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La conduite du changement lors du déploiement
d’un systùme d’information
Spada Fabrice, janvier 2013
Résumé
Le dĂ©ploiement d’un systĂšme d’information est souvent considĂ©rĂ© comme un projet purement
technique et les aspects organisationnels et humains sont parfois nĂ©gligĂ©s. L’arrivĂ©e d’un nouvel outil
informatique peut cependant profondément modifier la maniÚre de réaliser un travail et, par
consĂ©quent, l’organisation de l’entreprise et les mĂ©tiers. Ne pas prendre en compte le phĂ©nomĂšne
de résistance au changement des collaborateurs et sous-estimer les conséquences organisationnelles
peut donc conduire Ă  l’échec.
La conduite du changement est intimement liĂ©e Ă  la documentation de l’application, Ă  la formation
des collaborateurs aux nouveaux modes opératoires et à la communication axée sur la globalité du
projet. Cependant, bien que ces aspects soit totalement indispensables, ils ne suffisent pas Ă  garantir
le succĂšs de la dĂ©marche. Il s’agit Ă©galement d’anticiper les modifications structurelles de
l’organisation et les risques de rejets inhĂ©rents en intĂ©grant la dimension sociale lors de la
planification et le déploiement du projet.
Dans le cadre de ce travail, outre une description des bases de la conduite du changement, nous
tentons de mettre Ă  jour les facteurs d’échec ainsi que les facteurs de succĂšs rencontrĂ©s lors d’un
projet de dĂ©ploiement d’un nouveau systĂšme d’information. Nous nous inspirons Ă©galement de
plusieurs méthodes et outils de gestion du changement, intégrant les aspects organisationnels et
sociaux, pour exposer deux pratiques génériques de conduite du changement. Pour conclure, nous
proposons une matrice permettant d’identifier la mĂ©thodologie de conduite du changement Ă 
appliquer en fonction de l’environnement de l’entreprise et du type de systùme informatique.
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PREMIERE PARTIE – LES BASES DE LA CONDUITE DU CHANGEMENT
1. Introduction ..................................................................................................................... 4
2. Qu’est-ce que le changement et sa conduite ?............................................................... 5
3. La typologie du changement ........................................................................................... 7
SECONDE PARTIE – LES MECANISMES DU CHANGEMENT
4. Identification des facteurs d’échec et de succĂšs .......................................................... 10
4.1. Constat dans le développement de systÚmes informatiques ................................ 10
4.2. Constat dans le déploiement de systÚmes informatiques ..................................... 12
4.3. SynthĂšse et conclusion relatives aux facteurs d’échec et de succĂšs...................... 12
5. Les leviers de la conduite du changement.................................................................... 13
5.1. La culture d’entreprise............................................................................................ 14
5.2. L’acteur, le rîle et le sens....................................................................................... 15
5.3. L’accompagnement et la formation ....................................................................... 17
5.4. La communication et la dynamique de groupe...................................................... 19
6. La résistance au changement ........................................................................................ 19
7. La planification et les coûts ........................................................................................... 21
TROISIEME PARTIE – LA PRATIQUE DU CHANGEMENT
8. La conduite du changement en trois phases ................................................................ 23
8.1. La préparation du changement .............................................................................. 23
8.2. L’implĂ©mentation du changement ......................................................................... 25
8.3. L’évaluation du changement .................................................................................. 26
8.4. Analyse du cas MADAR (rĂ©sumĂ© d’AL-SHAMALN, 2011)........................................ 27
9. Conduite du changement et méthodes agiles.............................................................. 28
QUATRIEME PARTIE – APPORT PERSONNEL
10. Choisir une méthodologie de conduite du changement .............................................. 29
11. Conclusion et avis personnel......................................................................................... 31
12. Bibliographie.................................................................................................................. 32
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Liste des figures
I. La balance du changement............................................................................................... 5
II. Les lieux de changement.................................................................................................. 6
III. La matrice des changements............................................................................................ 8
VI. Classification des outils et méthodes............................................................................. 13
V. Courbe de diffusion des innovations.............................................................................. 16
VI. Matrice des styles pédagogiques ................................................................................... 18
VII. La courbe en S de la conduite du changement .............................................................. 22
VIII. Matrice de criticité ......................................................................................................... 24
IX. Choisir sa conduite du changement............................................................................... 30
Liste des tableaux
I. Tableau I : ModÚle de préoccupation............................................................................. 17
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PREMIERE PARTIE – LES BASES DE LA CONDUITE DU CHANGEMENT
1. Introduction
La notion de changement est connue de tous et, si nous partons du principe que dans l’univers rien
n’est immuable, nul ne peut y Ă©chapper durablement. Parmi les thĂšmes qui font l’actualitĂ©, nous
pouvons, par exemple, citer le vieillissement, auquel nous ne pouvons pas nous soustraire, les
changements climatiques, les changements génétiques (OGM, clonage), les changements
technologiques (informatique, Ă©nergie), les changements politiques (« le changement c’est
maintenant », selon François Hollande), les changements économiques (crise financiÚre, crise de
l’Euro), et la liste n’est de loin pas exhaustive. Dans le cadre de cet article, nous allons cependant
explorer uniquement les changements organisationnels survenant en entreprise lorsque cette
derniĂšre adapte, tant bien que mal, ses systĂšmes d’information pour assurer sa pĂ©rennitĂ© dans un
environnement subissant lui-mĂȘme de constantes mutations.
Dans le domaine de l’économie et des entreprises, le rythme des changements s’est accĂ©lĂ©rĂ© durant
le vingtiÚme siÚcle ; les opportunités technologiques, la libéralisation des marchés au niveau
mondial, les cycles de vie toujours plus courts des produits sont les causes le plus souvent citées pour
expliquer ce phénomÚne. Dans le domaine technologique, les auteurs ont cependant démontré que
l’innovation et la nouveautĂ© ne suffisent pas Ă  engendrer un changement organisationnel. En effet,
aussi géniales soient elles, si les individus ne leur donnent pas un sens, les inventions demeureront
purement inutiles. Ainsi, pour qu’une technologie nouvelle gĂ©nĂšre un changement, il faut que les
individus lui trouvent un sens puis qu’ils l’utilisent pour servir leur but. Dans le monde de
l’entreprise, le changement est donc intimement liĂ© aux individus, Ă  leur interprĂ©tation, Ă  leur
volonté et à leur but.
Les contours de l’implantation d’un nouveau systĂšme informatique ne peuvent donc pas ĂȘtre limitĂ©s
Ă  la description technique et mĂ©canique du remplacement d’un outil par un autre plus rĂ©cent. En
effet, les nouvelles contraintes engendrĂ©es par un systĂšme d’information (par exemple un ERP) vont
imposer aux utilisateurs une modification de leur pratique, de leurs compétences et de leurs liens
sociaux au sein de l’entreprise ; la technologie devient ainsi un prĂ©texte pour faire Ă©voluer
l’organisation. Ces transformations, directement liĂ©es aux acteurs, nĂ©cessitent de leur part un temps
d’acceptation et d’adaptation, plus au moins consĂ©quent selon les cas, avant que l’entreprise puisse
bénéficier pleinement des fonctionnalités du nouvel outil.
Sur la base de ce constat, l’enjeu des dirigeants et du management est donc de minimiser les impacts
des phases d’adaptation et d’acceptation pour que les activitĂ©s courantes de la sociĂ©tĂ© puissent
continuer sans heurt. A cette fin, la conduite du changement propose des méthodologies et des
outils permettant d’atteindre ce but voire d’aller au-delà, en construisant une culture du
changement. Selon KANSAL (2006), les contraintes d’un projet de changement de systùme
d’information se dĂ©clinent en cinq catĂ©gories : techniques, organisationnelles, humaines, financiĂšres
et temporelles. Dans le cadre de cet article, nous allons volontairement laisser les aspects techniques
de cÎté pour nous concentrer sur les aspects humains et organisationnels.
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2. Qu’est-ce que le changement et sa conduite ?
Le changement est intimement liĂ© Ă  la stabilitĂ© car il permet de qualifier le mouvement qui s’oppose
à elle. Au début du XXÚme
siÚcle, les entreprises scientifiquement organisées, selon les principes de
Taylor, avaient un but de stabilité et de maßtrise de leur organisation afin de maximiser la production
et de diminuer les coĂ»ts. Cependant, aujourd’hui, les innovations technologiques rapides,
l’internationalisation de la concurrence et la volatilitĂ© de la clientĂšle font entrer les entreprises dans
un tourbillon de changements permanents auxquels il faut pouvoir ou, mieux, savoir s’adapter.
Pour constater l’ampleur du phĂ©nomĂšne, il suffit de penser Ă  la part d’activitĂ©s gĂ©rĂ©e en mode
« récurrent » et à la part gérée en mode « exception ou projet ». La mise en place de procédures
d’exception ou de groupes de projet pour rĂ©pondre Ă  une demande spĂ©cifique rĂ©pond Ă  des besoins
issus d’un changement par rapport Ă  une norme Ă©tablie. A ce propos, un des plus gros
consommateurs de moyens destinĂ©s Ă  la gestion de projet est l’informatique : installation de
nouvelles versions logicielles, développement de nouvelles fonctionnalités ou changement radical de
technologie sont autant d’exemples de mutations qui n’entrent pas dans un flux rĂ©current et
organisĂ© par des procĂ©dures routiniĂšres. Cependant l’ensemble des exemples ci-dessus ont un point
commun : nous pouvons identifier le début de la démarche, son but et sa fin. Ainsi, nous définirons le
changement comme le processus qui mĂšne d’un point A vers un point B et cela mĂȘme si le point B
n’est pas trĂšs clairement identifiĂ© dĂšs le dĂ©part.
Si nous appliquons à la lettre le dicton « nous savons ce que nous laissons, mais pas ce que nous
allons trouver » le mode par défaut des hommes est le statu quo. La condition préalable à tout
changement est donc la volontĂ© de changer son Ă©tat actuel. Cette volontĂ© peut ĂȘtre exprimĂ©e,
globalement ou individuellement, par l’ensemble des acteurs de l’entreprise : exĂ©cutants, dirigeants
ou cadres intermédiaires et elle est souvent influencée par des facteurs externes tels que le cadre
lĂ©gal, la concurrence, l’évolution technologique, etc. Si la stabilitĂ© se traduit par un confort offert par
les routines, les habitudes et la sĂ©curitĂ© d’un existant connu et maĂźtrisĂ© et le fait de changer
représente quant à lui un risque. Alors pourquoi éprouvons-nous le besoin de se lancer dans un
processus inconfortable qui nous conduira vers une solution nouvelle et abstraite ?
Figure I : La balance du changement (MOUTOT et AUTISSIER., 2010)
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La balance du changement ci-dessus, proposĂ©e par MOUTOT et AUTISSIER (2010), illustre qu’en
fonction du niveau de risque perçu par les acteurs, leur volonté penchera du cÎté du statu quo ou du
changement. Par exemple, lorsque l’existant est menacĂ© par un environnement en trop grand
décalage avec les pratiques actuelles, la stabilité peut mettre les acteurs dans une forte situation
d’inconfort. Par consĂ©quent, ils prĂ©fĂ©reront se soumettre Ă  une transformation de leurs habitudes en
vue d’atteindre un Ă©quilibre futur.
Quel que soit l’exemple choisi, le changement reprĂ©sente toujours une rupture dans le
fonctionnement habituel et, selon l’ampleur du projet, l’ensemble des Ă©lĂ©ments suivants de
l’entreprise peuvent ĂȘtre concernĂ©s :
Figure II : Les lieux de changement (MOUTOT et AUTISSIER, 2010)
La conduite du changement met à disposition des méthodes et des outils qui permettront de gérer la
transition menant d’une situation initiale vers une destination souhaitĂ©e. Elle vise Ă  faire adhĂ©rer au
processus les destinataires et les bénéficiaires du changement. Selon AUTISSIER et al. (2010), « le
terme conduite du changement a vu le jour essentiellement avec les projets informatiques et plus
particuliĂšrement avec les projets d’implantation des progiciels de gestion intĂ©grĂ©s (PGI ou ERP) ». En
effet, lorsque les éditeurs informatiques (par exemple SAP) ont mis sur le marché des solutions « clé
en main », les dirigeants d’entreprise sont entrĂ©s dans une logique oĂč les tĂąches ont dĂ» s’adapter aux
systĂšmes informatiques.
L’adoption d’un nouvel outil de type ERP gĂ©nĂšre inĂ©vitablement des nouvelles pratiques et de
nouvelles conditions de travail pour les collaborateurs. Au-delà, les possibilités offertes par les
nouvelles technologies peuvent Ă©galement modifier les mĂ©tiers et la stratĂ©gie d’une entreprise et, Ă 
terme, sa culture. La conduite du changement vise donc à encadrer cette transition pour qu’elle
puisse se dĂ©rouler sans compromettre l’accomplissement des activitĂ©s quotidiennes de la sociĂ©tĂ©.
Il existe plusieurs approches et outils pour mener Ă  bien la conduite du changement. En fonction du
type de projet Ă  mener et de la culture de l’entreprise, nous pouvons privilĂ©gier une approche Ă  une
autre ou, au contraire, appliquer plusieurs méthodes et outils simultanément. Dans un premier
temps, il est donc important de réaliser un diagnostic pour déterminer quelle approche sera
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privilégiée pour le cas auquel nous sommes confrontés. En outre, en cours de projet, il sera
également nécessaire de réévaluer ses choix initiaux en fonction des résultats constatés et, au
besoin, d’apporter des corrections. En matiùre de conduite du changement, MOUTOT et AUTISSIER
(2010) distinguent quatre approches :
 L’approche projet. Nous sommes ici en prĂ©sence d’une organisation en mode projet pilotĂ©e
par une équipe ad hoc. Dans ce cas, la conduite du changement sera intégrée dans les tùches
du groupe de projet et, en général, elle se limitera à des actions de communication et de
formation des utilisateurs.
 L’approche intĂ©grĂ©e. Il s’agit des mĂ©thodes proposĂ©es par les cabinets de consultants
consistant à dérouler une méthodologie standard développée par eux. En général, ces
mĂ©thodes sont divisĂ©es en trois phases : l’étude d’impact, le plan de communication et le
plan de formation.
 L’approche psychosociologique. Les mĂ©thodologies qui s’y rapportent sont proposĂ©es par
des spĂ©cialistes en ressources humaines ou des sociologues. Elles s’appuient sur l’étude
comportementale des acteurs d’une organisation en vue d’éviter les blocages (rĂ©sistance au
changement), d’augmenter l’adhĂ©sion et d’assurer la participation au projet.
 L’approche instrumentalisĂ©e. Dans ce cas, les spĂ©cialistes de la gestion du changement sont
des collaborateurs de l’entreprise qui maütrisent parfaitement les rouages de l’organisation
et la conduite du changement. Ainsi, en fonction des projets, ils pourront déployer la
méthodologie et les outils adaptés au contexte.
Ces différentes approches issues de différentes disciplines (management, sociologie et psychologie)
dĂ©montrent que la maniĂšre d’apprĂ©hender et de gĂ©rer le changement en entreprise peut varier.
MOUTOT et AUTISSIER (2010) diffĂ©rencient d’ailleurs trois types de management distincts. Le
premier est axé sur la collaboration et la participation des acteurs, le second fait la part belle à la
formation et à la communication et le troisiùme s’applique lorsque les circonstances exigent une
intervention non négociable des dirigeants. Cette pluralité des approches et des styles de
management nous mĂšne Ă  la conclusion qu’il existe, au sein des entreprises, diffĂ©rents types de
changement qu’il s’agit de traiter de maniĂšre adĂ©quate.
3. La typologie du changement
AUTISSIER et al. (2010) proposent de classifier le changement selon une matrice Ă  deux axes qui
dĂ©limitent quatre types distincts. Le premier axe se dĂ©ploie entre la rupture, soit l’obligation pour
l’organisation de mettre en Ɠuvre un changement radical pour assurer sa pĂ©rennitĂ©, et le
changement permanent, soit une culture d’entreprise ouverte et apprenante dans laquelle les
collaborateurs ont suffisamment d’autonomie pour s’adapter quotidiennement à des situations
nouvelles et oĂč le changement n’est pas perçu comme une rĂ©volution.
Le second axe est celui des contraintes, est-ce que le changement est négociable ou est-il imposé ?
Des causes externes sont souvent citées pour justifier une décision de changement, la concurrence,
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les nouvelles technologies, la demande volatile des clients, etc. « s’adapter ou mourir » est devenu
un prĂ©cepte du management. Cependant, BERNOUX (2010) avance qu’il n’y a pas de changement
sans volontĂ© des acteurs. Par consĂ©quent, mĂȘme s’il est largement influencĂ© par un environnement
en mutation, le changement demeure la dĂ©cision d’un individu ou d’un groupe d’individus. Les
initiateurs devront ensuite faire adhĂ©rer l’ensemble des membres de l’organisation Ă  leur idĂ©e du
futur ou, à défaut, se séparer de certaines personnes bloquantes pour imposer leur vision.
Figure III : La matrice des changements (AUTISSIER et al., 2010)
Le changement continu
L’adaptation permanente permet de dĂ©passer la vision « projet unique avec un dĂ©but, un but Ă 
atteindre et une fin » pour inscrire la transformation comme un fonctionnement à part entiÚre de
l’organisation. La mutation de l’organisation se dĂ©roule en appliquant un processus incrĂ©mental et
continu, sans qu’il soit jamais nĂ©cessaire d’envisager un changement rapide et radical. Dans ce type,
on est loin de l’hypothĂšse selon laquelle les dirigeants prennent des dĂ©cisions justes et rationnelles.
Ici, les changements se construisent sur le terrain dans les interactions entre individus qui appliquent
des solutions résolvant leurs problématiques quotidiennes.
Ce type de changement s’inscrit dans les approches organisationnelles de « l’entreprise apprenante »
et, au niveau des dĂ©veloppements informatiques, nous retrouvons les valeurs et principes de l’agilitĂ©.
Il s’agit de capitaliser sur la valeur humaine et sa capacitĂ© Ă  faire face Ă  des situations imprĂ©vues. En
effet, dans un processus de changement continu nous connaissons le point de dĂ©part mais l’arrivĂ©e,
les contours du chemin à suivre et la durée du voyage demeurent trÚs souvent des inconnues. Seule
la stratĂ©gie est dĂ©terminĂ©e et les collaborateurs doivent disposer de suffisamment d’autonomie pour
mettre en Ɠuvre les moyens nĂ©cessaires Ă  sa rĂ©alisation.
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Le changement organisé
L’autonomisation des collaborateurs et la non-formalisation des plans opĂ©rationnels peuvent poser
des problĂ©matiques de management. En effet, le type de culture d’entreprise citĂ© au point prĂ©cĂ©dent
peut s’avĂ©rer perturbant pour certains dirigeants qui auront l’impression de naviguer Ă  vue et
Ă©galement pour certains collaborateurs qui ne souhaitent pas s’impliquer et prendre des dĂ©cisions.
Le changement organisĂ© permet d’offrir une possibilitĂ© d’expression aux collaborateurs (cercles
qualité par exemple) mais impose également un filtre qui permettra aux dirigeants de sélectionner
uniquement les changements en ligne avec les objectifs préétablis. Une démarche en quatre étapes
est proposée :
1) Définir clairement le problÚme à résoudre
2) Examiner les solutions dĂ©jĂ  essayĂ©es et qui n’ont pas fonctionnĂ©
3) DĂ©finir clairement le changement auquel on souhaite aboutir
4) Formuler et mettre en Ɠuvre un projet pour effectuer le changement
Le changement proposé
Dans le cas du changement proposé, se sont les cadres intermédiaires qui tiennent le rÎle principal.
En effet, lorsqu’une modification radicale, faisant suite Ă  une dĂ©cision du top management, doit ĂȘtre
opĂ©rĂ©e dans l’organisation de l’entreprise, c’est Ă  eux d’implĂ©menter la nouvelle orientation. A
l’inverse, lorsque se sont les collaborateurs qui souhaitent imposer une transformation au top
management, c’est Ă  nouveau les cadres intermĂ©diaires qui devront rendre les propositions et les
initiatives attractives pour convaincre. Qu’importe le lieu oĂč il trouve ses racines, un changement par
la rupture ne peut faire l’impasse d’une nĂ©gociation entre les diffĂ©rents groupes d’acteurs.
Le changement proposé est donc avant tout un long processus de négociation entres les différents
acteurs de l’organisation. Chaque membre, aux deux extrĂ©mitĂ©s de la hiĂ©rarchie, devra trouver un
sens dans le changement et adhérer à la nouvelle stratégie. Dans ce contexte, les cadres
intermédiaires jouent souvent un rÎle clé dans les négociations car ce sont eux qui, au final,
disposent du pouvoir de faire appliquer tout, ou partie, de la nouvelle stratégie.
Le changement dirigé
Face Ă  l’inadĂ©quation entre le fonctionnement de l’entreprise et son environnement, tout bon
dirigeant réagit en changeant la stratégie, les systÚmes de gestion ou la structure organisationnelle.
De part son caractÚre radical et unilatéral, le changement dirigé est considéré comme un moyen
d’assurer la survie de l’organisation et d’amĂ©liorer ses rĂ©sultats Ă  court terme. Les dĂ©cisions prises
peuvent ĂȘtre un changement d’activitĂ©, une transformation du but stratĂ©gique pour rĂ©pondre Ă  une
nouvelle vision des dirigeants ou l’implĂ©mentation d’une politique de redressement afin de rĂ©pondre
Ă  une situation de crise grave.
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Dans le cas du changement dirigé, les décisions sont radicales et non négociables. Les différents
acteurs prĂ©sents dans l’organisation doivent donc adhĂ©rer aux dĂ©cisions imposĂ©es ou envisager leur
départ. En outre, le top management devra également se questionner sur la capacité des
collaborateurs actuels à fonctionner dans la nouvelle entreprise. En effet, il n’est pas garanti que les
recettes qui ont fonctionnĂ© jusqu’à prĂ©sent continueront Ă  porter des fruits aprĂšs la refonte de
l’entreprise. Les dommages humains sont donc souvent assez importants lorsque ce type de
changement en mis en pratique.
SECONDE PARTIE – LES MECANISMES DU CHANGEMENT
4. Identification des facteurs d’échec et de succĂšs
Dans ce chapitre, nous énumérerons les résultats et constatations publiées par différents auteurs à
propos des facteurs d’échec et de succĂšs de projets de changement et, plus particuliĂšrement, ceux
mettant en cause les systùmes d’information. Nous soulignons que cette partie n’est pas exhaustive
et ne relĂšve pas d’un travail rigoureux d’identification des facteurs d’échec et de succĂšs. Tout au
plus, une méthodologie scientifique a été réalisée en amont par les auteurs cités qui sont donc seuls
responsables des résultats et chiffres publiés.
En matiÚre de mesure des résultats obtenus lors de projets informatiques, il existe plusieurs chiffres
dont ceux publiés dans une étude du Gartner Group en 2004 (citée par MOUTOT et AUTISSIER, 2010)
qui relevait que :
 25% des projets gĂ©nĂšrent les bĂ©nĂ©fices escomptĂ©s alors que
 66% des projets dĂ©passent le budget, accumulent du retard ou ne dĂ©ploient pas les
fonctionnalités prévues dans le cahier des charges initial.
En 1995, le Standish Group avançait des chiffres encore plus dramatiques dans un rapport baptisé
« chaos ». En effet, selon lui seulement 16.2% des projets de développement informatique sont un
succĂšs alors que 83.8% n’ont pas atteint leur but ou sont en Ă©chec total. Pourquoi les projets
informatiques conduisent-ils aussi souvent Ă  l’échec ? Quelles sont les facteurs auxquels il faut ĂȘtre
attentif ? Sont-ils purement techniques ou sont-ils également liés aux aspects de conduite du
changement ?
4.1. Constat dans le développement de systÚmes informatiques
En 1995, « The Standish Group » propose un état des lieu et une méthodologie pour identifier les
principales causes d’échec ainsi que les recettes permettant de rĂ©duire les Ă©cueils dans le domaine
du développement informatique. A cette fin, un échantillon de 365 interlocuteurs représentant 8'380
applications a été retenu dans des entreprises de divers domaines et de tailles différentes. Dans un
premier temps, les projets analysĂ©s ont Ă©tĂ© rĂ©partis dans l’une des catĂ©gories suivantes :
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1) Type 1 : le projet est un succĂšs. Il a Ă©tĂ© terminĂ© Ă  temps, dans le budget, avec l’ensemble des
caractéristiques et des fonctions initialement spécifiées.
2) Type 2 : le projet est contestable. Il est terminé et opérationnel, mais le budget et les délais
n’ont pas Ă©tĂ© respectĂ©s. En outre, les caractĂ©ristiques et les fonctions initialement spĂ©cifiĂ©es
ont été revues à la baisse.
3) Type 3 : le projet est un échec. Il a été abandonné à un certain point du cycle de
développement.
La premiĂšre constatation marquante est que, sur l’ensemble des projets Ă©tudiĂ©s, le taux de succĂšs
n’est que de 16.2% contre 31.1% de projets abandonnĂ©s et 52.7% de projets contestables. Dans le
détail, si on regroupe les projets de « type 2 » et de « type 3 », on découvre que le dépassement
moyen des coûts est de 189% et que le dépassement des délais est en moyenne de 222%. Dans les
projets contestables, en moyenne, c’est seulement 61% des fonctionnalitĂ©s et caractĂ©ristiques
décrites initialement qui sont disponibles au final. Face à un tel constat, la question qui se pose
immédiatement est « pourquoi ?».
Pour fournir des rĂ©ponses, les enquĂȘteurs du « The Standish Group » ont Ă©galement interrogĂ© les
responsables IT pour recueillir leur opinion sur les facteurs favorisant le succĂšs ou l’échec d’un projet.
Pour chacun de ces deux points, les dix facteurs les plus citĂ©s sont listĂ©s ci-dessous. Il est d’ores et
déjà intéressant de noter que les cinq premiers facteurs de succÚs apparaissent également comme
un des dix facteurs d’échec possible. Ainsi nous avons mis entre parenthĂšses la position du facteur
identique dans la liste opposée.
Liste des dix principaux facteurs favorisant le succĂšs :
1. Implication des utilisateurs ................................................................15.90% (Echec 2)
2. Soutien de la direction et des cadres .................................................13.90% (Echec 5)
3. Enoncé claire des exigences ...............................................................13.00% (Echec 1)
4. Bonne planification...............................................................................9.60% (Echec 7)
5. Attentes réalistes..................................................................................8.20% (Echec 4)
6. Projet divisé en petites étapes .............................................................7.70% (-)
7. Compétence des collaborateurs...........................................................7.20% (-)
8. Ownership ..............................................................................................5.3% (-)
9. Vision et objectifs clairs..........................................................................2.4% (-)
10. Travail et équipe dédiée.........................................................................2.4% (-)
Autres (pour un total de 100%)............................................................13.9% (-)
Liste des dix principaux facteurs favorisant l’échec :
1. Enoncé des exigences incomplÚtes....................................................13.10% (SuccÚs 3)
2. Manque d’implication des utilisateurs...............................................12.40% (Succùs 1)
3. Manque de ressources .......................................................................10.60% (-)
4. Attentes irréalistes ...............................................................................9.90% (SuccÚs 5)
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5. Manque de soutien de la direction et des cadres................................9.30% (SuccĂšs 2)
6. Changement des exigences et des spécifications ................................8.70% (-)
7. Planification déficiente.........................................................................8.10% (SuccÚs 4)
8. Le besoin n’existe plus..........................................................................7.50% (-)
9. Manquement dans le management des IT...........................................6.20% (-)
10. Incompétence technologique...............................................................4.30% (-)
Autres (pour un total de 100%)............................................................9.90% (-)
4.2. Constat dans le déploiement de systÚmes informatiques
Lorsque l’on traite du dĂ©ploiement d’un nouveau systĂšme d’information, une littĂ©rature abondante
alimentĂ©e par de nombreux auteurs met en Ă©vidence l’importance du phĂ©nomĂšne de rĂ©sistance au
changement. Nous consacrerons d’ailleurs un chapitre entier à ce thùme qui, selon AL-SHAMALN
(2011), représente la majeure partie des échecs. Dans son approche sociologique, BERNOUX (2010)
utilise les mots « rĂ©sistance au changement » mais ne la considĂšre pas comme un facteur d’échec en
soit. Pour lui, la rĂ©sistance au changement doit plutĂŽt ĂȘtre interprĂ©tĂ©e en analysant le jeu des acteurs
qui refusent de déplacer les lignes.
Pour BERNOUX (2010), la rĂ©ussite d’un projet de changement passe par l’attribution aux salariĂ©s d’un
vĂ©ritable rĂŽle et d’une possibilitĂ© d’influer sur le changement. En effet, la modification devient
acceptable que si les exĂ©cutants se l’approprient et qu’ils comprennent son intĂ©rĂȘt. Aucun
changement ne peut avoir lieu si les collaborateurs qui le mettent en Ɠuvre ne lui donnent pas un
sens. BERNOUX souligne Ă©galement l’importance du rĂŽle de la direction et de la culture d’entreprise.
Selon lui, une organisation qui n’est pas Ă©touffĂ©e par des procĂ©dures, les rĂšgles et la hiĂ©rarchie sera
plus encline à réussir le changement prévu.
Le changement est l’apprentissage d’une nouvelle maniĂšre de procĂ©der. Par consĂ©quent, nous
retrouvons fréquemment la formation parmi les leviers permettant le succÚs. La communication, par
la mise en place de groupes d’échanges multidisciplinaires ou via un plan de communication inspirĂ©
par les techniques du marketing sont également cités dans les facteurs menant à la réussite.
Finalement, KANSAL (2006) relÚve que la sous estimation du temps nécessaire au changement du
systĂšme d’information est trĂšs frĂ©quent. De plus, une mauvaise estimation des frais de consultant,
de formation, de conversion des donnĂ©es, d’intĂ©gration du logiciel, de tests et de dĂ©veloppement de
modules ad hoc peut causer des retards et des surcoûts.
4.3. SynthĂšse et conclusion relatives aux facteurs d’échec et de succĂšs
Parmi l’ensemble des facteurs de succĂšs et d’échec relevĂ©s dans les sources mentionnĂ©es ci-dessus, il
est intĂ©ressant de noter que les aspects techniques et technologiques ne sont citĂ©s qu’une seule fois
en dixiĂšme position seulement dans la liste des facteurs d’échec dressĂ©e par le Standish Group.
Devons-nous pour autant conclure Ă  une fiabilitĂ© des systĂšmes informatiques telle qu’elle ne peut
influer sur la finalitĂ© d’un projet ? Nous ne le pensons pas. Cependant, il est indispensable de
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souligner que le principal facteur de rĂ©ussite d’un projet de changement de systĂšme d’information
n’est pas liĂ© Ă  l’informatique mais aux hommes qui devront dĂ©velopper et utiliser le nouvel outil.
Si l’introduction du systĂšme informatique n’est pas acceptĂ©e par les collaborateurs, le changement
ne peut pas avoir lieu. Sans utilisateur régulier et assidu, le nouveau logiciel demeurera un outil
inexploitĂ© dont les coĂ»ts plomberont les comptes de l’entreprise. Au delĂ , dans le pire des cas, les
collaborateurs dĂ©velopperont mĂȘme des parades Ă  l’utilisation du nouveau systĂšme informatique de
sorte qu’il s’ensuivra une situation de dĂ©sordre non maĂźtrisĂ©. ArrivĂ© Ă  ce stade lĂ , outre le coĂ»t
d’achat et de dĂ©ploiement du systĂšme, il faudra Ă©galement comptabiliser les coĂ»ts induits par la
dĂ©sorganisation et le manque d’efficacitĂ©.
La rĂ©ussite d’un projet de changement des systĂšmes d’information est donc intimement liĂ© Ă  des
facteurs humains tels que : la culture organisationnelle, l’acceptation du changement par les acteurs,
la capacitĂ© d’apprentissage et la communication interne. De plus, pour rĂ©ussir, le changement doit
ĂȘtre engagĂ© comme un processus ouvert, qui sera susceptible d'Ă©volutions et de rĂ©orientations, et
faire l’objet d’une conduite parfaitement maĂźtrisĂ©e usant des diffĂ©rents leviers disponibles.
5. Les leviers de la conduite du changement
Dans une démarche de changement, nous nous fixons généralement une ligne directrice telle que
« changer le systĂšme d’information » qui, ensuite, se dĂ©cline en une quantitĂ© de micro-changements
qui affecteront le travail quotidien d’individus ou de groupes d’acteurs. Un projet de changement est
donc un ensemble de chantiers qu’il s’agira de gĂ©rer, en fonction des cas, en utilisant diffĂ©rents outils
et méthodes que TONNELE (2012) propose de classer de la maniÚre suivante :
Figure IV : Classification des outils et méthodes (Adaptée de TONNELE, 2012)
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Sur l’axe vertical, TONNELE (2012) distingue les concepts et mĂ©thodes, plutĂŽt abstraites, et les outils
qui sont des techniques concrĂštes et applicables sur le terrain. Ensuite, il oppose les solutions
s’appliquant à un individu à celles s’appliquant à un groupe. Cette classification correspond au
sommaire de son livre décrivant, sur 65 fiches détaillées, des méthodes et outils applicables lors de la
gestion d’un changement. Il est intĂ©ressant de mettre cette multiplicitĂ© en opposition avec les deux
leviers historiques, auxquels certaines organisations auraient tendance Ă  s’arrĂȘter, que sont la
formation et la communication.
Lors d’un projet de dĂ©ploiement d’un nouveau systĂšme d’information, le top management doit
obligatoirement composer avec les utilisateurs et, par conséquent, se servir des nombreux leviers
permettant de mener Ă  bien la conduite du changement. Pour notre part, entre les 65 fiches
détaillées proposées par TONNELE (2012) et le couple classique « formation / communication », nous
avons opté pour la présentation de quatre leviers :
 La culture d’entreprise
 L’acteur, le rĂŽle et le sens
 L’accompagnement et la formation
 La dynamique de groupe et la communication
et de deux contraintes :
 La rĂ©sistance au changement
 La planification et les coĂ»ts
Dans tous les projets chacun de ses leviers et contraintes doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s et dĂ©clinĂ©s en
plusieurs micro-chantiers comme, par exemple, la mise en place d’un plan dĂ©taillĂ© de formation, la
formalisation d’une campagne de communication, l’accompagnement d’un groupe d’acteurs trùs
affectĂ©s par le changement, la planification rigoureuse du projet, etc. Pour l’ensemble de ces tĂąches
spécifiques, il existe des techniques et des outils inspirés entre autre par le management, le
marketing ou la psychologie ; cependant, nous n’entrerons pas dans le dĂ©tail afin de nous concentrer
sur les enjeux globaux.
5.1. La culture d’entreprise
La conduite du changement ne peut pas ĂȘtre traitĂ©e indĂ©pendamment du contexte culturel dans
laquelle elle se produit. Pour dĂ©finir la culture d’entreprise, nous retiendrons la dĂ©finition proposĂ©e
par MOUTOT et AUTISSIER (2010) : « la culture d’entreprise caractĂ©rise gĂ©nĂ©ralement l’ensemble des
actes et usages existants dans l’entreprise sans qu’ils ne soient dĂ©crits ou rĂ©gis de quelque maniĂšre
formelle que ce soit ». Plus précisément, nous pouvons relever que cela concerne notamment le
comportement des acteurs (maniĂšre de communiquer, de prendre ses pauses repas, etc.), les
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systĂšmes de rĂšgles tacites (code vestimentaire, frapper et entrer ou entrer sans frapper, etc.) et les
zones de pouvoir (indĂ©pendamment de la hiĂ©rarchie Ă©tablie, qui pilote l’activitĂ© ?).
Un changement du systĂšme d’information intervient inĂ©vitablement sur les actes et les usages,
formels et informels, réalisés au quotidien. Sur la base de ce constat, il est donc indispensable de
considĂ©rer la culture d’entreprise dans le processus de changement. Mais, malheureusement, bien
qu’il demeure toujours possible de la faire Ă©voluer, la culture est quelques chose d’ancrĂ©, de stable
et de difficile Ă  modifier. Pour la modifier, il s’agit donc de fournir une rĂ©ponse claire quant Ă  la vision
de l’entreprise aprùs le changement afin que les collaborateurs puissent s’y projeter.
Avant de se lancer dans un processus de changement, il est donc important que les responsables du
projet aient une bonne comprĂ©hension et une bonne connaissance de la culture de l’organisation
dans laquelle ils vont déployer les nouveaux outils informatiques. En effet, à défaut de pouvoir la
modifier rapidement, il faut qu’ils puissent ĂȘtre en mesure de l’utiliser pour appuyer leur dĂ©marche
et faciliter le changement. Pour cela, nous retenons les trois questions fondamentales suivantes :
1) Quels aspects de la culture existante peuvent favoriser les changements ? Comment les
utiliser et les renforcer ?
2) Quels aspects de la culture existante peuvent bloquer le changement et comment les
surmonter ?
3) Que doit-on mettre en Ɠuvre pour encourager le changement ?
Dans certains gros projets, il peut s’avĂ©rer nĂ©cessaire de mener une Ă©tude socio-organisationnelle de
l’entreprise afin de dĂ©finir le systĂšme de valeur, les habitudes et le niveau de rĂ©sistance probables de
diffĂ©rents groupes d’acteurs. Ce type d’étude a pour but d’identifier et de dĂ©crire la culture d’une
entreprise en analysant notamment les éléments tangibles, tels que les structures et les systÚmes de
contrĂŽle, mais Ă©galement les aspects intangibles tels que les symboles et les habitudes.
5.2. L’acteur, le rîle et le sens
Le changement n’est pas forcĂ©ment contraint et subit et, dans la plupart des cas, c’est la volontĂ© et la
capacitĂ© des acteurs qui font le changement ou, au contraire, qui l’empĂȘche. Nous dĂ©finirons donc
l’acteur comme un individu susceptible de modifier le contenu du changement.
Pour illustrer l’adoption du changement dans une organisation, nous nous appuierons sur la courbe
de diffusion des innovations proposée par ROGERS (1962) qui illustre trÚs bien différents groupes
d’acteurs. En s’inspirant du schĂ©ma ci-dessous, nous proposons que les innovateurs et les convaincus
de la premiÚre heure (« early adopters ») se verront confier la mission de convaincre les traßnards
(« laggards ») qui demeurent plus longtemps sceptiques face à la nouveauté. Le modÚle ci-dessous,
en atteignant une part de marché de 100% au final, postule également que les individus se laissent
influencer par le comportement des autres et que, tĂŽt ou tard, l’ensemble des personnes concernĂ©es
aura adoptĂ© l’innovation.
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Figure V : Courbe de diffusion des innovations (ROGERS, 1962)
Pour s’assurer que le changement soit adoptĂ© par tous Ă  un instant donnĂ©, le dessein de changement
doit ĂȘtre partagĂ© et soutenu par le top management de l’organisation. En effet, sans son soutien, les
chances de réussite du projet seront compromises. Ensuite, pour diffuser la volonté de changement à
l’ensemble des collaborateurs concernĂ©s, il est recommandĂ© d’identifier des groupes d’acteurs et de
dĂ©terminer ceux qui seront des opposants au projet et ceux qui seront des alliĂ©s. Sur la base d’une
cartographie prĂ©cise des acteurs, il sera alors possible d’entreprendre des actions ciblĂ©es (formation,
communication, accompagnement) et de fixer des priorités. De plus, pour faciliter la diffusion, les
strates de l’organisation du projet peuvent ĂȘtre structurĂ©es comme ceci :
 Le porteur du projet qui est responsable du projet. C’est un convaincu de la premiĂšre heure
et peut ĂȘtre mĂȘme l’initiateur du changement.
 Les participants au projet qui contribueront Ă  la rĂ©ussite du projet par leur travail. Ils sont
sĂ©lectionnĂ©s parmi les convaincus de la premiĂšre heure et reprĂ©sentent un groupe d’acteurs
identifiés (utilisateurs du service A, cadres intermédiaires, top managers, etc.); ils joueront
Ă©galement un rĂŽle de relais auprĂšs de leurs pairs.
 Les utilisateurs qui sont les personnes dont le travail sera directement impactĂ© par le
changement. GĂ©nĂ©ralement, c’est parmi eux que se situeront le plus grand nombre
d’individus rĂ©fractaires au projet qu’il s’agira de convaincre.
Pour que le changement soit acceptable, les utilisateurs doivent pouvoir se projeter dans le nouvel
environnement de travail car, en général, les obstacles apparaissent si le changement ne leur paraßt
pas suffisamment clair. En effet, avoir la possibilité de se projeter dans son futur travail est un moyen
de donner un sens au changement. Ainsi, si les contours du projet ne sont pas transparents, il faut
que les acteurs directement concernĂ©s puissent les modifier et les nĂ©gocier car la rĂ©ussite d’un projet
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de dĂ©ploiement d’un nouveau systĂšme d’information dĂ©pend de la pleine utilisation de l’outil. Un
des rĂŽles importants Ă  attribuer aux utilisateurs est donc celui de pouvoir influer sur le changement.
En conclusion, nous pensons qu’il ne suffit pas, dans un projet d’implantation d’un systùme
informatique, de motiver et de former les acteurs. En effet, il est important de leur donner un rĂŽle,
de les impliquer, de les faire agir et, finalement, de les faire adhérer à la nécessité du changement
qui, Ă  leur Ă©chelle, s’illustrera par une modification de leurs pratiques quotidiennes. Les
collaborateurs doivent percevoir le sens de leur travail, avant, pendant et aprĂšs le changement car
nul ne s’épanouit en rĂ©alisant un travail qui paraĂźt inutile.
5.3. L’accompagnement et la formation
Le modÚle de BAREIL et SAVOIE (cités par AUTISSIER et al., 2010) envisage le changement comme
une rupture suivie d’une phase de transition. Il postule que les destinataires du changement
traversent, lors d’un processus de changement, cinq Ă  sept phases de prĂ©occupation demandant un
accompagnement spécifique. Les auteurs proposent ainsi un modÚle permettant, face à des
changements imposĂ©s tels que ceux engendrĂ©s par un nouveau systĂšme d’information, d’adapter
une réponse à chacune des attentes des acteurs concernés. Selon BAREIL et SAVOIE (cités par
AUTISSIER et al., 2010), les sept phases de préoccupation des personnes en contexte de
changements sont les suivantes :
Aucune préoccupation : « Ca ne me concerne pas ! »
Le destinataire nie le changement en l’ignorant. De l’extĂ©rieur, on a le sentiment qu’il ne prend
pas au sĂ©rieux la nouvelle et semble continuer son travail comme si de rien n’était.
PrĂ©occupations centrĂ©es sur soi : « Qu’est-ce qui va m’arriver ? »
Le destinataire, inquiet, s’interroge sur le maintien de son poste, sur les consĂ©quences du
changement sur son rÎle, sur ses responsabilités, son statut et son pouvoir de décision. Il a
l’impression de ne plus maĂźtriser son avenir et ne sait plus oĂč se situer dans l’organisation.
PrĂ©occupations centrĂ©es sur l’organisation : « Est-ce que le changement est lĂ  pour durer ? »
Le destinataire s’interroge sur la capacitĂ© de l’organisation Ă  supporter le changement Ă  long
terme, afin de s’assurer, en cas d’investissement dans le changement, qu’il sera alors rĂ©compensĂ©.
Il se demande notamment si le changement sera rentable.
PrĂ©occupations centrĂ©es sur le changement lui-mĂȘme : « De quoi s’agit-il au juste ? »
Le destinataire souhaitant obtenir des rĂ©ponses aux questions qu’il se pose, commence Ă 
s’intĂ©resser au changement en lui-mĂȘme et questionne sa nature. Il devient attentif et proactif,
souhaite obtenir des précisions.
PrĂ©occupations centrĂ©es sur le soutien disponible : « Est-ce que je vais ĂȘtre capable de 
 ? »
Maintenant disposé à se conformer au changement, le destinataire doute toutefois de sa capacité
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Ă  le mettre en Ɠuvre. Il a le sentiment d’ĂȘtre incompĂ©tent. Il se demande si on lui laissera le
temps de s’adapter à son nouveau poste et si on l’aidera pour cela.
PrĂ©occupations centrĂ©es sur la collaboration avec autrui : « Ca vaudrait la peine qu’on se
réunisse ! »
Le destinataire se montre intĂ©ressĂ© Ă  collaborer avec les autres. Il dĂ©sire s’impliquer dans la mise
en Ɠuvre du changement. Il apprĂ©cie de pouvoir partager avec les autres les expĂ©riences vĂ©cues
de chacun.
PrĂ©occupations centrĂ©es sur l’amĂ©lioration continue du changement : « Essayons ceci 
 et si
l’on faisait cela 
 »
Certains destinataires peuvent trouver dans le changement de nouveaux défis et vont ainsi
chercher à perfectionner ce qui existe déjà ou tout remettre en cause. Ils poursuivront un objectif
d’amĂ©lioration continue.
Tableau I : ModÚle de préoccupation (BAREIL et SAVOIE,
adapté par AUTISSIER et al, 2010)
Lors d’un projet de changement du systùme informatique, la formation est trùs importante car
l’utilisateur devra acquĂ©rir les connaissances suffisantes pour utiliser les fonctionnalitĂ©s du nouveau
logiciel et s’adapter aux Ă©volutions du mĂ©tier qui peuvent en dĂ©couler. La formation, au sens
didactique du terme, relÚve donc des « préoccupations centrées sur le soutien disponible ».
Cependant, il est Ă©galement important d’apporter aux personnes des enseignements et des rĂ©ponses
qui leur permettront d’attĂ©nuer les autres inconnues citĂ©es dans le tableau ci-dessus.
Un utilisateur rassuré et convaincu de la nécessité du changement sera plus attentif et motivé
lorsqu’il s’agira d’acquĂ©rir les compĂ©tences nĂ©cessaires Ă  l’utilisation du nouvel outil. DĂšs lors, il
s’agira d’apporter de nouvelles connaissances aux personnes par la mise en place d’un plan de
formation décliné en modules à créer, en support de cours à rédiger, en coûts à évaluer et en
planning Ă  organiser. Le choix d’une mĂ©thode pĂ©dagogique sera Ă©galement au centre des dĂ©bats afin
qu’elle soit le mieux adaptĂ©e au contexte et aux besoins des utilisateurs. MOUTOT et AUTISSIER
(2010) proposent ainsi la matrice suivante pour décrire les styles pédagogiques :
Figure VI : Matrice des styles pédagogiques (MOUTOT et AUTISSIER, 2010)
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La formation peut ĂȘtre une dĂ©marche ponctuelle ou, au contraire, elle peut faire partie intĂ©grante de
la culture de l’entreprise. Ainsi, selon certains auteurs, le changement est assimilable à un processus
d’apprentissage continu dans lequel les acteurs disposent de suffisamment d’autonomie pour
s’adapter en permanence aux nouvelles conditions de l’environnement. Dans les approches liĂ©es aux
principes d’entreprise apprenantes, les collaborateurs prennent l’engagement d’apprendre à
apprendre et les dirigeants leur offrent l’autonomie nĂ©cessaire pour faciliter cet apprentissage.
AppliquĂ©e Ă  la lettre, cette approche permettrait de faire l’économie de grand plan de formation
standardisé. En effet, les utilisateurs sont dans ce cas les initiateurs puis les moteurs du changement
et ils ne seraient plus dans l’obligation de s’adapter Ă  un changement imposĂ©.
5.4. La communication et la dynamique de groupe
La communication tient un rÎle central dans un projet de changement. En effet, dÚs le démarrage du
projet, elle doit permettre Ă  l’utilisateur de se projeter dans le futur et d’imaginer le rĂ©sultat du
processus de changement. Pour ĂȘtre rĂ©ussie, elle doit Ă©veiller l’adhĂ©sion des utilisateurs en leur
permettant de comprendre le sens du changement et l’intĂ©rĂȘt qu’il revĂȘt. La communication ne doit
donc pas se limiter à une simple transmission d’information et, à l’inverse, veiller à ne pas tomber
dans la propagande racoleuse. Pour rĂ©ussir dans cette tĂąche, il est recommandĂ© d’appliquer les
techniques du marketing pour mettre sur pied un véritable plan de communication adapté au projet,
aux acteurs concernés et aux besoins.
Dans un processus de changement, il est Ă©galement nĂ©cessaire d’échanger ses impressions afin que
les individus puissent résoudre les problÚmes qui se posent à eux et réaliser leurs tùches
quotidiennes. Dans un projet de dĂ©ploiement d’un systĂšme d’information, la mise en rĂ©seau
d’acteurs aux profils diffĂ©rents paraĂźt indispensable afin que les techniciens et les utilisateurs
comprennent leurs contraintes et exigences respectives. Les Ă©changes dans des groupes
multidisciplinaires permettent de partager, de modifier et d’adapter les contours du projet avant ou
pendant la phase de dĂ©ploiement. Le partage d’information est donc absolument indispensable au
paramĂ©trage de l’outil et, au final, Ă  son utilisation optimale.
De plus, toutes les organisations sont influencĂ©es par l’idĂ©e dominante. Les travaux de LEWIN (citĂ©
par AUTISSIER et al., 2010) mettent en Ă©vidence qu’il est plus aisĂ© de faire changer des individus
constitués en groupe que des individus pris séparément. En effet, le groupe joue un rÎle de
rĂ©ducteur de l’incertitude pour l’individu qui sera plus rĂ©ceptif Ă  la nouveautĂ© si d’autres personnes y
sont également confrontées. Pour sa part, BERNOUX (2010) souligne également que les individus
décident en fonction du comportement des autres. Les choix individuels sont ainsi relatifs au choix de
ceux que nous prenons pour modÚle de référence (effet de mode).
6. La résistance au changement
Les individus développent parfois des comportements récalcitrants face aux volontés de changement
de leurs semblables. Selon AL-SHAMALN (2011), les deux facteurs expliquant cette résistance au
changement lors d’un projet de dĂ©ploiement d’un systĂšme informatique sont le risque perçu par
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l’utilisateur (soit, en d’autres termes, l’inconnu) et les habitudes (soit, en d’autres termes, le refus de
l’apprentissage de nouvelles pratiques). BERNOUX (2010), quant à lui, considùre qu’il ne faut pas
confondre la résistance au changement avec la volonté de maßtriser son travail et, de ce fait, de
conserver son identitĂ© professionnelle. En effet, selon lui, la recherche d’objectifs individuels tels que
la lĂ©gitimitĂ©, le statut ou le pouvoir sont tout aussi important que la recherche d’efficacitĂ© lorsqu’il
s’agit d’apprĂ©hender un changement dans l’environnement de travail.
Changer nécessite de faire accepter aux utilisateurs de perdre un existant connu pour un futur
encore incertain. Un projet de changement peut ainsi entraßner différentes formes de résistances
explicables par la culture, la structure de l’entreprise ou par le fait d’un individu isolĂ©. MOUTOT et
AUTISSIER (2010) proposent de classer les types de résistance en quatre catégories :
1) Actions sur les ressources, soit ne pas allouer les ressources (temps, hommes, argent)
nécessaires au développement et au déploiement du projet.
2) Actions de reroutage, soit mise en place de projets concurrents pour tenter d’étouffer ou de
retarder le projet initial.
3) Actions de discrédit, soit répandre des rumeurs nuisibles à propos du projet et des
personnes qui le soutiennent et ainsi influer sur l’acceptation du projet par les utilisateurs.
4) Actions d’inertie, soit pratiquer une politique de la chaise vide consistant à ne pas
communiquer (rĂ©tention d’information) et Ă  ne rien faire.
Selon BERNOUX (2010), le changement dans les entreprises se situe Ă  la jonction des contraintes
nouvelles et de l’acceptation de celles-ci. Les salariĂ©s ont donc toujours la libertĂ© de contribuer ou de
rĂ©sister au changement en l’acceptant ou, Ă  contrario, en le refusant. « Il n’y a pas de rĂ©sistance
naturelle au changement mais seulement des résistances stratégiques. Dans le cas de salariés peu ou
pas qualifiĂ©s, qui maĂźtrisent peu leur environnement, qui ne savent pas oĂč ils iront concrĂštement et
que sera leur nouvel environnement immédiat, les résistances sont plus grandes. [
] La résistance au
changement est beaucoup une affaire de position dans la hiérarchie, de maßtrise de son propre
travail et de son environnement. » (BERNOUX, 2010). Selon BERNOUX (2010), la résistance au
changement n’existe donc pas Ă  proprement parler et la rĂ©ussite suppose avant tout que les salariĂ©s
acceptent les conditions de travail futures. En effet, selon lui, les obstacles apparaissent si le
changement n’est pas clair aux yeux des exĂ©cutants.
Pour rĂ©soudre les blocages, il faut donc s’intĂ©resser aux acteurs du changement et au sens qu’il
donne à ce dernier. Le management doit chercher les sources de résistance possible en analysant la
structure organisationnelle, la culture d’entreprise et les besoins des employĂ©s directement
concernĂ©s. Cela n’est pas Ă©vident car les causes ne sont pas forcĂ©ment visibles et, souvent, les
doléances des salariés ne sont pas adressées à ceux qui en sont les destinataires. Ainsi, pour chaque
acteur, ou groupe d’acteurs, impliquĂ© dans le changement il faudrait ĂȘtre en mesure d’identifier leur
prise de position lors de réunions formelles (séances, entretiens, etc.) mais également informel
(machine à café, cantine, etc.). Ensuite, une fois les causes identifiées, il faut déployer un plan
d’action (formation, accompagnement, communication, etc.) pour les faire adhĂ©rer ou, Ă  l’inverse,
adapter le projet à leurs véritables besoins.
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D’autres mĂ©thodes, axĂ©es sur les hommes et leur comportement, existent et peuvent ĂȘtre
dĂ©ployĂ©es. Par exemple, ALADWANI (2001) propose de s’inspirer des techniques du marketing pour
« vendre » le changement aux utilisateurs. En effet, selon lui les techniques d’analyse des
motivations, du comportement et du besoin dĂ©veloppĂ©es par le marketing peuvent ĂȘtre transposĂ©es
à la conduite du changement. Dans une approche psychologique, KETS DE VRIE (cité par AUTISSIER et
al.) postule que l’on peut comparer le changement organisationnel en entreprise avec la perte d’un
ĂȘtre cher. En effet, aprĂšs le changement, le salariĂ© doit apprendre Ă  agir diffĂ©remment, s’engager Ă 
oublier les anciennes pratiques et débuter pour cela un processus de deuil lui permettant de pleurer
le passĂ© et d’accepter le prĂ©sent.
7. La planification et les coûts
Le cahier des tùches du nouveau logiciel, la formation, la rédaction de nouvelles procédures et la
communication sont autant de chantiers qui prennent du temps et qu’il s’agit d’anticiper. De plus,
lors de d’un projet de changement de systùme d’information, il ne faut pas tomber dans le travers
consistant Ă  penser que le dĂ©ploiement est radical et, qu’en une nuit, le nouvel outil est installĂ© afin
que, dÚs le lendemain, il soit apprivoisé par les utilisateurs et utilisé à 100% de ses capacités. En effet,
il ne faut pas sous-estimer le temps nécessaire pour déployer complÚtement le systÚme. En outre,
avant de dĂ©marrer un projet, il est important de prendre en compte les cycles de l’entreprise
(bouclement comptable, période de solde, haute saison, etc.).
Si la phase de prĂ©paration du projet doit ĂȘtre scrupuleusement planifiĂ©e, il en va de mĂȘme pour les
jours qui suivent l’introduction du nouveau systùme d’information. MOUTOT et AUTISSIER (2010)
dĂ©crivent ce qu’ils nomment la « vallĂ©e du dĂ©sespoir » pour qualifier la pĂ©riode directement
consĂ©cutive au changement. D’aprĂšs eux, durant ces jours, on va assister Ă  une perte de productivitĂ©
due au fait qu’il faut repenser les pratiques dans les nouvelles conditions. Il faut donc un certain
temps pour que les utilisateurs s’approprient totalement l’outil et puissent retrouver un niveau de
productivitĂ© standard avant de, finalement, surpasser les performances rĂ©alisĂ©es avec l’ancien
systĂšme.
L’importance d’une bonne conduite du changement (abrĂ©gĂ©e « CDC » sur le graphique ci-dessous) et
de la planification des tĂąches pouvant ĂȘtre anticipĂ©es (formation, communication, etc.) est donc
primordiale pour Ă©viter que le creux de productivitĂ© ne deviennent trop profond. Surtout qu’un
retour rapide aux performances initiales permettra de convaincre plus facilement les récalcitrants
d’adhĂ©rer aux nouvelles pratiques. Sans un retour rapide au niveau de performance existant avant le
changement, toute l’entreprise risque de plonger dans une crise de doute vis-Ă -vis du choix opĂ©rĂ© et
de son sens.
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Figure VII : La courbe en S de la conduite du changement (MOUTOT et AUTISSIER, 2010)
Les coûts de la conduite du changement sont difficiles à estimer car, aux coûts directs facilement
identifiables tels que les frais de consultants, de formation ou de communication, il faut Ă©galement
ajouter les heures réalisées par les employés (heures de travail du groupe de projet, heures passées
en formation par les utilisateurs, etc.) et additionner les pertes liées à la baisse de productivité
suivant la mise en service du nouveau systĂšme.
AUTISSIER et MOUTOT (2010) postulent que le coût de la gestion du changement varie entre 5% et
plus de 20% du coĂ»t total d’un projet selon la complexitĂ© et l’intensitĂ© du changement. Ces chiffres
sont confirmés dans leur tranche haute par COLUMBUS CONSULTING SAS (2010) qui cite un coût de
la conduite du changement correspondant à une tranche entre 20 et 30% des coûts du projet. Quoi
qu’il en soit, il s’agit avant tout de ne pas nĂ©gliger ce poste important du budget, de l’évaluer avec
rigueur et de considérer la gestion du changement comme une partie du projet à part entiÚre.
TROISIEME PARTIE – LA PRATIQUE DU CHANGEMENT
GĂ©nĂ©ralement, l’ensemble des acteurs s’entendent rapidement sur la nĂ©cessitĂ© de mener des actions
de conduite du changement. Cependant les avis peuvent nettement diffĂ©rer lorsqu’il s’agit de
dĂ©terminer les outils et les mĂ©thodes Ă  dĂ©ployer. En effet, la conduite du changement n’est pas une
science exacte et elle ne peut pas ĂȘtre pensĂ©e comme une technique de gestion standardisĂ©e qui, Ă 
l’image d’une recette de cuisine bien exĂ©cutĂ©e, mĂšnera systĂ©matiquement au succĂšs. Comme nous
l’avons vu dans la seconde partie du texte, les leviers à actionner dans un tel projet sont nombreux et
il s’agit avant tout de dĂ©terminer lesquels nous utiliserons, quand nous nous en servirons et
comment nous les actionnerons.
A l’image du travail d’un mĂ©decin, qui dĂ©bute sa dĂ©marche par le diagnostique puis adapte le
traitement au patient, Ă  ses allergies ou Ă  sa prise d’autres mĂ©dicaments, l’entreprise doit ajuster sa
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mĂ©thode de conduite du changement Ă  sa situation, Ă  sa culture et Ă  son environnement. Bien qu’il
n’existe pas de remĂšde universel en matiĂšre de gestion du changement lors du dĂ©ploiement d’un
nouveau systùme d’information, nous distinguerons pour notre part deux pratiques distinctes. La
premiĂšre s’appliquera plutĂŽt lors de l’introduction d’un logiciel standard, acquis auprĂšs d’un Ă©diteur,
et s’appuiera sur une mĂ©thodologie en trois phases alors que la seconde sera intĂ©grĂ©e aux principes
agiles appliquĂ©e lors du dĂ©veloppement d’un logiciel spĂ©cifique Ă  l’organisation.
8. La conduite du changement en trois phases
A l’instar de la roue de Deming (Plan – Do – Check – Act), de nombreux auteurs dĂ©crivent des
méthodologies de gestion de la conduite du changement en trois, quatre, cinq voire encore
davantage de phases. PlutÎt que de présenter en détail quelques-unes de ces méthodes, nous avons
préféré réaliser une synthÚse selon un canevas retenant trois cycles permettant de regrouper les
apports de l’ensemble des lectures citĂ©es. Nous avons nommĂ© les phases retenues ainsi :
 La prĂ©paration du changement, incluant notamment la gestion des risques.
 L’implĂ©mentation du changement
 L’évaluation du changement, incluant notamment les actions correctives.
8.1. La préparation du changement
Avant de se lancer dans un quelconque changement, il s’agit tout d’abord d’évaluer la largeur et la
profondeur de celui-ci. En d’autres termes, nous devons dĂ©terminer combien de personnes seront
concernĂ©es et quelle sera l’importance de la remise en question des pratiques actuelles ; s’agira-t-il
d’un simple ajustement ou de remaniement total de l’environnement de travail ? Car, comme nous
l’avons soulignĂ© jusqu’à prĂ©sent, la rĂ©ussite d’un projet de changement dĂ©pend notamment des
acteurs, des jeux de pouvoirs et de la culture d’entreprise. Ainsi, une condition indispensable à la
réussite du changement est donc la connaissance approfondie des rouages, formels et informels, de
l’organisation.
Les tops managers, qui dĂ©cident de l’introduction d’un nouveau systĂšme d’information, sont parfois
éloigné des réalités quotidiennes de leur vision est construite sur la base de documents et de chiffres
qui ne reflĂštent pas toujours la rĂ©alitĂ© du terrain. Par consĂ©quent, il s’agit de recueillir l’information
sur le fonctionnement rĂ©el de l’entreprise en favorisant l’expression directe des collaborateurs et en
collectant leur connaissance lors de séances formelles ou de réunions informelles (pause café,
cantine, etc.). L’intĂ©rĂȘt de ce genre de dĂ©marche est de permettre un diagnostic qui aidera les
dirigeants Ă  Ă©valuer l’ampleur du changement et les rĂ©sistances que celui-ci pourrait dĂ©clencher. Si
cette dĂ©marche peut ĂȘtre entreprise en interne dans les petites organisations, elle est gĂ©nĂ©ralement
confiée à des consultants spécialisés dans les plus grandes structures.
Outre l’apprentissage du contexte interne, la phase de prĂ©paration consiste Ă  formaliser la dĂ©marche
et à la planifier. Les étapes fondamentales de la préparation sont :
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1) Formaliser l’origine du besoin de changement et sa justification.
2) Fixer des objectifs prĂ©cis et mesurables qui devront ĂȘtre atteints aprĂšs le changement.
3) Dresser une cartographie des risques liés au déploiement du projet.
4) Dresser une cartographie des acteurs concernés et définir leur rÎle dans le projet.
5) Organiser le déploiement des leviers, notamment la formation et la communication.
La formalisation du besoin et de sa justification est indispensable afin que les porteurs du projet et le
top management aient une vision commune et s’appuient sur les mĂȘmes arguments lors de leurs
interactions avec les utilisateurs. En effet, dans un processus de changement l’adhĂ©sion des
collaborateurs est importante et, pour l’obtenir, le message qui leur est transmis doit ĂȘtre clair et ne
pas susciter une méfiance pouvant mener à un blocage. Les objectifs du projet sont également
importants pour gĂ©nĂ©rer la vision future et susciter l’implication des utilisateurs. De plus la
dĂ©clinaison dĂ©taillĂ©e des objectifs servira d’étalon lors de la phase d’évaluation du projet.
Selon KENETT et RAPHAELI (2008) la gestion du changement est englobée dans la gestion des risques.
Cette approche a le mérite de mettre en perspective les liens étroits qui existent entre les deux
disciplines. En effet, les organisations ont désormais un tel niveau de dépendance à leur systÚme
d’information qu’un dysfonctionnement de celui-ci pourrait gĂ©nĂ©rer un chaos tel que l’existence
mĂȘme de l’entreprise pourrait ĂȘtre mise en pĂ©ril. Lors d’un changement de systĂšme d’information, il
est donc indispensable d’évaluer les risques techniques (dysfonctionnement, destruction de
données, indisponibilité du systÚme, etc.) et humains (utilisation erronée, utilisation contournée,
non-utilisation, etc.). Ceux-ci sont ensuite quantifiés en termes de gravité et de probabilité afin de
traiter prioritairement ceux pouvant conduire Ă  un arrĂȘt du projet. Pour obtenir une vue graphique,
une matrice de criticitĂ© peut ĂȘtre dessinĂ©e de la maniĂšre suivante :
Figure VIII : Matrice de criticité
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La gestion de risque se divise entre l’action prĂ©ventive, consistant Ă  Ă©tablir un plan pour minimiser le
risque, et l’action curative visant Ă  limiter l’impact lorsque le risque survient malgrĂ© tout. Dans le
cadre de cet article, s’intĂ©ressant essentiellement aux aspects humains, la gestion des risques est
Ă©galement Ă©troitement liĂ©e Ă  la description des groupes d’acteurs. En effet, il s’agit d’analyser les
blocages possibles liĂ© au positionnement des diffĂ©rents acteurs. Outre l’évaluation des risques de
rĂ©sistances, la cartographie des acteurs permettra Ă©galement d’organiser le groupe de projet, de
détaillé les plans de formation selon les besoins formulés par chacun, de segmenter la
communication et d’envisager le dĂ©ploiement d’autres leviers spĂ©cifiques.
A la fin de la phase de prĂ©paration, les dirigeants de l’entreprise doivent ĂȘtre capables de rĂ©pondre Ă 
la question : « Est-ce que l’organisation, soit les acteurs qui la composent, a la capacitĂ©, les moyens
et la volonté de mener à bien le processus de changement ? ». En détail, nous définissons la capacité
comme l’aptitude de l’entreprise Ă  traverser le processus de changement sans mettre en pĂ©ril son
activité quotidienne, les moyens sont la formalisation et la validation de la planification et des
budgets relatifs à la conduite du changement et la volonté se traduit par la motivation des
collaborateurs à mener le changement prévu. Si un doute subsiste, il vaut alors mieux réitérer
certaines actions prĂ©paratoires ou mettre en Ɠuvre de nouveaux leviers pour atteindre un niveau de
certitude suffisant.
8.2. L’implĂ©mentation du changement
La phase d’implĂ©mentation correspond au moment oĂč l’on passe de la thĂ©orie Ă  la pratique. En effet,
si le nouveau systùme d’information n’est jamais mis en production, le changement se limitera à des
intentions exprimĂ©es et des rĂ©flexions. DĂšs que le pas en avant est fait, l’implĂ©mentation est avant
tout un challenge technique durant lequel l’équipe informatique doit ĂȘtre en mesure d’installer un
nouveau software sans occasionner de perturbations majeures pour les utilisateurs et le
fonctionnement de l’entreprise. Pour faciliter et rĂ©ussir dans cette mission, les tests, les ajustements,
la planification et l’ensemble des tĂąches prĂ©paratoires rĂ©alisĂ©es avec les utilisateurs prennent tous
leur sens ; de leur qualité dépendra la réussite du projet.
Bien que la phase d’implĂ©mentation soit avant tout l’exĂ©cution d’un plan mĂ»rement prĂ©parĂ©, il ne
faut pas omettre que la fiabilitĂ© des processus et des systĂšmes dĂ©pend avant tout de l’intervention
des hommes qui les pilotent. Parfois, l’application stricte des procĂ©dures prĂ©Ă©tablies peut s’avĂ©rer
contre productive et mener Ă  la catastrophe. En effet, bien qu’il soit nĂ©cessaire de s’appuyer sur un
plan, il faut également conserver la souplesse suffisante pour adapter ses plans initiaux aux aléas de
la réalité de terrain. Pour cela, la communication joue un rÎle primordial. Les acteurs du service
informatique et des services « métiers » (compta, marketing, production, etc.) doivent absolument
partager les problĂ©matiques qu’ils rencontrent afin de trouver rapidement des solutions.
DĂšs que la mise en production est effective, il n’est en gĂ©nĂ©ral plus possible de revenir Ă  l’ancien
systĂšme. La rĂ©ussite d’un projet de changement du systĂšme d’information dĂ©pend donc beaucoup
de sa bonne planification et, ensuite, de la capacité du chef de projet à activer les bons leviers au bon
moment. Durant la phase d’implĂ©mentation, il s’agit donc d’appliquer un plan tout en rĂ©solvant des
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problĂšmes imprĂ©vus en parallĂšle. En outre, il faut Ă©galement garder Ă  l’esprit que le changement
peut avoir lieu seulement si les acteurs sont convaincus de sa nĂ©cessitĂ© et s’ils peuvent donner leur
avis voire, au mieux, modifier ses contours. La communication, la formation et l’accompagnement
sont donc les leviers essentiels de la phase d’implĂ©mentation. En effet, si les utilisateurs sont gagnĂ©s
par le doute lorsque l’organisation traversera la « vallĂ©e du dĂ©sespoir », dĂ©crite au chapitre 7 selon
une description de MOUTOT et AUTISSIER (2010), l’ensemble du projet risque de vaciller.
8.3. L’évaluation du changement
Pour jouer pleinement son rîle d’accompagnement du projet, la conduite du changement doit
disposer de ses propres outils de pilotage permettant de suivre la réalisation des actions planifiées,
de mesurer l’évolution de l’adhĂ©sion au changement et de constater la modification des pratiques
quotidiennes. Cette phase d’évaluation est trĂšs importante car elle va mettre la conduite du
changement face à une obligation de résultat et permettre une autocritique de laquelle découlera les
actions correctives nécessaires. Pour réaliser ce dessein, le chef de projet va produire un tableau de
bord du changement qui fera Ă©tat de plusieurs indicateurs renseignant sur l’avancement, l’adhĂ©sion,
la compréhension ou encore la participation au projet.
Le premier niveau de gestion est le suivi des actions de conduite du changement planifiée dÚs la
phase de préparation du projet. Des indicateurs de suivi des réalisations sont construits et peuvent,
par exemple, se libeller de la maniĂšre suivante :
 Nombre de jours formation prĂ©vus / Nombre de jours de formation rĂ©alisĂ©s
 Nombre de personnes Ă  former / Nombre de personnes formĂ©es
 L’évaluation des personnes formĂ©es (tests de comprĂ©hension, par exemple)
 Budget de dĂ©penses / dĂ©penses rĂ©alisĂ©es
 Nombre de jour de retard / d’avance sur le planning
 Etc.
Au-delà des actions entreprises, la réussite du projet dépend également du résultat de ces derniÚres
et donc de facteurs humains plus difficiles Ă  cerner et Ă  quantifier. Dans certains projets, il peut
cependant s’avĂ©rer indispensable de dĂ©terminer des indicateurs pour Ă©valuer le taux de rĂ©sistance et
les risques. MOUTOT et AUTISSIER (2010) proposent de calculer quatre indicateurs Ă  intervalles
rĂ©guliers en soumettant des questionnaires aux employĂ©s afin d’évaluer :
 Le taux d’information du projet
 Le taux de comprĂ©hension du projet
 Le taux d’adhĂ©sion du projet
 Le taux de participation au projet
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AprĂšs le dĂ©ploiement du nouveau systĂšme d’information, les indicateurs se focaliseront
essentiellement sur la gestion des anomalies. Ces derniÚres sont les « erreurs », les
« dysfonctionnements » ou les « demandes d’amĂ©lioration » que les utilisateurs transmettront Ă 
l’équipe de projet en vue de leur traitement et de leur rĂ©solution. Pour faciliter leur traitement, ces
messages peuvent ĂȘtre classĂ©s par types, par ordre de prioritĂ© ou tout autre systĂšme permettant un
traitement adéquat et rapide. Les indicateurs liés aux anomalies peuvent, par exemple, se présenter
de la maniĂšre suivante :
 Nombre d’anomalies reçues par jour / semaine / mois
 Nombre d’anomalies en cours de traitement / en attente / rĂ©solues
 Nombre d’anomalies par types de prioritĂ©
 Etc.
Malheureusement, les responsables d’un projet de changement d’un systùme d’information sont
parfois davantage jugés sur leur capacité à mettre à disposition un outil fonctionnel plutÎt que sur la
capacité des salariés à utiliser efficacement le nouvel outil mis à disposition. Le premier aspect est
certainement trĂšs important, cependant un systĂšme informatique, aussi parfait soit-il, demeure
totalement inutile, voire contre productif, si les utilisateurs s’en servent mal ou carrĂ©ment pas. Ainsi,
outre le contrÎle et le suivi réalisé sur la base du plan opérationnel, il est également nécessaire de
s’interroger sur la rĂ©alisation des objectifs mĂ©tiers dĂ©finis lors de la phase de prĂ©paration. En effet, si
le but du nouveau systĂšme d’information Ă©tait de rĂ©duire les dĂ©lais de livraison de trois jours, il ne
s’agit pas seulement de vĂ©rifier que le software fonctionne mais il faudra Ă©galement s’assurer que le
délai de livraison moyen est désormais de trois jours.
L’évaluation du changement et son suivi Ă  l’aide d’un tableau de bord et d’indicateurs divers doit
permettre d’éviter un enlisement ou, au pire, un Ă©chec du projet. En effet, un bon pilotage basĂ© sur
la connaissance accrue des rĂ©alitĂ©s devrait permettre, Ă  tout moment, d’adapter le plan ou
d’actionner de nouveaux leviers pour faciliter le dĂ©ploiement. Cependant, si malgrĂ© tous les efforts
du chef de projet et de son Ă©quipe le changement semble compromis, MOTWANI (2002) propose de
choisir un remĂšde plus radical parmi les solutions suivantes :
 RedĂ©finition du projet
 Nouvelle maniĂšre de gĂ©rer le projet
 Changement de leadership, de chef de projet
 DĂ©coupage du projet en phase plus facile Ă  gĂ©rer
 Porter davantage d’attention aux problĂšmes spĂ©cifiques
8.4. Analyse du cas MADAR (rĂ©sumĂ© d’AL-SHAMALN, 2011)
MADAR est un systĂšme d’information qui a Ă©tĂ© introduit Ă  la King Saud University et dont
l’implĂ©mentation a Ă©tĂ© orchestrĂ©e selon une mĂ©thodologie en trois phases dĂ©taillĂ©es ci-dessous.
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Cette étude de cas, rédigée par AL-SHAMALN (2011), décrit le succÚs du déploiement de ce nouvel
outil. Selon son enquĂȘte menĂ©e auprĂšs de quarante collaborateurs concernĂ©s par le changement,
100% des utilisateurs ont pu réaliser plus simplement et plus efficacement leur travail avec la
nouvelle solution. Parmi les autres résultats probants, il est intéressant de noter que 96.7% des
employĂ©s ayant rĂ©pondu dĂ©clarent ne rencontrer aucune difficultĂ© dans l’utilisation du nouveau
systÚme. Selon AL-SHAMALN (2011), le processus qui a mené à cette réussite a été le suivant :
1) Pré-implémentation. Cette phase, ayant durée huit mois, a démarré par une étude évaluant
les compĂ©tences informatiques des employĂ©s. Une campagne d’information (via le magazine
interne, le site Web et les e-mails) a Ă©galement Ă©tĂ© lancĂ©e pour informer l’ensemble des
employĂ©s de l’UniversitĂ© qui ont Ă©galement pu voter pour dĂ©cider du nom du projet. Ensuite,
l’acceptation du nouveau systĂšme ainsi que les facteurs de rĂ©sistances ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s. Cette
enquĂȘte a permis de dĂ©terminer le profil des acteurs pouvant ĂȘtre Ă  l’origine des blocages,
soit plutÎt les hommes avec une ancienneté de plus de 10 ans, réfractaires aux nouvelles
technologies et avec un faible niveau d’éducation.
2) ImplĂ©mentation. Durant l’implĂ©mentation, le chef de projet a sĂ©lectionnĂ© les employĂ©s les
plus enthousiastes de chaque département pour devenir les ambassadeurs de MADAR. Ces
personnes ont été invitées à participer aux séances visant à résoudre les problÚmes de
rĂ©sistance au changement et ont reçu davantage de formation. Au jour oĂč le cas a Ă©tĂ© Ă©crit,
plus de 300 sessions de formation ont dĂ©jĂ  eu lieu auprĂšs de l’ensemble du personnel ! En
outre, durant toute la phase d’implĂ©mentation, la communication entre les utilisateurs et le
support technique a été trÚs impressionnante (quatre lignes de téléphone, e-mails, site Web,
forum, visite des top-managers auprĂšs des utilisateurs, etc.) et les ambassadeurs du projet
ont été chargé du coaching des membres de leur département rencontrant des difficultés.
Durant le projet, l’implication du top-management, et notamment celle du recteur, qui n’ont
pas comptés leur effort, a également été soulignée comme étant un des facteurs
déterminant de la réussite.
3) Evaluation. AprÚs le déploiement, le responsable du projet évalue hebdomadairement les
performances liĂ©es Ă  l’utilisation du systĂšme. Cette derniĂšre donne lieu chaque semaine Ă 
une réunion qui permet de discuter des problématiques en suspens et de déterminer quels
employĂ©s ne sont pas encore suffisamment Ă  l’aise avec le nouveau systĂšme.
9. Conduite du changement et méthodes agiles
Dans son approche sociologique du changement, BERNOUX (2010) considĂšre le changement comme
un processus, ainsi cela « signifie que l’on peut comprendre le changement que comme un
mouvement, qu’il est irrĂ©aliste de la considĂ©rer comme un rĂ©sultat, mais qu’il doit ĂȘtre compris
comme une Ă©volution qui s’inscrit dans la durĂ©e. Cela implique que les concepteurs et les dĂ©cideurs
acceptent que le changement n’aille pas exactement lĂ  oĂč ils auraient voulu qu’il aille, qu’ils
conduisent parfois Ă  vue ». Cette vision n’est pas sans rappeler les fondamentaux des mĂ©thodes
agiles selon lesquels on construit un nouveau programme informatique par itérations successives
sans dĂ©terminer Ă  l’avance un cahier des charges trĂšs rigoureux et un but dĂ©taillĂ©. L’agilitĂ© et les
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mĂ©thodes y relatives sont rĂ©gies par quatre valeurs fondamentales, elles-mĂȘmes dĂ©clinĂ©es en douze
principes. Les quatre valeurs sont :
 L’équipe. Dans les mĂ©thodes agiles les interactions entre les membres, la communication, la
polyvalence et l’esprit d’équipe sont supĂ©rieurs Ă  la notion d’outils et de procĂ©dures de
fonctionnement.
 L’application. La prioritĂ© est mise sur le bon fonctionnement du logiciel Ă  livrer.
 La collaboration. Le client, ou l’utilisateur final, doit ĂȘtre impliquĂ© dans le dĂ©veloppement. Il
doit fournir un feed-back régulier, clarifier les priorités et transmettre les demandes
d’adaptations du logiciel.
 L’acceptation du changement. Il doit ĂȘtre admis que la planification initiale et la structure du
logiciel doivent ĂȘtre adaptables aux demandes de l’utilisateur ou du client. Si l’objectif
stratĂ©gique est invariable, la maniĂšre de l’atteindre doit ĂȘtre flexible.
Les mĂ©thodes de conduite du changement peuvent ĂȘtre utilisĂ©es comme des leviers pour faciliter la
réussite du changement mais, dans les organisations soumises à marchés trÚs volatiles, elles tendent
parfois Ă  devenir un style de management quotidien. Cela est particuliĂšrement vrai lors des projets
de nouveaux systĂšmes d’information car les mĂ©thodologies de dĂ©veloppement dites agiles intĂšgrent
les leviers de la conduite du changement dùs la phase de conception de la solution. Ainsi, lors d’un
dĂ©veloppement agile, ce n’est plus l’utilisateur qui devra s’adapter au produit final mais, le produit
qui sera construit autour de l’utilisateur. Cette dĂ©marche participative de conception et de
déploiement permet donc de réduire trÚs tÎt les facteurs de résistance au changement en impliquant
et en faisant adhérer les destinataires du changement trÚs rapidement.
La mise en pratique d’une mĂ©thode agile facilite le dĂ©ploiement du changement car elle oriente la
culture de l’entreprise vers l’ouverture aux modifications et à l’adaptation. En effet, on constate que
les valeurs de l’agilitĂ© reprennent des facteurs citĂ©s comme Ă©tant les leviers du changement. Nous
pensons notamment Ă  la communication, au travail d’équipe, au sentiment d’adhĂ©sion Ă  un projet et
Ă  l’apprentissage continu. Cependant, l’application stricte d’une mĂ©thodologie agile devrait se limiter
au pĂ©rimĂštre de dĂ©veloppement et ne pas s’entendre Ă  toute l’entreprise. L’organisation dans son
ensemble doit uniquement s’inspirer des grands principes de l’agilitĂ© et donner l’autonomie
nĂ©cessaire Ă  leur mise en pratique pour favoriser l’émergence puis le dĂ©veloppement du
changement. Une organisation ouverte, qui ne se laisse pas enfermer dans des procédures strictes
est plus propice au changement. Plutît que d’organiser le changement en phases successives, il s’agit
d’évoluer vers une vĂ©ritable culture du changement continu.
10. Choisir une méthodologie de conduite du changement
En pratique, la conduite du changement adoptera un style plus ou moins participatif. Cela dépendra
essentiellement du contexte dans lequel l’entreprise Ă©volue mais Ă©galement du type de systĂšme
informatique qu’elle souhaite installer. L’environnement influera sur le type de management
(directif, participatif, paternaliste, etc.) et par conséquent sur les habitudes de travail et la culture de
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l’entreprise. Quant Ă  eux, les systĂšmes d’informations utilisĂ©s seront adaptĂ©s aux exigences d’une
organisation visant prioritairement la satisfaction de la clientĂšle et l’efficacitĂ©. Dans la matrice ci-
dessous, nous posons l’hypothùse qu’il existe une relation entre l’environnement de l’entreprise et le
type de systùme d’information qu’elle utilise. Le croisement des axes donne ainsi lieu à quatre zones
correspondant à des modes spécifiques de management de la conduite du changement.
Figure IX : Choisir sa conduite du changement
L’axe horizontal dĂ©crit l’environnement dans lequel l’entreprise Ă©volue. L’instabilitĂ© reprĂ©sente un
contexte dans lequel les changements sont fréquents, les normes, les lois, les produits ou les
demandes de la clientĂšle sont susceptibles d’ĂȘtre remise en cause frĂ©quemment. L’entreprise doit
donc ĂȘtre en mesure de s’adapter constamment pour ne pas marquer le pas face Ă  la concurrence. A
contrario, l’environnement stable est plutĂŽt reprĂ©sentĂ© par une logique de « guerre des prix ». Dans
ce cas, l’organisation doit mettre en place des structures peu coĂ»teuses permettant d’atteindre une
productivité et une rentabilité maximale.
L’axe vertical reprĂ©sente le type de systĂšme informatique que l’entreprise choisira pour gĂ©rer son
activitĂ© quotidienne. Par « logiciel prĂȘt Ă  l’emploi », nous entendons les solutions vendues par les
grands Ă©diteurs tels que Microsoft ou SAP. En thĂ©orie, leurs produits peuvent ĂȘtre installĂ©s et utilisĂ©s
sans adaptation majeure et, par consĂ©quent, pour maximiser le ratio coĂ»t / bĂ©nĂ©fice c’est au client
de s’adapter aux spĂ©cificitĂ©s du programme informatique. A contrario, le « logiciel ad hoc » est
dĂ©veloppĂ© par l’entreprise pour rĂ©pondre Ă  ses propres besoins. Dans ces cas, la solution
informatique est construite par les utilisateurs autour d’une rĂ©alitĂ© spĂ©cifique. Bien qu’à priori plus
coûteuse, cette méthode offre une flexibilité et une adaptabilité sans commune mesure.
La matrice, construite autour de l’hypothĂšse citĂ©e ci-dessus, dĂ©crit quatre zones permettant
d’identifier la mĂ©thode de conduite du changement la plus adaptĂ©e aux circonstances. En dĂ©tail,
nous distinguons :
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(1) Méthodologie en trois phases. Dans un environnement stable dans lequel les coûts sont un
facteur de dĂ©cision majeur, il est recommandĂ© d’employer une mĂ©thodologie en trois phases
pour dĂ©ployer une solution d’éditeur prĂȘte Ă  l’emploi. Ici, le changement de systĂšme
informatique s’inscrit clairement dans une optique de transition entre un point A et un
point B. Le processus de changement est donc temporaire et il peut s’organiser sur une
période de temps limitée.
(2) MĂ©thodologie agile. Dans un environnement instable oĂč le changement est permanent, la
capacitĂ© d’adaptation prime sur les coĂ»ts. Dans ce contexte, le changement n’est plus
considĂ©rer comme le passage d’un point A vers un point B, car on ne peut souvent pas dĂ©finir
Ă  l’avance les contours exacts du point d’arrivĂ©e. Les mĂ©thodologies agiles, appliquĂ©es aux
développements informatiques, permettent de répondre à ce contexte particulier dans
lequel les prĂ©ceptes de l’entreprise apprenante seront Ă©galement appliquĂ©s pour le
management de l’ensemble de l’organisation.
(3) Le dilemme ? Pourquoi adopter un systĂšme d’information individualisĂ© et Ă  priori plus cher
alors que l’environnement est stable ? Est-ce que nous ne risquons pas de perdre la « guerre
des coĂ»ts » en se lançant des dĂ©veloppements spĂ©cifiques ? Est-ce qu’une adaptation de la
structure organisationnelle autour d’un systùme informatique standard ne serait pas plus
rentable ? Dans ce cas, il s’agit de peser l’ensemble des solutions pour choisir le meilleur
compromis entre flexibilité et coûts.
(4) Le danger ! Si l’organisation se trouve enfermĂ©e dans un systĂšme d’éditeur difficile Ă  faire
Ă©voluer alors que l’environnement est instable, un changement radical de solution devra ĂȘtre
opĂ©rĂ©. Dans ce cas, nous entrons dans une mĂ©thodologie de gestion de crise oĂč des
modifications salutaires seront imposées par le top management.
11. Conclusion et avis personnel
Le changement ne doit jamais ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un phĂ©nomĂšne unidimensionnel, il est toujours
complexe et se loge dans les interactions entre diffĂ©rents agrĂ©gats qu’il s’agit de considĂ©rer :
l’environnement, l’organisation, la culture, les acteurs et les habitudes de travail sont quelques
exemples des facteurs à étudier avant de démarrer une démarche de changement. Souvent, nos
idées nous poussent vers une solution de conduite du changement qui nous paraßt juste mais, au
final, c’est toujours le contexte qui dictera les conditions de la rĂ©ussite. Ainsi, s’il est toujours possible
de s’inspirer d’entreprises qui ont rĂ©ussis, il est totalement absurde de vouloir les copier. En effet, les
facteurs humains indispensables au succĂšs constituent toujours des Ă©quilibres particuliers qu’il faut
traiter de maniÚre spécifique.
Selon BERNOUX (2010), l’organisation est le rĂ©sultat des compromis rĂ©alisĂ©s entre les diffĂ©rentes
personnes qui la compose. En partant de cette affirmation, l’installation d’un nouveau systùme
informatique n’est donc pas l’unique origine du changement. Ce dernier intervient Ă©galement parce
qu’il gĂ©nĂšre de nouvelles maniĂšres de voir et de faire les choses qui remettent parfois en cause les
compromis acceptĂ©s et usitĂ©s jusqu’à prĂ©sent. C’est pour cela que la conduite du changement passe
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inévitablement par une ou plusieurs phases de gestion des ressources humaines. La dimension
humaine est primordiale dans un projet de changement, rien ne peut se faire sans la participation
des salariĂ©s et l’acceptation du nouveau systĂšme par les utilisateurs. En effet, les hommes auront
toujours le choix d’accepter, de refuser ou de saboter le projet. La prise en compte de leur opinion
est donc importante tout au long du processus.
L’environnement actuel semble alimenter le besoin de changement. Son rythme devient de plus en
plus rapide et de nombreux auteurs décrivent des méthodes favorisant le changement continu en
organisation. Dans le domaine de l’informatique, les mĂ©thodologies agiles sont un exemple
marquant de la mise en pratique de styles de management permettant d’ĂȘtre trĂšs rĂ©actif grĂące
notamment à une communication, une responsabilisation et une autonomie accrue. Si ces méthodes
répondent aux fantasmes des managers souhaitant une adaptabilité totale et permanente, elle se
transpose trÚs mal aux principes de la psychologie humaine. En effet, le mouvement perpétuel ne
cadre pas avec les besoins de l’individu qui, lors d’un processus de transition, recherche des repùres
et des Ă©tapes auxquels se raccrocher 

12. Bibliographie
[1] ALADWANI Adel M. Change management strategies for succesful ERP implementation.
Business Process Management Journal [en ligne], Vol. 7, No 3, 2001, pages 266 Ă  275.
http://www.emeraldinsight.com/journals.htm?articleid=843482
[2] AL-SHAMALN Hala M. et AL-MUDIMIGH Abdullah S. The Chang Management Strategies and
Processes for Successful ERP Implentation : A Case Study of MADAR. International
Conference on Computer Communication and Management [en ligne], Proc. Of CSIT vol. 5,
Singapore, 2011. http://www.ipcsit.com/vol5/78-ICCCM2011-C024.pdf
[3] AUTISSIER David, VANDANGEON Isabelle, VAS Alain. Conduite du changement : concepts-
clés: 50 ans de pratiques issues des travaux de 25 grands auteurs. Editions Dunod, 21 avril
2010, 248 pages.
[4] BERNOUX Philippe. Sociologie du changement dans les entreprises et les organisations.
Editions Points, 11 février 2010, 368 pages.
[5] COLOMBUS CONSULTING SAS. Livre blanc : 7 clés pour réussir la conduite du changement
des projets de systĂšmes d’informations dans le secteur de la santĂ©. Columbus Consulting
SAS, mai 2010, 12 pages.
[6] HENNEBERT JEAN. Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des systĂšmes d’information. HES-SO
Master, support de cours 2012.
[7] KANSAL Vineet. The Enterprise Systems Implementation : An Integrative Framework. The
Review of Business Information Systems [en ligne], Vol. 10, No 2, second trimestre 2006,
pages 21 Ă  27. http://www.journals.cluteonline.com/index.php/RBIS/article/view/5322
[8] KENETT Ron S. et RAPHAELI Orit. Multivariate Methods in Enterprise System
Implementation, Risk Management and Change Management. Int. J. Risk Assessment and
Management [en ligne], Vol. 9, No 3, 2008, pages 258 Ă  276.
Master HES-SO
Gestion intégrée du développement des SI FSP, janvier 2013
Projet personnel Page 33 / 33
http://kpa.co.il/english/publications/documents/KenettonMultivariateRiskAnalysisIJRAM20
08.pdf
[9] MOTWANI Jaideep et al. Successful Implementation of ERP projects : Evidence from two
case studies. International journal of production economics [en ligne], No 75, 2002, pages
83 Ă  96. http://wwwkrcmar.informatik.tu-
muenchen.de/lehre%5Clv_materialien.nsf/intern01/7394346C17575A26C1256E2A005731C
3/$FILE/0061%20Motwani%20et%20al.%20Successful%20implementation%20of%20ERP%2
0projects.pdf
[10] MOUTOT Jean-Michel, AUTISSIER David, LELOUP Robert. MĂ©thode de conduite du
changement : Diagnostic, accompagnement, pilotage. Editions Dunod, 2Ăšme
Ă©dition, 10
février 2010, 246 pages.
[11] ROGERS Everett. Figure : Diffusion of innovations, based on Rogers, 1962, Diffusion of
innovations. Free Press, London, NY, USA. [en ligne].
http://en.wikipedia.org/w/index.php?title=File:Diffusion_of_ideas.svg&page=1 (consultée
le 27.10.2012)
[12] THE STANDISH GROUP REPORT. CHAOS. The Standish Group, 1995.
[13] TONNELE Arnaud. 65 outils pour accompagner le changement individuel et collectif. Editions
Eyrolles, 10 mars 2011, 380 pages.
[14] WIKIPEDIA. MĂ©thode agile – WikipĂ©dia [en ligne].
http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9thode_agile (consulté le 28 novembre 2012).

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  • 1. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 1 / 33 La conduite du changement lors du dĂ©ploiement d’un systĂšme d’information Spada Fabrice, janvier 2013 RĂ©sumĂ© Le dĂ©ploiement d’un systĂšme d’information est souvent considĂ©rĂ© comme un projet purement technique et les aspects organisationnels et humains sont parfois nĂ©gligĂ©s. L’arrivĂ©e d’un nouvel outil informatique peut cependant profondĂ©ment modifier la maniĂšre de rĂ©aliser un travail et, par consĂ©quent, l’organisation de l’entreprise et les mĂ©tiers. Ne pas prendre en compte le phĂ©nomĂšne de rĂ©sistance au changement des collaborateurs et sous-estimer les consĂ©quences organisationnelles peut donc conduire Ă  l’échec. La conduite du changement est intimement liĂ©e Ă  la documentation de l’application, Ă  la formation des collaborateurs aux nouveaux modes opĂ©ratoires et Ă  la communication axĂ©e sur la globalitĂ© du projet. Cependant, bien que ces aspects soit totalement indispensables, ils ne suffisent pas Ă  garantir le succĂšs de la dĂ©marche. Il s’agit Ă©galement d’anticiper les modifications structurelles de l’organisation et les risques de rejets inhĂ©rents en intĂ©grant la dimension sociale lors de la planification et le dĂ©ploiement du projet. Dans le cadre de ce travail, outre une description des bases de la conduite du changement, nous tentons de mettre Ă  jour les facteurs d’échec ainsi que les facteurs de succĂšs rencontrĂ©s lors d’un projet de dĂ©ploiement d’un nouveau systĂšme d’information. Nous nous inspirons Ă©galement de plusieurs mĂ©thodes et outils de gestion du changement, intĂ©grant les aspects organisationnels et sociaux, pour exposer deux pratiques gĂ©nĂ©riques de conduite du changement. Pour conclure, nous proposons une matrice permettant d’identifier la mĂ©thodologie de conduite du changement Ă  appliquer en fonction de l’environnement de l’entreprise et du type de systĂšme informatique.
  • 2. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 2 / 33 PREMIERE PARTIE – LES BASES DE LA CONDUITE DU CHANGEMENT 1. Introduction ..................................................................................................................... 4 2. Qu’est-ce que le changement et sa conduite ?............................................................... 5 3. La typologie du changement ........................................................................................... 7 SECONDE PARTIE – LES MECANISMES DU CHANGEMENT 4. Identification des facteurs d’échec et de succĂšs .......................................................... 10 4.1. Constat dans le dĂ©veloppement de systĂšmes informatiques ................................ 10 4.2. Constat dans le dĂ©ploiement de systĂšmes informatiques ..................................... 12 4.3. SynthĂšse et conclusion relatives aux facteurs d’échec et de succĂšs...................... 12 5. Les leviers de la conduite du changement.................................................................... 13 5.1. La culture d’entreprise............................................................................................ 14 5.2. L’acteur, le rĂŽle et le sens....................................................................................... 15 5.3. L’accompagnement et la formation ....................................................................... 17 5.4. La communication et la dynamique de groupe...................................................... 19 6. La rĂ©sistance au changement ........................................................................................ 19 7. La planification et les coĂ»ts ........................................................................................... 21 TROISIEME PARTIE – LA PRATIQUE DU CHANGEMENT 8. La conduite du changement en trois phases ................................................................ 23 8.1. La prĂ©paration du changement .............................................................................. 23 8.2. L’implĂ©mentation du changement ......................................................................... 25 8.3. L’évaluation du changement .................................................................................. 26 8.4. Analyse du cas MADAR (rĂ©sumĂ© d’AL-SHAMALN, 2011)........................................ 27 9. Conduite du changement et mĂ©thodes agiles.............................................................. 28 QUATRIEME PARTIE – APPORT PERSONNEL 10. Choisir une mĂ©thodologie de conduite du changement .............................................. 29 11. Conclusion et avis personnel......................................................................................... 31 12. Bibliographie.................................................................................................................. 32
  • 3. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 3 / 33 Liste des figures I. La balance du changement............................................................................................... 5 II. Les lieux de changement.................................................................................................. 6 III. La matrice des changements............................................................................................ 8 VI. Classification des outils et mĂ©thodes............................................................................. 13 V. Courbe de diffusion des innovations.............................................................................. 16 VI. Matrice des styles pĂ©dagogiques ................................................................................... 18 VII. La courbe en S de la conduite du changement .............................................................. 22 VIII. Matrice de criticitĂ© ......................................................................................................... 24 IX. Choisir sa conduite du changement............................................................................... 30 Liste des tableaux I. Tableau I : ModĂšle de prĂ©occupation............................................................................. 17
  • 4. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 4 / 33 PREMIERE PARTIE – LES BASES DE LA CONDUITE DU CHANGEMENT 1. Introduction La notion de changement est connue de tous et, si nous partons du principe que dans l’univers rien n’est immuable, nul ne peut y Ă©chapper durablement. Parmi les thĂšmes qui font l’actualitĂ©, nous pouvons, par exemple, citer le vieillissement, auquel nous ne pouvons pas nous soustraire, les changements climatiques, les changements gĂ©nĂ©tiques (OGM, clonage), les changements technologiques (informatique, Ă©nergie), les changements politiques (« le changement c’est maintenant », selon François Hollande), les changements Ă©conomiques (crise financiĂšre, crise de l’Euro), et la liste n’est de loin pas exhaustive. Dans le cadre de cet article, nous allons cependant explorer uniquement les changements organisationnels survenant en entreprise lorsque cette derniĂšre adapte, tant bien que mal, ses systĂšmes d’information pour assurer sa pĂ©rennitĂ© dans un environnement subissant lui-mĂȘme de constantes mutations. Dans le domaine de l’économie et des entreprises, le rythme des changements s’est accĂ©lĂ©rĂ© durant le vingtiĂšme siĂšcle ; les opportunitĂ©s technologiques, la libĂ©ralisation des marchĂ©s au niveau mondial, les cycles de vie toujours plus courts des produits sont les causes le plus souvent citĂ©es pour expliquer ce phĂ©nomĂšne. Dans le domaine technologique, les auteurs ont cependant dĂ©montrĂ© que l’innovation et la nouveautĂ© ne suffisent pas Ă  engendrer un changement organisationnel. En effet, aussi gĂ©niales soient elles, si les individus ne leur donnent pas un sens, les inventions demeureront purement inutiles. Ainsi, pour qu’une technologie nouvelle gĂ©nĂšre un changement, il faut que les individus lui trouvent un sens puis qu’ils l’utilisent pour servir leur but. Dans le monde de l’entreprise, le changement est donc intimement liĂ© aux individus, Ă  leur interprĂ©tation, Ă  leur volontĂ© et Ă  leur but. Les contours de l’implantation d’un nouveau systĂšme informatique ne peuvent donc pas ĂȘtre limitĂ©s Ă  la description technique et mĂ©canique du remplacement d’un outil par un autre plus rĂ©cent. En effet, les nouvelles contraintes engendrĂ©es par un systĂšme d’information (par exemple un ERP) vont imposer aux utilisateurs une modification de leur pratique, de leurs compĂ©tences et de leurs liens sociaux au sein de l’entreprise ; la technologie devient ainsi un prĂ©texte pour faire Ă©voluer l’organisation. Ces transformations, directement liĂ©es aux acteurs, nĂ©cessitent de leur part un temps d’acceptation et d’adaptation, plus au moins consĂ©quent selon les cas, avant que l’entreprise puisse bĂ©nĂ©ficier pleinement des fonctionnalitĂ©s du nouvel outil. Sur la base de ce constat, l’enjeu des dirigeants et du management est donc de minimiser les impacts des phases d’adaptation et d’acceptation pour que les activitĂ©s courantes de la sociĂ©tĂ© puissent continuer sans heurt. A cette fin, la conduite du changement propose des mĂ©thodologies et des outils permettant d’atteindre ce but voire d’aller au-delĂ , en construisant une culture du changement. Selon KANSAL (2006), les contraintes d’un projet de changement de systĂšme d’information se dĂ©clinent en cinq catĂ©gories : techniques, organisationnelles, humaines, financiĂšres et temporelles. Dans le cadre de cet article, nous allons volontairement laisser les aspects techniques de cĂŽtĂ© pour nous concentrer sur les aspects humains et organisationnels.
  • 5. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 5 / 33 2. Qu’est-ce que le changement et sa conduite ? Le changement est intimement liĂ© Ă  la stabilitĂ© car il permet de qualifier le mouvement qui s’oppose Ă  elle. Au dĂ©but du XXĂšme siĂšcle, les entreprises scientifiquement organisĂ©es, selon les principes de Taylor, avaient un but de stabilitĂ© et de maĂźtrise de leur organisation afin de maximiser la production et de diminuer les coĂ»ts. Cependant, aujourd’hui, les innovations technologiques rapides, l’internationalisation de la concurrence et la volatilitĂ© de la clientĂšle font entrer les entreprises dans un tourbillon de changements permanents auxquels il faut pouvoir ou, mieux, savoir s’adapter. Pour constater l’ampleur du phĂ©nomĂšne, il suffit de penser Ă  la part d’activitĂ©s gĂ©rĂ©e en mode « rĂ©current » et Ă  la part gĂ©rĂ©e en mode « exception ou projet ». La mise en place de procĂ©dures d’exception ou de groupes de projet pour rĂ©pondre Ă  une demande spĂ©cifique rĂ©pond Ă  des besoins issus d’un changement par rapport Ă  une norme Ă©tablie. A ce propos, un des plus gros consommateurs de moyens destinĂ©s Ă  la gestion de projet est l’informatique : installation de nouvelles versions logicielles, dĂ©veloppement de nouvelles fonctionnalitĂ©s ou changement radical de technologie sont autant d’exemples de mutations qui n’entrent pas dans un flux rĂ©current et organisĂ© par des procĂ©dures routiniĂšres. Cependant l’ensemble des exemples ci-dessus ont un point commun : nous pouvons identifier le dĂ©but de la dĂ©marche, son but et sa fin. Ainsi, nous dĂ©finirons le changement comme le processus qui mĂšne d’un point A vers un point B et cela mĂȘme si le point B n’est pas trĂšs clairement identifiĂ© dĂšs le dĂ©part. Si nous appliquons Ă  la lettre le dicton « nous savons ce que nous laissons, mais pas ce que nous allons trouver » le mode par dĂ©faut des hommes est le statu quo. La condition prĂ©alable Ă  tout changement est donc la volontĂ© de changer son Ă©tat actuel. Cette volontĂ© peut ĂȘtre exprimĂ©e, globalement ou individuellement, par l’ensemble des acteurs de l’entreprise : exĂ©cutants, dirigeants ou cadres intermĂ©diaires et elle est souvent influencĂ©e par des facteurs externes tels que le cadre lĂ©gal, la concurrence, l’évolution technologique, etc. Si la stabilitĂ© se traduit par un confort offert par les routines, les habitudes et la sĂ©curitĂ© d’un existant connu et maĂźtrisĂ© et le fait de changer reprĂ©sente quant Ă  lui un risque. Alors pourquoi Ă©prouvons-nous le besoin de se lancer dans un processus inconfortable qui nous conduira vers une solution nouvelle et abstraite ? Figure I : La balance du changement (MOUTOT et AUTISSIER., 2010)
  • 6. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 6 / 33 La balance du changement ci-dessus, proposĂ©e par MOUTOT et AUTISSIER (2010), illustre qu’en fonction du niveau de risque perçu par les acteurs, leur volontĂ© penchera du cĂŽtĂ© du statu quo ou du changement. Par exemple, lorsque l’existant est menacĂ© par un environnement en trop grand dĂ©calage avec les pratiques actuelles, la stabilitĂ© peut mettre les acteurs dans une forte situation d’inconfort. Par consĂ©quent, ils prĂ©fĂ©reront se soumettre Ă  une transformation de leurs habitudes en vue d’atteindre un Ă©quilibre futur. Quel que soit l’exemple choisi, le changement reprĂ©sente toujours une rupture dans le fonctionnement habituel et, selon l’ampleur du projet, l’ensemble des Ă©lĂ©ments suivants de l’entreprise peuvent ĂȘtre concernĂ©s : Figure II : Les lieux de changement (MOUTOT et AUTISSIER, 2010) La conduite du changement met Ă  disposition des mĂ©thodes et des outils qui permettront de gĂ©rer la transition menant d’une situation initiale vers une destination souhaitĂ©e. Elle vise Ă  faire adhĂ©rer au processus les destinataires et les bĂ©nĂ©ficiaires du changement. Selon AUTISSIER et al. (2010), « le terme conduite du changement a vu le jour essentiellement avec les projets informatiques et plus particuliĂšrement avec les projets d’implantation des progiciels de gestion intĂ©grĂ©s (PGI ou ERP) ». En effet, lorsque les Ă©diteurs informatiques (par exemple SAP) ont mis sur le marchĂ© des solutions « clĂ© en main », les dirigeants d’entreprise sont entrĂ©s dans une logique oĂč les tĂąches ont dĂ» s’adapter aux systĂšmes informatiques. L’adoption d’un nouvel outil de type ERP gĂ©nĂšre inĂ©vitablement des nouvelles pratiques et de nouvelles conditions de travail pour les collaborateurs. Au-delĂ , les possibilitĂ©s offertes par les nouvelles technologies peuvent Ă©galement modifier les mĂ©tiers et la stratĂ©gie d’une entreprise et, Ă  terme, sa culture. La conduite du changement vise donc Ă  encadrer cette transition pour qu’elle puisse se dĂ©rouler sans compromettre l’accomplissement des activitĂ©s quotidiennes de la sociĂ©tĂ©. Il existe plusieurs approches et outils pour mener Ă  bien la conduite du changement. En fonction du type de projet Ă  mener et de la culture de l’entreprise, nous pouvons privilĂ©gier une approche Ă  une autre ou, au contraire, appliquer plusieurs mĂ©thodes et outils simultanĂ©ment. Dans un premier temps, il est donc important de rĂ©aliser un diagnostic pour dĂ©terminer quelle approche sera
  • 7. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 7 / 33 privilĂ©giĂ©e pour le cas auquel nous sommes confrontĂ©s. En outre, en cours de projet, il sera Ă©galement nĂ©cessaire de rĂ©Ă©valuer ses choix initiaux en fonction des rĂ©sultats constatĂ©s et, au besoin, d’apporter des corrections. En matiĂšre de conduite du changement, MOUTOT et AUTISSIER (2010) distinguent quatre approches :  L’approche projet. Nous sommes ici en prĂ©sence d’une organisation en mode projet pilotĂ©e par une Ă©quipe ad hoc. Dans ce cas, la conduite du changement sera intĂ©grĂ©e dans les tĂąches du groupe de projet et, en gĂ©nĂ©ral, elle se limitera Ă  des actions de communication et de formation des utilisateurs.  L’approche intĂ©grĂ©e. Il s’agit des mĂ©thodes proposĂ©es par les cabinets de consultants consistant Ă  dĂ©rouler une mĂ©thodologie standard dĂ©veloppĂ©e par eux. En gĂ©nĂ©ral, ces mĂ©thodes sont divisĂ©es en trois phases : l’étude d’impact, le plan de communication et le plan de formation.  L’approche psychosociologique. Les mĂ©thodologies qui s’y rapportent sont proposĂ©es par des spĂ©cialistes en ressources humaines ou des sociologues. Elles s’appuient sur l’étude comportementale des acteurs d’une organisation en vue d’éviter les blocages (rĂ©sistance au changement), d’augmenter l’adhĂ©sion et d’assurer la participation au projet.  L’approche instrumentalisĂ©e. Dans ce cas, les spĂ©cialistes de la gestion du changement sont des collaborateurs de l’entreprise qui maĂźtrisent parfaitement les rouages de l’organisation et la conduite du changement. Ainsi, en fonction des projets, ils pourront dĂ©ployer la mĂ©thodologie et les outils adaptĂ©s au contexte. Ces diffĂ©rentes approches issues de diffĂ©rentes disciplines (management, sociologie et psychologie) dĂ©montrent que la maniĂšre d’apprĂ©hender et de gĂ©rer le changement en entreprise peut varier. MOUTOT et AUTISSIER (2010) diffĂ©rencient d’ailleurs trois types de management distincts. Le premier est axĂ© sur la collaboration et la participation des acteurs, le second fait la part belle Ă  la formation et Ă  la communication et le troisiĂšme s’applique lorsque les circonstances exigent une intervention non nĂ©gociable des dirigeants. Cette pluralitĂ© des approches et des styles de management nous mĂšne Ă  la conclusion qu’il existe, au sein des entreprises, diffĂ©rents types de changement qu’il s’agit de traiter de maniĂšre adĂ©quate. 3. La typologie du changement AUTISSIER et al. (2010) proposent de classifier le changement selon une matrice Ă  deux axes qui dĂ©limitent quatre types distincts. Le premier axe se dĂ©ploie entre la rupture, soit l’obligation pour l’organisation de mettre en Ɠuvre un changement radical pour assurer sa pĂ©rennitĂ©, et le changement permanent, soit une culture d’entreprise ouverte et apprenante dans laquelle les collaborateurs ont suffisamment d’autonomie pour s’adapter quotidiennement Ă  des situations nouvelles et oĂč le changement n’est pas perçu comme une rĂ©volution. Le second axe est celui des contraintes, est-ce que le changement est nĂ©gociable ou est-il imposĂ© ? Des causes externes sont souvent citĂ©es pour justifier une dĂ©cision de changement, la concurrence,
  • 8. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 8 / 33 les nouvelles technologies, la demande volatile des clients, etc. « s’adapter ou mourir » est devenu un prĂ©cepte du management. Cependant, BERNOUX (2010) avance qu’il n’y a pas de changement sans volontĂ© des acteurs. Par consĂ©quent, mĂȘme s’il est largement influencĂ© par un environnement en mutation, le changement demeure la dĂ©cision d’un individu ou d’un groupe d’individus. Les initiateurs devront ensuite faire adhĂ©rer l’ensemble des membres de l’organisation Ă  leur idĂ©e du futur ou, Ă  dĂ©faut, se sĂ©parer de certaines personnes bloquantes pour imposer leur vision. Figure III : La matrice des changements (AUTISSIER et al., 2010) Le changement continu L’adaptation permanente permet de dĂ©passer la vision « projet unique avec un dĂ©but, un but Ă  atteindre et une fin » pour inscrire la transformation comme un fonctionnement Ă  part entiĂšre de l’organisation. La mutation de l’organisation se dĂ©roule en appliquant un processus incrĂ©mental et continu, sans qu’il soit jamais nĂ©cessaire d’envisager un changement rapide et radical. Dans ce type, on est loin de l’hypothĂšse selon laquelle les dirigeants prennent des dĂ©cisions justes et rationnelles. Ici, les changements se construisent sur le terrain dans les interactions entre individus qui appliquent des solutions rĂ©solvant leurs problĂ©matiques quotidiennes. Ce type de changement s’inscrit dans les approches organisationnelles de « l’entreprise apprenante » et, au niveau des dĂ©veloppements informatiques, nous retrouvons les valeurs et principes de l’agilitĂ©. Il s’agit de capitaliser sur la valeur humaine et sa capacitĂ© Ă  faire face Ă  des situations imprĂ©vues. En effet, dans un processus de changement continu nous connaissons le point de dĂ©part mais l’arrivĂ©e, les contours du chemin Ă  suivre et la durĂ©e du voyage demeurent trĂšs souvent des inconnues. Seule la stratĂ©gie est dĂ©terminĂ©e et les collaborateurs doivent disposer de suffisamment d’autonomie pour mettre en Ɠuvre les moyens nĂ©cessaires Ă  sa rĂ©alisation.
  • 9. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 9 / 33 Le changement organisĂ© L’autonomisation des collaborateurs et la non-formalisation des plans opĂ©rationnels peuvent poser des problĂ©matiques de management. En effet, le type de culture d’entreprise citĂ© au point prĂ©cĂ©dent peut s’avĂ©rer perturbant pour certains dirigeants qui auront l’impression de naviguer Ă  vue et Ă©galement pour certains collaborateurs qui ne souhaitent pas s’impliquer et prendre des dĂ©cisions. Le changement organisĂ© permet d’offrir une possibilitĂ© d’expression aux collaborateurs (cercles qualitĂ© par exemple) mais impose Ă©galement un filtre qui permettra aux dirigeants de sĂ©lectionner uniquement les changements en ligne avec les objectifs prĂ©Ă©tablis. Une dĂ©marche en quatre Ă©tapes est proposĂ©e : 1) DĂ©finir clairement le problĂšme Ă  rĂ©soudre 2) Examiner les solutions dĂ©jĂ  essayĂ©es et qui n’ont pas fonctionnĂ© 3) DĂ©finir clairement le changement auquel on souhaite aboutir 4) Formuler et mettre en Ɠuvre un projet pour effectuer le changement Le changement proposĂ© Dans le cas du changement proposĂ©, se sont les cadres intermĂ©diaires qui tiennent le rĂŽle principal. En effet, lorsqu’une modification radicale, faisant suite Ă  une dĂ©cision du top management, doit ĂȘtre opĂ©rĂ©e dans l’organisation de l’entreprise, c’est Ă  eux d’implĂ©menter la nouvelle orientation. A l’inverse, lorsque se sont les collaborateurs qui souhaitent imposer une transformation au top management, c’est Ă  nouveau les cadres intermĂ©diaires qui devront rendre les propositions et les initiatives attractives pour convaincre. Qu’importe le lieu oĂč il trouve ses racines, un changement par la rupture ne peut faire l’impasse d’une nĂ©gociation entre les diffĂ©rents groupes d’acteurs. Le changement proposĂ© est donc avant tout un long processus de nĂ©gociation entres les diffĂ©rents acteurs de l’organisation. Chaque membre, aux deux extrĂ©mitĂ©s de la hiĂ©rarchie, devra trouver un sens dans le changement et adhĂ©rer Ă  la nouvelle stratĂ©gie. Dans ce contexte, les cadres intermĂ©diaires jouent souvent un rĂŽle clĂ© dans les nĂ©gociations car ce sont eux qui, au final, disposent du pouvoir de faire appliquer tout, ou partie, de la nouvelle stratĂ©gie. Le changement dirigĂ© Face Ă  l’inadĂ©quation entre le fonctionnement de l’entreprise et son environnement, tout bon dirigeant rĂ©agit en changeant la stratĂ©gie, les systĂšmes de gestion ou la structure organisationnelle. De part son caractĂšre radical et unilatĂ©ral, le changement dirigĂ© est considĂ©rĂ© comme un moyen d’assurer la survie de l’organisation et d’amĂ©liorer ses rĂ©sultats Ă  court terme. Les dĂ©cisions prises peuvent ĂȘtre un changement d’activitĂ©, une transformation du but stratĂ©gique pour rĂ©pondre Ă  une nouvelle vision des dirigeants ou l’implĂ©mentation d’une politique de redressement afin de rĂ©pondre Ă  une situation de crise grave.
  • 10. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 10 / 33 Dans le cas du changement dirigĂ©, les dĂ©cisions sont radicales et non nĂ©gociables. Les diffĂ©rents acteurs prĂ©sents dans l’organisation doivent donc adhĂ©rer aux dĂ©cisions imposĂ©es ou envisager leur dĂ©part. En outre, le top management devra Ă©galement se questionner sur la capacitĂ© des collaborateurs actuels Ă  fonctionner dans la nouvelle entreprise. En effet, il n’est pas garanti que les recettes qui ont fonctionnĂ© jusqu’à prĂ©sent continueront Ă  porter des fruits aprĂšs la refonte de l’entreprise. Les dommages humains sont donc souvent assez importants lorsque ce type de changement en mis en pratique. SECONDE PARTIE – LES MECANISMES DU CHANGEMENT 4. Identification des facteurs d’échec et de succĂšs Dans ce chapitre, nous Ă©numĂ©rerons les rĂ©sultats et constatations publiĂ©es par diffĂ©rents auteurs Ă  propos des facteurs d’échec et de succĂšs de projets de changement et, plus particuliĂšrement, ceux mettant en cause les systĂšmes d’information. Nous soulignons que cette partie n’est pas exhaustive et ne relĂšve pas d’un travail rigoureux d’identification des facteurs d’échec et de succĂšs. Tout au plus, une mĂ©thodologie scientifique a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e en amont par les auteurs citĂ©s qui sont donc seuls responsables des rĂ©sultats et chiffres publiĂ©s. En matiĂšre de mesure des rĂ©sultats obtenus lors de projets informatiques, il existe plusieurs chiffres dont ceux publiĂ©s dans une Ă©tude du Gartner Group en 2004 (citĂ©e par MOUTOT et AUTISSIER, 2010) qui relevait que :  25% des projets gĂ©nĂšrent les bĂ©nĂ©fices escomptĂ©s alors que  66% des projets dĂ©passent le budget, accumulent du retard ou ne dĂ©ploient pas les fonctionnalitĂ©s prĂ©vues dans le cahier des charges initial. En 1995, le Standish Group avançait des chiffres encore plus dramatiques dans un rapport baptisĂ© « chaos ». En effet, selon lui seulement 16.2% des projets de dĂ©veloppement informatique sont un succĂšs alors que 83.8% n’ont pas atteint leur but ou sont en Ă©chec total. Pourquoi les projets informatiques conduisent-ils aussi souvent Ă  l’échec ? Quelles sont les facteurs auxquels il faut ĂȘtre attentif ? Sont-ils purement techniques ou sont-ils Ă©galement liĂ©s aux aspects de conduite du changement ? 4.1. Constat dans le dĂ©veloppement de systĂšmes informatiques En 1995, « The Standish Group » propose un Ă©tat des lieu et une mĂ©thodologie pour identifier les principales causes d’échec ainsi que les recettes permettant de rĂ©duire les Ă©cueils dans le domaine du dĂ©veloppement informatique. A cette fin, un Ă©chantillon de 365 interlocuteurs reprĂ©sentant 8'380 applications a Ă©tĂ© retenu dans des entreprises de divers domaines et de tailles diffĂ©rentes. Dans un premier temps, les projets analysĂ©s ont Ă©tĂ© rĂ©partis dans l’une des catĂ©gories suivantes :
  • 11. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 11 / 33 1) Type 1 : le projet est un succĂšs. Il a Ă©tĂ© terminĂ© Ă  temps, dans le budget, avec l’ensemble des caractĂ©ristiques et des fonctions initialement spĂ©cifiĂ©es. 2) Type 2 : le projet est contestable. Il est terminĂ© et opĂ©rationnel, mais le budget et les dĂ©lais n’ont pas Ă©tĂ© respectĂ©s. En outre, les caractĂ©ristiques et les fonctions initialement spĂ©cifiĂ©es ont Ă©tĂ© revues Ă  la baisse. 3) Type 3 : le projet est un Ă©chec. Il a Ă©tĂ© abandonnĂ© Ă  un certain point du cycle de dĂ©veloppement. La premiĂšre constatation marquante est que, sur l’ensemble des projets Ă©tudiĂ©s, le taux de succĂšs n’est que de 16.2% contre 31.1% de projets abandonnĂ©s et 52.7% de projets contestables. Dans le dĂ©tail, si on regroupe les projets de « type 2 » et de « type 3 », on dĂ©couvre que le dĂ©passement moyen des coĂ»ts est de 189% et que le dĂ©passement des dĂ©lais est en moyenne de 222%. Dans les projets contestables, en moyenne, c’est seulement 61% des fonctionnalitĂ©s et caractĂ©ristiques dĂ©crites initialement qui sont disponibles au final. Face Ă  un tel constat, la question qui se pose immĂ©diatement est « pourquoi ?». Pour fournir des rĂ©ponses, les enquĂȘteurs du « The Standish Group » ont Ă©galement interrogĂ© les responsables IT pour recueillir leur opinion sur les facteurs favorisant le succĂšs ou l’échec d’un projet. Pour chacun de ces deux points, les dix facteurs les plus citĂ©s sont listĂ©s ci-dessous. Il est d’ores et dĂ©jĂ  intĂ©ressant de noter que les cinq premiers facteurs de succĂšs apparaissent Ă©galement comme un des dix facteurs d’échec possible. Ainsi nous avons mis entre parenthĂšses la position du facteur identique dans la liste opposĂ©e. Liste des dix principaux facteurs favorisant le succĂšs : 1. Implication des utilisateurs ................................................................15.90% (Echec 2) 2. Soutien de la direction et des cadres .................................................13.90% (Echec 5) 3. EnoncĂ© claire des exigences ...............................................................13.00% (Echec 1) 4. Bonne planification...............................................................................9.60% (Echec 7) 5. Attentes rĂ©alistes..................................................................................8.20% (Echec 4) 6. Projet divisĂ© en petites Ă©tapes .............................................................7.70% (-) 7. CompĂ©tence des collaborateurs...........................................................7.20% (-) 8. Ownership ..............................................................................................5.3% (-) 9. Vision et objectifs clairs..........................................................................2.4% (-) 10. Travail et Ă©quipe dĂ©diĂ©e.........................................................................2.4% (-) Autres (pour un total de 100%)............................................................13.9% (-) Liste des dix principaux facteurs favorisant l’échec : 1. EnoncĂ© des exigences incomplĂštes....................................................13.10% (SuccĂšs 3) 2. Manque d’implication des utilisateurs...............................................12.40% (SuccĂšs 1) 3. Manque de ressources .......................................................................10.60% (-) 4. Attentes irrĂ©alistes ...............................................................................9.90% (SuccĂšs 5)
  • 12. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 12 / 33 5. Manque de soutien de la direction et des cadres................................9.30% (SuccĂšs 2) 6. Changement des exigences et des spĂ©cifications ................................8.70% (-) 7. Planification dĂ©ficiente.........................................................................8.10% (SuccĂšs 4) 8. Le besoin n’existe plus..........................................................................7.50% (-) 9. Manquement dans le management des IT...........................................6.20% (-) 10. IncompĂ©tence technologique...............................................................4.30% (-) Autres (pour un total de 100%)............................................................9.90% (-) 4.2. Constat dans le dĂ©ploiement de systĂšmes informatiques Lorsque l’on traite du dĂ©ploiement d’un nouveau systĂšme d’information, une littĂ©rature abondante alimentĂ©e par de nombreux auteurs met en Ă©vidence l’importance du phĂ©nomĂšne de rĂ©sistance au changement. Nous consacrerons d’ailleurs un chapitre entier Ă  ce thĂšme qui, selon AL-SHAMALN (2011), reprĂ©sente la majeure partie des Ă©checs. Dans son approche sociologique, BERNOUX (2010) utilise les mots « rĂ©sistance au changement » mais ne la considĂšre pas comme un facteur d’échec en soit. Pour lui, la rĂ©sistance au changement doit plutĂŽt ĂȘtre interprĂ©tĂ©e en analysant le jeu des acteurs qui refusent de dĂ©placer les lignes. Pour BERNOUX (2010), la rĂ©ussite d’un projet de changement passe par l’attribution aux salariĂ©s d’un vĂ©ritable rĂŽle et d’une possibilitĂ© d’influer sur le changement. En effet, la modification devient acceptable que si les exĂ©cutants se l’approprient et qu’ils comprennent son intĂ©rĂȘt. Aucun changement ne peut avoir lieu si les collaborateurs qui le mettent en Ɠuvre ne lui donnent pas un sens. BERNOUX souligne Ă©galement l’importance du rĂŽle de la direction et de la culture d’entreprise. Selon lui, une organisation qui n’est pas Ă©touffĂ©e par des procĂ©dures, les rĂšgles et la hiĂ©rarchie sera plus encline Ă  rĂ©ussir le changement prĂ©vu. Le changement est l’apprentissage d’une nouvelle maniĂšre de procĂ©der. Par consĂ©quent, nous retrouvons frĂ©quemment la formation parmi les leviers permettant le succĂšs. La communication, par la mise en place de groupes d’échanges multidisciplinaires ou via un plan de communication inspirĂ© par les techniques du marketing sont Ă©galement citĂ©s dans les facteurs menant Ă  la rĂ©ussite. Finalement, KANSAL (2006) relĂšve que la sous estimation du temps nĂ©cessaire au changement du systĂšme d’information est trĂšs frĂ©quent. De plus, une mauvaise estimation des frais de consultant, de formation, de conversion des donnĂ©es, d’intĂ©gration du logiciel, de tests et de dĂ©veloppement de modules ad hoc peut causer des retards et des surcoĂ»ts. 4.3. SynthĂšse et conclusion relatives aux facteurs d’échec et de succĂšs Parmi l’ensemble des facteurs de succĂšs et d’échec relevĂ©s dans les sources mentionnĂ©es ci-dessus, il est intĂ©ressant de noter que les aspects techniques et technologiques ne sont citĂ©s qu’une seule fois en dixiĂšme position seulement dans la liste des facteurs d’échec dressĂ©e par le Standish Group. Devons-nous pour autant conclure Ă  une fiabilitĂ© des systĂšmes informatiques telle qu’elle ne peut influer sur la finalitĂ© d’un projet ? Nous ne le pensons pas. Cependant, il est indispensable de
  • 13. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 13 / 33 souligner que le principal facteur de rĂ©ussite d’un projet de changement de systĂšme d’information n’est pas liĂ© Ă  l’informatique mais aux hommes qui devront dĂ©velopper et utiliser le nouvel outil. Si l’introduction du systĂšme informatique n’est pas acceptĂ©e par les collaborateurs, le changement ne peut pas avoir lieu. Sans utilisateur rĂ©gulier et assidu, le nouveau logiciel demeurera un outil inexploitĂ© dont les coĂ»ts plomberont les comptes de l’entreprise. Au delĂ , dans le pire des cas, les collaborateurs dĂ©velopperont mĂȘme des parades Ă  l’utilisation du nouveau systĂšme informatique de sorte qu’il s’ensuivra une situation de dĂ©sordre non maĂźtrisĂ©. ArrivĂ© Ă  ce stade lĂ , outre le coĂ»t d’achat et de dĂ©ploiement du systĂšme, il faudra Ă©galement comptabiliser les coĂ»ts induits par la dĂ©sorganisation et le manque d’efficacitĂ©. La rĂ©ussite d’un projet de changement des systĂšmes d’information est donc intimement liĂ© Ă  des facteurs humains tels que : la culture organisationnelle, l’acceptation du changement par les acteurs, la capacitĂ© d’apprentissage et la communication interne. De plus, pour rĂ©ussir, le changement doit ĂȘtre engagĂ© comme un processus ouvert, qui sera susceptible d'Ă©volutions et de rĂ©orientations, et faire l’objet d’une conduite parfaitement maĂźtrisĂ©e usant des diffĂ©rents leviers disponibles. 5. Les leviers de la conduite du changement Dans une dĂ©marche de changement, nous nous fixons gĂ©nĂ©ralement une ligne directrice telle que « changer le systĂšme d’information » qui, ensuite, se dĂ©cline en une quantitĂ© de micro-changements qui affecteront le travail quotidien d’individus ou de groupes d’acteurs. Un projet de changement est donc un ensemble de chantiers qu’il s’agira de gĂ©rer, en fonction des cas, en utilisant diffĂ©rents outils et mĂ©thodes que TONNELE (2012) propose de classer de la maniĂšre suivante : Figure IV : Classification des outils et mĂ©thodes (AdaptĂ©e de TONNELE, 2012)
  • 14. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 14 / 33 Sur l’axe vertical, TONNELE (2012) distingue les concepts et mĂ©thodes, plutĂŽt abstraites, et les outils qui sont des techniques concrĂštes et applicables sur le terrain. Ensuite, il oppose les solutions s’appliquant Ă  un individu Ă  celles s’appliquant Ă  un groupe. Cette classification correspond au sommaire de son livre dĂ©crivant, sur 65 fiches dĂ©taillĂ©es, des mĂ©thodes et outils applicables lors de la gestion d’un changement. Il est intĂ©ressant de mettre cette multiplicitĂ© en opposition avec les deux leviers historiques, auxquels certaines organisations auraient tendance Ă  s’arrĂȘter, que sont la formation et la communication. Lors d’un projet de dĂ©ploiement d’un nouveau systĂšme d’information, le top management doit obligatoirement composer avec les utilisateurs et, par consĂ©quent, se servir des nombreux leviers permettant de mener Ă  bien la conduite du changement. Pour notre part, entre les 65 fiches dĂ©taillĂ©es proposĂ©es par TONNELE (2012) et le couple classique « formation / communication », nous avons optĂ© pour la prĂ©sentation de quatre leviers :  La culture d’entreprise  L’acteur, le rĂŽle et le sens  L’accompagnement et la formation  La dynamique de groupe et la communication et de deux contraintes :  La rĂ©sistance au changement  La planification et les coĂ»ts Dans tous les projets chacun de ses leviers et contraintes doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s et dĂ©clinĂ©s en plusieurs micro-chantiers comme, par exemple, la mise en place d’un plan dĂ©taillĂ© de formation, la formalisation d’une campagne de communication, l’accompagnement d’un groupe d’acteurs trĂšs affectĂ©s par le changement, la planification rigoureuse du projet, etc. Pour l’ensemble de ces tĂąches spĂ©cifiques, il existe des techniques et des outils inspirĂ©s entre autre par le management, le marketing ou la psychologie ; cependant, nous n’entrerons pas dans le dĂ©tail afin de nous concentrer sur les enjeux globaux. 5.1. La culture d’entreprise La conduite du changement ne peut pas ĂȘtre traitĂ©e indĂ©pendamment du contexte culturel dans laquelle elle se produit. Pour dĂ©finir la culture d’entreprise, nous retiendrons la dĂ©finition proposĂ©e par MOUTOT et AUTISSIER (2010) : « la culture d’entreprise caractĂ©rise gĂ©nĂ©ralement l’ensemble des actes et usages existants dans l’entreprise sans qu’ils ne soient dĂ©crits ou rĂ©gis de quelque maniĂšre formelle que ce soit ». Plus prĂ©cisĂ©ment, nous pouvons relever que cela concerne notamment le comportement des acteurs (maniĂšre de communiquer, de prendre ses pauses repas, etc.), les
  • 15. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 15 / 33 systĂšmes de rĂšgles tacites (code vestimentaire, frapper et entrer ou entrer sans frapper, etc.) et les zones de pouvoir (indĂ©pendamment de la hiĂ©rarchie Ă©tablie, qui pilote l’activitĂ© ?). Un changement du systĂšme d’information intervient inĂ©vitablement sur les actes et les usages, formels et informels, rĂ©alisĂ©s au quotidien. Sur la base de ce constat, il est donc indispensable de considĂ©rer la culture d’entreprise dans le processus de changement. Mais, malheureusement, bien qu’il demeure toujours possible de la faire Ă©voluer, la culture est quelques chose d’ancrĂ©, de stable et de difficile Ă  modifier. Pour la modifier, il s’agit donc de fournir une rĂ©ponse claire quant Ă  la vision de l’entreprise aprĂšs le changement afin que les collaborateurs puissent s’y projeter. Avant de se lancer dans un processus de changement, il est donc important que les responsables du projet aient une bonne comprĂ©hension et une bonne connaissance de la culture de l’organisation dans laquelle ils vont dĂ©ployer les nouveaux outils informatiques. En effet, Ă  dĂ©faut de pouvoir la modifier rapidement, il faut qu’ils puissent ĂȘtre en mesure de l’utiliser pour appuyer leur dĂ©marche et faciliter le changement. Pour cela, nous retenons les trois questions fondamentales suivantes : 1) Quels aspects de la culture existante peuvent favoriser les changements ? Comment les utiliser et les renforcer ? 2) Quels aspects de la culture existante peuvent bloquer le changement et comment les surmonter ? 3) Que doit-on mettre en Ɠuvre pour encourager le changement ? Dans certains gros projets, il peut s’avĂ©rer nĂ©cessaire de mener une Ă©tude socio-organisationnelle de l’entreprise afin de dĂ©finir le systĂšme de valeur, les habitudes et le niveau de rĂ©sistance probables de diffĂ©rents groupes d’acteurs. Ce type d’étude a pour but d’identifier et de dĂ©crire la culture d’une entreprise en analysant notamment les Ă©lĂ©ments tangibles, tels que les structures et les systĂšmes de contrĂŽle, mais Ă©galement les aspects intangibles tels que les symboles et les habitudes. 5.2. L’acteur, le rĂŽle et le sens Le changement n’est pas forcĂ©ment contraint et subit et, dans la plupart des cas, c’est la volontĂ© et la capacitĂ© des acteurs qui font le changement ou, au contraire, qui l’empĂȘche. Nous dĂ©finirons donc l’acteur comme un individu susceptible de modifier le contenu du changement. Pour illustrer l’adoption du changement dans une organisation, nous nous appuierons sur la courbe de diffusion des innovations proposĂ©e par ROGERS (1962) qui illustre trĂšs bien diffĂ©rents groupes d’acteurs. En s’inspirant du schĂ©ma ci-dessous, nous proposons que les innovateurs et les convaincus de la premiĂšre heure (« early adopters ») se verront confier la mission de convaincre les traĂźnards (« laggards ») qui demeurent plus longtemps sceptiques face Ă  la nouveautĂ©. Le modĂšle ci-dessous, en atteignant une part de marchĂ© de 100% au final, postule Ă©galement que les individus se laissent influencer par le comportement des autres et que, tĂŽt ou tard, l’ensemble des personnes concernĂ©es aura adoptĂ© l’innovation.
  • 16. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 16 / 33 Figure V : Courbe de diffusion des innovations (ROGERS, 1962) Pour s’assurer que le changement soit adoptĂ© par tous Ă  un instant donnĂ©, le dessein de changement doit ĂȘtre partagĂ© et soutenu par le top management de l’organisation. En effet, sans son soutien, les chances de rĂ©ussite du projet seront compromises. Ensuite, pour diffuser la volontĂ© de changement Ă  l’ensemble des collaborateurs concernĂ©s, il est recommandĂ© d’identifier des groupes d’acteurs et de dĂ©terminer ceux qui seront des opposants au projet et ceux qui seront des alliĂ©s. Sur la base d’une cartographie prĂ©cise des acteurs, il sera alors possible d’entreprendre des actions ciblĂ©es (formation, communication, accompagnement) et de fixer des prioritĂ©s. De plus, pour faciliter la diffusion, les strates de l’organisation du projet peuvent ĂȘtre structurĂ©es comme ceci :  Le porteur du projet qui est responsable du projet. C’est un convaincu de la premiĂšre heure et peut ĂȘtre mĂȘme l’initiateur du changement.  Les participants au projet qui contribueront Ă  la rĂ©ussite du projet par leur travail. Ils sont sĂ©lectionnĂ©s parmi les convaincus de la premiĂšre heure et reprĂ©sentent un groupe d’acteurs identifiĂ©s (utilisateurs du service A, cadres intermĂ©diaires, top managers, etc.); ils joueront Ă©galement un rĂŽle de relais auprĂšs de leurs pairs.  Les utilisateurs qui sont les personnes dont le travail sera directement impactĂ© par le changement. GĂ©nĂ©ralement, c’est parmi eux que se situeront le plus grand nombre d’individus rĂ©fractaires au projet qu’il s’agira de convaincre. Pour que le changement soit acceptable, les utilisateurs doivent pouvoir se projeter dans le nouvel environnement de travail car, en gĂ©nĂ©ral, les obstacles apparaissent si le changement ne leur paraĂźt pas suffisamment clair. En effet, avoir la possibilitĂ© de se projeter dans son futur travail est un moyen de donner un sens au changement. Ainsi, si les contours du projet ne sont pas transparents, il faut que les acteurs directement concernĂ©s puissent les modifier et les nĂ©gocier car la rĂ©ussite d’un projet
  • 17. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 17 / 33 de dĂ©ploiement d’un nouveau systĂšme d’information dĂ©pend de la pleine utilisation de l’outil. Un des rĂŽles importants Ă  attribuer aux utilisateurs est donc celui de pouvoir influer sur le changement. En conclusion, nous pensons qu’il ne suffit pas, dans un projet d’implantation d’un systĂšme informatique, de motiver et de former les acteurs. En effet, il est important de leur donner un rĂŽle, de les impliquer, de les faire agir et, finalement, de les faire adhĂ©rer Ă  la nĂ©cessitĂ© du changement qui, Ă  leur Ă©chelle, s’illustrera par une modification de leurs pratiques quotidiennes. Les collaborateurs doivent percevoir le sens de leur travail, avant, pendant et aprĂšs le changement car nul ne s’épanouit en rĂ©alisant un travail qui paraĂźt inutile. 5.3. L’accompagnement et la formation Le modĂšle de BAREIL et SAVOIE (citĂ©s par AUTISSIER et al., 2010) envisage le changement comme une rupture suivie d’une phase de transition. Il postule que les destinataires du changement traversent, lors d’un processus de changement, cinq Ă  sept phases de prĂ©occupation demandant un accompagnement spĂ©cifique. Les auteurs proposent ainsi un modĂšle permettant, face Ă  des changements imposĂ©s tels que ceux engendrĂ©s par un nouveau systĂšme d’information, d’adapter une rĂ©ponse Ă  chacune des attentes des acteurs concernĂ©s. Selon BAREIL et SAVOIE (citĂ©s par AUTISSIER et al., 2010), les sept phases de prĂ©occupation des personnes en contexte de changements sont les suivantes : Aucune prĂ©occupation : « Ca ne me concerne pas ! » Le destinataire nie le changement en l’ignorant. De l’extĂ©rieur, on a le sentiment qu’il ne prend pas au sĂ©rieux la nouvelle et semble continuer son travail comme si de rien n’était. PrĂ©occupations centrĂ©es sur soi : « Qu’est-ce qui va m’arriver ? » Le destinataire, inquiet, s’interroge sur le maintien de son poste, sur les consĂ©quences du changement sur son rĂŽle, sur ses responsabilitĂ©s, son statut et son pouvoir de dĂ©cision. Il a l’impression de ne plus maĂźtriser son avenir et ne sait plus oĂč se situer dans l’organisation. PrĂ©occupations centrĂ©es sur l’organisation : « Est-ce que le changement est lĂ  pour durer ? » Le destinataire s’interroge sur la capacitĂ© de l’organisation Ă  supporter le changement Ă  long terme, afin de s’assurer, en cas d’investissement dans le changement, qu’il sera alors rĂ©compensĂ©. Il se demande notamment si le changement sera rentable. PrĂ©occupations centrĂ©es sur le changement lui-mĂȘme : « De quoi s’agit-il au juste ? » Le destinataire souhaitant obtenir des rĂ©ponses aux questions qu’il se pose, commence Ă  s’intĂ©resser au changement en lui-mĂȘme et questionne sa nature. Il devient attentif et proactif, souhaite obtenir des prĂ©cisions. PrĂ©occupations centrĂ©es sur le soutien disponible : « Est-ce que je vais ĂȘtre capable de 
 ? » Maintenant disposĂ© Ă  se conformer au changement, le destinataire doute toutefois de sa capacitĂ©
  • 18. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 18 / 33 Ă  le mettre en Ɠuvre. Il a le sentiment d’ĂȘtre incompĂ©tent. Il se demande si on lui laissera le temps de s’adapter Ă  son nouveau poste et si on l’aidera pour cela. PrĂ©occupations centrĂ©es sur la collaboration avec autrui : « Ca vaudrait la peine qu’on se rĂ©unisse ! » Le destinataire se montre intĂ©ressĂ© Ă  collaborer avec les autres. Il dĂ©sire s’impliquer dans la mise en Ɠuvre du changement. Il apprĂ©cie de pouvoir partager avec les autres les expĂ©riences vĂ©cues de chacun. PrĂ©occupations centrĂ©es sur l’amĂ©lioration continue du changement : « Essayons ceci 
 et si l’on faisait cela 
 » Certains destinataires peuvent trouver dans le changement de nouveaux dĂ©fis et vont ainsi chercher Ă  perfectionner ce qui existe dĂ©jĂ  ou tout remettre en cause. Ils poursuivront un objectif d’amĂ©lioration continue. Tableau I : ModĂšle de prĂ©occupation (BAREIL et SAVOIE, adaptĂ© par AUTISSIER et al, 2010) Lors d’un projet de changement du systĂšme informatique, la formation est trĂšs importante car l’utilisateur devra acquĂ©rir les connaissances suffisantes pour utiliser les fonctionnalitĂ©s du nouveau logiciel et s’adapter aux Ă©volutions du mĂ©tier qui peuvent en dĂ©couler. La formation, au sens didactique du terme, relĂšve donc des « prĂ©occupations centrĂ©es sur le soutien disponible ». Cependant, il est Ă©galement important d’apporter aux personnes des enseignements et des rĂ©ponses qui leur permettront d’attĂ©nuer les autres inconnues citĂ©es dans le tableau ci-dessus. Un utilisateur rassurĂ© et convaincu de la nĂ©cessitĂ© du changement sera plus attentif et motivĂ© lorsqu’il s’agira d’acquĂ©rir les compĂ©tences nĂ©cessaires Ă  l’utilisation du nouvel outil. DĂšs lors, il s’agira d’apporter de nouvelles connaissances aux personnes par la mise en place d’un plan de formation dĂ©clinĂ© en modules Ă  crĂ©er, en support de cours Ă  rĂ©diger, en coĂ»ts Ă  Ă©valuer et en planning Ă  organiser. Le choix d’une mĂ©thode pĂ©dagogique sera Ă©galement au centre des dĂ©bats afin qu’elle soit le mieux adaptĂ©e au contexte et aux besoins des utilisateurs. MOUTOT et AUTISSIER (2010) proposent ainsi la matrice suivante pour dĂ©crire les styles pĂ©dagogiques : Figure VI : Matrice des styles pĂ©dagogiques (MOUTOT et AUTISSIER, 2010)
  • 19. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 19 / 33 La formation peut ĂȘtre une dĂ©marche ponctuelle ou, au contraire, elle peut faire partie intĂ©grante de la culture de l’entreprise. Ainsi, selon certains auteurs, le changement est assimilable Ă  un processus d’apprentissage continu dans lequel les acteurs disposent de suffisamment d’autonomie pour s’adapter en permanence aux nouvelles conditions de l’environnement. Dans les approches liĂ©es aux principes d’entreprise apprenantes, les collaborateurs prennent l’engagement d’apprendre Ă  apprendre et les dirigeants leur offrent l’autonomie nĂ©cessaire pour faciliter cet apprentissage. AppliquĂ©e Ă  la lettre, cette approche permettrait de faire l’économie de grand plan de formation standardisĂ©. En effet, les utilisateurs sont dans ce cas les initiateurs puis les moteurs du changement et ils ne seraient plus dans l’obligation de s’adapter Ă  un changement imposĂ©. 5.4. La communication et la dynamique de groupe La communication tient un rĂŽle central dans un projet de changement. En effet, dĂšs le dĂ©marrage du projet, elle doit permettre Ă  l’utilisateur de se projeter dans le futur et d’imaginer le rĂ©sultat du processus de changement. Pour ĂȘtre rĂ©ussie, elle doit Ă©veiller l’adhĂ©sion des utilisateurs en leur permettant de comprendre le sens du changement et l’intĂ©rĂȘt qu’il revĂȘt. La communication ne doit donc pas se limiter Ă  une simple transmission d’information et, Ă  l’inverse, veiller Ă  ne pas tomber dans la propagande racoleuse. Pour rĂ©ussir dans cette tĂąche, il est recommandĂ© d’appliquer les techniques du marketing pour mettre sur pied un vĂ©ritable plan de communication adaptĂ© au projet, aux acteurs concernĂ©s et aux besoins. Dans un processus de changement, il est Ă©galement nĂ©cessaire d’échanger ses impressions afin que les individus puissent rĂ©soudre les problĂšmes qui se posent Ă  eux et rĂ©aliser leurs tĂąches quotidiennes. Dans un projet de dĂ©ploiement d’un systĂšme d’information, la mise en rĂ©seau d’acteurs aux profils diffĂ©rents paraĂźt indispensable afin que les techniciens et les utilisateurs comprennent leurs contraintes et exigences respectives. Les Ă©changes dans des groupes multidisciplinaires permettent de partager, de modifier et d’adapter les contours du projet avant ou pendant la phase de dĂ©ploiement. Le partage d’information est donc absolument indispensable au paramĂ©trage de l’outil et, au final, Ă  son utilisation optimale. De plus, toutes les organisations sont influencĂ©es par l’idĂ©e dominante. Les travaux de LEWIN (citĂ© par AUTISSIER et al., 2010) mettent en Ă©vidence qu’il est plus aisĂ© de faire changer des individus constituĂ©s en groupe que des individus pris sĂ©parĂ©ment. En effet, le groupe joue un rĂŽle de rĂ©ducteur de l’incertitude pour l’individu qui sera plus rĂ©ceptif Ă  la nouveautĂ© si d’autres personnes y sont Ă©galement confrontĂ©es. Pour sa part, BERNOUX (2010) souligne Ă©galement que les individus dĂ©cident en fonction du comportement des autres. Les choix individuels sont ainsi relatifs au choix de ceux que nous prenons pour modĂšle de rĂ©fĂ©rence (effet de mode). 6. La rĂ©sistance au changement Les individus dĂ©veloppent parfois des comportements rĂ©calcitrants face aux volontĂ©s de changement de leurs semblables. Selon AL-SHAMALN (2011), les deux facteurs expliquant cette rĂ©sistance au changement lors d’un projet de dĂ©ploiement d’un systĂšme informatique sont le risque perçu par
  • 20. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 20 / 33 l’utilisateur (soit, en d’autres termes, l’inconnu) et les habitudes (soit, en d’autres termes, le refus de l’apprentissage de nouvelles pratiques). BERNOUX (2010), quant Ă  lui, considĂšre qu’il ne faut pas confondre la rĂ©sistance au changement avec la volontĂ© de maĂźtriser son travail et, de ce fait, de conserver son identitĂ© professionnelle. En effet, selon lui, la recherche d’objectifs individuels tels que la lĂ©gitimitĂ©, le statut ou le pouvoir sont tout aussi important que la recherche d’efficacitĂ© lorsqu’il s’agit d’apprĂ©hender un changement dans l’environnement de travail. Changer nĂ©cessite de faire accepter aux utilisateurs de perdre un existant connu pour un futur encore incertain. Un projet de changement peut ainsi entraĂźner diffĂ©rentes formes de rĂ©sistances explicables par la culture, la structure de l’entreprise ou par le fait d’un individu isolĂ©. MOUTOT et AUTISSIER (2010) proposent de classer les types de rĂ©sistance en quatre catĂ©gories : 1) Actions sur les ressources, soit ne pas allouer les ressources (temps, hommes, argent) nĂ©cessaires au dĂ©veloppement et au dĂ©ploiement du projet. 2) Actions de reroutage, soit mise en place de projets concurrents pour tenter d’étouffer ou de retarder le projet initial. 3) Actions de discrĂ©dit, soit rĂ©pandre des rumeurs nuisibles Ă  propos du projet et des personnes qui le soutiennent et ainsi influer sur l’acceptation du projet par les utilisateurs. 4) Actions d’inertie, soit pratiquer une politique de la chaise vide consistant Ă  ne pas communiquer (rĂ©tention d’information) et Ă  ne rien faire. Selon BERNOUX (2010), le changement dans les entreprises se situe Ă  la jonction des contraintes nouvelles et de l’acceptation de celles-ci. Les salariĂ©s ont donc toujours la libertĂ© de contribuer ou de rĂ©sister au changement en l’acceptant ou, Ă  contrario, en le refusant. « Il n’y a pas de rĂ©sistance naturelle au changement mais seulement des rĂ©sistances stratĂ©giques. Dans le cas de salariĂ©s peu ou pas qualifiĂ©s, qui maĂźtrisent peu leur environnement, qui ne savent pas oĂč ils iront concrĂštement et que sera leur nouvel environnement immĂ©diat, les rĂ©sistances sont plus grandes. [
] La rĂ©sistance au changement est beaucoup une affaire de position dans la hiĂ©rarchie, de maĂźtrise de son propre travail et de son environnement. » (BERNOUX, 2010). Selon BERNOUX (2010), la rĂ©sistance au changement n’existe donc pas Ă  proprement parler et la rĂ©ussite suppose avant tout que les salariĂ©s acceptent les conditions de travail futures. En effet, selon lui, les obstacles apparaissent si le changement n’est pas clair aux yeux des exĂ©cutants. Pour rĂ©soudre les blocages, il faut donc s’intĂ©resser aux acteurs du changement et au sens qu’il donne Ă  ce dernier. Le management doit chercher les sources de rĂ©sistance possible en analysant la structure organisationnelle, la culture d’entreprise et les besoins des employĂ©s directement concernĂ©s. Cela n’est pas Ă©vident car les causes ne sont pas forcĂ©ment visibles et, souvent, les dolĂ©ances des salariĂ©s ne sont pas adressĂ©es Ă  ceux qui en sont les destinataires. Ainsi, pour chaque acteur, ou groupe d’acteurs, impliquĂ© dans le changement il faudrait ĂȘtre en mesure d’identifier leur prise de position lors de rĂ©unions formelles (sĂ©ances, entretiens, etc.) mais Ă©galement informel (machine Ă  cafĂ©, cantine, etc.). Ensuite, une fois les causes identifiĂ©es, il faut dĂ©ployer un plan d’action (formation, accompagnement, communication, etc.) pour les faire adhĂ©rer ou, Ă  l’inverse, adapter le projet Ă  leurs vĂ©ritables besoins.
  • 21. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 21 / 33 D’autres mĂ©thodes, axĂ©es sur les hommes et leur comportement, existent et peuvent ĂȘtre dĂ©ployĂ©es. Par exemple, ALADWANI (2001) propose de s’inspirer des techniques du marketing pour « vendre » le changement aux utilisateurs. En effet, selon lui les techniques d’analyse des motivations, du comportement et du besoin dĂ©veloppĂ©es par le marketing peuvent ĂȘtre transposĂ©es Ă  la conduite du changement. Dans une approche psychologique, KETS DE VRIE (citĂ© par AUTISSIER et al.) postule que l’on peut comparer le changement organisationnel en entreprise avec la perte d’un ĂȘtre cher. En effet, aprĂšs le changement, le salariĂ© doit apprendre Ă  agir diffĂ©remment, s’engager Ă  oublier les anciennes pratiques et dĂ©buter pour cela un processus de deuil lui permettant de pleurer le passĂ© et d’accepter le prĂ©sent. 7. La planification et les coĂ»ts Le cahier des tĂąches du nouveau logiciel, la formation, la rĂ©daction de nouvelles procĂ©dures et la communication sont autant de chantiers qui prennent du temps et qu’il s’agit d’anticiper. De plus, lors de d’un projet de changement de systĂšme d’information, il ne faut pas tomber dans le travers consistant Ă  penser que le dĂ©ploiement est radical et, qu’en une nuit, le nouvel outil est installĂ© afin que, dĂšs le lendemain, il soit apprivoisĂ© par les utilisateurs et utilisĂ© Ă  100% de ses capacitĂ©s. En effet, il ne faut pas sous-estimer le temps nĂ©cessaire pour dĂ©ployer complĂštement le systĂšme. En outre, avant de dĂ©marrer un projet, il est important de prendre en compte les cycles de l’entreprise (bouclement comptable, pĂ©riode de solde, haute saison, etc.). Si la phase de prĂ©paration du projet doit ĂȘtre scrupuleusement planifiĂ©e, il en va de mĂȘme pour les jours qui suivent l’introduction du nouveau systĂšme d’information. MOUTOT et AUTISSIER (2010) dĂ©crivent ce qu’ils nomment la « vallĂ©e du dĂ©sespoir » pour qualifier la pĂ©riode directement consĂ©cutive au changement. D’aprĂšs eux, durant ces jours, on va assister Ă  une perte de productivitĂ© due au fait qu’il faut repenser les pratiques dans les nouvelles conditions. Il faut donc un certain temps pour que les utilisateurs s’approprient totalement l’outil et puissent retrouver un niveau de productivitĂ© standard avant de, finalement, surpasser les performances rĂ©alisĂ©es avec l’ancien systĂšme. L’importance d’une bonne conduite du changement (abrĂ©gĂ©e « CDC » sur le graphique ci-dessous) et de la planification des tĂąches pouvant ĂȘtre anticipĂ©es (formation, communication, etc.) est donc primordiale pour Ă©viter que le creux de productivitĂ© ne deviennent trop profond. Surtout qu’un retour rapide aux performances initiales permettra de convaincre plus facilement les rĂ©calcitrants d’adhĂ©rer aux nouvelles pratiques. Sans un retour rapide au niveau de performance existant avant le changement, toute l’entreprise risque de plonger dans une crise de doute vis-Ă -vis du choix opĂ©rĂ© et de son sens.
  • 22. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 22 / 33 Figure VII : La courbe en S de la conduite du changement (MOUTOT et AUTISSIER, 2010) Les coĂ»ts de la conduite du changement sont difficiles Ă  estimer car, aux coĂ»ts directs facilement identifiables tels que les frais de consultants, de formation ou de communication, il faut Ă©galement ajouter les heures rĂ©alisĂ©es par les employĂ©s (heures de travail du groupe de projet, heures passĂ©es en formation par les utilisateurs, etc.) et additionner les pertes liĂ©es Ă  la baisse de productivitĂ© suivant la mise en service du nouveau systĂšme. AUTISSIER et MOUTOT (2010) postulent que le coĂ»t de la gestion du changement varie entre 5% et plus de 20% du coĂ»t total d’un projet selon la complexitĂ© et l’intensitĂ© du changement. Ces chiffres sont confirmĂ©s dans leur tranche haute par COLUMBUS CONSULTING SAS (2010) qui cite un coĂ»t de la conduite du changement correspondant Ă  une tranche entre 20 et 30% des coĂ»ts du projet. Quoi qu’il en soit, il s’agit avant tout de ne pas nĂ©gliger ce poste important du budget, de l’évaluer avec rigueur et de considĂ©rer la gestion du changement comme une partie du projet Ă  part entiĂšre. TROISIEME PARTIE – LA PRATIQUE DU CHANGEMENT GĂ©nĂ©ralement, l’ensemble des acteurs s’entendent rapidement sur la nĂ©cessitĂ© de mener des actions de conduite du changement. Cependant les avis peuvent nettement diffĂ©rer lorsqu’il s’agit de dĂ©terminer les outils et les mĂ©thodes Ă  dĂ©ployer. En effet, la conduite du changement n’est pas une science exacte et elle ne peut pas ĂȘtre pensĂ©e comme une technique de gestion standardisĂ©e qui, Ă  l’image d’une recette de cuisine bien exĂ©cutĂ©e, mĂšnera systĂ©matiquement au succĂšs. Comme nous l’avons vu dans la seconde partie du texte, les leviers Ă  actionner dans un tel projet sont nombreux et il s’agit avant tout de dĂ©terminer lesquels nous utiliserons, quand nous nous en servirons et comment nous les actionnerons. A l’image du travail d’un mĂ©decin, qui dĂ©bute sa dĂ©marche par le diagnostique puis adapte le traitement au patient, Ă  ses allergies ou Ă  sa prise d’autres mĂ©dicaments, l’entreprise doit ajuster sa
  • 23. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 23 / 33 mĂ©thode de conduite du changement Ă  sa situation, Ă  sa culture et Ă  son environnement. Bien qu’il n’existe pas de remĂšde universel en matiĂšre de gestion du changement lors du dĂ©ploiement d’un nouveau systĂšme d’information, nous distinguerons pour notre part deux pratiques distinctes. La premiĂšre s’appliquera plutĂŽt lors de l’introduction d’un logiciel standard, acquis auprĂšs d’un Ă©diteur, et s’appuiera sur une mĂ©thodologie en trois phases alors que la seconde sera intĂ©grĂ©e aux principes agiles appliquĂ©e lors du dĂ©veloppement d’un logiciel spĂ©cifique Ă  l’organisation. 8. La conduite du changement en trois phases A l’instar de la roue de Deming (Plan – Do – Check – Act), de nombreux auteurs dĂ©crivent des mĂ©thodologies de gestion de la conduite du changement en trois, quatre, cinq voire encore davantage de phases. PlutĂŽt que de prĂ©senter en dĂ©tail quelques-unes de ces mĂ©thodes, nous avons prĂ©fĂ©rĂ© rĂ©aliser une synthĂšse selon un canevas retenant trois cycles permettant de regrouper les apports de l’ensemble des lectures citĂ©es. Nous avons nommĂ© les phases retenues ainsi :  La prĂ©paration du changement, incluant notamment la gestion des risques.  L’implĂ©mentation du changement  L’évaluation du changement, incluant notamment les actions correctives. 8.1. La prĂ©paration du changement Avant de se lancer dans un quelconque changement, il s’agit tout d’abord d’évaluer la largeur et la profondeur de celui-ci. En d’autres termes, nous devons dĂ©terminer combien de personnes seront concernĂ©es et quelle sera l’importance de la remise en question des pratiques actuelles ; s’agira-t-il d’un simple ajustement ou de remaniement total de l’environnement de travail ? Car, comme nous l’avons soulignĂ© jusqu’à prĂ©sent, la rĂ©ussite d’un projet de changement dĂ©pend notamment des acteurs, des jeux de pouvoirs et de la culture d’entreprise. Ainsi, une condition indispensable Ă  la rĂ©ussite du changement est donc la connaissance approfondie des rouages, formels et informels, de l’organisation. Les tops managers, qui dĂ©cident de l’introduction d’un nouveau systĂšme d’information, sont parfois Ă©loignĂ© des rĂ©alitĂ©s quotidiennes de leur vision est construite sur la base de documents et de chiffres qui ne reflĂštent pas toujours la rĂ©alitĂ© du terrain. Par consĂ©quent, il s’agit de recueillir l’information sur le fonctionnement rĂ©el de l’entreprise en favorisant l’expression directe des collaborateurs et en collectant leur connaissance lors de sĂ©ances formelles ou de rĂ©unions informelles (pause cafĂ©, cantine, etc.). L’intĂ©rĂȘt de ce genre de dĂ©marche est de permettre un diagnostic qui aidera les dirigeants Ă  Ă©valuer l’ampleur du changement et les rĂ©sistances que celui-ci pourrait dĂ©clencher. Si cette dĂ©marche peut ĂȘtre entreprise en interne dans les petites organisations, elle est gĂ©nĂ©ralement confiĂ©e Ă  des consultants spĂ©cialisĂ©s dans les plus grandes structures. Outre l’apprentissage du contexte interne, la phase de prĂ©paration consiste Ă  formaliser la dĂ©marche et Ă  la planifier. Les Ă©tapes fondamentales de la prĂ©paration sont :
  • 24. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 24 / 33 1) Formaliser l’origine du besoin de changement et sa justification. 2) Fixer des objectifs prĂ©cis et mesurables qui devront ĂȘtre atteints aprĂšs le changement. 3) Dresser une cartographie des risques liĂ©s au dĂ©ploiement du projet. 4) Dresser une cartographie des acteurs concernĂ©s et dĂ©finir leur rĂŽle dans le projet. 5) Organiser le dĂ©ploiement des leviers, notamment la formation et la communication. La formalisation du besoin et de sa justification est indispensable afin que les porteurs du projet et le top management aient une vision commune et s’appuient sur les mĂȘmes arguments lors de leurs interactions avec les utilisateurs. En effet, dans un processus de changement l’adhĂ©sion des collaborateurs est importante et, pour l’obtenir, le message qui leur est transmis doit ĂȘtre clair et ne pas susciter une mĂ©fiance pouvant mener Ă  un blocage. Les objectifs du projet sont Ă©galement importants pour gĂ©nĂ©rer la vision future et susciter l’implication des utilisateurs. De plus la dĂ©clinaison dĂ©taillĂ©e des objectifs servira d’étalon lors de la phase d’évaluation du projet. Selon KENETT et RAPHAELI (2008) la gestion du changement est englobĂ©e dans la gestion des risques. Cette approche a le mĂ©rite de mettre en perspective les liens Ă©troits qui existent entre les deux disciplines. En effet, les organisations ont dĂ©sormais un tel niveau de dĂ©pendance Ă  leur systĂšme d’information qu’un dysfonctionnement de celui-ci pourrait gĂ©nĂ©rer un chaos tel que l’existence mĂȘme de l’entreprise pourrait ĂȘtre mise en pĂ©ril. Lors d’un changement de systĂšme d’information, il est donc indispensable d’évaluer les risques techniques (dysfonctionnement, destruction de donnĂ©es, indisponibilitĂ© du systĂšme, etc.) et humains (utilisation erronĂ©e, utilisation contournĂ©e, non-utilisation, etc.). Ceux-ci sont ensuite quantifiĂ©s en termes de gravitĂ© et de probabilitĂ© afin de traiter prioritairement ceux pouvant conduire Ă  un arrĂȘt du projet. Pour obtenir une vue graphique, une matrice de criticitĂ© peut ĂȘtre dessinĂ©e de la maniĂšre suivante : Figure VIII : Matrice de criticitĂ©
  • 25. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 25 / 33 La gestion de risque se divise entre l’action prĂ©ventive, consistant Ă  Ă©tablir un plan pour minimiser le risque, et l’action curative visant Ă  limiter l’impact lorsque le risque survient malgrĂ© tout. Dans le cadre de cet article, s’intĂ©ressant essentiellement aux aspects humains, la gestion des risques est Ă©galement Ă©troitement liĂ©e Ă  la description des groupes d’acteurs. En effet, il s’agit d’analyser les blocages possibles liĂ© au positionnement des diffĂ©rents acteurs. Outre l’évaluation des risques de rĂ©sistances, la cartographie des acteurs permettra Ă©galement d’organiser le groupe de projet, de dĂ©taillĂ© les plans de formation selon les besoins formulĂ©s par chacun, de segmenter la communication et d’envisager le dĂ©ploiement d’autres leviers spĂ©cifiques. A la fin de la phase de prĂ©paration, les dirigeants de l’entreprise doivent ĂȘtre capables de rĂ©pondre Ă  la question : « Est-ce que l’organisation, soit les acteurs qui la composent, a la capacitĂ©, les moyens et la volontĂ© de mener Ă  bien le processus de changement ? ». En dĂ©tail, nous dĂ©finissons la capacitĂ© comme l’aptitude de l’entreprise Ă  traverser le processus de changement sans mettre en pĂ©ril son activitĂ© quotidienne, les moyens sont la formalisation et la validation de la planification et des budgets relatifs Ă  la conduite du changement et la volontĂ© se traduit par la motivation des collaborateurs Ă  mener le changement prĂ©vu. Si un doute subsiste, il vaut alors mieux rĂ©itĂ©rer certaines actions prĂ©paratoires ou mettre en Ɠuvre de nouveaux leviers pour atteindre un niveau de certitude suffisant. 8.2. L’implĂ©mentation du changement La phase d’implĂ©mentation correspond au moment oĂč l’on passe de la thĂ©orie Ă  la pratique. En effet, si le nouveau systĂšme d’information n’est jamais mis en production, le changement se limitera Ă  des intentions exprimĂ©es et des rĂ©flexions. DĂšs que le pas en avant est fait, l’implĂ©mentation est avant tout un challenge technique durant lequel l’équipe informatique doit ĂȘtre en mesure d’installer un nouveau software sans occasionner de perturbations majeures pour les utilisateurs et le fonctionnement de l’entreprise. Pour faciliter et rĂ©ussir dans cette mission, les tests, les ajustements, la planification et l’ensemble des tĂąches prĂ©paratoires rĂ©alisĂ©es avec les utilisateurs prennent tous leur sens ; de leur qualitĂ© dĂ©pendra la rĂ©ussite du projet. Bien que la phase d’implĂ©mentation soit avant tout l’exĂ©cution d’un plan mĂ»rement prĂ©parĂ©, il ne faut pas omettre que la fiabilitĂ© des processus et des systĂšmes dĂ©pend avant tout de l’intervention des hommes qui les pilotent. Parfois, l’application stricte des procĂ©dures prĂ©Ă©tablies peut s’avĂ©rer contre productive et mener Ă  la catastrophe. En effet, bien qu’il soit nĂ©cessaire de s’appuyer sur un plan, il faut Ă©galement conserver la souplesse suffisante pour adapter ses plans initiaux aux alĂ©as de la rĂ©alitĂ© de terrain. Pour cela, la communication joue un rĂŽle primordial. Les acteurs du service informatique et des services « mĂ©tiers » (compta, marketing, production, etc.) doivent absolument partager les problĂ©matiques qu’ils rencontrent afin de trouver rapidement des solutions. DĂšs que la mise en production est effective, il n’est en gĂ©nĂ©ral plus possible de revenir Ă  l’ancien systĂšme. La rĂ©ussite d’un projet de changement du systĂšme d’information dĂ©pend donc beaucoup de sa bonne planification et, ensuite, de la capacitĂ© du chef de projet Ă  activer les bons leviers au bon moment. Durant la phase d’implĂ©mentation, il s’agit donc d’appliquer un plan tout en rĂ©solvant des
  • 26. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 26 / 33 problĂšmes imprĂ©vus en parallĂšle. En outre, il faut Ă©galement garder Ă  l’esprit que le changement peut avoir lieu seulement si les acteurs sont convaincus de sa nĂ©cessitĂ© et s’ils peuvent donner leur avis voire, au mieux, modifier ses contours. La communication, la formation et l’accompagnement sont donc les leviers essentiels de la phase d’implĂ©mentation. En effet, si les utilisateurs sont gagnĂ©s par le doute lorsque l’organisation traversera la « vallĂ©e du dĂ©sespoir », dĂ©crite au chapitre 7 selon une description de MOUTOT et AUTISSIER (2010), l’ensemble du projet risque de vaciller. 8.3. L’évaluation du changement Pour jouer pleinement son rĂŽle d’accompagnement du projet, la conduite du changement doit disposer de ses propres outils de pilotage permettant de suivre la rĂ©alisation des actions planifiĂ©es, de mesurer l’évolution de l’adhĂ©sion au changement et de constater la modification des pratiques quotidiennes. Cette phase d’évaluation est trĂšs importante car elle va mettre la conduite du changement face Ă  une obligation de rĂ©sultat et permettre une autocritique de laquelle dĂ©coulera les actions correctives nĂ©cessaires. Pour rĂ©aliser ce dessein, le chef de projet va produire un tableau de bord du changement qui fera Ă©tat de plusieurs indicateurs renseignant sur l’avancement, l’adhĂ©sion, la comprĂ©hension ou encore la participation au projet. Le premier niveau de gestion est le suivi des actions de conduite du changement planifiĂ©e dĂšs la phase de prĂ©paration du projet. Des indicateurs de suivi des rĂ©alisations sont construits et peuvent, par exemple, se libeller de la maniĂšre suivante :  Nombre de jours formation prĂ©vus / Nombre de jours de formation rĂ©alisĂ©s  Nombre de personnes Ă  former / Nombre de personnes formĂ©es  L’évaluation des personnes formĂ©es (tests de comprĂ©hension, par exemple)  Budget de dĂ©penses / dĂ©penses rĂ©alisĂ©es  Nombre de jour de retard / d’avance sur le planning  Etc. Au-delĂ  des actions entreprises, la rĂ©ussite du projet dĂ©pend Ă©galement du rĂ©sultat de ces derniĂšres et donc de facteurs humains plus difficiles Ă  cerner et Ă  quantifier. Dans certains projets, il peut cependant s’avĂ©rer indispensable de dĂ©terminer des indicateurs pour Ă©valuer le taux de rĂ©sistance et les risques. MOUTOT et AUTISSIER (2010) proposent de calculer quatre indicateurs Ă  intervalles rĂ©guliers en soumettant des questionnaires aux employĂ©s afin d’évaluer :  Le taux d’information du projet  Le taux de comprĂ©hension du projet  Le taux d’adhĂ©sion du projet  Le taux de participation au projet
  • 27. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 27 / 33 AprĂšs le dĂ©ploiement du nouveau systĂšme d’information, les indicateurs se focaliseront essentiellement sur la gestion des anomalies. Ces derniĂšres sont les « erreurs », les « dysfonctionnements » ou les « demandes d’amĂ©lioration » que les utilisateurs transmettront Ă  l’équipe de projet en vue de leur traitement et de leur rĂ©solution. Pour faciliter leur traitement, ces messages peuvent ĂȘtre classĂ©s par types, par ordre de prioritĂ© ou tout autre systĂšme permettant un traitement adĂ©quat et rapide. Les indicateurs liĂ©s aux anomalies peuvent, par exemple, se prĂ©senter de la maniĂšre suivante :  Nombre d’anomalies reçues par jour / semaine / mois  Nombre d’anomalies en cours de traitement / en attente / rĂ©solues  Nombre d’anomalies par types de prioritĂ©  Etc. Malheureusement, les responsables d’un projet de changement d’un systĂšme d’information sont parfois davantage jugĂ©s sur leur capacitĂ© Ă  mettre Ă  disposition un outil fonctionnel plutĂŽt que sur la capacitĂ© des salariĂ©s Ă  utiliser efficacement le nouvel outil mis Ă  disposition. Le premier aspect est certainement trĂšs important, cependant un systĂšme informatique, aussi parfait soit-il, demeure totalement inutile, voire contre productif, si les utilisateurs s’en servent mal ou carrĂ©ment pas. Ainsi, outre le contrĂŽle et le suivi rĂ©alisĂ© sur la base du plan opĂ©rationnel, il est Ă©galement nĂ©cessaire de s’interroger sur la rĂ©alisation des objectifs mĂ©tiers dĂ©finis lors de la phase de prĂ©paration. En effet, si le but du nouveau systĂšme d’information Ă©tait de rĂ©duire les dĂ©lais de livraison de trois jours, il ne s’agit pas seulement de vĂ©rifier que le software fonctionne mais il faudra Ă©galement s’assurer que le dĂ©lai de livraison moyen est dĂ©sormais de trois jours. L’évaluation du changement et son suivi Ă  l’aide d’un tableau de bord et d’indicateurs divers doit permettre d’éviter un enlisement ou, au pire, un Ă©chec du projet. En effet, un bon pilotage basĂ© sur la connaissance accrue des rĂ©alitĂ©s devrait permettre, Ă  tout moment, d’adapter le plan ou d’actionner de nouveaux leviers pour faciliter le dĂ©ploiement. Cependant, si malgrĂ© tous les efforts du chef de projet et de son Ă©quipe le changement semble compromis, MOTWANI (2002) propose de choisir un remĂšde plus radical parmi les solutions suivantes :  RedĂ©finition du projet  Nouvelle maniĂšre de gĂ©rer le projet  Changement de leadership, de chef de projet  DĂ©coupage du projet en phase plus facile Ă  gĂ©rer  Porter davantage d’attention aux problĂšmes spĂ©cifiques 8.4. Analyse du cas MADAR (rĂ©sumĂ© d’AL-SHAMALN, 2011) MADAR est un systĂšme d’information qui a Ă©tĂ© introduit Ă  la King Saud University et dont l’implĂ©mentation a Ă©tĂ© orchestrĂ©e selon une mĂ©thodologie en trois phases dĂ©taillĂ©es ci-dessous.
  • 28. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 28 / 33 Cette Ă©tude de cas, rĂ©digĂ©e par AL-SHAMALN (2011), dĂ©crit le succĂšs du dĂ©ploiement de ce nouvel outil. Selon son enquĂȘte menĂ©e auprĂšs de quarante collaborateurs concernĂ©s par le changement, 100% des utilisateurs ont pu rĂ©aliser plus simplement et plus efficacement leur travail avec la nouvelle solution. Parmi les autres rĂ©sultats probants, il est intĂ©ressant de noter que 96.7% des employĂ©s ayant rĂ©pondu dĂ©clarent ne rencontrer aucune difficultĂ© dans l’utilisation du nouveau systĂšme. Selon AL-SHAMALN (2011), le processus qui a menĂ© Ă  cette rĂ©ussite a Ă©tĂ© le suivant : 1) PrĂ©-implĂ©mentation. Cette phase, ayant durĂ©e huit mois, a dĂ©marrĂ© par une Ă©tude Ă©valuant les compĂ©tences informatiques des employĂ©s. Une campagne d’information (via le magazine interne, le site Web et les e-mails) a Ă©galement Ă©tĂ© lancĂ©e pour informer l’ensemble des employĂ©s de l’UniversitĂ© qui ont Ă©galement pu voter pour dĂ©cider du nom du projet. Ensuite, l’acceptation du nouveau systĂšme ainsi que les facteurs de rĂ©sistances ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s. Cette enquĂȘte a permis de dĂ©terminer le profil des acteurs pouvant ĂȘtre Ă  l’origine des blocages, soit plutĂŽt les hommes avec une anciennetĂ© de plus de 10 ans, rĂ©fractaires aux nouvelles technologies et avec un faible niveau d’éducation. 2) ImplĂ©mentation. Durant l’implĂ©mentation, le chef de projet a sĂ©lectionnĂ© les employĂ©s les plus enthousiastes de chaque dĂ©partement pour devenir les ambassadeurs de MADAR. Ces personnes ont Ă©tĂ© invitĂ©es Ă  participer aux sĂ©ances visant Ă  rĂ©soudre les problĂšmes de rĂ©sistance au changement et ont reçu davantage de formation. Au jour oĂč le cas a Ă©tĂ© Ă©crit, plus de 300 sessions de formation ont dĂ©jĂ  eu lieu auprĂšs de l’ensemble du personnel ! En outre, durant toute la phase d’implĂ©mentation, la communication entre les utilisateurs et le support technique a Ă©tĂ© trĂšs impressionnante (quatre lignes de tĂ©lĂ©phone, e-mails, site Web, forum, visite des top-managers auprĂšs des utilisateurs, etc.) et les ambassadeurs du projet ont Ă©tĂ© chargĂ© du coaching des membres de leur dĂ©partement rencontrant des difficultĂ©s. Durant le projet, l’implication du top-management, et notamment celle du recteur, qui n’ont pas comptĂ©s leur effort, a Ă©galement Ă©tĂ© soulignĂ©e comme Ă©tant un des facteurs dĂ©terminant de la rĂ©ussite. 3) Evaluation. AprĂšs le dĂ©ploiement, le responsable du projet Ă©value hebdomadairement les performances liĂ©es Ă  l’utilisation du systĂšme. Cette derniĂšre donne lieu chaque semaine Ă  une rĂ©union qui permet de discuter des problĂ©matiques en suspens et de dĂ©terminer quels employĂ©s ne sont pas encore suffisamment Ă  l’aise avec le nouveau systĂšme. 9. Conduite du changement et mĂ©thodes agiles Dans son approche sociologique du changement, BERNOUX (2010) considĂšre le changement comme un processus, ainsi cela « signifie que l’on peut comprendre le changement que comme un mouvement, qu’il est irrĂ©aliste de la considĂ©rer comme un rĂ©sultat, mais qu’il doit ĂȘtre compris comme une Ă©volution qui s’inscrit dans la durĂ©e. Cela implique que les concepteurs et les dĂ©cideurs acceptent que le changement n’aille pas exactement lĂ  oĂč ils auraient voulu qu’il aille, qu’ils conduisent parfois Ă  vue ». Cette vision n’est pas sans rappeler les fondamentaux des mĂ©thodes agiles selon lesquels on construit un nouveau programme informatique par itĂ©rations successives sans dĂ©terminer Ă  l’avance un cahier des charges trĂšs rigoureux et un but dĂ©taillĂ©. L’agilitĂ© et les
  • 29. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 29 / 33 mĂ©thodes y relatives sont rĂ©gies par quatre valeurs fondamentales, elles-mĂȘmes dĂ©clinĂ©es en douze principes. Les quatre valeurs sont :  L’équipe. Dans les mĂ©thodes agiles les interactions entre les membres, la communication, la polyvalence et l’esprit d’équipe sont supĂ©rieurs Ă  la notion d’outils et de procĂ©dures de fonctionnement.  L’application. La prioritĂ© est mise sur le bon fonctionnement du logiciel Ă  livrer.  La collaboration. Le client, ou l’utilisateur final, doit ĂȘtre impliquĂ© dans le dĂ©veloppement. Il doit fournir un feed-back rĂ©gulier, clarifier les prioritĂ©s et transmettre les demandes d’adaptations du logiciel.  L’acceptation du changement. Il doit ĂȘtre admis que la planification initiale et la structure du logiciel doivent ĂȘtre adaptables aux demandes de l’utilisateur ou du client. Si l’objectif stratĂ©gique est invariable, la maniĂšre de l’atteindre doit ĂȘtre flexible. Les mĂ©thodes de conduite du changement peuvent ĂȘtre utilisĂ©es comme des leviers pour faciliter la rĂ©ussite du changement mais, dans les organisations soumises Ă  marchĂ©s trĂšs volatiles, elles tendent parfois Ă  devenir un style de management quotidien. Cela est particuliĂšrement vrai lors des projets de nouveaux systĂšmes d’information car les mĂ©thodologies de dĂ©veloppement dites agiles intĂšgrent les leviers de la conduite du changement dĂšs la phase de conception de la solution. Ainsi, lors d’un dĂ©veloppement agile, ce n’est plus l’utilisateur qui devra s’adapter au produit final mais, le produit qui sera construit autour de l’utilisateur. Cette dĂ©marche participative de conception et de dĂ©ploiement permet donc de rĂ©duire trĂšs tĂŽt les facteurs de rĂ©sistance au changement en impliquant et en faisant adhĂ©rer les destinataires du changement trĂšs rapidement. La mise en pratique d’une mĂ©thode agile facilite le dĂ©ploiement du changement car elle oriente la culture de l’entreprise vers l’ouverture aux modifications et Ă  l’adaptation. En effet, on constate que les valeurs de l’agilitĂ© reprennent des facteurs citĂ©s comme Ă©tant les leviers du changement. Nous pensons notamment Ă  la communication, au travail d’équipe, au sentiment d’adhĂ©sion Ă  un projet et Ă  l’apprentissage continu. Cependant, l’application stricte d’une mĂ©thodologie agile devrait se limiter au pĂ©rimĂštre de dĂ©veloppement et ne pas s’entendre Ă  toute l’entreprise. L’organisation dans son ensemble doit uniquement s’inspirer des grands principes de l’agilitĂ© et donner l’autonomie nĂ©cessaire Ă  leur mise en pratique pour favoriser l’émergence puis le dĂ©veloppement du changement. Une organisation ouverte, qui ne se laisse pas enfermer dans des procĂ©dures strictes est plus propice au changement. PlutĂŽt que d’organiser le changement en phases successives, il s’agit d’évoluer vers une vĂ©ritable culture du changement continu. 10. Choisir une mĂ©thodologie de conduite du changement En pratique, la conduite du changement adoptera un style plus ou moins participatif. Cela dĂ©pendra essentiellement du contexte dans lequel l’entreprise Ă©volue mais Ă©galement du type de systĂšme informatique qu’elle souhaite installer. L’environnement influera sur le type de management (directif, participatif, paternaliste, etc.) et par consĂ©quent sur les habitudes de travail et la culture de
  • 30. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 30 / 33 l’entreprise. Quant Ă  eux, les systĂšmes d’informations utilisĂ©s seront adaptĂ©s aux exigences d’une organisation visant prioritairement la satisfaction de la clientĂšle et l’efficacitĂ©. Dans la matrice ci- dessous, nous posons l’hypothĂšse qu’il existe une relation entre l’environnement de l’entreprise et le type de systĂšme d’information qu’elle utilise. Le croisement des axes donne ainsi lieu Ă  quatre zones correspondant Ă  des modes spĂ©cifiques de management de la conduite du changement. Figure IX : Choisir sa conduite du changement L’axe horizontal dĂ©crit l’environnement dans lequel l’entreprise Ă©volue. L’instabilitĂ© reprĂ©sente un contexte dans lequel les changements sont frĂ©quents, les normes, les lois, les produits ou les demandes de la clientĂšle sont susceptibles d’ĂȘtre remise en cause frĂ©quemment. L’entreprise doit donc ĂȘtre en mesure de s’adapter constamment pour ne pas marquer le pas face Ă  la concurrence. A contrario, l’environnement stable est plutĂŽt reprĂ©sentĂ© par une logique de « guerre des prix ». Dans ce cas, l’organisation doit mettre en place des structures peu coĂ»teuses permettant d’atteindre une productivitĂ© et une rentabilitĂ© maximale. L’axe vertical reprĂ©sente le type de systĂšme informatique que l’entreprise choisira pour gĂ©rer son activitĂ© quotidienne. Par « logiciel prĂȘt Ă  l’emploi », nous entendons les solutions vendues par les grands Ă©diteurs tels que Microsoft ou SAP. En thĂ©orie, leurs produits peuvent ĂȘtre installĂ©s et utilisĂ©s sans adaptation majeure et, par consĂ©quent, pour maximiser le ratio coĂ»t / bĂ©nĂ©fice c’est au client de s’adapter aux spĂ©cificitĂ©s du programme informatique. A contrario, le « logiciel ad hoc » est dĂ©veloppĂ© par l’entreprise pour rĂ©pondre Ă  ses propres besoins. Dans ces cas, la solution informatique est construite par les utilisateurs autour d’une rĂ©alitĂ© spĂ©cifique. Bien qu’à priori plus coĂ»teuse, cette mĂ©thode offre une flexibilitĂ© et une adaptabilitĂ© sans commune mesure. La matrice, construite autour de l’hypothĂšse citĂ©e ci-dessus, dĂ©crit quatre zones permettant d’identifier la mĂ©thode de conduite du changement la plus adaptĂ©e aux circonstances. En dĂ©tail, nous distinguons :
  • 31. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 31 / 33 (1) MĂ©thodologie en trois phases. Dans un environnement stable dans lequel les coĂ»ts sont un facteur de dĂ©cision majeur, il est recommandĂ© d’employer une mĂ©thodologie en trois phases pour dĂ©ployer une solution d’éditeur prĂȘte Ă  l’emploi. Ici, le changement de systĂšme informatique s’inscrit clairement dans une optique de transition entre un point A et un point B. Le processus de changement est donc temporaire et il peut s’organiser sur une pĂ©riode de temps limitĂ©e. (2) MĂ©thodologie agile. Dans un environnement instable oĂč le changement est permanent, la capacitĂ© d’adaptation prime sur les coĂ»ts. Dans ce contexte, le changement n’est plus considĂ©rer comme le passage d’un point A vers un point B, car on ne peut souvent pas dĂ©finir Ă  l’avance les contours exacts du point d’arrivĂ©e. Les mĂ©thodologies agiles, appliquĂ©es aux dĂ©veloppements informatiques, permettent de rĂ©pondre Ă  ce contexte particulier dans lequel les prĂ©ceptes de l’entreprise apprenante seront Ă©galement appliquĂ©s pour le management de l’ensemble de l’organisation. (3) Le dilemme ? Pourquoi adopter un systĂšme d’information individualisĂ© et Ă  priori plus cher alors que l’environnement est stable ? Est-ce que nous ne risquons pas de perdre la « guerre des coĂ»ts » en se lançant des dĂ©veloppements spĂ©cifiques ? Est-ce qu’une adaptation de la structure organisationnelle autour d’un systĂšme informatique standard ne serait pas plus rentable ? Dans ce cas, il s’agit de peser l’ensemble des solutions pour choisir le meilleur compromis entre flexibilitĂ© et coĂ»ts. (4) Le danger ! Si l’organisation se trouve enfermĂ©e dans un systĂšme d’éditeur difficile Ă  faire Ă©voluer alors que l’environnement est instable, un changement radical de solution devra ĂȘtre opĂ©rĂ©. Dans ce cas, nous entrons dans une mĂ©thodologie de gestion de crise oĂč des modifications salutaires seront imposĂ©es par le top management. 11. Conclusion et avis personnel Le changement ne doit jamais ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un phĂ©nomĂšne unidimensionnel, il est toujours complexe et se loge dans les interactions entre diffĂ©rents agrĂ©gats qu’il s’agit de considĂ©rer : l’environnement, l’organisation, la culture, les acteurs et les habitudes de travail sont quelques exemples des facteurs Ă  Ă©tudier avant de dĂ©marrer une dĂ©marche de changement. Souvent, nos idĂ©es nous poussent vers une solution de conduite du changement qui nous paraĂźt juste mais, au final, c’est toujours le contexte qui dictera les conditions de la rĂ©ussite. Ainsi, s’il est toujours possible de s’inspirer d’entreprises qui ont rĂ©ussis, il est totalement absurde de vouloir les copier. En effet, les facteurs humains indispensables au succĂšs constituent toujours des Ă©quilibres particuliers qu’il faut traiter de maniĂšre spĂ©cifique. Selon BERNOUX (2010), l’organisation est le rĂ©sultat des compromis rĂ©alisĂ©s entre les diffĂ©rentes personnes qui la compose. En partant de cette affirmation, l’installation d’un nouveau systĂšme informatique n’est donc pas l’unique origine du changement. Ce dernier intervient Ă©galement parce qu’il gĂ©nĂšre de nouvelles maniĂšres de voir et de faire les choses qui remettent parfois en cause les compromis acceptĂ©s et usitĂ©s jusqu’à prĂ©sent. C’est pour cela que la conduite du changement passe
  • 32. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 32 / 33 inĂ©vitablement par une ou plusieurs phases de gestion des ressources humaines. La dimension humaine est primordiale dans un projet de changement, rien ne peut se faire sans la participation des salariĂ©s et l’acceptation du nouveau systĂšme par les utilisateurs. En effet, les hommes auront toujours le choix d’accepter, de refuser ou de saboter le projet. La prise en compte de leur opinion est donc importante tout au long du processus. L’environnement actuel semble alimenter le besoin de changement. Son rythme devient de plus en plus rapide et de nombreux auteurs dĂ©crivent des mĂ©thodes favorisant le changement continu en organisation. Dans le domaine de l’informatique, les mĂ©thodologies agiles sont un exemple marquant de la mise en pratique de styles de management permettant d’ĂȘtre trĂšs rĂ©actif grĂące notamment Ă  une communication, une responsabilisation et une autonomie accrue. Si ces mĂ©thodes rĂ©pondent aux fantasmes des managers souhaitant une adaptabilitĂ© totale et permanente, elle se transpose trĂšs mal aux principes de la psychologie humaine. En effet, le mouvement perpĂ©tuel ne cadre pas avec les besoins de l’individu qui, lors d’un processus de transition, recherche des repĂšres et des Ă©tapes auxquels se raccrocher 
 12. Bibliographie [1] ALADWANI Adel M. Change management strategies for succesful ERP implementation. Business Process Management Journal [en ligne], Vol. 7, No 3, 2001, pages 266 Ă  275. http://www.emeraldinsight.com/journals.htm?articleid=843482 [2] AL-SHAMALN Hala M. et AL-MUDIMIGH Abdullah S. The Chang Management Strategies and Processes for Successful ERP Implentation : A Case Study of MADAR. International Conference on Computer Communication and Management [en ligne], Proc. Of CSIT vol. 5, Singapore, 2011. http://www.ipcsit.com/vol5/78-ICCCM2011-C024.pdf [3] AUTISSIER David, VANDANGEON Isabelle, VAS Alain. Conduite du changement : concepts- clĂ©s: 50 ans de pratiques issues des travaux de 25 grands auteurs. Editions Dunod, 21 avril 2010, 248 pages. [4] BERNOUX Philippe. Sociologie du changement dans les entreprises et les organisations. Editions Points, 11 fĂ©vrier 2010, 368 pages. [5] COLOMBUS CONSULTING SAS. Livre blanc : 7 clĂ©s pour rĂ©ussir la conduite du changement des projets de systĂšmes d’informations dans le secteur de la santĂ©. Columbus Consulting SAS, mai 2010, 12 pages. [6] HENNEBERT JEAN. Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des systĂšmes d’information. HES-SO Master, support de cours 2012. [7] KANSAL Vineet. The Enterprise Systems Implementation : An Integrative Framework. The Review of Business Information Systems [en ligne], Vol. 10, No 2, second trimestre 2006, pages 21 Ă  27. http://www.journals.cluteonline.com/index.php/RBIS/article/view/5322 [8] KENETT Ron S. et RAPHAELI Orit. Multivariate Methods in Enterprise System Implementation, Risk Management and Change Management. Int. J. Risk Assessment and Management [en ligne], Vol. 9, No 3, 2008, pages 258 Ă  276.
  • 33. Master HES-SO Gestion intĂ©grĂ©e du dĂ©veloppement des SI FSP, janvier 2013 Projet personnel Page 33 / 33 http://kpa.co.il/english/publications/documents/KenettonMultivariateRiskAnalysisIJRAM20 08.pdf [9] MOTWANI Jaideep et al. Successful Implementation of ERP projects : Evidence from two case studies. International journal of production economics [en ligne], No 75, 2002, pages 83 Ă  96. http://wwwkrcmar.informatik.tu- muenchen.de/lehre%5Clv_materialien.nsf/intern01/7394346C17575A26C1256E2A005731C 3/$FILE/0061%20Motwani%20et%20al.%20Successful%20implementation%20of%20ERP%2 0projects.pdf [10] MOUTOT Jean-Michel, AUTISSIER David, LELOUP Robert. MĂ©thode de conduite du changement : Diagnostic, accompagnement, pilotage. Editions Dunod, 2Ăšme Ă©dition, 10 fĂ©vrier 2010, 246 pages. [11] ROGERS Everett. Figure : Diffusion of innovations, based on Rogers, 1962, Diffusion of innovations. Free Press, London, NY, USA. [en ligne]. http://en.wikipedia.org/w/index.php?title=File:Diffusion_of_ideas.svg&page=1 (consultĂ©e le 27.10.2012) [12] THE STANDISH GROUP REPORT. CHAOS. The Standish Group, 1995. [13] TONNELE Arnaud. 65 outils pour accompagner le changement individuel et collectif. Editions Eyrolles, 10 mars 2011, 380 pages. [14] WIKIPEDIA. MĂ©thode agile – WikipĂ©dia [en ligne]. http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9thode_agile (consultĂ© le 28 novembre 2012).