Regional cooperation through the eyes of journalists in the South - Arabic
La coopération régionale vue par les journalistes du Sud
1. Projets en marche VOISINAGE SUD
La coopération régionale
vue par les journalistes
Société
Environnement
Energie
Transport
CE PROJET EST
F I N A N C É PA R
L’UNION EUROPÉENNE
2. AvAnt-propos
Regards sur la
coopération au
sein du voisinage
Mais qu’est-ce que vous faites exactement avec tout cet ar-
gent » ? C’est toujours cette même question qui revient lors-
que nous évoquons la coopération lors d’événements publics.
Fournir des explications sur des projets en les resituant dans
leur contexte spécifique est déjà quelque chose d’assez diffi-
cile. Mais il est encore plus difficile de montrer la valeur ajoutée
concrète de la coopération régionale de l’UE.
Les médias restent notre meilleur lien avec le public ; ils peu-
vent en effet comprendre et analyser une situation et ensuite
raconter une histoire.
Je suis donc fier de vous présenter ce premier magazine de
reportages écrit par le biais de l’ENPI Info Centre au titre du
programme d’information et de communication régional.
« A travers les yeux de journalistes », le partenariat entend ren-
dre compte aux lecteurs de notre coopération dans les 16 pays
bénéficiant de l’Instrument européen de voisinage et de parte-
nariat. Et nous espérons qu’il aidera à répondre à cette éternel-
le question : « Que faites-vous exactement avec cet argent ? »
Marcus Cornaro
Directeur Europe, Méditerranée du Sud,
Proche-Orient et Politique du voisinage
Direction générale du développement
et de la coopération EuropeAid
3. Index
Regards sur la coopération au sein du voisinage 3
La coopération régionale vue par les journalistes 6
Notre réseau de journalistes 8
Société
Éduquer pour réduire le nombre d’accidents domestiques
mortels en Jordanie
par Mohammad Ben Hussein – Jordanie 11
Un pont de la connaissance de part et d’autre de la Méditerranée
par Maurice Aaek – Syrie 14
Briser le mur du silence
par Elias Zananiri – Territoire palestinien occupé 17
L’échange d’expérience au service de l’égalité des chances
par Yair Quedar – Israël 20
Familiariser les fonctionnaires des pays partenaires aux affaires
européennes entretien avec Stéphanie Horel 23
Lutter contre les discriminations et les violences à l’égard des
femmes
par ENPI Info Centre/ANSA – Liban, Israël, Territoire palestinien occupé 24
Une expérience d’avantgarde qui a transformé la médina
par Lotfi Touati – Tunisie 27
Redonner au hammam une place centrale dans la communauté
Entretien avec Andreas Oberenzer 30
Pour battre le plus ancien des maux un réseau de recherche et
d’éducation
par Lofti Touati – Tunisie 31
Les autorités locales un pont entre les pays du voisinage
Entretien avec Frank Samol 34
Le « Prix Samir Kassir pour la liberté de la presse »,
financé par l’UE, améliore la vie des journalistes
par ENPI Info Centre/ANSA 35
4. Environnement
Gardiens de l’eau
par ENPI Info Centre – Maroc et Tunisie 39
Priorité contre la pollution en mer Méditerranée
Entretien avec Michael Scoullos 42
L’eau, un lien pour l’identité méditerranéenne
par ENPI Info Centre – Algérie 43
Un partenariat transfrontalier visant à rapprocher les peuples
Entretien avec Bodil Person 46
Energie
Tourné au soleil
par Dalia Chams – Egypte 49
Une bonne énergie à partager!
par ENPI Info Centre 52
Une coopération méditerranéenne dans le domaine de l’énergie
Entretien avec Alessandro Ortis 55
Construire pour l’avenir
par Maurice Aaek – Syrie 56
Transport
Les routes de l’espoir
par Hicham Houdaïfa – Maroc 61
Combiner prêts et subventions pour financer les investissements
en faveur des pays du voisinage Entretien avec Richard Weber 64
Une nouvelle vision du transport de marchandises
par Yair Qedar – Israël 66
Sécurité maritime : réduire les écarts autour d’une mer commune
Entretien avec Albert Bergonzo 69
En construisant les autoroutes de la mer
par ENPI Info Centre – Maroc/Tunisie 70
L’espace aérien euro-méditerranéen commun : un stimulant
pour l’économie Entretien avec Olivier Turcas 73
Démonstration au Maroc du système de sécurité aéroportuaire
EGNOS par ANSA/ENPI Info Centre – Maroc 74
Un impact direct sur le terrain
Entretien avec Dalila Achour Limam 77
Pour en savoir plus 78
5. La coopération
régionale vue
par les journalistes
La coopération entre l’Union européenne et les pays couverts par la Politique
européenne de voisinage (PEV) et soutenus au titre de l’Instrument euro-
péen de voisinage et de partenariat (IEVP) se situe à deux niveaux. Tout
d’abord à l’échelon politique, lors des réunions au cours desquelles des chefs
d’État et de gouvernement décident des domaines stratégiques prioritaires. Au
second niveau, il s’agit de concrétiser ces décisions en mettant en œuvre des
actions sur le terrain, en finançant des projets qui soutiennent concrètement les
efforts de changement et de modernisation des partenaires.
Ce soutien est octroyé aux partenaires essentiellement sur une base bilatérale.
Il existe cependant aussi une dimension régionale, lorsque des fonds sont oc-
troyés à des projets associant plusieurs pays du voisinage. Ce programme de
coopération régionale est géré par EuropeAid.
Il réunit des pays partenaires autour d’une table, et leur permet d’examiner des
questions d’intérêt commun – économiques, politiques ou culturelles – et de
prendre ensuite des décisions. Plus de 80 programmes et projets – dans les
pays de l’Est du Voisinage mais aussi du Sud du Voisinage – bénéficient ainsi
de son soutien. Tous ces programmes ont un impact direct ou indirect sur la
vie des citoyens ordinaires. Les projets ainsi financés permettent de promouvoir
de nouvelles politiques et de nouvelles mesures dans les pays, de maintenir un
dialogue permanent et de créer des relations et des réseaux.
Cette coopération régionale est véritablement un «canal du changement » qui
relie les 16 pays suivants : l’Algérie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Belarus, l’Égypte,
la Géorgie, Israël, la Jordanie, le Liban, la Libye, la Moldavie, le Maroc, le Territoire
palestinien occupé, la Syrie, la Tunisie, l’Ukraine.
6 Projets en marche — Voisinage Sud
6. Raconter une histoire
L’ENPI Info Centre, en coopération avec des journalistes et des photo-
graphes des pays partenaires, a suivi, décrit et photographié quelques-
Ces reportages sont disponibles à la section
uns des projets financés. Les journalistes ont analysé leurs activités et «Reportages » du site internet de l’ENPI Info
ont interrogé des bénéficiaires de projets sur leurs expériences, sur ce Centre - www.enpi-info.eu - en anglais,
qu’ils avaient appris et sur la façon dont ils envisageaient leur avenir. français, russe et/arabe, selon le pays.
De leur côté, les photographes ont saisi l’âme du projet à travers leur Des informations détaillées et l’actualité des
objectif. projets régionaux financés sont également
disponibles sur ce site internet.
Ce magazine réunit des reportages réalisés en 2010 et donne ainsi une
idée de la coopération de voisinage sur le terrain. Les reportages sont
divisés en quatre grandes catégories : les citoyens, l’énergie, l’environ-
nement et les transports.
Ensemble, ils racontent l’histoire d’un partenariat.
Projets en marche — Voisinage Sud 7
7. Notre réseau
de journalistes Tarik HAFID – Algérie
Journalistes collaborant à l’ENPI Info Centre.
Lauréat du Prix du Journalisme Euromed
Agence de presse partenaire : ANSA/ANSAMED. Heritage en 2007, avec son article
« Si la Grande Poste nous était contée »,
M. Hafid écrit depuis 2002 pour l’un des
principaux quotidiens algériens
en langue française, « Le
Soir d’Algérie ».
Il a également participé au
précédent projet euro-
méditerranéen Euromed
Info Centre, avec des
reportages et des articles.
Hicham HOUDAIFA – Maroc
Journaliste indépendant à Casablanca,
il a travaillé à l’ « Hebdomadaire » ou Il Lotfi TOUATI – Tunisie
écrivait des articles et des reportages Après avoir travaillé comme journaliste
sur les droits de l’homme et des faits et reporter pour les quotidiens tunisiens
de société. Entre 1999 et 2003, M. francophones « L’Action », rebaptisé « Le
Houdaifa a été correspondant à New Renouveau », M. Touati est aujourd’hui
York pour le magazine international rédacteur en chef du Quotidien. Sa
francophone « Jeune Afrique ». Il carrière professionnelle l’a amené
collabore actuellement à une série de à participer à plusieurs ateliers sur
magazines, sites internet et chaînes les affaires européennes. Il enseigne
télévisées actuellement à
ainsi qu’à des l’Université arabe des
projets de sciences, à Tunis.
communication
financés par l’UE.
8 Projets en marche — Voisinage Sud
8. Dalia CHAMS – Égypte
Mme Chams a débuté comme reporter et présentatrice Maurice AAEK – Syrie
à la télévision. Elle travaille depuis de nombreuses M. Aaek possède une vaste expérience dans le domaine
années à l’hebdomadaire égyptien de langue française du journalisme. Il a travaillé pour de nombreux médias
« Al-Ahram Hebdo », pages Arts, d’information, notamment des agences de presse, des
portrait et Culture ; ainsi qu’à la sites internet et des magazines. Aujourd’hui, il rédige des
rubrique sociale du quotidien comptes rendus et des reportages
arabophone Al-Chourouq. Elle a pour un magazine pour les jeunes
reçu le prix du journalisme Euromed basé à Damas. Il a participé à de
Heritage en 2005. nombreux ateliers nationaux et
internationaux sur les médias, le
journalisme et la communication.
Yair QEDAR - Israël
Ecrivain et réalisateur freelance, M. Qedar collabore
actuellement à plusieurs quotidiens israéliens, parmi Mohammad BEN HUSSEIN – Jordanie
lesquels Ha’aretz et Yediot Aharonot. M. Ben Hussein est correspondant de l’agence de
Il produit également des documentaires. presse italienne ANSA et ANSAmed en Jordanie, où
Il a aussi écrit des scénarios et il travaille également comme producteur tv pour
réalisé plusieurs productions Thomson Reuters. Il écrit également pour le « Jordan
audiovisuelles et a reçu une Times » et rédige des analyses
mention spéciale du jury politiques pour le « Lang
pour l’édition 2005 du Prix du Institute ». En 2007, M. Ben Hussein
journalisme Euromed Heritage a remporté le prix Lorenzo Natali
pour la liberté d’expression dans le
monde arabe, en Israël et en Iran.
Elias ZANANIRI – Territoire palestinien occupé
M. Zananiri a déjà 31 années d’expérience dans
le monde des médias du Proche-Orient en
qualité de reporter, de journaliste, de rédacteur, Antoine B. AJOURY - Liban
d’enseignant/formateur, de producteur de M. Ajoury est journaliste à « l’Orient Le Jour »,
programmes radio- et télédiffusés et de conseiller quotidien libanais de langue française, depuis
en relations publiques. Il 2003. Depuis 2008, il y est directeur de la rubrique
est actuellement PDG de « Actualités internationales ». Il a contribué au
MAHARAT PR et Media Talents projet euro-méditerranéen
Empowerment, une agence Eurojar en rédigeant plusieurs
de conseils en relations articles sur la coopération entre
publiques et de formation l’Union européenne et ses
média créée dans le Territoire pays partenaires du Sud de la
palestinien en 2005. Méditerranée.
Projets en marche — Voisinage Sud 9
10. JorDAnIE
Éduquer pour réduire
le nombre d’accidents
domestiques mortels
en Jordanie
En Jordanie, les accidents domestiques font de plus en plus de victimes parmi les
enfants des quartiers pauvres et surpeuplés. Pour la Protection civile jordanienne,
garantir aux enfants un environnement sûr est une priorité absolue. Consciente
de l’importance cruciale de l’éducation à cet égard, elle dirige à cet effet un projet
financé par le programme européen PPRD Sud (Programme euro-méditerranéen de
prévention, de préparation et de réponse aux catastrophes naturelles et d’origine
humaine).
Texte et photos par Mohammad Ben Hussein
AMMAN – Située dans une région politiquement instable en proie à une pénurie
d’eau et soumise aux aléas d’un processus de paix imprévisible, la Jordanie fait,
selon certains responsables, l’objet d’une menace quotidienne plus importante « Comme les
encore : les accidents domestiques mortels. Sameera, qui habite dans le quartier enfants aiment
Sweileh dans le nord-ouest d’Amman, a perdu son fils de sept ans après l’avoir
jouer, les prix
laissé sans surveillance dans la cuisine. « J’ai mis la nourriture à cuire sur le réchaud
iront à ceux qui
et je suis partie pendre le linge. J’ai laissé mon fils veiller sur la nourriture pour
éviter qu’elle ne brûle. Tout à coup, je l’ai entendu hurler et quand je suis arrivée,
proposeront
son corps était couvert de flammes », explique cette mère de 23 ans. « Je n’aurais les meilleurs
jamais dû le laisser seul », reconnaît-elle. Laisser les enfants sans surveillance est idées pour
une chose très habituelle dans le quartier de Sameera, ainsi que dans de nombreu- stimuler le
ses régions de Jordanie où les taux de natalité élevés et le manque de place peu- processusen-
vent rapidement se transformer en mélange mortel. Dans le camp de réfugiés de tissage »
Baqaa, des enfants jouent à proximité de feux de fortune sur lesquels ils préparent
du thé. Ahmed, 12 ans, nous confie que ses parents ne lui disent jamais ce à quoi
il doit faire attention quand il joue. « Je passe la plus grande partie de la journée à
jouer avec des amis. J’ai six frères, et ma mère est trop occupée avec la maison et
mes jeunes frères », explique-t-il.
La solution passe par l’éducation
Selon la Protection civile jordanienne, l’éducation est un élément clé de la lutte
contre la multiplication de tels accidents. Pour Waleed Al-Soub, Directeur général
Projets en marche — Voisinage Sud 11
11. de la Protection civile jordanienne, le prin-
cipal problème est que les gens ne sont pas
suffisamment conscients des risques domes-
tiques, surtout dans les quartiers pauvres.
Selon lui, le programme PPRD Sud, financé
par l’UE à hauteur de 5 millions d’euros, peut
jouer un rôle clé pour sensibiliser les femmes
aux risques qu’elles courent lorsqu’elles tra-
vaillent chez elles et pour prévenir les acci-
dents. Ce programme, qui vise à renforcer les
capacités de protection civile des pays par-
tenaires méditerranéens, contribue au déve-
loppement d’une culture de protection civile
axée sur la gestion et la prévention des ris-
ques plutôt que sur la réaction. Les autorités
N Des enfants du camp de jordaniennes compétentes en matière de protection civile participent au projet,
refugiés Baqaa.
qui couvre une durée de trois ans et est géré par un consortium regroupant les
services de Protection civile d’Italie, de France, d’Égypte et d’Algérie, ainsi que la
Stratégie internationale de prévention des catastrophes, des Nations Unies. Dans
le cadre de cette initiative, chaque pays partenaire doit définir ses propres priori-
tés. Pour la Jordanie, la première priorité était, selon Waleed Al-Soub, de garantir
aux enfants un environnement sûr : « La Protection civile commencera bientôt à
distribuer des dépliants à travers tout le pays afin d’initier les ménagères aux prin-
cipes fondamentaux qu’elles doivent respecter pour protéger leurs enfants et pré-
venir les dangers de la vie quotidienne liés notamment à l’électricité, aux fuites de
gaz et au feu ». Ce projet, qui bénéficie, dans le cadre du PPRD Sud, d’un budget de
40 000 euros, est l’une des cinq initiatives régionales mises en oeuvre en Jordanie,
au Liban, en Égypte, dans le Territoire palestinien occupé et au Monténégro. Wa-
leed Al-Soub : « La population jordanienne a connu un boom considérable, et les
« Pour que les programmes que nous proposons sont destinés aux ménages. Notre volonté est
gens soient de venir à bout de certaines mauvaises pratiques, comme, par exemple, les erreurs
informés, il faut de manipulation des bonbonnes de gaz et des appareils électriques ». Selon Soub,
organiser des la Protection civile essaie également de toucher directement les mères et prévoit
campagnes de notamment d’organiser au mois d’août, dans tout le pays, des séminaires destinés
à des centaines de femmes de toutes conditions. « Des experts leur expliqueront
sensibilisation,
comment gérer leur ménage en toute sécurité et leur indiqueront quelles sont les
et c’est
meilleures pratiques en la matière ». Parallèlement à cela, près de 1 000 enfants
précisément ce feront également l’objet d’un travail de sensibilisation par le biais de dépliants ex-
que le PPRD Sud pliquant les dangers de la vie quotidienne, tandis que des experts organiseront à
essaie de faire » leur intention des concours centrés sur le thème de la sécurité. Waleed Al-Soub : «
Comme les enfants aiment jouer, les prix iront à ceux qui proposeront les meilleurs
idées pour stimuler le processus d’apprentissage ».
N Ali, un garçon de dix ans qui
a perdu quatre doigts en jouant
avec des objets tranchants.
12 Projets en marche — Voisinage Sud
12. Accent sur la prévention Des responsables du
PPRD Sud ont souligné l’importance de tels pro-
grammes pour aider les pays partenaires à réduire
les risques en renforçant les capacités des mem-
bres de la protection civile et en les aidant à of-
frir un meilleur service à la communauté. Selon
Milojka Saule, consultante en communications
EuroMed pour le PPRD Sud, c’est la première fois
« Mes quatre que la Jordanie met en oeuvre un projet axé non
autres fils restent, seulement sur la réaction, mais aussi et surtout sur
eux aussi, la prévention et la préparation, ce qui implique
vulnérables, de sensibiliser les gens aux risques qu’ils côtoient
de même que dans leur vie quotidienne, et de leur apprendre
mes neveux et comment réagir en cas de catastrophe naturelle,
ma nièce. C’est comme des inondations ou un séisme. « Pour que les gens soient informés, il faut N Mariam, 56 ans et mère de
dix enfants.
notre devoir organiser des campagnes de sensibilisation, et c’est précisément ce que le PPRD
de les protéger Sud essaie de faire », explique-t-elle. Un projet similaire est d’ailleurs en cours de
d’euxmêmes et du réalisation au Liban, où une entreprise locale s’apprête à distribuer 125 000 CD-
monde extérieur ». ROM comportant des jeux pour ordinateur via lesquels les enfants apprennent à
éviter les accidents, que ce soit à la maison ou ailleurs, y compris dans la rue. Le
lancement de cette initiative sera soutenu par une campagne dans les médias.
Pendant ce temps, un projet ambitieux, financé par l’UE, est en cours de réalisation
en Cisjordanie. Ce projet vise à inciter les jeunes à s’engager dans le bénévolat afin
de compenser le manque cruel de personnel affecté à la protection civile dans les
territoires occupés. Enfin, l’Égypte, qui est le pays le plus peuplé du Moyen-Orient,
a désigné les enfants et les ménages comme les cibles prioritaires de ses mesures
visant à prévenir les accidents domestiques. Pour Sameera, même si elle a perdu
un fils, il n’est pas trop tard pour sauver les vies de milliers d’autres enfants en par-
ticipant à de tels programmes de sensibilisation. Sameera : « Mes quatre autres fils
restent, eux aussi, vulnérables, de même que mes neveux et ma nièce. C’est notre
devoir de les protéger d’eux-mêmes et du monde extérieur ».
Protection civile (PPRD Sud)
Programme de prévention, de préparation et de réaction aux catastrophes
naturelles et d’origine humaine (PPRD Sud)
www.euromedcp.eu
Pays participants Objectifs
Algérie, Égypte, Israël, Le « Programme de prévention, de préparation et de réaction aux catastrophes
Jordanie, Liban, Maroc, naturelles et d’origine humaine » (PPRD Sud) contribue à l’amélioration des capacités
Territoire palestinien occupé, des pays partenaires méditerranéens en matière de protection civile au niveau
Syrie, Tunisie, Albanie, international, national et local. Fort des résultats obtenus dans le cadre de deux
Bosnie-Herzégovine, Croatie, programmes précédents, ce programme participe au développement d’une culture
Monténégro et Turquie. La de la protection civile reposant sur la prévention plutôt que sur la réaction. Il travaille
Libye et la Mauritanie ont un en coopération avec les autorités de la protection civile des pays partenaires, et
statut d’observateur. sa gestion a été confiée à un consortium regroupant les autorités de la protection
civile d’Italie, de France, d’Égypte et d’Algérie, ainsi que la Stratégie internationale de
Durée prévention des catastrophes, des Nations unies (SIPC).
2009-2011
Pour en savoir plus
Budget Fiche PPRD Sud> www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=245&id_type=10
5 millions d’euros (ENPI/IPA) Portail thématique « Société civile & Autorités locales » de l’Info Centre ENPI>
www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=14
Projets en marche — Voisinage Sud 13
13. sYrIE
Un pont de la
connaissance
de part et d’autre
de la Méditerranée
En Syrie, le programme Tempus a financé 35 projets de mobilité qui ont permis à quelque
300 universitaires syriens d’étudier dans des universités européennes. Le programme
Tempus (Trans-European Mobility Program for the University Studies) se base sur le transfert
d’expériences entre établissements d’enseignement européens et établissements équivalents
des pays du voisinage. Erasmus Mundus s’inspire du programme Erasmus, un programme
européen qui soutient la coopération et la mobilité entre établissements européens
d’enseignement supérieur avec de très bons résultats. Il offre un précieux cadre d’échanges
et de dialogue entre les cultures et donnent à de nombreux étudiants syriens l’occasion
d’achever leurs études dans des universités européennes.
Texte et photos de Maurice Aaek
DAMAS – Nombre d’étudiants syriens rêvent d’étudier en Europe. De l’autre côté
« Voyager en
de la Méditerranée, on nourrit un autre rêve : celui de partager l’enseignement
supérieur de l’UE avec ses voisins – un rêve de dialogue interculturel entre les Europe m’a
étudiants qui mènerait à terme à un monde meilleur. Lors de la journée « Étu- permis de mieux
dier en Europe », organisée par la délégation européenne en Syrie, les étudiants aborder les
sont venus partager leurs rêves mais également leurs craintes et préoccupations autres cultures.
– sur le plan financier, linguistique et culturel. En même temps qu’ils s’emploient à J’y ai vu un autre
identifier des solutions pour surmonter les difficultés financières des étudiants, les style de vie et
N En Syrie, Tempus a financé
environ 35 projets en huit ans, programmes d’échange d’étudiants financés par l’UE s’efforcent également d’at- des méthodes
permettant à des universitaires ténuer les craintes suscitées par l’adaptation à la vie à l’étranger Le renforcement de recherche
syriens de participer à de
précieux échanges avec les
de la mobilité des étudiants entre pays est donc particulièrement importante. Se- différentes ... C’est
universités européennes. lon Pascal Restel, administrateur de la section culturelle de l’ambassade de Suède une expérience
à Damas, « Les Syriens qui n’ont jamais été en Suède vont se créer
inoubliable »
une image qui ne se base pas sur leur expérience personnelle. Cette
image ne reflètera pas la réalité, comme ce serait le cas également
pour un étudiant suédois qui n’est jamais venu en Syrie.» Selon Pas-
cal Restel, l’expérience d’un ou deux étudiants fera peu de différence,
tandis que la mobilité de milliers d’étudiants mènera à une meilleure
compréhension et intégration dans les cultures. C’est exactement le
genre d’expérience que Ziad Naser a eu la chance d’acquérir. Ziad, un
étudiant en informatique, a passé neuf mois à l’Université de Brigh-
ton au Royaume-Uni dans le cadre du programme d’échange Erasmus
Mundus.
14 Projets en marche — Voisinage Sud
14. N La journée « Étudier en
Europe », organisée par la
délégation européenne en
Syrie.
Le rêve d’étudier en Europe Ziad n’avait jamais pensé aller au Royame-Uni,
surtout vu le climat politique international actuel – « Comment les Arabes pour-
raient-ils être acceptés en Europe ? », se demandait-il. Mais son expérience lui a « Sur la base
ouvert les yeux. « Voyager en Europe m’a permis de mieux aborder les autres cultu- des résultats
res. J’y ai vu un autre style de vie et des méthodes de recherche différentes ... C’est positifs obtenus,
une expérience inoubliable. » Tempus et Erasmus Mundus sont des programmes de nombreux
financés par l’UE qui encouragent l’échange d’étudiants et d’expertise universitaire accords ont été
entre l’Europe et les pays du voisinage, dont la Syrie. Tempus promeut l’enseigne- conclus entre
ment supérieur dans les pays participants tandis qu’Erasmus Mundus finance des les universités
bourses pour encourager les échanges d’étudiants entre les universités participan- syriennes et
tes en Europe et ses voisins. Tempus se base sur le transfert d’expertise entre les européennes »
établissements d’enseignement européens et ceux des pays partenaires. En Syrie,
Tempus a financé environ 35 projets en huit ans. La plupart de ces projets ont été
mis en oeuvre dans les universités de Damas et d’Alep et ont permis à des universi-
taires syriens de participer à de précieux échanges avec les universités européen-
nes. Pour le Dr Rami Ayoubi, coordinateur du programme en Syrie, il s’agit d’une
opportunité importante pour développer le dialogue et stimuler le travail en ré-
seau des universités. « Même s’il s’agit au final d’un programme qui implique un
transfert de connaissances de pays plus avancés vers la Syrie, nous ne serons pas à
même de le mesurer rapidement. C’est un processus cumulatif qui prend du temps
... Tempus s’attache à financer ce processus. » Le programme a octroyé environ 10
millions d’euros à la Syrie pour la période 2002-2006. Il a été prolongé jusqu’en
2013. En Syrie, Tempus réoriente ses objectifs, expliquer le Dr Ayoubi. L’objectif ini-
tial était de développer des programmes d’études, mais aujourd’hui, il entend de
plus en plus accorder un soutien plus important aux projets d’évolution sectorielle
et structurelle, au bénéfice de l’enseignement supérieur en général.
Stimuler le dialogue universitaire Erasmus, quant à lui, offre aux étudiants
l’occasion d’aller étudier quelque temps dans des universités européennes en of-
frant des bourses aux étudiants du deuxième et troisième cycle. Selon Dr Ayman N Rami Ayoubi
Hemada, coordinateur du projet à l’université d’Alep, Erasmus vise à combler le coordinateur du programme
Tempus en Syrie.
fossé culturel, linguistique et social tout en rapprochant les étudiants du Proche-
Orient et de l’UE grâce à un programme de mobilité entre 11 universités européen-
nes et neuf universités en Jordanie, en Syrie et au Liban. Selon le Dr Hemada, les
bourses couvrent toutes les dépenses : des billets d’avion aux frais d’inscription et
à l’assurance soins de santé. Le programme prévoit également une bourse men-
suelle allant de 1000 euros pour les étudiants du deuxième cycle à 2.500 euros
pour les membres de la faculté. Au cours de ces trois dernières années, le projet
a accordé 35 bourses par an, 20 à des étudiants Syriens souhaitant étudier en Eu-
rope et 15 à des étudiants européens souhaitant étudier en Syrie. Dr Rand Quwatli,
coordinateur du programme Erasmus Mundus à l’université de Damas, fait part de
son enthousiasme : « Nous avons pu envoyer des étudiants syriens de toutes les
disciplines dans des universités européennes et ils s’avère avoir un très bon niveau.
Parallèlement, nous avons également accueilli des étudiants venant des universi-
Projets en marche — Voisinage Sud 15
15. tés européennes. Sur la base des résultats positifs obtenus, de nombreux accords
ont été conclus entre les universités syriennes et européennes. » Lors de son dis-
« La plupart cours à la Journée « Étudier en Europe », le Dr Maher Kabakibi, le vice-ministre de
des étudiants l’Éducation, a souligné l’importance de la coopération avec l’Europe et a expliqué
des universités que l’objectif du gouvernement était de mettre sur pied une collaboration officielle
syriennes avec des institutions de recherche étrangères avant la fin 2010. Une nouvelle loi a
rêvent été adoptée dans ce sens, a-t-il ajouté. Cette loi permet la création de programmes
d’étudier en conjoints avec des universités européennes, ce qui permettra aux étudiants d’ob-
Europe » tenir des diplômes dans les deux universités. Selon les statistiques officielles, 62
% des étudiants syriens à l’étranger étudient dans des universités européennes et
plus de 75 % des universitaires ont été formés en Europe. La plupart des étudiants
des universités syriennes rêvent d’étudier en Europe. Les programmes Tempus et
Erasmus constituent un pas de plus vers la concrétisation de ce rêve.
N En Syrie, Tempus a
financé environ 35 projets
en huit ans, permettant à
des universitaires syriens
de participer à de précieux
échanges avec les universités
européennes.
Erasmus Mundus II – Action 2: Partenariats
Promotion de la coopération entre établissements d’enseignement supérieur en facilitant les
partenariats, la mobilité et les échanges d’étudiants, de chercheurs et de personnel universitaire
http://eacea.ec.europa.eu/extcoop/call/index.htm
Pays participants Objectifs
Arménie, Azerbaïdjan, Belarus, Géorgie, L’Action 2 – Partenariats du programme Erasmus Mundus II a vocation à favoriser
Moldova, Russie, Ukraine (Région Est) Algérie, une meilleure compréhension et l’enrichissement mutuel entre les pays de l’UE
Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Territoire et les pays tiers et, dans une perspective à moyen terme, à renforcer leurs liens
palestinien occupé, Syrie, Tunisie (Région Sud) politiques, culturels, éducatifs et économiques.
Durée Budget Pour en savoir plus
2009-2010 €29 millions d’euros Fiche du programme Erasmus Mundus>
www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=256&id_type=10&lang_id=469
TEMPUS IV pour l’enseignement supérieur
Appui à la modernisation de l’enseignement supérieur, création d’opportunités de
coopération entre les acteurs de terrain et renforcement de la compréhension
http://eacea.ec.europa.eu/tempus/index_en.php
Pays participants Objectifs
Arménie, Azerbaïdjan, Belarus, Géorgie, Le programme de mobilité transeuropéenne pour l’enseignement supérieur (Tempus) soutient
Moldova, Russie, Ukraine (Région Est) ; les initiatives des pays partenaires visant à moderniser leur système d’enseignement supérieur et
Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, crée des opportunités de coopération entre les acteurs de l’enseignement supérieur de l’Union
Maroc, Territoire palestinien occupé, Syrie, européenne et des pays participants, au travers de projets communs. Il renforce également
Tunisie (Région Sud) la compréhension entre les cultures dans la mesure où il favorise le rapprochement entre les
peuples et la convergence avec l’évolution de l’enseignement supérieur dans l’Union européenne
Durée Budget entre 35 et 39 pour mener à la création d’emplois et à la croissance.
2008-2013 millions d’euros par an
(IEVP) Pour en savoir plus
Fiche du programme Tempus>
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Projets en marche — Voisinage Sud
16. tErrItoIrE pAlEstInIEn occupé
Briser le mur
du silence
Dans le Territoire palestinien occupé, les femmes vivent depuis
longtemps dans l’ombre des hommes de leur famille et sont
fréquemment victimes d’abus passés sous silence. « Masarat »,
un projet cinématographique financé par l’UE, a fait entendre la
voix de ces femmes et brisé des tabous de façon spectaculaire.
Texte Elias Zananiri
Photos Elias Zananiri, Masarat
JÉRUSALEM-EST – quand la station de télévision locale Al Fajr Al Jadid de Tulk-
arem a diffusé Graines de grenade dorées, un court-métrage réalisé par Ghada
Terawi dans le cadre d’un projet financé par l’UE visant à promouvoir le travail
des réalisatrices palestiniennes, l’effet a été immédiat. Dès les premières minutes
du film, des téléspectateurs furieux ont commencé à appeler en affirmant que «
le film avait dépassé les bornes », commente Raja Nafee, cadre de la station de
télévision. « J’ai dit à mon personnel de ne
pas réagir à ces appels mais de simplement
demander à leurs auteurs d’attendre la fin
du film pour s’exprimer. » À la fin du film,
un quart d’heure après, l’ambiance avait
changé. « Les gens se sentaient encouragés
et beaucoup demandaient à ce qu’on fasse
plus de films de ce type à l’avenir. » « Je crois
que nous avons brisé le mur du silence. »
Graines de grenade dorées juxtapose un
conte oral traditionnel où une jeune fille
garde le silence sur des choses qu’elle a vues
et qui la hanteront à jamais, à des histoires
vraies de femmes qui osent parler tout haut
des abus sexuels subis dans le cadre familial.
Le message de ces femmes est direct : « Si tu
te tais une fois, tu te tairas pour toujours.»
Un tabou a été brisé, déclare Nafee : quelques jours après la diffusion du film, un N Ghada Terawi sur le
tournage de Graines de
officier de police lui a appris qu’en moins de 24 heures, 14 cas d’abus sexuels fami- grenade dorées
liaux avaient été dénoncés par des jeunes filles au poste de police local.
Effet boule de neige Ce qui s’est passé à Tulkarem s’est répété un peu partout
dans le Territoire palestinien occupé, où le film a été projeté dans des centres com-
munautaires et sur des chaînes locales. Farha Abu Alheija, de Farah TV à Jénine, a
expliqué que des spectateurs l’avaient appelée après le film en demandant à ce
Projets en marche — Voisinage Sud 17
17. « Les gens
se sentaient
encouragés
et beaucoup
demandaient à
ce qu’on fasse
plus de films
de ce type à
l’avenir. Je
crois que nous
avons brisé le
mur du silence”
N Le projet Masarat a financé
non seulement la production
de quatre court-métrages, mais
aussi 58 projections, comme
celle-ci à Beit Fajjar.
que davantage de cas semblables soient traités à l’avenir. Les écoles secondaires
ne sont pas en reste car elles ont demandé à pouvoir montrer le film à leurs élèves.
Quant à l’Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA) et au minis-
tère palestinien de la Santé, ils souhaitent utiliser le film dans leurs programmes
de contact et de conseil pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Graines
de grenade dorées est l’un des quatre films réalisés par des Palestiniennes dans le
cadre du projet « Masarat », entièrement financé (120 000 euros) par le programme
régional d’information et de communication de l’UE. Ce projet a valu un succès
«Dès le départ,
spectaculaire à Shashat, une ONG cinématographique palestinienne qui s’attache
je me suis dit
à renforcer les capacités des réalisateurs palestiniens, en particulier les femmes.
Sans toucher nécessairement une corde aussi sensible, tous les films propulsent les que le festival
femmes sur le devant de la scène dans une société patriarcale extrêmement conser- ne devait pas
vatrice. Dans Loin de la solitude, Sawsan Qaoud part d’une rencontre fortuite pour s’adresser
suivre trois femmes de la campagne durant le dur périple qu’elles effectuent avant exclusivement
l’aube entre leurs champs et le marché. Mahasen Nasser-Eldin raconte l’histoire à l’élite
de Samia, une femme de 71 ans toujours fringante, active et engagée dont la vie intellectuelle…
personnelle et professionnelle est marquée par sa lutte pour rester à Jérusalem et mais toucher
promouvoir l’éducation des jeunes filles. Le quatrième film, Premier amour, réalisé un public aussi
N L’affiche du festival Masarat. par Dima Abu Ghoush, raconte l’histoire de l’éclosion de l’amour romantique dans large que
la vie de jeunes filles qui témoignent du rôle important joué possible.»
par leurs parents dans la gestion de leurs émotions et de leurs
dilemmes. Selon le Dr Alia Arasoughly, directrice générale de
Shashat et directrice du projet Masarat, les enfants devraient
avoir la possibilité non seulement de consommer mais aussi de
créer de la culture. La culture, explique-t-elle, va bien au-delà
des connaissances. Elle laisse une empreinte profonde dans les
émotions et les sentiments. Pour cette raison, les femmes peu-
vent et doivent assumer un rôle majeur dans la sensibilisation
à la culture. Le financement apporté par l’UE au projet Masa-
rat couvrait non seulement la production de quatre films mais
également 58 projections et 25 présentations dans des centres
communautaires et culturels de la Cisjordanie et de la Bande
de Gaza ainsi que 168 diffusions par des stations de télévision
communautaires locales suivies de débats en direct. Après
chaque présentation, une feuille de commentaires était distri-
buée au public. Sur les 7 790 réponses, 7 285 étaient positives
(2 139 jugeaient la présentation excellente, 2 934 très bonne et
2 212 bonne). Avec de tels résultats, l’ONG Shashat estime que
le projet mérite d’être réalisé chaque année.
18 Projets en marche — Voisinage Sud
18. Toucher un large public « Dès le départ, explique Mme Arasoughly, je me suis « Ces films ont
dit que le festival ne devait pas s’adresser exclusivement à l’élite intellectuelle de la encouragé
société ni concentrer ses activités sur le centre de la Cisjordanie, mais toucher un l’ouverture d’un
public aussi large que possible. » Elle voulait créer une vaste plate-forme en orga-
débat sur le rôle
nisant, dans des lieux multiples et socialement diversifiés, des projections suivies
des femmes.
de débats. Pour l’UE, le projet a « dépassé toutes les attentes en touchant le coeur
du public et en générant des débats sur des sujets difficiles, voire tabous », com-
Nous avons
mente Alix de Mauny qui, en sa qualité de responsable presse et information du beaucoup à
bureau d’assistance technique de la Commission européenne pour la Cisjordanie apprendre de la
N Alia Arasoughly directrice et la Bande de Gaza, a été associée de près à Masarat. « Comme les réalisatrices façon si positive
générale de Shashat et
directrice du projet Masarat. ont trouvé elles-mêmes leurs sujets et décidé elles-mêmes de la manière de les et constructive
traiter, elles ont pu puiser dans les préoccupations réelles des Palestiniennes et ont avec laquelle
réussi à poser des questions brûlantes sans jamais faire mine de sermonner le pu- ils ont réussi
blic.» Masarat a permis aux femmes de faire entendre leur voix : « Nous avons res- à aborder des
senti vivement tout ce que nous n’osons jamais exprimer, et cela nous a donné la sujets à ce point
confiance de penser que quelque chose peut être fait ! », a commenté une femme difficiles »
de Bethléem après une projection de Graines de grenade dorées. « Il faut parler de
ce genre de choses. » Alix De Mauny est en effet frappée de voir à quel point les
sujets soulevés ont trouvé des échos dans d’autres parties du monde, y compris en
Europe. « Ces films ont encouragé l’ouverture
d’un débat sur le rôle des femmes. Nous avons
beaucoup à apprendre de la façon si positive et
constructive avec laquelle ils ont réussi à abor-
der des sujets à ce point difficiles. »
N Une scène du film Graines
de grenade dorées.
Programme régional d’information
et de communication
Ce programme vise à sensibiliser l’opinion publique en vue d’une meilleure compréhension de
l’Union européenne et de ses relations avec les pays de l’IEVP, par un soutien des journalistes et
des médias dans la production d’information, et par la formation
Pays participants Objectifs
Arménie, Azerbaïdjan, Le programme se propose de sensibiliser l’opinion publique en vue d’une meilleure
Belarus, Géorgie, Moldavie, connaissance de l’Union européenne et de ses relations avec les pays de la politique de
Russie, Ukraine (Est), voisinage, et de susciter localement une volonté d’implication et d’appropriation commune.
Algérie, Égypte, Israël, Il explique les politiques menées et met également en relief l’aide au développement
Jordanie, Liban, Maroc, déployée par l’Union dans la région. Il facilite la coopération entres les journalistes et
Territoire palestinien les médias, aide à construire des réseaux de communication durables et soutient le
occupé, Syrie, Tunisie (Sud) développement permanent de la liberté d’opinion et d’expression, dans l’espoir de
contribuer à l’émergence d’un environnement propice au dialogue et à la compréhension
Durée mutuelle.
2008-2011
Pour en savoir plus
Budget Site Internet de Shashat > www.shashat.org/
19 millions d’euros (12 Fiche sur le programme régional d’information et de communication >
millions d’euros au titre www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=247&id_type=10
de l’IEVP Sud et 7 millions Bureau d’assistance technique de la Commission européenne pour la Cisjordanie et la Bande
d’euros de l’IEVP Est) de Gaza > www.delwbg.ec.europa.eu/
Projets en marche — Voisinage Sud 19
19. IsrAël
L’échange d’expérience
au service de l’égalité
des chances
Dès les deux premières années qui ont suivi sa mise en place, la
Commission israélienne pour l’égalité des chances dans l’emploi (EEOC)
a renforcé la lutte contre la discrimination à l’emploi. Aujourd’hui,
la Commission continue d’accumuler une précieuse expérience en
travaillant en partenariat avec un expert britannique détaché en Israël
dans le cadre d’une initiative de jumelage financée par l’UE.
Texte et photos Yair Qedar
Tel Aviv – Un jour de septembre 2009 – on aurait pu entendre une mouche voler
dans le Tribunal du travail de Tel Aviv. Un Abdelkarim Kadi très nerveux se tenait
devant le juge qui se mit lentement à lire le verdict. Dans le procès opposant M.
Kadi aux Chemins de fer israéliens pour discrimination… l’État reconnaît finale-
ment la culpabilité de la société israélienne. La lecture du verdict marque la fin
d’une longue procédure, intentée dans des circonstances tragiques. Un train avait
causé la mort de cinq personnes à un passage à niveau. Suite à cet accident, la
société des chemins de fer israéliens prit la décision de modifier la procédure de
recrutement des gardiens chargés de la surveillance des passages à niveau... et
d’exclure tous ceux qui n’avaient pas fait leur service militaire. Or M. Kadi est un
N Bob Niven Israélien arabe. N’ayant pas servi dans l’armée israélienne, il ne pouvait pas deve-
Conseiller résident à la nir gardien de passage à niveau. Mais il ne s’est pas laissé faire. Avec l’aide de la
Commission pour l’égalité
des chances dans l’emploi, Commission israélienne pour l’égalité des chances dans l’emploi, il a intenté une
Jérusalem, Israël action en discrimination contre les chemins de fer israéliens. « Une affaire très in-
téressante – et qui s’est très bien terminée selon nous », explique Tziona Koening
Yair, commissaire nationale de l’EEOC. « Nous avons fini par gagner le procès. Le
tribunal a en effet décidé que le fait d’avoir servi dans l’armée ne constituait pas
un critère d’embauche pertinent et qu’il y avait dès lors discrimination. Un verdict
qui va permettre à M. Kadi de décrocher ce poste. »
La discrimination en matière d’emploi
C’est Mme Koenig-Yair qui a mis en place cette Commission il y a de cela moins de
deux ans. L’organisme se concentre sur la lutte contre la discrimination à l’emploi
20 Projets en marche — Voisinage Sud
20. fondée sur le genre, une grossesse, l’âge, la religion, l’origine ethnique, la natio-
nalité, l’orientation sexuelle, l’état civil, les convictions, une affiliation à un parti
et le statut de réserviste dans les forces armées. « Actuellement, l’EEOC défend
prioritairement les femmes, les communautés arabes, les juifs orthodoxes et les
aînés », explique Mme Koening- Yair, qui souligne le fait qu’Israël s’est dotée d’une
« Israël s’est « législation abondante et progressiste dans le domaine de la discrimination et de
dotée d’une l’égalité, en particulier dans le domaine de l’emploi, mais que son respect n’est pas
législation suffisamment assuré ». « Désireux d’améliorer notre travail, nous avons introduit
N Tziona Koenig-Yair
abondante et une demande de soutien dans le cadre du projet de jumelage – et notre candida- Commissaire nationale à
progressiste ture a été retenue. » Il s’agit d’une initiative euro-méditerranéenne visant à jumeler la Commission de l’égalité
un pays du voisinage avec un État membre de l’UE. L’expérience et les connaissan- des chances dans l’emploi
dans le (EEOC).
ces du pays de l’UE peuvent être mises en pratique dans le pays partenaire par
domaine de la
le biais d’un conseiller (« mentor ») détaché dans ce pays. En juillet 2009, la Com-
discrimination
mission européenne et l’EEOC ont accepté une offre conjointe du Northern Ire-
et de l’égalité,
land Equality Commission (NIEC) et du Northern Ireland Public Sector Enterprises
en particulier (NICO), un organisme disposant d’une précieuse expérience dans l’administration
dans le domaine de projets de jumelage. Bob Niven a ainsi été détaché en qualité de conseiller. De
de l’emploi, 1993 à 2000, M. Niven a été directeur du département « législation et politique de
mais son l’égalité des chances » de la fonction publique britannique. De ce fait, il a été en
respect n’est pas charge de tous les domaines en rapport avec le genre et le handicap, mais aussi la
suffisamment discrimination raciale dans le domaine de l’emploi et de l’enseignement, ainsi que « Travailler
assuré » de la stratégie nationale d’accueil des enfants au Royaume-Uni. avec l’UE dans
le cadre d’un
Sensibilisation à l’égalité sur le lieu de travail
projet de
« Ce programme est spécifiquement axé sur la promotion des bonnes pratiques de
jumelage est,
travail et d’emploi auprès des employeurs », explique M. Niven. « Il entend égale-
ment concevoir et mettre en oeuvre une campagne à long terme visant à sensibili-
selon moi, une
ser le public à l’égalité au travail ; développer des bases de données accessibles et occasion en or
actualisées en permanence ainsi que des rapports sur l’égalité en Israël et sur les de promouvoir
grandes affaires de discrimination dont les tribunaux d’Israël et d’ailleurs ont été nos objectifs »
saisis. Enfin, il se propose d’aider l’EEOC à élaborer une stratégie à long terme qui
sera mise en oeuvre dès janvier 2012. » M. Niven explique également que même si
l’arsenal législatif est impressionnant sur papier, il faut consentir davantage d’ef-
forts pour faire appliquer la législation. « On observe d’importantes différences
en termes de taux d’emploi – et de revenus – entre les différents groupes vivant
en Israël, notamment les femmes, les arabes, les aînés et les juifs orthodoxes. » M.
Niven reconnaît toutefois qu’on ne pourra pas changer du jour au lendemain la
situation en Israël dans le domaine de l’égalité : « Nous allons devoir faire évoluer
N Un centre commercial
à Jérusalem, Israël – La
nouvelle Commission pour
l’égalité des chances a pour
mission d’assurer l’égalité
afin de refléter la diversité de
la société israélienne.
Projets en marche — Voisinage Sud 21
21. N La diversité dans
la vie quotidienne : la les mentalités et les attitudes en sensibilisant les employeurs aux avantages de la « Nous allons
Commission pour l’égalité diversité ; montrer aux employeurs et aux citoyens qu’ils peuvent aussi contribuer devoir faire
des chances entend
protéger les intérêts de au changement ; améliorer l’information directe sur l’application de la législation évoluer les
tous les groupes de la et des bonnes pratiques, et, si nécessaire, montrer que la législation sera appli- mentalités et
société israélienne.
quée. L’EEOC peut jouer un rôle clé à ces différents niveaux en travaillant en coopé-
les attitudes en
ration avec les employeurs, les ONG et le gouvernement. Et comme je l’ai dit, des
sensibilisant
progrès sont déjà perceptibles. » Mme Koenig-Yair partage-t-elle cet avis ? « Il ne
fait aucun doute qu’Israël peut et doit apprendre beaucoup des États membres de
les employeurs
l’UE. Même si ce pays s’est doté d’une législation progressiste, ses ressources sont aux avantages
encore fort limitées. Travailler avec l’UE dans le cadre d’un projet de jumelage est, de la diversité
selon moi, une occasion en or de promouvoir les objectifs de la Commission. Cette ; montrer aux
initiative va nous permettre de développer la coopération avec les employeurs et employeurs
de mieux sensibiliser le grand public israélien. et aux
» Une telle expérience peut être particulière- citoyens qu’ils
ment précieuse, notamment dans des cas de peuvent aussi
discrimination comme celle dont K, une jeune contribuer au
femme du Sud a été victime. K. travaillait dans changement.»
une usine. Quand elle est tombée enceinte,
ses employeurs ont tout fait pour qu’elle s’en
aille : elle ne pouvait plus utiliser l’ordinateur
ni parler aux autres travailleurs, et elle a été
transférée dans une zone où elle était exposée
à un environnement toxique. K, qui s’expri-
mait sous le couvert de l’anonymat, a contacté
l’EEOC. Ses employeurs ont fini par la licencier
et la Commission la représentera bientôt lors
du procès. Elle espère bien avoir gain de cause
et retrouver son emploi. Avoir à gérer de telles
affaires a beaucoup apporté à Mme Koenig-
Yair. « J’ai appris qu’un réel changement social
n’est possible que si tous les acteurs concer-
nés – les employeurs, le personnel, la société
civile et le gouvernement – sont associés. Se-
lon moi, la Commission a pour mission d’ini-
tier ces processus et de les concrétiser. »
JUMELAGE
Dans un premier temps, le jumelage a été mis en oeuvre sur l’initiative de
la Commission européenne pour aider les pays candidats à l’adhésion à
acquérir les compétences et l’expérience indispensables pour adopter et
mettre en application l’acquis communautaire. Depuis 2004, ce dispositif
s’étend aux pays de la région de l’IEVP. Conçus pour répondre aux besoins,
les projets de jumelage rassemblent les compétences du secteur public des
États membres de l’Union européenne et des pays partenaires dans le but
d’améliorer les activités de coopération. Les projets de jumelage sont des
projets conjoints, du ressort des deux administrations partenaires. Le pays
partenaire en assure l’entière gestion.
www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=173&id_type=10&lang_id=469
Pour en savoir plus…
Fiche jumelage > http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=173&id_type=10&lang_id=469
Instruments de coopération internationale > http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=339&id_type=10
22 Projets en marche — Voisinage Sud
22. entretien avec Stéphanie Horel
Familiariser les
fonctionnaires
des pays Le Programme EuroMed Formation des administrations
publiques a pour mission de développer la capacité
partenaires
de gestion des administrations publiques des pays
partenaires méditerranéens et de former leurs
fonctionnaires aux affaires européennes. L’objectif est ici
aux affaires de faciliter la mise en oeuvre des accords d’association.
Dans une interview, la coordinatrice du programme,
européennes
Stéphanie Horel, a expliqué à l’ENPI Info Centre qu’une
des principales réalisations du programme était
l’organisation d’une soixantaine d’activités de formation
et de mise en réseau, qui ont permis à plus de 1500
fonctionnaires et experts des pays partenaires et des
États membres de l’UE d’échanger des idées et des
bonnes pratiques sur des aspects de l’administration
publique intéressant les deux entités.
Q: Quelle est l’ambition du projet? commun. Cela doit permettre d’améliorer la compréhension et la
Stéphanie Horel: Le Programme EuroMed Formation des admi- confiance mutuelles dans le contexte de notre avenir commun.
nistrations publiques s’emploie à promouvoir le partenariat médi- Vous attendez-vous à un impact à long terme ou à un effet de chaî-
terranéen en soutenant la mise en oeuvre des accords d’associa- ne?
tion. Les principaux acteurs du processus étant les administrations Nous pouvons déjà observer un tel effet de chaîne avec la création
publiques, le programme vise à aider les fonctionnaires à se fami- de l’association MEDPAN d’écoles euro-méditerranéennes d’admi-
liariser avec les principaux aspects des affaires européennes et à nistration publique. Elle a pour objectif d’officialiser le réseau créé
renforcer la coopération entre les administrations publiques des dans le cadre du programme et d’assurer la durabilité de ses acti-
deux rives de la Méditerranée. Il a pour premier objectif de former vités.
des fonctionnaires des pays méditerranéens et de créer ensuite
Quelle est à vos yeux la principale réalisation du programme ?
- et c’est là son second objectif - un réseau euro-méditerranéen
Assurément l’organisation d’une soixantaine d’activités de for-
d’écoles d’administration publique afin d’améliorer la coopération
mation et de réseau qui ont permis à plus de 1500 fonctionnaires
à l’échelon régional, national et local.
et experts des dix pays méditerranéens partenaires et des États
Comment le programme réalise-t-il ses objectifs ? membres de discuter et d’échanger leurs idées et leurs bonnes
Durant sa première phase, le programme s’est concentré sur les pratiques sur des questions concernant les administrations pu-
activités de formation aux affaires européennes. Au total, 49 sé- bliques des deux entités. Nous avons également réussi à établir
minaires de formation ont ainsi été organisés, autour de 5 modu- des relations et des pratiques de travail durables tant au niveau de
les : « Le BA-BA de l’UE » axé sur le fonctionnement de l’UE, « l’UE l’approche sud-nord que de l’approche sud-sud, lesquelles conti-
-Perfectionnement », la mise en oeuvre des accords d’association, nueront à se développer.
les « Programmes de l’UE » traitant de la gestion du financement
Quel a été le plus grand défi, en termes de mise en oeuvre ?
européen, la « Politique européenne de voisinage » expliquant
La mise en oeuvre du programme s’est déroulée sans heurt, tou-
les possibilités de formation, l’accent étant à chaque fois mis sur
tefois, comme c’est d’ailleurs le cas pour tout programme de dé-
les trois instruments s’adressant aux administrations publiques, à
veloppement des capacités, le principal défi est de pérenniser
savoir : SIGMA, TAIEX et Twinning, et le module de formation de
les résultats obtenus et de renforcer encore la coopération et les
formateurs. Au cours de la deuxième phase, nous nous sommes
échanges entre les administrations publiques euroméditerranéen-
davantage concentrés sur les activités de mise en réseau. Nous
nes, en particulier dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée.
avons ainsi organisé des conférences et des activités pour les éco-
les euro-méditerranéennes d’administration publique, en mettant
l’accent sur deux thèmes: La gouvernance territoriale et la qualité Une bonne soixantaine d’activités de formation
de la formation des fonctionnaires.
et de travail en réseau ont été organisées, et
Quel est l’impact attendu du programme pour les citoyens des pays
partenaires ? plus de 1500 fonctionnaires et experts ont ainsi
Nous attendons entre autres du programme le renforcement des pu échanger idées et bonnes pratiques sur
capacités de gestion des administrations publiques et la créa- des questions intéressant les administrations
tion de pratiques de travail durables autour de thèmes d’intérêt
publiques des deux entités.
Projets en marche — Voisinage Sud 23
23. lIbAn, IsrAël, tErrItoIrE pAlEstInIEn occupé
Lutter contre les
discriminations
et les violences à
l’égard des femmes
L’égalité entre les hommes et les femmes et la lutte contre les violences à l’égard
des femmes comptent parmi les priorités du programme EGEP « Promouvoir
l’égalité entre les hommes et les femmes dans la région euro-méditerranéenne
», qui évalue actuellement la situation dans 9 pays méditerranéens partenaires.
Mettre fin aux violences à l’encontre des femmes est une priorité, a déclaré Judith
Neiss, directrice du programme, avant d’ajouter que la représentation des femmes
était un autre volet clé. Le projet prépare à ce sujet un rapport général et 9 rapports
nationaux, dans le but de définir des priorités et de mettre en oeuvre des activités
régionales répondant aux besoins identifiés.
Texte ENPI Info Centre/ANSA
Photos Cawtar/ EPEG/ Euromed Heritage II
BRUXELLES – « Le droit de la famille ne permet souvent pas d’inculper les maris “A top priority
se rendant coupables d’actes de violence. On parle de disputes ou de tensions for women in
familiales, et le phénomène est quelque peu banalisé, » explique Mme Neisse. Le Israël is
programme EGEP entend soutenir la réalisation d’une étude nationale en Jordanie to challenge
et au Liban. Un autre grande problématique est celle du rôle des femmes dans le
existing
processus de prise de décision, tant dans la sphère publique que privée. « Dans
restrictions on
plusieurs pays, les femmes souffrent d’un statut inférieur étant donné que la légis-
lation, le droit privé et le droit de la famille sont toujours influencés par la religion.
marriage and
D’où, souvent, une approche archaïque, notamment en ce qui concerne le mariage divorce still
ou le divorce, » ajoute-elle. Intégrer le droit familial dans la législation est ainsi l’un handled in
des objectifs de l’EGEP. Ce programme se propose de créer à l’échelon régional des religious
sous-groupes de pays partenaires, chargés d’élaborer des formations à l’échelon courts”
N Yael Slater sous-régional. « Une fois les données recueillies et les priorités identifiées, nous Yael Slater
chercheuse au Centre Adva ; Israël.
organiserons, en 2010-2011, des formations autour d’une série de thèmes priori-
taires pour les différents groupes de pays », explique la directrice du programme.
24 Projets en marche — Voisinage Sud
24. La situation dans les pays méditerranéens partenaires a
aussi été examinée lors d’une réunion organisée à Bruxel-
les, en mars 2010, au cours de laquelle des journalistes de
«Au Liban, les l’agence de presse ANSA se sont entretenus avec certains
femmes souffrent participants.
d’une double
discrimination. Les Libanaises victimes d’une double
À la discrimination
discrimination Au Liban, les femmes souffrent d’une double discrimina-
religieuse tion. À la discrimination religieuse s’ajoutent les diver-
s’ajoutent ses discriminations entretenues par la communauté (18
au total) à laquelle elles appartiennent. Ghada Jabbour,
les diverses
de l’ONG locale « Kafa (Stop) à la violence et à l’exploi-
discriminations
tation » explique que les femmes libanaises sont soumi-
entretenues par ses à la maison, et qu’elles ne peuvent dès lors jouer un
la communauté rôle clé dans la société. Le système actuel, qui se reflète
(18 au total) à encore dans le code pénal, reste de type patriarcal. » Et
laquelle elles elle poursuit: « Les associations de femmes s’emploient
appartiennent » à améliorer le statut de la femme au sein des différentes
Ghada Jabbour communautés ou demandent l’introduction d’un code
civil fondé sur l’égalité ». La violence, notamment la vio-
lence domestique « n’est heureusement plus une ques-
tion taboue. Et un projet de loi est en préparation au sein
du gouvernement » ajoute-elle. Ce que l’on sait moins, précise-t-elle, c’est que « N Ghada Jabbour
ONG locale « Kafa (Stop) à la
environ 200.000 travailleuses domestiques d’origine immigrée sont victimes de violence et à l’exploitation »,
discriminations et d’exploitation à des fins sexuelles. » L’industrie du sexe génère Liban.
par ailleurs un phénomène de traite des femmes.
La religion fait encore la loi en Israël
Pour les Israéliennes, une des priorités fondamentales est la levée des restrictions
relatives au mariage et au divorce, qui relèvent encore des tribunaux religieux,
explique Yael Slater, chercheuse au Centre Adva, à Tel Aviv. « Les juifs ne peuvent
pas épouser des non-juifs, par exemple, et les trois religions sont très strictes sur la
question du divorce, les hommes étant par ailleurs toujours favorisés. » Les affaires
de divorce doivent être examinées par des tribunaux religieux. Pour Janet Shalom,
membre de la commission gouvernementale sur l’égalité entre les hommes et les
femmes, le divorce surtout reste problèmatique dans les trois religions. Pour Slater, «Le droit de la
les Israéliennes sont aussi confrontées à une application insuffisante de la législa- famille ne permet
tion relative à l’emploi, à une détérioration générale des conditions d’emploi, à des souvent pas
restrictions à leur entrée à l’armée et à des restrictions en matière d’avortement. d’inculper les
Elles sont par ailleurs peu représentées en politique. maris se rendant
N Judith Neisse
directrice du programme coupables d’actes
EGEP de violence. On
parle de disputes
familiales, de
tensions»
Judith Neisse
Projets en marche — Voisinage Sud 25
25. La culture palestinienne, source de discriminations
La culture qui prévaut dans la société palestinienne est de nature à maintenir la
discrimination à l’encontre des femmes et elle légitime la violence domestique.
Selon Hanan Abu Goush, du Centre d’aide et de conseils juridiques pour les fem-
mes de Ramallah, alors que l’égalité est inscrite dans la Constitution, la situation
est très différente dans les faits, et le droit familial et le code pénal doivent donc
être modifiés pour mettre fin à la discrimination. « Les crimes d’honneur restent
monnaie courante, autorisant pour ainsi dire les hommes à tuer en toute impu-
nité des femmes de leur propre famille, » explique-t-elle. Pour pouvoir se marier,
« Même si la poursuit Mme Goush, « une femme doit demander l’autorisation du chef de famille
Constitution masculin. Faute d’accord, elle devra faire appel au juge. Cet accord n’est pas requis
si la femme est divorcée et qu’elle a plus de dix-huit ans. « Le divorce et la garde des
palestinienne
enfants avantagent toujours le mari », déplore-t-elle, ajoutant que les femmes font
reconnaît
également l’objet de discriminations en matière d’héritage, une question régie par
l’égalité, dans
la Sharia, même si cette loi n’est jamais appliquée.“
les faits, la
situation est très N Hanan Abu Goush
Centre d’aide et de conseils
différente, et le juridiques pour les femmes,
droit familial et Territoire palestinien occupé.
le code pénal
doivent donc
être modifiés »
Hanan Abu Goush
Promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes
dans la région euro-méditerranéenne
Soutien à l’égalité entre les hommes et les femmes et à la mise en oeuvre de la Convention sur
l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), renforcement
des connaissances sur le phénomène de la violence à l’égard des femmes et soutien au suivi de la
conférence ministérielle d’Istanbul sur les femmes.
www.euromedgenderequality.org/index.php
Pays participants Objectifs
Algérie, Égypte, Israël, Vise à promouvoir trois grandes priorités : Appui à la dynamique actuelle en faveur de l’égalité entre
Jordanie, Liban, Maroc, les sexes et des droits des femmes ainsi qu’à l’application, dans son intégralité, de la CEDAW et des
Territoire palestinien instruments juridiques apparentés, contribution à une meilleure connaissance des violences à caractère
occupé, Syrie, Tunisie sexiste et appui au suivi des conclusions et du cadre d’action de la conférence ministérielle d’Istanbul sur
le « Renforcement du rôle de la femme dans la société ».
Calendrier
2008–2011 Pour en savoir plus
Fiche de l’EGEP > www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=250&id_type=10&lang_id=469
Budget Dossier de presse ENPI Info Centre sur l’égalité entre les hommes et les femmes >
4,5 millions d’euros www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=71&id_type=3&lang_id=469
26 Projets en marche — Voisinage Sud
26. tunIsIE
Une expérience
d’avantgarde qui a
transformé la médina
Pendant des années, la médina de Mahdia souffrait de l’absence
de collecte régulière des déchets ménagers. Aujourd’hui, grâce à
une succession de programmes de coopération urbaine financés
par l’Union européenne, le dépôt des ordures est devenu un
réflexe pour les habitants, et le quartier s’est transformé.
Texte et photos par Lotfi Touati
MAHDIA – C’est devenu un réflexe pour les habitants de cette coquette médina
ancestrale de la ville tunisienne de Mahdia. Tous les soirs, depuis près de deux ans,
ils ont pris l’habitude de déposer d’une manière régulière les déchets ménagers
devant leur domicile dans des sachets en prévision du passage des agents de
la municipalité chargés de la collecte. Un geste ordinaire voire anodin de prime
abord, mais qui a nécessité une action d’envergure et un budget de taille, dont la
plus grande partie – 120 000 euros – financée par l’Union européenne. En fait ce
quartier de la ville arabe de Mahdia a durant des années souffert de l’absence de
collecte régulière des déchets ménagers en l’absence de matériel roulant adéquat.
N Samir Gandoura
En effet, l’architecture des ruelles érigées à l’époque des Fatimides est dotée d’un administrateur à l’association
charme certain, mais ne permettait pas d’accueillir les véhicules utilisé par les de sauvegarde de la médina de
Mahdia.
services municipaux pour la collecte des déchets ménagers. L’histoire de la ville
remonte au Xè siècle. Elle a été construite par le calife Fatimide, Obeid Allah El
Mehdi, d’où le nom de la ville qui connut une période florissante sous son règne,
époque à laquelle remonte la grande mosquée, qui fait la fierté des habitants de
la ville. Toujours est-il que le quartier a été construit en forteresse, ce qui explique
l’exiguïté des rues et la difficulté de répondre aux exigences de la vie moderne.
Un travail de longue haleine
M. Samir Gandoura, administrateur à l’association de sauvegarde de la médina
de Mahdia, explique que cette action a nécessité un travail de longue haleine,
entrepris en partenariat avec l’Union européenne depuis 2004 dans le cadre d’une
succession de programmes de coopération urbaine, axés sur le développement
durable. La première étape a été franchie par le programme MED’ACT (2004-2006),
avec un financement global de l’Union européenne s’élevant à 567 530 euros :
« Nous étions confronté à un problème d’enlèvement des déchets ménagers en
Projets en marche — Voisinage Sud 27