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Article moto journal 13 01 2014
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2. TEST TECHNIQUE POIGNÉE DE GAZ INOVELI
Par Jean-François Robert, photos Yud Pourdieu Le Coz et DR
LA POIGNÉE
DU FUTUR
Comme la Metiss JBB
dissocie suspension et
direction, la commande
de gaz Inoveli sépare la
préhension du guidon et
la commande des gaz.
Elle libère les mouvements
du pilote et autorise
une tenue symétrique
du guidon, avec
moins d’effort.
Une poignée de gaz, c’est tout bête et ça marche bien. Pourtant, Frédéric
Vellutini pense qu’il est possible de faire mieux. Alors gadget ou véritable
révolution ? MJ a testé la poignée Inoveli.
Grâce à la sensibilité du
pouce, le dosage des gaz
devient à la fois plus
précis et plus facile. Un
avantage de plus avec
une adhérence précaire,
en l’absence de contrôle
de motricité.
40 TEST TECHNIQUE
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TEST TECHNIQUE 41
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3. TEST TECHNIQUE POIGNÉE DE GAZ INOVELI
Quand on nous propose de remplacer
notre poignée de gaz vénérée, on est
forcément sur la défensive. Et pourtant…
L
e problème avec vous
Amonbeaufils, c’est que vous
faites toujours comme
on fait tout le temps… »
Et l’architecte véreux de
répondre à Cléopâtre : « Ben
oui, on a tout le temps fait
comme ça… » La logique est
implacable. Mais, à l’écouter, on aurait
toujours des téléphones à cadran
circulaire, des lève-vitres à manivelle dans
nos bagnoles, et peut-être même
des voitures à chevaux. Après tout, ça
fonctionnait très bien ! Au début du
XXe siècle, Henry Ford disait encore :
« Si j’avais demandé à mes clients ce qu’ils
voulaient, ils m’auraient dit des chevaux
plus rapides. »
Le progrès consiste à remettre les choses
en cause… Encore faut-il que ce soit à bon
escient. Milieu conservateur s’il en est,
la moto regarde souvent les “inventions”
d’un air goguenard. Voyez avec quel retard
et quelles réticences nous avons adopté
les freins à disque, les roues coulées,
les pneus sans chambre, les ABS, les
accélérateurs électroniques, les contrôles
de motricité, pourtant bien utiles sur un
engin à l’équilibre précaire, et présents sur
les 4-roues depuis des lustres ! Bref, côté
innovation, la moto est franchement
à l’arrêt. Alors, quand on nous propose de
remplacer notre poignée de gaz vénérée,
on est sur la défensive…
L’innovation en question
En trente cinq années passées sur et à côté
des motos, j’ai pu constater des
comportements négatifs liés au principe
même de la poignée de gaz. Ainsi, le grand
Wayne Rainey avait-il interdiction absolue
de mettre des coups gaz au rétrogradage
lorsqu’il freinait, car l’acquisition de
CE QUI RESTE EN
SUSPENS…
SI LE PRINCIPE DE DISSOCIER la commande
et la préhension est incontestablement
prometteur, son adaptation se heurte à
quelques difficultés pratiques sur des motos
existantes. La principale reste la raideur d’une
commande traditionnelle, volontairement
durcie (de 1,5 à 3 kg d’effort) pour compenser
le couple naturel provoqué par le poids de
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données révélait que ce geste lui faisait
automatiquement relâcher les freins,
allongeant ainsi son freinage. Il est donc
impossible de manœuvrer gaz et freins
de façon totalement indépendante et
simultanée. En clair, il faut relâcher
complètement les gaz, avant de
commencer à aller chercher le levier de
frein pour initier un freinage. Donc en
termes d’efficacité pure, comme de
sécurité sur un freinage d’urgence, c’est
une sérieuse perte de temps…
Autre expérience étonnante, réalisée en
essayant un shifter pour la première fois.
Gaz en grand, en ne bougeant que
l’extrémité du pied gauche pour monter les
vitesses, j’ai avalé une série de courbes
à une vitesse qui me semblait totalement
hallucinante. La raison ? Le shifter !
En l’absence d’un ample mouvement du
poignet pour couper les gaz, je
n’introduisais pas de perturbation dans la
direction de la moto et je tenais au mieux
ma trajectoire. Moralité, la commande des
gaz n’est pas sans effet sur la conduite…
Alors, il existe peut-être mieux.
C’est aussi ce pense Frédéric Vellutini,
44 ans, ingénieur en systèmes
électroniques. Frédéric a bien sûr poussé
son étude bien au-delà de ces simples
constats. Pour lui, la commande tournante
induit une dissymétrie des efforts du
pilote, qui tient beaucoup mieux le guidon
gauche, puisque le poignet droit doit
rester libre pour tourner. Un poignet “cassé”
qui perd ainsi de la force.
Par ailleurs, l’amplitude de la rotation du
poignet n’est guère précise, car cette zone
de notre corps est peu innervée, donc peu
sensible. Enfin, la préhension d’un tube
n’a rien de naturel, sauf pour un Playmobil.
Un simple moulage d’un poing refermé
révèle une forme beaucoup plus aplatie.
l’avant-bras. Or, il est impossible de gérer un
tel effort avec le pouce ! De fait, il faut réduire
la raideur du ou des ressorts de rappel, ce qui
n’est pas toujours possible (sur une Triumph
Speed Triple par exemple). Avec la
généralisation des commandes ride by wire,
en revanche, c’est plus soft. Autre écueil,
l’encombrement de la commande, qui
pose parfois problème en présence de
commodo côté droit. Il peut être déplacé
faute d’accessibilité, comme sur le Tmax, par
exemple. Deux problèmes qui n’en seraient
pas sur la plupart des motos de course
(dénuées de rétros), et si les constructeurs
ᕣ
ᕡ
ᕢ
ᕡ Sur certains modèles, comme ici
le Tmax, la commande est un peu
dure et il faut obligatoirement
déplacer le commodo droit. Le
procédé Inoveli gagnerait à être
intégré en première monte.
ᕢ La course maxi de la poignée est
de 55°. Différents pignons permettent
de la réduire à volonté. Grâce à une
zone neuronale dédiée, le dosage
du pouce est très précis.
ᕣ La finition est superbe, à la
hauteur des investissements. Les
moules d’injection des poignées
ergonomiques ont coûté à eux
seuls 75 000 € !
ᕤ L’articulation, coaxiale à celle de
la première phalange du pouce,
rend la commande très naturelle
et beaucoup plus précise que
sur un quad.
Des voies d’améliorations existent. Têtu,
il est allé au bout de son idée…
Gâchette ? Non : “poignée
à commande sensible”
intégraient ce système dès la conception du
modèle de série, en lieu et place de la poignée
de gaz. En attendant, il faudra aussi vérifier la
fatigue éventuelle du pouce sur un long trajet
ou une course d’Endurance, avec une dureté
du rappel bien calibrée. Par ailleurs, quid de la
capacité à doser son mouvement quand un
vrai pilote est totalement déhanché à côté de
sa moto ? Nous n’avons testé que sur route,
et accessoirement, je ne suis pas pilote.
Ceci dit, la rotation d’une poignée de gaz et le
maintien du pilote en position totalement
déhanchée n’ont rien de vraiment naturel
non plus…
ᕤ
Pour tous ceux qui ont essayé un quad et
sa maudite gâchette, le système rotatif
ne vaut pas un coup de cidre. Cependant,
il diffère fondamentalement de l’invention
de Frédéric. En effet, à l’inverse d’une
gâchette de quad, qui possède une
articulation éloignée du pouce, la
commande Inoveli a son articulation à la
verticale de la première phalange.
Conséquence, la trajectoire du levier de
gaz suit naturellement celle de notre
pouce quand il se ferme. Celle du quad
étant à l’opposé, on assiste au croisement
de deux cercles, alors qu’ici, les cercles sont
superposés. C’est beaucoup plus précis. Par
ailleurs, notre pouce bénéficie quant à lui
d’un bon gros paquet de neurones pour
le commander. Il est donc très apte à doser
ses mouvements, bien plus que le poignet.
Enfin, Frédéric a réalisé une poignée
ergonomique qui assure une excellente
préhension du guidon. Pour faire une
comparaison, il y a là autant de différence
d’effort et d’efficacité qu’entre un écrou six
pans qu’on desserre avec une clé plate, et
un écrou arrondi qui impose d’utiliser une
pince, qu’il faut fermer en serrant comme
un bœuf pour éviter qu’elle ne tourne
autour de l’écrou. Comparée au tube de
la poignée classique, la poignée
ergonomique Inoveli offre une préhension
naturelle et ferme, sans effort. A tel point
qu’elle doit être fixée solidement au
guidon par un perçage, pour ne pas
tourner justement… Fini les ampoules aux
mains pour les pilotes d’Endurance !
Après la théorie, la pratique. Le premier
contact est très naturel, ce qui est bon
signe. Il suffit de caler ses mains avec
la commissure du pouce bien en appui
contre la poignée pour avoir une bonne
préhension du guidon. En effet, c’est cette
zone, celle de la première phalange, qui
assure le maintien du guidon, et non
les deux suivantes qui restent libres pour
accélérer. Un petit tour sur le parking suffit
pour se rassurer. On est immédiatement
prêt à prendre la route ! C’est parti dans le
flot de circulation pour sortir d’Ajaccio au
guidon d’une Ducati 796 Monster, prêtée
par Moto Prestige. Totalement absorbé par
le fonctionnement du compteur, je tripote
les boutons et j’en oublie la circulation…
jusqu’à ce que la voiture qui me précède
pile brutalement ! Oups. Des mauvaises
langues, sur les forums et dans les couloirs
du Salon de la Moto, m’avaient annoncé la
misère. « Avec la peur, c’est naturel, tu te
crispes sur le guidon et accélère à fond ! » Eh
bien non, on relâche naturellement les gaz,
et mieux, on freine plus court, car on roule
déjà avec les doigts sur les freins. Le temps
de réaction est effectivement réduit et on
s’arrête plus vite. Ensuite arrivent les
virages. La conduite est toujours aussi
naturelle, on ne se concentre absolument
pas sur le procédé. Au contraire, on tient
mieux le guidon, on est plus relax et le plus
sympa ce sont les entrées de courbes, sur
les freins, avec de petits coups de gâchette
au rétrogradage, sans lâcher les freins !
Vraiment fun, Wayne Rainey aurait adoré !
Après une journée de roulage avec la
Monster, un 500 Tmax (merci à Vincent
Pradona qui nous a accompagnés toute la
journée) et l’Aprilia Shiver de Frédéric, nous
retournons chez Moto Prestige. Là, Willy
nous attend avec sa Shiver standard,
entendez équipée d’une poignée
tournante. Nous repartons ensemble, lui
avec la gâchette, moi sur sa moto. Le
bougre n’a jamais essayé la poignée
Inoveli, mais n’a pas besoin de leçon pour
trouver le mode d’emploi ! Instantanément,
il me colle aux basques sur cette petite
route qu’il connaît comme sa poche. Moi je
reste sur ma faim… Reprendre une moto
“normale”, c’est moins fun et même moins
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4. TEST TECHNIQUE POIGNÉE DE GAZ INOVELI
Avec de gros gants, la
conduite reste possible,
même si l’on perd
légèrement en
sensibilité. Les gants
d’hiver renforcés avec
des coques pourraient
poser problème.
A essayer.
Rien à voir avec la maudite gâchette que l’on connaît sur les
quads, la commande est ergonomique et précise
efficace ! En effet, après une nouvelle
inversion des motos, il semble que celui qui
roule avec la gâchette est légèrement plus
rapide. La gâchette conférerait donc un
petit plus au pilote, même sur route !
Un avantage inattendu
Willy l’explique : « En montant sur la Shiver
Inoveli, j’ai eu l’impression qu’elle avait 25 ch
de plus que la mienne ! » En fait, c’est le
tirage très court de la commande et la
vitesse d’action du seul pouce (qui a moins
d’inertie qu’un poignet) qui assurent une
DERRIÈRE LE
MIROIR
AVANT D’INVESTIR 5 ANNÉES D’ÉTUDES et
plusieurs centaines de milliers d’euros dans
sa commande sensible, Frédéric Vellutini
a travaillé dans la compétition automobile
chez Peugeot Sport et chez Mitsubishi, en
championnat du monde des rallyes, puis en
F1, chez Jaguar, qui deviendra ensuite Red
Bull Racing. Il y officiait comme ingénieur en
systèmes électroniques. Autant dire que
ce n’est pas un illuminé et que son système
remise des gaz à fond beaucoup plus
rapide… Willy ressent aussi un meilleur
maintien du guidon qui lui permet
d’accélérer plus tôt en sortie de virage. Ça
confirme ce que je voyais dans mon rétro !
Pilotes et les constructeurs devraient très
vite essayer ce truc pour vérifier, chrono et
acquisition de données à l’appui, s’il permet
effectivement de freiner et d’accélérer plus
vite, et si, dans un pif-paf, le fait de mieux
tenir le guidon fait gagner du temps.
Quand on voit à combien se joue la pole en
Moto2, on se dit que quelques millièmes
grappillés à chaque virage, ça peut faire des
centièmes, voire un petit dixième à chaque
tour… Enorme ! D’ailleurs, on en connaît
déjà qui vont faire le test et on vous en
reparle dès que possible. Sur la route aussi,
c’est bien de réduire sa distance d’arrêt !
Messieurs les constructeurs, pourquoi donc
faites-vous la sourde oreille, c’est si
compliqué d’essayer une poignée de gaz ?
Sinon, avant le sélecteur au pied, on avait
le levier de vitesses sur le réservoir.
Ça marchait très bien, et on avait toujours
fait comme ça aussi… ●
est le fruit d’une longue et mûre réflexion.
Il a d’ailleurs été lauréat du concours du
ministère de la Recherche en 2009, une
sérieuse référence ! Frédéric cherche
à développer et faire connaître son système
aux constructeurs. La compétition, qui fait
partie de son ADN, peut l’y aider.
Compétiteurs, concessionnaires de tous
horizons, n’hésitez pas à le contacter si vous
souhaitez essayer ou distribuer le produit !
L’équipement d’une moto coûte 229,90 €,
hors câble de gaz et ressort (si nécessaire) et
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accélérateurs classiques ou électroniques.
Cerise sur le gâteau, c’est français !
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