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Eau, du sentiment de pénurie au constat de
gaspillage : quel rîle pour l’investisseur ?
Le 05/01/2009
Contact : Gregory Schneider-Maunoury
E-mail : gregory.schneidermaunoury@ionis.fr
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SynthĂšse
L’eau n’est pas seulement un thĂšme d’investissement. C’est avant tout une ressource naturelle inĂ©galement rĂ©partie dans le
monde et surtout fort mal utilisĂ©e. A travers leur politique d’investissement socialement responsable (par l’analyse extra
financiùre ou par le dialogue actionnarial), les investisseurs institutionnels peuvent contribuer à un meilleur usage de l’eau. Au-
delĂ  de l’analyse, les investisseurs peuvent apporter des propositions concrĂštes pour remĂ©dier Ă  ces problĂšmes complexes.
L’analyse approfondie sur la raretĂ© de l’eau a montrĂ© que le sentiment de pĂ©nurie est trompeur et qu’il s’agit plutĂŽt de mauvaise
utilisation ou de gaspillage de l’eau, qui amĂšnent Ă  des dĂ©sĂ©quilibres locaux dans l’utilisation de l’eau. La « pĂ©nurie d’eau » est
une idĂ©e diffuse et imprĂ©cise. L’eau des riviĂšres et des nappes phrĂ©atiques est certes inĂ©galement rĂ©partie sur la planĂšte.
L’Asie ne dispose que de 36% de cette eau, dite « bleue », alors qu’elle contient 63% de la population mondiale (Chine 6% de
l’eau bleue, 17% de la population mondiale). Mais c’est surtout le prĂ©lĂšvement abusif d’eau agricole qui a dĂ©tĂ©riorĂ© la situation
de certains bassins hydrographiques, comme le Huang He, en Chine du Nord ou la Murray en Australie.
Mais l’eau, et notamment l’eau agricole, ne dĂ©pend pas que des riviĂšres. 80% de l’eau utilisĂ©e pour les cĂ©rĂ©ales est de l’eau de
pluie. Les disparitĂ©s fortes existent entre pays, avec des pays l’utilisant beaucoup (riziĂšres en escalier en Asie) et d’autres pays
ne sachant pas utiliser cette eau de pluie, pourtant abondante (Afrique Subsaharienne). Cette eau, dite « verte », sera dans le
futur affectée par le changement climatique, avec des pertes de rendement agricole estimées de 20% à 50%. Cette mauvaise
utilisation renvoie Ă  des dĂ©cisions de politique publique liĂ©es notamment Ă  l’alimentation et Ă  la production agricole.
Trois analyses complémentaires et exploratoires ont été menées :
1. prise en compte de l’eau dans la spĂ©cialisation agricole des pays
Depuis 2005, on constate des dĂ©cisions d’investissement industriel fondĂ©es sur la disponibilitĂ© en eau (aluminerie en Islande,
pate Ă  papier en Uruguay). En matiĂšre agricole, les diffĂ©rences sont marquĂ©es entre pays mais les groupes de l’agro-
alimentaire commencent à peine à mesurer les consommations d’eau agricole de leur chaine d’approvisionnement
(consommation indirecte) et communiquent peu sur la question. A fortiori, ils ne les utilisent pas dans leur décision
d’approvisionnement. Et pourtant une premiĂšre estimation a montrĂ© que la consommation d’eau indirecte des trois grands
groupes europĂ©ens de l’agro-alimentaire Ă©tait 200 Ă  1 000 fois supĂ©rieure Ă  leur consommation directe, dans leurs usines de
production. La gĂ©nĂ©ralisation de cet indicateur dans la finance et l’opinion publique devrait inciter les groupes agro-alimentaires
Ă  intĂ©grer la question de l’eau dans leur choix de pays d’approvisionnement agricole et permettre un meilleur usage de l’eau.
Cette analyse a permis d’élaborer un indicateur d’efficacitĂ© environnementale pour le secteur agro-alimentaire, la
consommation indirecte d’eau, qui permet d’évaluer l’efficacitĂ© « eau » de l’approvisionnement agricole de ces groupes.
2. financement des barrages
Les grands barrages sont l’outil Ă©vident du dĂ©veloppement agricole. Et pourtant, moins de la moitiĂ© des projets actuels de grand
barrage ont une fonction d’irrigation (les autres sont dĂ©diĂ©s Ă  la seule production d’électricitĂ©). Et plus de la moitiĂ© des barrages
font l’objet de contestations environnementales et sociales. L’analyse de ces contestations et l’estimation de leur coĂ»t, montre
une gestion financiĂšre des projets dĂ©sastreuse, dont l’impact financier est surtout subi par les bailleurs de fonds, tels que
l’Agence Française de DĂ©veloppement. L’apport des investisseurs pourrait ĂȘtre, d’une part, de dĂ©finir de nouvelles conditions
de bonne réalisation des grands barrages, celles existantes étant trop formalistes et pas assez objectives, favorisant les plus
gros projets et, d’autre part, de conditionner les financements des projets purement hydro-Ă©lectriques Ă  la rĂ©alisation de
barrages « inflow », sans lac réservoir et de moindre coût.
3. risque local de pĂ©nurie d’eau
La derniĂšre partie sur le risque local « eau » dans la chimie et l’agroalimentaire a montrĂ© une prise en compte dĂ©jĂ  avancĂ©e de
ces sujets par les grands groupes étudiés.
Ces rĂ©sultats montrent par ailleurs le double intĂ©rĂȘt de l’investissement socialement responsable, abordant des Ă©lĂ©ments
concrets mais aussi apportant des solutions Ă  des questions d’efficacitĂ© environnementale et sociale, au-delĂ  de l’efficacitĂ©
Ă©conomique.
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gaspillage : quel rîle pour l’investisseur ?
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Introduction
Depuis quelques annĂ©es, l’eau rencontre un intĂ©rĂȘt croissant dans la finance. Plusieurs sociĂ©tĂ©s de gestion ont crĂ©Ă© des fonds
thématiques « eau ». Plusieurs sociétés de bourse ont publié des études de brokers sur le sujet. En général, ces études
prĂ©sentent des marchĂ©s liĂ©s Ă  l’eau (mesure et contrĂŽle de la distribution d’eau, eau minĂ©rale, dessalement d’eau de mer).
Avec le temps, les chiffres de part de marché et de prévision de croissance se sont affinés, mais la compréhension des
mĂ©canismes de l’eau et de son impact sur les valorisations n’a que trĂšs peu progressĂ©.
En tant qu’investisseur institutionnel, on peut rappeler que l’eau n’est pas seulement un marchĂ© mais aussi un Ă©lĂ©ment naturel
essentiel Ă  l’alimentation humaine. Comme le rappelle la derniĂšre Ă©tude Eurosif sur le thĂšme de l’eau (Ă  laquelle Inter
Expansion a contribuĂ©), l’eau est aussi un sujet protĂ©iforme, aux multiples implications, depuis l’accĂšs Ă  l’eau et
l’assainissement jusqu’aux pollutions industrielles, en passant par la raretĂ© de l’eau.
L’objectif de cette Ă©tude est de montrer, au-delĂ  des constats que l’on peut faire sur l’eau, ce que la finance en gĂ©nĂ©ral et les
investisseurs institutionnels en particulier peuvent apporter comme solution aux problĂšmes liĂ©s Ă  l’eau, en utilisant l’effet de
levier du financement pour inciter Ă  la mise en Ɠuvre de ces solutions. Pour Ă©laborer ces solutions, nous avons consultĂ© des
experts, tels que l’OCDE ou le dĂ©partement d’analyse ISR de SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale CIB, et nous avons coopĂ©rĂ© sur un des thĂšmes
de l’étude avec une ONG, International Rivers. Qu’ils soient ici remerciĂ©s.
Nous avons d’abord menĂ© une analyse complĂ©mentaire sur le constat de raretĂ© de l’eau, pour bien comprendre s’il s’agissait de
disponibilitĂ© physique ou d’utilisation de l’eau, et quelle pourrait ĂȘtre l’évolution Ă  long terme de cette eau.
Ce cadrage a permis de hiĂ©rarchiser les trois questions de l’eau, qui seront traitĂ©es dans la suite de ce document. Les deux
premiĂšres questions sont liĂ©es Ă  l’alimentation. La troisiĂšme porte plutĂŽt sur un arbitrage local entre eau des villes et eau de
l’industrie.
1) Quelle culture pour quelle consommation d’eau ?
2) Quelles techniques agricoles dans les pays n’utilisant pas ou peu l’eau verte ?
3) Quel partage de l’eau entre ville et industrie ?
Face aux deux premiÚres questions, un travail exploratoire est nécessaire, car ces questions ont encore été peu traitées, tant
par les entreprises que l’analyse financiùre traditionnelle ou l’analyse extra-financiùre.
Pour rĂ©pondre Ă  la premiĂšre question, nous avons Ă©laborĂ© un indicateur de consommation d’eau indirecte des groupes agro-
alimentaires, pour avoir une premiĂšre estimation de l’étendue du problĂšme.
Pour répondre à la seconde question, nous avons analysé le développement des barrages, au regard des controverses
environnementales et nous avons lĂ  encore Ă©laborĂ© une mĂ©thode d’estimation des coĂ»ts liĂ©s aux controverses
environnementales et sociales des barrages.
Pour la troisiÚme question, nous avons analysé les implantations locales des grands groupes chimiques, en utilisant une
mĂ©thode dĂ©jĂ  dĂ©veloppĂ©e, notamment dans l’étude « Eau : la mer Ă  boire » de CM CIC Securities, en septembre 2006.
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PĂ©nurie ou raretĂ© de l’eau : question de disponibilitĂ© ou de gouvernance ?
A partir d’une Ă©tude de 2005 sur le « triangle de la soif », de nombreuses analyses ont dĂ©veloppĂ© le thĂšme de la pĂ©nurie d’eau.
Dans les paragraphes suivants, nous revenons briĂšvement sur cette analyse initiale, et nous montrons par deux analyses
complĂ©mentaires comment nous pouvons d’abord relativiser cette pĂ©nurie, et parler plutĂŽt de raretĂ© de l’eau, puis nous
aborderons le sujet de la consommation d’eau agricole, qui montre que ces questions de disponibilitĂ© d’eau sont marquĂ©es par
des choix de production agricole et de consommation alimentaire.
En 2005, une étude alarmiste du PNUD sur la raréfaction des ressources en eau annonçait la disparition à horizon 2025 de
40% des ressources en eau d’un certain nombre de pays, dans le « triangle de la soif » - Le Cap-Gibraltar-Djakarta -, par
opposition les pays de l’Or Bleu : Asie, Canada, AmĂ©rique du Sud.
« Triangle
de la soif »
(Source : PNUD – Programme de Nations Unies pour le Developpement, 2005)
On peut contester cette approche sur deux points. D’une part, le triangle de la soif ne correspond pas exactement aux zones les
plus touchĂ©es par la pĂ©nurie. D’autre part, certains pays, notamment la Chine et les Etats-Unis apparaissent comme
modĂ©rĂ©ment concernĂ©s, ce qui recoupe des rĂ©alitĂ©s bien diffĂ©renciĂ©es Ă  l’intĂ©rieur de chaque pays, avec par exemple en Chine,
les inondations du Yang Tse Kiang et le mince filet d’eau du Huang He.
Toutefois, cette approche a permis de justifier des dĂ©cisions d’installation industrielle, telles que l’implantation d’une unitĂ© de
production d’aluminium en Islande, pays sans tradition aluminiĂšre, ne possĂ©dant pas de mine de bauxite, mais disposant d’eau,
et donc au potentiel hydroélectrique important.
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Toutefois, cette projection ne prend en compte que l’eau des riviĂšres et des nappes phrĂ©atiques, aussi appelĂ©e « eau bleue ».
L’eau bleue est inĂ©galement rĂ©partie. Par exemple, l’Asie, avec 63% de la population mondiale dispose de seulement 26% des
ressources en eau « bleue ».
Mais, au niveau mondial, 80% de l’eau utilisĂ©e pour les cĂ©rĂ©ales est de l’eau « verte », c’est Ă  dire de l’eau de pluie et de l’eau
contenue dans la terre (humus). 90% des ĂȘtres humains dĂ©pendent pour leur alimentation de l’eau « verte ». Seules des
civilisations agricoles comme l’Egypte ou la MĂ©sopotamie dĂ©pendent Ă  plus de 60% de l’eau bleue. A contrario, les cultures de
riziĂšres en escalier sont une façon de retenir l’eau de pluie. Dans les autres pays, c’est l’eau verte qui prĂ©domine.
Les menaces sur l’eau verte sont de deux types : l’érosion des sols (notamment en Afrique, du fait de la culture sur brulis, qui a
formé la latérite, mais aussi en Amazonie, du fait de la déforestation) et le réchauffement climatique qui affecte les pluies
(notamment en Inde). Cela montre la nĂ©cessitĂ© d’une agriculture plus Ă©conome ou d’une agriculture diversifiant son
approvisionnement en eau.
Cette premiÚre mise en perspective permet de relativiser la notion de pénurie. En fait, comme le montre le graphique suivant, il
y a plusieurs zones :
- « pĂ©nurie relative et absolue d’eau bleue » : il s’agit de bassins hydrographiques menacĂ©s par l’utilisation trop
abondante de l’eau. Ce n’est pas tant la Chine qui souffre d’un dĂ©ficit hydrographique, que le bassin du fleuve Bleu
(Huang He) ; en revanche, le bassin du fleuve Jaune resterait marqué par des inondations, dues notamment à des
pluies de mousson. En Asie, hors Chine, les problùmes portent sur l’Indus et le Gange, ainsi que sur les fleuves du
Sud de l’Inde et les riviĂšres d’Asie Centrale. En AmĂ©rique, les problĂšmes sont concentrĂ©s sur le bassin du Colorado et
du Rio Grande. En Australie, la Murray est menacĂ©e par sur-utilisation d’eau agricole.
- « mauvaise utilisation d’eau verte » : ces pays (Inde Centrale, Asie) utilisent peu d’eau bleue et ont beaucoup de
difficultĂ©s Ă  utiliser l’eau verte, notamment par mĂ©connaissance ou mauvais usage des techniques agricoles.
Abondance d’eau
« Pénurie » absolue ou
relative d’eau bleue
Mauvais usage d’eau verte
Pas de données
(Source : International Water Management Institute, 2007)
Pour mieux comprendre cette question de l’usage agricole de l’eau, il est intĂ©ressant de revenir sur la consommation d’eau
agricole. Dans l’estimation mondiale ci-dessous, on constate d’abord que la consommation d’eau agricole est d’abord fonction
du degrĂ© de richesse du pays. Mais ce constat doit ĂȘtre pondĂ©rĂ© par les deux critĂšres suivants :
- la consommation de viande est un critĂšre important dans la forte consommation d’eau indirecte de l’élevage (par
exemple, cela explique la faible consommation d’eau du Japon);
- la prĂ©sence de cultures d’exportation trĂšs consommatrices en eau, par exemple, cela explique la forte consommation
du Mali, oĂč la culture du coton est trĂšs prĂ©sente.
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(Source : UNESCO, 2006)
On peut noter sur cette carte l’importance de la consommation agricole d’eau. En effet, en introduction, nous rappelions que la
consommation minimale d’eau domestique est de 20 litres par jour. Or, dans le pays le plus faiblement consommateur d’eau, la
consommation d’eau par habitant est de 600m
3
/ an, soit 2m
3
, c'est-Ă -dire 2000 litres par jour.
Dans cette perspective, l’impact du changement climatique est important. Au-delà de l’effet sur la fonte des glaciers et le
développement des événements climatiques (moussons, 
), le changement climatique implique une modification de la
disponibilité en eau verte, comme en eau bleue et modifie donc les rendements agricoles, en Afrique et en Asie, mais aussi en
Amazonie. Pour l’Afrique subsaharienne, les pertes de rĂ©coltes sont estimĂ©es Ă  20% (SG CIB, The Africa factor, DĂ©cembre
2008).
Sur la base de ces analyses, nous pouvons donc affirmer que la question de l’eau renvoie non pas tant Ă  sa disponibilitĂ©
physique mais d’abord et avant tout à son usage, et donc ressort comme une question de gouvernance, et non de technique.
- l’usage d’eau est un problùme critique pour l’alimentation mondiale,
- l’eau verte sera affectĂ©e par le changement climatique (qui affecte le rĂ©gime des pluies), la dĂ©forestation (notamment en
Amazonie),
- l’usage d’eau verte est encore restreint dans certaines rĂ©gions du monde mais pourrait ĂȘtre amĂ©liorĂ© par une meilleure
utilisation des sols (en abandonnant la tradition de la culture sur brulis notamment en Afrique)
- l’eau bleue est menacĂ©e sur certains bassins hydrographiques ; il renvoie Ă  des choix nationaux ou locaux de production
agricole
- la pĂ©nurie d’eau bleue est plutĂŽt un problĂšme pour les villes et l’industrie.
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Consommation indirecte d’eau des groupes agro-alimentaires
Cette consommation d’eau agricole Ă©chappe par dĂ©finition Ă  la mesure de la consommation d’eau des industries, mais il est un
secteur qui est plus concernĂ© que les autres par cette consommation, d’eau, le secteur agro-alimentaire. Nous entendons par
consommation d’eau indirecte la consommation d’eau nĂ©cessaire Ă  l’élaboration d’un produit agricole, depuis les semailles
jusqu’à la rĂ©colte. En effet, il s’agit lĂ  de la consommation de la chaine d’approvisionnement. Pour mesurer l’exposition au
risque des diffĂ©rents groupes, il faut d’abord disposer d’un outil de mesure. Dans le cas de la consommation d’eau agricole, il
faut donc concevoir un indicateur d’efficacitĂ©: c’est l’objectif de cette partie.
A l’occasion de la Semaine Mondiale de l’Eau en septembre 2008, The Economist avait rapportĂ© des estimations selon
lesquelles, les quatre principaux groupes agro-alimentaires mondiaux (Nestlé, Unilever, Coca-Cola, Pepsico) consommaient
autant d’eau, que la consommation (domestique) de 4 milliards d’individus. Cette prĂ©sentation mĂ©diatique est quelque peu
dĂ©formante, sachant que, comme on l’a vu en introduction, la consommation d’eau agricole est bien supĂ©rieure Ă  la
consommation d’eau domestique.
La communication environnementale des trois grands groupes agro-alimentaires europĂ©ens s’intĂ©resse principalement Ă  la
consommation directe d’eau, et notamment dans le secteur de l’eau en bouteille.
Consommation d’eau directe
millions de m
3
Consommation d’eau relative
l/kg
Commentaire
Danone 8 Non communiqué
Baisse de 22% sur 2000-07
1,25 l / l eau en bouteille
Nestlé 157 4,05
Baisse de 35% en relatif sur
2002-06
1,82 l / l eau en bouteille
Unilever 61 2,98
Baisse de 55% en relatif et
40% en absolu depuis 2002
(Source : Inter Expansion)
Par ailleurs, deux des trois groupes communiquent sur leur consommation d’eau indirecte. La consommation d’eau indirecte est
d’aprĂšs eux, 15 Ă  20 fois supĂ©rieure Ă  la consommation d’eau directe.
Pour Ă©laborer cet indicateur de consommation indirecte d’eau, nous avons utilisĂ© la mĂ©thode de « l’empreinte eau » (« Water
Footprint »), mĂ©thode dĂ©veloppĂ©e par le Professeur Hoekstra, de l’universitĂ© de Twente. Cette mĂ©thodologie, d’abord appliquĂ©e
aux Pays-Bas est d’ailleurs utilisĂ©e en phase de test par le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD)
pour des calculs d’empreinte eau des grandes entreprises.
Le tableau suivant prĂ©sente la consommation d’eau indirecte moyenne de quelques matiĂšres premiĂšres agricoles. Les donnĂ©es
en gras sont celles qui seront utilisées pour les trois groupes étudiés dans cette étude.
Produit Litre d’eau / kg Produit litre d’eau / kg
Lait
Lait en poudre
1 000 (600-1 400)
3 000 (2 000 - 4 000)
Sucre 175 (100-500)
Thé 9 000 (7 000-11 000) Légumes (tomates, épinards) 200 (100-300)
Cacao 7 000 (5 000 -10 000) Huiles végétales 7 000 (3 000 - 20 000)
Café 20 000 (15 000 - 30 000) Coton 8 000 (5 000 - 20 000)
Viande de bƓuf Viande de porc
(Source : Hoekstra, 2005)
Ensuite, il faut trouver les quantités de matiÚres premiÚres agricoles consommées par ces différents groupes. Seul Nestlé
communique les chiffres de ses trois premiÚres matiÚres premiÚres en volume : lait, café, cacao. Pour les autres groupes, nous
disposons d’estimations de coĂ»ts des matiĂšres premiĂšres, en pourcentage du chiffre d’affaires et des coĂ»ts totaux.
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Produit Coût CA
Lait 25% 16%
Fruit 8% 3%Danone
Sucre 5% 2%
Huiles végétales 11% 6%
Lait 4% 2%Unilever
Thé 4% 2%
Lait 13% 6%
Café 8% 3%
Fruit 7% 3%
Cacao 6% 3%
Sucre 5% 2%
Nestlé
Farine 4% 2%
(Source : Cheuvreux)
Dans cette liste n’apparaissent ni les quantitĂ©s de viande utilisĂ©es dans les plats cuisinĂ©s (NestlĂ©, Unilever), ni le cacao
aromatisant les yaourts (Danone). A partir de ces coûts et des quantités de certains produits, on peut déterminer les produits
sur lesquels centrer notre estimation. C’est ce qui sera fait dans le tableau suivant, en rajoutant la rĂ©partition du CA pour mieux
comprendre les matiÚres premiÚres utilisées et reportées par les différents groupes.
RĂ©partition du CA
Principales matiÚres premiÚres utilisées
(% CA)
Danone
Produits laitiers : 57
Eau : 20
Alimentation spéciale : 23
Lait : 16%
Nestlé
Eau et café : 25
Produits laitiers : 25
Plats et confiseries : 20
Alimentation animale : 18
Lait : 6%
Café : 3%
Cacao : 2%
Unilever
Produits agro-alimentaires : 46%
Produits d’entretien : 54%
Huile de palme : 6%
Thé : 3%
Cacao : 3%
(Source : Inter Expansion)
Pour Unilever et Danone, nous avons estimĂ© les quantitĂ©s consommĂ©es Ă  partir de ces chiffres de coĂ»t. Dans le cas d’Unilever,
nous avons Ă©galement eu recours aux chiffres bruts d’huile de palme consommĂ©e, ainsi qu’à une production pĂ©riphĂ©rique, la
tomate, pour laquelle nous disposions d’un chiffre brut de consommation par le groupe.
A partir de ces estimations, nous avons pu calculer un indicateur de consommation indirecte d’eau (en millions de m
3
/an, ainsi
qu’en litre par euro (l/€) de chiffre d’affaires). Pour ce faire, nous avons utilisĂ© la consommation indirecte d’eau moyenne, sans
chercher à identifier l’origine des produits agricoles : ce sont les calculs suivants.
Consommation d’eau
directe
Mm
3
/ an
Consommation d’eau
indirecte en Mm
3
/ an
Consommation d’eau
indirecte
Litres /€ de CA
Commentaire
Danone 8 10 000 700
Le moins exposé 

en absolu
Nestlé 157 40 000 600
Le plus transparent
(toute l’information
est disponible)
Unilever 61 15 370 400
Le moins
dépendant du lait
(Source: Inter Expansion)
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Dans cette approche expérimentale, seules quatre matiÚres premiÚres (lait, café, thé, cacao) ont été prises en compte.
Toutefois, ces premiĂšres estimations permettent d’ores et dĂ©jĂ  d’établir les deux faits suivants.
- la consommation indirecte est 300 à 1000 fois supérieure à la consommation directe.
- elle est trÚs dépendante de la matiÚre premiÚre agricole utilisée : ainsi le lait a une forte consommation indirecte.
DĂšs lors, on peut faire les quatre commentaires suivants :
- la consommation indirecte est un indicateur d’efficacitĂ© environnementale de l’entreprise, plus pertinent que la
consommation directe ;
- l’interprĂ©tation de cet indicateur en termes d’efficacitĂ© Ă©conomique est relative et doit s’accompagner d’une analyse
financiĂšre des coĂ»ts de l’entreprise ; en effet, une entreprise pourrait rĂ©duire cette consommation indirecte en utilisant
de moins en moins de matiÚre premiÚre agricole dans son processus, ce qui pourrait nuire à la qualité intrinsÚque du
produit ou son existence mĂȘme1
;
- la consommation d’eau communiquĂ©e par les groupes agro-alimentaires ne prend en compte que les eaux de lavage
des matiĂšres premiĂšres agricoles, et omet l’eau nĂ©cessaire Ă  sa production ;
- aucun mouvement de production agricole d’un pays vers un autre n’a encore Ă©tĂ© constatĂ©, et dĂ»ment analysĂ© Ă  travers
ce type de calcul (par exemple, recentrer la production de lait sur quelques pays pour rĂ©duire la consommation d‘eau
indirecte); mais les initiatives mises en place en termes d’agriculture responsable semblent intĂ©grer cette question de
l’eau ; en effet la formalisation des processus d’agriculture responsable peuvent permettre d’aborder la question de
l’eau (initiatives locales significatives en Malaisie et au Kenya dans les eaux de lavage des fruits et lĂ©gumes).
Dans le futur, il sera intĂ©ressant d’analyser l’évolution des coĂ»ts de matiĂšre premiĂšre et l’origine gĂ©ographique de ces derniĂšres.
Cela permettra de mesurer l’effort fait par les groupes agro-alimentaires pour contribuer Ă  la rĂ©duction de la consommation
d’eau agricole. On peut faire une derniĂšre remarque. Une de ces trois entreprises Ă©tait d’accord avec les chiffres mais elle
ajoutait qu’il s’agissait pour une de ces productions agricole, de consommation d’eau verte, c'est-à-dire d’eau de pluie. Nous
sommes bien d’accord avec cette affirmation, mais d’une part, le changement climatique peut modifier le rĂ©gime des pluies
dans cette rĂ©gion, et d’autre part, la question mondiale n’est pas tant la couleur de l’eau, que son utilisation optimale et la
spĂ©cialisation agricole selon la quantitĂ© d’eau consommĂ©e.
1
Dans la mĂȘme perspective, Enron avait obtenu le prix du meilleur rapport de responsabilitĂ© sociale d’entreprise en communiquant sur des
Ă©missions de Co2 par $ de chiffre d’affaires en baisse, car il ne produisait plus d’électricitĂ©, mais ne cessait de la revendre
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Coûts des contestations environnementales et sociales des barrages
Les barrages ont Ă©tĂ© Ă©rigĂ©s depuis l’AntiquitĂ© pour l’irrigation et depuis le dix-neuviĂšme siĂšcle pour la production d’électricitĂ©.
Aujourd’hui, les barrages permettent l’irrigation de 30 Ă  40% des terres irriguĂ©es. L’énergie hydraulique reprĂ©sentait 19% de
l’électricitĂ© produite.
Le potentiel hydro-électrique est encore sous exploité. Ainsi la derniÚre étude de Greenpeace et du GIEC présente t elle
l’évolution du secteur hydroĂ©lectrique, jusqu’en 2050.
En GW 2005 2010 2020 2030 2040 2050
Capacité
installée
878 978 1178 1300 1443 1565
(Source : EREC-Greenpeace, 2008)
Leurs prévisions envisagent un doublement de la puissance installée, notamment par le développement de « petits barrages »
(de moins de 15 mÚtres de haut), fondé sur la solution technique du barrage in-flow2
. Il est important de comprendre le marché
des barrages, et notamment des grands barrages.
Du cotĂ© de la demande, aujourd’hui, hormis les vallĂ©es irriguĂ©es de MĂ©sopotamie, du Nil et de l’Indus, les barrages sont un
équipement de pays riche. Le potentiel de développement est trÚs largement situé dans les pays émergents, comme le montre
le taux d’exploitation des riviĂšres de diffĂ©rents pays.
de 1 Ă  6% de 11 Ă  21% de 28 Ă  45% de 55 Ă  65% de 83 Ă  100%
Congo, Indonésie,
PĂ©rou
Russie, Inde, Chine,
Colombie
Brésil, Italie Canada,
SuĂšde, USA, NorvĂšge,
Japon
Allemagne,
France
(Source : Velcan Energy)
En 2007, la demande d’équipements liĂ©s aux barrages est tirĂ©e par la Chine (45%) et l’Inde (9%).
Du cĂŽtĂ© de l’offre, la seule offre identifiable concerne l’équipement des barrages. C’est une situation d’oligopole, formĂ©e par 4
entreprises : Alstom, Andritz, Siemens, et General Electric qui dĂ©tiennent prĂšs des Ÿ du marchĂ©.
Les constructeurs des barrages sont souvent des groupes d’ingĂ©nierie, appartenant Ă  des groupes de BTP cotĂ©s ou non. Ils ne
seront donc pas Ă©tudiĂ©s par la suite.Deux autres acteurs interviennent sur ce marchĂ© : les sociĂ©tĂ©s productrices d’électricitĂ©, qui
exploitent les barrages, les organismes financiers internationaux (Banque Mondiale, Banque Asiatique de DĂ©veloppement,
Agence Française de Développement).
Controverses environnementales et sociales autour des barrages
Malgré le développement futur des barrages et leur rÎle-clé dans le développement agricole, les barrages sont contestés, avec
quatre points particuliĂšrement mis en avant :
1. dĂ©placement de population : plus d’1 million de personnes pour le barrage des Trois Gorges ;
2. Ă©vaporation des lacs rĂ©servoirs, qui reprĂ©sentent 5% de la consommation totale d’eau (exemple du barrage des
Trois Gorges, lac s’étendant sur plus de 600 kilomĂštres en amont du barrage) ;
3. sĂ©dimentation des barrages : la vĂ©gĂ©tation des forĂȘts englouties pourrit dans le lac rĂ©servoir et les sĂ©diments
diminuent Ă  moyen long terme la puissance du barrage ;
4. émissions de gaz à effet de serre des barrages : la sédimentation émet du méthane (gaz à effet de serre), alors
que les barrages reçoivent des crédits carbone, car considérés, à juste titre, comme moins émetteurs que les
centrales Ă©lectriques Ă  charbon.
L’ONG International Rivers recensait, en septembre 2008, prĂšs de 30 projets de barrages contestĂ©s dans le monde (cf. tableau
ci-dessous). Ces projets d’une puissance cumulĂ©e prĂ©vue de 65 GW reprĂ©sentent environ 40% de la puissance Ă  installer d’ici
Ă  2015. Le coĂ»t moyen est de 3M €/MW
3
.
2
Le barrage « in flow » est un barrage dans le flux de la riviÚre, sans bassin de rétention. Le flux est détourné dans un tuyau souterrain au bout
duquel est installĂ©e une turbine, puis rejoint le lit de la riviĂšre. Cette technique permet de gĂ©nĂ©rer la mĂȘme puissance que les grands barrages,
mais il ne permet pas de stocker de l’énergie et de rĂ©pondre en heures de pointe.
3
Source : EREC- Greenpeace, 2008
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Barrage Pays Puissance (MW) Barrage Pays Puissance (MW)
Kaptai Bangladesh 2300 Tipaimukh Dam Inde 1500
Belo Horizonte Brésil 6450 Narmada Inde 3000
Madeira Brésil 3150 Nam Theun Laos 2400
Jirau Brésil 3300 Orange Lesotho 172
Sao Salvador Brésil 240 Bakun Dan Malaisie 2750
Koh Kong Cambodge 246 Zambeze Mozambique 1380
Koh Kong Cambodge 338 Kumene Namibie 6500
Lom Pangar Cameroun 51 Bujagali Ouganda 200
Patagonie Chili 2400 Merowe Soudan 1500
Jingsha Chine 12400 Ilisu Turquie 1200
Inga Congo 3900 Yusufeli Turquie 540
Gigel Gibe Ethiopie 3100 Son La Vietnam 3000
Kongou Gabon 3000 Total 65017
(Source : International Rivers)
Face Ă  ces critiques, il est pertinent de comprendre voire d’estimer le coĂ»t de cette contestation environnementale et sociale.
Les seules estimations de coût disponibles sont une moyenne de surcoût de construction des grands barrages sur les 40
derniÚres années. Le surcoût estimé est de 60%
4
pour un coĂ»t moyen de 3M€/MW.
Quantification du coĂ»t d’une contestation environnementale et sociale des barrages
Pour comprendre et analyser cette contestation, nous avons contactĂ© l’ONG International Rivers. L’ONG nous a d’abord
apporté les trois précisions suivantes concernant les coûts des contestations :
1. le surcoĂ»t n’est liĂ© ni au bruit mĂ©diatique de la contestation, ni Ă  un indicateur social (nombre de personnes dĂ©placĂ©es)
ou environnemental (surface forestiÚre inondée).
2. la contestation rĂ©vĂšle des problĂšmes d’ingĂ©nierie et engendre des surcoĂ»ts d’ingĂ©nierie (meilleure prise en compte des
risques sismiques, meilleure comprĂ©hension de l’écoulement d’eau).
3. la principale question agricole posĂ©e sur les barrages contestĂ©s Ă©tait l’activitĂ© agricole de substitution proposĂ©e aux
populations locales, et notamment la transformation de la pĂȘche en aquaculture.
Pour contester un barrage, l’ONG International Rivers se rĂ©fĂšre aux 7 conditions de bonne conception et bonne exĂ©cution d’un
barrage, telle que définie par la Commission Mondiale des Barrages en 2001 :
- accord du public
- Ă©valuation exhaustive des alternatives
- existence d’autres barrages Ă  proximitĂ©
- prĂ©servation des cours d’eau et des moyens de subsistance
- reconnaissance des droits et partage des avantages du barrage
- respect des normes
- partage des cours d’eau pour la paix, le dĂ©veloppement et la sĂ©curitĂ©
L’autre Ă©lĂ©ment qui semblait engendrer un surcoĂ»t Ă©tait l’usage « simple » ou « multiple » du barrage. En cas d’usage simple, la
seule « activitĂ© » du barrage Ă©tait la production l’électricitĂ©.
Pour cette quantification expérimentale, nous avons retenu en accord avec International Rivers la liste des 13 barrages
suivants.
Barrage Pays Puissance (MW) Barrage Pays Puissance (MW)
Tala Bhoutan 1022 Nam Theun 2 Laos 1088
Madeira Brésil 3200 Theun Hiboun Laos 280
Xiaoxi Chine 136 Mphanda Nkuwa Mozambique 1000
Urra Colombie 750 Epupa Namibie 360
Gibe III Ethiopie 1870 Bujagali Ouganda 200
Jorethang Loop Inde 96 Changuinola 1 Panama 222
Son La Vietnam 2400
(Source : International Rivers-Inter Expansion)
4
Source : Commission Mondiale des Barrages, 2000
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Dans la suite de cette étude, nous avons développé une approche probabiliste, en travaillant sur :
- La probabilitĂ© d’occurrence : le risque de surcoĂ»t
Nous avons considéré que le non respect de chacune de ces conditions augmentait la probabilité de surcoût. Aucune
condition n’est apparue plus importante. Elles sont donc toutes Ă©quipondĂ©rĂ©es.
- L’occurrence : le montant de ce surcoĂ»t
Nous avons considéré un surcoût de 60%, qui est le surcoût moyen de construction des barrages depuis 40 ans. Mais en
cas de double usage, ce surcoût était doublé, soit 120%.
L’analyse du respect des conditions Ă©tait effectuĂ©e par International Rivers. Le rĂ©sultat est le suivant.
Barrage
Conditions non
respectées
Probabilité
de surcoût
Double usage Impact estimé
Nam Theun 2 4 56% Oui Surcoût de 65%
Changuinola 1 6 85% Non Surcoût de 50%
Jorethang Loop 6 85% Oui Surcout de 96%
Tala 6 85% Oui Surcoût de 100%
Mphanda Nkuwa 6 85% Non Surcoût de 50%
Epupa 7 100% Oui Non réalisation
Bujagali 7 100% Non Non réalisation
Gibe III 6 85% Non Surcoût de 50%
Urra 4 56% Non Surcout de 25%
Son La 4 56% Non Surcout de 25%
Xiaoxi 6 85% Non Surcoût de 50%
Madeira 4 56% Oui Surcoût de 65%
Theun Hiboun 4 56% Oui Surcout de 50%
(Source : Inter Expansion)
On constate donc les trois points suivants :
- la majeure partie des barrages a pour fonction unique la production d’énergie Ă©lectrique.
- les surcoûts sont significatifs, supérieurs à 50% pour 11 des 13 barrages.
- les surcoûts sont rédhibitoires pour 2 de ses barrages.
Exposition au risque des différents acteurs du marché des barrages
En termes d’exposition au risque, on peut faire les trois constats suivants :
- pour les équipementiers, pas de divergence entre la liste et les parts de marché mondiales (Alstom : environ 20% ;
Andritz, Siemens : environ 17% ; GE : environ 13%) ;
- pour les producteurs d’électricitĂ©, une prĂ©sence selon les zones d’influence des pays (AmĂ©ricains en AmĂ©rique du
Sud, prĂ©sence d’EDF en Indochine, par filiale interposĂ©e, prĂ©sence croissante des Chinois, notamment en Afrique)
- pour les financeurs, on remarque une exposition forte de l’AFD (6 projets), et une prĂ©sence beaucoup plus modeste du
GTZ et de USAID (2 ou 3 projets).
Pour les acteurs, ces surcoĂ»ts sont variables selon le type d’acteurs :
- pour les Ă©quipementiers : l’impact sur le chiffre d’affaires est faible, avec des estimations pour Alstom et Siemens de
100 à 200 M€.
- pour les producteurs d’électricitĂ© europĂ©ens : l’impact sur les marges est faible du fait de la faible part de ces barrages
dans leur parc (et de leur investissement dans ces barrages via des filiales Ă  hauteur de 30 Ă  40%).
- pour les financeurs : le risque est fort, notamment pour l’AFD trĂšs exposĂ© Ă  l’enjeu et dans des projets trĂšs risquĂ©s.
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IntĂ©rĂȘt de cette analyse du coĂ»t environnemental et social des barrages
MalgrĂ© l’absence d’impacts substantiels dans la valorisation des groupes industriels concernĂ©s part les barrages, cette analyse
expĂ©rimentale nous a permis d’apporter trois rĂ©sultats intĂ©ressants :
1. IntĂ©rĂȘt relatif des grands barrages et des petits barrages (« in flow »)
L’estimation du surcoĂ»t des grands barrages apporte un regard nouveau Ă  un problĂšme trop seulement limitĂ© Ă  une question
juridique ou technique. Il apparaßt nettement que les coûts des projets de grands barrages ont été systématiquement sous-
Ă©valuĂ©s. L’estimation du surcoĂ»t incite Ă  rĂ©Ă©tudier l’intĂ©rĂȘt du projet en travaillant sur son coĂ»t rĂ©el (c'est-Ă -dire entre 3 et 5 M€
par MW). L’approche financiĂšre confirme la pertinence des barrages de petite taille, au dĂ©part une solution technique pour les
petits projets, qui se rĂ©vĂšle in fine, moins coĂ»teuse en capital (1M€/MW), mieux maĂźtrisĂ©e financiĂšrement et techniquement
(15% de dépassement de coûts en moyenne).
Pour les barrages Ă  seule fin de production d’électricitĂ©, les barrages « in flow » sont prĂ©fĂ©rables. Le seul « inconvĂ©nient » est
leur incapacitĂ© Ă  rĂ©pondre aux pĂ©riodes de pointe de consommation par une plus forte production. En l’absence d’un bassin de
rétention, leur puissance est limitée au seul débit naturel de la riviÚre. Mais cet « inconvénient » ne semble pas pertinent dans
les pays Ă©mergents qui sont en manque d’électricitĂ©, sans variation horaire.
2. Pertinence des différentes conditions de la Commission Mondiale des Barrages
Condition de la Commission Mondiale des Barrages Cas de respect de la condition
accord du public 6
Ă©valuation exhaustive des alternatives 0
analyse d’autres barrages Ă  proximitĂ© 2
prĂ©servation des cours d’eau et des moyens de subsistance 0
reconnaissance des droits et partage des avantages du barrage 4
respect des normes 0
partage des cours d’eau pour la paix, le dĂ©veloppement et la sĂ©curitĂ© 8
(Source : Inter Expansion)
On constate que seules deux conditions, sur sept, sont respectées dans la moitié des projets. Deux autres conditions sont
respectées dans un sixiÚme ou un tiers des cas. Les autres conditions étant systématiquement non respectées, on peut se
demander si elles sont pertinentes comme conditions d’obtention, ou bien si elles sont dĂ©finies de maniĂšre suffisamment
objectives et cohĂ©rentes pour ĂȘtre respectĂ©es.
En revanche, il n’y a aucune condition factuelle d’exposition au risque : nombre de personnes dĂ©placĂ©es, surface de forĂȘt
englouti, nombre de clients desservis, Ă©missions de mĂ©thane dues Ă  la sĂ©dimentation, nombre d’hectares agricoles irriguĂ©s par
le barrage. Ces conditions factuelles permettraient de pondĂ©rer l’intĂ©rĂȘt du barrage ou de sa rentabilitĂ© Ă  travers l’attribution de
crédits-carbone.
3. RĂŽle des conditions de la Commission Mondiale des Barrages dans l’attribution de crĂ©dits carbone aux projets hydro-
Ă©lectriques
Pour conclure, on peut faire une remarque sur les crédits carbone. Les conditions de la Commission Mondiale des Barrages
sont trĂšs formelles, attachĂ©es au bon dĂ©roulement d’un processus. Leur utilisation comme condition d’obtention des crĂ©dits
carbone parait incohérente et incomplÚte.
Elle est incohérente, car son utilisation ex post conduit à favoriser des projets se révélant non rentables. Par exemple, le projet
de barrage de XiaoXi a demandé des crédits carbone pour améliorer la rentabilité du projet, alors que les pertes constatées
provenaient justement du non respect des conditions de la Commission Mondiale des Barrages. En l’occurrence, les
glissements de terrain et autres problĂšme gĂ©ologiques qui sont apparus lors du chantier auraient pu ĂȘtre dĂ©tectĂ©s par une
analyse de l’impact environnemental, si celle-ci avait Ă©tĂ© menĂ©e correctement. Seules les candidatures avant dĂ©marrage du
projet devraient ĂȘtre acceptĂ©es par l’UNFCC, Commission des Nations Unies sur lutte contre le changement climatique.
Elle est incomplĂšte car les barrages les plus Ă  mĂȘme de fournir des Ă©lĂ©ments d’information sur leur respect des conditions de la
Commission Mondiale des Barrages, sont ceux qui ont un impact environnemental le plus Ă©levĂ© (forĂȘts englouties). En
revanche, les barrages de plus petite taille n’ont pas nĂ©cessairement les moyens de communiquer sur ces aspects. Telles
quelles, les conditions d’attribution de crĂ©dits carbone favorisent les projets de barrages aux impacts environnementaux les plus
forts.
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Risque local de « pĂ©nurie d’eau » dans l’industrie
Certaines industries sont plus sensibles que d’autres Ă  la question de rarĂ©faction de l’eau (bleue). Nous avons choisi de
regarder deux secteurs : la chimie (grand consommateur direct d’eau) et l’agro-alimentaire (grand consommateur indirect
d’eau).
Chimie
La consommation d’eau directe dans la chimie est importante (tableau suivant), si on les compare par exemple à la
consommation directe dans l’agroalimentaire (de 8 à 157 Mm3
). Rappelons que, dans la chimie, l’eau est principalement utilisĂ©e
pour le refroidissement des procédés industriels.
Les rejets polluants dans l’eau, eau chargĂ©e de polluants organiques ou toxiques, sont faibles en pourcentage, mais
reprĂ©sentent quand mĂȘme des volumes importants. Les rejets polluants de BASF sont aussi importants que la consommation
d’eau directe de NestlĂ©, Bayer et Danone rĂ©unis (200 millions de m
3
).
Consommation d'eau (Mm
3
) % rejet polluant % recyclé
BASF 2597 8 20
Bayer 449 18 9
DSM 237 5
Akzo 250 7
Air Liquide 37 0
Linde 32 0
(Source : Inter Expansion)
Sur la base de ces chiffres, on a procédé à une analyse par « peer group », pour des niveaux de consommation, voire des
activitĂ©s, comparables. Pour chacune des entreprises, nous analyserons l’usage de l’eau et la localisation, afin d’identifier les
sites industriels installĂ©s dans des zones de pĂ©nurie d’eau « bleue ».
L’objectif est d’identifier les sites de production installĂ©s dans des zones de pĂ©nurie d’eau (bleue), pour lesquels une mesure de
fermeture administrative pourrait ĂȘtre dĂ©cidĂ©e, suite Ă  un arbitrage politique en faveur de l’agriculture. Rappelons qu’il est plus
facile de fermer 1 usine de 100 salariĂ©s, que de priver d’eau ou de rĂ©organiser la production d’1 million de paysans.
1. BASF, BAYER
Pour BASF, 90% de l’eau utilisĂ©e est de l’eau de refroidissement. BASF diversifie l’apport en eau (l’eau recyclĂ©e en interne
reprĂ©sente 20% de la consommation totale d’eau).
La production est organisée autour de 3 sites principaux :
- Ludwigshafen : site historique du groupe, dont la consommation d’eau reprĂ©sente 60% de celle du groupe BASF.
- Kuan Tan (prĂšs de Shanghai) ;
- Freeport (Golfe du Mexique) : pour ce site, Ă  l’embouchure du Rio Grande, une action de rĂ©duction de la
consommation a été menée dÚs 2004-05 en amont du fleuve.
Parmi les sites secondaires, on compte un site chinois dans une zone Ă  risque de pĂ©nurie d’eau bleue (sur les 20 sites chinois
que compte le groupe) et deux sites en Inde du Sud (mais aux consommations réduites et dont le produit réduit la
consommation d’eau)
Pour BAYER, 60% de l’eau consommĂ©e est de l’eau de refroidissement, 18% d’eau polluĂ©e (soit 80 M m
3
); le groupe utilise
fortement le puits artésien (30%) pour diversifier son eau industrielle.
Le site principal est Leverkusen, avec 30% consommation d’eau du groupe environ.
Parmi les sites secondaires, on ne compte aucun site chinois dans une zone Ă  risque (sur les 7 que possĂšdent le groupe) ; on
identifie 1 site au Pakistan (situé en bord de mer) et 1 en Iran (de la division pharmacie).
En conclusion, l’exposition au risque « eau » est faible pour ces deux groupes.
2. DSM, AKZO
Pour DSM, la consommation totale est de 237 M m
3
par an, dont 5% est rejeté sous forme de rejet polluant.
Tous les sites consommant plus de 5 M m3
sont en Europe. La consommation totale des sites asiatiques est de 12 M m
3
par an.
Seul un site consomme plus de 2M m
3
est situĂ© dans une zone de pĂ©nurie d’eau en Chine.
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Pour AKZO, la consommation totale est de 250 M m3
par an, dont 7% est rejeté sous forme de rejet polluant. Le recentrage sur
les peintures a permis de rĂ©duire la consommation d‘eau (consommation d’eau en 2004 : 1800 Mm3) mais pas le pourcentage
de rejet polluant (7% en 2004)
Sur 22 usines en Chine, 7 se situent dans des zones Ă  risque pĂ©nurie d’eau, sans pour autant plus d’information sur leur
consommation d’eau respective.
En conclusion, l’exposition au risque « eau » est faible pour DSM et modĂ©rĂ©e pour AKZO.
3. AIR LIQUIDE, LINDE
Pour ces deux groupes, on se concentre sur les unitĂ©s de sĂ©paration d’air, qui reprĂ©sente 70-80% du CA des deux groupes.
Les unitĂ©s de sĂ©paration d’air disposent de trois techniques de refroidissement (ouvert : site sur lac ou mer ; semi-ouvert :
recyclage partiel ; fermé : (recyclage total), selon la localisation du site et notamment la disponibilité en eau.
Bien qu’il n’y ait pas de chiffre, on peut en conclure qu’il n’y a pas de risque local, d’autant que les sites asiatiques, plus rĂ©cents,
sont a priori plus efficaces.
Au-delĂ  de ce constat, on peut comparer la consommation d’eau avec la consommation d’électricitĂ© (puisque le recyclage
consomme de l’électricitĂ©).
Eau (Mm3) Electricité (GWh)
Air Liquide 36 22
Linde 33 22
(Source : rapport sociétés, Inter Expansion)
Le rapport entre les deux consommations pourrait indiquer une plus grande efficacité des processus et donc un risque relatif de
dĂ©pense d’investissement supplĂ©mentaire pour l’un des deux. En fait, il s’agit lĂ  encore d’un problĂšme plus complexe. Il y a un
manque de transparence, y compris pour l’analyse financiùre, sur 2 points :
– Part de sites sur lac ou mer non divulguĂ©e ;
– Part de sites nouveaux (Ă  colonne hĂ©licoĂŻdale, depuis 2000) non divulguĂ©e.
Dans ce cas, l’analyse environnementale pose une bonne question avec un vĂ©ritable impact sur l’efficacitĂ© opĂ©rationnelle, mais
le manque de transparence pour la communauté financiÚre ne permet pas de répondre.
Agro-alimentaire
Depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000, une entreprise du secteur agro-alimentaire a fait l’objet de l’attention soutenue d’ONG
environnementales et des investisseurs ISR sur cette question de la consommation directe d’eau dans certaines zones isolĂ©es.
Il s’agit de Coca Cola en Inde. De 2000 Ă  2007, l’entreprise a Ă©tĂ© au centre de controverses multiples qui revenaient, aprĂšs
examen approfondi, à la consommation d’eau par litre de Coca Cola produit (de 4 litres selon Coca Cola à 9 litres selon les
ONG indiennes). Les ONG ont mis en avant le fait que certains sites d’embouteillage de Coca Cola Ă©taient situĂ©s dans des
zones pauvres et arides, entourĂ©s de villages dĂ©pourvus d’accĂšs Ă  l’eau. Sans doute sensibilisĂ©s par le cas Coca Cola, les trois
grands groupes agroalimentaires europĂ©ens ont tous pris conscience plus ou moins rapidement de l’importance du sujet.
NestlĂ© a calculĂ© ce risque et l’a communiquĂ© dans son rapport dĂ©diĂ© Ă  l’eau de 2007. 10% des sites de production dans des
pays Ă  risque de pĂ©nurie d’eau (49 sur 480 sites, d’aprĂšs la liste du World Water Council).
Danone faisait face Ă  une contestation grandissante de la laiterie gĂ©ante d’Al Safi en Arabie Saoudite (30 000 vaches) depuis
2005. En 2008, Danone a décidé une réorganisation de sa production autour de laiteries de taille petite et moyenne. En 2008,
Al Safi et les autres laiteries situĂ©es dans des zones concernĂ©es par pĂ©nurie d’eau) reprĂ©sentent 10% de la production.
Unilever ne publie pas de chiffre global sur le sujet, mais le groupe a mis en place une méthode de sélection de pays pour
limiter le risque et surtout de concertation pour y amĂ©liorer la gestion de l’eau. Cette derniĂšre fait partie des axes d’analyse et
d’amĂ©lioration la question, lors du passage Ă  l’agriculture durable de ses fournisseurs. D’ailleurs, depuis 2000, le groupe
surveille la consommation d’eaux de ses fournisseurs liĂ©es aux eaux de processus des matiĂšres premiĂšres, avec des initiatives,
notamment en Malaisie (60% des eaux de traitement recyclées).
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Révaluation du risque local « eau »
Le risque local « eau » semble intĂ©grĂ© par les grands groupes, tant dans la chimie que dans l’agro-alimentaire. Un seul des
quatre groupes de comparaison montre des résultats différents. La comparaison entre DSM et AKZO fait ressortir une
exposition au risque moyenne pour AKZO.
Cela confirme les constats faits en Chine sur cette question. Lors de la fermeture des papeteries du lac Dongshi en 2007
jusqu’à leur mise en conformitĂ© avec la rĂ©glementation environnementale, on avait constatĂ© que toutes ces papeteries Ă©taient
des petits acteurs locaux, dont aucun n’appartenait Ă  un groupe europĂ©en ou amĂ©ricain.
Références bibliographiques
Commission Mondiale des Barrages : Rapport final, Septembre 2000 (http://www.dams.org//docs/overview/wcd_booklet_fr.pdf)
CrĂ©dit Mutuel CIC Securities : L’eau, la mer Ă  boire, Septembre 2006
EREC Greenpeace : Energy [R]evolution, a sustainable global energy outlook; October 2008
(http://www.erec.org/fileadmin/erec_docs/Documents/Publications/energy__r_evolution_-_a_sustainable_energy_outlook_2009-
lr.pdf)
Eurosif: Water Theme Report, November 2008
(http://www.eurosif.org/content/download/1255/6707/version/1/file/Water_theme_report.pdf)
Hoekstra, A.Y., Chapagain, A.K.(2007) 'Water footprints of nations: water use by people as a function of their consumption
pattern, Water Resources Management 21(1): 35-48.
(http://www.waterfootprint.org/Reports/Hoekstra_and_Chapagain_2007.pdf)
Lacoste Y.: L'eau dans le monde, les batailles pour la vie, Larousse, 2003
SG CIB : The Africa factor, DĂ©cembre 2008
www.internationalrivers.org
www.oecd.org

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  • 1. Eau, du sentiment de pĂ©nurie au constat de gaspillage : quel rĂŽle pour l’investisseur ? Le 05/01/2009 Contact : Gregory Schneider-Maunoury E-mail : gregory.schneidermaunoury@ionis.fr TĂ©l. : 01 46 84 38 47 EEaauu,, dduu sseennttiimmeenntt ddee ppĂ©Ă©nnuurriiee aauu ccoonnssttaatt ddee ggaassppiillllaaggee :: qquueell rrĂŽĂŽllee ppoouurr ll’’iinnvveessttiisssseeuurr ?? Le 05/01/2009 1/16 Contact : Gregory Schneider-Maunoury E-mail : gregory.schneidermaunoury@ionis.fr TĂ©l. : 01 46 84 38 47
  • 2. Eau, du sentiment de pĂ©nurie au constat de gaspillage : quel rĂŽle pour l’investisseur ? Le 05/01/2009 Contact : Gregory Schneider-Maunoury E-mail : gregory.schneidermaunoury@ionis.fr TĂ©l. : 01 46 84 38 47 2/16 SynthĂšse L’eau n’est pas seulement un thĂšme d’investissement. C’est avant tout une ressource naturelle inĂ©galement rĂ©partie dans le monde et surtout fort mal utilisĂ©e. A travers leur politique d’investissement socialement responsable (par l’analyse extra financiĂšre ou par le dialogue actionnarial), les investisseurs institutionnels peuvent contribuer Ă  un meilleur usage de l’eau. Au- delĂ  de l’analyse, les investisseurs peuvent apporter des propositions concrĂštes pour remĂ©dier Ă  ces problĂšmes complexes. L’analyse approfondie sur la raretĂ© de l’eau a montrĂ© que le sentiment de pĂ©nurie est trompeur et qu’il s’agit plutĂŽt de mauvaise utilisation ou de gaspillage de l’eau, qui amĂšnent Ă  des dĂ©sĂ©quilibres locaux dans l’utilisation de l’eau. La « pĂ©nurie d’eau » est une idĂ©e diffuse et imprĂ©cise. L’eau des riviĂšres et des nappes phrĂ©atiques est certes inĂ©galement rĂ©partie sur la planĂšte. L’Asie ne dispose que de 36% de cette eau, dite « bleue », alors qu’elle contient 63% de la population mondiale (Chine 6% de l’eau bleue, 17% de la population mondiale). Mais c’est surtout le prĂ©lĂšvement abusif d’eau agricole qui a dĂ©tĂ©riorĂ© la situation de certains bassins hydrographiques, comme le Huang He, en Chine du Nord ou la Murray en Australie. Mais l’eau, et notamment l’eau agricole, ne dĂ©pend pas que des riviĂšres. 80% de l’eau utilisĂ©e pour les cĂ©rĂ©ales est de l’eau de pluie. Les disparitĂ©s fortes existent entre pays, avec des pays l’utilisant beaucoup (riziĂšres en escalier en Asie) et d’autres pays ne sachant pas utiliser cette eau de pluie, pourtant abondante (Afrique Subsaharienne). Cette eau, dite « verte », sera dans le futur affectĂ©e par le changement climatique, avec des pertes de rendement agricole estimĂ©es de 20% Ă  50%. Cette mauvaise utilisation renvoie Ă  des dĂ©cisions de politique publique liĂ©es notamment Ă  l’alimentation et Ă  la production agricole. Trois analyses complĂ©mentaires et exploratoires ont Ă©tĂ© menĂ©es : 1. prise en compte de l’eau dans la spĂ©cialisation agricole des pays Depuis 2005, on constate des dĂ©cisions d’investissement industriel fondĂ©es sur la disponibilitĂ© en eau (aluminerie en Islande, pate Ă  papier en Uruguay). En matiĂšre agricole, les diffĂ©rences sont marquĂ©es entre pays mais les groupes de l’agro- alimentaire commencent Ă  peine Ă  mesurer les consommations d’eau agricole de leur chaine d’approvisionnement (consommation indirecte) et communiquent peu sur la question. A fortiori, ils ne les utilisent pas dans leur dĂ©cision d’approvisionnement. Et pourtant une premiĂšre estimation a montrĂ© que la consommation d’eau indirecte des trois grands groupes europĂ©ens de l’agro-alimentaire Ă©tait 200 Ă  1 000 fois supĂ©rieure Ă  leur consommation directe, dans leurs usines de production. La gĂ©nĂ©ralisation de cet indicateur dans la finance et l’opinion publique devrait inciter les groupes agro-alimentaires Ă  intĂ©grer la question de l’eau dans leur choix de pays d’approvisionnement agricole et permettre un meilleur usage de l’eau. Cette analyse a permis d’élaborer un indicateur d’efficacitĂ© environnementale pour le secteur agro-alimentaire, la consommation indirecte d’eau, qui permet d’évaluer l’efficacitĂ© « eau » de l’approvisionnement agricole de ces groupes. 2. financement des barrages Les grands barrages sont l’outil Ă©vident du dĂ©veloppement agricole. Et pourtant, moins de la moitiĂ© des projets actuels de grand barrage ont une fonction d’irrigation (les autres sont dĂ©diĂ©s Ă  la seule production d’électricitĂ©). Et plus de la moitiĂ© des barrages font l’objet de contestations environnementales et sociales. L’analyse de ces contestations et l’estimation de leur coĂ»t, montre une gestion financiĂšre des projets dĂ©sastreuse, dont l’impact financier est surtout subi par les bailleurs de fonds, tels que l’Agence Française de DĂ©veloppement. L’apport des investisseurs pourrait ĂȘtre, d’une part, de dĂ©finir de nouvelles conditions de bonne rĂ©alisation des grands barrages, celles existantes Ă©tant trop formalistes et pas assez objectives, favorisant les plus gros projets et, d’autre part, de conditionner les financements des projets purement hydro-Ă©lectriques Ă  la rĂ©alisation de barrages « inflow », sans lac rĂ©servoir et de moindre coĂ»t. 3. risque local de pĂ©nurie d’eau La derniĂšre partie sur le risque local « eau » dans la chimie et l’agroalimentaire a montrĂ© une prise en compte dĂ©jĂ  avancĂ©e de ces sujets par les grands groupes Ă©tudiĂ©s. Ces rĂ©sultats montrent par ailleurs le double intĂ©rĂȘt de l’investissement socialement responsable, abordant des Ă©lĂ©ments concrets mais aussi apportant des solutions Ă  des questions d’efficacitĂ© environnementale et sociale, au-delĂ  de l’efficacitĂ© Ă©conomique.
  • 3. Eau, du sentiment de pĂ©nurie au constat de gaspillage : quel rĂŽle pour l’investisseur ? Le 05/01/2009 Contact : Gregory Schneider-Maunoury E-mail : gregory.schneidermaunoury@ionis.fr TĂ©l. : 01 46 84 38 47 3/16 Introduction Depuis quelques annĂ©es, l’eau rencontre un intĂ©rĂȘt croissant dans la finance. Plusieurs sociĂ©tĂ©s de gestion ont crĂ©Ă© des fonds thĂ©matiques « eau ». Plusieurs sociĂ©tĂ©s de bourse ont publiĂ© des Ă©tudes de brokers sur le sujet. En gĂ©nĂ©ral, ces Ă©tudes prĂ©sentent des marchĂ©s liĂ©s Ă  l’eau (mesure et contrĂŽle de la distribution d’eau, eau minĂ©rale, dessalement d’eau de mer). Avec le temps, les chiffres de part de marchĂ© et de prĂ©vision de croissance se sont affinĂ©s, mais la comprĂ©hension des mĂ©canismes de l’eau et de son impact sur les valorisations n’a que trĂšs peu progressĂ©. En tant qu’investisseur institutionnel, on peut rappeler que l’eau n’est pas seulement un marchĂ© mais aussi un Ă©lĂ©ment naturel essentiel Ă  l’alimentation humaine. Comme le rappelle la derniĂšre Ă©tude Eurosif sur le thĂšme de l’eau (Ă  laquelle Inter Expansion a contribuĂ©), l’eau est aussi un sujet protĂ©iforme, aux multiples implications, depuis l’accĂšs Ă  l’eau et l’assainissement jusqu’aux pollutions industrielles, en passant par la raretĂ© de l’eau. L’objectif de cette Ă©tude est de montrer, au-delĂ  des constats que l’on peut faire sur l’eau, ce que la finance en gĂ©nĂ©ral et les investisseurs institutionnels en particulier peuvent apporter comme solution aux problĂšmes liĂ©s Ă  l’eau, en utilisant l’effet de levier du financement pour inciter Ă  la mise en Ɠuvre de ces solutions. Pour Ă©laborer ces solutions, nous avons consultĂ© des experts, tels que l’OCDE ou le dĂ©partement d’analyse ISR de SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale CIB, et nous avons coopĂ©rĂ© sur un des thĂšmes de l’étude avec une ONG, International Rivers. Qu’ils soient ici remerciĂ©s. Nous avons d’abord menĂ© une analyse complĂ©mentaire sur le constat de raretĂ© de l’eau, pour bien comprendre s’il s’agissait de disponibilitĂ© physique ou d’utilisation de l’eau, et quelle pourrait ĂȘtre l’évolution Ă  long terme de cette eau. Ce cadrage a permis de hiĂ©rarchiser les trois questions de l’eau, qui seront traitĂ©es dans la suite de ce document. Les deux premiĂšres questions sont liĂ©es Ă  l’alimentation. La troisiĂšme porte plutĂŽt sur un arbitrage local entre eau des villes et eau de l’industrie. 1) Quelle culture pour quelle consommation d’eau ? 2) Quelles techniques agricoles dans les pays n’utilisant pas ou peu l’eau verte ? 3) Quel partage de l’eau entre ville et industrie ? Face aux deux premiĂšres questions, un travail exploratoire est nĂ©cessaire, car ces questions ont encore Ă©tĂ© peu traitĂ©es, tant par les entreprises que l’analyse financiĂšre traditionnelle ou l’analyse extra-financiĂšre. Pour rĂ©pondre Ă  la premiĂšre question, nous avons Ă©laborĂ© un indicateur de consommation d’eau indirecte des groupes agro- alimentaires, pour avoir une premiĂšre estimation de l’étendue du problĂšme. Pour rĂ©pondre Ă  la seconde question, nous avons analysĂ© le dĂ©veloppement des barrages, au regard des controverses environnementales et nous avons lĂ  encore Ă©laborĂ© une mĂ©thode d’estimation des coĂ»ts liĂ©s aux controverses environnementales et sociales des barrages. Pour la troisiĂšme question, nous avons analysĂ© les implantations locales des grands groupes chimiques, en utilisant une mĂ©thode dĂ©jĂ  dĂ©veloppĂ©e, notamment dans l’étude « Eau : la mer Ă  boire » de CM CIC Securities, en septembre 2006.
  • 4. Eau, du sentiment de pĂ©nurie au constat de gaspillage : quel rĂŽle pour l’investisseur ? Le 05/01/2009 Contact : Gregory Schneider-Maunoury E-mail : gregory.schneidermaunoury@ionis.fr TĂ©l. : 01 46 84 38 47 4/16 PĂ©nurie ou raretĂ© de l’eau : question de disponibilitĂ© ou de gouvernance ? A partir d’une Ă©tude de 2005 sur le « triangle de la soif », de nombreuses analyses ont dĂ©veloppĂ© le thĂšme de la pĂ©nurie d’eau. Dans les paragraphes suivants, nous revenons briĂšvement sur cette analyse initiale, et nous montrons par deux analyses complĂ©mentaires comment nous pouvons d’abord relativiser cette pĂ©nurie, et parler plutĂŽt de raretĂ© de l’eau, puis nous aborderons le sujet de la consommation d’eau agricole, qui montre que ces questions de disponibilitĂ© d’eau sont marquĂ©es par des choix de production agricole et de consommation alimentaire. En 2005, une Ă©tude alarmiste du PNUD sur la rarĂ©faction des ressources en eau annonçait la disparition Ă  horizon 2025 de 40% des ressources en eau d’un certain nombre de pays, dans le « triangle de la soif » - Le Cap-Gibraltar-Djakarta -, par opposition les pays de l’Or Bleu : Asie, Canada, AmĂ©rique du Sud. « Triangle de la soif » (Source : PNUD – Programme de Nations Unies pour le Developpement, 2005) On peut contester cette approche sur deux points. D’une part, le triangle de la soif ne correspond pas exactement aux zones les plus touchĂ©es par la pĂ©nurie. D’autre part, certains pays, notamment la Chine et les Etats-Unis apparaissent comme modĂ©rĂ©ment concernĂ©s, ce qui recoupe des rĂ©alitĂ©s bien diffĂ©renciĂ©es Ă  l’intĂ©rieur de chaque pays, avec par exemple en Chine, les inondations du Yang Tse Kiang et le mince filet d’eau du Huang He. Toutefois, cette approche a permis de justifier des dĂ©cisions d’installation industrielle, telles que l’implantation d’une unitĂ© de production d’aluminium en Islande, pays sans tradition aluminiĂšre, ne possĂ©dant pas de mine de bauxite, mais disposant d’eau, et donc au potentiel hydroĂ©lectrique important.
  • 5. Eau, du sentiment de pĂ©nurie au constat de gaspillage : quel rĂŽle pour l’investisseur ? Le 05/01/2009 Contact : Gregory Schneider-Maunoury E-mail : gregory.schneidermaunoury@ionis.fr TĂ©l. : 01 46 84 38 47 5/16 Toutefois, cette projection ne prend en compte que l’eau des riviĂšres et des nappes phrĂ©atiques, aussi appelĂ©e « eau bleue ». L’eau bleue est inĂ©galement rĂ©partie. Par exemple, l’Asie, avec 63% de la population mondiale dispose de seulement 26% des ressources en eau « bleue ». Mais, au niveau mondial, 80% de l’eau utilisĂ©e pour les cĂ©rĂ©ales est de l’eau « verte », c’est Ă  dire de l’eau de pluie et de l’eau contenue dans la terre (humus). 90% des ĂȘtres humains dĂ©pendent pour leur alimentation de l’eau « verte ». Seules des civilisations agricoles comme l’Egypte ou la MĂ©sopotamie dĂ©pendent Ă  plus de 60% de l’eau bleue. A contrario, les cultures de riziĂšres en escalier sont une façon de retenir l’eau de pluie. Dans les autres pays, c’est l’eau verte qui prĂ©domine. Les menaces sur l’eau verte sont de deux types : l’érosion des sols (notamment en Afrique, du fait de la culture sur brulis, qui a formĂ© la latĂ©rite, mais aussi en Amazonie, du fait de la dĂ©forestation) et le rĂ©chauffement climatique qui affecte les pluies (notamment en Inde). Cela montre la nĂ©cessitĂ© d’une agriculture plus Ă©conome ou d’une agriculture diversifiant son approvisionnement en eau. Cette premiĂšre mise en perspective permet de relativiser la notion de pĂ©nurie. En fait, comme le montre le graphique suivant, il y a plusieurs zones : - « pĂ©nurie relative et absolue d’eau bleue » : il s’agit de bassins hydrographiques menacĂ©s par l’utilisation trop abondante de l’eau. Ce n’est pas tant la Chine qui souffre d’un dĂ©ficit hydrographique, que le bassin du fleuve Bleu (Huang He) ; en revanche, le bassin du fleuve Jaune resterait marquĂ© par des inondations, dues notamment Ă  des pluies de mousson. En Asie, hors Chine, les problĂšmes portent sur l’Indus et le Gange, ainsi que sur les fleuves du Sud de l’Inde et les riviĂšres d’Asie Centrale. En AmĂ©rique, les problĂšmes sont concentrĂ©s sur le bassin du Colorado et du Rio Grande. En Australie, la Murray est menacĂ©e par sur-utilisation d’eau agricole. - « mauvaise utilisation d’eau verte » : ces pays (Inde Centrale, Asie) utilisent peu d’eau bleue et ont beaucoup de difficultĂ©s Ă  utiliser l’eau verte, notamment par mĂ©connaissance ou mauvais usage des techniques agricoles. Abondance d’eau « PĂ©nurie » absolue ou relative d’eau bleue Mauvais usage d’eau verte Pas de donnĂ©es (Source : International Water Management Institute, 2007) Pour mieux comprendre cette question de l’usage agricole de l’eau, il est intĂ©ressant de revenir sur la consommation d’eau agricole. Dans l’estimation mondiale ci-dessous, on constate d’abord que la consommation d’eau agricole est d’abord fonction du degrĂ© de richesse du pays. Mais ce constat doit ĂȘtre pondĂ©rĂ© par les deux critĂšres suivants : - la consommation de viande est un critĂšre important dans la forte consommation d’eau indirecte de l’élevage (par exemple, cela explique la faible consommation d’eau du Japon); - la prĂ©sence de cultures d’exportation trĂšs consommatrices en eau, par exemple, cela explique la forte consommation du Mali, oĂč la culture du coton est trĂšs prĂ©sente.
  • 6. Eau, du sentiment de pĂ©nurie au constat de gaspillage : quel rĂŽle pour l’investisseur ? Le 05/01/2009 Contact : Gregory Schneider-Maunoury E-mail : gregory.schneidermaunoury@ionis.fr TĂ©l. : 01 46 84 38 47 6/16 (Source : UNESCO, 2006) On peut noter sur cette carte l’importance de la consommation agricole d’eau. En effet, en introduction, nous rappelions que la consommation minimale d’eau domestique est de 20 litres par jour. Or, dans le pays le plus faiblement consommateur d’eau, la consommation d’eau par habitant est de 600m 3 / an, soit 2m 3 , c'est-Ă -dire 2000 litres par jour. Dans cette perspective, l’impact du changement climatique est important. Au-delĂ  de l’effet sur la fonte des glaciers et le dĂ©veloppement des Ă©vĂ©nements climatiques (moussons, 
), le changement climatique implique une modification de la disponibilitĂ© en eau verte, comme en eau bleue et modifie donc les rendements agricoles, en Afrique et en Asie, mais aussi en Amazonie. Pour l’Afrique subsaharienne, les pertes de rĂ©coltes sont estimĂ©es Ă  20% (SG CIB, The Africa factor, DĂ©cembre 2008). Sur la base de ces analyses, nous pouvons donc affirmer que la question de l’eau renvoie non pas tant Ă  sa disponibilitĂ© physique mais d’abord et avant tout Ă  son usage, et donc ressort comme une question de gouvernance, et non de technique. - l’usage d’eau est un problĂšme critique pour l’alimentation mondiale, - l’eau verte sera affectĂ©e par le changement climatique (qui affecte le rĂ©gime des pluies), la dĂ©forestation (notamment en Amazonie), - l’usage d’eau verte est encore restreint dans certaines rĂ©gions du monde mais pourrait ĂȘtre amĂ©liorĂ© par une meilleure utilisation des sols (en abandonnant la tradition de la culture sur brulis notamment en Afrique) - l’eau bleue est menacĂ©e sur certains bassins hydrographiques ; il renvoie Ă  des choix nationaux ou locaux de production agricole - la pĂ©nurie d’eau bleue est plutĂŽt un problĂšme pour les villes et l’industrie.
  • 7. Eau, du sentiment de pĂ©nurie au constat de gaspillage : quel rĂŽle pour l’investisseur ? Le 05/01/2009 Contact : Gregory Schneider-Maunoury E-mail : gregory.schneidermaunoury@ionis.fr TĂ©l. : 01 46 84 38 47 7/16 Consommation indirecte d’eau des groupes agro-alimentaires Cette consommation d’eau agricole Ă©chappe par dĂ©finition Ă  la mesure de la consommation d’eau des industries, mais il est un secteur qui est plus concernĂ© que les autres par cette consommation, d’eau, le secteur agro-alimentaire. Nous entendons par consommation d’eau indirecte la consommation d’eau nĂ©cessaire Ă  l’élaboration d’un produit agricole, depuis les semailles jusqu’à la rĂ©colte. En effet, il s’agit lĂ  de la consommation de la chaine d’approvisionnement. Pour mesurer l’exposition au risque des diffĂ©rents groupes, il faut d’abord disposer d’un outil de mesure. Dans le cas de la consommation d’eau agricole, il faut donc concevoir un indicateur d’efficacitĂ©: c’est l’objectif de cette partie. A l’occasion de la Semaine Mondiale de l’Eau en septembre 2008, The Economist avait rapportĂ© des estimations selon lesquelles, les quatre principaux groupes agro-alimentaires mondiaux (NestlĂ©, Unilever, Coca-Cola, Pepsico) consommaient autant d’eau, que la consommation (domestique) de 4 milliards d’individus. Cette prĂ©sentation mĂ©diatique est quelque peu dĂ©formante, sachant que, comme on l’a vu en introduction, la consommation d’eau agricole est bien supĂ©rieure Ă  la consommation d’eau domestique. La communication environnementale des trois grands groupes agro-alimentaires europĂ©ens s’intĂ©resse principalement Ă  la consommation directe d’eau, et notamment dans le secteur de l’eau en bouteille. Consommation d’eau directe millions de m 3 Consommation d’eau relative l/kg Commentaire Danone 8 Non communiquĂ© Baisse de 22% sur 2000-07 1,25 l / l eau en bouteille NestlĂ© 157 4,05 Baisse de 35% en relatif sur 2002-06 1,82 l / l eau en bouteille Unilever 61 2,98 Baisse de 55% en relatif et 40% en absolu depuis 2002 (Source : Inter Expansion) Par ailleurs, deux des trois groupes communiquent sur leur consommation d’eau indirecte. La consommation d’eau indirecte est d’aprĂšs eux, 15 Ă  20 fois supĂ©rieure Ă  la consommation d’eau directe. Pour Ă©laborer cet indicateur de consommation indirecte d’eau, nous avons utilisĂ© la mĂ©thode de « l’empreinte eau » (« Water Footprint »), mĂ©thode dĂ©veloppĂ©e par le Professeur Hoekstra, de l’universitĂ© de Twente. Cette mĂ©thodologie, d’abord appliquĂ©e aux Pays-Bas est d’ailleurs utilisĂ©e en phase de test par le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD) pour des calculs d’empreinte eau des grandes entreprises. Le tableau suivant prĂ©sente la consommation d’eau indirecte moyenne de quelques matiĂšres premiĂšres agricoles. Les donnĂ©es en gras sont celles qui seront utilisĂ©es pour les trois groupes Ă©tudiĂ©s dans cette Ă©tude. Produit Litre d’eau / kg Produit litre d’eau / kg Lait Lait en poudre 1 000 (600-1 400) 3 000 (2 000 - 4 000) Sucre 175 (100-500) ThĂ© 9 000 (7 000-11 000) LĂ©gumes (tomates, Ă©pinards) 200 (100-300) Cacao 7 000 (5 000 -10 000) Huiles vĂ©gĂ©tales 7 000 (3 000 - 20 000) CafĂ© 20 000 (15 000 - 30 000) Coton 8 000 (5 000 - 20 000) Viande de bƓuf Viande de porc (Source : Hoekstra, 2005) Ensuite, il faut trouver les quantitĂ©s de matiĂšres premiĂšres agricoles consommĂ©es par ces diffĂ©rents groupes. Seul NestlĂ© communique les chiffres de ses trois premiĂšres matiĂšres premiĂšres en volume : lait, cafĂ©, cacao. Pour les autres groupes, nous disposons d’estimations de coĂ»ts des matiĂšres premiĂšres, en pourcentage du chiffre d’affaires et des coĂ»ts totaux.
  • 8. Eau, du sentiment de pĂ©nurie au constat de gaspillage : quel rĂŽle pour l’investisseur ? Le 05/01/2009 Contact : Gregory Schneider-Maunoury E-mail : gregory.schneidermaunoury@ionis.fr TĂ©l. : 01 46 84 38 47 8/16 Produit CoĂ»t CA Lait 25% 16% Fruit 8% 3%Danone Sucre 5% 2% Huiles vĂ©gĂ©tales 11% 6% Lait 4% 2%Unilever ThĂ© 4% 2% Lait 13% 6% CafĂ© 8% 3% Fruit 7% 3% Cacao 6% 3% Sucre 5% 2% NestlĂ© Farine 4% 2% (Source : Cheuvreux) Dans cette liste n’apparaissent ni les quantitĂ©s de viande utilisĂ©es dans les plats cuisinĂ©s (NestlĂ©, Unilever), ni le cacao aromatisant les yaourts (Danone). A partir de ces coĂ»ts et des quantitĂ©s de certains produits, on peut dĂ©terminer les produits sur lesquels centrer notre estimation. C’est ce qui sera fait dans le tableau suivant, en rajoutant la rĂ©partition du CA pour mieux comprendre les matiĂšres premiĂšres utilisĂ©es et reportĂ©es par les diffĂ©rents groupes. RĂ©partition du CA Principales matiĂšres premiĂšres utilisĂ©es (% CA) Danone Produits laitiers : 57 Eau : 20 Alimentation spĂ©ciale : 23 Lait : 16% NestlĂ© Eau et cafĂ© : 25 Produits laitiers : 25 Plats et confiseries : 20 Alimentation animale : 18 Lait : 6% CafĂ© : 3% Cacao : 2% Unilever Produits agro-alimentaires : 46% Produits d’entretien : 54% Huile de palme : 6% ThĂ© : 3% Cacao : 3% (Source : Inter Expansion) Pour Unilever et Danone, nous avons estimĂ© les quantitĂ©s consommĂ©es Ă  partir de ces chiffres de coĂ»t. Dans le cas d’Unilever, nous avons Ă©galement eu recours aux chiffres bruts d’huile de palme consommĂ©e, ainsi qu’à une production pĂ©riphĂ©rique, la tomate, pour laquelle nous disposions d’un chiffre brut de consommation par le groupe. A partir de ces estimations, nous avons pu calculer un indicateur de consommation indirecte d’eau (en millions de m 3 /an, ainsi qu’en litre par euro (l/€) de chiffre d’affaires). Pour ce faire, nous avons utilisĂ© la consommation indirecte d’eau moyenne, sans chercher Ă  identifier l’origine des produits agricoles : ce sont les calculs suivants. Consommation d’eau directe Mm 3 / an Consommation d’eau indirecte en Mm 3 / an Consommation d’eau indirecte Litres /€ de CA Commentaire Danone 8 10 000 700 Le moins exposĂ© 
 en absolu NestlĂ© 157 40 000 600 Le plus transparent (toute l’information est disponible) Unilever 61 15 370 400 Le moins dĂ©pendant du lait (Source: Inter Expansion)
  • 9. Eau, du sentiment de pĂ©nurie au constat de gaspillage : quel rĂŽle pour l’investisseur ? Le 05/01/2009 Contact : Gregory Schneider-Maunoury E-mail : gregory.schneidermaunoury@ionis.fr TĂ©l. : 01 46 84 38 47 9/16 Dans cette approche expĂ©rimentale, seules quatre matiĂšres premiĂšres (lait, cafĂ©, thĂ©, cacao) ont Ă©tĂ© prises en compte. Toutefois, ces premiĂšres estimations permettent d’ores et dĂ©jĂ  d’établir les deux faits suivants. - la consommation indirecte est 300 Ă  1000 fois supĂ©rieure Ă  la consommation directe. - elle est trĂšs dĂ©pendante de la matiĂšre premiĂšre agricole utilisĂ©e : ainsi le lait a une forte consommation indirecte. DĂšs lors, on peut faire les quatre commentaires suivants : - la consommation indirecte est un indicateur d’efficacitĂ© environnementale de l’entreprise, plus pertinent que la consommation directe ; - l’interprĂ©tation de cet indicateur en termes d’efficacitĂ© Ă©conomique est relative et doit s’accompagner d’une analyse financiĂšre des coĂ»ts de l’entreprise ; en effet, une entreprise pourrait rĂ©duire cette consommation indirecte en utilisant de moins en moins de matiĂšre premiĂšre agricole dans son processus, ce qui pourrait nuire Ă  la qualitĂ© intrinsĂšque du produit ou son existence mĂȘme1 ; - la consommation d’eau communiquĂ©e par les groupes agro-alimentaires ne prend en compte que les eaux de lavage des matiĂšres premiĂšres agricoles, et omet l’eau nĂ©cessaire Ă  sa production ; - aucun mouvement de production agricole d’un pays vers un autre n’a encore Ă©tĂ© constatĂ©, et dĂ»ment analysĂ© Ă  travers ce type de calcul (par exemple, recentrer la production de lait sur quelques pays pour rĂ©duire la consommation d‘eau indirecte); mais les initiatives mises en place en termes d’agriculture responsable semblent intĂ©grer cette question de l’eau ; en effet la formalisation des processus d’agriculture responsable peuvent permettre d’aborder la question de l’eau (initiatives locales significatives en Malaisie et au Kenya dans les eaux de lavage des fruits et lĂ©gumes). Dans le futur, il sera intĂ©ressant d’analyser l’évolution des coĂ»ts de matiĂšre premiĂšre et l’origine gĂ©ographique de ces derniĂšres. Cela permettra de mesurer l’effort fait par les groupes agro-alimentaires pour contribuer Ă  la rĂ©duction de la consommation d’eau agricole. On peut faire une derniĂšre remarque. Une de ces trois entreprises Ă©tait d’accord avec les chiffres mais elle ajoutait qu’il s’agissait pour une de ces productions agricole, de consommation d’eau verte, c'est-Ă -dire d’eau de pluie. Nous sommes bien d’accord avec cette affirmation, mais d’une part, le changement climatique peut modifier le rĂ©gime des pluies dans cette rĂ©gion, et d’autre part, la question mondiale n’est pas tant la couleur de l’eau, que son utilisation optimale et la spĂ©cialisation agricole selon la quantitĂ© d’eau consommĂ©e. 1 Dans la mĂȘme perspective, Enron avait obtenu le prix du meilleur rapport de responsabilitĂ© sociale d’entreprise en communiquant sur des Ă©missions de Co2 par $ de chiffre d’affaires en baisse, car il ne produisait plus d’électricitĂ©, mais ne cessait de la revendre
  • 10. Eau, du sentiment de pĂ©nurie au constat de gaspillage : quel rĂŽle pour l’investisseur ? Le 05/01/2009 Contact : Gregory Schneider-Maunoury E-mail : gregory.schneidermaunoury@ionis.fr TĂ©l. : 01 46 84 38 47 10/16 CoĂ»ts des contestations environnementales et sociales des barrages Les barrages ont Ă©tĂ© Ă©rigĂ©s depuis l’AntiquitĂ© pour l’irrigation et depuis le dix-neuviĂšme siĂšcle pour la production d’électricitĂ©. Aujourd’hui, les barrages permettent l’irrigation de 30 Ă  40% des terres irriguĂ©es. L’énergie hydraulique reprĂ©sentait 19% de l’électricitĂ© produite. Le potentiel hydro-Ă©lectrique est encore sous exploitĂ©. Ainsi la derniĂšre Ă©tude de Greenpeace et du GIEC prĂ©sente t elle l’évolution du secteur hydroĂ©lectrique, jusqu’en 2050. En GW 2005 2010 2020 2030 2040 2050 CapacitĂ© installĂ©e 878 978 1178 1300 1443 1565 (Source : EREC-Greenpeace, 2008) Leurs prĂ©visions envisagent un doublement de la puissance installĂ©e, notamment par le dĂ©veloppement de « petits barrages » (de moins de 15 mĂštres de haut), fondĂ© sur la solution technique du barrage in-flow2 . Il est important de comprendre le marchĂ© des barrages, et notamment des grands barrages. Du cotĂ© de la demande, aujourd’hui, hormis les vallĂ©es irriguĂ©es de MĂ©sopotamie, du Nil et de l’Indus, les barrages sont un Ă©quipement de pays riche. Le potentiel de dĂ©veloppement est trĂšs largement situĂ© dans les pays Ă©mergents, comme le montre le taux d’exploitation des riviĂšres de diffĂ©rents pays. de 1 Ă  6% de 11 Ă  21% de 28 Ă  45% de 55 Ă  65% de 83 Ă  100% Congo, IndonĂ©sie, PĂ©rou Russie, Inde, Chine, Colombie BrĂ©sil, Italie Canada, SuĂšde, USA, NorvĂšge, Japon Allemagne, France (Source : Velcan Energy) En 2007, la demande d’équipements liĂ©s aux barrages est tirĂ©e par la Chine (45%) et l’Inde (9%). Du cĂŽtĂ© de l’offre, la seule offre identifiable concerne l’équipement des barrages. C’est une situation d’oligopole, formĂ©e par 4 entreprises : Alstom, Andritz, Siemens, et General Electric qui dĂ©tiennent prĂšs des Ÿ du marchĂ©. Les constructeurs des barrages sont souvent des groupes d’ingĂ©nierie, appartenant Ă  des groupes de BTP cotĂ©s ou non. Ils ne seront donc pas Ă©tudiĂ©s par la suite.Deux autres acteurs interviennent sur ce marchĂ© : les sociĂ©tĂ©s productrices d’électricitĂ©, qui exploitent les barrages, les organismes financiers internationaux (Banque Mondiale, Banque Asiatique de DĂ©veloppement, Agence Française de DĂ©veloppement). Controverses environnementales et sociales autour des barrages MalgrĂ© le dĂ©veloppement futur des barrages et leur rĂŽle-clĂ© dans le dĂ©veloppement agricole, les barrages sont contestĂ©s, avec quatre points particuliĂšrement mis en avant : 1. dĂ©placement de population : plus d’1 million de personnes pour le barrage des Trois Gorges ; 2. Ă©vaporation des lacs rĂ©servoirs, qui reprĂ©sentent 5% de la consommation totale d’eau (exemple du barrage des Trois Gorges, lac s’étendant sur plus de 600 kilomĂštres en amont du barrage) ; 3. sĂ©dimentation des barrages : la vĂ©gĂ©tation des forĂȘts englouties pourrit dans le lac rĂ©servoir et les sĂ©diments diminuent Ă  moyen long terme la puissance du barrage ; 4. Ă©missions de gaz Ă  effet de serre des barrages : la sĂ©dimentation Ă©met du mĂ©thane (gaz Ă  effet de serre), alors que les barrages reçoivent des crĂ©dits carbone, car considĂ©rĂ©s, Ă  juste titre, comme moins Ă©metteurs que les centrales Ă©lectriques Ă  charbon. L’ONG International Rivers recensait, en septembre 2008, prĂšs de 30 projets de barrages contestĂ©s dans le monde (cf. tableau ci-dessous). Ces projets d’une puissance cumulĂ©e prĂ©vue de 65 GW reprĂ©sentent environ 40% de la puissance Ă  installer d’ici Ă  2015. Le coĂ»t moyen est de 3M €/MW 3 . 2 Le barrage « in flow » est un barrage dans le flux de la riviĂšre, sans bassin de rĂ©tention. Le flux est dĂ©tournĂ© dans un tuyau souterrain au bout duquel est installĂ©e une turbine, puis rejoint le lit de la riviĂšre. Cette technique permet de gĂ©nĂ©rer la mĂȘme puissance que les grands barrages, mais il ne permet pas de stocker de l’énergie et de rĂ©pondre en heures de pointe. 3 Source : EREC- Greenpeace, 2008
  • 11. Eau, du sentiment de pĂ©nurie au constat de gaspillage : quel rĂŽle pour l’investisseur ? Le 05/01/2009 Contact : Gregory Schneider-Maunoury E-mail : gregory.schneidermaunoury@ionis.fr TĂ©l. : 01 46 84 38 47 11/16 Barrage Pays Puissance (MW) Barrage Pays Puissance (MW) Kaptai Bangladesh 2300 Tipaimukh Dam Inde 1500 Belo Horizonte BrĂ©sil 6450 Narmada Inde 3000 Madeira BrĂ©sil 3150 Nam Theun Laos 2400 Jirau BrĂ©sil 3300 Orange Lesotho 172 Sao Salvador BrĂ©sil 240 Bakun Dan Malaisie 2750 Koh Kong Cambodge 246 Zambeze Mozambique 1380 Koh Kong Cambodge 338 Kumene Namibie 6500 Lom Pangar Cameroun 51 Bujagali Ouganda 200 Patagonie Chili 2400 Merowe Soudan 1500 Jingsha Chine 12400 Ilisu Turquie 1200 Inga Congo 3900 Yusufeli Turquie 540 Gigel Gibe Ethiopie 3100 Son La Vietnam 3000 Kongou Gabon 3000 Total 65017 (Source : International Rivers) Face Ă  ces critiques, il est pertinent de comprendre voire d’estimer le coĂ»t de cette contestation environnementale et sociale. Les seules estimations de coĂ»t disponibles sont une moyenne de surcoĂ»t de construction des grands barrages sur les 40 derniĂšres annĂ©es. Le surcoĂ»t estimĂ© est de 60% 4 pour un coĂ»t moyen de 3M€/MW. Quantification du coĂ»t d’une contestation environnementale et sociale des barrages Pour comprendre et analyser cette contestation, nous avons contactĂ© l’ONG International Rivers. L’ONG nous a d’abord apportĂ© les trois prĂ©cisions suivantes concernant les coĂ»ts des contestations : 1. le surcoĂ»t n’est liĂ© ni au bruit mĂ©diatique de la contestation, ni Ă  un indicateur social (nombre de personnes dĂ©placĂ©es) ou environnemental (surface forestiĂšre inondĂ©e). 2. la contestation rĂ©vĂšle des problĂšmes d’ingĂ©nierie et engendre des surcoĂ»ts d’ingĂ©nierie (meilleure prise en compte des risques sismiques, meilleure comprĂ©hension de l’écoulement d’eau). 3. la principale question agricole posĂ©e sur les barrages contestĂ©s Ă©tait l’activitĂ© agricole de substitution proposĂ©e aux populations locales, et notamment la transformation de la pĂȘche en aquaculture. Pour contester un barrage, l’ONG International Rivers se rĂ©fĂšre aux 7 conditions de bonne conception et bonne exĂ©cution d’un barrage, telle que dĂ©finie par la Commission Mondiale des Barrages en 2001 : - accord du public - Ă©valuation exhaustive des alternatives - existence d’autres barrages Ă  proximitĂ© - prĂ©servation des cours d’eau et des moyens de subsistance - reconnaissance des droits et partage des avantages du barrage - respect des normes - partage des cours d’eau pour la paix, le dĂ©veloppement et la sĂ©curitĂ© L’autre Ă©lĂ©ment qui semblait engendrer un surcoĂ»t Ă©tait l’usage « simple » ou « multiple » du barrage. En cas d’usage simple, la seule « activitĂ© » du barrage Ă©tait la production l’électricitĂ©. Pour cette quantification expĂ©rimentale, nous avons retenu en accord avec International Rivers la liste des 13 barrages suivants. Barrage Pays Puissance (MW) Barrage Pays Puissance (MW) Tala Bhoutan 1022 Nam Theun 2 Laos 1088 Madeira BrĂ©sil 3200 Theun Hiboun Laos 280 Xiaoxi Chine 136 Mphanda Nkuwa Mozambique 1000 Urra Colombie 750 Epupa Namibie 360 Gibe III Ethiopie 1870 Bujagali Ouganda 200 Jorethang Loop Inde 96 Changuinola 1 Panama 222 Son La Vietnam 2400 (Source : International Rivers-Inter Expansion) 4 Source : Commission Mondiale des Barrages, 2000
  • 12. Eau, du sentiment de pĂ©nurie au constat de gaspillage : quel rĂŽle pour l’investisseur ? Le 05/01/2009 Contact : Gregory Schneider-Maunoury E-mail : gregory.schneidermaunoury@ionis.fr TĂ©l. : 01 46 84 38 47 12/16 Dans la suite de cette Ă©tude, nous avons dĂ©veloppĂ© une approche probabiliste, en travaillant sur : - La probabilitĂ© d’occurrence : le risque de surcoĂ»t Nous avons considĂ©rĂ© que le non respect de chacune de ces conditions augmentait la probabilitĂ© de surcoĂ»t. Aucune condition n’est apparue plus importante. Elles sont donc toutes Ă©quipondĂ©rĂ©es. - L’occurrence : le montant de ce surcoĂ»t Nous avons considĂ©rĂ© un surcoĂ»t de 60%, qui est le surcoĂ»t moyen de construction des barrages depuis 40 ans. Mais en cas de double usage, ce surcoĂ»t Ă©tait doublĂ©, soit 120%. L’analyse du respect des conditions Ă©tait effectuĂ©e par International Rivers. Le rĂ©sultat est le suivant. Barrage Conditions non respectĂ©es ProbabilitĂ© de surcoĂ»t Double usage Impact estimĂ© Nam Theun 2 4 56% Oui SurcoĂ»t de 65% Changuinola 1 6 85% Non SurcoĂ»t de 50% Jorethang Loop 6 85% Oui Surcout de 96% Tala 6 85% Oui SurcoĂ»t de 100% Mphanda Nkuwa 6 85% Non SurcoĂ»t de 50% Epupa 7 100% Oui Non rĂ©alisation Bujagali 7 100% Non Non rĂ©alisation Gibe III 6 85% Non SurcoĂ»t de 50% Urra 4 56% Non Surcout de 25% Son La 4 56% Non Surcout de 25% Xiaoxi 6 85% Non SurcoĂ»t de 50% Madeira 4 56% Oui SurcoĂ»t de 65% Theun Hiboun 4 56% Oui Surcout de 50% (Source : Inter Expansion) On constate donc les trois points suivants : - la majeure partie des barrages a pour fonction unique la production d’énergie Ă©lectrique. - les surcoĂ»ts sont significatifs, supĂ©rieurs Ă  50% pour 11 des 13 barrages. - les surcoĂ»ts sont rĂ©dhibitoires pour 2 de ses barrages. Exposition au risque des diffĂ©rents acteurs du marchĂ© des barrages En termes d’exposition au risque, on peut faire les trois constats suivants : - pour les Ă©quipementiers, pas de divergence entre la liste et les parts de marchĂ© mondiales (Alstom : environ 20% ; Andritz, Siemens : environ 17% ; GE : environ 13%) ; - pour les producteurs d’électricitĂ©, une prĂ©sence selon les zones d’influence des pays (AmĂ©ricains en AmĂ©rique du Sud, prĂ©sence d’EDF en Indochine, par filiale interposĂ©e, prĂ©sence croissante des Chinois, notamment en Afrique) - pour les financeurs, on remarque une exposition forte de l’AFD (6 projets), et une prĂ©sence beaucoup plus modeste du GTZ et de USAID (2 ou 3 projets). Pour les acteurs, ces surcoĂ»ts sont variables selon le type d’acteurs : - pour les Ă©quipementiers : l’impact sur le chiffre d’affaires est faible, avec des estimations pour Alstom et Siemens de 100 Ă  200 M€. - pour les producteurs d’électricitĂ© europĂ©ens : l’impact sur les marges est faible du fait de la faible part de ces barrages dans leur parc (et de leur investissement dans ces barrages via des filiales Ă  hauteur de 30 Ă  40%). - pour les financeurs : le risque est fort, notamment pour l’AFD trĂšs exposĂ© Ă  l’enjeu et dans des projets trĂšs risquĂ©s.
  • 13. Eau, du sentiment de pĂ©nurie au constat de gaspillage : quel rĂŽle pour l’investisseur ? Le 05/01/2009 Contact : Gregory Schneider-Maunoury E-mail : gregory.schneidermaunoury@ionis.fr TĂ©l. : 01 46 84 38 47 13/16 IntĂ©rĂȘt de cette analyse du coĂ»t environnemental et social des barrages MalgrĂ© l’absence d’impacts substantiels dans la valorisation des groupes industriels concernĂ©s part les barrages, cette analyse expĂ©rimentale nous a permis d’apporter trois rĂ©sultats intĂ©ressants : 1. IntĂ©rĂȘt relatif des grands barrages et des petits barrages (« in flow ») L’estimation du surcoĂ»t des grands barrages apporte un regard nouveau Ă  un problĂšme trop seulement limitĂ© Ă  une question juridique ou technique. Il apparaĂźt nettement que les coĂ»ts des projets de grands barrages ont Ă©tĂ© systĂ©matiquement sous- Ă©valuĂ©s. L’estimation du surcoĂ»t incite Ă  rĂ©Ă©tudier l’intĂ©rĂȘt du projet en travaillant sur son coĂ»t rĂ©el (c'est-Ă -dire entre 3 et 5 M€ par MW). L’approche financiĂšre confirme la pertinence des barrages de petite taille, au dĂ©part une solution technique pour les petits projets, qui se rĂ©vĂšle in fine, moins coĂ»teuse en capital (1M€/MW), mieux maĂźtrisĂ©e financiĂšrement et techniquement (15% de dĂ©passement de coĂ»ts en moyenne). Pour les barrages Ă  seule fin de production d’électricitĂ©, les barrages « in flow » sont prĂ©fĂ©rables. Le seul « inconvĂ©nient » est leur incapacitĂ© Ă  rĂ©pondre aux pĂ©riodes de pointe de consommation par une plus forte production. En l’absence d’un bassin de rĂ©tention, leur puissance est limitĂ©e au seul dĂ©bit naturel de la riviĂšre. Mais cet « inconvĂ©nient » ne semble pas pertinent dans les pays Ă©mergents qui sont en manque d’électricitĂ©, sans variation horaire. 2. Pertinence des diffĂ©rentes conditions de la Commission Mondiale des Barrages Condition de la Commission Mondiale des Barrages Cas de respect de la condition accord du public 6 Ă©valuation exhaustive des alternatives 0 analyse d’autres barrages Ă  proximitĂ© 2 prĂ©servation des cours d’eau et des moyens de subsistance 0 reconnaissance des droits et partage des avantages du barrage 4 respect des normes 0 partage des cours d’eau pour la paix, le dĂ©veloppement et la sĂ©curitĂ© 8 (Source : Inter Expansion) On constate que seules deux conditions, sur sept, sont respectĂ©es dans la moitiĂ© des projets. Deux autres conditions sont respectĂ©es dans un sixiĂšme ou un tiers des cas. Les autres conditions Ă©tant systĂ©matiquement non respectĂ©es, on peut se demander si elles sont pertinentes comme conditions d’obtention, ou bien si elles sont dĂ©finies de maniĂšre suffisamment objectives et cohĂ©rentes pour ĂȘtre respectĂ©es. En revanche, il n’y a aucune condition factuelle d’exposition au risque : nombre de personnes dĂ©placĂ©es, surface de forĂȘt englouti, nombre de clients desservis, Ă©missions de mĂ©thane dues Ă  la sĂ©dimentation, nombre d’hectares agricoles irriguĂ©s par le barrage. Ces conditions factuelles permettraient de pondĂ©rer l’intĂ©rĂȘt du barrage ou de sa rentabilitĂ© Ă  travers l’attribution de crĂ©dits-carbone. 3. RĂŽle des conditions de la Commission Mondiale des Barrages dans l’attribution de crĂ©dits carbone aux projets hydro- Ă©lectriques Pour conclure, on peut faire une remarque sur les crĂ©dits carbone. Les conditions de la Commission Mondiale des Barrages sont trĂšs formelles, attachĂ©es au bon dĂ©roulement d’un processus. Leur utilisation comme condition d’obtention des crĂ©dits carbone parait incohĂ©rente et incomplĂšte. Elle est incohĂ©rente, car son utilisation ex post conduit Ă  favoriser des projets se rĂ©vĂ©lant non rentables. Par exemple, le projet de barrage de XiaoXi a demandĂ© des crĂ©dits carbone pour amĂ©liorer la rentabilitĂ© du projet, alors que les pertes constatĂ©es provenaient justement du non respect des conditions de la Commission Mondiale des Barrages. En l’occurrence, les glissements de terrain et autres problĂšme gĂ©ologiques qui sont apparus lors du chantier auraient pu ĂȘtre dĂ©tectĂ©s par une analyse de l’impact environnemental, si celle-ci avait Ă©tĂ© menĂ©e correctement. Seules les candidatures avant dĂ©marrage du projet devraient ĂȘtre acceptĂ©es par l’UNFCC, Commission des Nations Unies sur lutte contre le changement climatique. Elle est incomplĂšte car les barrages les plus Ă  mĂȘme de fournir des Ă©lĂ©ments d’information sur leur respect des conditions de la Commission Mondiale des Barrages, sont ceux qui ont un impact environnemental le plus Ă©levĂ© (forĂȘts englouties). En revanche, les barrages de plus petite taille n’ont pas nĂ©cessairement les moyens de communiquer sur ces aspects. Telles quelles, les conditions d’attribution de crĂ©dits carbone favorisent les projets de barrages aux impacts environnementaux les plus forts.
  • 14. Eau, du sentiment de pĂ©nurie au constat de gaspillage : quel rĂŽle pour l’investisseur ? Le 05/01/2009 Contact : Gregory Schneider-Maunoury E-mail : gregory.schneidermaunoury@ionis.fr TĂ©l. : 01 46 84 38 47 14/16 Risque local de « pĂ©nurie d’eau » dans l’industrie Certaines industries sont plus sensibles que d’autres Ă  la question de rarĂ©faction de l’eau (bleue). Nous avons choisi de regarder deux secteurs : la chimie (grand consommateur direct d’eau) et l’agro-alimentaire (grand consommateur indirect d’eau). Chimie La consommation d’eau directe dans la chimie est importante (tableau suivant), si on les compare par exemple Ă  la consommation directe dans l’agroalimentaire (de 8 Ă  157 Mm3 ). Rappelons que, dans la chimie, l’eau est principalement utilisĂ©e pour le refroidissement des procĂ©dĂ©s industriels. Les rejets polluants dans l’eau, eau chargĂ©e de polluants organiques ou toxiques, sont faibles en pourcentage, mais reprĂ©sentent quand mĂȘme des volumes importants. Les rejets polluants de BASF sont aussi importants que la consommation d’eau directe de NestlĂ©, Bayer et Danone rĂ©unis (200 millions de m 3 ). Consommation d'eau (Mm 3 ) % rejet polluant % recyclĂ© BASF 2597 8 20 Bayer 449 18 9 DSM 237 5 Akzo 250 7 Air Liquide 37 0 Linde 32 0 (Source : Inter Expansion) Sur la base de ces chiffres, on a procĂ©dĂ© Ă  une analyse par « peer group », pour des niveaux de consommation, voire des activitĂ©s, comparables. Pour chacune des entreprises, nous analyserons l’usage de l’eau et la localisation, afin d’identifier les sites industriels installĂ©s dans des zones de pĂ©nurie d’eau « bleue ». L’objectif est d’identifier les sites de production installĂ©s dans des zones de pĂ©nurie d’eau (bleue), pour lesquels une mesure de fermeture administrative pourrait ĂȘtre dĂ©cidĂ©e, suite Ă  un arbitrage politique en faveur de l’agriculture. Rappelons qu’il est plus facile de fermer 1 usine de 100 salariĂ©s, que de priver d’eau ou de rĂ©organiser la production d’1 million de paysans. 1. BASF, BAYER Pour BASF, 90% de l’eau utilisĂ©e est de l’eau de refroidissement. BASF diversifie l’apport en eau (l’eau recyclĂ©e en interne reprĂ©sente 20% de la consommation totale d’eau). La production est organisĂ©e autour de 3 sites principaux : - Ludwigshafen : site historique du groupe, dont la consommation d’eau reprĂ©sente 60% de celle du groupe BASF. - Kuan Tan (prĂšs de Shanghai) ; - Freeport (Golfe du Mexique) : pour ce site, Ă  l’embouchure du Rio Grande, une action de rĂ©duction de la consommation a Ă©tĂ© menĂ©e dĂšs 2004-05 en amont du fleuve. Parmi les sites secondaires, on compte un site chinois dans une zone Ă  risque de pĂ©nurie d’eau bleue (sur les 20 sites chinois que compte le groupe) et deux sites en Inde du Sud (mais aux consommations rĂ©duites et dont le produit rĂ©duit la consommation d’eau) Pour BAYER, 60% de l’eau consommĂ©e est de l’eau de refroidissement, 18% d’eau polluĂ©e (soit 80 M m 3 ); le groupe utilise fortement le puits artĂ©sien (30%) pour diversifier son eau industrielle. Le site principal est Leverkusen, avec 30% consommation d’eau du groupe environ. Parmi les sites secondaires, on ne compte aucun site chinois dans une zone Ă  risque (sur les 7 que possĂšdent le groupe) ; on identifie 1 site au Pakistan (situĂ© en bord de mer) et 1 en Iran (de la division pharmacie). En conclusion, l’exposition au risque « eau » est faible pour ces deux groupes. 2. DSM, AKZO Pour DSM, la consommation totale est de 237 M m 3 par an, dont 5% est rejetĂ© sous forme de rejet polluant. Tous les sites consommant plus de 5 M m3 sont en Europe. La consommation totale des sites asiatiques est de 12 M m 3 par an. Seul un site consomme plus de 2M m 3 est situĂ© dans une zone de pĂ©nurie d’eau en Chine.
  • 15. Eau, du sentiment de pĂ©nurie au constat de gaspillage : quel rĂŽle pour l’investisseur ? Le 05/01/2009 Contact : Gregory Schneider-Maunoury E-mail : gregory.schneidermaunoury@ionis.fr TĂ©l. : 01 46 84 38 47 15/16 Pour AKZO, la consommation totale est de 250 M m3 par an, dont 7% est rejetĂ© sous forme de rejet polluant. Le recentrage sur les peintures a permis de rĂ©duire la consommation d‘eau (consommation d’eau en 2004 : 1800 Mm3) mais pas le pourcentage de rejet polluant (7% en 2004) Sur 22 usines en Chine, 7 se situent dans des zones Ă  risque pĂ©nurie d’eau, sans pour autant plus d’information sur leur consommation d’eau respective. En conclusion, l’exposition au risque « eau » est faible pour DSM et modĂ©rĂ©e pour AKZO. 3. AIR LIQUIDE, LINDE Pour ces deux groupes, on se concentre sur les unitĂ©s de sĂ©paration d’air, qui reprĂ©sente 70-80% du CA des deux groupes. Les unitĂ©s de sĂ©paration d’air disposent de trois techniques de refroidissement (ouvert : site sur lac ou mer ; semi-ouvert : recyclage partiel ; fermĂ© : (recyclage total), selon la localisation du site et notamment la disponibilitĂ© en eau. Bien qu’il n’y ait pas de chiffre, on peut en conclure qu’il n’y a pas de risque local, d’autant que les sites asiatiques, plus rĂ©cents, sont a priori plus efficaces. Au-delĂ  de ce constat, on peut comparer la consommation d’eau avec la consommation d’électricitĂ© (puisque le recyclage consomme de l’électricitĂ©). Eau (Mm3) ElectricitĂ© (GWh) Air Liquide 36 22 Linde 33 22 (Source : rapport sociĂ©tĂ©s, Inter Expansion) Le rapport entre les deux consommations pourrait indiquer une plus grande efficacitĂ© des processus et donc un risque relatif de dĂ©pense d’investissement supplĂ©mentaire pour l’un des deux. En fait, il s’agit lĂ  encore d’un problĂšme plus complexe. Il y a un manque de transparence, y compris pour l’analyse financiĂšre, sur 2 points : – Part de sites sur lac ou mer non divulguĂ©e ; – Part de sites nouveaux (Ă  colonne hĂ©licoĂŻdale, depuis 2000) non divulguĂ©e. Dans ce cas, l’analyse environnementale pose une bonne question avec un vĂ©ritable impact sur l’efficacitĂ© opĂ©rationnelle, mais le manque de transparence pour la communautĂ© financiĂšre ne permet pas de rĂ©pondre. Agro-alimentaire Depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000, une entreprise du secteur agro-alimentaire a fait l’objet de l’attention soutenue d’ONG environnementales et des investisseurs ISR sur cette question de la consommation directe d’eau dans certaines zones isolĂ©es. Il s’agit de Coca Cola en Inde. De 2000 Ă  2007, l’entreprise a Ă©tĂ© au centre de controverses multiples qui revenaient, aprĂšs examen approfondi, Ă  la consommation d’eau par litre de Coca Cola produit (de 4 litres selon Coca Cola Ă  9 litres selon les ONG indiennes). Les ONG ont mis en avant le fait que certains sites d’embouteillage de Coca Cola Ă©taient situĂ©s dans des zones pauvres et arides, entourĂ©s de villages dĂ©pourvus d’accĂšs Ă  l’eau. Sans doute sensibilisĂ©s par le cas Coca Cola, les trois grands groupes agroalimentaires europĂ©ens ont tous pris conscience plus ou moins rapidement de l’importance du sujet. NestlĂ© a calculĂ© ce risque et l’a communiquĂ© dans son rapport dĂ©diĂ© Ă  l’eau de 2007. 10% des sites de production dans des pays Ă  risque de pĂ©nurie d’eau (49 sur 480 sites, d’aprĂšs la liste du World Water Council). Danone faisait face Ă  une contestation grandissante de la laiterie gĂ©ante d’Al Safi en Arabie Saoudite (30 000 vaches) depuis 2005. En 2008, Danone a dĂ©cidĂ© une rĂ©organisation de sa production autour de laiteries de taille petite et moyenne. En 2008, Al Safi et les autres laiteries situĂ©es dans des zones concernĂ©es par pĂ©nurie d’eau) reprĂ©sentent 10% de la production. Unilever ne publie pas de chiffre global sur le sujet, mais le groupe a mis en place une mĂ©thode de sĂ©lection de pays pour limiter le risque et surtout de concertation pour y amĂ©liorer la gestion de l’eau. Cette derniĂšre fait partie des axes d’analyse et d’amĂ©lioration la question, lors du passage Ă  l’agriculture durable de ses fournisseurs. D’ailleurs, depuis 2000, le groupe surveille la consommation d’eaux de ses fournisseurs liĂ©es aux eaux de processus des matiĂšres premiĂšres, avec des initiatives, notamment en Malaisie (60% des eaux de traitement recyclĂ©es).
  • 16. Eau, du sentiment de pĂ©nurie au constat de gaspillage : quel rĂŽle pour l’investisseur ? Le 05/01/2009 Contact : Gregory Schneider-Maunoury E-mail : gregory.schneidermaunoury@ionis.fr TĂ©l. : 01 46 84 38 47 16/16 RĂ©valuation du risque local « eau » Le risque local « eau » semble intĂ©grĂ© par les grands groupes, tant dans la chimie que dans l’agro-alimentaire. Un seul des quatre groupes de comparaison montre des rĂ©sultats diffĂ©rents. La comparaison entre DSM et AKZO fait ressortir une exposition au risque moyenne pour AKZO. Cela confirme les constats faits en Chine sur cette question. Lors de la fermeture des papeteries du lac Dongshi en 2007 jusqu’à leur mise en conformitĂ© avec la rĂ©glementation environnementale, on avait constatĂ© que toutes ces papeteries Ă©taient des petits acteurs locaux, dont aucun n’appartenait Ă  un groupe europĂ©en ou amĂ©ricain. RĂ©fĂ©rences bibliographiques Commission Mondiale des Barrages : Rapport final, Septembre 2000 (http://www.dams.org//docs/overview/wcd_booklet_fr.pdf) CrĂ©dit Mutuel CIC Securities : L’eau, la mer Ă  boire, Septembre 2006 EREC Greenpeace : Energy [R]evolution, a sustainable global energy outlook; October 2008 (http://www.erec.org/fileadmin/erec_docs/Documents/Publications/energy__r_evolution_-_a_sustainable_energy_outlook_2009- lr.pdf) Eurosif: Water Theme Report, November 2008 (http://www.eurosif.org/content/download/1255/6707/version/1/file/Water_theme_report.pdf) Hoekstra, A.Y., Chapagain, A.K.(2007) 'Water footprints of nations: water use by people as a function of their consumption pattern, Water Resources Management 21(1): 35-48. (http://www.waterfootprint.org/Reports/Hoekstra_and_Chapagain_2007.pdf) Lacoste Y.: L'eau dans le monde, les batailles pour la vie, Larousse, 2003 SG CIB : The Africa factor, DĂ©cembre 2008 www.internationalrivers.org www.oecd.org