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BILAN ÉVALUATIF INTERMÉDIAIRE
DE LA FABRIQUE DES MOBILITÉS
Avril 2017
Étude réalisée pour le compte de l’ADEME par le cabinet conseil SIRCOME
Coordination technique : Éric PLOTTU – Service Économie et Prospective – ADEME
SYNTHÈSE
REMERCIEMENTS
Membres du Comité de pilotage
Éric PLOTTU (ADEME/DRP/SEP) – Patrick JOLIVET (ADEME/DRP/SEP) – Hervé PERNIN
(ADEME/DRP) – Gabriel PLASSAT (ADEME/DVTD/STM) – Johan RANSQUIN (ADEME/DVTD) – Louis
FERNIQUE (MEEM/DGITM/MTI) – Hervé PHILIPPE (MEEM/DGITM/MTI) – Jean SENG
(MEEM/DGITM/AFIMB) – Marion GUST (MEEM/CGDD/DRI) – Denis PANSU (FING).
Participants à l’atelier du 17 janvier 2017
En sus des membres du COPIL : José CAIRE (ADEME/DVTD), Anne VARET (ADEME/DRP), Michel
JULIEN (MEEM/CGDD/DRI)
Ainsi que toutes les personnes ayant répondu à nos sollicitations (entretiens, questionnaires).
CITATION DE CE RAPPORT
Mathieu JAHNICH, Xavier BRISBOIS, Philippe NIKOLOV, Odile HEDDEBAUT, Clément MARINOS,
Gwendal SIMON, 2017. Bilan évaluatif intermédiaire de la Fabrique des Mobilités. ADEME (96 pages).
En français :
Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants
cause est illicite selon le Code de la propriété intellectuelle (art. L 122-4) et constitue une contrefaçon réprimée par le Code pénal.
Seules sont autorisées (art. 122-5) les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé de copiste et non destinées
à une utilisation collective, ainsi que les analyses et courtes citations justifiées par la caractère critique, pédagogique ou
d’information de l’œuvre à laquelle elles sont incorporées, sous réserve, toutefois, du respect des dispositions des articles L 122-
10 à L 122-12 du même Code, relatives à la reproduction par reprographie.
In English:
Any representation or reproduction of the contents herein, in whole or in part, without the consent of the author(s) or their assignees
or successors, is illicit under the French Intellectual Property Code (article L 122-4) and constitutes an infringement of copyright
subject to penal sanctions. Authorised copying (article 122-5) is restricted to copies or reproductions for private use by the copier
alone, excluding collective or group use, and to short citations and analyses integrated into works of a critical, pedagogical or
informational nature, subject to compliance with the stipulations of articles L 122-10 – L 122-12 incl. of the Intellectual Property
Code as regards reproduction by reprographic means.
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Introduction
Rappel du contexte et des objectifs de la mission
La FabMob : un nouveau dispositif de soutien à l’innovation porté par
l’ADEME
Le Service Transport et Mobilité de l’ADEME a souhaité expérimenter la mise en œuvre d’un nouveau
dispositif de soutien à l’innovation dédié au secteur de la mobilité : la « Fabrique des Mobilités »
(FabMob) qui se définit comme « le premier accélérateur européen dédié à un écosystème en mutation :
celui des acteurs du transport et des mobilités »1.
Les travaux de préfiguration de la Fabrique des mobilités ont été menés en 2015 en réponse à la lettre
de mission du 10 décembre 2014 du Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie.
La FabMob a été lancée fin 2015 sous la forme d’un premier appel à projets. L’accompagnement des
projets lauréats et des partenaires de la Fabrique a commencé début 2016.
La FabMob reste encore aujourd’hui un dispositif en construction, qui vise à soutenir les innovations
françaises et européennes. C’est un pari : celui de créer un environnement original de collaboration
entre industriels, start-up et territoires pour faciliter le succès de nouveaux produits et services à grande
échelle. Elle est un dispositif innovant en soi, ce qui induit une part de risque. La Fabrique met en
relation tous les acteurs, les projets, capitalise les retours d’expériences et les erreurs, pour faire
émerger une culture commune de l’innovation dans l’action. Les projets lauréats sont accompagnés par
des experts mais ne reçoivent pas de subvention de la part de l’ADEME.
Un bilan évaluatif intermédiaire
Après 10 mois de fonctionnement, l’ADEME et le Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la
Mer ont souhaité la réalisation d’un bilan évaluatif (tel que prévu dans le Contrat d’objectifs et de
performance État-ADEME 2016-2019).
Ce bilan doit permettre de faire le point sur les premiers mois de mise en place et de fonctionnement
de la FabMob et de dégager le cas échéant des pistes d’évolution du dispositif.
Le cabinet conseil SIRCOME a été retenu pour réaliser cette mission, sous le pilotage du Service
Économie et Prospective de l’ADEME. Elle a duré six mois : de septembre 2016 à février 2017.
Remarque : La FabMob est un dispositif encore en construction et ce bilan évaluatif intervient
relativement tôt dans la « vie » du projet. Ce contexte particulier a été pris en compte dans l’analyse et
les recommandations.
1 Page d’accueil du site web principal : http://lafabriquedesmobilites.fr/ (consulté le 15 décembre 2016)
Page 4
Description des données collectées et analysées
Notre évaluation repose sur l’analyse de la documentation disponible, des entretiens semi-dirigés
auprès d’une quarantaine d’acteurs, deux enquêtes complémentaires par questionnaire, l’observation
de trois événements organisés par la FabMob et sur notre propre expertise dans le domaine de
l’innovation et des mobilités.
L’analyse de l’ensemble des documents mis à notre disposition
● Études et rapports publics.
● Outils de communication et d’animation de la FabMob.
● Documents internes aux tutelles et à la FabMob.
Des entretiens approfondis
45 entretiens semi-directifs en face à face ou par téléphone ont été réalisés avec les différents acteurs
concernés par la FabMob :
● Tutelles - 14 (MEEM ; ADEME).
● Contributeurs, pilotes et animateurs de la FabMob – 10 (Chef de projet ; Assistance à
maîtrise d’ouvrage ; Animateurs, contributeurs).
● Start-up et plateformes sélectionnées et accompagnées – 9.
● Partenaires de la FabMob, acteurs de la mobilité et de l’innovation - 12 (Entreprises ;
Écoles, universités ; Incubateurs, pôles de compétitivité ; Territoires ; Acteurs de la mobilité et
de l’innovation).
Deux enquêtes par questionnaire
● Le Salon Autonomy se déroulait à Paris du 6 au 8 octobre 2016 : 51 personnes ont été
interrogées.
● Un questionnaire en ligne (disponible en annexe) a été diffusé début décembre auprès de
plus de 500 acteurs inscrits dans le répertoire de la Fabrique des Mobilités et relayé sur les
réseaux sociaux et dans les réseaux professionnels des experts ayant contribué à la réalisation
de ce bilan. 53 personnes ont répondu.
Des observations
Pour bien comprendre le fonctionnement de la Fabrique des Mobilités, nous avons réalisé quelques
observations (non participantes ou participantes selon la nature des réunions et du public) lors de
réunions de gouvernance de la Fabrique :
● Atelier du 13 octobre 2016, intitulé « Fabriquer les communs - Atelier 1 », à Paris.
● Atelier du 7 décembre 2016, intitulé « Fabriquer les communs - Atelier 2 », à Paris.
● Business Trip à Berlin les 28 et 29 novembre 2016 pour découvrir l'écosystème et les acteurs
berlinois de la Mobilité et voir comment se développer au mieux en Europe.
Un atelier de co-construction
Un atelier de co-construction a été organisé le mardi 17 janvier 2017 dans les locaux parisiens de
l’ADEME avec les personnes concernées du MEEM et de l’ADEME.
Page 5
Partie 1 – Actions menées et moyens mobilisés par la
FabMob
Cette première partie dresse un bilan factuel des actions menées et des moyens mobilisés par la
Fabrique des Mobilités, l’ADEME et les partenaires. En introduction de cette partie, nous présentons
deux schémas afin de donner au lecteur une vue d’ensemble, simplificatrice, des acteurs de
l’écosystème de la Fabrique des Mobilités et les actions mises en place.
Cartographie des acteurs de la FabMob
Cartographie des actions de la FabMob
Page 6
1.1 Le contexte dans lequel apparaît la FabMob
La Fabrique des mobilités se définit comme un dispositif original qui vise à soutenir les innovations
françaises et européennes dans un secteur en mutation : celui des transports et de la mobilité.
Le secteur des transports est le premier émetteur de gaz à effet de serre. Il est désormais admis que
le progrès technique ne permettra pas, à lui seul, d’atteindre les objectifs de réduction d’émissions de
gaz à effet de serre, ni de répondre aux enjeux environnementaux actuels. La question du changement
des comportements individuel et collectifs est un enjeu clé de la transition énergétique et écologique.
L’enjeu n’est plus seulement d’améliorer les moyens de déplacement mais de permettre à tous de
mieux se déplacer2. Un exercice prospectif de l’ADEME3 souligne que le volume de déplacements en
2030 pourrait être équivalent à celui d’aujourd’hui mais avec des répartitions modales différentes.
L’innovation en mobilité est fortement liée à la « révolution » numérique.
Dans ce contexte, les acteurs sont nombreux et divers : territoires et acteurs publics, grandes
entreprises historiques, fleurons de l’économie numérique et collaborative, start-up à des stades de
maturité et de développement plus ou moins évolués et des millions d’usagers qui utilisent des services
et des solutions, produisent et partagent des données.
1.2 Les objectifs affichés de la FabMob
La Fabrique des mobilités étant un dispositif novateur et en construction, son identité découle
essentiellement des objectifs qu’elle affiche, de la définition qu’elle fournit de ses ambitions et de ses
moyens, bref de la « promesse » qu’elle délivre aux acteurs à travers ses outils de communication les
plus marquants.
En résumé, la FabMob se définit comme :
• un accélérateur d’innovation,
• un « diffuseur » d’une culture commune de l’innovation numérique,
• un « facilitateur » de la mise en relation des acteurs de la mobilité.
Dans son appel à projets, la Fabrique s’adresse à « tous les acteurs français et européens » de
l’écosystème des transports et des mobilités.
1.3 L’appel à projets
L’appel à projet ADEME « La Fabrique des Mobilités. Solutions de rupture pour des mobilités durables
» a été lancé en octobre 2015. Il a été relayé via les outils de communication de l’ADEME et de la
Fabrique des Mobilités ainsi que par les ingénieurs transports et mobilité dans les Directions régionales
de l’ADEME.
39 projets ont été reçus et évalués de manière collective selon plusieurs critères intrinsèques comme
la composition de l’équipe dirigeante, la vélocité et l’agilité du projet, son caractère innovant, la capacité
à contribuer aux communs. D’autres critères ont été pris en considération comme l’éventail des
thématiques traitées et l’implantation géographique des projets. Signalons que l’absence de
financement n’obligeait pas à appliquer les règles des appels à projets où il y a une aide financière et
offrait donc une certaine souplesse au processus de sélection.
2 ADEME, “Vers un lieu des mobilités. Étude de définition d’un dispositif de soutien à l’innovation dans le domaine
des mobilités”, Juillet 2014
3 ADEME, “Mobilité et transport : vision prospective”, 2014
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1.4 Les projets retenus
Les dix projets lauréats
Le choix de retenir 10 projets a été justifié par l’enveloppe budgétaire disponible pour
l’accompagnement. Les projets sont très différents les uns des autres, comme en témoignent les
exemples suivants :
• Développement de nouveaux systèmes de transport à la demande, de véhicules autonomes ou
encore d’un vélo pliant innovant.
• Conception d’applications pour les parents ou les chauffeurs routiers
• Conception de logiciels pour le calcul d’itinéraire multimodal en temps réel ou la mesure en
temps réel et réduction des émissions polluantes.
• Facilitation du covoiturage dynamique, de la mutualisation du stationnement entre particuliers
ou d’un système de pédibus.
Les quatre projets de plateformes ouvertes retenus
Outre les 10 projets sélectionnés pour être accompagnés, quatre autres projets ont été identifiés pour
« leur capacité et leur volonté à produire des plateformes ouvertes essentielles à l'écosystème » (site
web FabMob). Il s’agit de plateformes de véhicules, de production et de traitement de traces de mobilité,
de vélos en libre-service et de voitures connectées.
1.5 Différents types d’acteurs et leurs productions
En décembre 2016, la FabMob affichait sur son site web « 10 start-up, 57 partenaires, 6 pilotes,
28 contributeurs »4. Les partenaires constituent « un premier cercle d'acteurs rassemblés autour des
projets [lauréats] »5. ll s’agit d’industriels, de territoires, d’incubateurs, de pôles de compétitivité, de
laboratoires et d’établissements d’enseignement supérieur, d’agences et ministères…
La fabrique des Mobilité a mis en place de nombreux ateliers, workshop, conférences autour des sujets
de la Mobilité. Certaines rencontres étaient réservées aux porteurs de projets dans le cadre de leur
accompagnement d’autres l’étaient pour les partenaires ou bien étaient ouvertes à tous.
Plusieurs outils de communication et d’animation ont été créés : le site internet principal, deux blogs et
des comptes sur Twitter et YouTube, un site dédié aux communs, un wiki, un agenda et un répertoire
partagés, des outils de discussion, un annuaire…
Partie 2 – Caractérisation et appréciation de la pertinence
de la Fabrique des Mobilités comme dispositif de soutien à
l’innovation
Comme cela a déjà été mentionné, la Fabrique des mobilités est un objet complexe et singulier, encore
en cours de définition, qui répond à plusieurs besoins : mise en relation par un réseau ouvert permettant
des échanges fructueux entre différents types d’acteurs, aide à l’émergence des projets et à leur
accélération, laboratoire de communs en devenir, think tank. L’articulation de ces différentes fonctions,
isolées par ailleurs, est clairement une approche innovante et prometteuse.
4 Page d’accueil du site web principal : http://lafabriquedesmobilites.fr/ (consulté le 15 décembre 2016)
5 Ibid.
Page 8
2.1 Un objet complexe, singulier et prometteur
De nombreuses fonctions
Premier constat largement partagé, la Fabrique n’est pas un dispositif simple et clair, et ceci d’autant
plus qu’elle a vocation à évoluer « en réinvention permanente ». Cette complexité peut d’ailleurs être
perçue positivement ou négativement selon les points de vue. La FabMob rassemble de nombreuses
fonctions :
● Think tank : partage et capitalisation du savoir, dimension prospectiviste
● Facilitateur : permet de « mettre autour de la table » différents types d’acteurs
● Aide à l’émergence des projets et à leur accélération et accélération “inversée”
● Laboratoire de communs en devenir
Le schéma ci-dessous permet de se représenter ces principales fonctions. Pour chacune d'elle, le
pourcentage indique de manière approximative le degré de réponse aux besoins des acteurs, la plus-
value apportée, le degré de similitude avec d’autres acteurs assurant une fonction similaire.
Représentation schématique des fonctions assurées aujourd’hui par la FabMob
et du niveau d’accomplissement de leurs différents potentiels
La spécificité de la FabMob par rapport aux autres dispositifs
Plusieurs caractéristiques marquent la spécificité de la FabMob par rapport aux autres dispositifs
existants comme les incubateurs, pôles de compétitivité ou open labs :
● la capacité à sortir des « silos » informationnels et organisationnels,
● la mise en commun et la volonté de créer ensemble,
● le fait d'être dédié à la thématique de la mobilité
● l'échelle géographique envisagée (nationale voire européenne).
En ce sens, la FabMob apparaît comme un dispositif pertinent de soutien à l’innovation.
Il nous semble que l’objectif de développement d’une mobilité éco-responsable, qui est celui de
l'ADEME et qui est naturellement partagé par la FabMob, pourrait être mieux et plus fortement souligné.
Des outils pertinents mais peu utilisés
La FabMob met un certain nombre d’outils de communication et d'animation à la disposition des
porteurs des projets lauréats mais plus largement à tous les partenaires et acteurs de la Fabrique : sites
web et réseaux sociaux, outils Google, outils de discussion, annuaire, outil de suivi de projet… Ils ont
des qualités et sont adaptés à l’objectif d’innovation dans un contexte fortement marqué par le
numérique. Toutefois, ils restent peu utilisés et difficiles à prendre en main par tous les acteurs en
pratique. Ils doivent donc être optimisés.
Page 9
2.2 Les communs, une spécificité constitutive de la Fabrique des
Mobilités en cours de mise en place
La Fabrique des Mobilités met les communs au centre de son dispositif : c’est un point particulièrement
intéressant et innovant.
Différentes descriptions de ce qu’est un commun
Même si bon nombre des personnes interrogées ont une idée positive de ce qu’est un commun, peu
sont capables d’en donner une définition claire. Ils évoquent :
● Ce qui a peu de valeur ajoutée (applications de base ; données publiques)
● Des plateformes (open source ou de données)
● Un bien informationnel (expertise, retours d’expérience, schémas de montage)
Voici une définition des « communs », fruit d’une réflexion collaborative6 :
« Les biens communs, ou tout simplement communs, sont des ressources, gérées
collectivement par une communauté, celle-ci établit des règles et une gouvernance dans le but
de préserver et pérenniser cette ressource. Des logiciels libres aux jardins partagés, de la
cartographie à l’énergie renouvelable, en passant par les connaissances et les sciences
ouvertes ou les AMAPs et les épiceries coopératives, les « Communs » sont partout ! »
La démarche de la FabMob autour des communs s’est faite selon trois axes :
1. L’identification et l’indexation de communs existants sur un site web. Cette première phase
parait peu opérationnelle car on ne sait pas ce que l’on doit chercher et ce que cela peut
apporter.
2. La création de communs, en commençant avec les acteurs du covoiturage et avec pour résultat
la constitution de deux chantiers sur l’interopérabilité des bases de données et les preuves de
covoiturage (qui suscitent l’intérêt d’autres acteurs comme le STIF).
3. Le lobbying auprès des acteurs pour les inviter à ouvrir leurs plateformes, avec deux projets en
cours : Catalog de Transdev et Twizy de Renault.
Le développement des communs : une tendance forte
Quelques grands traits caractérisent l’utilité des communs et les besoins actuels de développement et
d’amélioration. Tout d’abord, ils permettent de mettre en place les conditions d’un travail collaboratif et
d’apprendre aux acteurs à coopérer loin des logiques de capitalisation et de création de valeur
habituelle. L’idée est d’aller vers une « coopétition », concentrant la compétition sur la valeur ajoutée.
Cette caractéristique est spécifique à la Fabrique vis-à-vis d’incubateurs souvent seulement centrés sur
les gains de compétitivité, et devraient permettre d’organiser les partenariats au sein de la structure.
Ensuite, ils sont essentiels pour les marchés en devenir, par les synergies qu’ils permettent, leur
capacité à faire émerger les projets et à ouvrir les marchés. Il s’agit d’une problématique fondamentale
pour laquelle apparaît un nouveau type de solution. Par nature ce sujet est donc porteur et ne peut que
se développer. Malgré l’intérêt ainsi manifesté les acteurs parlent peu des modèles économiques liés
aux communs, il s’agit sans doute là de la prochaine étape essentielle pour permettre une mise en
œuvre performative de ce qui est encore balbutiant pour l’instant.
6 Définition proposée par le site http://lescommuns.org/
Page 10
Des difficultés de mise en place
L’une des difficultés majeures de la production de communs réside dans la gestion de la concurrence
entre acteurs de nature variée, notamment la gestion des droits entre différents types d’acteurs et dans
des temporalités différentes (grands groupes, start-ups, collectivités), mais aussi dans des enjeux
d’organisation qui nécessitent une culture commune initiale. Un apport de la Fabrique sur ce point
pourrait être de jouer le rôle de tiers de confiance, neutre et disposant d’un certain leadership.
L’une des composantes spécifiques du problème de concurrence et que les communs seraient trop
ouverts, tout comme l’est la Fabrique pour certains acteurs. Certains acteurs redoutent des
comportements de prédation et souhaiteraient que les communs soient réservés à des communautés
spécifiques ou qu’un cadre juridique en contraigne l’usage pour ceux qui n’ont pas collaborés.
Un manque de clarté de la part de la Fabrique sur ce que sont les communs et ce qui est attendu des
acteurs à leurs propos est aussi mis en cause. L'obligation de contribution est perçue de manière très
hétérogène : certains proposent du retour d’expérience, d’autre de la donnée et certains ne savent pas
encore quoi apporter ni comment. Ce manque vient particulièrement du fait que les explications sont
très théoriques et manquent de traduction opérationnelle, où fixer la limite entre commun et propriétaire
par exemple ?
Partie 3 – Gouvernance et mode de fonctionnement de la
Fabrique
Cette partie est consacrée à l’analyse des moyens dont dispose la FabMob et à sa gouvernance. Elle
fait écho à la partie 1.2 qui présentait les moyens et les objectifs « affichés » par la Fabrique.
3.1 Les moyens dont dispose la FabMob
Les moyens financiers dont la Fabrique dispose sont fournis par l’ADEME et se montent à environ 200
000 € pour la mission d’assistance à maîtrise d’ouvrage couvrant l’année 2016 et le premier semestre
2017. Il faut ajouter à cela la rémunération du chef de projet (mobilisé à 80 %).
Les partenaires mettent régulièrement à disposition des locaux pour accueillir les événements. De
nombreuses personnes sont mobilisées « bénévolement » et apportent leur temps ou leur expertise
pour animer un atelier, contribuer aux échanges sur les différents outils de la FabMob…
De nombreux participants ne parlent pas de ces moyens ou mentionnent leur totale ignorance à ce
sujet. Les quelques participants qui s’expriment sur les moyens identifient bien que l’essentiel du
financement doit provenir de l'ADEME et ne mentionnent guère d’autres contributeurs dans ce registre
et seulement au conditionnel. L'absence de financement n'est pas vécue comme un manque, que ce
soit par les porteurs de projets ou par les autres acteurs.
3.2 La gouvernance et le mode de fonctionnement de la FabMob
Des règles implicites pour un « leadership visionnaire »
Concernant la direction de la Fabrique, tous ne voient pas qui aurait les commandes. Loin d’être une
critique, nombre d’acteurs voient là une caractéristique intéressante, intelligente et productive. Là où
pourrait se trouver des structures ou un organigramme, les acteurs évoquent surtout un leadership
naturel de l’initiateur du et des consultants qui l’accompagnent. Ce côté « personnel » suscite aussi
certaines inquiétudes côté tutelle, notamment car il pourrait être source de conflits de légitimité face à
d’autres acteurs institutionnels.
Page 11
Plusieurs des acteurs interrogés ne semblent pas du tout pouvoir dire quelles sont les règles de la
Fabrique, même si une charte existe, sur le wiki. Quand leur contenu est évoqué c’est souvent par une
référence aux communs, auxquels les acteurs auraient le devoir de contribuer. Précisément, la règle
qui semble la plus saillante dans les esprits est le respect d’un principe de réciprocité : chacun doit
apporter au dispositif pour que tous puissent en retirer quelque chose. Pour de nombreux acteurs, il
serait plus juste de parler d’un état d’esprit, en accord avec la logique d’un projet qui fédère des bonnes
volontés. La finalité de la gouvernance serait plutôt d’orienter que de cadrer.
Pour l’avenir, l'idée de la création d'une association est soutenue par plusieurs acteurs. Une telle
structure pourrait fournir le statut et la personnalité morale nécessaire pour certaines activités
(partenariats européens par exemple), mais aussi du financement et de la régulation via un système de
cotisation.
L’absence de contrainte restreint l’engagement
Un enjeu problématique de ces règles de fonctionnement très tacites est qu’elles peinent à assurer les
conditions d’une collaboration fructueuse. Ce sujet se décline à travers les différents thèmes. Il semble
y avoir là un frein majeur auquel il faut trouver une solution. L’absence actuelle d’un climat de confiance
et la forte concurrence existant entre certains acteurs ne libère pas les énergies et la créativité.
Un pilotage classique de la FabMob au sein de l’ADEME
La Fabrique des Mobilités est pilotée par une personne (le chef de projet), ingénieur au Service
Transports et mobilités de l’ADEME. Il rend compte régulièrement à son chef de service et un point
d’avancement est organisé toutes les six semaines au niveau Direction. Au vu des enjeux, ce mode de
pilotage habituel à l’ADEME pour ce type de projet pourrait être plus formel pour éviter certains écueils
d’interaction avec les tutelles.
Partie 4 – Adéquation de l’accompagnement aux besoins
des acteurs
Dans cette 4e partie, nous décrivons et analysons les retours des porteurs de projets, de l’AMO, des
partenaires après les premiers mois de fonctionnement de la FabMob. Nous analysons également les
relations entre l’ADEME et la FabMob.
4.1 Les premiers retours des acteurs
L’accompagnement individuel et collectif
L’équipe de l'AMO est constituée de cinq profils aux parcours variées et complémentaires. D’une
manière générale, la compétence de l’AMO est mise en avant par les porteurs de projets et partenaires
de la FabMob. S’ils jugent les ateliers organisés « intéressants » et louent le fort potentiel de mise en
relation avec d’autres acteurs, les porteurs de projets ne semblent pas encore ressentir l’effet
d’accélération promis par la FabMob, ce qui est normal compte-tenu de la jeunesse du dispositif.
Toutefois, nous sentons pointer une certaine déception quant à la concrétisation de l’accompagnement
collectif.
Quant à l’accompagnement individuel, les séances de « coaching » et de « mentoring » sont appréciées
mais jugées trop ponctuelles. Et du fait de leur grande disparité (d’avancement, de taille, etc.), il y a une
vraie difficulté à accompagner correctement les projets sélectionnés. Cela pose la question du
dimensionnement des moyens consacrés à la FabMob et à l’AMO.
Page 12
Les partenaires
Les partenaires de la Fabrique sont des industriels, des territoires, des incubateurs, des pôles de
compétitivité, des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, des organismes publics…
Le dispositif leur permet d’être plongés dans un écosystème riche dans le domaine des mobilités et de
l’innovation, de se tenir au courant des évolutions, de les comprendre. Plusieurs porteurs de projets ont
exprimé leurs craintes relativement à la présence de grands groupes industriels qui observent sans
réellement collaborer.
Les partenaires territoriaux apportent par exemple de possibles terrains d’expérimentations, les écoles
et universités la possibilité de mobiliser des étudiants. Tous apportent également leur propre réseau.
Certains apportent clairement leur notoriété à la FabMob, notamment dans les premiers mois
d’existence. Il apparaît par contre que les acteurs de la recherche sont peu mobilisés dans la Fabrique
des Mobilités, un potentiel existe ici car les résultats de la recherche publique constituent un commun
très riche mais encore sous-exploité.
La caution de l’ADEME
Le fait que la FabMob soit un dispositif soutenu et piloté par l’ADEME est une plus-value à plusieurs
titres : la « caution » ADEME, l’assurance d’une prise en compte des enjeux écologiques, le réseau de
l’Agence... En retour, l’ADEME bénéficie d’une connexion avec les acteurs et les enjeux mouvants des
mobilités, ce qui contribue à sa transformation et à la diffusion d’une culture d’open innovation en
interne. Il est d’ailleurs intéressant de constater que ce dispositif pourrait être décliné sur d’autres sujets,
à l’intérieur de l’ADEME, du ministère ou de manière plus autonome.
La reproductibilité de la FabMob
Nous pensons que le dispositif FabMob pourrait être fructueusement reproduit dans d’autres domaines,
au-delà des enjeux des transports et de la mobilité, sur l’énergie, les déchets, etc. Le retour
d’expérience relatif aux premiers mois de fonctionnement de la FabMob ainsi que les pistes de réflexion
et recommandations formulées dans la 5e partie du présent rapport devraient permettre aux acteurs
potentiellement intéressés de concevoir et lancer un projet similaire, en ayant une bonne idée des
ressources nécessaires.
4.2 Discussion de l'efficacité du dispositif
Rappelons à ce stade que le dispositif lui-même (la FabMob) a été conçu sans s’équiper d’outils de
suivi ni d’indicateurs. Cela explique, en plus de son caractère original, la difficulté que nous avons eu à
mobiliser ces données, à construire des indicateurs classiques permettant de mesurer l’efficacité et
l’efficience du dispositif. Notre analyse se base donc de manière prépondérante sur des éléments
qualitatifs : les témoignages des acteurs interviewés et notre compréhension des réalisations de la
FabMob.
La mise en réseau
Le premier niveau de mise en réseau semble bien fonctionner. À travers ses outils de communication
et de veille au quotidien, ses études approfondies, les ateliers et événements la FabMob parvient à
faire se rencontrer des acteurs très différents. Toutefois, nous avons constaté que de nombreux acteurs
cherchent à aller plus loin et qu’ils sont pour l’instant frustrés de constater que cette connectivité accrue
ne se transforme pas si facilement en projets concrets. De nombreux acteurs ont été séduits et ont
rejoint le dispositif et ils en attendent maintenant une concrétisation. C’est un enjeu de parvenir à
transformer cet enthousiasme en projets tangibles. Le risque d’essoufflement est réel.
Concernant l’activité de mise en réseau, l’efficacité de la FabMob dépendra de sa capacité à impliquer
les membres comme autant de contributeurs à la vie du dispositif. La bonne santé du dispositif
s’illustrera par l’évolution du nombre de membres et de leur degré d’activité. La Fabrique doit donc se
doter d’outils de suivi afin de pouvoir mieux mesurer son activité de réseau.
Page 13
Les deux ateliers successifs sur le covoiturage que nous avons observés ont souligné le rôle central de
l’animateur. Il convient de trouver un équilibre entre le besoin de liberté laissé aux acteurs et le cadrage
utile pour rendre plus productifs ces temps d’échanges. Une piste d’amélioration serait donc d’identifier
des membres intéressés et de les former aux techniques d’animation. L'accompagnement et l'animation
de réseau est aujourd'hui un métier avec des compétences spécifiques. L’équipe de la FabMob pourrait
se professionnaliser en la matière ou faire appel à des ressources expertes externes.
Les communs
En gardant à l’esprit que la FabMob fonctionne depuis quelques mois seulement, si les résultats ne
semblent pas encore être à la hauteur des attentes, il faut s’interroger sur les motifs qui freinent le
développement des communs. Nous en avons identifié plusieurs : l'hétérogénéité des membres,
l’absence de culture commune, la méfiance des « petits » envers les « grands » acteurs ainsi qu’un
cadrage juridique insuffisant.
Le concept des communs est globalement bien apprécié, même si de nombreux acteurs n’en
comprennent pas les tenants et les aboutissants. C’est une idée séduisante. Plus de 200 communs ont
été référencés par les équipes de la FabMob. Les communs sont un prétexte pour s’entraider et fédérer
les acteurs. De manière indirecte, les ateliers sur les communs « obligent » les acteurs à se réunir, à
échanger sur leurs difficultés, à travailler ensemble sur un commun important...
Mais le véritable point dur est de générer de nouveaux communs, qui soient réellement utiles aux
diverses parties prenantes. Comment faire converger les objectifs des entreprises qui sont
concurrentes ? Comment négocier ce qui va être partagé ? Il y a un risque d’idéalisation des
communs mais il ne faut pas négliger les risques de perte de valeur ou de perte de temps des start-up
face aux grands groupes et administrations.
Dans le récent « appel à communs » lancé par la FabMob fin 2016, il est annoncé une « contribution
de l’ADEME à la fois en compétences et financière aux projets retenus ». Celle-ci nous paraît
indispensable (par l’Agence ou d’autres acteurs) parce que, après avoir identifié un commun, le travail
se fait en plusieurs étapes qui nécessitent des moyens : harmoniser les données ; développer la base
de données proprement dite ; animer le réseau d’acteurs pour utiliser les communs. Mais une incitation
financière peut-elle se substituer à la confiance ?
Se pose également la question des indicateurs. Compter le nombre de communs identifiés et en cours
de construction est un premier pas, mais insuffisant. Il faut également démontrer en quoi ces communs
ont été utiles aux entreprises. Qu’est-ce qu’ils apportent concrètement ? Les start-up ont-elles pu se
saisir de tel ou tel commun pour progresser plus vite ? Faut-il privilégier un grand nombre de « petits »
communs ou un petit nombre de communs significatifs ? Quelle stratégie sera la plus utile aux acteurs ?
Ces questions mériteraient d’être tranchées.
Le reporting
Si l’on rapporte le niveau d’atteinte des objectifs rapporté aux moyens, le bilan a mis en évidence des
points faibles susceptibles d’être compensés en cas de renforcement des moyens attribués à la
Fabrique. Il est ici question de la dépendance à une seule personne (le chef de projet), des difficultés
à remonter les données (reporting) ou encore de mieux planifier la stratégie de communication tant en
interne qu’en externe.
Il faut également souligner que les objectifs de la Fabrique sont particulièrement flous et ambitieux :
« accélérer l’innovation », « faire émerger une culture commune de l’innovation », « 5 projets lauréats
puis 10 à 100 par an », etc. Alors nous avons bien conscience qu’il est parfois utile d’être ambitieux
pour attirer l’attention et susciter l’intérêt des acteurs. Mais viendra le moment où il faudra rendre compte
à toutes les parties prenantes.
Page 14
Il est étonnant de ne pas disposer d’indicateurs de reporting (au quotidien), de monitoring (à horizon du
trimestre ou de l’année) et d’évaluation (tous les 3 ou 5 ans). Mais comment mesurer l’accélération,
l’émergence de cette culture commune ? Les données chiffrées communiqués jusqu’alors (nombre
d’acteurs, de partenaires et d’événements, nombre de document partagés…) nous semblent
insuffisantes. Ce n’est assurément pas simple mais c’est indispensable pour légitimer le dispositif,
notamment vis-à-vis des tutelles de l’ADEME.
L’ambition européenne ou internationale
L’échelle géographique de la FabMob pose également question. Être ouvert à l’innovation, à l’actualité
des acteurs européens et internationaux est évidemment indispensable. Elle est déjà bien réalisée à
travers le travail de veille des animateurs de la FabMob (qui est visible sur les comptes réseaux sociaux,
les blogs…), les échanges et les visites organisées (le Business Trip à Berlin en est un bon exemple).
Nous nous interrogeons sur la volonté de fédérer une communauté d’acteurs à l’échelle européenne.
Comment fait-on, sans relai intermédiaire ? Des dizaines de langues, de cultures... L’hétérogénéité des
« membres » de la Fabrique est déjà forte avec un périmètre français et génère certaines difficultés.
Quels seraient les moyens nécessaires ? Est-ce une ambition réaliste ?
Un postulat a été formulé par quelques acteurs : pour être compétitif à l’international, il faudrait être
implanté à l’échelle européenne. Cela reste à démontrer. De nombreux cas de start-up montrent qu’on
peut passer directement de la France aux marchés le plus prometteurs (USA, Japon…) sans passer
par l’échelle européenne.
Partie 5 – Formulation de recommandations d’évolutions
Nous recommandons que la Fabrique des mobilités :
• Définisse mieux sa structure, ses objectifs et les orientations retenues pour les atteindre.
• Envisage les possibilités d'une évolution de structure et d'organisation pour clarifier les
modalités de partenariats et élargir le financement.
• Articule mieux son action avec d'autres initiatives publiques comme Mobilité 3.0 pour éviter la
cacophonie et le doublonnage.
• Optimise son action par des évolutions de ses différentes fonctions.
Valider une définition de la Fabrique des Mobilités
Il nous semble indispensable de bien définir la Fabrique des Mobilités, dans ses missions en elles-
mêmes mais aussi relativement aux autres dispositifs qui accompagnent l’innovation et favorisent son
émergence, en dépassant le discours marketing et la communication pour caractériser aussi les
pratiques et les interactions avec les acteurs.
Voici une proposition de définition qui devra être ajustée et appropriée par les acteurs eux-mêmes :
La Fabrique des Mobilités est un dispositif hybride, à la fois think tank et facilitateur
d’innovation, dans le domaine de la mobilité.
• Un think tank, c’est-à-dire un lieu de débat et d’échanges, qui assure une veille
pointue, identifie et explore les sujets clés, capte les signaux faibles, diffuse une culture
de l’innovation... dans le champ des mobilités innovantes.
• Un facilitateur de l’écosystème de l’innovation, dans le domaine de la mobilité et
des transports, à travers la création et l’animation d’un réseau d’acteurs très divers et
l’accompagnement de porteurs de projets.
Son objectif est de favoriser l’émergence de projets innovants, dont les bénéfices écologiques
et énergétiques sont évalués, et d’accélérer leur mise en œuvre et progression. La FabMob
concentre ses efforts et moyens sur la constitution et l’animation d’un laboratoire des
communs pour mener ses actions.
Page 15
Mettre en place de nouvelles règles de gouvernance et sélectionner une
structure de portage
Nous recommandons à la Fabrique des Mobilité de se doter d’une structure juridique propre pour lui
permettre de compléter les moyens alloués par l’ADEME par les apports d’autres partenaires et de
clarifier les modalités de partenariat et d’animation.
Il existe plusieurs formes juridiques possibles : entreprise privée, association, société coopérative
d’intérêt collectif... L'association présente plusieurs avantages : fonctionnement pour un collectif
d'acteurs privés et publics avec des règles fines de gouvernance, possibilité de recevoir des
subventions et des dons en plus des adhésions des membres. C'est la forme juridique des principaux
projets collectifs d'innovation et des incubateurs publics.
Dans le cas de l’association, les apports des partenaires pourraient se traduire par une participation
exceptionnelle pour le fonctionnement général de l’association, une cotisation ou une participation
financière et/ou en ressources propre sur une ou plusieurs actions de la Fabrique des Mobilités. Cette
façon de procéder est classique pour les structures dans l’innovation numérique, comme par exemple
les pôles de compétitivité ou les Think Tank.
Les événements organisés à l’avenir par la FabMob pourraient être ouverts à l’ensemble des acteurs
ou bien restreints uniquement aux membres de l’association.
Actuellement, il existe une liste de partenariats dont les objectifs ne sont pas précisés et qui n’ont pas
toujours une réalité affirmée. Il faudrait que chacun des partenaires actuels puisse ainsi trouver sa place
en définissant précisément son niveau d’engagement auprès de la Fabrique. L’association pourrait
alors définir un budget et des moyens lui permettant de mieux fonctionner.
Le revers de la création d’une telle association est le risque d’externaliser la Fabrique hors de l’ADEME
est de voir son aura et sa légitimité en pâtir. Il sera essentiel d’organiser une transition progressive et
de garder un lien fort avec l’agence pour ne pas voir les nouveaux acteurs hésiter à s’inscrire dans une
structure dont la caution serait moindre.
Assurer l’articulation avec l’initiative Mobilité 3.0
Comme indiqué plus haut, le Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer (MEEM) et le
Ministère de l’Économie et des Finances (MinEFi) ont endossé l’initiative « Mobilité 3.0 » de l’association
ATEC ITS-France, que celle-ci a conçu et détaillé dans le livre vert de la Mobilité Intelligente publié fin
2015. Ils ont ainsi mandaté l’association pour animer et orchestrer un ensemble de travaux collectifs,
soumis aux orientations d’un Comité stratégique ad hoc (le CoStrat Mobilité 3.0, mis en place en janvier
2017).
Au-delà des exercices de formulation stratégique, l’un des objectifs de ce programme est de favoriser
l’émergence et le développement de projets innovants à l’échelle nationale et européenne. Pour cela,
l’ATEC-ITS s’appuie sur un réseau de relais dans les territoires permettant de faciliter et accélérer les
échanges entre Mobilité 3.0 et les collectivités locales : notamment diverses collectivités de tous
niveaux déjà membres de l’association, mais aussi certains pôles de compétitivité ou instituts
territorialement ancrés, ainsi que les associations et structures représentatives des différentes
catégories de collectivités ou personnalités œuvrant dans ces collectivités.
Avec sa capacité à réunir autour d’une même table des acteurs très différents, son réseau existant de
plusieurs centaines d’acteurs et de porteurs de projets en France et le développement des relations
avec les acteurs européens, la FabMob pourra clairement devenir l’un des piliers du futur réseau
Mobilité 3.0.
Page 16
Cibler les fonctions plutôt que la finalité
Les communs sont une des spécificités de la Fabrique des Mobilités qui irriguent les autres fonctions.
C’est clairement l’outil différenciant et original par rapport aux autres dispositifs existants. C’est la
fonction centrale. Nous recommandons de développer un Laboratoire des communs en suivant une
méthodologie précise.
La fonction Think Tank fait déjà partie de l’ADN de la Fabrique sans qu’elle ait été définie au préalable.
Il convient structurer cette fonction, notamment en identifiant les thèmes clés à développer.
La fonction Facilitateur regroupe deux réalités : un travail de mise en réseau des acteurs et des
méthodes innovantes d’animation basées sur l’intelligence collective. Il faut consolider cette fonction.
Enfin, la fonction Accélérateur : la Fabrique des mobilités ne propose pas une vraie accélération et n’est
pas un incubateur. Mais elle est en capacité de conseiller la start-up sur la mobilité et d’organiser une
forme d’accélération dans la mise en relation avec des grands groupes et des territoires. Nous
proposons de parler plutôt du rôle d’accompagnateur de la FabMob, sur un nombre raisonnable de
projets, en liaison étroite avec le laboratoire de communs.
Ces fonctions combinées permettront à la FabMob d’atteindre son objectif : favoriser l’émergence de
projets innovants et accélérer leur mise en œuvre et leur progression.
Représentation schématique des fonctions qui pourraient être assurées
par la FabMob dans les mois / années qui viennent
Optimiser le dispositif par des évolutions pour chaque fonction
Enfin, la Fabrique doit optimiser son action par des évolutions de ses différentes fonctions, qui la
définissent bien plus que sa finalité. Plusieurs options sont envisageables, mais à l'issue d'échanges
avec la tutelle et les acteurs centraux nous pensons qu'il serait surtout intéressant de :
• Développer les communs, via un « laboratoire des communs » par exemple et les mettre au
service des autres fonctions.
• Améliorer la mise en œuvre de deux fonctions centrales « think tank » et « facilitateur ».
• Repositionner la fonction « accompagnateur », notamment en insistant sur les formes
d'accompagnement les plus pertinentes pour la Fabrique.
Page 17
L’internalisation d’une part importante de tâches nous semble essentielle compte-tenu des missions
attribuées. Aux côtés du chef de projet ADEME, il apparait pertinent de recruter une personne qui serait
en charge de gérer les projets (suivi personnalisé, aide ponctuelle spécifique…), de réaliser le reporting
et d’aider à la recherche de partenariats. Une autre personne pourrait être affectée à la communication
externe (en rendant compte de manière synthétique, accessible aux différents acteurs et cohérente
selon les différents outils) ainsi qu’à la facilitation (animation d’ateliers…).
Ce renforcement des ressources humaines, en lien étroit avec la complémentarité des fonctions,
permettrait d’optimiser la valeur ajoutée de la Fabrique des Mobilités, par rapport aux autres dispositifs
existants, et la capacité à être en lien avec une majorité d’acteurs de l’écosystème complexe et riche
de potentiels qu’est le champ de la mobilité.
La Fabrique des Mobilités conserverait ainsi son rôle unique et original dans ce domaine, bien identifiée
comme outil placé au sein de l’ADEME et au service du développement d’une mobilité soutenable tant
en France qu’à l’étranger.
Page 18
L’ADEME EN BREF
L'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise
de l'Énergie (ADEME) est un établissement
public sous la triple tutelle du ministère de
l'Écologie, du Développement durable et de
l’Énergie, et du ministère de l’Enseignement
supérieur et de la Recherche. Elle participe à
la mise en œuvre des politiques publiques
dans les domaines de l'environnement, de
l'énergie et du développement durable.
Afin de leur permettre de progresser dans leur
démarche environnementale, l'agence met à
disposition des entreprises, des collectivités
locales, des pouvoirs publics et du grand
public, ses capacités d'expertise et de
conseil. Elle aide en outre au financement de
projets, de la recherche à la mise en œuvre
et ce, dans les domaines suivants : la gestion
des déchets, la préservation des sols,
l'efficacité énergétique et les énergies
renouvelables, la qualité de l'air et la lutte
contre le bruit.

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Evaluation FabMob Synthese

  • 1. BILAN ÉVALUATIF INTERMÉDIAIRE DE LA FABRIQUE DES MOBILITÉS Avril 2017 Étude réalisée pour le compte de l’ADEME par le cabinet conseil SIRCOME Coordination technique : Éric PLOTTU – Service Économie et Prospective – ADEME SYNTHÈSE
  • 2. REMERCIEMENTS Membres du Comité de pilotage Éric PLOTTU (ADEME/DRP/SEP) – Patrick JOLIVET (ADEME/DRP/SEP) – Hervé PERNIN (ADEME/DRP) – Gabriel PLASSAT (ADEME/DVTD/STM) – Johan RANSQUIN (ADEME/DVTD) – Louis FERNIQUE (MEEM/DGITM/MTI) – Hervé PHILIPPE (MEEM/DGITM/MTI) – Jean SENG (MEEM/DGITM/AFIMB) – Marion GUST (MEEM/CGDD/DRI) – Denis PANSU (FING). Participants à l’atelier du 17 janvier 2017 En sus des membres du COPIL : José CAIRE (ADEME/DVTD), Anne VARET (ADEME/DRP), Michel JULIEN (MEEM/CGDD/DRI) Ainsi que toutes les personnes ayant répondu à nos sollicitations (entretiens, questionnaires). CITATION DE CE RAPPORT Mathieu JAHNICH, Xavier BRISBOIS, Philippe NIKOLOV, Odile HEDDEBAUT, Clément MARINOS, Gwendal SIMON, 2017. Bilan évaluatif intermédiaire de la Fabrique des Mobilités. ADEME (96 pages). En français : Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite selon le Code de la propriété intellectuelle (art. L 122-4) et constitue une contrefaçon réprimée par le Code pénal. Seules sont autorisées (art. 122-5) les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé de copiste et non destinées à une utilisation collective, ainsi que les analyses et courtes citations justifiées par la caractère critique, pédagogique ou d’information de l’œuvre à laquelle elles sont incorporées, sous réserve, toutefois, du respect des dispositions des articles L 122- 10 à L 122-12 du même Code, relatives à la reproduction par reprographie. In English: Any representation or reproduction of the contents herein, in whole or in part, without the consent of the author(s) or their assignees or successors, is illicit under the French Intellectual Property Code (article L 122-4) and constitutes an infringement of copyright subject to penal sanctions. Authorised copying (article 122-5) is restricted to copies or reproductions for private use by the copier alone, excluding collective or group use, and to short citations and analyses integrated into works of a critical, pedagogical or informational nature, subject to compliance with the stipulations of articles L 122-10 – L 122-12 incl. of the Intellectual Property Code as regards reproduction by reprographic means.
  • 3. Page 3 Introduction Rappel du contexte et des objectifs de la mission La FabMob : un nouveau dispositif de soutien à l’innovation porté par l’ADEME Le Service Transport et Mobilité de l’ADEME a souhaité expérimenter la mise en œuvre d’un nouveau dispositif de soutien à l’innovation dédié au secteur de la mobilité : la « Fabrique des Mobilités » (FabMob) qui se définit comme « le premier accélérateur européen dédié à un écosystème en mutation : celui des acteurs du transport et des mobilités »1. Les travaux de préfiguration de la Fabrique des mobilités ont été menés en 2015 en réponse à la lettre de mission du 10 décembre 2014 du Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie. La FabMob a été lancée fin 2015 sous la forme d’un premier appel à projets. L’accompagnement des projets lauréats et des partenaires de la Fabrique a commencé début 2016. La FabMob reste encore aujourd’hui un dispositif en construction, qui vise à soutenir les innovations françaises et européennes. C’est un pari : celui de créer un environnement original de collaboration entre industriels, start-up et territoires pour faciliter le succès de nouveaux produits et services à grande échelle. Elle est un dispositif innovant en soi, ce qui induit une part de risque. La Fabrique met en relation tous les acteurs, les projets, capitalise les retours d’expériences et les erreurs, pour faire émerger une culture commune de l’innovation dans l’action. Les projets lauréats sont accompagnés par des experts mais ne reçoivent pas de subvention de la part de l’ADEME. Un bilan évaluatif intermédiaire Après 10 mois de fonctionnement, l’ADEME et le Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer ont souhaité la réalisation d’un bilan évaluatif (tel que prévu dans le Contrat d’objectifs et de performance État-ADEME 2016-2019). Ce bilan doit permettre de faire le point sur les premiers mois de mise en place et de fonctionnement de la FabMob et de dégager le cas échéant des pistes d’évolution du dispositif. Le cabinet conseil SIRCOME a été retenu pour réaliser cette mission, sous le pilotage du Service Économie et Prospective de l’ADEME. Elle a duré six mois : de septembre 2016 à février 2017. Remarque : La FabMob est un dispositif encore en construction et ce bilan évaluatif intervient relativement tôt dans la « vie » du projet. Ce contexte particulier a été pris en compte dans l’analyse et les recommandations. 1 Page d’accueil du site web principal : http://lafabriquedesmobilites.fr/ (consulté le 15 décembre 2016)
  • 4. Page 4 Description des données collectées et analysées Notre évaluation repose sur l’analyse de la documentation disponible, des entretiens semi-dirigés auprès d’une quarantaine d’acteurs, deux enquêtes complémentaires par questionnaire, l’observation de trois événements organisés par la FabMob et sur notre propre expertise dans le domaine de l’innovation et des mobilités. L’analyse de l’ensemble des documents mis à notre disposition ● Études et rapports publics. ● Outils de communication et d’animation de la FabMob. ● Documents internes aux tutelles et à la FabMob. Des entretiens approfondis 45 entretiens semi-directifs en face à face ou par téléphone ont été réalisés avec les différents acteurs concernés par la FabMob : ● Tutelles - 14 (MEEM ; ADEME). ● Contributeurs, pilotes et animateurs de la FabMob – 10 (Chef de projet ; Assistance à maîtrise d’ouvrage ; Animateurs, contributeurs). ● Start-up et plateformes sélectionnées et accompagnées – 9. ● Partenaires de la FabMob, acteurs de la mobilité et de l’innovation - 12 (Entreprises ; Écoles, universités ; Incubateurs, pôles de compétitivité ; Territoires ; Acteurs de la mobilité et de l’innovation). Deux enquêtes par questionnaire ● Le Salon Autonomy se déroulait à Paris du 6 au 8 octobre 2016 : 51 personnes ont été interrogées. ● Un questionnaire en ligne (disponible en annexe) a été diffusé début décembre auprès de plus de 500 acteurs inscrits dans le répertoire de la Fabrique des Mobilités et relayé sur les réseaux sociaux et dans les réseaux professionnels des experts ayant contribué à la réalisation de ce bilan. 53 personnes ont répondu. Des observations Pour bien comprendre le fonctionnement de la Fabrique des Mobilités, nous avons réalisé quelques observations (non participantes ou participantes selon la nature des réunions et du public) lors de réunions de gouvernance de la Fabrique : ● Atelier du 13 octobre 2016, intitulé « Fabriquer les communs - Atelier 1 », à Paris. ● Atelier du 7 décembre 2016, intitulé « Fabriquer les communs - Atelier 2 », à Paris. ● Business Trip à Berlin les 28 et 29 novembre 2016 pour découvrir l'écosystème et les acteurs berlinois de la Mobilité et voir comment se développer au mieux en Europe. Un atelier de co-construction Un atelier de co-construction a été organisé le mardi 17 janvier 2017 dans les locaux parisiens de l’ADEME avec les personnes concernées du MEEM et de l’ADEME.
  • 5. Page 5 Partie 1 – Actions menées et moyens mobilisés par la FabMob Cette première partie dresse un bilan factuel des actions menées et des moyens mobilisés par la Fabrique des Mobilités, l’ADEME et les partenaires. En introduction de cette partie, nous présentons deux schémas afin de donner au lecteur une vue d’ensemble, simplificatrice, des acteurs de l’écosystème de la Fabrique des Mobilités et les actions mises en place. Cartographie des acteurs de la FabMob Cartographie des actions de la FabMob
  • 6. Page 6 1.1 Le contexte dans lequel apparaît la FabMob La Fabrique des mobilités se définit comme un dispositif original qui vise à soutenir les innovations françaises et européennes dans un secteur en mutation : celui des transports et de la mobilité. Le secteur des transports est le premier émetteur de gaz à effet de serre. Il est désormais admis que le progrès technique ne permettra pas, à lui seul, d’atteindre les objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, ni de répondre aux enjeux environnementaux actuels. La question du changement des comportements individuel et collectifs est un enjeu clé de la transition énergétique et écologique. L’enjeu n’est plus seulement d’améliorer les moyens de déplacement mais de permettre à tous de mieux se déplacer2. Un exercice prospectif de l’ADEME3 souligne que le volume de déplacements en 2030 pourrait être équivalent à celui d’aujourd’hui mais avec des répartitions modales différentes. L’innovation en mobilité est fortement liée à la « révolution » numérique. Dans ce contexte, les acteurs sont nombreux et divers : territoires et acteurs publics, grandes entreprises historiques, fleurons de l’économie numérique et collaborative, start-up à des stades de maturité et de développement plus ou moins évolués et des millions d’usagers qui utilisent des services et des solutions, produisent et partagent des données. 1.2 Les objectifs affichés de la FabMob La Fabrique des mobilités étant un dispositif novateur et en construction, son identité découle essentiellement des objectifs qu’elle affiche, de la définition qu’elle fournit de ses ambitions et de ses moyens, bref de la « promesse » qu’elle délivre aux acteurs à travers ses outils de communication les plus marquants. En résumé, la FabMob se définit comme : • un accélérateur d’innovation, • un « diffuseur » d’une culture commune de l’innovation numérique, • un « facilitateur » de la mise en relation des acteurs de la mobilité. Dans son appel à projets, la Fabrique s’adresse à « tous les acteurs français et européens » de l’écosystème des transports et des mobilités. 1.3 L’appel à projets L’appel à projet ADEME « La Fabrique des Mobilités. Solutions de rupture pour des mobilités durables » a été lancé en octobre 2015. Il a été relayé via les outils de communication de l’ADEME et de la Fabrique des Mobilités ainsi que par les ingénieurs transports et mobilité dans les Directions régionales de l’ADEME. 39 projets ont été reçus et évalués de manière collective selon plusieurs critères intrinsèques comme la composition de l’équipe dirigeante, la vélocité et l’agilité du projet, son caractère innovant, la capacité à contribuer aux communs. D’autres critères ont été pris en considération comme l’éventail des thématiques traitées et l’implantation géographique des projets. Signalons que l’absence de financement n’obligeait pas à appliquer les règles des appels à projets où il y a une aide financière et offrait donc une certaine souplesse au processus de sélection. 2 ADEME, “Vers un lieu des mobilités. Étude de définition d’un dispositif de soutien à l’innovation dans le domaine des mobilités”, Juillet 2014 3 ADEME, “Mobilité et transport : vision prospective”, 2014
  • 7. Page 7 1.4 Les projets retenus Les dix projets lauréats Le choix de retenir 10 projets a été justifié par l’enveloppe budgétaire disponible pour l’accompagnement. Les projets sont très différents les uns des autres, comme en témoignent les exemples suivants : • Développement de nouveaux systèmes de transport à la demande, de véhicules autonomes ou encore d’un vélo pliant innovant. • Conception d’applications pour les parents ou les chauffeurs routiers • Conception de logiciels pour le calcul d’itinéraire multimodal en temps réel ou la mesure en temps réel et réduction des émissions polluantes. • Facilitation du covoiturage dynamique, de la mutualisation du stationnement entre particuliers ou d’un système de pédibus. Les quatre projets de plateformes ouvertes retenus Outre les 10 projets sélectionnés pour être accompagnés, quatre autres projets ont été identifiés pour « leur capacité et leur volonté à produire des plateformes ouvertes essentielles à l'écosystème » (site web FabMob). Il s’agit de plateformes de véhicules, de production et de traitement de traces de mobilité, de vélos en libre-service et de voitures connectées. 1.5 Différents types d’acteurs et leurs productions En décembre 2016, la FabMob affichait sur son site web « 10 start-up, 57 partenaires, 6 pilotes, 28 contributeurs »4. Les partenaires constituent « un premier cercle d'acteurs rassemblés autour des projets [lauréats] »5. ll s’agit d’industriels, de territoires, d’incubateurs, de pôles de compétitivité, de laboratoires et d’établissements d’enseignement supérieur, d’agences et ministères… La fabrique des Mobilité a mis en place de nombreux ateliers, workshop, conférences autour des sujets de la Mobilité. Certaines rencontres étaient réservées aux porteurs de projets dans le cadre de leur accompagnement d’autres l’étaient pour les partenaires ou bien étaient ouvertes à tous. Plusieurs outils de communication et d’animation ont été créés : le site internet principal, deux blogs et des comptes sur Twitter et YouTube, un site dédié aux communs, un wiki, un agenda et un répertoire partagés, des outils de discussion, un annuaire… Partie 2 – Caractérisation et appréciation de la pertinence de la Fabrique des Mobilités comme dispositif de soutien à l’innovation Comme cela a déjà été mentionné, la Fabrique des mobilités est un objet complexe et singulier, encore en cours de définition, qui répond à plusieurs besoins : mise en relation par un réseau ouvert permettant des échanges fructueux entre différents types d’acteurs, aide à l’émergence des projets et à leur accélération, laboratoire de communs en devenir, think tank. L’articulation de ces différentes fonctions, isolées par ailleurs, est clairement une approche innovante et prometteuse. 4 Page d’accueil du site web principal : http://lafabriquedesmobilites.fr/ (consulté le 15 décembre 2016) 5 Ibid.
  • 8. Page 8 2.1 Un objet complexe, singulier et prometteur De nombreuses fonctions Premier constat largement partagé, la Fabrique n’est pas un dispositif simple et clair, et ceci d’autant plus qu’elle a vocation à évoluer « en réinvention permanente ». Cette complexité peut d’ailleurs être perçue positivement ou négativement selon les points de vue. La FabMob rassemble de nombreuses fonctions : ● Think tank : partage et capitalisation du savoir, dimension prospectiviste ● Facilitateur : permet de « mettre autour de la table » différents types d’acteurs ● Aide à l’émergence des projets et à leur accélération et accélération “inversée” ● Laboratoire de communs en devenir Le schéma ci-dessous permet de se représenter ces principales fonctions. Pour chacune d'elle, le pourcentage indique de manière approximative le degré de réponse aux besoins des acteurs, la plus- value apportée, le degré de similitude avec d’autres acteurs assurant une fonction similaire. Représentation schématique des fonctions assurées aujourd’hui par la FabMob et du niveau d’accomplissement de leurs différents potentiels La spécificité de la FabMob par rapport aux autres dispositifs Plusieurs caractéristiques marquent la spécificité de la FabMob par rapport aux autres dispositifs existants comme les incubateurs, pôles de compétitivité ou open labs : ● la capacité à sortir des « silos » informationnels et organisationnels, ● la mise en commun et la volonté de créer ensemble, ● le fait d'être dédié à la thématique de la mobilité ● l'échelle géographique envisagée (nationale voire européenne). En ce sens, la FabMob apparaît comme un dispositif pertinent de soutien à l’innovation. Il nous semble que l’objectif de développement d’une mobilité éco-responsable, qui est celui de l'ADEME et qui est naturellement partagé par la FabMob, pourrait être mieux et plus fortement souligné. Des outils pertinents mais peu utilisés La FabMob met un certain nombre d’outils de communication et d'animation à la disposition des porteurs des projets lauréats mais plus largement à tous les partenaires et acteurs de la Fabrique : sites web et réseaux sociaux, outils Google, outils de discussion, annuaire, outil de suivi de projet… Ils ont des qualités et sont adaptés à l’objectif d’innovation dans un contexte fortement marqué par le numérique. Toutefois, ils restent peu utilisés et difficiles à prendre en main par tous les acteurs en pratique. Ils doivent donc être optimisés.
  • 9. Page 9 2.2 Les communs, une spécificité constitutive de la Fabrique des Mobilités en cours de mise en place La Fabrique des Mobilités met les communs au centre de son dispositif : c’est un point particulièrement intéressant et innovant. Différentes descriptions de ce qu’est un commun Même si bon nombre des personnes interrogées ont une idée positive de ce qu’est un commun, peu sont capables d’en donner une définition claire. Ils évoquent : ● Ce qui a peu de valeur ajoutée (applications de base ; données publiques) ● Des plateformes (open source ou de données) ● Un bien informationnel (expertise, retours d’expérience, schémas de montage) Voici une définition des « communs », fruit d’une réflexion collaborative6 : « Les biens communs, ou tout simplement communs, sont des ressources, gérées collectivement par une communauté, celle-ci établit des règles et une gouvernance dans le but de préserver et pérenniser cette ressource. Des logiciels libres aux jardins partagés, de la cartographie à l’énergie renouvelable, en passant par les connaissances et les sciences ouvertes ou les AMAPs et les épiceries coopératives, les « Communs » sont partout ! » La démarche de la FabMob autour des communs s’est faite selon trois axes : 1. L’identification et l’indexation de communs existants sur un site web. Cette première phase parait peu opérationnelle car on ne sait pas ce que l’on doit chercher et ce que cela peut apporter. 2. La création de communs, en commençant avec les acteurs du covoiturage et avec pour résultat la constitution de deux chantiers sur l’interopérabilité des bases de données et les preuves de covoiturage (qui suscitent l’intérêt d’autres acteurs comme le STIF). 3. Le lobbying auprès des acteurs pour les inviter à ouvrir leurs plateformes, avec deux projets en cours : Catalog de Transdev et Twizy de Renault. Le développement des communs : une tendance forte Quelques grands traits caractérisent l’utilité des communs et les besoins actuels de développement et d’amélioration. Tout d’abord, ils permettent de mettre en place les conditions d’un travail collaboratif et d’apprendre aux acteurs à coopérer loin des logiques de capitalisation et de création de valeur habituelle. L’idée est d’aller vers une « coopétition », concentrant la compétition sur la valeur ajoutée. Cette caractéristique est spécifique à la Fabrique vis-à-vis d’incubateurs souvent seulement centrés sur les gains de compétitivité, et devraient permettre d’organiser les partenariats au sein de la structure. Ensuite, ils sont essentiels pour les marchés en devenir, par les synergies qu’ils permettent, leur capacité à faire émerger les projets et à ouvrir les marchés. Il s’agit d’une problématique fondamentale pour laquelle apparaît un nouveau type de solution. Par nature ce sujet est donc porteur et ne peut que se développer. Malgré l’intérêt ainsi manifesté les acteurs parlent peu des modèles économiques liés aux communs, il s’agit sans doute là de la prochaine étape essentielle pour permettre une mise en œuvre performative de ce qui est encore balbutiant pour l’instant. 6 Définition proposée par le site http://lescommuns.org/
  • 10. Page 10 Des difficultés de mise en place L’une des difficultés majeures de la production de communs réside dans la gestion de la concurrence entre acteurs de nature variée, notamment la gestion des droits entre différents types d’acteurs et dans des temporalités différentes (grands groupes, start-ups, collectivités), mais aussi dans des enjeux d’organisation qui nécessitent une culture commune initiale. Un apport de la Fabrique sur ce point pourrait être de jouer le rôle de tiers de confiance, neutre et disposant d’un certain leadership. L’une des composantes spécifiques du problème de concurrence et que les communs seraient trop ouverts, tout comme l’est la Fabrique pour certains acteurs. Certains acteurs redoutent des comportements de prédation et souhaiteraient que les communs soient réservés à des communautés spécifiques ou qu’un cadre juridique en contraigne l’usage pour ceux qui n’ont pas collaborés. Un manque de clarté de la part de la Fabrique sur ce que sont les communs et ce qui est attendu des acteurs à leurs propos est aussi mis en cause. L'obligation de contribution est perçue de manière très hétérogène : certains proposent du retour d’expérience, d’autre de la donnée et certains ne savent pas encore quoi apporter ni comment. Ce manque vient particulièrement du fait que les explications sont très théoriques et manquent de traduction opérationnelle, où fixer la limite entre commun et propriétaire par exemple ? Partie 3 – Gouvernance et mode de fonctionnement de la Fabrique Cette partie est consacrée à l’analyse des moyens dont dispose la FabMob et à sa gouvernance. Elle fait écho à la partie 1.2 qui présentait les moyens et les objectifs « affichés » par la Fabrique. 3.1 Les moyens dont dispose la FabMob Les moyens financiers dont la Fabrique dispose sont fournis par l’ADEME et se montent à environ 200 000 € pour la mission d’assistance à maîtrise d’ouvrage couvrant l’année 2016 et le premier semestre 2017. Il faut ajouter à cela la rémunération du chef de projet (mobilisé à 80 %). Les partenaires mettent régulièrement à disposition des locaux pour accueillir les événements. De nombreuses personnes sont mobilisées « bénévolement » et apportent leur temps ou leur expertise pour animer un atelier, contribuer aux échanges sur les différents outils de la FabMob… De nombreux participants ne parlent pas de ces moyens ou mentionnent leur totale ignorance à ce sujet. Les quelques participants qui s’expriment sur les moyens identifient bien que l’essentiel du financement doit provenir de l'ADEME et ne mentionnent guère d’autres contributeurs dans ce registre et seulement au conditionnel. L'absence de financement n'est pas vécue comme un manque, que ce soit par les porteurs de projets ou par les autres acteurs. 3.2 La gouvernance et le mode de fonctionnement de la FabMob Des règles implicites pour un « leadership visionnaire » Concernant la direction de la Fabrique, tous ne voient pas qui aurait les commandes. Loin d’être une critique, nombre d’acteurs voient là une caractéristique intéressante, intelligente et productive. Là où pourrait se trouver des structures ou un organigramme, les acteurs évoquent surtout un leadership naturel de l’initiateur du et des consultants qui l’accompagnent. Ce côté « personnel » suscite aussi certaines inquiétudes côté tutelle, notamment car il pourrait être source de conflits de légitimité face à d’autres acteurs institutionnels.
  • 11. Page 11 Plusieurs des acteurs interrogés ne semblent pas du tout pouvoir dire quelles sont les règles de la Fabrique, même si une charte existe, sur le wiki. Quand leur contenu est évoqué c’est souvent par une référence aux communs, auxquels les acteurs auraient le devoir de contribuer. Précisément, la règle qui semble la plus saillante dans les esprits est le respect d’un principe de réciprocité : chacun doit apporter au dispositif pour que tous puissent en retirer quelque chose. Pour de nombreux acteurs, il serait plus juste de parler d’un état d’esprit, en accord avec la logique d’un projet qui fédère des bonnes volontés. La finalité de la gouvernance serait plutôt d’orienter que de cadrer. Pour l’avenir, l'idée de la création d'une association est soutenue par plusieurs acteurs. Une telle structure pourrait fournir le statut et la personnalité morale nécessaire pour certaines activités (partenariats européens par exemple), mais aussi du financement et de la régulation via un système de cotisation. L’absence de contrainte restreint l’engagement Un enjeu problématique de ces règles de fonctionnement très tacites est qu’elles peinent à assurer les conditions d’une collaboration fructueuse. Ce sujet se décline à travers les différents thèmes. Il semble y avoir là un frein majeur auquel il faut trouver une solution. L’absence actuelle d’un climat de confiance et la forte concurrence existant entre certains acteurs ne libère pas les énergies et la créativité. Un pilotage classique de la FabMob au sein de l’ADEME La Fabrique des Mobilités est pilotée par une personne (le chef de projet), ingénieur au Service Transports et mobilités de l’ADEME. Il rend compte régulièrement à son chef de service et un point d’avancement est organisé toutes les six semaines au niveau Direction. Au vu des enjeux, ce mode de pilotage habituel à l’ADEME pour ce type de projet pourrait être plus formel pour éviter certains écueils d’interaction avec les tutelles. Partie 4 – Adéquation de l’accompagnement aux besoins des acteurs Dans cette 4e partie, nous décrivons et analysons les retours des porteurs de projets, de l’AMO, des partenaires après les premiers mois de fonctionnement de la FabMob. Nous analysons également les relations entre l’ADEME et la FabMob. 4.1 Les premiers retours des acteurs L’accompagnement individuel et collectif L’équipe de l'AMO est constituée de cinq profils aux parcours variées et complémentaires. D’une manière générale, la compétence de l’AMO est mise en avant par les porteurs de projets et partenaires de la FabMob. S’ils jugent les ateliers organisés « intéressants » et louent le fort potentiel de mise en relation avec d’autres acteurs, les porteurs de projets ne semblent pas encore ressentir l’effet d’accélération promis par la FabMob, ce qui est normal compte-tenu de la jeunesse du dispositif. Toutefois, nous sentons pointer une certaine déception quant à la concrétisation de l’accompagnement collectif. Quant à l’accompagnement individuel, les séances de « coaching » et de « mentoring » sont appréciées mais jugées trop ponctuelles. Et du fait de leur grande disparité (d’avancement, de taille, etc.), il y a une vraie difficulté à accompagner correctement les projets sélectionnés. Cela pose la question du dimensionnement des moyens consacrés à la FabMob et à l’AMO.
  • 12. Page 12 Les partenaires Les partenaires de la Fabrique sont des industriels, des territoires, des incubateurs, des pôles de compétitivité, des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, des organismes publics… Le dispositif leur permet d’être plongés dans un écosystème riche dans le domaine des mobilités et de l’innovation, de se tenir au courant des évolutions, de les comprendre. Plusieurs porteurs de projets ont exprimé leurs craintes relativement à la présence de grands groupes industriels qui observent sans réellement collaborer. Les partenaires territoriaux apportent par exemple de possibles terrains d’expérimentations, les écoles et universités la possibilité de mobiliser des étudiants. Tous apportent également leur propre réseau. Certains apportent clairement leur notoriété à la FabMob, notamment dans les premiers mois d’existence. Il apparaît par contre que les acteurs de la recherche sont peu mobilisés dans la Fabrique des Mobilités, un potentiel existe ici car les résultats de la recherche publique constituent un commun très riche mais encore sous-exploité. La caution de l’ADEME Le fait que la FabMob soit un dispositif soutenu et piloté par l’ADEME est une plus-value à plusieurs titres : la « caution » ADEME, l’assurance d’une prise en compte des enjeux écologiques, le réseau de l’Agence... En retour, l’ADEME bénéficie d’une connexion avec les acteurs et les enjeux mouvants des mobilités, ce qui contribue à sa transformation et à la diffusion d’une culture d’open innovation en interne. Il est d’ailleurs intéressant de constater que ce dispositif pourrait être décliné sur d’autres sujets, à l’intérieur de l’ADEME, du ministère ou de manière plus autonome. La reproductibilité de la FabMob Nous pensons que le dispositif FabMob pourrait être fructueusement reproduit dans d’autres domaines, au-delà des enjeux des transports et de la mobilité, sur l’énergie, les déchets, etc. Le retour d’expérience relatif aux premiers mois de fonctionnement de la FabMob ainsi que les pistes de réflexion et recommandations formulées dans la 5e partie du présent rapport devraient permettre aux acteurs potentiellement intéressés de concevoir et lancer un projet similaire, en ayant une bonne idée des ressources nécessaires. 4.2 Discussion de l'efficacité du dispositif Rappelons à ce stade que le dispositif lui-même (la FabMob) a été conçu sans s’équiper d’outils de suivi ni d’indicateurs. Cela explique, en plus de son caractère original, la difficulté que nous avons eu à mobiliser ces données, à construire des indicateurs classiques permettant de mesurer l’efficacité et l’efficience du dispositif. Notre analyse se base donc de manière prépondérante sur des éléments qualitatifs : les témoignages des acteurs interviewés et notre compréhension des réalisations de la FabMob. La mise en réseau Le premier niveau de mise en réseau semble bien fonctionner. À travers ses outils de communication et de veille au quotidien, ses études approfondies, les ateliers et événements la FabMob parvient à faire se rencontrer des acteurs très différents. Toutefois, nous avons constaté que de nombreux acteurs cherchent à aller plus loin et qu’ils sont pour l’instant frustrés de constater que cette connectivité accrue ne se transforme pas si facilement en projets concrets. De nombreux acteurs ont été séduits et ont rejoint le dispositif et ils en attendent maintenant une concrétisation. C’est un enjeu de parvenir à transformer cet enthousiasme en projets tangibles. Le risque d’essoufflement est réel. Concernant l’activité de mise en réseau, l’efficacité de la FabMob dépendra de sa capacité à impliquer les membres comme autant de contributeurs à la vie du dispositif. La bonne santé du dispositif s’illustrera par l’évolution du nombre de membres et de leur degré d’activité. La Fabrique doit donc se doter d’outils de suivi afin de pouvoir mieux mesurer son activité de réseau.
  • 13. Page 13 Les deux ateliers successifs sur le covoiturage que nous avons observés ont souligné le rôle central de l’animateur. Il convient de trouver un équilibre entre le besoin de liberté laissé aux acteurs et le cadrage utile pour rendre plus productifs ces temps d’échanges. Une piste d’amélioration serait donc d’identifier des membres intéressés et de les former aux techniques d’animation. L'accompagnement et l'animation de réseau est aujourd'hui un métier avec des compétences spécifiques. L’équipe de la FabMob pourrait se professionnaliser en la matière ou faire appel à des ressources expertes externes. Les communs En gardant à l’esprit que la FabMob fonctionne depuis quelques mois seulement, si les résultats ne semblent pas encore être à la hauteur des attentes, il faut s’interroger sur les motifs qui freinent le développement des communs. Nous en avons identifié plusieurs : l'hétérogénéité des membres, l’absence de culture commune, la méfiance des « petits » envers les « grands » acteurs ainsi qu’un cadrage juridique insuffisant. Le concept des communs est globalement bien apprécié, même si de nombreux acteurs n’en comprennent pas les tenants et les aboutissants. C’est une idée séduisante. Plus de 200 communs ont été référencés par les équipes de la FabMob. Les communs sont un prétexte pour s’entraider et fédérer les acteurs. De manière indirecte, les ateliers sur les communs « obligent » les acteurs à se réunir, à échanger sur leurs difficultés, à travailler ensemble sur un commun important... Mais le véritable point dur est de générer de nouveaux communs, qui soient réellement utiles aux diverses parties prenantes. Comment faire converger les objectifs des entreprises qui sont concurrentes ? Comment négocier ce qui va être partagé ? Il y a un risque d’idéalisation des communs mais il ne faut pas négliger les risques de perte de valeur ou de perte de temps des start-up face aux grands groupes et administrations. Dans le récent « appel à communs » lancé par la FabMob fin 2016, il est annoncé une « contribution de l’ADEME à la fois en compétences et financière aux projets retenus ». Celle-ci nous paraît indispensable (par l’Agence ou d’autres acteurs) parce que, après avoir identifié un commun, le travail se fait en plusieurs étapes qui nécessitent des moyens : harmoniser les données ; développer la base de données proprement dite ; animer le réseau d’acteurs pour utiliser les communs. Mais une incitation financière peut-elle se substituer à la confiance ? Se pose également la question des indicateurs. Compter le nombre de communs identifiés et en cours de construction est un premier pas, mais insuffisant. Il faut également démontrer en quoi ces communs ont été utiles aux entreprises. Qu’est-ce qu’ils apportent concrètement ? Les start-up ont-elles pu se saisir de tel ou tel commun pour progresser plus vite ? Faut-il privilégier un grand nombre de « petits » communs ou un petit nombre de communs significatifs ? Quelle stratégie sera la plus utile aux acteurs ? Ces questions mériteraient d’être tranchées. Le reporting Si l’on rapporte le niveau d’atteinte des objectifs rapporté aux moyens, le bilan a mis en évidence des points faibles susceptibles d’être compensés en cas de renforcement des moyens attribués à la Fabrique. Il est ici question de la dépendance à une seule personne (le chef de projet), des difficultés à remonter les données (reporting) ou encore de mieux planifier la stratégie de communication tant en interne qu’en externe. Il faut également souligner que les objectifs de la Fabrique sont particulièrement flous et ambitieux : « accélérer l’innovation », « faire émerger une culture commune de l’innovation », « 5 projets lauréats puis 10 à 100 par an », etc. Alors nous avons bien conscience qu’il est parfois utile d’être ambitieux pour attirer l’attention et susciter l’intérêt des acteurs. Mais viendra le moment où il faudra rendre compte à toutes les parties prenantes.
  • 14. Page 14 Il est étonnant de ne pas disposer d’indicateurs de reporting (au quotidien), de monitoring (à horizon du trimestre ou de l’année) et d’évaluation (tous les 3 ou 5 ans). Mais comment mesurer l’accélération, l’émergence de cette culture commune ? Les données chiffrées communiqués jusqu’alors (nombre d’acteurs, de partenaires et d’événements, nombre de document partagés…) nous semblent insuffisantes. Ce n’est assurément pas simple mais c’est indispensable pour légitimer le dispositif, notamment vis-à-vis des tutelles de l’ADEME. L’ambition européenne ou internationale L’échelle géographique de la FabMob pose également question. Être ouvert à l’innovation, à l’actualité des acteurs européens et internationaux est évidemment indispensable. Elle est déjà bien réalisée à travers le travail de veille des animateurs de la FabMob (qui est visible sur les comptes réseaux sociaux, les blogs…), les échanges et les visites organisées (le Business Trip à Berlin en est un bon exemple). Nous nous interrogeons sur la volonté de fédérer une communauté d’acteurs à l’échelle européenne. Comment fait-on, sans relai intermédiaire ? Des dizaines de langues, de cultures... L’hétérogénéité des « membres » de la Fabrique est déjà forte avec un périmètre français et génère certaines difficultés. Quels seraient les moyens nécessaires ? Est-ce une ambition réaliste ? Un postulat a été formulé par quelques acteurs : pour être compétitif à l’international, il faudrait être implanté à l’échelle européenne. Cela reste à démontrer. De nombreux cas de start-up montrent qu’on peut passer directement de la France aux marchés le plus prometteurs (USA, Japon…) sans passer par l’échelle européenne. Partie 5 – Formulation de recommandations d’évolutions Nous recommandons que la Fabrique des mobilités : • Définisse mieux sa structure, ses objectifs et les orientations retenues pour les atteindre. • Envisage les possibilités d'une évolution de structure et d'organisation pour clarifier les modalités de partenariats et élargir le financement. • Articule mieux son action avec d'autres initiatives publiques comme Mobilité 3.0 pour éviter la cacophonie et le doublonnage. • Optimise son action par des évolutions de ses différentes fonctions. Valider une définition de la Fabrique des Mobilités Il nous semble indispensable de bien définir la Fabrique des Mobilités, dans ses missions en elles- mêmes mais aussi relativement aux autres dispositifs qui accompagnent l’innovation et favorisent son émergence, en dépassant le discours marketing et la communication pour caractériser aussi les pratiques et les interactions avec les acteurs. Voici une proposition de définition qui devra être ajustée et appropriée par les acteurs eux-mêmes : La Fabrique des Mobilités est un dispositif hybride, à la fois think tank et facilitateur d’innovation, dans le domaine de la mobilité. • Un think tank, c’est-à-dire un lieu de débat et d’échanges, qui assure une veille pointue, identifie et explore les sujets clés, capte les signaux faibles, diffuse une culture de l’innovation... dans le champ des mobilités innovantes. • Un facilitateur de l’écosystème de l’innovation, dans le domaine de la mobilité et des transports, à travers la création et l’animation d’un réseau d’acteurs très divers et l’accompagnement de porteurs de projets. Son objectif est de favoriser l’émergence de projets innovants, dont les bénéfices écologiques et énergétiques sont évalués, et d’accélérer leur mise en œuvre et progression. La FabMob concentre ses efforts et moyens sur la constitution et l’animation d’un laboratoire des communs pour mener ses actions.
  • 15. Page 15 Mettre en place de nouvelles règles de gouvernance et sélectionner une structure de portage Nous recommandons à la Fabrique des Mobilité de se doter d’une structure juridique propre pour lui permettre de compléter les moyens alloués par l’ADEME par les apports d’autres partenaires et de clarifier les modalités de partenariat et d’animation. Il existe plusieurs formes juridiques possibles : entreprise privée, association, société coopérative d’intérêt collectif... L'association présente plusieurs avantages : fonctionnement pour un collectif d'acteurs privés et publics avec des règles fines de gouvernance, possibilité de recevoir des subventions et des dons en plus des adhésions des membres. C'est la forme juridique des principaux projets collectifs d'innovation et des incubateurs publics. Dans le cas de l’association, les apports des partenaires pourraient se traduire par une participation exceptionnelle pour le fonctionnement général de l’association, une cotisation ou une participation financière et/ou en ressources propre sur une ou plusieurs actions de la Fabrique des Mobilités. Cette façon de procéder est classique pour les structures dans l’innovation numérique, comme par exemple les pôles de compétitivité ou les Think Tank. Les événements organisés à l’avenir par la FabMob pourraient être ouverts à l’ensemble des acteurs ou bien restreints uniquement aux membres de l’association. Actuellement, il existe une liste de partenariats dont les objectifs ne sont pas précisés et qui n’ont pas toujours une réalité affirmée. Il faudrait que chacun des partenaires actuels puisse ainsi trouver sa place en définissant précisément son niveau d’engagement auprès de la Fabrique. L’association pourrait alors définir un budget et des moyens lui permettant de mieux fonctionner. Le revers de la création d’une telle association est le risque d’externaliser la Fabrique hors de l’ADEME est de voir son aura et sa légitimité en pâtir. Il sera essentiel d’organiser une transition progressive et de garder un lien fort avec l’agence pour ne pas voir les nouveaux acteurs hésiter à s’inscrire dans une structure dont la caution serait moindre. Assurer l’articulation avec l’initiative Mobilité 3.0 Comme indiqué plus haut, le Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer (MEEM) et le Ministère de l’Économie et des Finances (MinEFi) ont endossé l’initiative « Mobilité 3.0 » de l’association ATEC ITS-France, que celle-ci a conçu et détaillé dans le livre vert de la Mobilité Intelligente publié fin 2015. Ils ont ainsi mandaté l’association pour animer et orchestrer un ensemble de travaux collectifs, soumis aux orientations d’un Comité stratégique ad hoc (le CoStrat Mobilité 3.0, mis en place en janvier 2017). Au-delà des exercices de formulation stratégique, l’un des objectifs de ce programme est de favoriser l’émergence et le développement de projets innovants à l’échelle nationale et européenne. Pour cela, l’ATEC-ITS s’appuie sur un réseau de relais dans les territoires permettant de faciliter et accélérer les échanges entre Mobilité 3.0 et les collectivités locales : notamment diverses collectivités de tous niveaux déjà membres de l’association, mais aussi certains pôles de compétitivité ou instituts territorialement ancrés, ainsi que les associations et structures représentatives des différentes catégories de collectivités ou personnalités œuvrant dans ces collectivités. Avec sa capacité à réunir autour d’une même table des acteurs très différents, son réseau existant de plusieurs centaines d’acteurs et de porteurs de projets en France et le développement des relations avec les acteurs européens, la FabMob pourra clairement devenir l’un des piliers du futur réseau Mobilité 3.0.
  • 16. Page 16 Cibler les fonctions plutôt que la finalité Les communs sont une des spécificités de la Fabrique des Mobilités qui irriguent les autres fonctions. C’est clairement l’outil différenciant et original par rapport aux autres dispositifs existants. C’est la fonction centrale. Nous recommandons de développer un Laboratoire des communs en suivant une méthodologie précise. La fonction Think Tank fait déjà partie de l’ADN de la Fabrique sans qu’elle ait été définie au préalable. Il convient structurer cette fonction, notamment en identifiant les thèmes clés à développer. La fonction Facilitateur regroupe deux réalités : un travail de mise en réseau des acteurs et des méthodes innovantes d’animation basées sur l’intelligence collective. Il faut consolider cette fonction. Enfin, la fonction Accélérateur : la Fabrique des mobilités ne propose pas une vraie accélération et n’est pas un incubateur. Mais elle est en capacité de conseiller la start-up sur la mobilité et d’organiser une forme d’accélération dans la mise en relation avec des grands groupes et des territoires. Nous proposons de parler plutôt du rôle d’accompagnateur de la FabMob, sur un nombre raisonnable de projets, en liaison étroite avec le laboratoire de communs. Ces fonctions combinées permettront à la FabMob d’atteindre son objectif : favoriser l’émergence de projets innovants et accélérer leur mise en œuvre et leur progression. Représentation schématique des fonctions qui pourraient être assurées par la FabMob dans les mois / années qui viennent Optimiser le dispositif par des évolutions pour chaque fonction Enfin, la Fabrique doit optimiser son action par des évolutions de ses différentes fonctions, qui la définissent bien plus que sa finalité. Plusieurs options sont envisageables, mais à l'issue d'échanges avec la tutelle et les acteurs centraux nous pensons qu'il serait surtout intéressant de : • Développer les communs, via un « laboratoire des communs » par exemple et les mettre au service des autres fonctions. • Améliorer la mise en œuvre de deux fonctions centrales « think tank » et « facilitateur ». • Repositionner la fonction « accompagnateur », notamment en insistant sur les formes d'accompagnement les plus pertinentes pour la Fabrique.
  • 17. Page 17 L’internalisation d’une part importante de tâches nous semble essentielle compte-tenu des missions attribuées. Aux côtés du chef de projet ADEME, il apparait pertinent de recruter une personne qui serait en charge de gérer les projets (suivi personnalisé, aide ponctuelle spécifique…), de réaliser le reporting et d’aider à la recherche de partenariats. Une autre personne pourrait être affectée à la communication externe (en rendant compte de manière synthétique, accessible aux différents acteurs et cohérente selon les différents outils) ainsi qu’à la facilitation (animation d’ateliers…). Ce renforcement des ressources humaines, en lien étroit avec la complémentarité des fonctions, permettrait d’optimiser la valeur ajoutée de la Fabrique des Mobilités, par rapport aux autres dispositifs existants, et la capacité à être en lien avec une majorité d’acteurs de l’écosystème complexe et riche de potentiels qu’est le champ de la mobilité. La Fabrique des Mobilités conserverait ainsi son rôle unique et original dans ce domaine, bien identifiée comme outil placé au sein de l’ADEME et au service du développement d’une mobilité soutenable tant en France qu’à l’étranger.
  • 18. Page 18 L’ADEME EN BREF L'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME) est un établissement public sous la triple tutelle du ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Elle participe à la mise en œuvre des politiques publiques dans les domaines de l'environnement, de l'énergie et du développement durable. Afin de leur permettre de progresser dans leur démarche environnementale, l'agence met à disposition des entreprises, des collectivités locales, des pouvoirs publics et du grand public, ses capacités d'expertise et de conseil. Elle aide en outre au financement de projets, de la recherche à la mise en œuvre et ce, dans les domaines suivants : la gestion des déchets, la préservation des sols, l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables, la qualité de l'air et la lutte contre le bruit.