3. Trace d’existence
Ismael Mundaray
Fondation Clément
18 janvier > 3 mars 2013
Textes de Lise Brossard et Eduardo Planchart Licea
Photos de Claudia Mundaray et Ismael Mundaray
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4. Penumbra con Silla y Zapatos Rojos, acrylique sur toile, 200 x 200 cm, 2009
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5. Trace d’existence
Eduardo Planchart Licea
L’horizon, avec sa chromatique évanescente, sépare la terre du ciel
et nous transporte sur le terrain du mythe, vers des ruptures avec
le temps où les forces célestes et telluriques, humaines et divines
fusionnent entre elles, où la dualité jour/nuit, actif/passif donne
l’impression de disparaître. De cette optique, Ismael Mundaray
imagine et peint la diversité dont les traces de l’existence sont
imprégnées. Une vision minimaliste qui dématérialise l’accessoire :
murs, portes, toits… afin de nous faire pénétrer dans notre véri-
table foyer : le cosmos. L’artiste crée des espaces et des temps de
poésie visuelle. Ces révélations se heurtent à des sentiments qui
vont du sublime à l’apparemment insignifiant. C’est ce que nous
voyons sur la toile intitulée Présence et absence, 2010 où un sac
nous est présenté tel un déchet intégré dans un paysage éthéré ;
en contrepartie, en raison du contexte pictural, ce sac devient le
signe d’un objet courant, humanisé par le contact quotidien de son
propriétaire absent.
De cette façon, il cache ses énigmes dans des plis et se confronte,
au loin, à l’horizon où nous entrevoyons un groupe d’arbres qui
expriment le pouvoir de la Nature. Ce sera par conséquent la trace
d’une absence que l’Art va transformer au moment où il défie le
spectateur d’assumer ce sac comme le sac de n’importe lequel
d’entre nous, de par le caractère archétypal de la composition.
Un épisode propre à la mythologie préhispanique est la rébel-
lion des objets, narrée dans le Popol-Vuh, lorsque les pierres à
broyer et les sièges sont malmenés par leurs créateurs, moment où
l’humanité manque de considération envers son entourage
culturel. L’ethnographie du quotidien fait ressortir une façon d’être,
où peu d’objets échappent à ce rapport d’aliénation qu’Hegel
appellerait « la conscience malheureuse » ou « la conscience scin-
Mirando al horizonte VII (Regardant l’horizon), acrylique sur toile, 56 x 66 cm, 2010
dée » ; c’est le manque de rationalité lié à la cohabitation, propre aux
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6. cultures traditionnelles qui existent dans une conception du temps, vie en tant que signal émotionnel, vie qui se transforme en un
cyclique et non linéaire. présent éternel lorsque l’artiste, prend à son compte à travers
l’histoire de la peinture, les réussites des impressionnistes et
L’artiste transmet cette atmosphère à la série Présence et post impressionnistes et les couleurs osées telles que celles des
absence lorsqu’il incorpore à son langage des objets qui se meu- peintres fauves, dans l’objectif de créer de nouveaux langages
vent dans cette dialectique et lorsqu’il projette quelque chose expressifs.
au-delà d’eux-mêmes : des traces d’existence.
C’est une quête sans relâche pour transformer la peinture en émo-
Les rares figures humaines de ces tableaux se trouvent de dos, et tion, une émotion qui résonne dans l’Être. On se trouve face à
sont associées à l’objet qu’elles « spiritualisent » dans un train- l’impression spirituelle d’où se dégage l’ambiance de mystère
train quotidien. Tel est le cas dans le tableau Rousse en silence, perçue dans ses toiles ; celles-ci transmettent une sensation de
2009 où l’on voit un fauteuil entre des horizons, et où apparaît transcendance, présente dans les tableaux de Mark Rothko par
une femme ; de même pour quelques récipients que l’on saisit les variations de formes simples lévitant dans des espaces et
délicatement lors des rituels de la vie quotidienne et qui possè- temps chromatiques.
dent un sens spécial dans la vie de l’artiste, tel que nous le voyons
dans Autoportrait, 2009. De même, s’extériorise-t-elle dans l’esprit de la photographie
nord américaine du nouveau paysagisme, qui tente de faire un
Mundaray, propose dans ces séries, la nécessité de racheter contre poids émotionnel à l’omniprésence de la violence et à
notre sensibilité afin de générer une relation d’harmonie avec l’accélération des rythmes de vie ; la photographie Moonrise,
le cosmos dans un ici et maintenant. Il propose aussi de rejeter Hernández, New Mexico, 1941 en est l’exemple même. Cette
cette façon d’être et d’agir qui, ne concevant pas de liens d’iden- image, prise avec un grand angle, a permis de créer des fran-
tité avec l’univers et ses cycles, a transformé la planète en une ges de nuées horizontales baignant la pleine lune qui illumine le
immense benne à ordures où tout devient remplaçable, êtres cimetière d’un petit village.
humains inclus.
Voici une proposition qui transmet, à travers couches de couleurs
De là, le manque d’amour et de pitié -au sens rousseauiste- qui et coulures, d’impénétrables profondeurs sous la forme d’échos
domine la civilisation occidentale, le succès des discours ségré- et de fonds d’objets, surlignés et peints.
gationnistes , la haine et la justice, comprise comme relations de Des résonances émotionnelles de la mémoire et du rêve …
pouvoir interactif ; tout cela parce qu’on a prétendu imposer aux S’établit alors chez l’artiste un changement de cap dans son
autres un temps mathématique, mesurable, contrôlable, un temps langage esthétique ; il n’est pas devant la quête de l’essence de
qui s’oppose aux rythmes cosmiques dans lequel les secondes, la trace de l’homme sauvage mais face à une ethnographie du
minutes et heures sont dépourvues de sens ; surtout devant les quotidien ; face à des fauteuils, récipients, souliers, chaussons
échelles de l’espace et du temps qui laissent entrevoir, dans les qui se trouvent entre des temps et des espaces intériorisés... ainsi
cycles de l’univers ou lors de la naissance et la mort d’une étoile, génère-t-il un processus de rapprochement vers l’humanisation
un système planétaire. Ce sont des réalités qui se conjuguent et apportée par chaque objet.
le tout s’exprime dans ces horizons intemporels.
Chacune des toiles de ces séries présente des traces des présen- Ce n’est pas la rencontre kantienne de la chose en soi, tendant à
ces et absences qui confrontent le spectateur aux rythmes de la l’isolement de l’objet et sa perception dans l’espace et le temps
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7. en tant qu’a priori, mais, nous sommes face à la réalité empi- de coups de pinceau ocre mettent en relief la surface, véhiculant
rique et concrète où l’on se repose, on rêve, on souffre et on rit l’idée de sabliers, lesquels matérialisent la temporalité ; ainsi se
dans un espace temps intégré à la réalité. confrontent le jour et la nuit avec leurs cycles. On est devant la
nuit de l’âme et face à la réalité physique du jour. À travers cette
La toile Absence et présence, 2009, représentant un fauteuil figure de style, le concepteur exprime les divers plans de l’exis-
rouge jouxtant trois récipients, projette de la joie, par la force tence et leurs connexions dans notre psychisme.
de sa couleur, deux textures de rouge. C’est le lieu de repos Dans les horizons et leurs dégradés chromatiques, ainsi que
de n’importe qui et, en même temps, une présence qui est une dans les dégradés des cieux sombres, s’entrecroisent des fran-
absence. Cela nous mène vers l’autre, vers ces intervalles exis- ges de bleus créant des nocturnes pleins d’énigmes, diffusant la
tentiels d’isolement dans lesquels le sujet se meut dans toute sensation d’univers spirituels, des dimensions parmi lesquelles
sa globalité, comme ceux qui, très à l’aise, s’affalent dans les se trouvent à l’affut nos rêves et nos cauchemars.
couches d’un confortable fauteuil tout en jouissant de leurs uni-
vers intérieurs. Dans chacune de ces toiles, nous retrouvons la Dans la toile Pénombre avec chaise et soulier rouge, 2009,
tension entre « présence » et « absence ». Ce sont des objets qui un triangle visuel domine la composition : le fauteuil en bois
se meuvent sur des plans de solitude poétique, loin du surréa- avec coussin, une paire de souliers rouges à talon aiguille et la
lisme ; ces objets ne cherchent pas à créer des liens inconscients pleine lune à l’horizon. L’éclat de ses reflets dématérialise la
ou liés à des rêveries mais à nous confronter à des dimensions en terre et la transforment en aquosité. Temps et espace suspendus.
rapport avec eux-mêmes et que le temps et l’espace ignorent. Des éléments esthétiques seront recréés dans l’imagination du
Tout imprégné de cette passion, l’artiste joue avec la couleur. spectateur, n’importe quel récit insolite peut se concrétiser par
L’œuvre se transforme en jouissance chromatique allant des l’ambiance picturale et fantomatique.
jaunes terre jusqu’aux divers tons de gris, des dégradés qui
génèrent un discours visuel inquiétant. Ces scènes énigmatiques sont accentuées par les contrastes de
couleur allant des bleus foncés et clairs vers des traits couleur
Des années durant, l’artiste s’est consacré à observer notre lilas, entrecoupés de coups de pinceau ocre, créant ainsi la notion
Orénoque et ses peuples et cultures, créant ainsi une des de transformation associée au temps. Le mouvement puissant,
œuvres les plus solides au Venezuela en rapport avec cette que l’œuvre transmet, est renforcé par des tracés horizontaux
thématique ; en effet, son regard est allé à la rencontre de l’an- qui font que les objets composites se trouvent dans des atmos-
cestral. Durant cette étape, l’artiste créateur prend en compte la phères d’une solitude poignante ; ces tracés dématérialisent et
contemporanéité, sa culture matérielle dans un contexte lié à un spiritualisent les objets de la vie de tous les jours.
espace et un temps spécifiques, les vécus de l’humanité actuelle Le soulier devient un thème récurent, tel la présence d’un aban-
face à des réalités luttant entre elles : la matière et l’esprit, l’être et don, ou celle de quelqu’un qui a laissé la trace de son existence.
le néant. La peinture en tant que telle se transforme en thème dans Nous sommes face à des créations poético-picturales qui se
le but de générer une tension entre l’objet et les climats émotion- réfèrent à un élément millénaire de l’humanité.
nels. Les coulures, provenant de la trace laissée par l’acrylique
sur la toile, prennent l’apparence de stalactites éthérées et nous C’est ainsi que les chaussures rouges de sport que nous retrou-
transmettent la conception de la temporalité tellurique. vons dans le tableau Présence absence pleine lune, 2010, devient
le centre de la composition à côté de la pleine lune, mi cachée
Dans l’œuvre Le jour et la nuit, 2009, les trois céramique cerclées par des nuées sur la partie supérieure et par des arbres fanto-
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8. matiques dont les troncs sont entourés de halos chromatiques Dans la toile Regardant l’horizon, 2011, le bleu d’un fauteuil
transmettant une mystérieuse apparence. Dans ce contexte on peint de dos, domine avec suprématie les jaunes des paysa-
se croirait devant les chaussures d’un voyageur contemporain, ges et des horizons incandescents. Au fond, trois céramiques
d’un Hermès citadin. placées dans une composition triangulaire s’intègrent à l’horizon ;
elles sont surlignées de rouge dans une œuvre à format horizon-
Dans Regardant l’horizon, 2010, une paire de souliers noirs de tal qui exprime les rêveries du personnage absent auquel s’ajou-
femme, placée au niveau de l’angle inférieur du tableau, se trans- tent quelques éléments humanisés par leur quotidien.
forme en centre visuel ; ceci est une beauté imprégnée de silence,
d’absence, de plans de réalité superposés. L’axe visuel souliers- « Voici comment se développe l’ensemble de mon œuvre :
lune s’unit en une ligne imaginaire qui les met symboliquement une ligne coupe la toile en deux parties. Une barre noire et en
en relation. Nous pourrions nous trouver devant un être humain dessous un monde clair et sablonneux, ocre, habité par des fan-
désincarné qui se repose, et les fragments objectaux expriment tômes. Ces quelques objets abandonnés çà et là par on ne sait
une présence, du fait que la pleine lune est par excellence le sym- qui, sont en effet des fantômes. De plus, un jour, il advint que
bole de la féminité et des cycles de fertilité à travers lesquels se quelqu’un bute dans ces récipients… » Ismael Mundaray, 2011.
génère la vie. Nous nous trouvons face à l’éternel féminin et les
mythes qui l’entourent, dilués dans des horizons. Nous sommes face à des horizons poétisés ; entre traces d’exis-
tence et d’absence qui nous mènent à recréer les instants
Pour Kandinsky, le bleu génère des mouvements d’éloignement éternels de nos vies, où le temps et l’espace se brisent, laissant le
et de rapprochement qui mènent l’homme près de la pureté et passage à notre propre globalité du quotidien à laquelle Ismael
l’infinitude. Nous retrouvons ces interprétations dans Présence Mundaray nous confronte dans chacune de ces œuvres.
et absence, 2010, où la composition a pour dominante des sou-
liers bleus à hauts talons. La couleur bleue est la plus profonde
des toutes les couleurs, et dans la Nature elle est associée au
vide, par exemple le bleu du ciel, des eaux, de l’intérieur d’un
diamant. Le bleu dématérialise, rend les formes et les fonds
picturaux plus légers et spirituels.
Se situer dans les tons de bleu équivaut à passer de l’autre côté
du miroir. Tel qu’on le montre dans une multitude de mythes et
contes de fées où l’on part à la recherche de l’oiseau bleu ; on
retrouve ces souliers dans d’autres toiles de l’artiste, mais dans
ce contexte-ci, ils sont un symbole d’extase amoureux, d’autant
plus que nous observons à leur base une ligne ocre qui vire
presque au rouge, couleur de la passion. Des couleurs qui,
une fois combinées, expriment la hiérogamie. Ainsi, Jean
Chevalier nous rappelle que Gengis Khan, grand fondateur de la
dynastie mongole, est né de l’union du loup bleu et de la biche
jaune fauve.
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9. Presencia y Ausencia en Claro de Luna, acrylique sur toile, 200 x 200 cm, 2009
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10. « le cosmos, pour nous qui vivons
sur la Terre, se manifeste à travers un
ensemble d’éléments récurrents, le ciel
et la terre et par une ligne qui les unie et
les divise à la fois, à savoir, l’horizon.
Enfin, il existe cette alternance entre le
jour et la nuit, le jeu des ombres et les
formes vives et lumineuses, la présence
et l’absence, une alternance qui donne
un rythme à notre vie et la conditionne
en même temps. ». Ismael Mundaray
Esperando, Buscando el Horizonte, acrylique sur toile, 200 x 300 cm, 2012
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12. Presencia y Ausencia de Día, acrylique sur toile, 100 x 100 cm, 2011
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13. « comment placer un objet dans un espace qui est à la fois plein
de ciel et vide de tout ?... Pourquoi la sensation la plus pure se
manifeste-t-elle pendant ces moments où la solitude fondamentale
rencontre le silence du ciel ? Pourquoi la perception est-elle
toujours tourmentée par le spectre de l’invisible ? ». Ismael Mundaray
Clair de lune X, acrylique sur toile, 75 x 90 cm, 2008 Mirando el crepusculo desde el sofà, acrylique sur toile, 56 x 66 cm, 2012
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14. Babouche, acrylique sur toile, 200 x 200 cm, 2009 Escarpins bleus en claro de Luna, acrylique sur toile, 200 x 200 cm, 2009
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15. Presencia y ausencia II, acrylique sur toile, 56 x 66 cm, 2012
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16. Tostadora, acrylique sur toile, 68 x 68 cm, 2008 La plancha, acrylique sur toile, 68 x 68 cm, 2008
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17. Nivea, acrylique sur toile, 68 x 68 cm, 2008 La ducha, acrylique sur toile, 68 x 68 cm, 2008
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20. Page précédente : (à gauche) Claro de Luna con Sillones y Bolws, acrylique sur toile, 200 x 200 cm, 2009 / (à droite) Clair de Lune X, acrylique sur toile, 200 x 200 cm, 2006
Recipientes en el Horizon_thé (bolws), acrylique sur toile, 100 x 100 cm, 2010 Rempli de Soleil, acrylique sur toile, 200 x 200 cm, 2012
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21. L’Attente, acrylique sur toile, 100 x 100 cm, 2012
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22. « le temps, l’espace, la présence et l’absence, le
silence, l’existence, les traces de l’Être dans son
environnement quotidien ». Ismael Mundaray
Recipients en Clair de Lune X, acrylique sur toile, 200 x 200 cm, 2012 Clair de lune VIII, acrylique sur toile, 100 x 100 cm, 2012
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23. La pluie est finie III, acrylique sur toile, 100 x 100 cm, 2012
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24. Sillón Mirando al Horizonte III, acrylique sur toile, 100 x 100 cm, 2012
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25. Le temps, le territoire
et l'espace
Lise Brossard
« Quand cet ailleurs est naturel, quand il ne se loge
pas dans les maisons du passé, il est immense. Et
la rêverie est, pourrait-on dire, contemplation pre-
mière ». G. Bachelard, Poétique de l’espace1
Clair de Lune, Pleine Lune, Clair de Jour, autant de titres qui
instaurent un rapport au temps et à la lumière naturelle de la lune
et du soleil.
La lumière qui préside à la couleur semble, ces dernières années,
être au cœur des recherches d'Ismael Mundaray. En effet, après
avoir exploré les rives de l’Orénoque pour élaborer Projecto inoco2,
puis effectué une Traversée3 symbolique des rives de l’Orénoque
aux rives de la Seine où son regard et sa patte puisaient dans un
auttre répertoire pour se greffer sur le territoire du fleuve pari-
sien, Ismael Mundaray poursuit son travail dans la matière sous
les auspices d’une lumière de clair de Lune, de pleine Lune et
de clair de Jour. Quelques objets, dont nous parlerons plus loin,
habitent certaines toiles, témoins isolés des origines et fidèles
compagnons du voyage.
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26. Si le système de la série fonctionne, le même se retrouve sans dans les villes, à la fois plus anonymes et plus intimes, ceux qui
répétitions. Les déclinaisons amènent à des charnières, des pi- partagent notre quotidien d’occidentaux.
vots, des points d’orgue qui sont autant de repères d’une pensée Les paires de chaussures, de femme ou d’homme, font aussi par-
en évolution permanente, une pensée de peintre dans la couleur, tie de ce monde de l’intime. Elles protègent, montrent, cachent
dans la matière, dans la lumière et dans l’espace du tableau. Un et révèlent un corps, une présence. Chaussures à la fois neuves
souffle parcourt l’espace d’une toile à l’autre ainsi qu’un silence et portées, de sport, de ville ou plus sophistiquées, toutes ren-
plus ou moins habité, une durée s’installe et avec elle, le temps voient à l’individu qui les a portées ou les portera. Chaussures
lui aussi est questionné, interrogé, convoqué. et robes sont apparues avec la « Traversée », objets d’une civi-
lisation occidentale, parures présentes dans les vitrines du bord
de la Seine ou deuxième peau ? Dans les robes portées par les
Le temps dans l’immuable des objets. mannequins de bois sans tête ou à petite boule, le corps de la
femme est là. Cette présence féminine parcourt d’autres toiles
Des objets, et de leur présence dans le rapport au temps. dans les escarpins et autres petites chaussures. Entre désincar-
On peut classer ces objets en plusieurs catégories : des objets nation et incarnation, une femme hante, traverse, habite mais ne
« artisanaux » (récipient – écuelle, bol –, théière), des objets ma- semble pas s’arrêter dans cet univers.
nufacturés (fauteuil, sac, robe, chaussure, serviette, grille-pain, Tout semble être de l’ordre du passage, du transitoire, suspendu
boîte de crème Nivéa, pomme de douche), tous sont liés à la pré- au temps donné par l’ombre portée. Un temps éphémère, durée
sence de l’homme (l’artiste, nous, vous, moi ?). du passage de la lune ou du déplacement du soleil ? Quelqu’un
Il y a les objets façonnés par l’homme : les récipients en terre de est passé, va passer ? Les sacs, les chaussures, les bols, les fau-
différentes tailles. Sont-ils des souvenirs du territoire du fleuve, teuils sont posés, en attente. C’est peut-être en cela que le terme
celui des amérindiens ? Groupés par deux, trois ou quatre. Sont- de nomade s’impose.
ils l’image du couple, de la famille ou de la convivialité offerte Tous ces objets, mis en scène, semblent bien être le témoin d’une
en partage ? Dialogue entre un initié et son maître, ou l’échange présence humaine, impalpable et forte.
dans un être-là qui n’est plus mais pourrait l’être ? L’Homme est là, entre deux espaces, entre deux mondes, on se-
Le fauteuil, presque omniprésent de la « Traversée » jusqu’à rait tenté de dire entre deux cultures (amérindienne et occiden-
aujourd’hui, toujours vide, est étrangement énigmatique. Bien tale), l’artiste en intègre les multiples facettes pour atteindre
sûr, il invite le spectateur à prendre place. Quelle place4 ? À pren- l’intemporel, instaurant un ordre entre rêve et apparition, entre
dre la place de celui qui l’occupait, celle de l’artiste, celle d’un merveilleux et réalité tangible.
autre ou de soi-même. Prendre une place dans le tableau ? Le fau-
teuil est une invitation au repos, à la contemplation, à la médita-
tion ? Considéré comme un refuge momentanément abandonné De l’espace nomade à l’immensité.
où nombreux sont tentés de s’y poser pour un moment de rêve-
rie, les yeux errants sur ces horizons sereins. Le petit air désuet, Il s’agit bien d’un entre-deux, de passage, rien n’est figé, les ob-
patiné par le corps, de ces fauteuils en cuir posés devant et dans jets se déplacent, l’espace demeure. Espace de transit, escale du
ces vastes horizons, orientés face au spectateur ou face à l’hori- voyageur dans lequel le regard est à la fois dans et au-dessus.
zon, participe à cette invitation de s’y asseoir à son tour. Au-dessus par rapport au point de vue adopté sur les objets re-
Et puis, il y a les objets « manufacturés », ceux que l’on trouve présentés en plongée. L’artiste organise aussi un contraste dans
l’échelle des objets isolés et en dialogue. Nous sommes le plus
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27. souvent invités à les appréhender dans leurs moindres détails ce Peut-on émettre l’hypothèse qu’en travaillant la lumière « am-
qui augmente l’impression d’immensité. Bachelard confirme biante » par des jeux classiques de contrastes (au sens où une
cette sensation lorsqu’il affirme que c’est le minutieux, le détail forme claire se travaille sur une zone sombre et vice versa) c’est
qui fait paraître l’espace plus grand. tout l’espace de la toile qui va être perturbé ? L’espace devient
Ce point de vue conforte peut-être cette impression de sérénité multiple, la continuité est suggérée dans l’éloignement quand
car le spectateur est invité à voir de haut, même lorsque l’hori- l’espace littéral s’affirme dans le rapprochement ; de même le re-
zon est placé très haut dans la toile, et que le peintre ne réserve gard oscille d’une hauteur d’homme (sur les récipients, les sacs,
au ciel qu’une infime place, le spectateur n’est jamais étouffé, les chaussures) au vol d’oiseau déployant l’espace au-delà des
l’air circule, l’espace respire dans le temps de la couleur. limites du tableau (sur les territoires indéfinis, les horizons, les
silhouettes d’arbres).
Par ailleurs, la confrontation de ces étendues aux objets fait co-
Entre paysage et nature morte. habiter paysage et nature morte. Le paysage n’est plus là pour
évoquer un lieu particulier connu ou reconnu, familier ou pit-
Mundaray s’affirme dans ces toiles en peintre, s’inscrivant et toresque. Il n’est pas là non plus pour valoriser le monde rural.
renouvelant la tradition occidentale. Ce qui le rattache à cette Peut-on alors l’envisager comme un territoire au sens d’un lieu
tradition est à la fois de l’ordre du « métier », du savoir-faire, et que l’artiste s’approprie ? Territoire multiple où l’on retrouve
des genres : le paysage et la nature morte. le Fleuve, les Llanos (la région des grandes plaines) par l’éten-
S’il maîtrise son « métier », c’est bien dans l’art de structurer due, les couleurs et l’impression d’élément fluide souvent aux
son support par un ensemble de matières complexes laissant ap- premiers plans.
paraître des surfaces grumeleuses, lisses, plissées, gaufrées, de Le fleuve de l’origine sur lequel sont venus se greffer d’autres
manière très subtile au service d’une couleur faite de transparen- lieux à travers les silhouettes d’arbres (cuji, saman, etc.), les
ces mates et de coulures savamment maîtrisées. C’est en colo- objets trouvés dans les vitrines ou abandonnés par un voyageur
riste accompli que Mundaray superpose teintes et nuances pour distrait (Esperando, Buscando el Horizonte, 2012, Tres Reci-
traquer les éclairages particuliers des soirs de pleine lune. Les pientes en Claro de Dia, 2011, Recipientes en el Horizon-thé
cieux s’assombrissent dans des anthracites lumineux et denses ; (bolws), 2010, etc.).
les espaces aux tons ocrés, limoneux où vert olive, gris colorés, Objets qui nous ramènent à la nature morte, une nature morte
jaune de Naples, blancs sablonneux, terre d’ocre ou de Sienne revisitée par le plaisir retrouvé du dessin dans la peinture. Cette
se déploient en larges touches. La pâte est souvent aquarellée rencontre entre dessin et peinture est inaugurée, ou tout du moins,
dans les premiers plans où les coulures verticales trouvent par- exaltée dans cette série. Le signe pictural associé au « Projet
fois leur écho dans des effets similaires sous la ligne d’horizon. Orénoque » a fait place à une pratique qui peut paraître plus
Elle est le plus souvent couvrante dans la plénitude de la toile, classique, celle du dessin au pinceau dans la précision des objets.
habitée par des surfaces colorées subliminales indéfinissables On sent une certaine jubilation à faire apparaître le détail précis,
qui sont comme des altérations exaltantes pour l’harmonie co- minutieux qui va donner à l’objet une certaine personnalité :
lorée ou l’espace suggéré. Ce jeu savant de teintes et de matiè- détail des coutures apparentes pour souligner un dossier de fau-
res contribue à « creuser » l’espace de la toile lorsqu’on s’en teuil, jeu d’ombre et de lumière sur une lanière ou une pointe
éloigne, comme à affirmer sa planéité lorsqu’on s’en approche. de chaussure, sur la couture d’un mocassin, le roulotté d’une
Espace fugace, mouvant qui absorbe le regard dans une sensa- boucle de lacet, etc. Cette qualité du rendu dans une touche
tion de légèreté. presque hyperréaliste représente une jolie prouesse sur ces sur-
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28. faces préparées, et donne aux objets une dimension à la limite du chaque tableau : « Comment la répétition changerait-elle
surnaturel. L’éclairage lunaire, a giorno, serait-on tenté de dire, quelque chose dans le cas ou dans l’élément qui se répète,
exalte les couleurs en petites touches de teintes saturées à leur puisqu’elle implique en droit une parfaite indépendance de
plus haut degré d’intensité (rouge vif, bleu indigo ou jaune d’or) chaque présentation ? »5.
sur les objets. De même, cet éclairage amène l’artiste à renforcer
les formes dans leurs ombres portées jusqu’à leur conférer une Silencio (Presencia y Ausencia) I de 2002 est une toile de dimen-
présence « métaphysique », en référence à G. De Chirico ou à G. sion moyenne, 100 x 100 cm assez emblématique de l’univers
Morandi. Chaque objet a son histoire, il est posé là, à une place d’Ismael Mundaray où les éléments se répètent « dans une par-
que lui assigne l’artiste, dans un dialogue muet qui s’installe faite indépendance ». Trois éléments sont en présence. Au pre-
entre eux, et au-delà, circule entre eux et le spectateur. Chaque mier plan, à droite un mannequin revêtu d’une robe bleue puis,
tableau s’offre alors comme un petit poème japonais que l’on légèrement décalée et orientée vers la droite, une paire d’escar-
nomme haïku. Tout semble en place pour un moment de poésie pins bleue, plus loin sur la gauche, un fauteuil blanc, vide, aux
où l’aspect fugitif et immuable des choses est dit. accoudoirs en bois cintré. Ces trois éléments se détachent sur
fond imprécis. Les bandes horizontales dans des tonalités de
Les règles du haïku sont précises : il évoque plus qu’il ne décrit sable où les balayages de gris résonnent sur des ocres clairs
une situation en tercet de 5, 7 et 9 pieds (en français) ; si l’hu- ne laissent paraître aucune frontière entre ciel et terre. La robe
mour et les figures de style sont utilisés avec mesure, le haïku comme moulée sur un corps féminin encore là révèle une impro-
doit contenir un kigo, c’est-à-dire une référence à la nature ou bable présence. Ces trois objets tournés les uns vers les autres
à une saison ; « pleine lune », « printemps », « plein soleil », si- entâment un étrange dialogue suggéré dans le titre de la série
tuent un moment dans le temps et de ce fait, constituent un ex- Présence et Absence. S’agit-il de cette « inquiétante étrangeté »
cellent kigo. révélée par Freud6 que l’on retrouve dans les mannequins mis en
Le haïku fonctionne sur la juxtaposition de l’immuable et de scène par Giorgio De Chirico ou Alberto Savinio ? « Etrangeté »
l’éphémère, sur l’art du détail (choix de l’anodin, du banal, frag- sans doute, tout y est décontectualisé ! mais, « inquiétante » fait
ment de vie, souvenir, etc.). écho à un domaine encore plus subjectif où l’angoisse est souvent
Les mots ainsi livrés au lecteur le laissent libre d’en choisir le au rendez-vous. Empruntons alors une autre voie pour l’interpré-
sens, il en est de même pour les peintures de Mundaray. Une tation « Objets inanimés avez-vous donc une âme ? »7, Lamar-
paire de baskets rouges, un écran d’arbres, la lune murmure = tine bien sûr, mais l’apparition de cette mise en scène, renforcée
Zapatos Goma Rojos Cl de Luna, 2009. Pour les suivants, il ap- par le halo qui nimbe la silhouette féminine nous renvoie davan-
patient à chacun de leur choisir une fin : Un arbre (cuji), le plein tage au réalisme magique de Garcia Marquez. C’est un territoire
soleil, trois récipients, … = Cuji en pleno sol con reciepientes de nulle part qui participe aussi bien du songe que de la rêverie
XI, 2012. amoureuse ou nostalgique de la femme et de la solitude face au
souvenir ou au désir. Lieu abandonné de nos rêves ?
Un petit fauteuil rouge dans le lointain, trois récipients auréolés
de rouge, une présence rouge, qui bouge ? = L’Attente, 2012
On pourrait ainsi continuer ce petit inventaire à la Prévert,
énumérant les bols, les fauteuils, les robes, les arbres invitant
le spectateur à compléter le haïku au gré de sa rêverie. Repre-
nons cette interrogation de G. Deleuze pour nous réinventer dans
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29. Tres Recipientes en Claro de Día, acrylique sur toile, 100 x 100 cm, 2011
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30. Renouvellement du paysage ?
Pour Ismael Mundaray, c’est à Paris ou à Caracas, dans l’antre Où Mundaray portera-t-il ses pas ? Infatigable poète du dépla-
de l’atelier que le paysage se vide de tout objet, seul l’arbre de- cement de quel ailleurs sera la prochaine série ?
meure ou plutôt reconquiert l’espace de la toile. De la série Jour
de Printemps, Paris 2009-2012 à Cuji en Pleno Sol III, 2012 ou 1 G. Bachelard, La poétique de l’espace, éd. Quadrige/Presses Universitaires de
France, 5e éd. 1992, p. 168.
encore La Fin de la Pluie, Paris 2012. Les verts s’acidulent, se 2 « Projet Orénoque », exposition du 15 au 30 octobre 1998 au Palais des Congrés
réchauffent, pour donner vie à de multiples frondaisons s’organi- de Madiana, Schœlcher, Martinique, qui présentait huit années de recherches sur cette
thématique.
sant entre masses colorées et rythmes graphiques des troncs dans
3 « Traversée », exposition en 2003, villa Chanteclerc, Fort-de-France, Martinique.
la série Printemps, 2012. Recipientes en el Horizonte, 2012 est 4 « Qui va à la chasse perd sa place… » dit la comptine.
emblématique d’un passage entre deux séries, les récipients sont 5 G. Deleuze, Différence et répétition, éd. Epiméthée/PUF, 1968, p. 96.
encore là, au premier plan, ils ne sont plus que deux et la pa- 6 Sigmund Freud, L’inquiétante étrangeté et autres essais, Paris, Folio essais, 1985.
7 Lamartine, « Objets inanimés avez-vous donc une âme ? Qui s’attache à notre âme
lette a complètement changé. Les couleurs sont plus franches, et la force d’aimer ? » Milly ou la terre natale, 1826.
les verts plus saturés, au loin une haie d’arbres crée franchement 8 G. Bachelard, op. cit., p. 172.
une frontière entre ciel et terre.
Le paysage s’émancipe, au fil des siècles pour devenir un genre
autonome dans la peinture occidentale. Il sert souvent de prétexte
à l’artiste pour s’affirmer dans un rapport presque démiurgique
avec la Nature comme chez les Romantiques allemands ou an-
glais. Au milieu du XIXe c’est encore une autre histoire. Chez Is-
mael Mundaray l’affirmation de soi est sans doute présente, mais
au-delà il s’agit davantage d’exprimer un rapport au territoire,
de retrouver ces vastes étendues qui ont clôturé son regard vers
l’infini, là où le ciel, la terre et l’eau se rejoignent. Il semble que
le pinceau à la main, l’œil rivé dans la couleur, inlassablement
Ismael Mundaray cherche à retrouver ces rencontres éphémères,
mouvantes, changeantes entre ciel et terre limoneuse.
Tierra Arada, 2012, A Pleno Sol, 2012, Jour de Printemps VI,
2012. Pour conclure cette déambulation contemplative, rejoi-
gnons Bachelard qui formule ceci : « Dans de telles rêveries qui
s’emparent de l’homme méditant, les détails s’effacent, le pit-
toresque se décolore, l’heure ne sonne plus et l’espace s’étend
sans limite »8.
L’aérien est toujours là, dans la fluidité de la touche et l’évanes-
cence des couleurs, mais l’ailleurs est autre ? Dans l’effacement
se profile peut-être le passage à quelque chose d’autre, d’indéfi-
nissable, encore en gestation.
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31. « l’énigme de nos vies, le jour et
la nuit, l’horizon et l’apparition de
la lune et du soleil, celui de la
perception tracée par ces lignes qui
s’étirent devant le regard, celui de
nous sentir libres et prisonniers à la
fois telle une maison sans mur, tout
comme mon cœur inconnu et secret. »
Ismael Mundaray
La Fin de la Pluie, acrylique sur toile, 200 x 200 cm, 2012 La pluie est finie IV, acrylique sur toile, 100 x 100 cm, 2012
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32. Cují en Pleno Sol Con Recipientes XI, acrylique sur toile, 200 x 200 cm, 2012 A Pleno Sol, acrylique sur toile, 100 x 100 cm, 2012
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33. Cuji en Pleno Sol III, acrylique sur toile, 200 x 300 cm, 2012
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34. Ismael Mundaray
Né en 1952 à Caripito, état de Monagas, au Venezuela. Sa vie, Expositions individuelles (sélection) :
un tant soit peu nomade par les changements de résidence de la 2011 Le Jour et la Nuit, Madiana Palais des Congrès, Schœlcher
famille, est marquée par différents lieux où il réside, spécialement Le Jour et la Nuit, Allegro Galerie, Panamá
2010 Il est mort le soleil, L’atelier Z, Centre culturel C. Peugeot, Paris
près de la grande rivière Orénoque et des communautés indigènes 2009 Présence et Absence, Heart Galerie Paris, Hot Art Fair, Bâle
du Delta. Cet impact apparaîtra plus tard dans son œuvre plastique. Clair de lune, Galerie T&T, Basse-Terre
Depuis l’enfance, il a montré un clair penchant pour l’art, mais il 2008 Paysages de la mémoire, Allegro Galeria, Panamá
fait des études d’ingénierie à l’Université centrale du Venezuela,
études qu’il abandonne avant de présenter sa thèse. Il commence à Expositions Collectives (sélection) :
2012 Origenes, Fundation BBVA Provincial, Caracas
étudier et à pratiquer des techniques graphiques et de là il s’orien- Figurations Caribéennes 2 ème Édition, Palais des sports
te vers la peinture, à laquelle il consacre depuis tout son temps. et de la Culture, Gosier
Mundaray a toujours été préoccupé par des sujets de l’actualité 2010 Rêves Lucides, Allegro Galerie, Panamá
nationale, il a traité des thèmes qui vont du cacao en passant par 2009 Soleil D’eau, Alegro Galerie, Panamá
le syncrétisme religieux, la légende des peuples, jusqu’aux cosmo-
Foires nationales et internationales (sélection) :
gonies et la vie domestique de différentes communautés indigènes 2012 FIA, Foire Latino-américaine d’Art, présenté par
vénézuéliennes. Son œuvre s’insère dans des langages picturaux la Galerie Dimaca, Caracas
contemporains qui le place parmi les plus importants créateurs 2010 Hot Art Fair présenté par Heart Galerie, Bâle
vénézuéliens. 2006 Art Rotterdam présenté par la Galerie Latinart
Holland Art Fair présenté par Galerie Latinart
Art Dubai présenté par la Galerie Latinart
Parcours (sélection) : Galerie Kaj Forsblom, Francfort, Allemagne
1976 Il fait ses études à la faculté d’ingénierie, université centrale du FIA, Foire Latino-américaine d’art présenté par
Venezuela, Caracas. la Galerie Sin Limite, Edo. Táchira, Venezuela
1987 - 1989 et 1992 - 1993 Il travail en tant qu’enseignant au dépar-
tement d’art de l’École régionale d’arts plastiques de la Martinique,
Fort-de-France.
Remerciements à Bernard Hayot et la Fondation Clément,
Famille Bruère-Dawson, Marc Rozas, Richard-Viktor Sainsily
Cayol et Lise Brossard.
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35. « Voici comment se développe l’ensemble de mon œuvre : une
ligne coupe la toile en deux parties. Une barre noire et en
dessous un monde clair et sablonneux, ocre, habité par des
fantômes. Ces quelques objets abandonnés çà et là par on ne
sait qui, sont en effet des fantômes. De plus, un jour, il advint
que quelqu’un bute dans ces récipients … » Ismael Mundaray
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36. Catalogue publié par la Fondation Clément
à l’occasion de l’exposition Trace d’existence
d’Ismael Mundaray du 18 janvier au 3 mars 2013
Fondation d’entreprise de GBH, la Fondation Clément mène
des actions de mécénat en faveur des arts et du patrimoine
culturel dans la Caraïbe.
Elle soutient la création contemporaine avec l’organisation
d’expositions à l’Habitation Clément, la constitution d’une
collection d’œuvres représentatives de la création caribéenne
des dernières décennies et la co-édition de monographies
sur les artistes martiniquais. Elle gère aussi d’importantes
Conception graphique : studio Hexode - Huellas de existencias, acrylique sur toile, 200 x 400 cm, 2012
collections documentaires réunissant des archives privées,
une bibliothèque sur l’histoire de la Caraïbe et des fonds
iconographiques. Enfin, elle contribue à la protection du
patrimoine créole avec la mise en valeur de l’architecture
traditionnelle.
www.fondation-clement.org Habitation Clément
Le François - Martinique
www.facebook.com/fondationclement Tél. : 05 96 54 75 51
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