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La conduite du changement lors du déploiement
dâun systĂšme dâinformation
Spada Fabrice, janvier 2013
Résumé
Le dĂ©ploiement dâun systĂšme dâinformation est souvent considĂ©rĂ© comme un projet purement
technique et les aspects organisationnels et humains sont parfois nĂ©gligĂ©s. LâarrivĂ©e dâun nouvel outil
informatique peut cependant profondément modifier la maniÚre de réaliser un travail et, par
consĂ©quent, lâorganisation de lâentreprise et les mĂ©tiers. Ne pas prendre en compte le phĂ©nomĂšne
de résistance au changement des collaborateurs et sous-estimer les conséquences organisationnelles
peut donc conduire Ă lâĂ©chec.
La conduite du changement est intimement liĂ©e Ă la documentation de lâapplication, Ă la formation
des collaborateurs aux nouveaux modes opératoires et à la communication axée sur la globalité du
projet. Cependant, bien que ces aspects soit totalement indispensables, ils ne suffisent pas Ă garantir
le succĂšs de la dĂ©marche. Il sâagit Ă©galement dâanticiper les modifications structurelles de
lâorganisation et les risques de rejets inhĂ©rents en intĂ©grant la dimension sociale lors de la
planification et le déploiement du projet.
Dans le cadre de ce travail, outre une description des bases de la conduite du changement, nous
tentons de mettre Ă jour les facteurs dâĂ©chec ainsi que les facteurs de succĂšs rencontrĂ©s lors dâun
projet de dĂ©ploiement dâun nouveau systĂšme dâinformation. Nous nous inspirons Ă©galement de
plusieurs méthodes et outils de gestion du changement, intégrant les aspects organisationnels et
sociaux, pour exposer deux pratiques génériques de conduite du changement. Pour conclure, nous
proposons une matrice permettant dâidentifier la mĂ©thodologie de conduite du changement Ă
appliquer en fonction de lâenvironnement de lâentreprise et du type de systĂšme informatique.
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PREMIERE PARTIE â LES BASES DE LA CONDUITE DU CHANGEMENT
1. Introduction ..................................................................................................................... 4
2. Quâest-ce que le changement et sa conduite ?............................................................... 5
3. La typologie du changement ........................................................................................... 7
SECONDE PARTIE â LES MECANISMES DU CHANGEMENT
4. Identification des facteurs dâĂ©chec et de succĂšs .......................................................... 10
4.1. Constat dans le développement de systÚmes informatiques ................................ 10
4.2. Constat dans le déploiement de systÚmes informatiques ..................................... 12
4.3. SynthĂšse et conclusion relatives aux facteurs dâĂ©chec et de succĂšs...................... 12
5. Les leviers de la conduite du changement.................................................................... 13
5.1. La culture dâentreprise............................................................................................ 14
5.2. Lâacteur, le rĂŽle et le sens....................................................................................... 15
5.3. Lâaccompagnement et la formation ....................................................................... 17
5.4. La communication et la dynamique de groupe...................................................... 19
6. La résistance au changement ........................................................................................ 19
7. La planification et les coûts ........................................................................................... 21
TROISIEME PARTIE â LA PRATIQUE DU CHANGEMENT
8. La conduite du changement en trois phases ................................................................ 23
8.1. La préparation du changement .............................................................................. 23
8.2. LâimplĂ©mentation du changement ......................................................................... 25
8.3. LâĂ©valuation du changement .................................................................................. 26
8.4. Analyse du cas MADAR (rĂ©sumĂ© dâAL-SHAMALN, 2011)........................................ 27
9. Conduite du changement et méthodes agiles.............................................................. 28
QUATRIEME PARTIE â APPORT PERSONNEL
10. Choisir une méthodologie de conduite du changement .............................................. 29
11. Conclusion et avis personnel......................................................................................... 31
12. Bibliographie.................................................................................................................. 32
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Liste des figures
I. La balance du changement............................................................................................... 5
II. Les lieux de changement.................................................................................................. 6
III. La matrice des changements............................................................................................ 8
VI. Classification des outils et méthodes............................................................................. 13
V. Courbe de diffusion des innovations.............................................................................. 16
VI. Matrice des styles pédagogiques ................................................................................... 18
VII. La courbe en S de la conduite du changement .............................................................. 22
VIII. Matrice de criticité ......................................................................................................... 24
IX. Choisir sa conduite du changement............................................................................... 30
Liste des tableaux
I. Tableau I : ModÚle de préoccupation............................................................................. 17
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PREMIERE PARTIE â LES BASES DE LA CONDUITE DU CHANGEMENT
1. Introduction
La notion de changement est connue de tous et, si nous partons du principe que dans lâunivers rien
nâest immuable, nul ne peut y Ă©chapper durablement. Parmi les thĂšmes qui font lâactualitĂ©, nous
pouvons, par exemple, citer le vieillissement, auquel nous ne pouvons pas nous soustraire, les
changements climatiques, les changements génétiques (OGM, clonage), les changements
technologiques (informatique, Ă©nergie), les changements politiques (« le changement câest
maintenant », selon François Hollande), les changements économiques (crise financiÚre, crise de
lâEuro), et la liste nâest de loin pas exhaustive. Dans le cadre de cet article, nous allons cependant
explorer uniquement les changements organisationnels survenant en entreprise lorsque cette
derniĂšre adapte, tant bien que mal, ses systĂšmes dâinformation pour assurer sa pĂ©rennitĂ© dans un
environnement subissant lui-mĂȘme de constantes mutations.
Dans le domaine de lâĂ©conomie et des entreprises, le rythme des changements sâest accĂ©lĂ©rĂ© durant
le vingtiÚme siÚcle ; les opportunités technologiques, la libéralisation des marchés au niveau
mondial, les cycles de vie toujours plus courts des produits sont les causes le plus souvent citées pour
expliquer ce phénomÚne. Dans le domaine technologique, les auteurs ont cependant démontré que
lâinnovation et la nouveautĂ© ne suffisent pas Ă engendrer un changement organisationnel. En effet,
aussi géniales soient elles, si les individus ne leur donnent pas un sens, les inventions demeureront
purement inutiles. Ainsi, pour quâune technologie nouvelle gĂ©nĂšre un changement, il faut que les
individus lui trouvent un sens puis quâils lâutilisent pour servir leur but. Dans le monde de
lâentreprise, le changement est donc intimement liĂ© aux individus, Ă leur interprĂ©tation, Ă leur
volonté et à leur but.
Les contours de lâimplantation dâun nouveau systĂšme informatique ne peuvent donc pas ĂȘtre limitĂ©s
Ă la description technique et mĂ©canique du remplacement dâun outil par un autre plus rĂ©cent. En
effet, les nouvelles contraintes engendrĂ©es par un systĂšme dâinformation (par exemple un ERP) vont
imposer aux utilisateurs une modification de leur pratique, de leurs compétences et de leurs liens
sociaux au sein de lâentreprise ; la technologie devient ainsi un prĂ©texte pour faire Ă©voluer
lâorganisation. Ces transformations, directement liĂ©es aux acteurs, nĂ©cessitent de leur part un temps
dâacceptation et dâadaptation, plus au moins consĂ©quent selon les cas, avant que lâentreprise puisse
bénéficier pleinement des fonctionnalités du nouvel outil.
Sur la base de ce constat, lâenjeu des dirigeants et du management est donc de minimiser les impacts
des phases dâadaptation et dâacceptation pour que les activitĂ©s courantes de la sociĂ©tĂ© puissent
continuer sans heurt. A cette fin, la conduite du changement propose des méthodologies et des
outils permettant dâatteindre ce but voire dâaller au-delĂ , en construisant une culture du
changement. Selon KANSAL (2006), les contraintes dâun projet de changement de systĂšme
dâinformation se dĂ©clinent en cinq catĂ©gories : techniques, organisationnelles, humaines, financiĂšres
et temporelles. Dans le cadre de cet article, nous allons volontairement laisser les aspects techniques
de cÎté pour nous concentrer sur les aspects humains et organisationnels.
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2. Quâest-ce que le changement et sa conduite ?
Le changement est intimement liĂ© Ă la stabilitĂ© car il permet de qualifier le mouvement qui sâoppose
à elle. Au début du XXÚme
siÚcle, les entreprises scientifiquement organisées, selon les principes de
Taylor, avaient un but de stabilité et de maßtrise de leur organisation afin de maximiser la production
et de diminuer les coĂ»ts. Cependant, aujourdâhui, les innovations technologiques rapides,
lâinternationalisation de la concurrence et la volatilitĂ© de la clientĂšle font entrer les entreprises dans
un tourbillon de changements permanents auxquels il faut pouvoir ou, mieux, savoir sâadapter.
Pour constater lâampleur du phĂ©nomĂšne, il suffit de penser Ă la part dâactivitĂ©s gĂ©rĂ©e en mode
« récurrent » et à la part gérée en mode « exception ou projet ». La mise en place de procédures
dâexception ou de groupes de projet pour rĂ©pondre Ă une demande spĂ©cifique rĂ©pond Ă des besoins
issus dâun changement par rapport Ă une norme Ă©tablie. A ce propos, un des plus gros
consommateurs de moyens destinĂ©s Ă la gestion de projet est lâinformatique : installation de
nouvelles versions logicielles, développement de nouvelles fonctionnalités ou changement radical de
technologie sont autant dâexemples de mutations qui nâentrent pas dans un flux rĂ©current et
organisĂ© par des procĂ©dures routiniĂšres. Cependant lâensemble des exemples ci-dessus ont un point
commun : nous pouvons identifier le début de la démarche, son but et sa fin. Ainsi, nous définirons le
changement comme le processus qui mĂšne dâun point A vers un point B et cela mĂȘme si le point B
nâest pas trĂšs clairement identifiĂ© dĂšs le dĂ©part.
Si nous appliquons à la lettre le dicton « nous savons ce que nous laissons, mais pas ce que nous
allons trouver » le mode par défaut des hommes est le statu quo. La condition préalable à tout
changement est donc la volontĂ© de changer son Ă©tat actuel. Cette volontĂ© peut ĂȘtre exprimĂ©e,
globalement ou individuellement, par lâensemble des acteurs de lâentreprise : exĂ©cutants, dirigeants
ou cadres intermédiaires et elle est souvent influencée par des facteurs externes tels que le cadre
lĂ©gal, la concurrence, lâĂ©volution technologique, etc. Si la stabilitĂ© se traduit par un confort offert par
les routines, les habitudes et la sĂ©curitĂ© dâun existant connu et maĂźtrisĂ© et le fait de changer
représente quant à lui un risque. Alors pourquoi éprouvons-nous le besoin de se lancer dans un
processus inconfortable qui nous conduira vers une solution nouvelle et abstraite ?
Figure I : La balance du changement (MOUTOT et AUTISSIER., 2010)
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La balance du changement ci-dessus, proposĂ©e par MOUTOT et AUTISSIER (2010), illustre quâen
fonction du niveau de risque perçu par les acteurs, leur volonté penchera du cÎté du statu quo ou du
changement. Par exemple, lorsque lâexistant est menacĂ© par un environnement en trop grand
décalage avec les pratiques actuelles, la stabilité peut mettre les acteurs dans une forte situation
dâinconfort. Par consĂ©quent, ils prĂ©fĂ©reront se soumettre Ă une transformation de leurs habitudes en
vue dâatteindre un Ă©quilibre futur.
Quel que soit lâexemple choisi, le changement reprĂ©sente toujours une rupture dans le
fonctionnement habituel et, selon lâampleur du projet, lâensemble des Ă©lĂ©ments suivants de
lâentreprise peuvent ĂȘtre concernĂ©s :
Figure II : Les lieux de changement (MOUTOT et AUTISSIER, 2010)
La conduite du changement met à disposition des méthodes et des outils qui permettront de gérer la
transition menant dâune situation initiale vers une destination souhaitĂ©e. Elle vise Ă faire adhĂ©rer au
processus les destinataires et les bénéficiaires du changement. Selon AUTISSIER et al. (2010), « le
terme conduite du changement a vu le jour essentiellement avec les projets informatiques et plus
particuliĂšrement avec les projets dâimplantation des progiciels de gestion intĂ©grĂ©s (PGI ou ERP) ». En
effet, lorsque les éditeurs informatiques (par exemple SAP) ont mis sur le marché des solutions « clé
en main », les dirigeants dâentreprise sont entrĂ©s dans une logique oĂč les tĂąches ont dĂ» sâadapter aux
systĂšmes informatiques.
Lâadoption dâun nouvel outil de type ERP gĂ©nĂšre inĂ©vitablement des nouvelles pratiques et de
nouvelles conditions de travail pour les collaborateurs. Au-delà , les possibilités offertes par les
nouvelles technologies peuvent Ă©galement modifier les mĂ©tiers et la stratĂ©gie dâune entreprise et, Ă
terme, sa culture. La conduite du changement vise donc Ă encadrer cette transition pour quâelle
puisse se dĂ©rouler sans compromettre lâaccomplissement des activitĂ©s quotidiennes de la sociĂ©tĂ©.
Il existe plusieurs approches et outils pour mener Ă bien la conduite du changement. En fonction du
type de projet Ă mener et de la culture de lâentreprise, nous pouvons privilĂ©gier une approche Ă une
autre ou, au contraire, appliquer plusieurs méthodes et outils simultanément. Dans un premier
temps, il est donc important de réaliser un diagnostic pour déterminer quelle approche sera
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privilégiée pour le cas auquel nous sommes confrontés. En outre, en cours de projet, il sera
également nécessaire de réévaluer ses choix initiaux en fonction des résultats constatés et, au
besoin, dâapporter des corrections. En matiĂšre de conduite du changement, MOUTOT et AUTISSIER
(2010) distinguent quatre approches :
ï Lâapproche projet. Nous sommes ici en prĂ©sence dâune organisation en mode projet pilotĂ©e
par une équipe ad hoc. Dans ce cas, la conduite du changement sera intégrée dans les tùches
du groupe de projet et, en général, elle se limitera à des actions de communication et de
formation des utilisateurs.
ï Lâapproche intĂ©grĂ©e. Il sâagit des mĂ©thodes proposĂ©es par les cabinets de consultants
consistant à dérouler une méthodologie standard développée par eux. En général, ces
mĂ©thodes sont divisĂ©es en trois phases : lâĂ©tude dâimpact, le plan de communication et le
plan de formation.
ï Lâapproche psychosociologique. Les mĂ©thodologies qui sây rapportent sont proposĂ©es par
des spĂ©cialistes en ressources humaines ou des sociologues. Elles sâappuient sur lâĂ©tude
comportementale des acteurs dâune organisation en vue dâĂ©viter les blocages (rĂ©sistance au
changement), dâaugmenter lâadhĂ©sion et dâassurer la participation au projet.
ï Lâapproche instrumentalisĂ©e. Dans ce cas, les spĂ©cialistes de la gestion du changement sont
des collaborateurs de lâentreprise qui maĂźtrisent parfaitement les rouages de lâorganisation
et la conduite du changement. Ainsi, en fonction des projets, ils pourront déployer la
méthodologie et les outils adaptés au contexte.
Ces différentes approches issues de différentes disciplines (management, sociologie et psychologie)
dĂ©montrent que la maniĂšre dâapprĂ©hender et de gĂ©rer le changement en entreprise peut varier.
MOUTOT et AUTISSIER (2010) diffĂ©rencient dâailleurs trois types de management distincts. Le
premier est axé sur la collaboration et la participation des acteurs, le second fait la part belle à la
formation et Ă la communication et le troisiĂšme sâapplique lorsque les circonstances exigent une
intervention non négociable des dirigeants. Cette pluralité des approches et des styles de
management nous mĂšne Ă la conclusion quâil existe, au sein des entreprises, diffĂ©rents types de
changement quâil sâagit de traiter de maniĂšre adĂ©quate.
3. La typologie du changement
AUTISSIER et al. (2010) proposent de classifier le changement selon une matrice Ă deux axes qui
dĂ©limitent quatre types distincts. Le premier axe se dĂ©ploie entre la rupture, soit lâobligation pour
lâorganisation de mettre en Ćuvre un changement radical pour assurer sa pĂ©rennitĂ©, et le
changement permanent, soit une culture dâentreprise ouverte et apprenante dans laquelle les
collaborateurs ont suffisamment dâautonomie pour sâadapter quotidiennement Ă des situations
nouvelles et oĂč le changement nâest pas perçu comme une rĂ©volution.
Le second axe est celui des contraintes, est-ce que le changement est négociable ou est-il imposé ?
Des causes externes sont souvent citées pour justifier une décision de changement, la concurrence,
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les nouvelles technologies, la demande volatile des clients, etc. « sâadapter ou mourir » est devenu
un prĂ©cepte du management. Cependant, BERNOUX (2010) avance quâil nây a pas de changement
sans volontĂ© des acteurs. Par consĂ©quent, mĂȘme sâil est largement influencĂ© par un environnement
en mutation, le changement demeure la dĂ©cision dâun individu ou dâun groupe dâindividus. Les
initiateurs devront ensuite faire adhĂ©rer lâensemble des membres de lâorganisation Ă leur idĂ©e du
futur ou, à défaut, se séparer de certaines personnes bloquantes pour imposer leur vision.
Figure III : La matrice des changements (AUTISSIER et al., 2010)
Le changement continu
Lâadaptation permanente permet de dĂ©passer la vision « projet unique avec un dĂ©but, un but Ă
atteindre et une fin » pour inscrire la transformation comme un fonctionnement à part entiÚre de
lâorganisation. La mutation de lâorganisation se dĂ©roule en appliquant un processus incrĂ©mental et
continu, sans quâil soit jamais nĂ©cessaire dâenvisager un changement rapide et radical. Dans ce type,
on est loin de lâhypothĂšse selon laquelle les dirigeants prennent des dĂ©cisions justes et rationnelles.
Ici, les changements se construisent sur le terrain dans les interactions entre individus qui appliquent
des solutions résolvant leurs problématiques quotidiennes.
Ce type de changement sâinscrit dans les approches organisationnelles de « lâentreprise apprenante »
et, au niveau des dĂ©veloppements informatiques, nous retrouvons les valeurs et principes de lâagilitĂ©.
Il sâagit de capitaliser sur la valeur humaine et sa capacitĂ© Ă faire face Ă des situations imprĂ©vues. En
effet, dans un processus de changement continu nous connaissons le point de dĂ©part mais lâarrivĂ©e,
les contours du chemin à suivre et la durée du voyage demeurent trÚs souvent des inconnues. Seule
la stratĂ©gie est dĂ©terminĂ©e et les collaborateurs doivent disposer de suffisamment dâautonomie pour
mettre en Ćuvre les moyens nĂ©cessaires Ă sa rĂ©alisation.
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Le changement organisé
Lâautonomisation des collaborateurs et la non-formalisation des plans opĂ©rationnels peuvent poser
des problĂ©matiques de management. En effet, le type de culture dâentreprise citĂ© au point prĂ©cĂ©dent
peut sâavĂ©rer perturbant pour certains dirigeants qui auront lâimpression de naviguer Ă vue et
Ă©galement pour certains collaborateurs qui ne souhaitent pas sâimpliquer et prendre des dĂ©cisions.
Le changement organisĂ© permet dâoffrir une possibilitĂ© dâexpression aux collaborateurs (cercles
qualité par exemple) mais impose également un filtre qui permettra aux dirigeants de sélectionner
uniquement les changements en ligne avec les objectifs préétablis. Une démarche en quatre étapes
est proposée :
1) Définir clairement le problÚme à résoudre
2) Examiner les solutions dĂ©jĂ essayĂ©es et qui nâont pas fonctionnĂ©
3) DĂ©finir clairement le changement auquel on souhaite aboutir
4) Formuler et mettre en Ćuvre un projet pour effectuer le changement
Le changement proposé
Dans le cas du changement proposé, se sont les cadres intermédiaires qui tiennent le rÎle principal.
En effet, lorsquâune modification radicale, faisant suite Ă une dĂ©cision du top management, doit ĂȘtre
opĂ©rĂ©e dans lâorganisation de lâentreprise, câest Ă eux dâimplĂ©menter la nouvelle orientation. A
lâinverse, lorsque se sont les collaborateurs qui souhaitent imposer une transformation au top
management, câest Ă nouveau les cadres intermĂ©diaires qui devront rendre les propositions et les
initiatives attractives pour convaincre. Quâimporte le lieu oĂč il trouve ses racines, un changement par
la rupture ne peut faire lâimpasse dâune nĂ©gociation entre les diffĂ©rents groupes dâacteurs.
Le changement proposé est donc avant tout un long processus de négociation entres les différents
acteurs de lâorganisation. Chaque membre, aux deux extrĂ©mitĂ©s de la hiĂ©rarchie, devra trouver un
sens dans le changement et adhérer à la nouvelle stratégie. Dans ce contexte, les cadres
intermédiaires jouent souvent un rÎle clé dans les négociations car ce sont eux qui, au final,
disposent du pouvoir de faire appliquer tout, ou partie, de la nouvelle stratégie.
Le changement dirigé
Face Ă lâinadĂ©quation entre le fonctionnement de lâentreprise et son environnement, tout bon
dirigeant réagit en changeant la stratégie, les systÚmes de gestion ou la structure organisationnelle.
De part son caractÚre radical et unilatéral, le changement dirigé est considéré comme un moyen
dâassurer la survie de lâorganisation et dâamĂ©liorer ses rĂ©sultats Ă court terme. Les dĂ©cisions prises
peuvent ĂȘtre un changement dâactivitĂ©, une transformation du but stratĂ©gique pour rĂ©pondre Ă une
nouvelle vision des dirigeants ou lâimplĂ©mentation dâune politique de redressement afin de rĂ©pondre
Ă une situation de crise grave.
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Dans le cas du changement dirigé, les décisions sont radicales et non négociables. Les différents
acteurs prĂ©sents dans lâorganisation doivent donc adhĂ©rer aux dĂ©cisions imposĂ©es ou envisager leur
départ. En outre, le top management devra également se questionner sur la capacité des
collaborateurs actuels Ă fonctionner dans la nouvelle entreprise. En effet, il nâest pas garanti que les
recettes qui ont fonctionnĂ© jusquâĂ prĂ©sent continueront Ă porter des fruits aprĂšs la refonte de
lâentreprise. Les dommages humains sont donc souvent assez importants lorsque ce type de
changement en mis en pratique.
SECONDE PARTIE â LES MECANISMES DU CHANGEMENT
4. Identification des facteurs dâĂ©chec et de succĂšs
Dans ce chapitre, nous Ă©numĂ©rerons les rĂ©sultats et constatations publiĂ©es par diffĂ©rents auteurs Ă
propos des facteurs dâĂ©chec et de succĂšs de projets de changement et, plus particuliĂšrement, ceux
mettant en cause les systĂšmes dâinformation. Nous soulignons que cette partie nâest pas exhaustive
et ne relĂšve pas dâun travail rigoureux dâidentification des facteurs dâĂ©chec et de succĂšs. Tout au
plus, une méthodologie scientifique a été réalisée en amont par les auteurs cités qui sont donc seuls
responsables des résultats et chiffres publiés.
En matiÚre de mesure des résultats obtenus lors de projets informatiques, il existe plusieurs chiffres
dont ceux publiés dans une étude du Gartner Group en 2004 (citée par MOUTOT et AUTISSIER, 2010)
qui relevait que :
ï 25% des projets gĂ©nĂšrent les bĂ©nĂ©fices escomptĂ©s alors que
ï 66% des projets dĂ©passent le budget, accumulent du retard ou ne dĂ©ploient pas les
fonctionnalités prévues dans le cahier des charges initial.
En 1995, le Standish Group avançait des chiffres encore plus dramatiques dans un rapport baptisé
« chaos ». En effet, selon lui seulement 16.2% des projets de développement informatique sont un
succĂšs alors que 83.8% nâont pas atteint leur but ou sont en Ă©chec total. Pourquoi les projets
informatiques conduisent-ils aussi souvent Ă lâĂ©chec ? Quelles sont les facteurs auxquels il faut ĂȘtre
attentif ? Sont-ils purement techniques ou sont-ils également liés aux aspects de conduite du
changement ?
4.1. Constat dans le développement de systÚmes informatiques
En 1995, « The Standish Group » propose un état des lieu et une méthodologie pour identifier les
principales causes dâĂ©chec ainsi que les recettes permettant de rĂ©duire les Ă©cueils dans le domaine
du développement informatique. A cette fin, un échantillon de 365 interlocuteurs représentant 8'380
applications a été retenu dans des entreprises de divers domaines et de tailles différentes. Dans un
premier temps, les projets analysĂ©s ont Ă©tĂ© rĂ©partis dans lâune des catĂ©gories suivantes :
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1) Type 1 : le projet est un succĂšs. Il a Ă©tĂ© terminĂ© Ă temps, dans le budget, avec lâensemble des
caractéristiques et des fonctions initialement spécifiées.
2) Type 2 : le projet est contestable. Il est terminé et opérationnel, mais le budget et les délais
nâont pas Ă©tĂ© respectĂ©s. En outre, les caractĂ©ristiques et les fonctions initialement spĂ©cifiĂ©es
ont été revues à la baisse.
3) Type 3 : le projet est un échec. Il a été abandonné à un certain point du cycle de
développement.
La premiĂšre constatation marquante est que, sur lâensemble des projets Ă©tudiĂ©s, le taux de succĂšs
nâest que de 16.2% contre 31.1% de projets abandonnĂ©s et 52.7% de projets contestables. Dans le
détail, si on regroupe les projets de « type 2 » et de « type 3 », on découvre que le dépassement
moyen des coûts est de 189% et que le dépassement des délais est en moyenne de 222%. Dans les
projets contestables, en moyenne, câest seulement 61% des fonctionnalitĂ©s et caractĂ©ristiques
décrites initialement qui sont disponibles au final. Face à un tel constat, la question qui se pose
immédiatement est « pourquoi ?».
Pour fournir des rĂ©ponses, les enquĂȘteurs du « The Standish Group » ont Ă©galement interrogĂ© les
responsables IT pour recueillir leur opinion sur les facteurs favorisant le succĂšs ou lâĂ©chec dâun projet.
Pour chacun de ces deux points, les dix facteurs les plus citĂ©s sont listĂ©s ci-dessous. Il est dâores et
déjà intéressant de noter que les cinq premiers facteurs de succÚs apparaissent également comme
un des dix facteurs dâĂ©chec possible. Ainsi nous avons mis entre parenthĂšses la position du facteur
identique dans la liste opposée.
Liste des dix principaux facteurs favorisant le succĂšs :
1. Implication des utilisateurs ................................................................15.90% (Echec 2)
2. Soutien de la direction et des cadres .................................................13.90% (Echec 5)
3. Enoncé claire des exigences ...............................................................13.00% (Echec 1)
4. Bonne planification...............................................................................9.60% (Echec 7)
5. Attentes réalistes..................................................................................8.20% (Echec 4)
6. Projet divisé en petites étapes .............................................................7.70% (-)
7. Compétence des collaborateurs...........................................................7.20% (-)
8. Ownership ..............................................................................................5.3% (-)
9. Vision et objectifs clairs..........................................................................2.4% (-)
10. Travail et équipe dédiée.........................................................................2.4% (-)
Autres (pour un total de 100%)............................................................13.9% (-)
Liste des dix principaux facteurs favorisant lâĂ©chec :
1. Enoncé des exigences incomplÚtes....................................................13.10% (SuccÚs 3)
2. Manque dâimplication des utilisateurs...............................................12.40% (SuccĂšs 1)
3. Manque de ressources .......................................................................10.60% (-)
4. Attentes irréalistes ...............................................................................9.90% (SuccÚs 5)
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5. Manque de soutien de la direction et des cadres................................9.30% (SuccĂšs 2)
6. Changement des exigences et des spécifications ................................8.70% (-)
7. Planification déficiente.........................................................................8.10% (SuccÚs 4)
8. Le besoin nâexiste plus..........................................................................7.50% (-)
9. Manquement dans le management des IT...........................................6.20% (-)
10. Incompétence technologique...............................................................4.30% (-)
Autres (pour un total de 100%)............................................................9.90% (-)
4.2. Constat dans le déploiement de systÚmes informatiques
Lorsque lâon traite du dĂ©ploiement dâun nouveau systĂšme dâinformation, une littĂ©rature abondante
alimentĂ©e par de nombreux auteurs met en Ă©vidence lâimportance du phĂ©nomĂšne de rĂ©sistance au
changement. Nous consacrerons dâailleurs un chapitre entier Ă ce thĂšme qui, selon AL-SHAMALN
(2011), représente la majeure partie des échecs. Dans son approche sociologique, BERNOUX (2010)
utilise les mots « rĂ©sistance au changement » mais ne la considĂšre pas comme un facteur dâĂ©chec en
soit. Pour lui, la rĂ©sistance au changement doit plutĂŽt ĂȘtre interprĂ©tĂ©e en analysant le jeu des acteurs
qui refusent de déplacer les lignes.
Pour BERNOUX (2010), la rĂ©ussite dâun projet de changement passe par lâattribution aux salariĂ©s dâun
vĂ©ritable rĂŽle et dâune possibilitĂ© dâinfluer sur le changement. En effet, la modification devient
acceptable que si les exĂ©cutants se lâapproprient et quâils comprennent son intĂ©rĂȘt. Aucun
changement ne peut avoir lieu si les collaborateurs qui le mettent en Ćuvre ne lui donnent pas un
sens. BERNOUX souligne Ă©galement lâimportance du rĂŽle de la direction et de la culture dâentreprise.
Selon lui, une organisation qui nâest pas Ă©touffĂ©e par des procĂ©dures, les rĂšgles et la hiĂ©rarchie sera
plus encline à réussir le changement prévu.
Le changement est lâapprentissage dâune nouvelle maniĂšre de procĂ©der. Par consĂ©quent, nous
retrouvons fréquemment la formation parmi les leviers permettant le succÚs. La communication, par
la mise en place de groupes dâĂ©changes multidisciplinaires ou via un plan de communication inspirĂ©
par les techniques du marketing sont également cités dans les facteurs menant à la réussite.
Finalement, KANSAL (2006) relÚve que la sous estimation du temps nécessaire au changement du
systĂšme dâinformation est trĂšs frĂ©quent. De plus, une mauvaise estimation des frais de consultant,
de formation, de conversion des donnĂ©es, dâintĂ©gration du logiciel, de tests et de dĂ©veloppement de
modules ad hoc peut causer des retards et des surcoûts.
4.3. SynthĂšse et conclusion relatives aux facteurs dâĂ©chec et de succĂšs
Parmi lâensemble des facteurs de succĂšs et dâĂ©chec relevĂ©s dans les sources mentionnĂ©es ci-dessus, il
est intĂ©ressant de noter que les aspects techniques et technologiques ne sont citĂ©s quâune seule fois
en dixiĂšme position seulement dans la liste des facteurs dâĂ©chec dressĂ©e par le Standish Group.
Devons-nous pour autant conclure Ă une fiabilitĂ© des systĂšmes informatiques telle quâelle ne peut
influer sur la finalitĂ© dâun projet ? Nous ne le pensons pas. Cependant, il est indispensable de
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souligner que le principal facteur de rĂ©ussite dâun projet de changement de systĂšme dâinformation
nâest pas liĂ© Ă lâinformatique mais aux hommes qui devront dĂ©velopper et utiliser le nouvel outil.
Si lâintroduction du systĂšme informatique nâest pas acceptĂ©e par les collaborateurs, le changement
ne peut pas avoir lieu. Sans utilisateur régulier et assidu, le nouveau logiciel demeurera un outil
inexploitĂ© dont les coĂ»ts plomberont les comptes de lâentreprise. Au delĂ , dans le pire des cas, les
collaborateurs dĂ©velopperont mĂȘme des parades Ă lâutilisation du nouveau systĂšme informatique de
sorte quâil sâensuivra une situation de dĂ©sordre non maĂźtrisĂ©. ArrivĂ© Ă ce stade lĂ , outre le coĂ»t
dâachat et de dĂ©ploiement du systĂšme, il faudra Ă©galement comptabiliser les coĂ»ts induits par la
dĂ©sorganisation et le manque dâefficacitĂ©.
La rĂ©ussite dâun projet de changement des systĂšmes dâinformation est donc intimement liĂ© Ă des
facteurs humains tels que : la culture organisationnelle, lâacceptation du changement par les acteurs,
la capacitĂ© dâapprentissage et la communication interne. De plus, pour rĂ©ussir, le changement doit
ĂȘtre engagĂ© comme un processus ouvert, qui sera susceptible d'Ă©volutions et de rĂ©orientations, et
faire lâobjet dâune conduite parfaitement maĂźtrisĂ©e usant des diffĂ©rents leviers disponibles.
5. Les leviers de la conduite du changement
Dans une démarche de changement, nous nous fixons généralement une ligne directrice telle que
« changer le systĂšme dâinformation » qui, ensuite, se dĂ©cline en une quantitĂ© de micro-changements
qui affecteront le travail quotidien dâindividus ou de groupes dâacteurs. Un projet de changement est
donc un ensemble de chantiers quâil sâagira de gĂ©rer, en fonction des cas, en utilisant diffĂ©rents outils
et méthodes que TONNELE (2012) propose de classer de la maniÚre suivante :
Figure IV : Classification des outils et méthodes (Adaptée de TONNELE, 2012)
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Sur lâaxe vertical, TONNELE (2012) distingue les concepts et mĂ©thodes, plutĂŽt abstraites, et les outils
qui sont des techniques concrĂštes et applicables sur le terrain. Ensuite, il oppose les solutions
sâappliquant Ă un individu Ă celles sâappliquant Ă un groupe. Cette classification correspond au
sommaire de son livre décrivant, sur 65 fiches détaillées, des méthodes et outils applicables lors de la
gestion dâun changement. Il est intĂ©ressant de mettre cette multiplicitĂ© en opposition avec les deux
leviers historiques, auxquels certaines organisations auraient tendance Ă sâarrĂȘter, que sont la
formation et la communication.
Lors dâun projet de dĂ©ploiement dâun nouveau systĂšme dâinformation, le top management doit
obligatoirement composer avec les utilisateurs et, par conséquent, se servir des nombreux leviers
permettant de mener Ă bien la conduite du changement. Pour notre part, entre les 65 fiches
détaillées proposées par TONNELE (2012) et le couple classique « formation / communication », nous
avons opté pour la présentation de quatre leviers :
ï La culture dâentreprise
ï Lâacteur, le rĂŽle et le sens
ï Lâaccompagnement et la formation
ï La dynamique de groupe et la communication
et de deux contraintes :
ï La rĂ©sistance au changement
ï La planification et les coĂ»ts
Dans tous les projets chacun de ses leviers et contraintes doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s et dĂ©clinĂ©s en
plusieurs micro-chantiers comme, par exemple, la mise en place dâun plan dĂ©taillĂ© de formation, la
formalisation dâune campagne de communication, lâaccompagnement dâun groupe dâacteurs trĂšs
affectĂ©s par le changement, la planification rigoureuse du projet, etc. Pour lâensemble de ces tĂąches
spécifiques, il existe des techniques et des outils inspirés entre autre par le management, le
marketing ou la psychologie ; cependant, nous nâentrerons pas dans le dĂ©tail afin de nous concentrer
sur les enjeux globaux.
5.1. La culture dâentreprise
La conduite du changement ne peut pas ĂȘtre traitĂ©e indĂ©pendamment du contexte culturel dans
laquelle elle se produit. Pour dĂ©finir la culture dâentreprise, nous retiendrons la dĂ©finition proposĂ©e
par MOUTOT et AUTISSIER (2010) : « la culture dâentreprise caractĂ©rise gĂ©nĂ©ralement lâensemble des
actes et usages existants dans lâentreprise sans quâils ne soient dĂ©crits ou rĂ©gis de quelque maniĂšre
formelle que ce soit ». Plus précisément, nous pouvons relever que cela concerne notamment le
comportement des acteurs (maniĂšre de communiquer, de prendre ses pauses repas, etc.), les
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systĂšmes de rĂšgles tacites (code vestimentaire, frapper et entrer ou entrer sans frapper, etc.) et les
zones de pouvoir (indĂ©pendamment de la hiĂ©rarchie Ă©tablie, qui pilote lâactivitĂ© ?).
Un changement du systĂšme dâinformation intervient inĂ©vitablement sur les actes et les usages,
formels et informels, réalisés au quotidien. Sur la base de ce constat, il est donc indispensable de
considĂ©rer la culture dâentreprise dans le processus de changement. Mais, malheureusement, bien
quâil demeure toujours possible de la faire Ă©voluer, la culture est quelques chose dâancrĂ©, de stable
et de difficile Ă modifier. Pour la modifier, il sâagit donc de fournir une rĂ©ponse claire quant Ă la vision
de lâentreprise aprĂšs le changement afin que les collaborateurs puissent sây projeter.
Avant de se lancer dans un processus de changement, il est donc important que les responsables du
projet aient une bonne comprĂ©hension et une bonne connaissance de la culture de lâorganisation
dans laquelle ils vont déployer les nouveaux outils informatiques. En effet, à défaut de pouvoir la
modifier rapidement, il faut quâils puissent ĂȘtre en mesure de lâutiliser pour appuyer leur dĂ©marche
et faciliter le changement. Pour cela, nous retenons les trois questions fondamentales suivantes :
1) Quels aspects de la culture existante peuvent favoriser les changements ? Comment les
utiliser et les renforcer ?
2) Quels aspects de la culture existante peuvent bloquer le changement et comment les
surmonter ?
3) Que doit-on mettre en Ćuvre pour encourager le changement ?
Dans certains gros projets, il peut sâavĂ©rer nĂ©cessaire de mener une Ă©tude socio-organisationnelle de
lâentreprise afin de dĂ©finir le systĂšme de valeur, les habitudes et le niveau de rĂ©sistance probables de
diffĂ©rents groupes dâacteurs. Ce type dâĂ©tude a pour but dâidentifier et de dĂ©crire la culture dâune
entreprise en analysant notamment les éléments tangibles, tels que les structures et les systÚmes de
contrĂŽle, mais Ă©galement les aspects intangibles tels que les symboles et les habitudes.
5.2. Lâacteur, le rĂŽle et le sens
Le changement nâest pas forcĂ©ment contraint et subit et, dans la plupart des cas, câest la volontĂ© et la
capacitĂ© des acteurs qui font le changement ou, au contraire, qui lâempĂȘche. Nous dĂ©finirons donc
lâacteur comme un individu susceptible de modifier le contenu du changement.
Pour illustrer lâadoption du changement dans une organisation, nous nous appuierons sur la courbe
de diffusion des innovations proposée par ROGERS (1962) qui illustre trÚs bien différents groupes
dâacteurs. En sâinspirant du schĂ©ma ci-dessous, nous proposons que les innovateurs et les convaincus
de la premiÚre heure (« early adopters ») se verront confier la mission de convaincre les traßnards
(« laggards ») qui demeurent plus longtemps sceptiques face à la nouveauté. Le modÚle ci-dessous,
en atteignant une part de marché de 100% au final, postule également que les individus se laissent
influencer par le comportement des autres et que, tĂŽt ou tard, lâensemble des personnes concernĂ©es
aura adoptĂ© lâinnovation.
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Figure V : Courbe de diffusion des innovations (ROGERS, 1962)
Pour sâassurer que le changement soit adoptĂ© par tous Ă un instant donnĂ©, le dessein de changement
doit ĂȘtre partagĂ© et soutenu par le top management de lâorganisation. En effet, sans son soutien, les
chances de rĂ©ussite du projet seront compromises. Ensuite, pour diffuser la volontĂ© de changement Ă
lâensemble des collaborateurs concernĂ©s, il est recommandĂ© dâidentifier des groupes dâacteurs et de
dĂ©terminer ceux qui seront des opposants au projet et ceux qui seront des alliĂ©s. Sur la base dâune
cartographie prĂ©cise des acteurs, il sera alors possible dâentreprendre des actions ciblĂ©es (formation,
communication, accompagnement) et de fixer des priorités. De plus, pour faciliter la diffusion, les
strates de lâorganisation du projet peuvent ĂȘtre structurĂ©es comme ceci :
ï Le porteur du projet qui est responsable du projet. Câest un convaincu de la premiĂšre heure
et peut ĂȘtre mĂȘme lâinitiateur du changement.
ï Les participants au projet qui contribueront Ă la rĂ©ussite du projet par leur travail. Ils sont
sĂ©lectionnĂ©s parmi les convaincus de la premiĂšre heure et reprĂ©sentent un groupe dâacteurs
identifiés (utilisateurs du service A, cadres intermédiaires, top managers, etc.); ils joueront
Ă©galement un rĂŽle de relais auprĂšs de leurs pairs.
ï Les utilisateurs qui sont les personnes dont le travail sera directement impactĂ© par le
changement. GĂ©nĂ©ralement, câest parmi eux que se situeront le plus grand nombre
dâindividus rĂ©fractaires au projet quâil sâagira de convaincre.
Pour que le changement soit acceptable, les utilisateurs doivent pouvoir se projeter dans le nouvel
environnement de travail car, en général, les obstacles apparaissent si le changement ne leur paraßt
pas suffisamment clair. En effet, avoir la possibilité de se projeter dans son futur travail est un moyen
de donner un sens au changement. Ainsi, si les contours du projet ne sont pas transparents, il faut
que les acteurs directement concernĂ©s puissent les modifier et les nĂ©gocier car la rĂ©ussite dâun projet
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de dĂ©ploiement dâun nouveau systĂšme dâinformation dĂ©pend de la pleine utilisation de lâoutil. Un
des rĂŽles importants Ă attribuer aux utilisateurs est donc celui de pouvoir influer sur le changement.
En conclusion, nous pensons quâil ne suffit pas, dans un projet dâimplantation dâun systĂšme
informatique, de motiver et de former les acteurs. En effet, il est important de leur donner un rĂŽle,
de les impliquer, de les faire agir et, finalement, de les faire adhérer à la nécessité du changement
qui, Ă leur Ă©chelle, sâillustrera par une modification de leurs pratiques quotidiennes. Les
collaborateurs doivent percevoir le sens de leur travail, avant, pendant et aprĂšs le changement car
nul ne sâĂ©panouit en rĂ©alisant un travail qui paraĂźt inutile.
5.3. Lâaccompagnement et la formation
Le modÚle de BAREIL et SAVOIE (cités par AUTISSIER et al., 2010) envisage le changement comme
une rupture suivie dâune phase de transition. Il postule que les destinataires du changement
traversent, lors dâun processus de changement, cinq Ă sept phases de prĂ©occupation demandant un
accompagnement spécifique. Les auteurs proposent ainsi un modÚle permettant, face à des
changements imposĂ©s tels que ceux engendrĂ©s par un nouveau systĂšme dâinformation, dâadapter
une réponse à chacune des attentes des acteurs concernés. Selon BAREIL et SAVOIE (cités par
AUTISSIER et al., 2010), les sept phases de préoccupation des personnes en contexte de
changements sont les suivantes :
Aucune préoccupation : « Ca ne me concerne pas ! »
Le destinataire nie le changement en lâignorant. De lâextĂ©rieur, on a le sentiment quâil ne prend
pas au sĂ©rieux la nouvelle et semble continuer son travail comme si de rien nâĂ©tait.
PrĂ©occupations centrĂ©es sur soi : « Quâest-ce qui va mâarriver ? »
Le destinataire, inquiet, sâinterroge sur le maintien de son poste, sur les consĂ©quences du
changement sur son rÎle, sur ses responsabilités, son statut et son pouvoir de décision. Il a
lâimpression de ne plus maĂźtriser son avenir et ne sait plus oĂč se situer dans lâorganisation.
PrĂ©occupations centrĂ©es sur lâorganisation : « Est-ce que le changement est lĂ pour durer ? »
Le destinataire sâinterroge sur la capacitĂ© de lâorganisation Ă supporter le changement Ă long
terme, afin de sâassurer, en cas dâinvestissement dans le changement, quâil sera alors rĂ©compensĂ©.
Il se demande notamment si le changement sera rentable.
PrĂ©occupations centrĂ©es sur le changement lui-mĂȘme : « De quoi sâagit-il au juste ? »
Le destinataire souhaitant obtenir des rĂ©ponses aux questions quâil se pose, commence Ă
sâintĂ©resser au changement en lui-mĂȘme et questionne sa nature. Il devient attentif et proactif,
souhaite obtenir des précisions.
PrĂ©occupations centrĂ©es sur le soutien disponible : « Est-ce que je vais ĂȘtre capable de ⊠? »
Maintenant disposé à se conformer au changement, le destinataire doute toutefois de sa capacité
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Ă le mettre en Ćuvre. Il a le sentiment dâĂȘtre incompĂ©tent. Il se demande si on lui laissera le
temps de sâadapter Ă son nouveau poste et si on lâaidera pour cela.
PrĂ©occupations centrĂ©es sur la collaboration avec autrui : « Ca vaudrait la peine quâon se
réunisse ! »
Le destinataire se montre intĂ©ressĂ© Ă collaborer avec les autres. Il dĂ©sire sâimpliquer dans la mise
en Ćuvre du changement. Il apprĂ©cie de pouvoir partager avec les autres les expĂ©riences vĂ©cues
de chacun.
PrĂ©occupations centrĂ©es sur lâamĂ©lioration continue du changement : « Essayons ceci ⊠et si
lâon faisait cela ⊠»
Certains destinataires peuvent trouver dans le changement de nouveaux défis et vont ainsi
chercher à perfectionner ce qui existe déjà ou tout remettre en cause. Ils poursuivront un objectif
dâamĂ©lioration continue.
Tableau I : ModÚle de préoccupation (BAREIL et SAVOIE,
adapté par AUTISSIER et al, 2010)
Lors dâun projet de changement du systĂšme informatique, la formation est trĂšs importante car
lâutilisateur devra acquĂ©rir les connaissances suffisantes pour utiliser les fonctionnalitĂ©s du nouveau
logiciel et sâadapter aux Ă©volutions du mĂ©tier qui peuvent en dĂ©couler. La formation, au sens
didactique du terme, relÚve donc des « préoccupations centrées sur le soutien disponible ».
Cependant, il est Ă©galement important dâapporter aux personnes des enseignements et des rĂ©ponses
qui leur permettront dâattĂ©nuer les autres inconnues citĂ©es dans le tableau ci-dessus.
Un utilisateur rassuré et convaincu de la nécessité du changement sera plus attentif et motivé
lorsquâil sâagira dâacquĂ©rir les compĂ©tences nĂ©cessaires Ă lâutilisation du nouvel outil. DĂšs lors, il
sâagira dâapporter de nouvelles connaissances aux personnes par la mise en place dâun plan de
formation décliné en modules à créer, en support de cours à rédiger, en coûts à évaluer et en
planning Ă organiser. Le choix dâune mĂ©thode pĂ©dagogique sera Ă©galement au centre des dĂ©bats afin
quâelle soit le mieux adaptĂ©e au contexte et aux besoins des utilisateurs. MOUTOT et AUTISSIER
(2010) proposent ainsi la matrice suivante pour décrire les styles pédagogiques :
Figure VI : Matrice des styles pédagogiques (MOUTOT et AUTISSIER, 2010)
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La formation peut ĂȘtre une dĂ©marche ponctuelle ou, au contraire, elle peut faire partie intĂ©grante de
la culture de lâentreprise. Ainsi, selon certains auteurs, le changement est assimilable Ă un processus
dâapprentissage continu dans lequel les acteurs disposent de suffisamment dâautonomie pour
sâadapter en permanence aux nouvelles conditions de lâenvironnement. Dans les approches liĂ©es aux
principes dâentreprise apprenantes, les collaborateurs prennent lâengagement dâapprendre Ă
apprendre et les dirigeants leur offrent lâautonomie nĂ©cessaire pour faciliter cet apprentissage.
AppliquĂ©e Ă la lettre, cette approche permettrait de faire lâĂ©conomie de grand plan de formation
standardisé. En effet, les utilisateurs sont dans ce cas les initiateurs puis les moteurs du changement
et ils ne seraient plus dans lâobligation de sâadapter Ă un changement imposĂ©.
5.4. La communication et la dynamique de groupe
La communication tient un rÎle central dans un projet de changement. En effet, dÚs le démarrage du
projet, elle doit permettre Ă lâutilisateur de se projeter dans le futur et dâimaginer le rĂ©sultat du
processus de changement. Pour ĂȘtre rĂ©ussie, elle doit Ă©veiller lâadhĂ©sion des utilisateurs en leur
permettant de comprendre le sens du changement et lâintĂ©rĂȘt quâil revĂȘt. La communication ne doit
donc pas se limiter Ă une simple transmission dâinformation et, Ă lâinverse, veiller Ă ne pas tomber
dans la propagande racoleuse. Pour rĂ©ussir dans cette tĂąche, il est recommandĂ© dâappliquer les
techniques du marketing pour mettre sur pied un véritable plan de communication adapté au projet,
aux acteurs concernés et aux besoins.
Dans un processus de changement, il est Ă©galement nĂ©cessaire dâĂ©changer ses impressions afin que
les individus puissent résoudre les problÚmes qui se posent à eux et réaliser leurs tùches
quotidiennes. Dans un projet de dĂ©ploiement dâun systĂšme dâinformation, la mise en rĂ©seau
dâacteurs aux profils diffĂ©rents paraĂźt indispensable afin que les techniciens et les utilisateurs
comprennent leurs contraintes et exigences respectives. Les Ă©changes dans des groupes
multidisciplinaires permettent de partager, de modifier et dâadapter les contours du projet avant ou
pendant la phase de dĂ©ploiement. Le partage dâinformation est donc absolument indispensable au
paramĂ©trage de lâoutil et, au final, Ă son utilisation optimale.
De plus, toutes les organisations sont influencĂ©es par lâidĂ©e dominante. Les travaux de LEWIN (citĂ©
par AUTISSIER et al., 2010) mettent en Ă©vidence quâil est plus aisĂ© de faire changer des individus
constitués en groupe que des individus pris séparément. En effet, le groupe joue un rÎle de
rĂ©ducteur de lâincertitude pour lâindividu qui sera plus rĂ©ceptif Ă la nouveautĂ© si dâautres personnes y
sont également confrontées. Pour sa part, BERNOUX (2010) souligne également que les individus
décident en fonction du comportement des autres. Les choix individuels sont ainsi relatifs au choix de
ceux que nous prenons pour modÚle de référence (effet de mode).
6. La résistance au changement
Les individus développent parfois des comportements récalcitrants face aux volontés de changement
de leurs semblables. Selon AL-SHAMALN (2011), les deux facteurs expliquant cette résistance au
changement lors dâun projet de dĂ©ploiement dâun systĂšme informatique sont le risque perçu par
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lâutilisateur (soit, en dâautres termes, lâinconnu) et les habitudes (soit, en dâautres termes, le refus de
lâapprentissage de nouvelles pratiques). BERNOUX (2010), quant Ă lui, considĂšre quâil ne faut pas
confondre la résistance au changement avec la volonté de maßtriser son travail et, de ce fait, de
conserver son identitĂ© professionnelle. En effet, selon lui, la recherche dâobjectifs individuels tels que
la lĂ©gitimitĂ©, le statut ou le pouvoir sont tout aussi important que la recherche dâefficacitĂ© lorsquâil
sâagit dâapprĂ©hender un changement dans lâenvironnement de travail.
Changer nécessite de faire accepter aux utilisateurs de perdre un existant connu pour un futur
encore incertain. Un projet de changement peut ainsi entraßner différentes formes de résistances
explicables par la culture, la structure de lâentreprise ou par le fait dâun individu isolĂ©. MOUTOT et
AUTISSIER (2010) proposent de classer les types de résistance en quatre catégories :
1) Actions sur les ressources, soit ne pas allouer les ressources (temps, hommes, argent)
nécessaires au développement et au déploiement du projet.
2) Actions de reroutage, soit mise en place de projets concurrents pour tenter dâĂ©touffer ou de
retarder le projet initial.
3) Actions de discrédit, soit répandre des rumeurs nuisibles à propos du projet et des
personnes qui le soutiennent et ainsi influer sur lâacceptation du projet par les utilisateurs.
4) Actions dâinertie, soit pratiquer une politique de la chaise vide consistant Ă ne pas
communiquer (rĂ©tention dâinformation) et Ă ne rien faire.
Selon BERNOUX (2010), le changement dans les entreprises se situe Ă la jonction des contraintes
nouvelles et de lâacceptation de celles-ci. Les salariĂ©s ont donc toujours la libertĂ© de contribuer ou de
rĂ©sister au changement en lâacceptant ou, Ă contrario, en le refusant. « Il nây a pas de rĂ©sistance
naturelle au changement mais seulement des résistances stratégiques. Dans le cas de salariés peu ou
pas qualifiĂ©s, qui maĂźtrisent peu leur environnement, qui ne savent pas oĂč ils iront concrĂštement et
que sera leur nouvel environnement immĂ©diat, les rĂ©sistances sont plus grandes. [âŠ] La rĂ©sistance au
changement est beaucoup une affaire de position dans la hiérarchie, de maßtrise de son propre
travail et de son environnement. » (BERNOUX, 2010). Selon BERNOUX (2010), la résistance au
changement nâexiste donc pas Ă proprement parler et la rĂ©ussite suppose avant tout que les salariĂ©s
acceptent les conditions de travail futures. En effet, selon lui, les obstacles apparaissent si le
changement nâest pas clair aux yeux des exĂ©cutants.
Pour rĂ©soudre les blocages, il faut donc sâintĂ©resser aux acteurs du changement et au sens quâil
donne à ce dernier. Le management doit chercher les sources de résistance possible en analysant la
structure organisationnelle, la culture dâentreprise et les besoins des employĂ©s directement
concernĂ©s. Cela nâest pas Ă©vident car les causes ne sont pas forcĂ©ment visibles et, souvent, les
doléances des salariés ne sont pas adressées à ceux qui en sont les destinataires. Ainsi, pour chaque
acteur, ou groupe dâacteurs, impliquĂ© dans le changement il faudrait ĂȘtre en mesure dâidentifier leur
prise de position lors de réunions formelles (séances, entretiens, etc.) mais également informel
(machine à café, cantine, etc.). Ensuite, une fois les causes identifiées, il faut déployer un plan
dâaction (formation, accompagnement, communication, etc.) pour les faire adhĂ©rer ou, Ă lâinverse,
adapter le projet à leurs véritables besoins.
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Dâautres mĂ©thodes, axĂ©es sur les hommes et leur comportement, existent et peuvent ĂȘtre
dĂ©ployĂ©es. Par exemple, ALADWANI (2001) propose de sâinspirer des techniques du marketing pour
« vendre » le changement aux utilisateurs. En effet, selon lui les techniques dâanalyse des
motivations, du comportement et du besoin dĂ©veloppĂ©es par le marketing peuvent ĂȘtre transposĂ©es
à la conduite du changement. Dans une approche psychologique, KETS DE VRIE (cité par AUTISSIER et
al.) postule que lâon peut comparer le changement organisationnel en entreprise avec la perte dâun
ĂȘtre cher. En effet, aprĂšs le changement, le salariĂ© doit apprendre Ă agir diffĂ©remment, sâengager Ă
oublier les anciennes pratiques et débuter pour cela un processus de deuil lui permettant de pleurer
le passĂ© et dâaccepter le prĂ©sent.
7. La planification et les coûts
Le cahier des tùches du nouveau logiciel, la formation, la rédaction de nouvelles procédures et la
communication sont autant de chantiers qui prennent du temps et quâil sâagit dâanticiper. De plus,
lors de dâun projet de changement de systĂšme dâinformation, il ne faut pas tomber dans le travers
consistant Ă penser que le dĂ©ploiement est radical et, quâen une nuit, le nouvel outil est installĂ© afin
que, dÚs le lendemain, il soit apprivoisé par les utilisateurs et utilisé à 100% de ses capacités. En effet,
il ne faut pas sous-estimer le temps nécessaire pour déployer complÚtement le systÚme. En outre,
avant de dĂ©marrer un projet, il est important de prendre en compte les cycles de lâentreprise
(bouclement comptable, période de solde, haute saison, etc.).
Si la phase de prĂ©paration du projet doit ĂȘtre scrupuleusement planifiĂ©e, il en va de mĂȘme pour les
jours qui suivent lâintroduction du nouveau systĂšme dâinformation. MOUTOT et AUTISSIER (2010)
dĂ©crivent ce quâils nomment la « vallĂ©e du dĂ©sespoir » pour qualifier la pĂ©riode directement
consĂ©cutive au changement. DâaprĂšs eux, durant ces jours, on va assister Ă une perte de productivitĂ©
due au fait quâil faut repenser les pratiques dans les nouvelles conditions. Il faut donc un certain
temps pour que les utilisateurs sâapproprient totalement lâoutil et puissent retrouver un niveau de
productivitĂ© standard avant de, finalement, surpasser les performances rĂ©alisĂ©es avec lâancien
systĂšme.
Lâimportance dâune bonne conduite du changement (abrĂ©gĂ©e « CDC » sur le graphique ci-dessous) et
de la planification des tĂąches pouvant ĂȘtre anticipĂ©es (formation, communication, etc.) est donc
primordiale pour Ă©viter que le creux de productivitĂ© ne deviennent trop profond. Surtout quâun
retour rapide aux performances initiales permettra de convaincre plus facilement les récalcitrants
dâadhĂ©rer aux nouvelles pratiques. Sans un retour rapide au niveau de performance existant avant le
changement, toute lâentreprise risque de plonger dans une crise de doute vis-Ă -vis du choix opĂ©rĂ© et
de son sens.
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Figure VII : La courbe en S de la conduite du changement (MOUTOT et AUTISSIER, 2010)
Les coûts de la conduite du changement sont difficiles à estimer car, aux coûts directs facilement
identifiables tels que les frais de consultants, de formation ou de communication, il faut Ă©galement
ajouter les heures réalisées par les employés (heures de travail du groupe de projet, heures passées
en formation par les utilisateurs, etc.) et additionner les pertes liées à la baisse de productivité
suivant la mise en service du nouveau systĂšme.
AUTISSIER et MOUTOT (2010) postulent que le coût de la gestion du changement varie entre 5% et
plus de 20% du coĂ»t total dâun projet selon la complexitĂ© et lâintensitĂ© du changement. Ces chiffres
sont confirmés dans leur tranche haute par COLUMBUS CONSULTING SAS (2010) qui cite un coût de
la conduite du changement correspondant à une tranche entre 20 et 30% des coûts du projet. Quoi
quâil en soit, il sâagit avant tout de ne pas nĂ©gliger ce poste important du budget, de lâĂ©valuer avec
rigueur et de considérer la gestion du changement comme une partie du projet à part entiÚre.
TROISIEME PARTIE â LA PRATIQUE DU CHANGEMENT
GĂ©nĂ©ralement, lâensemble des acteurs sâentendent rapidement sur la nĂ©cessitĂ© de mener des actions
de conduite du changement. Cependant les avis peuvent nettement diffĂ©rer lorsquâil sâagit de
dĂ©terminer les outils et les mĂ©thodes Ă dĂ©ployer. En effet, la conduite du changement nâest pas une
science exacte et elle ne peut pas ĂȘtre pensĂ©e comme une technique de gestion standardisĂ©e qui, Ă
lâimage dâune recette de cuisine bien exĂ©cutĂ©e, mĂšnera systĂ©matiquement au succĂšs. Comme nous
lâavons vu dans la seconde partie du texte, les leviers Ă actionner dans un tel projet sont nombreux et
il sâagit avant tout de dĂ©terminer lesquels nous utiliserons, quand nous nous en servirons et
comment nous les actionnerons.
A lâimage du travail dâun mĂ©decin, qui dĂ©bute sa dĂ©marche par le diagnostique puis adapte le
traitement au patient, Ă ses allergies ou Ă sa prise dâautres mĂ©dicaments, lâentreprise doit ajuster sa
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mĂ©thode de conduite du changement Ă sa situation, Ă sa culture et Ă son environnement. Bien quâil
nâexiste pas de remĂšde universel en matiĂšre de gestion du changement lors du dĂ©ploiement dâun
nouveau systĂšme dâinformation, nous distinguerons pour notre part deux pratiques distinctes. La
premiĂšre sâappliquera plutĂŽt lors de lâintroduction dâun logiciel standard, acquis auprĂšs dâun Ă©diteur,
et sâappuiera sur une mĂ©thodologie en trois phases alors que la seconde sera intĂ©grĂ©e aux principes
agiles appliquĂ©e lors du dĂ©veloppement dâun logiciel spĂ©cifique Ă lâorganisation.
8. La conduite du changement en trois phases
A lâinstar de la roue de Deming (Plan â Do â Check â Act), de nombreux auteurs dĂ©crivent des
méthodologies de gestion de la conduite du changement en trois, quatre, cinq voire encore
davantage de phases. PlutÎt que de présenter en détail quelques-unes de ces méthodes, nous avons
préféré réaliser une synthÚse selon un canevas retenant trois cycles permettant de regrouper les
apports de lâensemble des lectures citĂ©es. Nous avons nommĂ© les phases retenues ainsi :
ï La prĂ©paration du changement, incluant notamment la gestion des risques.
ï LâimplĂ©mentation du changement
ï LâĂ©valuation du changement, incluant notamment les actions correctives.
8.1. La préparation du changement
Avant de se lancer dans un quelconque changement, il sâagit tout dâabord dâĂ©valuer la largeur et la
profondeur de celui-ci. En dâautres termes, nous devons dĂ©terminer combien de personnes seront
concernĂ©es et quelle sera lâimportance de la remise en question des pratiques actuelles ; sâagira-t-il
dâun simple ajustement ou de remaniement total de lâenvironnement de travail ? Car, comme nous
lâavons soulignĂ© jusquâĂ prĂ©sent, la rĂ©ussite dâun projet de changement dĂ©pend notamment des
acteurs, des jeux de pouvoirs et de la culture dâentreprise. Ainsi, une condition indispensable Ă la
réussite du changement est donc la connaissance approfondie des rouages, formels et informels, de
lâorganisation.
Les tops managers, qui dĂ©cident de lâintroduction dâun nouveau systĂšme dâinformation, sont parfois
éloigné des réalités quotidiennes de leur vision est construite sur la base de documents et de chiffres
qui ne reflĂštent pas toujours la rĂ©alitĂ© du terrain. Par consĂ©quent, il sâagit de recueillir lâinformation
sur le fonctionnement rĂ©el de lâentreprise en favorisant lâexpression directe des collaborateurs et en
collectant leur connaissance lors de séances formelles ou de réunions informelles (pause café,
cantine, etc.). LâintĂ©rĂȘt de ce genre de dĂ©marche est de permettre un diagnostic qui aidera les
dirigeants Ă Ă©valuer lâampleur du changement et les rĂ©sistances que celui-ci pourrait dĂ©clencher. Si
cette dĂ©marche peut ĂȘtre entreprise en interne dans les petites organisations, elle est gĂ©nĂ©ralement
confiée à des consultants spécialisés dans les plus grandes structures.
Outre lâapprentissage du contexte interne, la phase de prĂ©paration consiste Ă formaliser la dĂ©marche
et à la planifier. Les étapes fondamentales de la préparation sont :
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1) Formaliser lâorigine du besoin de changement et sa justification.
2) Fixer des objectifs prĂ©cis et mesurables qui devront ĂȘtre atteints aprĂšs le changement.
3) Dresser une cartographie des risques liés au déploiement du projet.
4) Dresser une cartographie des acteurs concernés et définir leur rÎle dans le projet.
5) Organiser le déploiement des leviers, notamment la formation et la communication.
La formalisation du besoin et de sa justification est indispensable afin que les porteurs du projet et le
top management aient une vision commune et sâappuient sur les mĂȘmes arguments lors de leurs
interactions avec les utilisateurs. En effet, dans un processus de changement lâadhĂ©sion des
collaborateurs est importante et, pour lâobtenir, le message qui leur est transmis doit ĂȘtre clair et ne
pas susciter une méfiance pouvant mener à un blocage. Les objectifs du projet sont également
importants pour gĂ©nĂ©rer la vision future et susciter lâimplication des utilisateurs. De plus la
dĂ©clinaison dĂ©taillĂ©e des objectifs servira dâĂ©talon lors de la phase dâĂ©valuation du projet.
Selon KENETT et RAPHAELI (2008) la gestion du changement est englobée dans la gestion des risques.
Cette approche a le mérite de mettre en perspective les liens étroits qui existent entre les deux
disciplines. En effet, les organisations ont désormais un tel niveau de dépendance à leur systÚme
dâinformation quâun dysfonctionnement de celui-ci pourrait gĂ©nĂ©rer un chaos tel que lâexistence
mĂȘme de lâentreprise pourrait ĂȘtre mise en pĂ©ril. Lors dâun changement de systĂšme dâinformation, il
est donc indispensable dâĂ©valuer les risques techniques (dysfonctionnement, destruction de
données, indisponibilité du systÚme, etc.) et humains (utilisation erronée, utilisation contournée,
non-utilisation, etc.). Ceux-ci sont ensuite quantifiés en termes de gravité et de probabilité afin de
traiter prioritairement ceux pouvant conduire Ă un arrĂȘt du projet. Pour obtenir une vue graphique,
une matrice de criticitĂ© peut ĂȘtre dessinĂ©e de la maniĂšre suivante :
Figure VIII : Matrice de criticité
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La gestion de risque se divise entre lâaction prĂ©ventive, consistant Ă Ă©tablir un plan pour minimiser le
risque, et lâaction curative visant Ă limiter lâimpact lorsque le risque survient malgrĂ© tout. Dans le
cadre de cet article, sâintĂ©ressant essentiellement aux aspects humains, la gestion des risques est
Ă©galement Ă©troitement liĂ©e Ă la description des groupes dâacteurs. En effet, il sâagit dâanalyser les
blocages possibles liĂ© au positionnement des diffĂ©rents acteurs. Outre lâĂ©valuation des risques de
rĂ©sistances, la cartographie des acteurs permettra Ă©galement dâorganiser le groupe de projet, de
détaillé les plans de formation selon les besoins formulés par chacun, de segmenter la
communication et dâenvisager le dĂ©ploiement dâautres leviers spĂ©cifiques.
A la fin de la phase de prĂ©paration, les dirigeants de lâentreprise doivent ĂȘtre capables de rĂ©pondre Ă
la question : « Est-ce que lâorganisation, soit les acteurs qui la composent, a la capacitĂ©, les moyens
et la volonté de mener à bien le processus de changement ? ». En détail, nous définissons la capacité
comme lâaptitude de lâentreprise Ă traverser le processus de changement sans mettre en pĂ©ril son
activité quotidienne, les moyens sont la formalisation et la validation de la planification et des
budgets relatifs à la conduite du changement et la volonté se traduit par la motivation des
collaborateurs à mener le changement prévu. Si un doute subsiste, il vaut alors mieux réitérer
certaines actions prĂ©paratoires ou mettre en Ćuvre de nouveaux leviers pour atteindre un niveau de
certitude suffisant.
8.2. LâimplĂ©mentation du changement
La phase dâimplĂ©mentation correspond au moment oĂč lâon passe de la thĂ©orie Ă la pratique. En effet,
si le nouveau systĂšme dâinformation nâest jamais mis en production, le changement se limitera Ă des
intentions exprimĂ©es et des rĂ©flexions. DĂšs que le pas en avant est fait, lâimplĂ©mentation est avant
tout un challenge technique durant lequel lâĂ©quipe informatique doit ĂȘtre en mesure dâinstaller un
nouveau software sans occasionner de perturbations majeures pour les utilisateurs et le
fonctionnement de lâentreprise. Pour faciliter et rĂ©ussir dans cette mission, les tests, les ajustements,
la planification et lâensemble des tĂąches prĂ©paratoires rĂ©alisĂ©es avec les utilisateurs prennent tous
leur sens ; de leur qualité dépendra la réussite du projet.
Bien que la phase dâimplĂ©mentation soit avant tout lâexĂ©cution dâun plan mĂ»rement prĂ©parĂ©, il ne
faut pas omettre que la fiabilitĂ© des processus et des systĂšmes dĂ©pend avant tout de lâintervention
des hommes qui les pilotent. Parfois, lâapplication stricte des procĂ©dures prĂ©Ă©tablies peut sâavĂ©rer
contre productive et mener Ă la catastrophe. En effet, bien quâil soit nĂ©cessaire de sâappuyer sur un
plan, il faut également conserver la souplesse suffisante pour adapter ses plans initiaux aux aléas de
la réalité de terrain. Pour cela, la communication joue un rÎle primordial. Les acteurs du service
informatique et des services « métiers » (compta, marketing, production, etc.) doivent absolument
partager les problĂ©matiques quâils rencontrent afin de trouver rapidement des solutions.
DĂšs que la mise en production est effective, il nâest en gĂ©nĂ©ral plus possible de revenir Ă lâancien
systĂšme. La rĂ©ussite dâun projet de changement du systĂšme dâinformation dĂ©pend donc beaucoup
de sa bonne planification et, ensuite, de la capacité du chef de projet à activer les bons leviers au bon
moment. Durant la phase dâimplĂ©mentation, il sâagit donc dâappliquer un plan tout en rĂ©solvant des
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problĂšmes imprĂ©vus en parallĂšle. En outre, il faut Ă©galement garder Ă lâesprit que le changement
peut avoir lieu seulement si les acteurs sont convaincus de sa nĂ©cessitĂ© et sâils peuvent donner leur
avis voire, au mieux, modifier ses contours. La communication, la formation et lâaccompagnement
sont donc les leviers essentiels de la phase dâimplĂ©mentation. En effet, si les utilisateurs sont gagnĂ©s
par le doute lorsque lâorganisation traversera la « vallĂ©e du dĂ©sespoir », dĂ©crite au chapitre 7 selon
une description de MOUTOT et AUTISSIER (2010), lâensemble du projet risque de vaciller.
8.3. LâĂ©valuation du changement
Pour jouer pleinement son rĂŽle dâaccompagnement du projet, la conduite du changement doit
disposer de ses propres outils de pilotage permettant de suivre la réalisation des actions planifiées,
de mesurer lâĂ©volution de lâadhĂ©sion au changement et de constater la modification des pratiques
quotidiennes. Cette phase dâĂ©valuation est trĂšs importante car elle va mettre la conduite du
changement face à une obligation de résultat et permettre une autocritique de laquelle découlera les
actions correctives nécessaires. Pour réaliser ce dessein, le chef de projet va produire un tableau de
bord du changement qui fera Ă©tat de plusieurs indicateurs renseignant sur lâavancement, lâadhĂ©sion,
la compréhension ou encore la participation au projet.
Le premier niveau de gestion est le suivi des actions de conduite du changement planifiée dÚs la
phase de préparation du projet. Des indicateurs de suivi des réalisations sont construits et peuvent,
par exemple, se libeller de la maniĂšre suivante :
ï Nombre de jours formation prĂ©vus / Nombre de jours de formation rĂ©alisĂ©s
ï Nombre de personnes Ă former / Nombre de personnes formĂ©es
ï LâĂ©valuation des personnes formĂ©es (tests de comprĂ©hension, par exemple)
ï Budget de dĂ©penses / dĂ©penses rĂ©alisĂ©es
ï Nombre de jour de retard / dâavance sur le planning
ï Etc.
Au-delà des actions entreprises, la réussite du projet dépend également du résultat de ces derniÚres
et donc de facteurs humains plus difficiles Ă cerner et Ă quantifier. Dans certains projets, il peut
cependant sâavĂ©rer indispensable de dĂ©terminer des indicateurs pour Ă©valuer le taux de rĂ©sistance et
les risques. MOUTOT et AUTISSIER (2010) proposent de calculer quatre indicateurs Ă intervalles
rĂ©guliers en soumettant des questionnaires aux employĂ©s afin dâĂ©valuer :
ï Le taux dâinformation du projet
ï Le taux de comprĂ©hension du projet
ï Le taux dâadhĂ©sion du projet
ï Le taux de participation au projet
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AprĂšs le dĂ©ploiement du nouveau systĂšme dâinformation, les indicateurs se focaliseront
essentiellement sur la gestion des anomalies. Ces derniÚres sont les « erreurs », les
« dysfonctionnements » ou les « demandes dâamĂ©lioration » que les utilisateurs transmettront Ă
lâĂ©quipe de projet en vue de leur traitement et de leur rĂ©solution. Pour faciliter leur traitement, ces
messages peuvent ĂȘtre classĂ©s par types, par ordre de prioritĂ© ou tout autre systĂšme permettant un
traitement adéquat et rapide. Les indicateurs liés aux anomalies peuvent, par exemple, se présenter
de la maniĂšre suivante :
ï Nombre dâanomalies reçues par jour / semaine / mois
ï Nombre dâanomalies en cours de traitement / en attente / rĂ©solues
ï Nombre dâanomalies par types de prioritĂ©
ï Etc.
Malheureusement, les responsables dâun projet de changement dâun systĂšme dâinformation sont
parfois davantage jugés sur leur capacité à mettre à disposition un outil fonctionnel plutÎt que sur la
capacité des salariés à utiliser efficacement le nouvel outil mis à disposition. Le premier aspect est
certainement trĂšs important, cependant un systĂšme informatique, aussi parfait soit-il, demeure
totalement inutile, voire contre productif, si les utilisateurs sâen servent mal ou carrĂ©ment pas. Ainsi,
outre le contrÎle et le suivi réalisé sur la base du plan opérationnel, il est également nécessaire de
sâinterroger sur la rĂ©alisation des objectifs mĂ©tiers dĂ©finis lors de la phase de prĂ©paration. En effet, si
le but du nouveau systĂšme dâinformation Ă©tait de rĂ©duire les dĂ©lais de livraison de trois jours, il ne
sâagit pas seulement de vĂ©rifier que le software fonctionne mais il faudra Ă©galement sâassurer que le
délai de livraison moyen est désormais de trois jours.
LâĂ©valuation du changement et son suivi Ă lâaide dâun tableau de bord et dâindicateurs divers doit
permettre dâĂ©viter un enlisement ou, au pire, un Ă©chec du projet. En effet, un bon pilotage basĂ© sur
la connaissance accrue des rĂ©alitĂ©s devrait permettre, Ă tout moment, dâadapter le plan ou
dâactionner de nouveaux leviers pour faciliter le dĂ©ploiement. Cependant, si malgrĂ© tous les efforts
du chef de projet et de son Ă©quipe le changement semble compromis, MOTWANI (2002) propose de
choisir un remĂšde plus radical parmi les solutions suivantes :
ï RedĂ©finition du projet
ï Nouvelle maniĂšre de gĂ©rer le projet
ï Changement de leadership, de chef de projet
ï DĂ©coupage du projet en phase plus facile Ă gĂ©rer
ï Porter davantage dâattention aux problĂšmes spĂ©cifiques
8.4. Analyse du cas MADAR (rĂ©sumĂ© dâAL-SHAMALN, 2011)
MADAR est un systĂšme dâinformation qui a Ă©tĂ© introduit Ă la King Saud University et dont
lâimplĂ©mentation a Ă©tĂ© orchestrĂ©e selon une mĂ©thodologie en trois phases dĂ©taillĂ©es ci-dessous.
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Cette étude de cas, rédigée par AL-SHAMALN (2011), décrit le succÚs du déploiement de ce nouvel
outil. Selon son enquĂȘte menĂ©e auprĂšs de quarante collaborateurs concernĂ©s par le changement,
100% des utilisateurs ont pu réaliser plus simplement et plus efficacement leur travail avec la
nouvelle solution. Parmi les autres résultats probants, il est intéressant de noter que 96.7% des
employĂ©s ayant rĂ©pondu dĂ©clarent ne rencontrer aucune difficultĂ© dans lâutilisation du nouveau
systÚme. Selon AL-SHAMALN (2011), le processus qui a mené à cette réussite a été le suivant :
1) Pré-implémentation. Cette phase, ayant durée huit mois, a démarré par une étude évaluant
les compĂ©tences informatiques des employĂ©s. Une campagne dâinformation (via le magazine
interne, le site Web et les e-mails) a Ă©galement Ă©tĂ© lancĂ©e pour informer lâensemble des
employĂ©s de lâUniversitĂ© qui ont Ă©galement pu voter pour dĂ©cider du nom du projet. Ensuite,
lâacceptation du nouveau systĂšme ainsi que les facteurs de rĂ©sistances ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s. Cette
enquĂȘte a permis de dĂ©terminer le profil des acteurs pouvant ĂȘtre Ă lâorigine des blocages,
soit plutÎt les hommes avec une ancienneté de plus de 10 ans, réfractaires aux nouvelles
technologies et avec un faible niveau dâĂ©ducation.
2) ImplĂ©mentation. Durant lâimplĂ©mentation, le chef de projet a sĂ©lectionnĂ© les employĂ©s les
plus enthousiastes de chaque département pour devenir les ambassadeurs de MADAR. Ces
personnes ont été invitées à participer aux séances visant à résoudre les problÚmes de
rĂ©sistance au changement et ont reçu davantage de formation. Au jour oĂč le cas a Ă©tĂ© Ă©crit,
plus de 300 sessions de formation ont dĂ©jĂ eu lieu auprĂšs de lâensemble du personnel ! En
outre, durant toute la phase dâimplĂ©mentation, la communication entre les utilisateurs et le
support technique a été trÚs impressionnante (quatre lignes de téléphone, e-mails, site Web,
forum, visite des top-managers auprĂšs des utilisateurs, etc.) et les ambassadeurs du projet
ont été chargé du coaching des membres de leur département rencontrant des difficultés.
Durant le projet, lâimplication du top-management, et notamment celle du recteur, qui nâont
pas comptés leur effort, a également été soulignée comme étant un des facteurs
déterminant de la réussite.
3) Evaluation. AprÚs le déploiement, le responsable du projet évalue hebdomadairement les
performances liĂ©es Ă lâutilisation du systĂšme. Cette derniĂšre donne lieu chaque semaine Ă
une réunion qui permet de discuter des problématiques en suspens et de déterminer quels
employĂ©s ne sont pas encore suffisamment Ă lâaise avec le nouveau systĂšme.
9. Conduite du changement et méthodes agiles
Dans son approche sociologique du changement, BERNOUX (2010) considĂšre le changement comme
un processus, ainsi cela « signifie que lâon peut comprendre le changement que comme un
mouvement, quâil est irrĂ©aliste de la considĂ©rer comme un rĂ©sultat, mais quâil doit ĂȘtre compris
comme une Ă©volution qui sâinscrit dans la durĂ©e. Cela implique que les concepteurs et les dĂ©cideurs
acceptent que le changement nâaille pas exactement lĂ oĂč ils auraient voulu quâil aille, quâils
conduisent parfois Ă vue ». Cette vision nâest pas sans rappeler les fondamentaux des mĂ©thodes
agiles selon lesquels on construit un nouveau programme informatique par itérations successives
sans dĂ©terminer Ă lâavance un cahier des charges trĂšs rigoureux et un but dĂ©taillĂ©. LâagilitĂ© et les
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mĂ©thodes y relatives sont rĂ©gies par quatre valeurs fondamentales, elles-mĂȘmes dĂ©clinĂ©es en douze
principes. Les quatre valeurs sont :
ï LâĂ©quipe. Dans les mĂ©thodes agiles les interactions entre les membres, la communication, la
polyvalence et lâesprit dâĂ©quipe sont supĂ©rieurs Ă la notion dâoutils et de procĂ©dures de
fonctionnement.
ï Lâapplication. La prioritĂ© est mise sur le bon fonctionnement du logiciel Ă livrer.
ï La collaboration. Le client, ou lâutilisateur final, doit ĂȘtre impliquĂ© dans le dĂ©veloppement. Il
doit fournir un feed-back régulier, clarifier les priorités et transmettre les demandes
dâadaptations du logiciel.
ï Lâacceptation du changement. Il doit ĂȘtre admis que la planification initiale et la structure du
logiciel doivent ĂȘtre adaptables aux demandes de lâutilisateur ou du client. Si lâobjectif
stratĂ©gique est invariable, la maniĂšre de lâatteindre doit ĂȘtre flexible.
Les mĂ©thodes de conduite du changement peuvent ĂȘtre utilisĂ©es comme des leviers pour faciliter la
réussite du changement mais, dans les organisations soumises à marchés trÚs volatiles, elles tendent
parfois Ă devenir un style de management quotidien. Cela est particuliĂšrement vrai lors des projets
de nouveaux systĂšmes dâinformation car les mĂ©thodologies de dĂ©veloppement dites agiles intĂšgrent
les leviers de la conduite du changement dĂšs la phase de conception de la solution. Ainsi, lors dâun
dĂ©veloppement agile, ce nâest plus lâutilisateur qui devra sâadapter au produit final mais, le produit
qui sera construit autour de lâutilisateur. Cette dĂ©marche participative de conception et de
déploiement permet donc de réduire trÚs tÎt les facteurs de résistance au changement en impliquant
et en faisant adhérer les destinataires du changement trÚs rapidement.
La mise en pratique dâune mĂ©thode agile facilite le dĂ©ploiement du changement car elle oriente la
culture de lâentreprise vers lâouverture aux modifications et Ă lâadaptation. En effet, on constate que
les valeurs de lâagilitĂ© reprennent des facteurs citĂ©s comme Ă©tant les leviers du changement. Nous
pensons notamment Ă la communication, au travail dâĂ©quipe, au sentiment dâadhĂ©sion Ă un projet et
Ă lâapprentissage continu. Cependant, lâapplication stricte dâune mĂ©thodologie agile devrait se limiter
au pĂ©rimĂštre de dĂ©veloppement et ne pas sâentendre Ă toute lâentreprise. Lâorganisation dans son
ensemble doit uniquement sâinspirer des grands principes de lâagilitĂ© et donner lâautonomie
nĂ©cessaire Ă leur mise en pratique pour favoriser lâĂ©mergence puis le dĂ©veloppement du
changement. Une organisation ouverte, qui ne se laisse pas enfermer dans des procédures strictes
est plus propice au changement. PlutĂŽt que dâorganiser le changement en phases successives, il sâagit
dâĂ©voluer vers une vĂ©ritable culture du changement continu.
10. Choisir une méthodologie de conduite du changement
En pratique, la conduite du changement adoptera un style plus ou moins participatif. Cela dépendra
essentiellement du contexte dans lequel lâentreprise Ă©volue mais Ă©galement du type de systĂšme
informatique quâelle souhaite installer. Lâenvironnement influera sur le type de management
(directif, participatif, paternaliste, etc.) et par conséquent sur les habitudes de travail et la culture de
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lâentreprise. Quant Ă eux, les systĂšmes dâinformations utilisĂ©s seront adaptĂ©s aux exigences dâune
organisation visant prioritairement la satisfaction de la clientĂšle et lâefficacitĂ©. Dans la matrice ci-
dessous, nous posons lâhypothĂšse quâil existe une relation entre lâenvironnement de lâentreprise et le
type de systĂšme dâinformation quâelle utilise. Le croisement des axes donne ainsi lieu Ă quatre zones
correspondant à des modes spécifiques de management de la conduite du changement.
Figure IX : Choisir sa conduite du changement
Lâaxe horizontal dĂ©crit lâenvironnement dans lequel lâentreprise Ă©volue. LâinstabilitĂ© reprĂ©sente un
contexte dans lequel les changements sont fréquents, les normes, les lois, les produits ou les
demandes de la clientĂšle sont susceptibles dâĂȘtre remise en cause frĂ©quemment. Lâentreprise doit
donc ĂȘtre en mesure de sâadapter constamment pour ne pas marquer le pas face Ă la concurrence. A
contrario, lâenvironnement stable est plutĂŽt reprĂ©sentĂ© par une logique de « guerre des prix ». Dans
ce cas, lâorganisation doit mettre en place des structures peu coĂ»teuses permettant dâatteindre une
productivité et une rentabilité maximale.
Lâaxe vertical reprĂ©sente le type de systĂšme informatique que lâentreprise choisira pour gĂ©rer son
activitĂ© quotidienne. Par « logiciel prĂȘt Ă lâemploi », nous entendons les solutions vendues par les
grands Ă©diteurs tels que Microsoft ou SAP. En thĂ©orie, leurs produits peuvent ĂȘtre installĂ©s et utilisĂ©s
sans adaptation majeure et, par consĂ©quent, pour maximiser le ratio coĂ»t / bĂ©nĂ©fice câest au client
de sâadapter aux spĂ©cificitĂ©s du programme informatique. A contrario, le « logiciel ad hoc » est
dĂ©veloppĂ© par lâentreprise pour rĂ©pondre Ă ses propres besoins. Dans ces cas, la solution
informatique est construite par les utilisateurs autour dâune rĂ©alitĂ© spĂ©cifique. Bien quâĂ priori plus
coûteuse, cette méthode offre une flexibilité et une adaptabilité sans commune mesure.
La matrice, construite autour de lâhypothĂšse citĂ©e ci-dessus, dĂ©crit quatre zones permettant
dâidentifier la mĂ©thode de conduite du changement la plus adaptĂ©e aux circonstances. En dĂ©tail,
nous distinguons :
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(1) Méthodologie en trois phases. Dans un environnement stable dans lequel les coûts sont un
facteur de dĂ©cision majeur, il est recommandĂ© dâemployer une mĂ©thodologie en trois phases
pour dĂ©ployer une solution dâĂ©diteur prĂȘte Ă lâemploi. Ici, le changement de systĂšme
informatique sâinscrit clairement dans une optique de transition entre un point A et un
point B. Le processus de changement est donc temporaire et il peut sâorganiser sur une
période de temps limitée.
(2) MĂ©thodologie agile. Dans un environnement instable oĂč le changement est permanent, la
capacitĂ© dâadaptation prime sur les coĂ»ts. Dans ce contexte, le changement nâest plus
considĂ©rer comme le passage dâun point A vers un point B, car on ne peut souvent pas dĂ©finir
Ă lâavance les contours exacts du point dâarrivĂ©e. Les mĂ©thodologies agiles, appliquĂ©es aux
développements informatiques, permettent de répondre à ce contexte particulier dans
lequel les prĂ©ceptes de lâentreprise apprenante seront Ă©galement appliquĂ©s pour le
management de lâensemble de lâorganisation.
(3) Le dilemme ? Pourquoi adopter un systĂšme dâinformation individualisĂ© et Ă priori plus cher
alors que lâenvironnement est stable ? Est-ce que nous ne risquons pas de perdre la « guerre
des coĂ»ts » en se lançant des dĂ©veloppements spĂ©cifiques ? Est-ce quâune adaptation de la
structure organisationnelle autour dâun systĂšme informatique standard ne serait pas plus
rentable ? Dans ce cas, il sâagit de peser lâensemble des solutions pour choisir le meilleur
compromis entre flexibilité et coûts.
(4) Le danger ! Si lâorganisation se trouve enfermĂ©e dans un systĂšme dâĂ©diteur difficile Ă faire
Ă©voluer alors que lâenvironnement est instable, un changement radical de solution devra ĂȘtre
opĂ©rĂ©. Dans ce cas, nous entrons dans une mĂ©thodologie de gestion de crise oĂč des
modifications salutaires seront imposées par le top management.
11. Conclusion et avis personnel
Le changement ne doit jamais ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un phĂ©nomĂšne unidimensionnel, il est toujours
complexe et se loge dans les interactions entre diffĂ©rents agrĂ©gats quâil sâagit de considĂ©rer :
lâenvironnement, lâorganisation, la culture, les acteurs et les habitudes de travail sont quelques
exemples des facteurs à étudier avant de démarrer une démarche de changement. Souvent, nos
idées nous poussent vers une solution de conduite du changement qui nous paraßt juste mais, au
final, câest toujours le contexte qui dictera les conditions de la rĂ©ussite. Ainsi, sâil est toujours possible
de sâinspirer dâentreprises qui ont rĂ©ussis, il est totalement absurde de vouloir les copier. En effet, les
facteurs humains indispensables au succĂšs constituent toujours des Ă©quilibres particuliers quâil faut
traiter de maniÚre spécifique.
Selon BERNOUX (2010), lâorganisation est le rĂ©sultat des compromis rĂ©alisĂ©s entre les diffĂ©rentes
personnes qui la compose. En partant de cette affirmation, lâinstallation dâun nouveau systĂšme
informatique nâest donc pas lâunique origine du changement. Ce dernier intervient Ă©galement parce
quâil gĂ©nĂšre de nouvelles maniĂšres de voir et de faire les choses qui remettent parfois en cause les
compromis acceptĂ©s et usitĂ©s jusquâĂ prĂ©sent. Câest pour cela que la conduite du changement passe
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inévitablement par une ou plusieurs phases de gestion des ressources humaines. La dimension
humaine est primordiale dans un projet de changement, rien ne peut se faire sans la participation
des salariĂ©s et lâacceptation du nouveau systĂšme par les utilisateurs. En effet, les hommes auront
toujours le choix dâaccepter, de refuser ou de saboter le projet. La prise en compte de leur opinion
est donc importante tout au long du processus.
Lâenvironnement actuel semble alimenter le besoin de changement. Son rythme devient de plus en
plus rapide et de nombreux auteurs décrivent des méthodes favorisant le changement continu en
organisation. Dans le domaine de lâinformatique, les mĂ©thodologies agiles sont un exemple
marquant de la mise en pratique de styles de management permettant dâĂȘtre trĂšs rĂ©actif grĂące
notamment à une communication, une responsabilisation et une autonomie accrue. Si ces méthodes
répondent aux fantasmes des managers souhaitant une adaptabilité totale et permanente, elle se
transpose trÚs mal aux principes de la psychologie humaine. En effet, le mouvement perpétuel ne
cadre pas avec les besoins de lâindividu qui, lors dâun processus de transition, recherche des repĂšres
et des Ă©tapes auxquels se raccrocher âŠ
12. Bibliographie
[1] ALADWANI Adel M. Change management strategies for succesful ERP implementation.
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http://www.emeraldinsight.com/journals.htm?articleid=843482
[2] AL-SHAMALN Hala M. et AL-MUDIMIGH Abdullah S. The Chang Management Strategies and
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