvel
espace régional et dynamiques métropolitaines »
mais aussi des dossiers comme celui de Nouvelle
Aquitaine sur la métropolisation intitulé « Dynamiques
territoriales, métropolisation et réseaux en Aquitaine-
Limousin-Poitou-Charentes » et celui du Grand Est
sur les dynamiques régionales et transfrontalières
« Les dynamiques socio-économiques du Grand Est
dans son environnement régional et transfrontalier ».
Fort de ses implantations régionales, l’Insee développe une connaissance fine des différents territoires
français. Les directions régionales de l’institut réalisent de nombreuses études, très souvent en partenariat
avec les acteurs publics locaux. L’Insee propose aussi régulièrement des études avec une double perspective,
nationale et régionale. Parmi celles marquantes en 2016 : les habitants des quartiers prioritaires de la politique
de la ville. Autre événement de l’année : un double anniversaire à La Réunion avec les 70 ans du département
et 50 ans de l’Insee à La Réunion.
23
Une expertise partagée…
jusqu’à Athènes
Pour mener leurs travaux, les chargés d’études et
chefs de projets des directions régionales recourent
à l’expertise des cinq pôles de services de l’action
régionale spécialisés chacun dans un domaine :
l’analyse territoriale, l’analyse urbaine, les études
économiques régionales, l’emploi et la population,
et enfin les synthèses locales.
La mutualisation de compétences, d’outils et de mé-
thodes est précieuse pour garantir la pertinence des
comparaisons entre régions ou dépassant les territoires
pour aller jusqu’à l’échelle nationale.
Chaque année, l’Insee et ses directions régionales
produisent une dizaine d’études en « opération coor-
donnée » c’est-à-dire en associant des publications
régionales à une publication nationale. En 2016, ce sont
11 études qui ont bénéficié de cette double approche.
Parmi elles, « Les habitants des quartiers de la poli-
tique de la ville. La pauvreté côtoie d’autres fragilités »
proposée en mai 2016 par le pôle Analyse urbaine
a été déclinée à l’échelle de 12 régions : Alsace-
Champagne-Ardenne-Lorraine, Nouvelle-Aquitaine,
Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté,
Bretagne, Corse, Île-de-France, Occitanie, Hauts-de-
France, PACA et, Pays de la Loire.
Ces résultats ont été présentés par l’Insee lors d’un
séminaire sur la pauvreté urbaine organisé par la Com-
mission européenne à Athènes en septembre 2016.
Filosofi (ou Fichier localisé social et fiscal), la source
de données exploitée par l’Insee pour ce type d’étude,
a aussi été remarquée par les partenaires européens
et l’OCDE lors d’une conférence d’Eurostat dédiée aux
statistiques urbaines et régionales, organisée en juin
2016 à Lisbonne.
« Les statistiques
au service de l’avenir :
l’exemple
de La Réunion »
Témoig n ag e d e Va l é r i e Rou x ,
Directrice régionale de l’Insee
La Réunion - Mayotte
« Notre année 2016 a été marquée par un double
anniversaire : les 50 ans de notre Direction régionale
et les 70 ans du département de La Réunion. Ces deux
temps forts ont été l’occasion de mettre en lumière notre
expertise chiffrée, nos données et études clés produites
au service de tous les publics intéressés à connaître la
situation économique et sociale à La Réunion.
Ce fut notamment l’axe fort de notre campagne de
communication pour nos 50 ans : montrer l’évolution de
cette situation depuis notre implantation via 6 vignettes
vidéo qui proposent différents focus sur la mutation de
l’économie de l’île, l’évolution de sa population et des
conditions de vie.
Aux côtés de l’AFD (Agence française de développement),
du Ceser (Conseil économique, social et environnemental
régional), de l’Université de La Réunion, de l’Iedom (Institut
d’émission des départements d’outre-mer) et du Conseil
départemental, nous nous sommes fortement impliqués
dans l’organisation d’un colloque dédié aux 70 ans de la
départementalisation. Proposé les 5 et 6 octobre au sein
de l’hémicycle du Conseil départemental, ce rendez-vous
a rassemblé près de 200 personnes, acteurs et décideurs
politiques et économiques, représentants de la société
civile. Intitulé « Quels enseignements pour l’avenir ? »,
ce colloque fut l’occasion de dresser et partager un
diagnostic sur les forces à mobiliser pour concourir au
développement futur de La Réunion. Une unanimité s’est
faite autour d’un constat : le modèle actuel de croissance
et développement semble avoir atteint ses limites. Un
nouveau modèle économique doit être consolidé, l’Insee
entend apporter sa pierre, statistiques à l’appui ! »
Rapport d’activité Insee 201624
Gérer des grands répertoires
La gestion de Sirene, du répertoire national d’iden-
tification des personnes physiques et du fichier
général des électeurs a été conf iée par la loi à
l’Insee, bien que leur usage ne soit pas uniquement
statistique. En ef fet, l’Insee a l’expérience de la
manipulation de fichiers volumineux et sait garantir
leur sécurité et leur confidentialité. Il exerce ici
une mission régalienne de gestion de réper toires
d’entreprises, d’établissements et de personnes.
Maintenir et enrichir la base de données
de références des entreprises
et des établissements
Dans Sirene figurent toutes les entreprises ( per-
sonnes morales et entreprises individuelles ), et
tous les établissements présents sur le territoire.
Chaque entreprise est repérée par un « numéro
Siren » et chaque établissement par un « numéro
Siret » qui débute par le Siren de l’entreprise auquel
i l e s t r a t t a c h é. S i re n e c o u v re d e p u i s 19 8 3 l e s
administrations et depuis 1995 le secteur agricole.
En 2016, 9 millions d’entreprises et 10 millions
d’établissements actifs sont réper toriés.
L’Insee met à jour Sirene à par tir de déclarations
remplies par les entreprises lors de leur création
pu is l o r s d e s au tre s évé n e m e nts l e s af fe c ta nt,
tels qu’un changement d’adresse ou d’activité ou
une cessation.
Ces informations sont saisies par les Centres de
for malité s de s e ntre pr ise s qui e nre gistre nt ce s
déclarations avant de les transmettre à l’Insee.
La quasi-totalité des créations d’entreprises, que
l’Insee reçoit essentiellement par voie dématéria-
lisée, sont traitées en moins de 24 heures.
Chaque jour, 15 000 modifications sont prises en
compte, dont 20 % sont des créations d’entreprises.
Parmi les informations relatives à chaque entité,
Sirene enregistre la domiciliation. Aussi, les mises à
jour conséquentes menées en 2016 intègrent notam-
ment la prise en compte de plus de 300 nouvelles
communes issues de la fusion de 1 200 d’entre elles.
En 2016, la base a aussi évolué avec des catégories
d’informations nouvelles. Désormais, les entreprises et
établissements œuvrant dans le domaine de l’économie
sociale et solidaire sont davantage identifiables grâce à
l’ajout d’un champ dédié. De plus, Sirene intègre, pour
chaque association enregistrée en qualité d’établisse-
ment, le numéro qui lui est attribué dans le Répertoire
national des associations (RNA) géré par le ministère
de l’Intérieur. D’une part, cela améliore le système
d’information administratif sur ces entités et, d’autre
part, cela facilite les démarches des associations qui
peuvent grâce à leur numéro Siren demander des
subventions à l’État ou aux collectivités territoriales,
ou encore embaucher des salariés.
Deux bases de référence
du citoyen français
Le Répertoire national d’identification des personnes
physiques ( RNIPP) comprend l’ensemble des per-
sonnes nées en France ainsi que les personnes nées
à l’étranger qui ont besoin d’être immatriculées auprès
de la sphère sociale, c’est-à-dire de disposer d’un
NIR, numéro d’inscription au répertoire, plus connu
sous le nom de numéro de sécurité sociale (ou numéro
Insee). Il comporte, pour chaque personne présente,
son NIR et des renseignements d’état civil : le nom,
les prénoms, la date et le lieu de naissance ainsi que,
le cas échéant, la date et le lieu de décès.
L’Insee le met à jour principalement à partir des bul-
letins de naissance, de décès et de tout autre acte
modifiant l’état civil des personnes. Ces bulletins
sont envoyés par les mairies, à 91 % par voie déma-
térialisée. Le RNIPP est largement utilisé pour vérifier
L’Insee est chargé par la loi de tenir à jour des répertoires : Système informatisé du répertoire des entreprises et
des établissements (Sirene) ; utilisé pour l’identification des entreprises ; le Répertoire national d’identification
des personnes physiques et le Fichier général des électeurs. Parmi les actions phare de 2016 : l’enrichissement
de Sirene et le lancement du projet de constitution du répertoire électoral unique.
25
l’exactitude des données d’état civil présentes dans
différents fichiers. Ainsi, de nombreuses administra-
tions, notamment l’administration fiscale, ont besoin
d’identifier sans ambiguïté les personnes auxquelles
elles ont affaire ; au sein de l’Insee, l’identification
très précise des personnes est nécessaire dans
plusieurs opérations statistiques. Tous ces usages
sont contrôlés par la Cnil, Commission nationale
informatique et libertés.
Le Fichier général des électeurs indique, pour chaque
personne inscrite ou ayant été inscrite sur une liste
électorale, son état civil, sa commune d’inscription
actuelle et ses situations électorales passées, et le
cas échéant fait mention d’une incapacité électorale.
L’Insee gère ce fichier pour contrôler l’unicité d’ins-
cription sur une liste électorale, ou s’assurer, qu’une
personne privée du droit de vote ne puisse voter.
C’est à partir de ce fichier que sont proposées aux
communes des mises à jour de leur liste électorale.
Le répertoire électoral unique : une responsabilité accrue de l’Insee
pour la qualité des listes électorales
La loi du 1er
août 2016 rénovant les modalités d’inscription sur les listes électorales institue un fichier
électoral unique, dont elle confie la gestion à l’Insee, et remplace la révision annuelle des listes électorales
par leur mise à jour en continu. L’enjeu est notamment de permettre aux citoyens de pouvoir s’inscrire
au plus proche d’un scrutin. La fin d’une année ne sera plus synonyme de clôture des inscriptions.
Ce nouveau dispositif modifie profondément le rôle de l’Insee dans la tenue des listes électorales.
Aujourd’hui, si l’Insee est la « plaque tournante » de l’information permettant la mise à jour des listes,
chaque commune est responsable de sa liste. Dans le futur dispositif, l’Insee sera responsable de la
qualité des listes dans leur ensemble.
En concertation avec toutes les parties prenantes dans cette évolution (communes, ministères des
affaires étrangères, de l’outre-mer, de la défense et de la Justice, portail service-public), au sein d’un
projet plus vaste piloté par le ministère de l’Intérieur et qui couvre d’autres aspects de la modernisation
du processus électoral, l’Insee est en charge de construire le répertoire électoral et l’outil permettant
une alimentation du répertoire en continu dans des conditions à la fois robustes et conviviales.
Dès l’automne 2016, l’Insee a lancé le projet Élire pour « Élaboration des listes à partir du répertoire
électoral ». Objectif double : construire le système de gestion du futur dispositif et initialiser le réper-
toire à partir des listes communales et consulaires et de l’actuel fichier général des électeurs dont
l’institut est responsable.
Pour reprendre les termes de Magali Demotes-Mainard, directrice du projet : « À travers Élire, l’Insee
apporte sa pierre à l’amélioration du fonctionnement de notre démocratie ».
Le déploiement du nouveau dispositif d’établissement des listes électorales est prévu pour 2019.
Rapport d’activité Insee 201626
Diffuser ses statistiques et ses études
La statistique est un bien public, au service de tous.
Précurseur parmi les instituts nationaux de statistique,
l’Insee a pris la décision de mettre en accès gratuit sur
son site internet toutes les données qu’il produit dès
2003, ainsi que ses publications. Véritable mine d’or
pour de multiples catégories d’utilisateurs, économistes,
chercheurs, journalistes, citoyen curieux, le site insee.fr
est l’instrument de diffusion privilégié de l’institut
avec plus de 30 millions de visite par an. Il propose
des données de nature diverse : chiffres clés, séries
chronologiques, résultats détaillés, données locales…
ainsi que les études de l’Insee. Pour optimiser l’accès
à tous ces produits, l’institut a effectué un profond
travail de refonte de son site internet. Une nouvelle
version est ainsi en ligne depuis le 21 novembre 2016.
(cf. infra témoignage de Lucile Olier, cheffe du dépar-
tement de l’Offre éditoriale).
Depuis 2016, le site insee.fr permet aussi de consulter
le calendrier des publications de l’ensemble des ser-
vices statistiques ministériels. Il offre ainsi une vitrine
complète de la production du service statistique public.
Pour répondre à ses utilisateurs, l’Insee assure une
assistance en continu par téléphone ou par courriel
auprès de tous ceux qui ne trouvent pas une information
ou qui ont besoin d’explications complémentaires. Et
pour les utilisateurs qui voudraient des tableaux sup-
plémentaires à ceux disponibles sur son site, l’Insee
propose de réaliser des « produits sur mesure » répondant
à leurs besoins spécifiques. En 2016, 455 demandes
ont été servies.
Préparer la mise à disposition libre
et gratuite de Sirene
Outre la production et la diffusion de statistiques et
d’études, l’Insee gère aussi des fichiers et répertoires
à finalité administrative, dont le répertoire national des
entreprises et de leurs établissements, dit répertoire
Sirene (cf. rubrique « Gérer des grands répertoires »).
Les perspectives ouvertes par la loi pour une Répu-
blique numérique ont mobilisé l’institut tout au long
de l’année 2016, notamment pour aller encore plus
loin dans la diffusion de données avec l’accès libre
et gratuit à la base Sirene programmé pour janvier
2017. En quelques mois, les équipes dédiées ont
réalisé tous les développements nécessaires pour
faire évoluer notre offre : possibilité de constituer des
fichiers gratuits contenant jusqu’à 100 000 établis-
sements depuis le site sirene.fr, mise à disposition
de la base dans le cadre du ser vice public de la
donnée confié à la mission Etalab, accompagne-
ment du réseau des grands clients de la base Sirene
sur les incidences juridiques et techniques liées à
l’ouverture de la base.
Outre ce travail conséquent, l’Insee a organisé avec
Etalab le hackathon #OpenSirene le 15 novembre à
Paris, dans le cadre de la semaine de l’innovation
publique. Les 80 participants ont pu exploiter des
jeux de données que l’Insee met à la disposition de
tous depuis janvier 2017.
Aller au-devant du grand public
et des jeunes générations en particulier
Permettre au grand public et notamment aux jeunes
générations de comprendre les statistiques mais
aussi de connaître les chiffres clés de l’économie
et de la société françaises, est une ambition de
l’Insee. De ce fait, l’institut s’investit chaque année
dans deux manifestations qui donnent à voir et
comprendre l’économie à un public non spécialiste,
essentiellement composé de lycéens et d’étudiants :
L’Insee a fait le choix de diffuser le plus largement possible ses statistiques et ses études. Dès 2003, l’institut
a pris le parti de l’Open Data en proposant des millions de données et toutes ses publications gratuitement sur
son site internet. Pour un accès simplifié à ces productions, une nouvelle version du site insee.fr est en ligne
depuis novembre 2016. Autres actions phare de l’année : la visibilité donnée à l’ensemble des productions de
la statistique publique et la préparation de la diffusion libre et gratuite de la base Sirene.
27
le Printemps de l’Économie organisé à Paris et les
Journées de l’Économie de Lyon.
Lors du Printemps de l’Économie 2016, mi-avril, l’Insee
a proposé une table-ronde « La qualité de vie dans
les territoires, comment la mesurer ? Quel enjeu ? ».
Sylvie Marchand, cheffe du département de l’Action
régionale, a souligné l’apport de l’Insee : fournir des
indicateurs objectifs qui considèrent les différentes
dimensions de la qualité de vie, santé, éducation, loge-
ment, emploi, revenus, relations sociales… Plutôt qu’un
palmarès des régions où il fait mieux vivre, l’institut
donne à chacun les moyens d’évaluer la qualité de vie
en fonction de ses propres critères. Lors des Journées
de l’Économie de Lyon, l’Insee a aussi mis l’accent
sur la pédagogie lors de ses interventions. Parmi les
sujets abordés : comment mesurer la pauvreté ? que
revêtent des notions clés comme le pouvoir d’achat ?
que mesure le PIB ?
Parmi les nouveaux produits de communication grand
public diffusés en 2016, la vidéo « Un jour comme
les autres » donne à voir de nombreux chiffres sur la
population française collectés par l’Insee.
« Répondre à des
besoins aussi variés
est un véritable défi ! »
Témoignage de Lucile Olier,
cheffe du département
de l’Offre éditoriale
« Chaque jour, plus de 85 000 personnes consultent
le site internet de l’Insee et leur profil est très
v a r ié  : é t u d i a nt s , e n s e ig n a nt s , c h e rc h e u r s ,
con su lta nt s , ca bi net s d’ét u de s , j ou r n al iste s ,
décideurs du public et du privé, etc. Ils viennent y
chercher aussi bien la dernière valeur d’un indice
pour revaloriser un contrat qu’y télécharger une
base de données, y consulter les informations
disponibles sur leur commune ou lire une étude
récente de l’institut. Répondre à des besoins aussi
variés est un véritable défi ! Dans les enquêtes
de satisfaction, nos internautes se plaignaient de
ne pas trouver facilement ce qu’ils cherchaient. Il
est vrai que nous diffusons plus de 16 000 produits
statistiques.
Pou r clarifier l’architectu re de l’information
de notre site et faciliter les recherches, nous
avon s mené de nombreu x te st s qualitatifs et
q u a nt it at i f s p ou r c omp re n d re c om me nt c e s
différentes catégories d’utilisateurs appréhendent
et classent les produits statistiques de l’Insee
et déte rmi ne r le s cas de re c he rc he le s plu s
fréquents. Ceci a permis de définir les critères
de recherche pertinents et leurs modalités. Des
tests des versions bêta du futur site ont été réalisés
tous les trois mois auprès des utilisateurs tout
au long des développements.
Le site propose ainsi de nouvelles fonctionnalités.
Désormais, toutes les données et publications
sont ras sem blé e s d a n s u ne u n iq ue r u briq ue
« Statistiques ». Chacun peut y sélectionner les
pro duit s qui l’intére s sent via u ne recherche
multicritère, avec choix par thèmes, niveaux
géographiques, types de produits ou collections.
Autre atout : un moteur de recherche à facettes
plus performant qui optimise les résultats des
recherches en permettant de trier les résultats
selon les critères voulus . E nfin , chacu n peut
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Rapport d'activité Insee 2016

  • 2.
  • 3. 2 Éditorial 4 Grand témoin : Sir Charles Bean, professeur d’économie à la London School of Economics 8 Les faits marquants de l’année 2016 12 Établir des diagnostics conjoncturels 14 Étudier le fonctionnement de l’économie française et les déterminants de ses grandes tendances 16 Connaître le système productif 18 Observer l’évolution de la société 20 Piloter le recensement de la population et exploiter les résultats 22 Décrire et analyser les régions et territoires 24 Gérer des grands répertoires 26 Diffuser ses statistiques et ses études 28 Perfectionner ses méthodes et innover 30 Contribuer activement avec l’ensemble de la statistique publique à la statistique européenne et internationale 32 Le métier d’intégrateur informatique 33 L’Insee en faits et en chiffres Chiffres clés Organigramme L’Insee en régions Effectifs par région et par catégorie Les femmes et les hommes de l’Insee Formation des agents et budget Enquêtes menées en 2016 Sommaire
  • 4. Rapport d’activité Insee 20162 Éditorial L ’année 2016 était celle du 70e anniversaire de l’Insee. L’institut a mis à l’honneur son his- toire étroitement liée à la construction de la statistique publique française, et plus largement, à l’histoire économique et sociale de la France depuis l’après-guerre. Il a également dessiné son avenir pour continuer d’éclairer le débat économique et social comme il le fait depuis 70 ans. Ainsi, 2016 est aussi l’année de la finalisation d’« Horizon 2025, une stratégie ambitieuse pour l’Insee ». Fruit d’une réflexion stratégique qui s’inscrit dans une tradition bien établie de l’Insee, ce programme définit quatre grandes orientations. L a p re m i è re, « Fa ire pa r l e r l e s c h i f f re s et a ll e r au-devant de tous les publics », s’appuie sur une particularité de l’Insee dans le concert des instituts nationaux statistiques. Ses statisticiens-économistes développent en effet une expertise économique et sociale qui leur permet de faire parler les chiffres en délivrant de s statistique s systématiquement accompagnées de commentaires ou en produisant des études ad hoc. Il s’agit aussi de faciliter l’accès à l’information pour tous les publics, depuis les experts jusqu’au grand public, en cherchant notamment à développer une gamme de produits pédagogiques. L a deuxième, « Innover et être en première ligne s u r l e s s o u r c e s d e d o n n é e s   », r e n v o i e à u n e dimension par fois sous-estimée. Si la recherche de comparabilité dans le temps des statistiques conduit à une ce r taine stabilité de s méthode s, elle n’interdit pas d’innover, bien au contraire ! Savoir tirer par ti des progrès technologiques et notamment des données massives, exploiter les données administratives et demain tirer par ti des données détenues par des entreprises privées, réduire la charge de réponse sur les personnes et les entreprises enquêtées sont autant de défis, sources d’innovation permanente. La troisième, « Contribuer activement avec l’ensemble de la statistique publique à la statistique européenne », souligne la prégnance du contexte européen. Parce que les faits économiques et sociaux et la perfor- mance des politiques publiques s’analysent aussi à l’aune des comparaisons avec les pays voisins, l’Insee veille à inscrire ses analyses dans le contexte international et à produire, avec ses partenaires, des données de qualité comparables d’un pays à l’autre. Cela passe notamment par le partage de bonnes pratiques et la mise en avant de nos méthodes. Enfin, avec la quatrième orientation, « Faire preuve d’agilité collective et de sobriété », l’Insee s’engage à faire évoluer son cadre organisationnel et ses méthodes. Il s’agit notamment de répondre à l’enjeu que représente la préservation de ses savoir-faire alors que de nombreux dépar ts à la retraite sont prévus, mais aussi de pouvoir continuer à répondre aux besoins des utilisateurs dans un contexte de ressources contraintes. Ces quatre orientations réaffirment les missions et les valeurs de l’institut tout en précisant son ambition. En effet, l’Insee et ses agents inscrivent d’ores et déjà leurs actions dans la dynamique « Horizon 2025 », comme en atteste ce rapport d’activité pour l’année 2016.
  • 5. 3 Répondant aux attentes des décideurs politiques et é c o n o m i q u e s, l’I n s e e a s u ava n c e r d e d e u x semaines la mise à disposition de trois indicateurs essentiels pour les conjoncturistes : le PIB, l’indice des prix à la consommation et le taux de chômage. Après une première expérimentation en 2015, il a reconduit la publication d’indicateurs avancés sur la pauvreté et les inégalités, pour répondre à la for te demande sociale en la matière. Dans ce même domaine, les premiers indicateurs mesurant les revenus disponibles et la pauvreté des habitants des quar tiers prioritaires de la politique de la ville ont été diffusés à l’occasion de la publication d’un e n s e m b l e d’é t u d e s n a t i o n a l e s e t régionales ; là aussi, l’Insee a cher- ché à mobiliser des projets innovants pour répondre aux besoins nouveaux en matière d’analyses territoriales f i n e s a s s o c i é s à l a réfo r m e d e l a politique de la ville. E n m a t i è r e d’i n n ov a t i o n e t d’u t i - l i s a t i o n d e s o u r c e s d e d o n n é e s , notamment administratives, l’Insee prépare l’exploitation des déclarations sociales nominatives (DSN). Objectif : améliorer le système d’information sur l’emploi et les revenus d’activité, et plus lar- gement la connaissance du marché du travail et l’étude de ses mutations. Le s donn é e s m a s si ve s ou B ig D ata font l’objet d e p r o j e t s e t d ’e x p é r i m e n t a t i o n s a c c r u e s a u x plans européen comme national. La loi pour une R é p u b l i q u e n u m é r i q u e, d éf i n i ti ve m e nt ad o pté e en octobre, définit les données détenues par des entreprises comme troisième donnée de base de la statistique publique, aux côtés des enquêtes e t d e s f i c h i e r s a d m i n i s t r a t i f s . C e t te é v o l u t i o n majeure permet notamment à l’Insee de confor ter son projet d’élaborer une par tie de l’indice des prix grâce aux données de caisse des réseaux de grande distribution. D’autres dispositions de cette loi sont déjà ef fec- tives, comme l’ouver ture à tous des données du réper toire Sirene depuis janvier 2017. L’Insee s’y est préparé en 2016 et permet ainsi au plus grand nombre d’accéder à cette base de référence des entreprises et établissements français. L’ouverture va jusqu’aux modèles eux-mêmes : l’Insee et la Dre e s1 ont mis à disposition le code source de leur modèle Ines, qui fait parler les chif fres issus des politiques sociales et fiscales. Ce faisant, ils favorisent la circulation des données et des savoirs. Autre actualité législative : la loi rénovant les moda- lités d’inscription sur les listes électorales a confié à l’Insee la tenue du nouveau réper toire électoral unique. L’institut y travaille avec les nombreuses par ties prenantes pour répondre aux exigences du futur code électoral. Au niveau européen comme inter- national, l’Insee, en collaboration étroite avec les services statistiques des ministères continue d’œuvrer à l’amélioration de la qualité des sta- tistiques publiques en s’impliquant d a n s d e n o u ve a u x p ro j ets. Pa r m i ceux débutés en 2016 : un jumelage avec Statistiques Tunisie, un projet européen d’expérimentations pour exploiter le potentiel des données massives, etc. Enfin, pour permettre à tous les utilisateurs de la statistique publique d’accéder plus facilement à l’ensemble de ses productions mais aussi pour donner à voir la statistique publique à un plus grand nombre, l’Insee a mis en ligne un nouveau site web qui fera l’objet d’enrichissements tout au long de l’année 2017. Cette mise à disposition des statistiques et des études qui éclairent le débat public prend toujours plus d’importance, particulièrement dans une année 2017 riche de rendez-vous électoraux stratégiques pour notre pays. Cela ne serait pas possible sans la mobilisation de tous les agents de l’Insee et je tiens à les en remercier. Jean-Luc Tavernier Directeur général 1. Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère des Affaires sociales et de la Santé « L’INSEE ET SES AGENTS INSCRIVENT D’ORES ET DÉJÀ LEURS ACTIONS DANS LA DYNAMIQUE “HORIZON 2025” »
  • 6. Rapport d’activité Insee 20164 de la moitié des secteurs dans la nomenclature des activités SIC (Standard Industrial Classification). En outre, plusieurs services sont réalisés sur mesure en fonction des besoins de l’acheteur, ce qui rend plus difficile de les identifier à un type de service repré- sentatif auquel les statisticiens peuvent attribuer un prix adéquat (nécessaire pour estimer les évolutions en volume). Et dans le secteur public, la fourniture de services comme la santé ou l’éducation est souvent gratuite pour ceux qui en bénéficient, de sorte qu’aucun prix ne leur est attaché. Cependant, mesurer l’économie est devenu encore plus compliqué ces dernières années en partie à cause de la révolution numérique. Premièrement, les améliorations de la qualité et l’innovation dans les produits ont été particulièrement rapides dans le domaine des techno- logies de l’information. De surcroît, certains produits peuvent être à l’origine d’un nombre considérable de services. Par exemple, les smartphones sont aussi des mini-ordinateurs, des appareils photo, ils servent à écouter de la musique, font office d’écran de télé- vision ou de cinéma, de console de jeu, permettent une navigation géolocalisée et bien davantage, si l’on prend en compte le nombre gigantesque d’applications. Mesurer le changement de qualité d’une génération de téléphones à l’autre constitue un défi très grand. Et comment prendre en compte les produits totalement nouveaux ? Le cadre actuel des comptes nationaux n’est pas bien adapté pour en apprécier l’impact. Deuxièmement, la révolution numérique a aussi ap- porté des façons complètement nouvelles d’échanger et de fournir des services. Trois caractéristiques des produits numériques – i.e. produits qui sont stockés, « Garantir que les statistiques reflètent une économie qui change est l’un des défis les plus difficiles que les instituts nationaux de statistiques doivent relever » S ir Charles Bean est professeur d’économie à la London School of Economics et ancien Gouverneur adjoint pour la politique monétaire de la Banque d’Angleterre. Il a été responsable de la mission d’évaluation indépendante des statistiques économiques du Royaume-Uni lancée en 2015 dans le cadre du plan de productivité du gouvernement britannique. Rendu public en mars 2016, le rapport final « Independent review of UK economic statistics final report » est riche d’enseignements sur les défis que doivent relever les instituts nationaux de statistiques. La difficulté croissante de mesurer la production et la productivité avec précision dans l’économie d’aujourd’hui est le point de départ de votre étude. Pourquoi est-ce si difficile ? Le cadre de la comptabilité nationale a été développé, autour de la deuxième guerre mondiale, afin de mesurer la production, les dépenses et les revenus dans des économies qui étaient encore essentiellement de nature industrielle. Les biens étaient relativement homogènes et produits selon des schémas conventionnels. Si mesu- rer la quantité de « choses » produites dans une telle économie était certainement difficile, les changements intervenus dans l’économie au cours des 70 dernières années ont rendu ce défi encore plus grand. Certains défis ont été identifiés depuis longtemps. Tout d’abord, nos économies sont de plus en plus tournées vers les services – au Royaume-Uni par exemple, plus des trois quarts du PIB est issu du secteur des services, alors que l’industrie manufacturière compte pour plus Grand témoin
  • 7. 5 délivrés ou utilisés dans des formats électroniques – rendent difficile l’appréciation de leur valeur économique : • les produits numériques sont typiquement « non rivaux », leur consommation par un agent n’empêche pas leur consommation par d’autres agents. En fait, la valeur de beaucoup de produits numériques augmente avec le nombre d’utilisateurs (par un « effet réseau ») ; • les produits numériques peuvent être reproduits à un coût négligeable et sont le plus souvent indiscernables de l’original ; • les produits numériques ne pèsent rien et n’ont pas de dimension. Ils peuvent être stockés facilement et librement sur un ordinateur et envoyés à de grandes distances via un réseau. Un produit numérique peut être coûteux à créer à l’ori- gine. Mais ces caractéristiques font que, s’il peut être aisément imité, sans barrière à l’entrée, son prix pourra diminuer jusqu’à devenir nul. De plus, même lorsque le fournisseur d’origine peut interdire l’entrée, il peut aussi être incité à mettre un prix très bas afin d’attirer un grand nombre d’utilisateurs, en particulier quand joue l’effet réseau. Le résultat est que, pour certains des produits numériques les plus impor- tants, il n’y a pas de prix observable en dehors du coût fixe de l’accès au réseau Internet. Ainsi, il devient ardu d’identifier la valeur qu’en retirent les usagers et de l’intégrer dans la mesure du PIB ou de la productivité. Les entreprises peuvent générer des revenus de leurs produits numériques en ligne essentiellement de trois manières : en prélevant des frais d’accès classiques ; en vendant à des tiers de l’information sur leurs acheteurs ; ou en vendant des espaces publicitaires. Dans le premier cas, le consommateur paie pour le produit avec de l’argent ; dans le deuxième, le client offre (ou fournit à son insu) ses informations personnelles ; dans le troisième, le client paie avec son temps, sous la forme de l’attention qu’il porte aux publicités. Le premier cas est, en principe, propre à être mesuré par des techniques conventionnelles. En revanche, c’est moins évident pour les deux autres. Par exemple, les dépenses de publicité sont considérées comme une consommation intermé- diaire dans les comptes nationaux. En conséquence, la valeur des produits numériques financés par la vente d’espace publicitaire sera comptabilisée dans le PIB total seulement dans la mesure où elle se traduit aussi par une consommation accrue des biens et services faisant l’objet de la publicité. Troisièmement, les avancées dans les technologies numériques ont réduit considérablement les coûts de transaction liés à la mise à disposition ou à l’utilisation d’un actif ou d’un service par des individus ou des organisations. N’importe quelle activité, en intégrant ses bases de données et ses applications dans une interface Internet, peut maintenant atteindre aisément ses clients, employés, fournisseurs et partenaires à toute heure du jour ou de la nuit, et ce où qu’ils soient. De ce fait, les sociétés peuvent investir dans le cœur de leurs activités transactionnelles, de façon bien plus efficiente. En particulier, les plateformes électroniques d’assistance à la clientèle offrent aux utilisateurs finaux un accès à de l’information et à des supports 24h/24, 7 jours/7, sans qu’il soit besoin de dialoguer avec un responsable commercial. Ces plateformes ont effecti- vement réduit très fortement les coûts (marginaux) de nombre d’activités très intensives en information et ont éliminé (ou réduit) le besoin d’un intermédiaire dédié. Prenons par exemple l’industrie du tourisme. Auparavant, un client qui souhaitait réserver un voyage ou des vacances se rendait chez un agent de voyage (ou lui téléphonait). Désormais, les clients peuvent faire des recherches en ligne pour trouver ce qu’ils désirent et ensuite réserver directement auprès des hôtels ou des compagnies aériennes, ou par le biais de portails en ligne comme Expedia, en bénéficiant d’une réduc- tion substantielle sur les commis- sions. Il n’est donc pas surprenant que le nombre d’agents de voyage indépendants ait chuté au cours des dernières années. En résumé, une activité qui était auparavant prise en charge par le marché – acquérir des informations sur les possibilités de voyage – est désormais sous-traitée au consommateur. Dit autrement, une fonction effectuée jusque-là par le marché a fait l’objet d’une désintermédiation sous la forme d’une production domestique, qui sort du périmètre de la comptabilité nationale conventionnelle. Quatrièmement, la disponibilité croissante de données pertinentes pour beaucoup d’utilisateurs et la capacité à les traiter avec Internet à des coûts négligeables a ouvert des marchés en ligne et des réseaux sociaux qui facilitent l’achat, la location et le partage des actifs (« l’économie du partage »). Par exemple, Airbnb permet aux individus de louer des chambres ou des biens pour de courtes durées, pendant que les dispositifs munici- paux de location-partage de vélos et ZipCar permettent aux individus de louer des transports à la demande sans avoir à faire face aux charges liées la propriété. Une caractéristique majeure ici est le basculement de la pro- priété vers la location à la demande. Certes, le partage de biens non occupés n’est pas nouveau – on pouvait « UNE FONCTION EFFECTUÉE JUSQUE-LÀ PAR LE MARCHÉ A FAIT L’OBJET D’UNE DÉSINTERMÉDIATION SOUS LA FORME D’UNE PRODUCTION DOMESTIQUE, QUI SORT DU PÉRIMÈTRE DE LA COMPTABILITÉ NATIONALE CONVENTIONNELLE. »
  • 8. Rapport d’activité Insee 20166 déjà le faire pour échanger son habitation pendant les vacances – mais l’économie du partage dans sa nou- velle dimension digitale est sans précédent en matière d’échelle et de champ. Alors que le cadre actuel de la comptabilité nationale peut sembler capable d’intégrer cela au travers des paiements échangés entre le locataire et le propriétaire du bien, en pratique il est probable que beaucoup de transactions vont lui échapper par le net. Ce ne sont pas seulement les actifs, mais aussi les compétences qui peuvent être partagés (la gig eco- nomy, économie des petits boulots). Grâce à l’économie numérique, il est beaucoup plus facile pour les gens de diversifier leurs sources de revenu. Ainsi, Uber permet aux propriétaires de voiture de devenir chauffeurs de taxi pendant une partie de leur temps, tandis que Fiverr et Taskrabbit créent des marchés pour les petits boulots ou les services. Cette fois encore, alors qu’en principe ces activités devraient être incorporées dans le cadre des comptes nationaux, en pratique beaucoup de ces transactions pourraient ne pas être retracées dans les déclarations d’impôts ou les enquêtes sur les revenus. Votre étude met en exergue le besoin d’améliorer constamment les méthodologies statistiques établies à l’échelle internationale. Comment un institut national de statistique (INS) peut-il faire face à ce type de défi ? Garantir que les statistiques reflètent une économie qui change est l’un des défis les plus difficiles que les instituts nationaux de statistique doivent relever. Les comptes nationaux ont été mis en place dans une économie où la plupart des entreprises étaient engagées dans la production de biens raisonnablement homogènes, dans un seul pays. La réalité aujourd’hui est assez différente, avec beaucoup d’entreprises opérant par-dessus les frontières nationales et produisant une gamme hétéro- gène de produits et de services qui peuvent être conçus sur mesure selon les goûts de chaque consommateur. Mesurer cette nouvelle économie pose des défis parti- culiers aux conventions de mesure actuelles. On peut citer : la fourniture gratuite de services ou de contenus financés en les couplant à de la publicité ; le déplace- ment vers une production domestique, i.e. du côté des ménages, d’activités de recherche d’information aupa- ravant délivrées par des intermédiaires, tels les agents de voyage ; la croissance de « l’économie du partage » ; et l’importance croissante de l’investissement en capital immatériel basé sur la connaissance, relativement à l’investissement en capital physique. Quoique difficiles à prendre en compte, une analyse rapide dont j’ai fait état dans mon étude suggérait que de tels phénomènes pourraient potentiellement conduire à sous-estimer les données sur l’activité économique et qu’une investigation supplémentaire était de ce fait justifiée. De surcroît, ceci n’est pas un défi ponctuel. En parallèle de l’évolution de l’économie, évolue aussi le cadre de référence adapté pour les statistiques : il s’agit d’une cible sans cesse mouvante. En conséquence, les métho- dologies statistiques établies à l’échelle internationale seront toujours d’une certaine manière en décalage ou incomplètes car elles sont par nature en retard sur les changements de l’économie. Nous devrions accepter ceci comme la situation normale, mais aussi chercher une manière constructive de faire face à ce défi. À mon avis, une réponse progressive à ce défi requiert de l’INS non seulement d’être bien au clair dans la compréhension (et l’explication) des limites de ses statistiques, mais aussi de montrer la voie pour déve- lopper des mesures plus adaptées - après tout, les statisticiens publics devraient en savoir plus sur les data que n’importe qui d’autre ! En partenariat avec des experts et des institutions extérieurs compétents, les INS, individuellement et collectivement, devraient donc mettre en place un programme continu de recherche sur les conséquences en matière de mesure statistique qui découlent des tendances économiques émergentes, commencer par conduire des enquêtes ponctuelles pour estimer leur importance quantitative potentielle. De telles enquêtes peuvent nécessiter d’exploiter de nouvelles sources d’information qui ne seraient pas appropriées pour en tirer des séries statistiques régulières, comme des données massives privées. Néanmoins, le but est d’en savoir plus sur ces nouveaux développements et jauger leur étendue. Dans certains cas, ils s’avéreront quantitativement importants, dans d’autres non. Une fois que cela aura été déterminé, l’on pourra décider comment, le cas échéant, les nouveaux phénomènes devront être incorporés dans le cadre de la comptabilité nationale. Même lorsqu’ils seront significatifs, les défis liés à la mesure pourraient s’avérer tels qu’ils rendent leur prise en compte invalide. Mais le point important est que les producteurs et les utilisateurs de statistiques sachent peu ou prou quel impact ils peuvent avoir sur les mesures conventionnelles de l’activité économique. Parmi les recommandations que vous avez faites pour l’Office for national statistics, avez-vous identifié des orientations stratégiques que tous les INS devraient adopter ou partager ? J’identifie trois orientations stratégiques. En premier lieu, pour que les statistiques économiques restent per- tinentes pour les utilisateurs, tant du secteur public que du secteur privé, les INS doivent s’éloigner du modèle consistant à surtout mettre l’accent sur la production
  • 9. 7 de statistiques et se considérer davantage comme un fournisseur de service, venant en aide aux utilisateurs pour répondre à leurs questions sur l’économie. De surcroît, grâce à leur accès aux données brutes, les INS sont dans une position idéale pour comprendre et expliquer les limites de leurs statistiques et développer des indicateurs alternatifs lorsque nécessaire. Dans certains cas (mais évidemment pas tous - en conduisant mon étude, j’ai rencontré des exemples de très bonnes pratiques dans les INS), cela peut nécessiter une sorte de changement culturel. Les agents doivent se montrer proactifs, plutôt que réactifs, dans leurs échanges avec les utilisateurs et répondre rapidement aux besoins de ceux-ci. Ils doivent aussi faire preuve de curiosité sur ce qui préside à leurs statistiques, savoir se remettre en cause en identifiant les faiblesses et ouverts pour expliquer ces limites aux utilisateurs. Enfin, les agents doivent être encouragés à identifier les façons d’améliorer la production de leurs statistiques, les idées remontant de la base au sommet. En second lieu, les INS devraient chercher à tirer pleinement parti de l’explosion de l’information et des capacités de traitement permises par la révolution numérique. Cela signifie sans aucun doute exploiter pleine- ment ce qu’on appelle les « données administratives » (les informations détenues par le secteur public mais obtenues pour des motifs autres que la confection de statistiques). Je crois que toutes les données détenues par le secteur public devraient être présu- mées disponibles pour l’INS du pays dans le but de produire des statistiques économiques, hormis des exceptions très spécifiques, par exemple pour des raisons de sécurité nationale. Mais les INS devraient regarder au-delà de l’utilisation des données administratives, et étudier le champ des possibles ouvert là encore par des données massives détenues par le secteur privé, par exemple sur les paiements. Ils devraient aussi explorer le potentiel des nouvelles techniques afin de collecter et d’analyser les données massives, telles que l’extraction de données du web (web scraping), la fouille de textes (text-mining), et l’apprentissage automatique (machine learning). Bien que celles-ci ne puissent pas toujours convenir en tant que sources principales de données à la production régulière de statistiques économiques, elles peuvent être utiles pour vérifier des données, combler des trous temporaires (prévision immédiate ou nowcasting) et explorer la significativité des nouveaux phénomènes économiques avant d’entreprendre une mesure plus systématique. Bien entendu, agir ainsi suppose un inves- tissement initial à la fois dans le système informatique et dans la formation des agents pour qu’ils maîtrisent les techniques de la data science. Un plus grand usage de ces données offre la perspec- tive de statistiques économiques plus actuelles et plus précises, et d’une réduction des charges d’enquête sup- portées par les entreprises et les ménages. Déverrouiller ce coffre au trésor d’informations peut augmenter les échantillons statistiques jusqu’à des tailles proches d’un recensement, accroissant leur précision et permettant aux statistiques, par exemple les données régionales, d’être assez finement détaillées pour répondre aux besoins individuels. En troisième lieu, faire la lumière sur les énigmes diffi- ciles à expliquer nécessite souvent de creuser bien en dessous de la surface, dans la couche des données microéconomiques. Être un expert dans ce domaine est la clé pour comprendre les erreurs et les limites des données, et aussi pour identifier les nouvelles tendances. Une capacité accrue de la part des INS à examiner les données microéconomiques sous-jacentes permettrait de mieux étayer la production de statistiques économiques et aurait l’avantage supplémentaire de rendre les agents mieux capables de vérifier en pratique les chiffres avant qu’ils ne soient publiés. Réaliser cet objectif requiert proba- blement de la part des INS une plus grande expertise économique et analytique. Il requiert aussi du mana- gement qu’il ménage suffisamment de place à côté du processus journalier de production pour permettre de telles investigations exploratoires, ce qui pourrait ne pas être le cas aujourd’hui. Enfin, les technologies et les systèmes informatiques doivent être suffisamment flexibles et agiles pour permettre d’examiner de façon effective les données microéconomiques. Pouvoir accéder aux données microéconomiques et les examiner est également important pour certains utilisateurs. En accord avec l’objectif d’offrir un meilleur service aux utilisateurs, les INS devraient leur proposer des moyens concrets pour interroger les données micro, soit en leur fournissant un accès direct aux données anonymisées, soit en entreprenant ces recherches pour leur compte. Bien entendu, ce qui est réalisable sera déterminé par les ressources disponibles, et les dirigeants des INS seront nécessairement dans l’obligation de procéder à des compromis et des arbitrages pour ne pas dépasser leurs budgets. Néanmoins, je crois que la révolution numérique nous offre beaucoup de possibilités ainsi que de nombreux défis ! « LES MÉTHODOLOGIES STATISTIQUES ÉTABLIES À L’ÉCHELLE INTERNATIONALE SERONT TOUJOURS D’UNE CERTAINE MANIÈRE EN DÉCALAGE OU INCOMPLÈTES CAR ELLES SONT PAR NATURE EN RETARD SUR LES CHANGEMENTS DE L’ÉCONOMIE. »
  • 10. Rapport d’activité Insee 20168 Coopération internationale avec la Tunisie Le jumelage entre l’Insee et Statistiques Tunisie démarre. Ce projet de deux ans vise la modernisation de l’appareil statistique tunisien. Recensement de la population : internet, ça marche ! L’enquête annuelle de recensement de la population s’achève. 39 % des ménages soit 46 % des personnes recensées ont répondu par internet, confirmant le succès de ce mode de réponse. Mieux suivre les entreprises L’Insee met en place une nouvelle méthodologie pour le calcul des indices de chiffre d’affaires. Atout majeur : une meilleure prise en compte de la démographie des entreprises. Une nouvelle base pour l’inflation L’Insee change de base dans le calcul de l’indice des prix. La base 2015 constitue la 8e génération d’indices. La 1re génération date de 1914. Chaque changement de base s’accompagne d’améliorations méthodologiques et d’une couverture plus importante des prix mesurés. Les faits marquants de l’année 2016 JANVIER Des indicateurs plus rapides L’Insee avance le calendrier de publication de deux indicateurs conjoncturels essentiels : le PIB et l’indice des prix à la consommation. Ils seront désormais diffusés deux semaines plus tôt. J-15J FÉVRIER MARS
  • 11. 9 Objectifs : développement durable La commission statistique des Nations Unies adopte une première liste de 241 indicateurs de suivi des objectifs de développement durable. L'Insee participe au groupe d’experts qui l'a élaborée. CURRICULUM VITAE Le taux de chômage paraît deux semaines plus tôt L’Insee fait évoluer le calendrier de publication du taux de chômage. Désormais, il sera diffusé deux semaines plus tôt qu’auparavant. L’institut a 70 ans 27 avril 1946 – 27 avril 2016 : déjà 70 ans que l’Insee mesure l’économie et la société françaises. Comparaison de prix Paris, province, outre-mer L’Insee publie les résultats de son enquête 2015 de comparaison des prix entre l’agglomération parisienne et la province, et entre les cinq départements d’outre-mer et la France métropolitaine. Mieux suivre les associations L’Insee publie « Neuf associations sur dix fonctionnent sans salarié », première enquête de la statistique publique auprès des associations. Insee Première n° 1587 Une analyse des quartiers de la politique de la ville L’Insee livre de nouvelles données sur les revenus et les profils des habitants à l’échelle des quartiers et publie « Les habitants des quartiers de la politique de la ville - La pauvreté côtoie d’autres fragilités ». Insee Première n° 1593 AVRIL MAI
  • 12. Rapport d’activité Insee 201610 Le modèle Ines accessible à tous L’Insee et la Drees mettent à disposition leur modèle de micro-simulation Ines en « open source » pour favoriser la circulation des données et des savoirs, en matière de pauvreté et d’inégalités notamment. Un colloque pour les 70 ans Le 29 juin, à Paris, l’Insee co-organise avec l’IGPDE le colloque « Histoire aujourd’hui, statistiques demain : regards croisés sur la production et l’usage des statistiques ». JUILLET White, futur bâtiment de la direction générale L’Insee signe le bail de location qui entérine le futur déménagement à Montrouge des 1 500 agents de la direction générale. Date prévue : premier trimestre 2018. Garantir la qualité des statistiques européennes Du 31 mai au 3 juin se tient à Madrid l’édition 2016 de la conférence sur la qualité de la statistique européenne organisée par Eurostat et l’INE, institut national de statistique espagnol. SEPTEMBRE Quel Insee en 2025 ? L’Insee publie « Horizon 2025, Une stratégie ambitieuse pour l’Insee » qui présente les orientations, objectifs et actions de l’Insee pour la décennie qui suit. Les enjeux des comparaisons internationales Le 26 mai, à Paris, le Conseil national de l’information statistique organise un colloque sur les enjeux des comparaisons statistiques internationales. JUIN
  • 13. 11 La loi pour une république numérique Le 7 octobre, la loi pour une république numérique est promulguée. Elle permet notamment à la statistique publique d’exploiter les données détenues par des entreprises. OCTOBRE Un hackathon pour Sirene Le 15 novembre, à Paris, l’Insee organise avec Etalab le hackathon #OpenSirene dans la perspective de la mise à disposition libre et gratuite de la base Sirene en janvier 2017. NOVEMBRE Géographie et statistique Du 15 au 17 novembre, se tient à Paris la 9e édition du Forum européen de géographie et de statistique, organisée par l’Insee, en partenariat avec l’IGN et le SOeS. La statistique européenne a sa journée Le 20 octobre, Eurostat lance pour la première année la Journée européenne des statistiques. www.insee.fr fait peau neuve Le 21 novembre, l’Insee met en ligne son nouveau site web. Des données plus précoces sur la pauvreté et les inégalités Après une première expérimentation en 2015, l’Insee publie pour la deuxième année consécutive des indicateurs avancés sur la pauvreté et les inégalités pour l’année passée. DÉCEMBRE
  • 14. Rapport d’activité Insee 201612 Chaque trimestre, l’Insee élabore un diagnostic conjoncturel, à horizon de six à neuf mois. Ce dia- gnostic est publié dans trois Notes de conjoncture qui paraissent en mars, juin et décembre, et un Point de conjoncture qui paraî t en octobre. Les prévisions concernent principalement la France, mais s’étendent à la zone euro, au Royaume-Uni, aux États-Unis, au Japon et aux économies émer- gentes. Pour la France, la prévision ne se limite pas à un diagnostic général, elle s’accompagne de données prévisionnelles détaillées (par secteur, par grand poste de la demande ou sur le marché du travail et l’inflation ). Pour produire ces diagnostics, les conjoncturistes de l’Insee s’appuient sur des enquêtes de conjonc- ture et des données quantitatives détaillées, pour b e au c ou p p ro d u i te s pa r l’Inse e. C e s d e r n i è re s concernent en par ticulier les prix à la consom- mation et les prix de production et d’impor tation, la consommation, la production industrielle, les indices sectoriels de chif fre d’af faires, l’emploi, le chômage. Ces données, comme les résultats des enquêtes de conjoncture, sont publiées dès qu’elles sont disponibles dans des Informations Rapides, au nombre d’environ 340 par an. Les conjoncturistes analysent l’actualité écono- mique en développant des dossiers et des éclai- rages spécifiques. Dans la Note de mars 2016, ils ont par exemple analysé les ressor ts d’une plus for te croissance au Royaume-Uni et mesuré les conséquences des at tentats de novembre 2015 s u r l a c o n s o m m a t i o n d e s e r v i c e s m a r c h a n d s grâce à l’exploitation des données quotidiennes d’occupation des chambres d’hôtels à Paris. Dans celle de décembre 2016 ils ont décrypté les raisons des dif ficultés du secteur aéronautique. Chaque année, « L’économie française », propose des dossiers qui complètent ou approfondissent le diagnostic de l’année écoulée, ou précisent les méthodes employées par l’Insee. Dans l’édition 2016, un dossier est consacré à « La place d’Internet dans la description et l’analyse de l’économie » (cf. témoi- gnage de Ronan Mahieu). Les indicateurs clés de l’économie française disponibles plus rapidement En 2016, l’Insee est parvenu à avancer de deux se- maines la parution de trois indicateurs économiques majeurs : le produit intérieur brut (PIB), l’indice des prix à la consommation (IPC) et le taux de chômage. S’agissant de la croissance économique, l’Insee diffuse désormais une première estimation du PIB d’un trimestre 30 jours après la fin de celui-ci, contre 45 auparavant. Une deuxième estimation est délivrée à 60 jours et les comptes trimestriels détaillés sont consolidés dans un délai de 85 jours comme c’était le cas auparavant. Bénéficier d’une première estima- tion à 30 jours répond notamment aux besoins des acteurs économiques et sociaux, d’Eurostat et de la Banque centrale européenne. Le 29 janvier 2016, la France est ainsi devenue le premier pays en Europe à mettre à disposition dès 30 jours, non seulement le taux de croissance du PIB mais également un compte complet des biens et services. En matière d’inflation, l’Insee fournit désormais l’IPC le dernier jour ouvré du mois en cours. Enfin, l’institut L’Insee élabore chaque trimestre un diagnostic et des prévisions sur la situation économique de la France. Ses Notes de conjoncture proposent des dossiers sur des secteurs ou des sujets macroéconomiques majeurs. L’ouvrage « L’économie française » réalise un diagnostic de l’année écoulée et des analyses structurelles. Parmi celles de la dernière édition : l’impact d’internet sur la croissance. Parallèlement, l’Insee consolide et met à disposition de nombreux indicateurs qui comptent dans ces diagnostics comme le produit intérieur brut, l’indice des prix à la consommation ou le taux de chômage. Depuis 2016, l’Insee publie ces trois indicateurs clés 15 jours plus tôt qu’auparavant. Établir des diagnostics conjoncturels
  • 15. 13 publie le taux de chômage d’un trimestre environ 1,5 mois après la fin du trimestre concerné. Pour garantir la qualité des estimations plus précoces du PIB et de l’IPC, l’Insee a mené des tests pendant plusieurs années. C’est notamment la disponibilité plus rapide de nombreuses sources qui permet de réaliser ces avancées. Ainsi, pour aboutir à une estimation à 30 jours du PIB, l’institut est parvenu à accélérer la production d’autres indicateurs utilisés dans son calcul. En particulier, l’indice de la production industrielle fait l’objet d’estimations provisoires spécifiquement prises en compte dans le calcul avancé du PIB. Ce progrès a été rendu possible par la mobilisation de nombreux services producteurs de l’Insee, au-delà des équipes dédiées au calcul du PIB. Concernant la parution plus rapide du taux de chô- mage, elle est le fruit d’une nouvelle organisation des traitements de l’enquête Emploi. Proposer des indicateurs au plus près de la période considérée fait partie des enjeux partagés au sein de l’ensemble des services producteurs de l’institut. Ainsi, en 2016, les délais de diffusion des indicateurs trimestriels de fréquentation touristique dans les hôtels, campings et autres hébergements collectifs ont été également raccourcis, et ce d’une dizaine de jours. À ce stade, le gain précis de temps varie encore légèrement d’un trimestre à l’autre. « Il est illusoire de vouloir isoler la valeur ajoutée générée par internet et l’économie numérique » Témoignage de Ronan Mahieu, chef du département des comptes nationaux de l’Insee, co-auteur1 de l’étude « La place d’Internet dans la description et l’analyse de l’économie »2 « Quel est l’impact d’internet sur la croissance ? Depuis plusieurs années, cette question suscite la controverse chez les économistes. Historiquement, toute grande rupture ou innovation technologique s’est traduite par un accroissement marqué de la productivité. Or, l’émergence d’internet n’a pas coïncidé avec une telle accélération. La question s’est donc posée de savoir si ce paradoxe ne serait pas imputable à un problème de mesure, à une sorte de défaillance du système statistique. C’est cette question à laquelle nous avons tenté de répond re . Notre ét ude détail le la variété des modèles économiques qui sous-tendent les usages d’internet, du e-commerce à l’économie collaborative, et précise comment nous intégrons les activités associées dans les comptes nationaux. L’utilisation d’internet se diffuse dans tous les secteurs d’activité et il est illusoire de vouloir isoler la valeur ajoutée générée par internet et l’é conom ie nu mé r iq ue  : pa r e xe mple u ne enseigne qui propose la vente en ligne mais aussi en magasin ne peut pas forcément distinguer le chiffre d’affaires généré par l’un ou l’autre de ces canaux. Des clients peuvent commander en ligne mais venir en magasin récupérer et payer les produits. En revanche, des difficultés nouvelles apparaissent pour identifier le pays dans lequel s’exerce une activité. Traditionnellement, l’activité d’u n commerçant est comptabilisée dans le pays où se trouve son magasin, qui est le lieu où se conclut la transaction  : que faire q u a n d l a t r a n s ac t io n e s t d é m até r ia l i s é e , e t que le choix de localisation des plateformes peut résulter d’une pure optimisation fiscale  ? Nous proposons des premiers enseignements su r l’impact d’inter net e n terme s de volu me d’activité, de prix et de bien-être. Au total, l’impact d’internet se fait peut-être moins sentir sur le PIB que sur le bien-être des individus, avec un accès plus facile à des biens ou services répondant exactement à leurs besoins, mais aussi à d’autres personnes partageant les mêmes centres d’intérêt. » 1. avec Christophe Bellégo, chargé d’études au sein de la direction des Études et Synthèses économiques 2. parue dans Insee Références « L’économie française » édition 2016
  • 16. Rapport d’activité Insee 201614 Fournisseur incontournable et régulier des chiffres clés et tendances de la conjoncture économique française, l’Insee s’appuie sur son expertise pour analyser le fonctionnement global de l’économie française et prendre en compte les interactions et incidences liées à l’environnement international. Les Notes de conjoncture trimestrielles proposent ainsi des dossiers d’analyse sur ces phénomènes complexes, à l’instar de celui intitulé « Croissance française en 2015 : les impulsions extérieures et les facteurs internes se sont compensés », édité dans la Note de juin 2016. L’Insee s’intéresse aussi régulièrement aux boulever- sements profonds qui forgent les nouvelles tendances de l’économie française. Par exemple, quand le débat public s’interroge de plus en plus sur l’impact des nouvelles technologies en matière d’emploi, l’Insee propose « Une décomposition comptable des évolu- tions de l’emploi selon la technologie, le commerce et la consommation finale » qui répond à la ques- tion « Quels sont les déterminants de l’évolution de l’emploi en France au cours des trente dernières années et comment peut-on expliquer la proportion croissante d’emplois qualifiés ? ». Éclairer les choix des décideurs publics Afin d’aider les décideurs publics dans l’orientation de leur politique, l’Insee produit des études d’évalua- tion sur une grande variété de politiques publiques. Ainsi, en 2016, au moment du festival international du film de Cannes, l’Insee a publié une analyse « Quels sont les effets de la loi Hadopi ? Le cas des entrées de films en salle ». L’étude montre l’impact positif de la loi sur la part de marché des films américains en salle, qui croît de 9 %. Parmi les autres analyses de l’année : • L’impact des infrastructures de transports sur le développement local, avec une première étude axée sur le déploiement du réseau express régional (RER) en Île-de-France. Au nombre des enseignements, l’emploi aurait progressé plus vite dans les com- munes d’Île-de-France reliées à Paris par une ligne de RER que dans celles, à caractéristiques égales, bénéficiant uniquement d’une desserte de train de banlieue. La seconde étude jette les prémices d’une analyse de l’infrastructure TGV comme facteur de compétitivité pour les entreprises françaises. • L’ef fet de la réforme des retraites de 2010 sur l’emploi et l’activité des seniors. Le taux d’activité des salariés concernés par la réforme, entre 2008 et 2014, serait entre 19 et 22 points plus élevé que celui des salariés non concernés. • Une première évaluation des ef fets de la prime à l’embauche PME, qui précise qu’au premier semestre 2016, ont bénéficié de la prime 54 % des embauches en CDD d’au moins 6 mois et 34 % des embauches en CDI dans les entreprises de moins de 250 salariés. Toutefois, en se focalisant sur les entreprises autour de ce seuil, l’évaluation ne parvient pas à déceler d’effet significatif de la prime sur le nombre d’embauches. Le nécessaire recours à des modèles  L’Insee recour t à des modèles sophistiqués pour produire ses analyses, tel que le modèle macroé- conomique Mésange ( Modèle Économétrique de Simulation et d’ANalyse Générale de l’Économie)1 ou le modèle multi-pays NiGEM (National Institute Global Econometric Model2 ). Si l’Insee mesure l’évolution de l’économie française, il en explore aussi le fonctionnement global et ses relations avec son environnement international, à court comme à long terme. Ce travail d’éclairage s’appuie sur plusieurs modèles que l’institut met au point ou actualise régulièrement. Afin d’aider les décideurs publics, l’Insee mobilise également ses bases de données pour produire des études d’évaluation de politiques publiques. Parmi les sujets de 2016 : l’impact de la loi Hadopi, les conséquences de la réforme des retraites de 2010, les effets de la prime à l’embauche PME, etc. Étudier le fonctionnement de l’économie française et les déterminants de ses grandes tendances 1. Modèle commun Insee - ministère de l’Économie et des Finances 2. Développé par le National Institute of Economic and Social Research britannique
  • 17. 15 En 2016, l’institut a mis au point un nouveau modèle de l’économie de la zone Euro baptisé Mélèze (pour Modèle Économique Linéarisé d’Équilibre en Zone Euro). Il a vocation à comprendre comment l’appartenance à une union monétaire peut affecter la mise en œuvre et les conséquences sur le plan macroéconomique de diverses politiques économiques et fiscales. Pour analyser les effets des politiques redistributives et des politiques sociales, l’Insee utilise le modèle Ines qu’il a créé avec la Drees. Depuis 2015, Ines sert également à estimer le taux de pauvreté dans des temps raccourcis. Autre modèle visant notamment à simuler les compor- tements individuels de départ à la retraite, Destinie a servi aux projections du dossier « L’espérance de vie en retraite sans incapacité sévère devrait être stable pour les générations nées entre 1960 et 1990 » paru dans l’édition 2016 de « France, portrait social ». « Que représente pour vous l’ouverture du modèle Ines ? C’est un pas important en matière d’information statistique. En mettant ce modèle à la disposition de tous, l’ Insee et la Drees vont au- delà de la m i s e à d i sp o s it ion de c h i ffre s . I l s prop o s e nt u n out i l q u i dé c r it de ma n iè re e x h au st ive le système fiscalo-social, qui permet d’étudier son fonctionnement et d’obtenir une information très fine sur la redistribution monétaire. Ce modèle est pour nous un outil précieux pour faire de la conception de politique publique (policy design en anglais), pour simuler l’impact de telles ou telles mesures fiscales ou sociales. Avec Ines, on peut par exemple simuler l’impact du revenu u niversel et voir qui sont les gagnants ou les perdants. On peut avoir une approche macro - é c o nom iq u e m a i s p a s s e u l e me nt . L e mo d è l e permet de calibrer finement les paramètres des mesures qu’on analyse, de tester par exemple l’incidence de tel ou tel montant attribué pour le revenu minimum vieillesse. La mise à disposition d’Ines est selon moi une démarche résolument utile, une véritable action de service public. Qu’envisagez-vous de faire avec ce modèle ? Nous l’avons utilisé pour faire un bilan des mesures fiscales sur la période 2011-2 015 soit quand ont été mises en œuvre les premières mesures de restriction budgétaire. Parmi nos projets figure une analyse prévisionnelle  de l’impact de me su re s av a nt q u’e l le s s oie nt entérinées dans le projet de loi de finances. L’Insee et la Drees proposent chaque année une analyse de l’impact des réformes des prestations et des prélèvements intervenues l’année précédente. Nous voulons proposer une analyse d’impact a priori. Nous envisageons aussi d’ajouter d’autres dimensions dans le modèle. Par exemple, nous avons un projet de recherche financé par l’ADEME qui vise à voir l’impact d’u ne taxe carbone su r les ménages , définie en fonction du degré d’émission de CO2 qu’on peut leur attribuer. » « La mise à disposition du modèle Ines est une véritable action de service public » Le 14 juin 2016, l’Insee et la Drees ont ouvert le code source du modèle Ines (acronyme d’Insee-Drees). Créé en 1996, ce modèle simule les prélèvements sociaux et fiscaux directs et les prestations sociales à partir de données représentatives de la population française que fournit l’enquête Revenus fiscaux et sociaux. Témoignage de Xavier Timbeau, directeur principal, Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
  • 18. Rapport d’activité Insee 201616 Connaître le système productif Les résultats des enquêtes auprès des entreprises intéressent plusieurs types d’utilisateurs. Les orga- nismes professionnels les utilisent pour suivre leur secteur et pour l’élaboration de leur stratégie. Les entreprises s’en servent pour se situer par rapport à l’ensemble de leurs concurrentes et pour mieux connaître les secteurs en amont ou en aval de leurs propres activités. Les acteurs publics s’appuient sur ces résultats pour préparer leurs décisions. Pour les économistes, les enquêtes répondent à de multiples besoins d’analyses sectorielles ou transversales. Elles sont par ailleurs indispensables pour l’élaboration des comptes nationaux. Po u r s a t i s f a i r e c e s n o m b r e u x b e s o i n s d’i n f o r- mation, l’Insee a mis en place un dispositif très complet d’enquêtes qui s’inscrit notamment dans le cadre des règlements européens. Ce dispositif permet de recueillir des informations structurelles (taille, nature de l’activité, caractéristiques de la main-d’œuvre, type d’organisation…) et conjonctu- relles, ainsi que des données sur des thématiques précises (consommation d’énergie, utilisation des TIC, innovation…). Plusieurs mesures ont réduit la charge que ces enquêtes représentent pour les entreprises. En particulier, l’Insee et les ser vices statistiques ministériels ont amélioré leur coordi- nation pour mener leurs enquêtes et utilisent plus systématiquement les données administratives que les entreprises ont déjà fournies. Au total, selon les organisations professionnelles, le poids des enquêtes statistiques représente seulement 1 % des sujétions administratives auxquelles sont astreintes les entreprises. Une meilleure prise en compte de la réalité économique des entreprises L’Insee donne corps progressivement à la défini- tion économique de l’entreprise introduite par le décret d’application de la loi de modernisation de l’économie de 2008 ( LME) relatif aux catégories d’entreprises. L’entreprise était auparavant définie sur un plan purement juridique, associée à l’« unité légale », à savoir un entrepreneur individuel ou une société exerçant une fonction de production. Elle est désormais définie comme « la plus petite combinaison d’unité s légale s qui constitue une unité organisationnelle de production de biens et de ser vices jouissant d’une cer taine autonomie de décision, notamment pour l’af fectation de ses ressources courantes ». Cette nouvelle définition permet de mieux appréhender l’organisation en groupe et ainsi de mieux rendre compte de l’or- ganisation réelle du système productif. En ef fet, l’assimilation de l’entreprise à l’unité légale rendait mal compte de la réalité des sociétés détenues pa r d’au tre s d a ns u ne org a nis atio n d e group e, celles-ci pouvant avoir une autonomie de décision limitée voire inexistante. Dans l’optique de mise en œuvre de cette nouvelle définition, l’Insee mène des opérations de profilage qui consistent à identifier, parmi les groupes, la ou les entreprise (s) per tinente (s) au sens de la loi de 2008 ainsi qu’à reconstituer leurs comptes conso- lidés. Le profilage des groupes est une opération de longue haleine, que l’Insee a entamée en 2010. Trois catégories de groupes sont distinguées : Interroger les entreprises sur leurs activités, leurs investissements, leurs recrutements, leurs organisations est indispensable pour connaître le système productif, suivre la conjoncture et permettre aux entreprises elles-mêmes de se situer par rapport aux autres. Pour produire une information toujours plus pertinente et qui rende mieux compte de la mutation du système productif, notamment du fait de la mondialisation, l’Insee mène un travail de longue haleine : le profilage des groupes. Parmi les études marquantes de l’année 2016, des dossiers consacrés aux PME et au commerce de centre-ville dans « Les entreprises en France », un éclairage régional sur la création d’entreprise et le bilan de la saison touristique estivale.
  • 19. 17 • La première est constituée d’une petite centaine de grands groupes que leur taille ou leur complexité désigne comme prioritaires. Pour eux, le profilage se fait en face à face dans le cadre d’un dialogue avec les cadres dirigeants. En effet, seul le groupe connaît sa structure opérationnelle et son système d’information, et sait s’il peut fournir des informa- tions sur les entreprises issues du profilage. Fin 2016, l’opération est achevée pour 51 de ces grands groupes ; leurs comptes sont désormais traités au niveau des entreprises profilées, et celles-ci sont interrogées dans le cadre des enquêtes structu- relles annuelles ; • U n e d e u x i è m e c a té g o r i e e s t c o n s t i t u é e p a r 80 000 groupes petits ou moyens. Trop nombreux pour faire l’objet d’un suivi individuel, ces groupes sont considérés comme des entreprises. Leurs comptes consolidés et leurs réponses à l’enquête structurelle sont construits par algorithme à partir des comptes sociaux et des réponses aux ques- tionnaires d’enquête de leurs filiales. Cette nouvelle méthode sera utilisée pour la première fois en 2018 pour le calcul des données sur l’exercice 2017 ; • La troisième catégorie est constituée d’environ 3 900 groupes de taille médiane. Ils seront à court terme traités de façon automatique comme les précédents. En juin 2016, pour la première fois, les résultats défi- nitifs des statistiques structurelles d’entreprises ont été transmis à Eurostat en tenant compte des 109 entreprises issues du profilage de 44 groupes parmi les plus grands. Coups de projecteur sur les PME et le commerce de centre-ville Parmi les publications marquantes de l’année, l’édi- tion 2016 de l’Insee Références « Les entreprises en France », propose notamment deux dossiers sur les PME. Le premier analyse le lien entre conditions de finan- cement et comportements à l’exportation des PME. Les délais de paiement semblent bien jouer un rôle direct sur les dynamiques d’exportation des PME, quoique faible. Le deuxième dossier s’intéresse à la taille des PME et à leur éventuelle organisation en groupe. Déplorer que le tissu productif français manque d’unités de plus de 50 salariés n’a pas vraiment de sens car la plupart des petites PME privilégient la croissance externe, en se regroupant avec une autre unité : qu’une PME de 30 salariés double son effectif ou en acquière une autre de 30 personnes ne devrait pas influencer l’ana- lyse du tissu productif. Or, l’organisation en groupe est importante même pour les petites unités. Ainsi, à partir de 20 salariés, une majorité d’unités légales appartiennent à un groupe. L’organisation en groupe s’intensifie au voisinage de 50 salariés. Un troisième dossier souligne qu’au cours des dix dernières années, l’emploi salarié dans les com- merces de centre-ville progresse dans les grandes métropoles régionales, tandis qu’il diminue dans les aires urbaines plus petites, notamment dans celles de taille moyenne. Parmi les facteurs de dynamisme : le tourisme, l’intérêt patrimonial et la proximité du littoral. Photographies nationales et régionales des créations d’entreprises et du bilan touristique de l’été Outre des analyses nationales, les études de l’Insee proposent aussi régulièrement des éclairages au niveau des régions. Ainsi, le bilan annuel des créations d’entreprises intègre un volet régional. Constat sur l’année 2015 : tous types d’entreprises confondus, les créations reculent dans toutes les régions, sauf en Martinique et en Île-de-France. La dimension territoriale est également précieuse en matières de bilan touristique. Pour la saison touris- tique de l’été 2016 l’Insee peut ainsi souligner que si la clientèle étrangère s’est fortement repliée dans l’agglomération parisienne, elle a davantage fréquenté la campagne et les massifs qu’en 2015.
  • 20. Rapport d’activité Insee 201618 Observer l’évolution de la société Aux côtés des enquêtes que l’Insee mène réguliè- rement auprès des ménages, l’institut exploite de nombreux fichiers administratifs pour produire les chiffres clés et ses études sur la société française. De nouvelles perspectives en matière de mesure de l’emploi Prévue par la loi1 , la déclaration sociale nominative (DSN) se substitue progressivement à l’ensemble des déclarations auxquelles sont tenus les employeurs auprès d’une diversité d’acteurs ( CPAM, Urssaf, Pôle emploi, Centre des impôts, Caisses régimes spéciaux, etc.). Ce changement s’accompagne de plusieurs évolutions majeures pour l’Insee, qui mobilise ces déclarations pour construire son système d’information sur l’emploi et les revenus d’activité (Siera). Dès 2016, l’Insee a été destinataire des premières DSN, cette déclaration se généralisant aux entreprises en janvier 2017. L’Insee a mis en place un nouveau processus de traitement de ces données allant de la réception, au contrôle, à la mise au format des concepts statistiques, en passant par l’identifica- tion et le codage de la profession, pour permettre l’exploitation de cette source. Dans Siera, la DSN remplace deux sources admi- nistratives utilisées précédemment : les bordereaux récapitulatifs (BRC) des régimes général et agricole, et les déclarations annuelles de données sociales (DADS). L’Insee a commencé à faire évoluer en pro- fondeur son système d’information pour s’adapter au changement de déclarations sociales, le rendre plus réactif à d’éventuelles évolutions futures et tirer profit des nouvelles données mises à disposition dans ces déclarations. Grâce aux enquêtes menées régulièrement auprès des ménages, dont celle du recensement, mais aussi grâce à l’exploitation de nombreux fichiers administratifs, l’Insee observe l’évolution de la société française. Chômage, inégalités, structures familiales… sont autant de dimensions du portrait social de la France. Parmi les éclairages apportés en 2016 : l’enjeu de mesurer le halo du chômage et les difficultés rencontrées par les jeunes en matière d’accès au logement, d’éducation, d’emploi et de violences, ainsi que la délinquance juvénile. « Nous avons pu bénéficier de conseils précieux à la fois pour traiter les données mais aussi pour les faire parler » Témoignage de Fabrice Gilles, Université de Lille 1 - LEM et TEPP, co-auteurs2 d’un rapport d’évaluation sur « Les effets du CICE sur l’emploi, les salaires et la R D » demandé par France Stratégie et publié en septembre 2016 et Yannick L’Horty, Université Paris- Est Marne-la-Vallée - ERUDITE et TEP « Pour faire notre analyse nous avons eu recours aux données de quatre services producteurs  : l’Aco s s 3 , la D gfip, l’ I n se e et le min istère de l’Enseignement supérieur de la Recherche. Parmi les données de l’Insee nous avons utilisé celles issues des DADS4 dans leur version exhaustive ainsi que les données Fare5 qui donnent l’intégralité des comptes des entreprises. Pouvoir utiliser de telles données est le pré- requis au travail que nous avons mené. Leur caractère complet et précis est déterminant. Nous avons pu faire toutes nos requêtes statistiques et mener notre travail d’économétrie après la fusion de toutes les sources mises à disposition via un accès sécurisé du CASD6 . Outre la fourniture de données, l’Insee nous a aussi apporté son expertise technique. En effet, nous avons soumis une première version du rapport à des experts, dont certains de l’Insee, afin d’avoir une première évaluation. Nous avons alors pu bénéficier de conseils précieux à la fois pour traiter les données mais aussi pour les faire parler en réponse à la question centrale « Quel est l’impact du CICE ? ». L’Insee nous a aidé dans le choix des meilleurs indicateurs, notamment pour bien cerner les incidences comptables au niveau des entreprises. Par exemple, en matière d’impact sur l’emploi, était-il plus pertinent de considérer l’emploi au 31 décembre ou de prendre une moyenne lissée sur l’année ? Grâce à ces commentaires précieux, nous avons pu affiner notre analyse et consolider un rapport fiable. » 1. Loi n° 2012-387 du 22 mars 2012 relative à la simplification du droit et à l’allègement des démarches administratives
  • 21. 19 À l’occasion de ce changement, l’Insee a aussi engagé des travaux pour rationaliser la production des estimations trimestrielles d’emploi. Ces travaux ont été menés en par tenariat avec l’Acoss et la Dares. L’objectif est de co-produire ces estimations de façon à éviter la redondance de certains travaux sur le secteur privé, et de ne plus publier qu’un seul indicateur d’évolution de l’emploi trimestriel, contre deux, voire trois auparavant. En couvrant désormais l’ensemble du champ des salariés, y compris l’emploi public et le secteur agricole, cette co-production permettra d’assurer un suivi exhaustif des évolutions conjoncturelles de l’emploi salarié. À plus long terme, le traitement statistique de la DSN, ainsi que d’autres évolutions engagées sur l’enquête Emploi, devraient permet tre d’éclairer d’autres sujets comme celui des formes particulières d’emploi, conformément aux recommandations du Rapport du Cnis de juillet 2016. Coups de projecteurs sur le halo du chômage et les difficultés des jeunes Dans la collection thématique Inse e Réfé re nces, l’Insee propose des éclairages nouveaux à chaque édition. Parmi ceux de 2016, « Emploi, chômage et revenus du travail » élargit les thèmes du précédent numéro « Emploi et salaires ». L’un des quatre dossiers inédits qu’il contient s’arrête sur le halo autour du chômage pour préciser ses différentes composantes. Au niveau individuel, le halo constitue une catégorie souvent plus transitoire que le chômage : seulement 32 % des personnes dans le halo y sont encore le trimestre suivant, en moyenne entre fin 2013 et fin 2015, alors que le chômage est deux fois plus stable. Un autre ouvrage phare, « France, portrait social », paru en novembre, propose cinq chapitres balayant les pro- blèmes rencontrés par les jeunes Français en matière d’accès au logement, d’éducation, d’emploi ou de vio- lences, ainsi que la délinquance juvénile. Si 43 % des jeunes de 18-24 ans disposent de leur propre logement, seulement 17 % y résident exclusivement et le financent par eux-mêmes. En matière d’insertion professionnelle, les écarts entre les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur et les autres jeunes se sont singulièrement creusés au cours des dix dernières années. Quant aux violences physiques, les jeunes de 10 à 25 ans en sont deux fois plus victimes que les plus de 25 ans et quatre fois plus que les enfants de moins de 10 ans. De l’enjeu de généraliser les enquêtes ménages par internet L’Insee poursuit son plan d’expérimentation d’enquêtes auprès des ménages par internet. L’objectif visé est de proposer d’ici quelques années ce mode de réponse en ligne pour toutes les enquêtes ménages, à l’instar de ce qui est déjà proposé pour l’enquête annuelle de recensement. En 2016, le projet « Muse » d’expérimen- tations de l’enquête emploi par internet a ainsi mené deux opérations de tests portant sur des échantillons importants afin de tester ce nouveau protocole. Le déploiement de ce dispositif est ainsi envisagé à l’hori- zon 2020-2021, en phase avec les projets d’évolution de l’enquête Emploi relevant du règlement européen. Parmi les bénéfices attendus : la qualité (possibilité de joindre des populations peu disponibles par téléphone ou pour le face-à-face), l’efficience (enquêteurs dédiés à la collecte des enquêtes non réalisées via internet) et une plus grande réactivité (déploiement d’enquêtes facilité, permettant de répondre à des demandes d’enquêtes nouvelles). 2. Avec trois autres chercheurs : Mathieu BUNEL, Université de Bourgogne, LEDi et TEPP, Ferhat MIHOUBI Université Paris-Est Créteil, ERUDITE et TEPP et Xi YANG, Université Paris-Ouest Nanterre la Défense, ECONOMIX 3. Acoss : agence centrale des organismes de sécurité sociale 4. DADS : déclaration annuelle des données sociales qui rassemble pour tous les employeurs - y compris les administrations publiques - la masse des traitements qu’ils ont versés au cours de l’année, les effectifs employés et une liste nominative de leurs salariés en indiquant pour chacun leur statut et leurs rémunérations 5. Fare : fichier approché des résultats d’Esane (Élaboration des statistiques annuelles d’entreprises) qui donne notamment les résultats détaillés des bilans comptables des entreprises (chiffre d’affaires, investissement...) 6. Centre d’accès sécurisé aux données
  • 22. Rapport d’activité Insee 201620 Piloter le recensement de la population et exploiter les résultats Le recensement par internet gagne du terrain Depuis 2015, chaque foyer enquêté pour le recense- ment a le choix entre répondre par formulaire papier ou par internet. L’agent recenseur, quand il prend contact avec un ménage, lui propose de répondre par internet. Dès 2015, un ménage recensé sur trois optait pour ce mode de réponse. En 2016, ce sont 39 % des ménages et 46 % des individus recensés qui ont répondu par internet. La fin du recensement tout papier permet de réduire les coûts de la collecte : moins de déplacements pour les agents recenseurs qui n’ont pas besoin de revenir au domicile des personnes recensées pour rechercher les questionnaires remplis, et moins de papier à classer, stocker et transporter. Les réponses en ligne n’ont pas à être saisies par l’Insee. Tout cela se traduit par un gain en moyens humains et financiers. Pour les mairies et l’Insee, la collecte est facilitée. Les acteurs de terrain, notamment les coordonna- teurs communaux et les superviseurs peuvent suivre l’état d’avancement de la collecte en temps réel grâce à l’outil dédié proposé par l’Insee. Vers une mesure plus fine des déplacements en deux-roues Pour permettre des comparaisons dans le temps, il est essentiel que les questionnaires de recensement évoluent peu. En outre, depuis la mise en place de la nouvelle méthode de collecte annuelle en 2004, le maintien de toute question à l’identique pendant une période d’au moins cinq ans est essentiel à la couverture de tout le territoire. Pour autant, ce questionnaire n’est pas immuable car la société évolue ainsi que la demande sociale de statistiques pour éclairer ses évolutions. Les contraintes de l’exercice sont fortes car, outre celles liées à la stabilité des résultats dans le temps et dans l’espace, la taille totale du questionnaire ne peut être accrue afin de ne pas pénaliser les citoyens répondants : tout ajout de question doit être compensé par une suppression. Parmi les autres impératifs tech- niques : le questionnaire étant rempli par les habitants eux-mêmes, sans l’aide d’un enquêteur, les questions doivent être simples, claires, et compréhensibles par tous. Il faut également tenir compte des impératifs de l’harmonisation internationale, qui imposent la pré- sence de certains thèmes et les modalités de réponse correspondantes. Le Conseil national de l’information statistique (Cnis) s’est penché sur cette question pour répondre au mieux aux attentes de la société civile et des acteurs publics. Parmi les thèmes nécessitant une information statis- tique plus nourrie : celui de la mobilité. Les personnes recensées indiquent le mode de transport qu’elles utilisent principalement pour aller travailler. Depuis l’enquête de 2015, la modalité de réponse « deux-roues » est scindée en deux moda- lités « vélo (y compris à assistance électrique) » et « deux-roues motorisé ». Courant 2016, des experts de l’Insee ont ainsi pu exploiter les nouvelles données de l’enquête pour réaliser de premières analyses, basées sur une seule enquête annuelle, sur l’utilisation du vélo dans les déplacements entre le domicile et le lieu de travail. Le recensement de la population française fait partie des activités historiques de l’Insee, qui organise et contrôle les enquêtes, exploite les données et diffuse les résultats. Les ménages utilisent de plus en plus la possibilité de répondre par internet. Grâce à toutes les réponses, l’institut fournit des statistiques sur les habitants, les familles et leurs logements, leur nombre et leurs caractéristiques : répartition par sexe, âge, nationalité, professions, conditions de logement, déplacements domicile-travail, transports utilisés pour ces déplacements, etc., des informations fondamentales pour de nombreux acteurs publics et privés.
  • 23. 21 Une première étude a été publiée, « Partir de bon matin, à bicyclette… », parue le 17 janvier 2017. On y apprend notamment qu’en 2015, seuls 2 % des actifs ayant un emploi vont travailler à vélo. L’Insee pourra mener des études plus approfondies à partir de 2020 lorsque les résultats complets de cinq enquêtes de recensement seront disponibles. De plus en plus de personnes travaillent en dehors de leur commune de résidence  Les déplacements domicile-travail ont donné lieu à d’autres analyses que le mode de transport. Le 30 juin 2016, l’Insee a publié une étude qui dresse l’état des lieux en la matière, dégageant les grandes tendances à l’échelle de la France mais aussi les résul- tats dans chaque région. Intitulée « De plus en plus de personnes travaillent en dehors de leur commune de résidence », l’étude indique que 16,7 millions de personnes quittent quotidiennement leur commune de résidence pour aller travailler, soit deux personnes ayant un emploi sur trois. Ceux que l’on qualifie de « navetteurs » sont proportionnellement les plus nom- breux en Hauts-de-France (71 %) et en Île-de-France (69 %). Parmi les autres enseignements de l’étude, les disparités en fonction des catégories professionnelles : trois quarts des ingénieurs et des cadres d’entreprise sont des navetteurs contre seulement un quart des indépendants ou des aides familiaux. Est également mis en exergue le fait que la voiture reste le principal mode de transport avec 80 % des navetteurs qui y recourent. « Le recensement est un outil indispensable pour penser la ville et le développement des métropoles » Témoignage de Patrick Brun, Directeur de projets - Obser vations des territoires et obser vatoires Responsable suivi de production, UrbaLyon, agence d’urbanisme de la métropole Lyonnaise « Quelle que soit l’étude que nous avons à mener, les données du recensement sont à la base de not re t rav ail . Q u a n d il s ’agit d’é cl aire r u ne politique sectorielle, avec des questions très pointues, il nous faut utiliser les fichiers détaillés du recensement où quasiment chaque ligne est un individu (ou un logement) anonymisé. Par exemple, pour Lyon, dans le cadre de la politique de l’ h a bitat , il nou s a fal lu is ole r toute s le s caractéristiques des logements desservis par un ascenseur par période de construction croisé avec les personnes âgées pour suivre dans le temps un indicateur d’action publique. Disposer de données à une échelle géographique f i n e e s t c r u c i a l p o u r f a i r e l e s d i a g n o s t i c s permettant de consolider des projets précis en matière d’aménagement urbain. Cela permet de quantifier et d’identifier la population de part et d’autre d’un projet d’infrastructure comme une route, un métro ou un tramway. Le recensement est une vraie source de recherche et développement. Pour une étude, nous avons isolé les bâtiments dédiés à l’habitat et estimé la volumétrie de chaque bâtiment grâce au x sources sur la hauteur des bâtiments. On a ainsi pu calculer une volumétrie habitable par quartier. En affectant géographiquement la population du quartier à cette volumétrie, on a pu répartir la population dans les bâtiments. Ensuite des i n d icateu r s d’acc e s si bil ité ont été ca lc u lé s . Par exemple l’accessibilité des habitants aux espaces verts. Ce type de travaux nous permet d’opt i m i s e r no s proj et s d’a mé n age me nt s de l’espace en termes de qualité de vie. Penser et construire la ville sans la donnée du recensement serait impossible ! »
  • 24. Rapport d’activité Insee 201622 Décrire et analyser les régions et territoires Depuis l’éclairage général… Chaque année, les directions régionales de l’Insee produisent des centaines d’études. Pas moins de 743 en 2016 ! Ces travaux intéressent bien sûr en priorité tous les acteurs locaux mais leur portée générale les rend aussi utiles à la société civile et au grand public. À l’instar des publications nationales, ces études exploitent les nombreuses données statistiques que les directions régionales contribuent à produire et consolider, via l’enquête annuelle de recensement ou des enquêtes auprès d’entreprises par exemple. Parmi les thèmes faisant l’objet d’états des lieux récurrents : la conjoncture économique de la région et notamment l’emploi, le bilan économique annuel, l’évolution de la population… … jusqu’au conseil et au diagnostic d’un territoire ou d’une filière Les directions régionales apportent leur conseil et expertise aux acteurs publics régionaux pour répondre à une demande liée au déploiement d’une politique publique, participer à des groupes de réflexion et à des comités régionaux ou encore accompagner les acteurs locaux dans leur utilisation de données. Régulièrement, les acteurs locaux ont besoin de diagnostics qui permettent d’établir les spécificités d’un territoire ou d’une filière, de faire un bilan à un instant donné pour dégager des axes stratégiques d’action et réaliser une évaluation ultérieure. C’est le cas lorsqu’ils veulent anticiper les évolutions économiques et démographiques, bâtir de nouveaux schémas d’intercommunalités liés à la réforme terri- toriale ou encore assurer un suivi et une évaluation des fonds européens auxquels ils peuvent prétendre. Le s dire c tio ns ré gio n a l e s produise nt a lo r s d e s études dédiées, menées en par tenariat avec les acteurs publics de rang ré gional, qu’il s’agisse des préfectures de région, des ser vices de l’État ou des conseils régionaux mais aussi des conseils dépar tementaux, des établissements publics de coopération intercommunale, des comités régionaux ou départementaux du tourisme, des métropoles, des agences d’urbanisme, etc. En 2016, parmi les 743 études régionales, 269 ont été réalisées dans le cadre d’un partenariat avec des acteurs publics régionaux. La réforme territoriale a notamment généré des de- mandes d’études descriptives auprès de l’Insee, telles que des portraits de départements, des panoramas détaillés des forces et faiblesses de la région et de ses territoires. Ces études font systématiquement l’objet d’une publication. Parmi celles de 2016 : deux atlas régionaux « Hauts-de-France : La population des territoires de la région Hauts-de-France au 1er  janvier 2014 » et « Auvergne-Rhône-Alpes : Nouvel espace régional et dynamiques métropolitaines » mais aussi des dossiers comme celui de Nouvelle Aquitaine sur la métropolisation intitulé « Dynamiques territoriales, métropolisation et réseaux en Aquitaine- Limousin-Poitou-Charentes » et celui du Grand Est sur les dynamiques régionales et transfrontalières « Les dynamiques socio-économiques du Grand Est dans son environnement régional et transfrontalier ». Fort de ses implantations régionales, l’Insee développe une connaissance fine des différents territoires français. Les directions régionales de l’institut réalisent de nombreuses études, très souvent en partenariat avec les acteurs publics locaux. L’Insee propose aussi régulièrement des études avec une double perspective, nationale et régionale. Parmi celles marquantes en 2016 : les habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville. Autre événement de l’année : un double anniversaire à La Réunion avec les 70 ans du département et 50 ans de l’Insee à La Réunion.
  • 25. 23 Une expertise partagée… jusqu’à Athènes Pour mener leurs travaux, les chargés d’études et chefs de projets des directions régionales recourent à l’expertise des cinq pôles de services de l’action régionale spécialisés chacun dans un domaine : l’analyse territoriale, l’analyse urbaine, les études économiques régionales, l’emploi et la population, et enfin les synthèses locales. La mutualisation de compétences, d’outils et de mé- thodes est précieuse pour garantir la pertinence des comparaisons entre régions ou dépassant les territoires pour aller jusqu’à l’échelle nationale. Chaque année, l’Insee et ses directions régionales produisent une dizaine d’études en « opération coor- donnée » c’est-à-dire en associant des publications régionales à une publication nationale. En 2016, ce sont 11 études qui ont bénéficié de cette double approche. Parmi elles, « Les habitants des quartiers de la poli- tique de la ville. La pauvreté côtoie d’autres fragilités » proposée en mai 2016 par le pôle Analyse urbaine a été déclinée à l’échelle de 12 régions : Alsace- Champagne-Ardenne-Lorraine, Nouvelle-Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne, Corse, Île-de-France, Occitanie, Hauts-de- France, PACA et, Pays de la Loire. Ces résultats ont été présentés par l’Insee lors d’un séminaire sur la pauvreté urbaine organisé par la Com- mission européenne à Athènes en septembre 2016. Filosofi (ou Fichier localisé social et fiscal), la source de données exploitée par l’Insee pour ce type d’étude, a aussi été remarquée par les partenaires européens et l’OCDE lors d’une conférence d’Eurostat dédiée aux statistiques urbaines et régionales, organisée en juin 2016 à Lisbonne. « Les statistiques au service de l’avenir : l’exemple de La Réunion » Témoig n ag e d e Va l é r i e Rou x , Directrice régionale de l’Insee La Réunion - Mayotte « Notre année 2016 a été marquée par un double anniversaire : les 50 ans de notre Direction régionale et les 70 ans du département de La Réunion. Ces deux temps forts ont été l’occasion de mettre en lumière notre expertise chiffrée, nos données et études clés produites au service de tous les publics intéressés à connaître la situation économique et sociale à La Réunion. Ce fut notamment l’axe fort de notre campagne de communication pour nos 50 ans : montrer l’évolution de cette situation depuis notre implantation via 6 vignettes vidéo qui proposent différents focus sur la mutation de l’économie de l’île, l’évolution de sa population et des conditions de vie. Aux côtés de l’AFD (Agence française de développement), du Ceser (Conseil économique, social et environnemental régional), de l’Université de La Réunion, de l’Iedom (Institut d’émission des départements d’outre-mer) et du Conseil départemental, nous nous sommes fortement impliqués dans l’organisation d’un colloque dédié aux 70 ans de la départementalisation. Proposé les 5 et 6 octobre au sein de l’hémicycle du Conseil départemental, ce rendez-vous a rassemblé près de 200 personnes, acteurs et décideurs politiques et économiques, représentants de la société civile. Intitulé « Quels enseignements pour l’avenir ? », ce colloque fut l’occasion de dresser et partager un diagnostic sur les forces à mobiliser pour concourir au développement futur de La Réunion. Une unanimité s’est faite autour d’un constat : le modèle actuel de croissance et développement semble avoir atteint ses limites. Un nouveau modèle économique doit être consolidé, l’Insee entend apporter sa pierre, statistiques à l’appui ! »
  • 26. Rapport d’activité Insee 201624 Gérer des grands répertoires La gestion de Sirene, du répertoire national d’iden- tification des personnes physiques et du fichier général des électeurs a été conf iée par la loi à l’Insee, bien que leur usage ne soit pas uniquement statistique. En ef fet, l’Insee a l’expérience de la manipulation de fichiers volumineux et sait garantir leur sécurité et leur confidentialité. Il exerce ici une mission régalienne de gestion de réper toires d’entreprises, d’établissements et de personnes. Maintenir et enrichir la base de données de références des entreprises et des établissements Dans Sirene figurent toutes les entreprises ( per- sonnes morales et entreprises individuelles ), et tous les établissements présents sur le territoire. Chaque entreprise est repérée par un « numéro Siren » et chaque établissement par un « numéro Siret » qui débute par le Siren de l’entreprise auquel i l e s t r a t t a c h é. S i re n e c o u v re d e p u i s 19 8 3 l e s administrations et depuis 1995 le secteur agricole. En 2016, 9 millions d’entreprises et 10 millions d’établissements actifs sont réper toriés. L’Insee met à jour Sirene à par tir de déclarations remplies par les entreprises lors de leur création pu is l o r s d e s au tre s évé n e m e nts l e s af fe c ta nt, tels qu’un changement d’adresse ou d’activité ou une cessation. Ces informations sont saisies par les Centres de for malité s de s e ntre pr ise s qui e nre gistre nt ce s déclarations avant de les transmettre à l’Insee. La quasi-totalité des créations d’entreprises, que l’Insee reçoit essentiellement par voie dématéria- lisée, sont traitées en moins de 24 heures. Chaque jour, 15 000 modifications sont prises en compte, dont 20 % sont des créations d’entreprises. Parmi les informations relatives à chaque entité, Sirene enregistre la domiciliation. Aussi, les mises à jour conséquentes menées en 2016 intègrent notam- ment la prise en compte de plus de 300 nouvelles communes issues de la fusion de 1 200 d’entre elles. En 2016, la base a aussi évolué avec des catégories d’informations nouvelles. Désormais, les entreprises et établissements œuvrant dans le domaine de l’économie sociale et solidaire sont davantage identifiables grâce à l’ajout d’un champ dédié. De plus, Sirene intègre, pour chaque association enregistrée en qualité d’établisse- ment, le numéro qui lui est attribué dans le Répertoire national des associations (RNA) géré par le ministère de l’Intérieur. D’une part, cela améliore le système d’information administratif sur ces entités et, d’autre part, cela facilite les démarches des associations qui peuvent grâce à leur numéro Siren demander des subventions à l’État ou aux collectivités territoriales, ou encore embaucher des salariés. Deux bases de référence du citoyen français Le Répertoire national d’identification des personnes physiques ( RNIPP) comprend l’ensemble des per- sonnes nées en France ainsi que les personnes nées à l’étranger qui ont besoin d’être immatriculées auprès de la sphère sociale, c’est-à-dire de disposer d’un NIR, numéro d’inscription au répertoire, plus connu sous le nom de numéro de sécurité sociale (ou numéro Insee). Il comporte, pour chaque personne présente, son NIR et des renseignements d’état civil : le nom, les prénoms, la date et le lieu de naissance ainsi que, le cas échéant, la date et le lieu de décès. L’Insee le met à jour principalement à partir des bul- letins de naissance, de décès et de tout autre acte modifiant l’état civil des personnes. Ces bulletins sont envoyés par les mairies, à 91 % par voie déma- térialisée. Le RNIPP est largement utilisé pour vérifier L’Insee est chargé par la loi de tenir à jour des répertoires : Système informatisé du répertoire des entreprises et des établissements (Sirene) ; utilisé pour l’identification des entreprises ; le Répertoire national d’identification des personnes physiques et le Fichier général des électeurs. Parmi les actions phare de 2016 : l’enrichissement de Sirene et le lancement du projet de constitution du répertoire électoral unique.
  • 27. 25 l’exactitude des données d’état civil présentes dans différents fichiers. Ainsi, de nombreuses administra- tions, notamment l’administration fiscale, ont besoin d’identifier sans ambiguïté les personnes auxquelles elles ont affaire ; au sein de l’Insee, l’identification très précise des personnes est nécessaire dans plusieurs opérations statistiques. Tous ces usages sont contrôlés par la Cnil, Commission nationale informatique et libertés. Le Fichier général des électeurs indique, pour chaque personne inscrite ou ayant été inscrite sur une liste électorale, son état civil, sa commune d’inscription actuelle et ses situations électorales passées, et le cas échéant fait mention d’une incapacité électorale. L’Insee gère ce fichier pour contrôler l’unicité d’ins- cription sur une liste électorale, ou s’assurer, qu’une personne privée du droit de vote ne puisse voter. C’est à partir de ce fichier que sont proposées aux communes des mises à jour de leur liste électorale. Le répertoire électoral unique : une responsabilité accrue de l’Insee pour la qualité des listes électorales La loi du 1er août 2016 rénovant les modalités d’inscription sur les listes électorales institue un fichier électoral unique, dont elle confie la gestion à l’Insee, et remplace la révision annuelle des listes électorales par leur mise à jour en continu. L’enjeu est notamment de permettre aux citoyens de pouvoir s’inscrire au plus proche d’un scrutin. La fin d’une année ne sera plus synonyme de clôture des inscriptions. Ce nouveau dispositif modifie profondément le rôle de l’Insee dans la tenue des listes électorales. Aujourd’hui, si l’Insee est la « plaque tournante » de l’information permettant la mise à jour des listes, chaque commune est responsable de sa liste. Dans le futur dispositif, l’Insee sera responsable de la qualité des listes dans leur ensemble. En concertation avec toutes les parties prenantes dans cette évolution (communes, ministères des affaires étrangères, de l’outre-mer, de la défense et de la Justice, portail service-public), au sein d’un projet plus vaste piloté par le ministère de l’Intérieur et qui couvre d’autres aspects de la modernisation du processus électoral, l’Insee est en charge de construire le répertoire électoral et l’outil permettant une alimentation du répertoire en continu dans des conditions à la fois robustes et conviviales. Dès l’automne 2016, l’Insee a lancé le projet Élire pour « Élaboration des listes à partir du répertoire électoral ». Objectif double : construire le système de gestion du futur dispositif et initialiser le réper- toire à partir des listes communales et consulaires et de l’actuel fichier général des électeurs dont l’institut est responsable. Pour reprendre les termes de Magali Demotes-Mainard, directrice du projet : « À travers Élire, l’Insee apporte sa pierre à l’amélioration du fonctionnement de notre démocratie ». Le déploiement du nouveau dispositif d’établissement des listes électorales est prévu pour 2019.
  • 28. Rapport d’activité Insee 201626 Diffuser ses statistiques et ses études La statistique est un bien public, au service de tous. Précurseur parmi les instituts nationaux de statistique, l’Insee a pris la décision de mettre en accès gratuit sur son site internet toutes les données qu’il produit dès 2003, ainsi que ses publications. Véritable mine d’or pour de multiples catégories d’utilisateurs, économistes, chercheurs, journalistes, citoyen curieux, le site insee.fr est l’instrument de diffusion privilégié de l’institut avec plus de 30 millions de visite par an. Il propose des données de nature diverse : chiffres clés, séries chronologiques, résultats détaillés, données locales… ainsi que les études de l’Insee. Pour optimiser l’accès à tous ces produits, l’institut a effectué un profond travail de refonte de son site internet. Une nouvelle version est ainsi en ligne depuis le 21 novembre 2016. (cf. infra témoignage de Lucile Olier, cheffe du dépar- tement de l’Offre éditoriale). Depuis 2016, le site insee.fr permet aussi de consulter le calendrier des publications de l’ensemble des ser- vices statistiques ministériels. Il offre ainsi une vitrine complète de la production du service statistique public. Pour répondre à ses utilisateurs, l’Insee assure une assistance en continu par téléphone ou par courriel auprès de tous ceux qui ne trouvent pas une information ou qui ont besoin d’explications complémentaires. Et pour les utilisateurs qui voudraient des tableaux sup- plémentaires à ceux disponibles sur son site, l’Insee propose de réaliser des « produits sur mesure » répondant à leurs besoins spécifiques. En 2016, 455 demandes ont été servies. Préparer la mise à disposition libre et gratuite de Sirene Outre la production et la diffusion de statistiques et d’études, l’Insee gère aussi des fichiers et répertoires à finalité administrative, dont le répertoire national des entreprises et de leurs établissements, dit répertoire Sirene (cf. rubrique « Gérer des grands répertoires »). Les perspectives ouvertes par la loi pour une Répu- blique numérique ont mobilisé l’institut tout au long de l’année 2016, notamment pour aller encore plus loin dans la diffusion de données avec l’accès libre et gratuit à la base Sirene programmé pour janvier 2017. En quelques mois, les équipes dédiées ont réalisé tous les développements nécessaires pour faire évoluer notre offre : possibilité de constituer des fichiers gratuits contenant jusqu’à 100 000 établis- sements depuis le site sirene.fr, mise à disposition de la base dans le cadre du ser vice public de la donnée confié à la mission Etalab, accompagne- ment du réseau des grands clients de la base Sirene sur les incidences juridiques et techniques liées à l’ouverture de la base. Outre ce travail conséquent, l’Insee a organisé avec Etalab le hackathon #OpenSirene le 15 novembre à Paris, dans le cadre de la semaine de l’innovation publique. Les 80 participants ont pu exploiter des jeux de données que l’Insee met à la disposition de tous depuis janvier 2017. Aller au-devant du grand public et des jeunes générations en particulier Permettre au grand public et notamment aux jeunes générations de comprendre les statistiques mais aussi de connaître les chiffres clés de l’économie et de la société françaises, est une ambition de l’Insee. De ce fait, l’institut s’investit chaque année dans deux manifestations qui donnent à voir et comprendre l’économie à un public non spécialiste, essentiellement composé de lycéens et d’étudiants : L’Insee a fait le choix de diffuser le plus largement possible ses statistiques et ses études. Dès 2003, l’institut a pris le parti de l’Open Data en proposant des millions de données et toutes ses publications gratuitement sur son site internet. Pour un accès simplifié à ces productions, une nouvelle version du site insee.fr est en ligne depuis novembre 2016. Autres actions phare de l’année : la visibilité donnée à l’ensemble des productions de la statistique publique et la préparation de la diffusion libre et gratuite de la base Sirene.
  • 29. 27 le Printemps de l’Économie organisé à Paris et les Journées de l’Économie de Lyon. Lors du Printemps de l’Économie 2016, mi-avril, l’Insee a proposé une table-ronde « La qualité de vie dans les territoires, comment la mesurer ? Quel enjeu ? ». Sylvie Marchand, cheffe du département de l’Action régionale, a souligné l’apport de l’Insee : fournir des indicateurs objectifs qui considèrent les différentes dimensions de la qualité de vie, santé, éducation, loge- ment, emploi, revenus, relations sociales… Plutôt qu’un palmarès des régions où il fait mieux vivre, l’institut donne à chacun les moyens d’évaluer la qualité de vie en fonction de ses propres critères. Lors des Journées de l’Économie de Lyon, l’Insee a aussi mis l’accent sur la pédagogie lors de ses interventions. Parmi les sujets abordés : comment mesurer la pauvreté ? que revêtent des notions clés comme le pouvoir d’achat ? que mesure le PIB ? Parmi les nouveaux produits de communication grand public diffusés en 2016, la vidéo « Un jour comme les autres » donne à voir de nombreux chiffres sur la population française collectés par l’Insee. « Répondre à des besoins aussi variés est un véritable défi ! » Témoignage de Lucile Olier, cheffe du département de l’Offre éditoriale « Chaque jour, plus de 85 000 personnes consultent le site internet de l’Insee et leur profil est très v a r ié  : é t u d i a nt s , e n s e ig n a nt s , c h e rc h e u r s , con su lta nt s , ca bi net s d’ét u de s , j ou r n al iste s , décideurs du public et du privé, etc. Ils viennent y chercher aussi bien la dernière valeur d’un indice pour revaloriser un contrat qu’y télécharger une base de données, y consulter les informations disponibles sur leur commune ou lire une étude récente de l’institut. Répondre à des besoins aussi variés est un véritable défi ! Dans les enquêtes de satisfaction, nos internautes se plaignaient de ne pas trouver facilement ce qu’ils cherchaient. Il est vrai que nous diffusons plus de 16 000 produits statistiques. Pou r clarifier l’architectu re de l’information de notre site et faciliter les recherches, nous avon s mené de nombreu x te st s qualitatifs et q u a nt it at i f s p ou r c omp re n d re c om me nt c e s différentes catégories d’utilisateurs appréhendent et classent les produits statistiques de l’Insee et déte rmi ne r le s cas de re c he rc he le s plu s fréquents. Ceci a permis de définir les critères de recherche pertinents et leurs modalités. Des tests des versions bêta du futur site ont été réalisés tous les trois mois auprès des utilisateurs tout au long des développements. Le site propose ainsi de nouvelles fonctionnalités. Désormais, toutes les données et publications sont ras sem blé e s d a n s u ne u n iq ue r u briq ue « Statistiques ». Chacun peut y sélectionner les pro duit s qui l’intére s sent via u ne recherche multicritère, avec choix par thèmes, niveaux géographiques, types de produits ou collections. Autre atout : un moteur de recherche à facettes plus performant qui optimise les résultats des recherches en permettant de trier les résultats selon les critères voulus . E nfin , chacu n peut accéder à l’intégralité des contenus du site quel que soit son terminal mobile et la nouvelle charte graphique améliore le confort de navigation. » Hackathon #OpenSirene, 15 novembre 2016, Sensespace Paris