[Olivier LE DEUFF - MCF SIC. Labo. Mica. Univ. Bordeaux Montaigne]
La maîtrise de l’information est devenue une expression désuète, tant maîtriser devient illusoire face à une complexité informationnelle et technique. Néanmoins, cette maîtrise doit s’incarner dans la figure de nouveaux maîtres et de nouveaux processus de transmissions des savoirs et des compétences. Il ne s’agit pas de concevoir le maître comme seul dépositaire du savoir qui dispenserait progressivement ce qu’il sait à ces élèves ou étudiants. Même si certains aspects de la fonction magistrale ne sont pas à rejeter, car ils demeurent toujours importants du fait de pouvoir incarner une forme de confiance et une maturité à laquelle l’élève peut se fier, il est évident que les nouveaux maîtres se doivent d’incarner d’autres fonctions. On peut en citer plusieurs comme celle de guide, de tuteur, de conseiller, capable d’intervenir et d’assumer une forme de présence dans une multitude d’environnements présentiels comme numériques, notamment en prenant davantage en compte les pratiques domestiques et quotidiennes des élèves tant la première relation à la documentation, est de plus en plus la documentation de soi. Désormais, on a de plus en plus besoin de maîtres d’armes numériques, et il convient que les professeurs documentalistes en fassent partie, aussi bien grâce à la formation initiale que continue. Car ces maîtres dont nous avons besoin, ce sont ceux qui possèdent une certaine mesure, tout d’abord d’eux-mêmes, mais aussi des choses et notamment des choses numériques, bref une raison digitale et non pas simplement numérique car c’est celle de l’homme dans sa relation à la machine. Cette raison digitale, c’est celle de l’alliance du corps et de l’esprit, mais c’est aussi ce doigt qui montre la voie, cette indexation des connaissances, dont l’index est passé des manuscrits à notre lien hypertexte. Le maître d’armes est celui qui ramène l’histoire face à la tyrannie du présent et de l’instantané, face aux logiques de solutions en temps réel, des algorithmes et des big data qui mettraient la science hors-jeu. Car les «nouveaux mètres» sont déjà à l’œuvre. Les métries de nos existences et de nos actions deviennent des éléments clefs de la nouvelle économie. Or plus nous produisons des données et de métadonnées, plus nous avons à l’inverse besoin de nos capacités d’analyse, si ce n’est désormais que l’analyse documentaire ne fait que se complexifier face à l’infiniment petit documentaire (données, métadonnées) ainsi que face à l’infiniment grand documentaire (big data). C’est bien à ces différentes formes documentaires, infradocumentaires et megadocumentaires auxquelles il s’agit de former désormais. Le rôle des maîtres est toujours instituant, il s’agit de former à une culture de l’information citoyenne en essayant de former des hommes bien documentés, en défendant et en essayant de poursuivre l’axe de l’indexation des connaissances, face à celui de l'indexation des existences.
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Vers de nouveaux maîtres de l’hyperdocumentation
1. Vers de nouveaux maîtres de
l’hyperdocumentation.
Olivier Le Deuff
Congrès Fadben. Limoges. 2015
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2. Introduction
2
• Ne pas se contenter d’une
simple alliance ( de façade ?)
des littératies
• Penser le contexte de complexité
informationnelle (les 4 types d’infos)
• Penser l’enseignement au-delà des sphères
médiatiques et informationnelles
traditionnelles
3. • Rappeler l’importance du concept de
document et ne pas se satisfaire de la seule
présence des mots information et médias.
• Le document et la documentation
s’inscrivent dans une lignée plus longue,
certes en évolution, mais qui apporte un
peu de stabilité…
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4. D’où 2 concepts dans cette lignée
• Documentalité (qui considère que ce sont
les documents qui inscrivent la moindre
de nos relations et intentions)
• Hyperdocumentation
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5. La documentalité
• « Par « documentalité », je désigne la théorie, que je
considère alternative, selon laquelle la règle
constitutive des objets sociaux est plutôt : « Objet =
Acte inscrit », c’est-à-dire que les objets sociaux sont le
résultat des actes sociaux (tels qu’ils engagent au
moins deux personnes) caractérisés par le fait d’être
inscrits sur un morceau de papier, un fichier
d’ordinateur ou même simplement dans la tête des
gens. J’appelle cette théorie « documentalité » parce
qu’elle fait dépendre la construction de la réalité
sociale de documents externes comme internes. »
(Maurizio Ferraris)
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6. L’hyperdocumentation (Paul Otlet)
• L’évolution de la Documentation se développe en six étapes.
• Au premier stade, l’Homme voit la Réalité de l’Univers par ses
propres sens. Connaissance immédiate, intuitive, spontanée et
irréfléchie.
• Au deuxième stade, il raisonne la Réalité et cumulant son expérience
la généralisant, l’interprétant, il s’en fait une nouvelle
représentation.
• Au troisième stade, il introduit le Document qui enregistre ce que ses
sens ont perçu et ce qu’a construit sa pensée.
• Au quatrième stade, il crée l’instrument scientifique et la Réalité
paraît alors grandie, détaillée, précisée, un autre Univers décèle
successivement toutes ses dimensions.
• Au cinquième stade, le Document intervient à nouveau et c’est pour
enregistrer directement la perception procurée par les instruments.
Documents et instruments sont alors à ce point associés qu’il n’y a
plus deux choses distinctes, mais une seule : le Document-Instrument.
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7. • Au sixième stade, un stade de plus et tous les sens
ayant donné lieu à un développement propre, une
instrumentation enregistreuse ayant été établie pour
chacun, de nouveaux sens étant sortie de l’homogénéité
primitive et s’étant spécifiés, tandis que l’esprit
perfectionne sa conception, s’entrevoit dans ces
conditions l’Hyper-Intelligence. « Sens-Perception-
Document » sont choses, notions soudées. Les
documents visuels et les documents sonores se
complètent d’autres documents, les tactiles, les
gustatifs, les odorants et d’autres encore. À ce stade
aussi l’« insensible », l’imperceptible, deviendront
sensible et perceptible par l’intermédiaire concret de
l’instrument-document. L’irrationnel à son tour, tout ce
qui est intransmissible et fut négligé, et qui à cause de
cela se révolte et se soulève comme il advient en ces
jours, l’irrationnel trouvera son « expression » par des
voies encore insoupçonnées. Et ce sera vraiment alors le
stade de l’Hyper-Documentation.
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8. L’avantage
• On peut facilement y mettre tous les
thèmes abordés par le maître Pascal
Duplessis ce matin (les 10 thèmes sous
leurs formes multifacettes)
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12. Le risque EMI
Le risque de réduction à
une équation simple
:Médias = contenant et
information= contenu
La formation risquerait
alors d’être fortement
réduite avec
éventuellement un
prisme nouveaux médias.
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13. Pour une vision longue des médias
Logique médiologique
Archéologie des médias
Eviter la tentation d’une vision essentiellement
court-termiste ou basée sur des usages.
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14. Documentation de soi versus
personal branding
Se placer sur
une construction
à long terme.
Culture de soi
versus Culte de
l’Ego.
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15. Maîtrise de soi versus métries du
moi
Au-delà de la
mise en chiffres
et statistiques de
nos diverses
performances…
Mieux articuler
le qualitatif et le
quantitatif.
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16. 2. Extension des métries
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• La question des données (ou des
obtenues)
• La compilation et la collecte des
données
• La calculabilité et la probabilité
• Le profilage
17. La science en direct
Logiques de
captations et
d’indicateurs
en temps réel
Analyse
effectuée
simultanément
par
l’application de
modèles.
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19. Critiquer la gouvernementalité des
algorithmes
• Leur logique produit des chaînes
d’actions et de décisions.
• besoin d’une critique qui « porte sur la
naturalisation et l’essentialisation de
la Statistique, omniscience
clairvoyante dans l’Ether des
données » (Maryse Carmès, Jean-Max
Noyer)
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20. Didactiser l’algorithme
À la sauce infodoc
Travailler sur les notions d’indice et les choix
de classements opérés par les algorithmes.
« De l’indice dewey à l’indicateur Klout »
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21. L’extension des maîtrises
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• Relativité de la maîtrise qui ne peut être
absolue
• Elle repose sur un enseignement par un
spécialiste.
• Nouvelle littératie à ajouter = data
literacy
22. La littératie des données
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Désigne la capacité à savoir ce qu’on souhaite vraiment
« donner »
Couplage « attention literacy/data literacy »
Logique du don/contre-don
Prendre part aux logiques open data et big data.
Savoir décoder
23. 4. Former les nouveaux maîtres
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• De l’index…
• Replonger dans l’histoire de
l’indexation depuis l’Antiquité
jusqu’à nos jours.
• Depuis les préfigurations de
l’hypertexte jusqu’au moteur de
recherche
24. Raison digitale versus raison
computationnelle
Adopter une
position
« mesurée »
Trouver l’équilibre
entre les possibilité
d’évaluation en
temps réel et la
possibilité de
raisonner. 24
25. Une refondation disciplinaire
• En tant que discipline de soi et
prise de soin dans la logique de la
Skholé
• En repensant les institutions de
discipline face aux industries de la
discipline
• En développant une discipline
scolaire sur des temps longs
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26. Nouveaux maîtres versus nouveaux
« mètres »
• Le maître est ainsi celui qui ramène
l’histoire et le temps long face à la
tyrannie du présent et de
l’instantané, face aux logiques de
solutions en temps réel, face aux
algorithmes du quotidien…
• Evidemment, la première maîtrise
est d’accepter de ne plus tout
maîtriser.
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27. Pour l’instant
• Avant de vous y remettre… Il faut déjà
vous en re-mettre…
• Heureusement, il y a vatefairecoter pour
cela !
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