SlideShare uma empresa Scribd logo
1 de 46
Trombinoscope historique de la non-violence
Diaporama complémentaire (n°10)
« Les Justes »
Étienne Godinot .11.03.2023
« Les Justes »
Sont classées dans cette rubrique des personnes qui ont pris
les plus grands risques pendant la 2ème Guerre mondiale pour
protéger et sauver des personnes menacées par le régime nazi,
particulièrement des Juifs.
Cette action admirable menée sans violence, par humanité et
par compassion pour des êtres humains ne s’inscrit pas dans une
stratégie non-violente de non-collaboration collective et organisée.
. Mais si des millions de personnes avaient agi ainsi, le cours de
l’histoire aurait été différent.
L’expression « Juste parmi les nations », dans le judaïsme, est tirée du
Talmud. Le titre de ‘Juste’ est décerné depuis 1953 au nom d’Israël par le
‘Mémorial de Yad Vashem’ consacré aux victimes de la Shoah.
Le diaporama présente aussi des personnes ayant pris des
risques pour protéger des Juifs ou autres personnes persécutées,
mais qui ne sont pas reconnues ‘Justes’ par le Mémorial de Yad
Vashem.
Photos : - Médaille des Justes
- Mur des justes, Mémorial de la Shoah à Paris
Jules-Géraud Saliège
(1870-1956), évêque catholique, puis archevêque de
Toulouse et cardinal.
Dénonce l’antisémitisme dès 1933, le racisme en 1939.
En août 1942, informé de l’existence de camps
d’extermination, ordonne la lecture dans toutes les paroisses de
son diocèse d’une lettre pastorale s’insurgeant contre les
traitements réservés aux Juifs. Dénonce les déportations de Juifs,
le STO et les exactions nazies.
Arrêté par la Gestapo le 9 juin 1944, doit son salut à sa
santé (paralysie du bulbe rachidien), à son âge et à la protestation
d’une religieuse. L’officier allemand chargé de son arrestation se
retire en disant qu'il va demander de nouvelles instructions, et ne
revient pas.
À la Libération, proteste contre les contre les injustices et
violences commises par les partisans.
Photo du bas : la lettre pastorale du 23 août 1942
Les évêques français courageux
Si une bonne parties des évêques français s’est engagée secrètement
pour les Juifs, seuls quelques-uns ont protesté publiquement contre les
rafles antisémites :
Aimable Chassaigne (Tulle),
Jean Delay (Marseille),
Pierre-Marie Gerlier (Lyon),
Jean-Joseph-Aimé Moussaron (Albi) ,
Paul Rémond (Nice),
Jules-Géraud Saliège (Toulouse),
Pierre-Marie Théas (Montauban),
Edmund Vansteenberghe (Bayonne)
Photos :
- Pierre-Marie Gerlier
- Pierre-Marie Théas, arrêté par la Gestapo le 9 juin 1944. Dès mars 1945, il est à
l'initiative, avec Marthe Dortel-Claudot, du Mouvement de Réconciliation franco-
allemand qui deviendra le mouvement Pax Christi
Marc Boegner
(1881-1970), pasteur, théologien protestant et essayiste
français.
Président de 1929 à 1961 de la ‘Fédération protestante de
France’, (‘Église réformée de France’, ERF) organisme qui réunit
des Églises protestantes françaises, réformées et luthériennes.
Dès septembre 1940, soutient le projet d'action de la
‘CIMADE’ qui porte secours aux réfugiés juifs.
Le 26 mars 1941, écrit deux lettres au nom de l’ERF, l’une à
l’amiral Darlan, vice-président du Conseil national, l’autre au grand
rabbin de France, Isaïe Schwartz, dans laquelle il déplore la mise
en place d’une législation raciste.
Le 20 août 1942, après de nouvelles mesures antijuives en
zone occupée et la rafle du Vélodrome d'Hiver, écrit une lettre de
protestation au maréchal Pétain.
Le 6 septembre 1942, à l'issue de ‘l‘Assemblée du désert’
à Mialet, affirme que le gouvernement de Vichy s'est désormais
résolument placé du côté de l'occupant et de son idéologie.
Photo du bas : avec le général de Gaulle
Pierre Robert de Saint Vincent
(1882-1954), général issu d'une vieille famille de la noblesse
française. Élève de ‘l'École polytechnique’, Commandant de la 14ème
région militaire et gouverneur militaire de Lyon. Un des piliers de
l’’Amitié chrétienne’, œuvre fondée dans cette ville pour aider les Juifs
persécutés par le régime de Vichy. Fait aussi partie de l'organisation
clandestine ‘Armée Secrète’ (AS).
Le 29 août 1942, à la suite de la grande rafle des Juifs en zone
non occupée, reçoit l'ordre de mettre des gendarmes à la disposition de
l'intendant de police Lucien Marchais pour procéder au convoyage de
650 Juifs de la zone Sud vers la zone Nord. Déclare alors : « Jamais je
ne prêterai ma troupe pour une opération semblable ». Le départ ne
peut avoir lieu que le lendemain, et ce délai permet à un certain nombre
de Juifs de s'enfuir et d’échapper à la déportation
Le surlendemain, est relevé de ses fonctions par le ministre de la
Guerre du gouvernement de Vichy, le général Eugène Bridoux. Son
limogeage est annoncé dans la presse sans que les raisons en soient
données. Poursuit son action au sein de la Résistance et se cache
pendant 2 ans. Reprend son activité en août 1944 à la Libération de
Lyon, à la demande du Général de Gaulle.
Honoré en 1993 comme ‘Juste parmi les nations’
.
Eugène Tisserant
(1884-1972), orientaliste et cardinal français. À l'âge de 24 ans,
conservateur des manuscrits orientaux à la Bibliothèque vaticane.
Adopte une attitude progressiste au sujet de l'unionisme, de la
condamnation du ‘Sillon’, de la crise néothomiste et moderniste.
Cardinal en 1936.
Dans les années 1930, aide des personnes en les cachant, en
les employant à la bibliothèque vaticane quand elles sont privées de
leur poste par l’État fasciste, ou en facilitant l’obtention de visas. Remet
la médaille d’honneur de la ‘Congrégation des églises orientales’ au
directeur de l’hôpital juif de Rome, Guido Mendes, licencié en 1939.
Contribue à l’obtention de visas pour le Brésil et les États-Unis d’un
rabbin et de plusieurs universitaires.
Farouchement antinazi, rencontre en 1939 Henri Navarre des
services secrets français et apporte son soutien à tous les réseaux
catholiques qui protègent les Juifs. Condamne les Oustachis croates et
la participation d'ecclésiastiques et de moines franciscains au génocide
des Serbes durant l'État indépendant de Croatie. Cache des Juifs au
Vatican, dans les couvents de Rome, à St Louis-des-Français, dans sa
résidence privée. Joue un rôle de premier plan comme diplomate
officieux dans la Seconde Guerre mondiale.
Membre de l’Académie française.Reconnu ‘Juste parmi les
nations’ en 2021.
Gustav Schröder
(1885-1959), capitaine de navire allemand. En 1921, est engagé
par la compagnie maritime HAPAG (Hamburg-Amerikanische Paket-
fahrt-Aktiengesellschaft). Bien que membre du parti nazi NSDAP
depuis 1933, commande en 1939 le Saint Louis, un paquebot qui tente
de transporter vers La Havane (Cuba) 937 réfugiés Juifs allemands
expulsés de leur pays. Donne l’ordre que ses passagers soient traités
avec respect, autorise les cérémonies religieuses.
Arrivés à Cuba, les réfugiés ne sont pas autorisés à débarquer,
bien qu'étant généralement pourvus de visas pour les États-Unis. Les
États-Unis, puis le Canada* leur refusent aussi l'entrée*. Des organisa-
tions juives tentent de négocier leur passage vers certains pays
d'Amérique latine, lesquels refusent ces passagers apatrides.
Obligé de revenir vers l'Europe, le capitaine envisage sérieuse-
ment d'échouer son navire sur les côtes britanniques, pour rendre
impossible le retour de ses passagers en Allemagne. Il n'en a pas
besoin puisque des organisations juives américaines et européennes
parviennent à les faire admettre au port d'Anvers, et de là en France,
Grande Bretagne, et Danemark. 250 seront toutefois victimes de la
Shoah.
* En juin 2019, le premier ministre canadien Justin Trudeau présentera les excuses
officielles du gouvernement aux passagers et à leur famille.
Aristides de Souza Mendes
(1885-1954). Portugais, nommé consul du Portugal à
Bordeaux en 1938.
Reçoit en 1939 la circulaire n° 14 du gouvernement Salazar
qui interdit aux consuls de délivrer des visas aux Juifs, réfugiés,
Russes, apatrides, etc.
Interpellé par son ami le rabbin Kruger, désobéit en livrant
des visas à Bordeaux, puis à Bayonne, y compris en installant son
bureau sur le trottoir et après avoir été destitué de ses fonctions
par Salazar. Sauve pendant la guerre entre 8 000 et 10 000
personnes.
Condamné à Lisbonne à une peine légère que le dictateur
alourdit, finit sa vie dans la misère.
Réhabilité à titre posthume en 1988 par l’Assemblée
nationale portugaise.
Édouard Vigneron
(1886-1972), ancien combattant de la guerre 1914-18, Chef
du service des étrangers au Commissariat de Police de Nancy en
1940, chargé de contrôler les immigrants.
Avec son adjoint Pierre Marie et leurs hommes, Charles Bouy,
Henri Lespinasse, François Pinot, Émile Thiébault, Charles Thouron,
fait échec à une rafle de Juifs, le 19 juillet 1942.
Prévenus la veille de l'imminence d'une rafle comme celle du
‘Vel d’Hiv’ (Vélodrome d’hiver) à Paris, passent la journée à prévenir
toutes les familles juives concernées, et leur remettent de vrais-faux
papiers d'identité ne portant pas la mention "Juif", leur permettant
ainsi de gagner la zone libre.
Au lieu des 385 prévus, 18 Juifs furent arrêtés à Nancy.
Photo du bas : L’écho de Nancy du 19 octobre 1940 annonce que le
statut des Juifs est publié au Journal Officiel
Édouard Vigneron et les policiers de Nancy
É. Vigneron, arrêté et transféré au Tribunal de la Feld-
kommandantur 591, est condamné à 3 mois de prison et
révoqué (admis à la retraite).
Ces sanctions sont clémentes : très probablement, les
autorités allemandes ne voulaient pas, par une répression dure,
faire à une action de désobéissance civile de fonctionnaires de
police une publicité qui aurait pu être contagieuse.
Il sera réintégré dans la police avec effet rétroactif le 1er
décembre 1944.
Photo : Pierre Marie, adjoint d’Édouard Vigneron
Wilhelm Canaris
(1887-1945), amiral allemand, chef de l'Abwehr, le service de ren-
seignement de l'armée allemande, de janv. 1935 à fév. 1944. Homme
complexe et ambigu, aventurier et espion avant d'assurer de hautes fonc-
tions en faisant de la corde raide entre son patriotisme et son antinazisme.
Avant même le début de la 2ème Guerre mondiale, travaille au renverse-
ment des nazis pour pouvoir conclure la paix avec les Alliés occidentaux et
sauver ce qui peut l'être encore.
Son service possède les ressources nécessaires pour produire des
passeports. En fait émettre dans les années 1936 pour différents Juifs et
autres groupes menacés, qui peuvent quitter l'Allemagne nazie. Alors que
les lois raciales interdisent aux Juifs de rester dans l'administration, main-
tient en place de nombreux agents et militaires juifs, en disant qu'ils sont
indispensables. Enrôle même des Juifs dans l'Abwehr, seul organisme de
l'Allemagne nazie à ne pas être soumis aux lois raciales…
Compromis dans l'attentat manqué organisé par le colonel Claus von
Stauffenberg contre Hitler, arrêté, emprisonné de longs mois à Berlin,
pendu nu dans le camp de concentration de Flossenbürg en avril 1945.
En Août 2009, demande est faite au Mémorial Yad Vashem d’inscrire
l’amiral allemand sur la liste des ‘Justes’ pour avoir sauvé 500 juifs du
ghetto de Varsovie.
Franz von Hoiningen
(1888-1973), baron de la haute noblesse prussienne de la
Baltique. Officier pendant la 1ère Guerre Mondiale, adhère spontané-
ment avec sa femme luxembourgeoise en 1933 au parti nazi NSDAP,
est membre de l’association antisémite Eddagesellschaft, et s’engage
dans la Wehrmacht.
Quelques années plus tard, s’insurge contre l’idéologie nazie et
la politique d’Hitler, bascule de la "banalité du mal" à la "banalité du
bien".
En signant des laisser-passer, sauve environ 500 Juifs luxem-
bourgeois et Résistants, dont le père de François Heisbourg*.
Poursuivi par la Gestapo en sept. 1944 après avoir été "mouillé" dans
le complot contre Hitler, s’évade de Berlin, retrouve femme et enfants
au Luxembourg et disparaît aux yeux de tous.
Aventurier, grande gueule et "taiseux". Il a même été difficile de
trouver une trace photographique de lui.
* François Heisbourg, né en 1949, est Senior adviser pour l'Europe de l'International Institute
for Strategic Studies (IISS), basé à Londres. Il est conseiller spécial du président de la
‘Fondation pour la recherche stratégique’ (FRS).
Édouard et Mildred Theis
Charles Guillon et Roger Darcisssac
Édouard Theis (1889-1984), pasteur protestant français.
Enseigne aux États-Unis, devient missionnaire à Madagascar et au
Cameroun. Enseigne ensuite à la Faculté de théologie de l'Université de
Paris. Avec son épouse Mildred (née Degger, 1901-1973), dirige le
‘Collège Cévenol’ au Chambon-sur-Lignon, fondé en 1938 par son ami
le pasteur André Trocmé et son épouse Magda.
Après l’avènement du régime de Vichy, et avec l’appui du maire,
le pasteur Charles Guillon (1863-1965, photo du milieu), ils incitent
ouvertement leurs paroissiens à protéger les Juifs. Le Chambon et les
communes environnantes du plateau Vivarais-Lignon deviennent un
refuge unique en France pour les persécutés juifs.
En février 1943, Édouard Theis, André Trocmé et un instituteur,
Roger Darcissac (1898-1982, photo du bas), sont arrêtés et internés
durant trois semaines au camp de Saint-Paul-d’Eyjeaux, près de
Limoges. À l’automne de la même année, recherché par la Gestapo,
Édouard Theis disparait dans la clandestinité, et prend part aux filières
d’évasion de la CIMADE vers la Suisse.
Paul Ersnt Grüninger
(1891-1972) Instituteur suisse, puis officier de la police dans
le canton de St Gall, à la frontière autrichienne.
En août 1938, pour accueillir des Juifs en Suisse, et avec
l’accord se son supérieur Valentin Keel, modifie les dates d’arrivée
des réfugiés, délivre de faux papiers d’identité, fait même le
passeur, fait entrer plus de 2 000 réfugiés, récolte des fonds pour
eux.
Suspension provisoire et enquête pénale en mars 1939,
licencié en mai, condamné en décembre pour violation d’un devoir
de fonction.
Occupe des emplois occasionnels pendant les 30 dernières
années de sa vie.
« J’ai agi pour des motifs honorables en tant qu’homme et que
fonctionnaire. »
Charles Goruchon
(1891-1961), capitaine de l’armée française. Assisté d'une
trentaine d’hommes, dirige jusqu’en août 1942, le camp des Milles (près
d’Aix-en-Provence), installé dans une ancienne tuilerie-briquèterie de
15 000 m2, ouverte comme lieu d’internement en septembre 1939. Là
sont internés 3 500 détenus : Allemands anti-nazis*, Juifs étrangers ou
apatrides ou expulsés d’Allemagne, réfugiés politiques, anciens des
‘Brigades internationales’ antifranquistes, etc.
En juin 1940, après la signature de l’armistice, sachant que ces
prisonniers vont être livrés aux Allemands, prend l’initiative de les faire
convoyer en train vers Bayonne où un bateau doit les emmener à
Casablanca.
2 500 personnes prennent ce train dont la capacité est de 1200
places assises. Destination : Marseille, Carcassonne, gare maritime de
Bayonne, Lourdes où les rejoignent les femmes internées du camp de
Gurs.
Cet épisode a été raconté par Sébastien Grall en 1995 dans son
film Les Milles, le train de la liberté.
* comme Marx Ernst, Golo Mann, Hans Bellmer, Ferdinand Springer, Wols,
Robert Liebknecht, Lion Feuchtwangler, Erich Itor Kahn, Konrad Wachsmann, etc.
Albert Göring
(1895-1966), homme d'affaires allemand puis autrichien. Son frère
ainé, Hermann Göring, rejoint le parti nazi en 1922, est chef de la Luft-
waffe puis Reichsmarschall, le plus haut grade de la Wehrmacht. Albert
est probablement en réalité le fils du chevalier Hermann Epenstein von
Mauternburg, financier allemand d'origine juive.
Méprise le nazisme et sa violence, s’exile à Vienne, obtient la
nationalité autrichienne, ne cache pas ses convictions antinazies. Se met
à quatre pattes pour se joindre à un groupe de vieilles femmes juives
contraintes par des soldats allemands de la Schutzstaffel à récurer les
pavés de la rue à la brosse à dents. Se rend aux camps de Dachau et
Theresienstadt, pour faire libérer des amis juifs, signant de son seul nom
de famille, joue de son influence pour libérer son patron juif, Oskar Pilzer,
après son arrestation par les nazis.
Lorsqu'il est nommé directeur des exportations des usines Škoda
en Tchécoslovaquie, intensifie son activité antinazie, encourage des actes
mineurs de sabotage et établit des contacts avec la résistance tchèque.
Contrefait la signature de son frère sur des documents de transit afin de
permettre à certains dissidents de fuir le régime. Requiert des travailleurs
forcés et organise des détournements de convois de camions dont la
destination était des camps de concentration.
Père Marie-Benoît
De son vrai nom Pierre Péteul, (1895-1990), prêtre capucin
français, docteur en philosophie. Durant la 2è guerre mondiale, depuis le
couvent des capucins de Marseille, aide les aviateurs alliés, édite en lien
avec ‘l’Union Générale des Israélites de France’ (UGIF) des milliers de faux
passeports et certificats de baptême, aide des centaines de Juifs à gagner
la Suisse et l'Espagne à partir du Sud de la France
Poursuivi par la Gestapo, fuit à Rome, devient professeur et
supérieur du Convento dei Cappuccini, y poursuit son travail de sauveteur
en coordination avec la principale organisation sociale juive, la ‘Delasem’
(Delegation for the Assistance of Jewish Emigrants, Delegazione per
l'Assistenza degli Emigranti Ebrei) En sept. 1943, les Italiens signent
l'armistice et la chute de Mussolini bloque l'ensemble du projet de la
‘Delasem’, l'évacuation des Juifs vers l'Afrique du Nord. Pour éviter la
déportation, Settimio Sorani et d'autres dirigeants de la Delasem sont
contraints de se cacher. Le père Benoît envoie les réfugiés dans les
cachettes disséminées dans Rome, fait croire à la Gestapo que tous sont
partis, alors qu'ils attendent la libération dans la ville, sous de nouvelles
identités. Sauve environ 4 500 Juifs
Personnage légendaire, le ‘padre Maria-Benedetto’ est surnommé
‘le père des Juifs’ par ceux qu'il a sauvés. Un des premiers Français, en
1966, à être décoré du titre de ‘Juste parmi les nations’
Felix Kersten
(1898-1960), né en Estonie, agronome de formation, soigne par
le massage finlandais à Helsinki les soldats blessés pendant la
première Guerre mondiale. Formé à Berlin par un lama tibétain, le Dr
Kô (initié pendant 14 ans au sciences médicales chinoises et tibétaines,
et diplômé de la faculté de médecine de Londres), utilisant une théra-
peutique puissante.
Soigne des membres de la famille royale de Hollande, ainsi que
le chef des SS, Heinrich Himmler, taraudé par une douleur insuppor-
table, qu’il soulage pendant 5 ans.
Obtient* du Reichsführer l'annulation de la déportation de 3
millions Hollandais dans la région de Lublin en Pologne et la libération
de prisonniers détenus dans des camps de concentration.
En mars 1945, obtient que les camps de concentration ne soient
pas dynamités lors de l’arrivée des armées alliées. Sauve ainsi
plusieurs centaines de milliers de personnes, dont environ 60 000 Juifs.
* en lien avec les ambassades de Finlande, de Hollande, et de Suède, et avec
l’aide secrète de Rudolf Brandt, secrétaire particulier de Himmler
Hugh O’Flaherty
(1898-1963), homme d’Église irlandais. Prêtre, champion de boxe,
ambassadeur du Vatican en Égypte, Haïti, Saint Domingue et Tchéco-
slovaquie. En 1934, nommé monsignore. Attaché au Saint-Siège durant
la Seconde Guerre mondiale.
Utilisant la neutralité du Vatican, organise à Rome tout un réseau
dans le but de protéger les prisonniers de guerre alliés évadés et leur
permettre de rejoindre la Suisse. Lorsqu'ils arrivent sains et saufs, il
prévient leurs familles par la radio du Vatican. Profite de sa position pour
sauver entre 4 000 et 6 000 Juifs et soldats alliés de l’exécution ou des
camps de la mort, et les loge dans divers appartements, fermes et
couvents. Les SS, sous les ordres du lieutenant-colonel Herbert Kappler,
essaient à plusieurs reprises de l’assassiner en dehors du Vatican.
N'hésite pas à employer des déguisements lorsqu'il est demandé
d’urgence en dehors du Vatican.
Quand les Alliés libèrent Rome, en juin 1944, 3 925 de ses
protégés sont en vie. Veille à ce que les prisonniers allemands soient
traités aussi bien que possible, protège la femme et les deux enfants du
lieutenant-colonel Kappler. Visite tous les mois Kappler* dans la prison
où il purge une peine à vie.
* L’officier SS se convertit au catholicisme en 1959.
Chiune Sugihara
(1900-1986), diplomate japonais, chargé en 1939 d’ouvrir le
consulat du Japon à Kaunas, en Lituanie.
Demande à son ministre de pouvoir délivrer des visas de
transit pour des Juifs polonais voulant rejoindre la Palestine ou les
États-Unis, essuie un refus à trois reprises.
Durant l’été 1940, désobéit à son ministre, et délivre 2 000
visas sur papier officiel et environ 4 000 sur papier libre. Par
manque de formulaires, doit tout écrire à la main, travaille plus de
10 heures par jour.
Le 2 août 1940, reçoit l’ordre de fermer le consulat et de
partir à Berlin, mais n’en tient pas compte jusqu’au 28 août.
Après la guerre, doit quitter la diplomatie. Emploi commercial
à Moscou en 1960.
Mohammed Helmy
et Frieda Szturmann
(1901-1982), médecin égyptien. Part en 1922 en Allemagne
pour suivre des études de médecine. Engagé par l'Institut Robert Koch
à Berlin, devient chef du département d'urologie.
Selon les lois raciales du Reich, considéré comme un hamitique*
et révoqué en 1937. Exerçant alors en privé, a parmi ses patients une
jeune fille juive allemande, Anna Boros. Lorsque commence la déporta-
tion des juifs de Berlin, prend, au péril de sa vie, la décision de cacher
Anna (21 ans), dans un cabanon qu'il possède à Berlin-Buch, de 1942 à
1945. Aidé une amie allemande, Frieda Szturmann (1897-1962, elle
aussi reconnue "Juste« , photo du bas), sauve aussi la mère d'Anna, son
beau-père et sa grand-mère.
Reconnu à titre posthume comme "Juste parmi les Nations" par
Yad Vashem en 2013**. Premier Arabe à être reconnu comme tel ***.
* Hamitique : descendant de Ham (ou Cham), le fils de Noé (ou Noah).
** Sa famille a accepté cette distinction en son nom à condition que la cérémonie ait lieu au
ministère allemand des affaires étrangères et non en Israël.
*** Si une soixantaine de musulmans, originaires pour la plupart d'Albanie ou de Bosnie, ont été
distingués par le Mémorial, on ne comptait jusqu'à présent aucun Arabe parmi les quelque
25.700 Justes
André et Magda Trocmé
(1901-1971), Pasteur français et théologien protestant.
Nommé dans le Nord, mène une lutte anti-alcoolique en ouvrant
une section de ‘La Croix-Bleue’. Affecté en 1934 au village du
Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), y fonde en 1938 le ‘Collège
Cévenol’.
Pendant l’occupation allemande, les époux Trocmé et Theis
appellent la population à la résistance active sans violence et
l’organisent. Avec son épouse Magda (née Grilli di Cortona, 1901-
1996), la communauté protestante, le SCI, l’’Armée du Salut’, les
Quakers, la CIMADE, etc., fait du Chambon une cité d’accueil et de
sauvegarde de réfugiés juifs, allemands anti-nazis, français
échappant au STO : recherche de fonds, fabrication de faux
papiers, réseau d’alerte, mise au point de filières d’évasion,
ouverture d’une école. Avec d’autres, Magda se charge de trouver
des familles d’accueil et encourage les pensionnats de la ville à
ouvrir leurs portes aux Juifs.
On estime à 5 000 le nombre de Juifs sauvés au Chambon-
sur-Lignon.
François de Vial,
André Bocquin et Miron Lerner
F. de V., (1904-1985, photo ci-contre), diplomate français. Attaché
au consulat de France de Berlin (1932), de Prague (1933), de Berne
(1934-1935), de Budapest de (1935-1938). Vice-consul à Naples
(1938-1939), attaché à l’ambassade de France auprès du Saint-
Siège à Rome de 1940 à 1944. Ministre plénipotentiaire de 1932 à
1969.
À Rome, fait partie du ‘Mouvement de Résistance interallié’,
créé en 1942, regroupant des Anglais, des Suisses, des Français,
des membres du Vatican et des religieux français, italiens et dont le
but est de sauver de la Gestapo et de la police fasciste des
prisonniers évadés et des pilotes américains et anglais abattus lors
des combats aux dessus de l'Italie.
Avec le cardinal Eugène Tisserand et Mgr André Boquin
(1902-1973), recteur de Saint-Louis-des-Français à Rome (photo du bas),
sauve de nombreux Juifs, et notamment Miron Lerner, (1927-2021),
jeune assistant du père capucin Marie-Benoît (voir 1895).
Alfred Stanke
Aloïs Stanke, en religion frère Alfred (1904-1975),
Allemand d’origine polonaise. Moine franciscain anti-nazi,
infirmier militaire dans la prison du Bordiot à Bourges de 1942 à
1944.
Utilise sa position pour venir en aide aux prisonniers,
Résistants, mais aussi pilotes anglais. Les soigne et les soulage
quand ils ont été torturés, les réconforte comme il peut, leur
fournit un complément de nourriture.
Leur permet de communiquer entre eux pour préparer
leurs interrogatoires, facilite leurs échanges avec l'extérieur,
familles et Résistants. Participe au péril de sa vie à la libération
de nombreux prisonniers.
Après la guerre, travaille avec conviction à la
réconciliation franco-allemande.
Le film de Claude Autan-Lara Le franciscain de Bourges
(1967) est inspiré du livre de Marc Toledano, Résistant sauvé par
Alfred Stanke.
Kurt Gerstein
(1905-1945), officier allemand opposé à l’extermination des
Juifs. Ingénieur des mines, militant protestant anti-nazi dans l’’Église
confessante’, mais membre du parti hitlérien dès 1933 et de la SA en
1934. Après la mort suspecte de sa belle-sœur, euthanasiée, décide
que le meilleur moyen de savoir ce qui se passe est de rejoindre les SS
puis la Waffen-SS (1941). Affecté pendant la Seconde Guerre mondiale
à l'Institut d'hygiène de la SS, département "hygiène de l'eau", à Berlin,
chargé aussi de la confection des gaz toxiques contre les animaux
nuisibles.
Témoin, en août 1942, d'un gazage homicide au Zyklon B dans le
camp d'extermination de Bełżec, en Pologne. Contacte un diplomate
suédois, Göran von Otter, tente aussi de se faire recevoir par le nonce
du pape à Berlin, Cesare Orsenigo, afin qu'ils alertent les dirigeants
politiques et le pape Pie XII sur l'extermination des Juifs d'Europe, mais
sans succès. En 1945, se rend aux Français à Tübingen, fournit aux
Alliés un rapport sur "la solution finale". Lors de son incarcération à
Paris la même année, est retrouvé pendu dans sa cellule.
Réhabilité en 1965 par décision du ministre-président de Baden-
Würtemberg, Kurt Kiesinger. Le film Amen de Costa-Gavras (2002) lui
est consacré.
Jacques et Jacqueline Martin
Jacques Martin (1906-2001), pasteur et militant protestant. Études
à la Faculté de théologie protestante de Paris. Au contact de son condis-
ciple Henri Roser, s'engage dans les initiatives de réconciliation franco-
allemande initiées par les mouvements de jeunesse protestants après la
Première Guerre mondiale. Co-fondateur, en 1923, avec Henri Roser et
André Trocmé, de la section française du ‘Mouvement International de la
Réconciliation’ (MIR). Refuse une période militaire en 1932, emprisonné
pendant environ un an.
Pasteur bénévole par intérim à Ganges (Hérault), est embauché
dans une bonneterie locale qui fabrique des bas de soie. Son épouse
Jacqueline (née Élié, 1907-1996) et lui adhèrent à la CIMADE et travaillent
avec Madeleine Barot qui les met en contact avec des Juifs internés à
Gurs, cachent des Juifs, falsifient des cartes d’identité. Incarcéré à Mont-
pellier, échangé par la Résistance contre mille moutons !
Durant la guerre d'Algérie, fait circuler les informations dénonçant la
torture, joint sa voix celles qui demandent des négociations avec les chefs
de la lutte pour l'indépendance.
En poste à Lyon entre 1956 et 1966, chargé de la librairie protes-
tante de la ville, est très actif au sein du groupe local des ‘Amitiés Judéo-
Chrétiennes’. Organise la venue à Lyon de Martin Luther King fin mars
1966. Photo du bas : avec Martin Luther King à Lyon en 1966
Les frères Bielski
Tuvia (né en 1906, photo), Asael, Alexandrov et Aron Bielski.
Créent un détachement de partisans juifs dans la forêt et les marais à
proximité du village familial de Stankevitch, à 50 km à l’ouest de Minsk en
Biélorussie.
Tuvia, commandant du groupe, pratique plusieurs langues sans
accent (yiddish, russe, biélorusse, polonais, hébreu, allemand), peut
passer aisément du côté des non-Juifs, se rend souvent dans le ghetto,
exhortant les Juifs à s'enfuir dans la forêt. Accepte tous les Juifs, y
compris les femmes, les vieillards et les enfants. Dans le détachement se
trouvent des forgerons, des boulangers, une tannerie, des bains, un
dispensaire et une école. Il y a des vachers, des musiciens, des potiers,
des cuisiniers, des tailleurs. Les cérémonies du culte sont observées
grâce au rabbin David Brouk.
Les Bielski réussissent à sauver 1 237 Juifs de l'extermination. En
février 1943, le détachement Bielski est inclus dans le détachement
"Octobre" de la brigade Lénine.
« Mieux vaut sauver une vieille juive que de tuer dix soldats
allemands ». Tuvia Bieslki
Roland de Pury
(1907-1979), pasteur et théologien protestant suisse. Étudie à
Bonn et devient disciple de Karl Barth. En 1938, s'installe à Lyon au
temple protestant de la rue Lanterne.
En 1940, avec son épouse Jacqueline, prend la tête d'un mouve-
ment de résistance spirituelle et aide les Juifs persécutés à quitter la
France en direction de la Suisse. En juillet 1940, fait une prédication
dans laquelle il s'oppose fermement au nazisme, au maréchal Pétain et
à la collaboration du régime de Vichy. En septembre 1941, corédacteur
des ’thèses de Pomeyrol’, rédigées par 12 membres de l'Église réformée
de France, afin de fournir un appui théologique à la résistance au
nazisme.
En novembre 1941, crée avec la jeune assistante sociale
Françoise Seligmann, qui vient d'adhérer au mouvement ‘Combat’, une
chaîne d'évasion vers la Suisse, passant par le village d'Archamps-sur-
Salève. Arrêté par la Gestapo au milieu d'un culte, détenu durant
plusieurs mois à la prison Montluc de Lyon, où il rédige son Journal de
cellule, n'échappe à la déportation que grâce à sa nationalité suisse.
Dans les années 1960 et 1970, missionnaire entre autres, au
Cameroun et à Madagascar. S'élève contre la colonisation et dénonce la
torture pratiquée pendant la guerre d'Algérie.
Sabine et Miron Zlatin
Sabine Chwast (1907-1996), Juive polonaise, fuit en 1920
l’antisémitisme polonais, épouse à Nancy un Juif d’origine russe,
Miron Zlatin, né en 1904.
En 1940, les époux fuient pour Montpellier, puis s'installent dans
un petit village de l’Ain, Izieu. Y fondent en mai 1943 la colonie des
enfants d'Izieu (photo du haut), abris d’enfants juifs, un lieu de passage
dans un réseau de sauvetage. Au moins 105 enfants, juifs pour la
plupart, y sont accueillis à partir de mai 1943.
Le 6 avril 1944, la Gestapo de Lyon, dirigée par Klaus Barbie,
arrête les 44 enfants de la colonie et les 7 éducateurs présents.
Sabine est à Montpellier où elle demande de l'aide pour disperser la
colonie.
Après la rafle, rejoint Paris où elle s'engage dans la
Résistance. À la Libération, nommée hôtelière-chef du ‘Centre
Lutetia’, responsable de l'organisation de l'accueil des déportés
à leur retour des camps. En juillet 1945, apprend que son mari et les
enfants arrêtés ont été exterminés à Auschwitz.
Gitta Mallasz
(1907-1992), de père hongrois et de mère autrichienne, dessina-
trice, championne de natation, fille d’un général catholique. En juin 1944,
trois mois après l’invasion des troupes nazies, les déportations prennent
de l’ampleur et commencent à toucher les Juifs de la capitale. Se voit
proposer à Budapest le commandement d’un atelier de confection d’uni-
formes militaires pour assurer la protection d’une centaine de femmes
juives.
Le 1er décembre 1944, alors que l’Armée rouge approche, un
groupe de nazis hongrois, les ‘Croix fléchées’, vient pour mettre fin à la
mystification. Gitta fait alors appel aux SS qui occupent une villa mito-
yenne et qu’elle avait auparavant amadoués et convaincus de ménager un
passage dans la clôture. Aussi incroyable que cela puisse paraître, ceux-ci
favorisent l’évasion d’une centaine d’ouvrières au nez et à la barbe des
‘Croix fléchées’. Ses complices Hanna, Lili et Joseph, arrêtés, meurent au
cours d’un interminable transfert en wagons à bestiaux à travers l’Allema-
gne.
Fait connaître à partir de 1976 l’enseignement spirituel des Dialo-
gues avec l’ange dont elle a été témoin en 1943 et 1944.
Oscar Schindler
(1908-1947) Industriel allemand sudète, membre du parti
nazi. Fait fortune en dirigeant la Deutsche Emailwaren-fabrik, usine
spécialisée dans la fabrication de batteries de cuisine en émail,
près du camp d'internement de Plaszow, au sud de la Cracovie.
Profite de ses bonnes relations avec le chef de ce camp
Amon Göth, qui lui fournit la main d'oeuvre parmi les nombreux
Juifs internés.
Plus tard, interpellé par leur sort, prend parti pour eux et,
aidé de sa femme Émilie, ainsi que par son comptable juif Itzhak
Stern, sauve la vie de plus de 1 100 d'entre eux en les arrachant
aux camps d'extermination et en les faisant travailler dans une
usine d'armement intégrée au camp de Brünnlitz.
Orchestre alors la faillite de cette nouvelle usine,
notamment pour sauver ses travailleurs juifs et ne pas ralentir
l'avancée alliée par sa production d'armes.
Nicholas Winton
Né Nicholas Wertheim (1909-2015), Britannique issu de parents
juifs allemands installés à Londres deux ans avant sa naissance.
Travaille dans la banque et la Bourse à Londres, Hambourg, Berlin,
Paris, puis courtier en valeurs mobilières à la Bourse de Londres.
Peu avant Noël 1938, organise le sauvetage de 669 enfants juifs
tchécoslovaques menacés de déportation. Organise leur transport par 8
trains de Prague à Londres. Ce sauvetage n’est connu que le jour où sa
femme Greta découvre dans un grenier en 1988, 50 ans plus tard, une
serviette de cuir contenant des listes d'enfants et des lettres de leurs
parents.
En sept. 2009, des rescapés ayant bénéficié de la filière qu’il avait
mise en place effectuent en train le trajet de Prague à Londres pour le
remercier (photo du bas).
Surnommé le "Schindler britannique", anobli en 2002 pour ses
actes de bravoure. Les descendants des "enfants de Winton", dont le
nombre est évalué à plus de 5 000, vivent aujourd’hui dans le monde
entier, et notamment en Grande-Bretagne, au Canada et en Israël.
Georges Loinger
Georges Uriel Joseph Loinger (1910-2018), résistant français, né
de parents juifs originaires de Roumanie et de Pologne. Professeur
d’éducation physique. Dans les années qui précèdent la Seconde
Guerre mondiale, accueille de jeunes réfugiés juifs d'Allemagne au
château de la Guette.
Cache ses origines juives et devient l’un des cadres du
mouvement ‘Compagnon de France’, soutenu par Vichy, tout en
rejoignant plusieurs réseaux de Résistance, dont Garel et Bourgogne.
Avec le soutien du docteur Joseph Weill, dirigeant de l‘’Œuvre de
Secours aux Enfants’ (OSE), organise jusqu'à la Libération le sauvetage
d’environ 450 enfants juifs qu'il fait convoyer via Annemasse jusqu'en
Suisse. Au début, fait jouer les enfants au football le long de la frontière,
et lorsque malencontreusement le ballon la franchit, tout le monde va le
chercher sans revenir.
Après la guerre, participe à la ‘Fraternité d’Abraham’, association
fondée en 1967 par l’écrivain André Chouraqui et le père Jean Danielou,
pour promouvoir le dialogue interreligieux, alors quasi-inexistant, entre
les croyants des trois religions monothéistes.
Shatta et Bouli Simon
Manuel Darrac
Née Charlotte Hirsch (1910-2003), éducatrice française née en
Roumanie. Épouse en 1933 Édouard (Bouli) Simon (1905-1993),
ingénieur électricien, rencontré aux ‘Éclaireurs israélites de France’ (EIF).
Ouvrent la ‘Maison des enfants de Moissac’ (Tarn-et-Garonne),
en décembre 1939 comme centre de formation professionnelle pour y
abriter les jeunes repliés après l'invasion du nord de la France. Les plus
jeunes sont scolarisés en ville, les aînés sont en apprentissage. La
maison a une double-issue et abrite le secrétariat et le quartier général
des EIF.
Aidé par Alice Pelous, son assistante à la mairie, et Henriette
Ducom, assistante sociale à Moissac, Manuel Darrac (photo du bas),
secrétaire de mairie, fournit aux enfants EIF de la Maison de Moissac de
faux papiers et des cartes d’alimentation à leur nom d’emprunt, ainsi que
des permis de séjour à l’équipe dirigeante Shatta Simon et Édouard
Simon.
Après une descente de la Gestapo à la mairie en 1944, Manuel
Darrac prévient de l'imminence d'une rafle. Les enfants sont évacués et
placés dans des familles. Certains vont en Espagne ou en Suisse,
d'autres entrent dans la Résistance. Entre 1939 et 1945, environ 500
enfants trouvent refuge dans cette maison et survivent à la Shoah.
Irena Sendlerowa
(1910-2008), née Irena Krzyzanowska, résistante polonaise.
Dès les premiers jours de l'occupation allemande, travaille au service
d'aide sociale à la mairie de Varsovie où elle organise l'aide aux
pauvres.
Organise le passage clandestin de 2 500 enfants du ghetto de
Varsovie vers deux villes proches. Transporte les enfants dans les
caisses à outils de son camion de plombier, dans des sacs, dans des
caisses sous des chargements de briques, les sort par un trou dans le
mur du ghetto. D'autres sont cachés dans des camions de pompiers,
des ambulances, sous les ordures. Dresse son chien à aboyer pour
couvrir leurs bruits en cas de contrôle des soldats allemands.
Arrêtée et torturée par la Gestapo qui lui brise les jambes et les
pieds, libérée par les gardiens de prison achetés par Zegota, mouve-
ment clandestin d’aide aux Juifs. Emprisonnée de 1948 à 1949 et
interrogée brutalement par la police secrète communiste.
Avait écrit les noms des enfants et de leur famille d’accueil sur
une liste conservée dans un bocal enterré dans son jardin. 2 000
enfants seront ainsi retrouvés.
Photos du haut : Irena en 1042 et en 2005
Photo du bas : Irena, bande dessinée en 5 volumes, scénario de Jean-David Morvan
et Séverine Tréfouël, dessins de David Evrard, éd. Glénat
Gilbert Lesage
(1910-1989), objecteur de conscience et membre actif des Quakers
durant sa jeunesse.
En fév. 1941, chef de l’important ‘Service Social des Étrangers’
(SSE) qui intervient directement dans les camps d’étrangers en France.
En août 1942, quand les autorités françaises dans le sud de la France
commencent les rafles de Juifs et les remettent aux Allemands, fait partie
de ceux chargés de sélectionner les personnes dites "déportables" selon
les directives du Secrétaire général de la police, René Bousquet.
Désobéit aux ordres et prévient secrètement des familles juives et
d’autres organisations de rafles imminentes, permettant de cacher de
nombreux enfants qui devaient être déportés.
Quand Bousquet supprime toutes les exceptions de déportation,
Lesage ignore aussi cet ordre et envoie aux fonctionnaires chargés de la
sélection une note d’instruction exemptant tout enfant âgé de moins de
15 ans. Dirige personnellement le processus de sélection au camp de
Vénissieux près de Lyon et libère 108 enfants juifs.
Arrêté en avril 1944 par la Gestapo. Le SSE est supprimé en juin.
Reste en prison jusqu’à la Libération. Selon Robert Nodot, a porté
secours à 100 000 réfugiés.
Marc et Françoise Donadille
Henri et Alice Manen
M. D. (1911-1995), pasteur protestant français, membre de la
‘Commission inter-mouvements auprès des évacués’ (CIMADE).
Avec son épouse Françoise et avec le pasteur Henri Manen (1900-
1982), aumônier du camp des Milles, s'emploie à faire sortir des Juifs
internés dans ce camp d’internement et de déportation, ouvert entre
1939 et 1942 dans une tuilerie-briqueterie près d’Aix-en-Provence.
H. M. fait sortir 80 Juifs en leur fournissant de faux papier ou
certificats de baptême. Sa femme Alice et lui en hébergent plusieurs
chez eux avant de leur trouver un refuge
En février 1943, à l’occasion d’une rafle de Juifs dans les Cévennes,
M. D. écrit au préfet de Mende, Roger Dutruch : « Vous êtes contraints
d’ordonner à vos gendarmes de chercher les Juifs. Toutefois, vous
pourriez peut-être leur laisser entendre qu’ils ne sont pas obligés de les
trouver. »
Photos : Marc et Françoise Donadille et leurs enfants,
Henri Manen
Raoul Wallenberg
(1912-1947 ?), diplomate suédois envoyé à Budapest avec
pour mission de contribuer à sauver les Juifs de Hongrie.
De concert avec son homologue Per Anger, utilise la
possibilité de délivrer des passeports temporaires déclarant que
leurs possesseurs étaient des citoyens suédois en attente de
rapatriement.
Négocie également avec des officiels nazis, comme Adolf
Eichmann, afin d'obtenir l'annulation de déportations. Sauve
ainsi plusieurs dizaines de milliers de Juifs, entre 30 000 et
100 000.
Arrêté en janvier 1945 par l'Armée rouge, probablement
soupçonné d'être un espion à la solde des États-Unis.
Probablement exécuté en 1947 par les Soviétiques.
Élisabeth Eidenbenz
(1913-2011), enseignante et infirmière suisse. Institutrice en
Suisse et au Danemark, adhère à l'Asociación de Ayuda a los Niños
en Guerra (‘Association d'aide aux enfants en guerre’), rejoint
Madrid en 1937, pour aider les mères et les enfants victimes de la
guerre civile espagnole.
Après la chute de la république espagnole, rejoint le
Roussillon, où de nombreux réfugiés se massent dans des camps.
Atterrée par les conditions de vie dans ces camps, la malnutrition,
les maladies et la forte mortalité des parturientes et des nouveaux-
nés, trouve un manoir désaffecté à Elne (Pyrénées orientales, photo
du bas), qu'elle reconvertit en maternité pour les accueillir. Falsifie les
identités des patients pour contourner l’interdiction d’accueillir des
réfugiés.
Malgré la surveillance de la Gestapo, près de 400 enfants
espagnols et 200 enfants juifs ou tziganes naissent dans cette
maternité, leurs mères étant des réfugiées espagnoles fuyant le
franquisme, et des Juives et des Tziganes fuyant l'invasion nazie.
La maternité est fermée par les Allemands en 1944.
Odette Rosenstock
et Moussa Abadi
O.R., (1914-1999), obligée par le statut des juifs à quitter son poste de
médecin, devient sage-femme.
Rejoint à Nice son mari Moussa Abadi. S’engage dans la Résistance
où elle devient Sylvie Delatre, et met en place, avec son mari, le réseau
clandestin ‘Marcel’ pour sauver des enfants.
Contacte des pasteurs, des maires de petits villages et des institutions
laïques susceptibles de fournir des caches. Moussa demande au P. Paul
Rémond, évêque de Nice, de leur ouvrir des institutions catholiques.
Cachent 527 enfants. Tous les jours, Odette fait la tournée des institutions
pour vérifier l’état de santé physique et moral des enfants, et pour payer leur
pension.
Arrêtée en avril 1944 par la Milice française, livrée à la Gestapo,
internée à Drancy, envoyée au camp d’Auschwitz-Birkenau, puis à celui de
Bergen-Belsen, libérée au printemps 1945.
René Nodot
(1916-2000), militant protestant franco-suisse. Engagé très
jeune dans des mouvements de jeunesse protestants (‘Union
Chrétienne de Jeunes Gens’ affilié au ‘YMCA’ et les ‘Chevaliers de la
Paix’, organisation pacifiste), prend conscience dès 1932 de la gravité
de l'idéologie nazie et de l'importance d'une réponse chrétienne.
Lecteur de Karl Barth, est très choqué par les mesures anti-
juives du gouvernement de Vichy et travaille dès 1941 avec la ‘Croix-
Rouge’ pour porter assistance et faire évacuer en Suisse des enfants
juifs. Fonctionnaire à Lyon, secrétaire du ‘Service Social des Étran-
gers’ sous Vichy, ami du pasteur Roland de Pury, fait partie d’un
réseau qui réussit à sauver plus de 3 000 personnes, d'août 1942 à
février 1943.
Aidé de son l'oncle, Félix Petit, instituteur laïque et maire
destitué de Saint-Julien-en-Genevois, utilise surtout la filière du Père
Marius Jolivet (1906-1964), curé de Collonges-sous-Salève.
Après la guerre, est encore très actif notamment à la ‘Ligue
internationale contre le racisme et l'antisémitisme’ (LICRA)
Germaine Ribière
(1917-1999), une des dirigeantes de la ‘Jeunesse étudiante
chrétienne féminine’ (JECF), s’efforce de faire comprendre à ses
camarades l’étendue du péril nazi.
Avec l’association ‘L’Amitié chrétienne’, trouve des planques
pour les Juifs pourchassés, des familles et des institutions religieuses
pour accepter des enfants, distribue faux papiers et tickets d’alimen-
tation, et fait passer la frontière suisse à un nombre important de Juifs
traqués.
Après une descente de la Gestapo, en février 1943, au local
lyonnais de ‘L’Amitié chrétienne’ qui entraîne l’arrestation du Père
jésuite Pierre Chaillet et de quelques-uns de ses adjoints, déguisée
en femme de ménage, lave les marches d’escalier, car c’est un jour
de permanence où nombreux Juifs doivent venir chercher des
papiers. Prévient discrètement et renvoie les visiteurs qui échappent
ainsi à la souricière tendue.
Après la guerre, retrouve et ramène en France, en 1953, les
deux enfants Juifs orphelins R. et G. Finaly cachés en Espagne.
Jeanne Barnier
(1918-2002), fonctionnaire française, Résistante durant la Seconde
Guerre mondiale. Secrétaire de mairie à Dieulefit (Drôme), se trouve
chargée de l'accueil des familles de réfugiés espagnols, puis des Alsaciens
et Mosellans, réfugiés dès septembre 1939, et enfin à un afflux de réfugiés,
durant l'exode, jusqu'en juillet 1940. Environ 1 600 réfugiés se fixent à
Dieulefit et dans son canton.
Devient alors une personne indispensable du dispositif d'entraide,
puis de la "clandestinité résistante", travaillant avec des Résistants
catholiques, protestants, communistes, et plus tard, des chefs de réseau
de ‘l'Armée secrète’ et des ‘Francs-tireurs et partisans’, créant 2000
fausses cartes d’identité ou permis de conduire, fabriquant des tampons de
n'importe quelle ville. Le colonel Pierre Pizot, maire vichyste protestant
nommé par le régime en fév. 1941, semble avoir volontairement voulu
ignorer l'activité de sa secrétaire de mairie, de même que les gendarmes…
Sollicitée par les organisations juives d'entraide et de résistance : Madeleine
Dreyfus, de ‘l'Œuvre de secours aux enfants’, qui séjourne plusieurs fois à Dieulefit,
les ‘Éclaireurs israélites’, etc. Joue un rôle central dans l'accueil de deux responsables
du Parti communiste d'Allemagne (KPD), Ella Schwartz et d'Hermann Nuding..
D’autres bonnes fées veillent à Dieulefit : Marguerite Soubeyran et
Catherine Krafft, Simone Monnier, etc.
Reconnue ‘Juste parmi les nations’ en 1989.
Vivette Samuel
Vivette Herman, épouse Samuel (1919-2006). Études de
philosophie interrompues par la capitulation française en 1940. En
juillet 1941, est recrutée ‘l’Œuvre de secours aux enfants’ (OSE) à
Marseille qui met en place des équipes d'internées volontaires dans
les camps. Faux papiers, camouflage dans des institutions et des
familles d’accueil non juives, passage clandestin des frontières sont
autant de moyens qui permettent d’arracher les enfants à leur
tragique destin.
Après novembre 1941, reste 7 mois à Rivesaltes et fait sortir
légalement 400 enfants juifs qui seront pour la plupart placés dans
des maisons d'enfants de l'OSE. En juin-juillet 1942, intègre le
circuit clandestin de l'OSE et devient déléguée de l’OSE auprès de
‘l’Amitié chrétienne’ pour visiter les ‘Groupements de travailleurs
étrangers’ (GTE) de Savoie et Haute-Savoie. Les époux Samuel
s'installent à Chambéry, en mars 1944, pour monter une antenne
clandestine et organiser des passages vers la Suisse.
En 1954, crée le Service social de l’OSE puis prend la
direction générale de l’Œuvre en 1980 jusqu’à sa retraite en 1985.
La famille Veseli
Vesel et Fatima Veseli et leurs enfants Refik (né en 1925),
Hamid et Xhemal, Musulmans, habitent à Kruja, un village montagnard
albanais. En 1942, Refik, âgé de 17 ans, travaille dans un magasin de
photos à Tirana où il rencontre Moshe Mandil, un réfugié juif de
Yougoslavie ayant fui le danger avec sa femme et leurs 2 enfants. À
dos de mulets, sur plusieurs nuits, Refik emmène la famille Mandil à
Kruja, à 60 km de Tirana.
La famille Veseli les accueille à bras ouverts. Les enfants des
deux familles se mélangent, les familles restent ensemble jusqu’à la fin
de la guerre. Khemal fait venir une autre famille juive de Tirana.
L’aide remarquable offerte par les Albanais aux Juifs persécutés
prend racine dans un code d’honneur du nom de Besa, qui signifie
littéralement "tenir sa promesse", issu de la foi musulmane telle
qu’interprétée par les Albanais.
« Nos parents étaient de pieux Musulmans et croyaient,
comme nous, que chaque personne qui frappe à la porte est une
bénédiction de Dieu. » ■
Photos : - Refik porte dans ses bras les 2 enfants Mandil
- Les familles Veseli et Mandil

Mais conteúdo relacionado

Semelhante a Histoire et figures de la non-violence. — 10. Les Justes

Système concentrationnaire
Système concentrationnaireSystème concentrationnaire
Système concentrationnaireSalle218
 
Visite du struthof (Alsace)
Visite du struthof (Alsace)Visite du struthof (Alsace)
Visite du struthof (Alsace)cdichenois
 
La Presse Nouvelle Magazine 309 octobre 2013
La Presse Nouvelle Magazine 309  octobre 2013La Presse Nouvelle Magazine 309  octobre 2013
La Presse Nouvelle Magazine 309 octobre 2013Tikoun38
 
Les médecins militaires juifs Military Jewish Physicians
Les médecins militaires juifs Military Jewish PhysiciansLes médecins militaires juifs Military Jewish Physicians
Les médecins militaires juifs Military Jewish PhysiciansVéronique Chemla
 
La Deuxième Guerre mondiale
La Deuxième Guerre mondialeLa Deuxième Guerre mondiale
La Deuxième Guerre mondialeMarc-André Patry
 
DIAPO Mémoires 2° GM
DIAPO Mémoires 2° GMDIAPO Mémoires 2° GM
DIAPO Mémoires 2° GMParchemin
 
La Presse Nouvelle Magazine 253 fevrier mars 2008
La Presse Nouvelle Magazine 253 fevrier mars 2008La Presse Nouvelle Magazine 253 fevrier mars 2008
La Presse Nouvelle Magazine 253 fevrier mars 2008Tikoun38
 
Ghetto au maquis Allos
Ghetto au maquis Allos Ghetto au maquis Allos
Ghetto au maquis Allos NadineHG
 
24 AOÛT 1944 Les Républicains espagnols de la “Nueve” entrent dans Paris
24 AOÛT 1944 Les Républicains espagnols de la “Nueve” entrent dans Paris24 AOÛT 1944 Les Républicains espagnols de la “Nueve” entrent dans Paris
24 AOÛT 1944 Les Républicains espagnols de la “Nueve” entrent dans Parisassr38 vercors
 
[HDA] Fiche - Henri Cartier Bresson - Trois Photographies
[HDA] Fiche - Henri Cartier Bresson - Trois Photographies[HDA] Fiche - Henri Cartier Bresson - Trois Photographies
[HDA] Fiche - Henri Cartier Bresson - Trois PhotographiesMiguel Sargento
 
La controverse sur l'extermination des juifs
La controverse sur l'extermination des juifsLa controverse sur l'extermination des juifs
La controverse sur l'extermination des juifshoujab
 

Semelhante a Histoire et figures de la non-violence. — 10. Les Justes (19)

Système concentrationnaire
Système concentrationnaireSystème concentrationnaire
Système concentrationnaire
 
cours
courscours
cours
 
Visite du struthof (Alsace)
Visite du struthof (Alsace)Visite du struthof (Alsace)
Visite du struthof (Alsace)
 
cours
courscours
cours
 
La Presse Nouvelle Magazine 309 octobre 2013
La Presse Nouvelle Magazine 309  octobre 2013La Presse Nouvelle Magazine 309  octobre 2013
La Presse Nouvelle Magazine 309 octobre 2013
 
Les médecins militaires juifs Military Jewish Physicians
Les médecins militaires juifs Military Jewish PhysiciansLes médecins militaires juifs Military Jewish Physicians
Les médecins militaires juifs Military Jewish Physicians
 
La france sous l occupation
La france sous l occupationLa france sous l occupation
La france sous l occupation
 
La france 1939 1945
La france 1939 1945La france 1939 1945
La france 1939 1945
 
Le conflit Israël-Palestine. — 03. Figures de la résistance à l'occupation is...
Le conflit Israël-Palestine. — 03. Figures de la résistance à l'occupation is...Le conflit Israël-Palestine. — 03. Figures de la résistance à l'occupation is...
Le conflit Israël-Palestine. — 03. Figures de la résistance à l'occupation is...
 
La Deuxième Guerre mondiale
La Deuxième Guerre mondialeLa Deuxième Guerre mondiale
La Deuxième Guerre mondiale
 
DIAPO Mémoires 2° GM
DIAPO Mémoires 2° GMDIAPO Mémoires 2° GM
DIAPO Mémoires 2° GM
 
La Presse Nouvelle Magazine 253 fevrier mars 2008
La Presse Nouvelle Magazine 253 fevrier mars 2008La Presse Nouvelle Magazine 253 fevrier mars 2008
La Presse Nouvelle Magazine 253 fevrier mars 2008
 
Guerrilleros 137
Guerrilleros 137Guerrilleros 137
Guerrilleros 137
 
Ghetto au maquis Allos
Ghetto au maquis Allos Ghetto au maquis Allos
Ghetto au maquis Allos
 
Raoul Follereau, conférencier d'extrême-droite, dans la Libre Parole
Raoul Follereau, conférencier d'extrême-droite, dans la Libre ParoleRaoul Follereau, conférencier d'extrême-droite, dans la Libre Parole
Raoul Follereau, conférencier d'extrême-droite, dans la Libre Parole
 
Penseurs et acteurs d’un changement sociétal. — 04. De 1900 à 1915
Penseurs et acteurs d’un changement sociétal. — 04. De 1900 à 1915Penseurs et acteurs d’un changement sociétal. — 04. De 1900 à 1915
Penseurs et acteurs d’un changement sociétal. — 04. De 1900 à 1915
 
24 AOÛT 1944 Les Républicains espagnols de la “Nueve” entrent dans Paris
24 AOÛT 1944 Les Républicains espagnols de la “Nueve” entrent dans Paris24 AOÛT 1944 Les Républicains espagnols de la “Nueve” entrent dans Paris
24 AOÛT 1944 Les Républicains espagnols de la “Nueve” entrent dans Paris
 
[HDA] Fiche - Henri Cartier Bresson - Trois Photographies
[HDA] Fiche - Henri Cartier Bresson - Trois Photographies[HDA] Fiche - Henri Cartier Bresson - Trois Photographies
[HDA] Fiche - Henri Cartier Bresson - Trois Photographies
 
La controverse sur l'extermination des juifs
La controverse sur l'extermination des juifsLa controverse sur l'extermination des juifs
La controverse sur l'extermination des juifs
 

Mais de Institut de recherche sur la Résolution Non-violente des Conflits

Mais de Institut de recherche sur la Résolution Non-violente des Conflits (20)

Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12z. Mémoire des guerres : Mu...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12z. Mémoire des guerres : Mu...Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12z. Mémoire des guerres : Mu...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12z. Mémoire des guerres : Mu...
 
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12g. La guerre franco-alleman...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12g. La guerre franco-alleman...Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12g. La guerre franco-alleman...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12g. La guerre franco-alleman...
 
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h-2. Mémoire des guerres : ...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h-2. Mémoire des guerres : ...Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h-2. Mémoire des guerres : ...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h-2. Mémoire des guerres : ...
 
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12 h-1. Mémoire des guerres :...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12 h-1. Mémoire des guerres :...Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12 h-1. Mémoire des guerres :...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12 h-1. Mémoire des guerres :...
 
Armes nucléaires. — 11. Tous ces États qui refusent les armes nucléaires
Armes nucléaires. — 11. Tous ces États qui refusent les armes nucléairesArmes nucléaires. — 11. Tous ces États qui refusent les armes nucléaires
Armes nucléaires. — 11. Tous ces États qui refusent les armes nucléaires
 
Préparer la défense civile non-violente. — 01. Une alternative à la défense a...
Préparer la défense civile non-violente. — 01. Une alternative à la défense a...Préparer la défense civile non-violente. — 01. Une alternative à la défense a...
Préparer la défense civile non-violente. — 01. Une alternative à la défense a...
 
Armes nucléaires. — 11. Les États refusant les armes nucléaires
Armes nucléaires. — 11. Les États refusant les armes nucléairesArmes nucléaires. — 11. Les États refusant les armes nucléaires
Armes nucléaires. — 11. Les États refusant les armes nucléaires
 
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h. Mémoire des guerres : Mu...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h. Mémoire des guerres : Mu...Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h. Mémoire des guerres : Mu...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h. Mémoire des guerres : Mu...
 
Chercheurs de sens. — 102. Figures du protestantisme de Luther à nos jours
Chercheurs de sens. — 102. Figures du protestantisme de Luther à nos joursChercheurs de sens. — 102. Figures du protestantisme de Luther à nos jours
Chercheurs de sens. — 102. Figures du protestantisme de Luther à nos jours
 
Chercheurs de sens. — 03. Jésus de Nazareth
Chercheurs de sens. — 03. Jésus de NazarethChercheurs de sens. — 03. Jésus de Nazareth
Chercheurs de sens. — 03. Jésus de Nazareth
 
Le conflit Israël-Palestine. — 02. Quelle stratégie pour les Palestiniens ? P...
Le conflit Israël-Palestine. — 02. Quelle stratégie pour les Palestiniens ? P...Le conflit Israël-Palestine. — 02. Quelle stratégie pour les Palestiniens ? P...
Le conflit Israël-Palestine. — 02. Quelle stratégie pour les Palestiniens ? P...
 
Chercheurs de sens. — 101. Figures de l’hindouïsme et du bouddhisme de l’Anti...
Chercheurs de sens. — 101. Figures de l’hindouïsme et du bouddhisme de l’Anti...Chercheurs de sens. — 101. Figures de l’hindouïsme et du bouddhisme de l’Anti...
Chercheurs de sens. — 101. Figures de l’hindouïsme et du bouddhisme de l’Anti...
 
Chercheurs de sens. — 100. Figures de l’islam de Mahomet à nos jours
Chercheurs de sens. — 100. Figures de l’islam de Mahomet  à nos joursChercheurs de sens. — 100. Figures de l’islam de Mahomet  à nos jours
Chercheurs de sens. — 100. Figures de l’islam de Mahomet à nos jours
 
Chercheurs de sens. — 99. Figures du judaïsme de l'Antiquité à nos jours
Chercheurs de sens. — 99. Figures du judaïsme de l'Antiquité à nos joursChercheurs de sens. — 99. Figures du judaïsme de l'Antiquité à nos jours
Chercheurs de sens. — 99. Figures du judaïsme de l'Antiquité à nos jours
 
Chercheurs de sens. — 100. Figures de l'islam du 6<sup>e</sup> siècle à nos j...
Chercheurs de sens. — 100. Figures de l'islam du 6<sup>e</sup> siècle à nos j...Chercheurs de sens. — 100. Figures de l'islam du 6<sup>e</sup> siècle à nos j...
Chercheurs de sens. — 100. Figures de l'islam du 6<sup>e</sup> siècle à nos j...
 
Chercheurs de sens. — 21. De 1960 à 1969
Chercheurs de sens. — 21. De 1960 à 1969Chercheurs de sens. — 21. De 1960 à 1969
Chercheurs de sens. — 21. De 1960 à 1969
 
Chercheurs de sens. — 15. De 1930 à 1934
Chercheurs de sens. — 15. De 1930 à 1934Chercheurs de sens. — 15. De 1930 à 1934
Chercheurs de sens. — 15. De 1930 à 1934
 
Histoire et figures de la non-violence. — 09b. Alexeï Navalny et les dissiden...
Histoire et figures de la non-violence. — 09b. Alexeï Navalny et les dissiden...Histoire et figures de la non-violence. — 09b. Alexeï Navalny et les dissiden...
Histoire et figures de la non-violence. — 09b. Alexeï Navalny et les dissiden...
 
Histoire et figures de la non-violence. — 09. Depuis 1970
Histoire et figures de la non-violence. — 09. Depuis 1970Histoire et figures de la non-violence. — 09. Depuis 1970
Histoire et figures de la non-violence. — 09. Depuis 1970
 
Le conflit Israël-Palestine. — 06. Figures de la résistance à l'occupation is...
Le conflit Israël-Palestine. — 06. Figures de la résistance à l'occupation is...Le conflit Israël-Palestine. — 06. Figures de la résistance à l'occupation is...
Le conflit Israël-Palestine. — 06. Figures de la résistance à l'occupation is...
 

Histoire et figures de la non-violence. — 10. Les Justes

  • 1. Trombinoscope historique de la non-violence Diaporama complémentaire (n°10) « Les Justes » Étienne Godinot .11.03.2023
  • 2. « Les Justes » Sont classées dans cette rubrique des personnes qui ont pris les plus grands risques pendant la 2ème Guerre mondiale pour protéger et sauver des personnes menacées par le régime nazi, particulièrement des Juifs. Cette action admirable menée sans violence, par humanité et par compassion pour des êtres humains ne s’inscrit pas dans une stratégie non-violente de non-collaboration collective et organisée. . Mais si des millions de personnes avaient agi ainsi, le cours de l’histoire aurait été différent. L’expression « Juste parmi les nations », dans le judaïsme, est tirée du Talmud. Le titre de ‘Juste’ est décerné depuis 1953 au nom d’Israël par le ‘Mémorial de Yad Vashem’ consacré aux victimes de la Shoah. Le diaporama présente aussi des personnes ayant pris des risques pour protéger des Juifs ou autres personnes persécutées, mais qui ne sont pas reconnues ‘Justes’ par le Mémorial de Yad Vashem. Photos : - Médaille des Justes - Mur des justes, Mémorial de la Shoah à Paris
  • 3. Jules-Géraud Saliège (1870-1956), évêque catholique, puis archevêque de Toulouse et cardinal. Dénonce l’antisémitisme dès 1933, le racisme en 1939. En août 1942, informé de l’existence de camps d’extermination, ordonne la lecture dans toutes les paroisses de son diocèse d’une lettre pastorale s’insurgeant contre les traitements réservés aux Juifs. Dénonce les déportations de Juifs, le STO et les exactions nazies. Arrêté par la Gestapo le 9 juin 1944, doit son salut à sa santé (paralysie du bulbe rachidien), à son âge et à la protestation d’une religieuse. L’officier allemand chargé de son arrestation se retire en disant qu'il va demander de nouvelles instructions, et ne revient pas. À la Libération, proteste contre les contre les injustices et violences commises par les partisans. Photo du bas : la lettre pastorale du 23 août 1942
  • 4. Les évêques français courageux Si une bonne parties des évêques français s’est engagée secrètement pour les Juifs, seuls quelques-uns ont protesté publiquement contre les rafles antisémites : Aimable Chassaigne (Tulle), Jean Delay (Marseille), Pierre-Marie Gerlier (Lyon), Jean-Joseph-Aimé Moussaron (Albi) , Paul Rémond (Nice), Jules-Géraud Saliège (Toulouse), Pierre-Marie Théas (Montauban), Edmund Vansteenberghe (Bayonne) Photos : - Pierre-Marie Gerlier - Pierre-Marie Théas, arrêté par la Gestapo le 9 juin 1944. Dès mars 1945, il est à l'initiative, avec Marthe Dortel-Claudot, du Mouvement de Réconciliation franco- allemand qui deviendra le mouvement Pax Christi
  • 5. Marc Boegner (1881-1970), pasteur, théologien protestant et essayiste français. Président de 1929 à 1961 de la ‘Fédération protestante de France’, (‘Église réformée de France’, ERF) organisme qui réunit des Églises protestantes françaises, réformées et luthériennes. Dès septembre 1940, soutient le projet d'action de la ‘CIMADE’ qui porte secours aux réfugiés juifs. Le 26 mars 1941, écrit deux lettres au nom de l’ERF, l’une à l’amiral Darlan, vice-président du Conseil national, l’autre au grand rabbin de France, Isaïe Schwartz, dans laquelle il déplore la mise en place d’une législation raciste. Le 20 août 1942, après de nouvelles mesures antijuives en zone occupée et la rafle du Vélodrome d'Hiver, écrit une lettre de protestation au maréchal Pétain. Le 6 septembre 1942, à l'issue de ‘l‘Assemblée du désert’ à Mialet, affirme que le gouvernement de Vichy s'est désormais résolument placé du côté de l'occupant et de son idéologie. Photo du bas : avec le général de Gaulle
  • 6. Pierre Robert de Saint Vincent (1882-1954), général issu d'une vieille famille de la noblesse française. Élève de ‘l'École polytechnique’, Commandant de la 14ème région militaire et gouverneur militaire de Lyon. Un des piliers de l’’Amitié chrétienne’, œuvre fondée dans cette ville pour aider les Juifs persécutés par le régime de Vichy. Fait aussi partie de l'organisation clandestine ‘Armée Secrète’ (AS). Le 29 août 1942, à la suite de la grande rafle des Juifs en zone non occupée, reçoit l'ordre de mettre des gendarmes à la disposition de l'intendant de police Lucien Marchais pour procéder au convoyage de 650 Juifs de la zone Sud vers la zone Nord. Déclare alors : « Jamais je ne prêterai ma troupe pour une opération semblable ». Le départ ne peut avoir lieu que le lendemain, et ce délai permet à un certain nombre de Juifs de s'enfuir et d’échapper à la déportation Le surlendemain, est relevé de ses fonctions par le ministre de la Guerre du gouvernement de Vichy, le général Eugène Bridoux. Son limogeage est annoncé dans la presse sans que les raisons en soient données. Poursuit son action au sein de la Résistance et se cache pendant 2 ans. Reprend son activité en août 1944 à la Libération de Lyon, à la demande du Général de Gaulle. Honoré en 1993 comme ‘Juste parmi les nations’ .
  • 7. Eugène Tisserant (1884-1972), orientaliste et cardinal français. À l'âge de 24 ans, conservateur des manuscrits orientaux à la Bibliothèque vaticane. Adopte une attitude progressiste au sujet de l'unionisme, de la condamnation du ‘Sillon’, de la crise néothomiste et moderniste. Cardinal en 1936. Dans les années 1930, aide des personnes en les cachant, en les employant à la bibliothèque vaticane quand elles sont privées de leur poste par l’État fasciste, ou en facilitant l’obtention de visas. Remet la médaille d’honneur de la ‘Congrégation des églises orientales’ au directeur de l’hôpital juif de Rome, Guido Mendes, licencié en 1939. Contribue à l’obtention de visas pour le Brésil et les États-Unis d’un rabbin et de plusieurs universitaires. Farouchement antinazi, rencontre en 1939 Henri Navarre des services secrets français et apporte son soutien à tous les réseaux catholiques qui protègent les Juifs. Condamne les Oustachis croates et la participation d'ecclésiastiques et de moines franciscains au génocide des Serbes durant l'État indépendant de Croatie. Cache des Juifs au Vatican, dans les couvents de Rome, à St Louis-des-Français, dans sa résidence privée. Joue un rôle de premier plan comme diplomate officieux dans la Seconde Guerre mondiale. Membre de l’Académie française.Reconnu ‘Juste parmi les nations’ en 2021.
  • 8. Gustav Schröder (1885-1959), capitaine de navire allemand. En 1921, est engagé par la compagnie maritime HAPAG (Hamburg-Amerikanische Paket- fahrt-Aktiengesellschaft). Bien que membre du parti nazi NSDAP depuis 1933, commande en 1939 le Saint Louis, un paquebot qui tente de transporter vers La Havane (Cuba) 937 réfugiés Juifs allemands expulsés de leur pays. Donne l’ordre que ses passagers soient traités avec respect, autorise les cérémonies religieuses. Arrivés à Cuba, les réfugiés ne sont pas autorisés à débarquer, bien qu'étant généralement pourvus de visas pour les États-Unis. Les États-Unis, puis le Canada* leur refusent aussi l'entrée*. Des organisa- tions juives tentent de négocier leur passage vers certains pays d'Amérique latine, lesquels refusent ces passagers apatrides. Obligé de revenir vers l'Europe, le capitaine envisage sérieuse- ment d'échouer son navire sur les côtes britanniques, pour rendre impossible le retour de ses passagers en Allemagne. Il n'en a pas besoin puisque des organisations juives américaines et européennes parviennent à les faire admettre au port d'Anvers, et de là en France, Grande Bretagne, et Danemark. 250 seront toutefois victimes de la Shoah. * En juin 2019, le premier ministre canadien Justin Trudeau présentera les excuses officielles du gouvernement aux passagers et à leur famille.
  • 9. Aristides de Souza Mendes (1885-1954). Portugais, nommé consul du Portugal à Bordeaux en 1938. Reçoit en 1939 la circulaire n° 14 du gouvernement Salazar qui interdit aux consuls de délivrer des visas aux Juifs, réfugiés, Russes, apatrides, etc. Interpellé par son ami le rabbin Kruger, désobéit en livrant des visas à Bordeaux, puis à Bayonne, y compris en installant son bureau sur le trottoir et après avoir été destitué de ses fonctions par Salazar. Sauve pendant la guerre entre 8 000 et 10 000 personnes. Condamné à Lisbonne à une peine légère que le dictateur alourdit, finit sa vie dans la misère. Réhabilité à titre posthume en 1988 par l’Assemblée nationale portugaise.
  • 10. Édouard Vigneron (1886-1972), ancien combattant de la guerre 1914-18, Chef du service des étrangers au Commissariat de Police de Nancy en 1940, chargé de contrôler les immigrants. Avec son adjoint Pierre Marie et leurs hommes, Charles Bouy, Henri Lespinasse, François Pinot, Émile Thiébault, Charles Thouron, fait échec à une rafle de Juifs, le 19 juillet 1942. Prévenus la veille de l'imminence d'une rafle comme celle du ‘Vel d’Hiv’ (Vélodrome d’hiver) à Paris, passent la journée à prévenir toutes les familles juives concernées, et leur remettent de vrais-faux papiers d'identité ne portant pas la mention "Juif", leur permettant ainsi de gagner la zone libre. Au lieu des 385 prévus, 18 Juifs furent arrêtés à Nancy. Photo du bas : L’écho de Nancy du 19 octobre 1940 annonce que le statut des Juifs est publié au Journal Officiel
  • 11. Édouard Vigneron et les policiers de Nancy É. Vigneron, arrêté et transféré au Tribunal de la Feld- kommandantur 591, est condamné à 3 mois de prison et révoqué (admis à la retraite). Ces sanctions sont clémentes : très probablement, les autorités allemandes ne voulaient pas, par une répression dure, faire à une action de désobéissance civile de fonctionnaires de police une publicité qui aurait pu être contagieuse. Il sera réintégré dans la police avec effet rétroactif le 1er décembre 1944. Photo : Pierre Marie, adjoint d’Édouard Vigneron
  • 12. Wilhelm Canaris (1887-1945), amiral allemand, chef de l'Abwehr, le service de ren- seignement de l'armée allemande, de janv. 1935 à fév. 1944. Homme complexe et ambigu, aventurier et espion avant d'assurer de hautes fonc- tions en faisant de la corde raide entre son patriotisme et son antinazisme. Avant même le début de la 2ème Guerre mondiale, travaille au renverse- ment des nazis pour pouvoir conclure la paix avec les Alliés occidentaux et sauver ce qui peut l'être encore. Son service possède les ressources nécessaires pour produire des passeports. En fait émettre dans les années 1936 pour différents Juifs et autres groupes menacés, qui peuvent quitter l'Allemagne nazie. Alors que les lois raciales interdisent aux Juifs de rester dans l'administration, main- tient en place de nombreux agents et militaires juifs, en disant qu'ils sont indispensables. Enrôle même des Juifs dans l'Abwehr, seul organisme de l'Allemagne nazie à ne pas être soumis aux lois raciales… Compromis dans l'attentat manqué organisé par le colonel Claus von Stauffenberg contre Hitler, arrêté, emprisonné de longs mois à Berlin, pendu nu dans le camp de concentration de Flossenbürg en avril 1945. En Août 2009, demande est faite au Mémorial Yad Vashem d’inscrire l’amiral allemand sur la liste des ‘Justes’ pour avoir sauvé 500 juifs du ghetto de Varsovie.
  • 13. Franz von Hoiningen (1888-1973), baron de la haute noblesse prussienne de la Baltique. Officier pendant la 1ère Guerre Mondiale, adhère spontané- ment avec sa femme luxembourgeoise en 1933 au parti nazi NSDAP, est membre de l’association antisémite Eddagesellschaft, et s’engage dans la Wehrmacht. Quelques années plus tard, s’insurge contre l’idéologie nazie et la politique d’Hitler, bascule de la "banalité du mal" à la "banalité du bien". En signant des laisser-passer, sauve environ 500 Juifs luxem- bourgeois et Résistants, dont le père de François Heisbourg*. Poursuivi par la Gestapo en sept. 1944 après avoir été "mouillé" dans le complot contre Hitler, s’évade de Berlin, retrouve femme et enfants au Luxembourg et disparaît aux yeux de tous. Aventurier, grande gueule et "taiseux". Il a même été difficile de trouver une trace photographique de lui. * François Heisbourg, né en 1949, est Senior adviser pour l'Europe de l'International Institute for Strategic Studies (IISS), basé à Londres. Il est conseiller spécial du président de la ‘Fondation pour la recherche stratégique’ (FRS).
  • 14. Édouard et Mildred Theis Charles Guillon et Roger Darcisssac Édouard Theis (1889-1984), pasteur protestant français. Enseigne aux États-Unis, devient missionnaire à Madagascar et au Cameroun. Enseigne ensuite à la Faculté de théologie de l'Université de Paris. Avec son épouse Mildred (née Degger, 1901-1973), dirige le ‘Collège Cévenol’ au Chambon-sur-Lignon, fondé en 1938 par son ami le pasteur André Trocmé et son épouse Magda. Après l’avènement du régime de Vichy, et avec l’appui du maire, le pasteur Charles Guillon (1863-1965, photo du milieu), ils incitent ouvertement leurs paroissiens à protéger les Juifs. Le Chambon et les communes environnantes du plateau Vivarais-Lignon deviennent un refuge unique en France pour les persécutés juifs. En février 1943, Édouard Theis, André Trocmé et un instituteur, Roger Darcissac (1898-1982, photo du bas), sont arrêtés et internés durant trois semaines au camp de Saint-Paul-d’Eyjeaux, près de Limoges. À l’automne de la même année, recherché par la Gestapo, Édouard Theis disparait dans la clandestinité, et prend part aux filières d’évasion de la CIMADE vers la Suisse.
  • 15. Paul Ersnt Grüninger (1891-1972) Instituteur suisse, puis officier de la police dans le canton de St Gall, à la frontière autrichienne. En août 1938, pour accueillir des Juifs en Suisse, et avec l’accord se son supérieur Valentin Keel, modifie les dates d’arrivée des réfugiés, délivre de faux papiers d’identité, fait même le passeur, fait entrer plus de 2 000 réfugiés, récolte des fonds pour eux. Suspension provisoire et enquête pénale en mars 1939, licencié en mai, condamné en décembre pour violation d’un devoir de fonction. Occupe des emplois occasionnels pendant les 30 dernières années de sa vie. « J’ai agi pour des motifs honorables en tant qu’homme et que fonctionnaire. »
  • 16. Charles Goruchon (1891-1961), capitaine de l’armée française. Assisté d'une trentaine d’hommes, dirige jusqu’en août 1942, le camp des Milles (près d’Aix-en-Provence), installé dans une ancienne tuilerie-briquèterie de 15 000 m2, ouverte comme lieu d’internement en septembre 1939. Là sont internés 3 500 détenus : Allemands anti-nazis*, Juifs étrangers ou apatrides ou expulsés d’Allemagne, réfugiés politiques, anciens des ‘Brigades internationales’ antifranquistes, etc. En juin 1940, après la signature de l’armistice, sachant que ces prisonniers vont être livrés aux Allemands, prend l’initiative de les faire convoyer en train vers Bayonne où un bateau doit les emmener à Casablanca. 2 500 personnes prennent ce train dont la capacité est de 1200 places assises. Destination : Marseille, Carcassonne, gare maritime de Bayonne, Lourdes où les rejoignent les femmes internées du camp de Gurs. Cet épisode a été raconté par Sébastien Grall en 1995 dans son film Les Milles, le train de la liberté. * comme Marx Ernst, Golo Mann, Hans Bellmer, Ferdinand Springer, Wols, Robert Liebknecht, Lion Feuchtwangler, Erich Itor Kahn, Konrad Wachsmann, etc.
  • 17. Albert Göring (1895-1966), homme d'affaires allemand puis autrichien. Son frère ainé, Hermann Göring, rejoint le parti nazi en 1922, est chef de la Luft- waffe puis Reichsmarschall, le plus haut grade de la Wehrmacht. Albert est probablement en réalité le fils du chevalier Hermann Epenstein von Mauternburg, financier allemand d'origine juive. Méprise le nazisme et sa violence, s’exile à Vienne, obtient la nationalité autrichienne, ne cache pas ses convictions antinazies. Se met à quatre pattes pour se joindre à un groupe de vieilles femmes juives contraintes par des soldats allemands de la Schutzstaffel à récurer les pavés de la rue à la brosse à dents. Se rend aux camps de Dachau et Theresienstadt, pour faire libérer des amis juifs, signant de son seul nom de famille, joue de son influence pour libérer son patron juif, Oskar Pilzer, après son arrestation par les nazis. Lorsqu'il est nommé directeur des exportations des usines Škoda en Tchécoslovaquie, intensifie son activité antinazie, encourage des actes mineurs de sabotage et établit des contacts avec la résistance tchèque. Contrefait la signature de son frère sur des documents de transit afin de permettre à certains dissidents de fuir le régime. Requiert des travailleurs forcés et organise des détournements de convois de camions dont la destination était des camps de concentration.
  • 18. Père Marie-Benoît De son vrai nom Pierre Péteul, (1895-1990), prêtre capucin français, docteur en philosophie. Durant la 2è guerre mondiale, depuis le couvent des capucins de Marseille, aide les aviateurs alliés, édite en lien avec ‘l’Union Générale des Israélites de France’ (UGIF) des milliers de faux passeports et certificats de baptême, aide des centaines de Juifs à gagner la Suisse et l'Espagne à partir du Sud de la France Poursuivi par la Gestapo, fuit à Rome, devient professeur et supérieur du Convento dei Cappuccini, y poursuit son travail de sauveteur en coordination avec la principale organisation sociale juive, la ‘Delasem’ (Delegation for the Assistance of Jewish Emigrants, Delegazione per l'Assistenza degli Emigranti Ebrei) En sept. 1943, les Italiens signent l'armistice et la chute de Mussolini bloque l'ensemble du projet de la ‘Delasem’, l'évacuation des Juifs vers l'Afrique du Nord. Pour éviter la déportation, Settimio Sorani et d'autres dirigeants de la Delasem sont contraints de se cacher. Le père Benoît envoie les réfugiés dans les cachettes disséminées dans Rome, fait croire à la Gestapo que tous sont partis, alors qu'ils attendent la libération dans la ville, sous de nouvelles identités. Sauve environ 4 500 Juifs Personnage légendaire, le ‘padre Maria-Benedetto’ est surnommé ‘le père des Juifs’ par ceux qu'il a sauvés. Un des premiers Français, en 1966, à être décoré du titre de ‘Juste parmi les nations’
  • 19. Felix Kersten (1898-1960), né en Estonie, agronome de formation, soigne par le massage finlandais à Helsinki les soldats blessés pendant la première Guerre mondiale. Formé à Berlin par un lama tibétain, le Dr Kô (initié pendant 14 ans au sciences médicales chinoises et tibétaines, et diplômé de la faculté de médecine de Londres), utilisant une théra- peutique puissante. Soigne des membres de la famille royale de Hollande, ainsi que le chef des SS, Heinrich Himmler, taraudé par une douleur insuppor- table, qu’il soulage pendant 5 ans. Obtient* du Reichsführer l'annulation de la déportation de 3 millions Hollandais dans la région de Lublin en Pologne et la libération de prisonniers détenus dans des camps de concentration. En mars 1945, obtient que les camps de concentration ne soient pas dynamités lors de l’arrivée des armées alliées. Sauve ainsi plusieurs centaines de milliers de personnes, dont environ 60 000 Juifs. * en lien avec les ambassades de Finlande, de Hollande, et de Suède, et avec l’aide secrète de Rudolf Brandt, secrétaire particulier de Himmler
  • 20. Hugh O’Flaherty (1898-1963), homme d’Église irlandais. Prêtre, champion de boxe, ambassadeur du Vatican en Égypte, Haïti, Saint Domingue et Tchéco- slovaquie. En 1934, nommé monsignore. Attaché au Saint-Siège durant la Seconde Guerre mondiale. Utilisant la neutralité du Vatican, organise à Rome tout un réseau dans le but de protéger les prisonniers de guerre alliés évadés et leur permettre de rejoindre la Suisse. Lorsqu'ils arrivent sains et saufs, il prévient leurs familles par la radio du Vatican. Profite de sa position pour sauver entre 4 000 et 6 000 Juifs et soldats alliés de l’exécution ou des camps de la mort, et les loge dans divers appartements, fermes et couvents. Les SS, sous les ordres du lieutenant-colonel Herbert Kappler, essaient à plusieurs reprises de l’assassiner en dehors du Vatican. N'hésite pas à employer des déguisements lorsqu'il est demandé d’urgence en dehors du Vatican. Quand les Alliés libèrent Rome, en juin 1944, 3 925 de ses protégés sont en vie. Veille à ce que les prisonniers allemands soient traités aussi bien que possible, protège la femme et les deux enfants du lieutenant-colonel Kappler. Visite tous les mois Kappler* dans la prison où il purge une peine à vie. * L’officier SS se convertit au catholicisme en 1959.
  • 21. Chiune Sugihara (1900-1986), diplomate japonais, chargé en 1939 d’ouvrir le consulat du Japon à Kaunas, en Lituanie. Demande à son ministre de pouvoir délivrer des visas de transit pour des Juifs polonais voulant rejoindre la Palestine ou les États-Unis, essuie un refus à trois reprises. Durant l’été 1940, désobéit à son ministre, et délivre 2 000 visas sur papier officiel et environ 4 000 sur papier libre. Par manque de formulaires, doit tout écrire à la main, travaille plus de 10 heures par jour. Le 2 août 1940, reçoit l’ordre de fermer le consulat et de partir à Berlin, mais n’en tient pas compte jusqu’au 28 août. Après la guerre, doit quitter la diplomatie. Emploi commercial à Moscou en 1960.
  • 22. Mohammed Helmy et Frieda Szturmann (1901-1982), médecin égyptien. Part en 1922 en Allemagne pour suivre des études de médecine. Engagé par l'Institut Robert Koch à Berlin, devient chef du département d'urologie. Selon les lois raciales du Reich, considéré comme un hamitique* et révoqué en 1937. Exerçant alors en privé, a parmi ses patients une jeune fille juive allemande, Anna Boros. Lorsque commence la déporta- tion des juifs de Berlin, prend, au péril de sa vie, la décision de cacher Anna (21 ans), dans un cabanon qu'il possède à Berlin-Buch, de 1942 à 1945. Aidé une amie allemande, Frieda Szturmann (1897-1962, elle aussi reconnue "Juste« , photo du bas), sauve aussi la mère d'Anna, son beau-père et sa grand-mère. Reconnu à titre posthume comme "Juste parmi les Nations" par Yad Vashem en 2013**. Premier Arabe à être reconnu comme tel ***. * Hamitique : descendant de Ham (ou Cham), le fils de Noé (ou Noah). ** Sa famille a accepté cette distinction en son nom à condition que la cérémonie ait lieu au ministère allemand des affaires étrangères et non en Israël. *** Si une soixantaine de musulmans, originaires pour la plupart d'Albanie ou de Bosnie, ont été distingués par le Mémorial, on ne comptait jusqu'à présent aucun Arabe parmi les quelque 25.700 Justes
  • 23. André et Magda Trocmé (1901-1971), Pasteur français et théologien protestant. Nommé dans le Nord, mène une lutte anti-alcoolique en ouvrant une section de ‘La Croix-Bleue’. Affecté en 1934 au village du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), y fonde en 1938 le ‘Collège Cévenol’. Pendant l’occupation allemande, les époux Trocmé et Theis appellent la population à la résistance active sans violence et l’organisent. Avec son épouse Magda (née Grilli di Cortona, 1901- 1996), la communauté protestante, le SCI, l’’Armée du Salut’, les Quakers, la CIMADE, etc., fait du Chambon une cité d’accueil et de sauvegarde de réfugiés juifs, allemands anti-nazis, français échappant au STO : recherche de fonds, fabrication de faux papiers, réseau d’alerte, mise au point de filières d’évasion, ouverture d’une école. Avec d’autres, Magda se charge de trouver des familles d’accueil et encourage les pensionnats de la ville à ouvrir leurs portes aux Juifs. On estime à 5 000 le nombre de Juifs sauvés au Chambon- sur-Lignon.
  • 24. François de Vial, André Bocquin et Miron Lerner F. de V., (1904-1985, photo ci-contre), diplomate français. Attaché au consulat de France de Berlin (1932), de Prague (1933), de Berne (1934-1935), de Budapest de (1935-1938). Vice-consul à Naples (1938-1939), attaché à l’ambassade de France auprès du Saint- Siège à Rome de 1940 à 1944. Ministre plénipotentiaire de 1932 à 1969. À Rome, fait partie du ‘Mouvement de Résistance interallié’, créé en 1942, regroupant des Anglais, des Suisses, des Français, des membres du Vatican et des religieux français, italiens et dont le but est de sauver de la Gestapo et de la police fasciste des prisonniers évadés et des pilotes américains et anglais abattus lors des combats aux dessus de l'Italie. Avec le cardinal Eugène Tisserand et Mgr André Boquin (1902-1973), recteur de Saint-Louis-des-Français à Rome (photo du bas), sauve de nombreux Juifs, et notamment Miron Lerner, (1927-2021), jeune assistant du père capucin Marie-Benoît (voir 1895).
  • 25. Alfred Stanke Aloïs Stanke, en religion frère Alfred (1904-1975), Allemand d’origine polonaise. Moine franciscain anti-nazi, infirmier militaire dans la prison du Bordiot à Bourges de 1942 à 1944. Utilise sa position pour venir en aide aux prisonniers, Résistants, mais aussi pilotes anglais. Les soigne et les soulage quand ils ont été torturés, les réconforte comme il peut, leur fournit un complément de nourriture. Leur permet de communiquer entre eux pour préparer leurs interrogatoires, facilite leurs échanges avec l'extérieur, familles et Résistants. Participe au péril de sa vie à la libération de nombreux prisonniers. Après la guerre, travaille avec conviction à la réconciliation franco-allemande. Le film de Claude Autan-Lara Le franciscain de Bourges (1967) est inspiré du livre de Marc Toledano, Résistant sauvé par Alfred Stanke.
  • 26. Kurt Gerstein (1905-1945), officier allemand opposé à l’extermination des Juifs. Ingénieur des mines, militant protestant anti-nazi dans l’’Église confessante’, mais membre du parti hitlérien dès 1933 et de la SA en 1934. Après la mort suspecte de sa belle-sœur, euthanasiée, décide que le meilleur moyen de savoir ce qui se passe est de rejoindre les SS puis la Waffen-SS (1941). Affecté pendant la Seconde Guerre mondiale à l'Institut d'hygiène de la SS, département "hygiène de l'eau", à Berlin, chargé aussi de la confection des gaz toxiques contre les animaux nuisibles. Témoin, en août 1942, d'un gazage homicide au Zyklon B dans le camp d'extermination de Bełżec, en Pologne. Contacte un diplomate suédois, Göran von Otter, tente aussi de se faire recevoir par le nonce du pape à Berlin, Cesare Orsenigo, afin qu'ils alertent les dirigeants politiques et le pape Pie XII sur l'extermination des Juifs d'Europe, mais sans succès. En 1945, se rend aux Français à Tübingen, fournit aux Alliés un rapport sur "la solution finale". Lors de son incarcération à Paris la même année, est retrouvé pendu dans sa cellule. Réhabilité en 1965 par décision du ministre-président de Baden- Würtemberg, Kurt Kiesinger. Le film Amen de Costa-Gavras (2002) lui est consacré.
  • 27. Jacques et Jacqueline Martin Jacques Martin (1906-2001), pasteur et militant protestant. Études à la Faculté de théologie protestante de Paris. Au contact de son condis- ciple Henri Roser, s'engage dans les initiatives de réconciliation franco- allemande initiées par les mouvements de jeunesse protestants après la Première Guerre mondiale. Co-fondateur, en 1923, avec Henri Roser et André Trocmé, de la section française du ‘Mouvement International de la Réconciliation’ (MIR). Refuse une période militaire en 1932, emprisonné pendant environ un an. Pasteur bénévole par intérim à Ganges (Hérault), est embauché dans une bonneterie locale qui fabrique des bas de soie. Son épouse Jacqueline (née Élié, 1907-1996) et lui adhèrent à la CIMADE et travaillent avec Madeleine Barot qui les met en contact avec des Juifs internés à Gurs, cachent des Juifs, falsifient des cartes d’identité. Incarcéré à Mont- pellier, échangé par la Résistance contre mille moutons ! Durant la guerre d'Algérie, fait circuler les informations dénonçant la torture, joint sa voix celles qui demandent des négociations avec les chefs de la lutte pour l'indépendance. En poste à Lyon entre 1956 et 1966, chargé de la librairie protes- tante de la ville, est très actif au sein du groupe local des ‘Amitiés Judéo- Chrétiennes’. Organise la venue à Lyon de Martin Luther King fin mars 1966. Photo du bas : avec Martin Luther King à Lyon en 1966
  • 28. Les frères Bielski Tuvia (né en 1906, photo), Asael, Alexandrov et Aron Bielski. Créent un détachement de partisans juifs dans la forêt et les marais à proximité du village familial de Stankevitch, à 50 km à l’ouest de Minsk en Biélorussie. Tuvia, commandant du groupe, pratique plusieurs langues sans accent (yiddish, russe, biélorusse, polonais, hébreu, allemand), peut passer aisément du côté des non-Juifs, se rend souvent dans le ghetto, exhortant les Juifs à s'enfuir dans la forêt. Accepte tous les Juifs, y compris les femmes, les vieillards et les enfants. Dans le détachement se trouvent des forgerons, des boulangers, une tannerie, des bains, un dispensaire et une école. Il y a des vachers, des musiciens, des potiers, des cuisiniers, des tailleurs. Les cérémonies du culte sont observées grâce au rabbin David Brouk. Les Bielski réussissent à sauver 1 237 Juifs de l'extermination. En février 1943, le détachement Bielski est inclus dans le détachement "Octobre" de la brigade Lénine. « Mieux vaut sauver une vieille juive que de tuer dix soldats allemands ». Tuvia Bieslki
  • 29. Roland de Pury (1907-1979), pasteur et théologien protestant suisse. Étudie à Bonn et devient disciple de Karl Barth. En 1938, s'installe à Lyon au temple protestant de la rue Lanterne. En 1940, avec son épouse Jacqueline, prend la tête d'un mouve- ment de résistance spirituelle et aide les Juifs persécutés à quitter la France en direction de la Suisse. En juillet 1940, fait une prédication dans laquelle il s'oppose fermement au nazisme, au maréchal Pétain et à la collaboration du régime de Vichy. En septembre 1941, corédacteur des ’thèses de Pomeyrol’, rédigées par 12 membres de l'Église réformée de France, afin de fournir un appui théologique à la résistance au nazisme. En novembre 1941, crée avec la jeune assistante sociale Françoise Seligmann, qui vient d'adhérer au mouvement ‘Combat’, une chaîne d'évasion vers la Suisse, passant par le village d'Archamps-sur- Salève. Arrêté par la Gestapo au milieu d'un culte, détenu durant plusieurs mois à la prison Montluc de Lyon, où il rédige son Journal de cellule, n'échappe à la déportation que grâce à sa nationalité suisse. Dans les années 1960 et 1970, missionnaire entre autres, au Cameroun et à Madagascar. S'élève contre la colonisation et dénonce la torture pratiquée pendant la guerre d'Algérie.
  • 30. Sabine et Miron Zlatin Sabine Chwast (1907-1996), Juive polonaise, fuit en 1920 l’antisémitisme polonais, épouse à Nancy un Juif d’origine russe, Miron Zlatin, né en 1904. En 1940, les époux fuient pour Montpellier, puis s'installent dans un petit village de l’Ain, Izieu. Y fondent en mai 1943 la colonie des enfants d'Izieu (photo du haut), abris d’enfants juifs, un lieu de passage dans un réseau de sauvetage. Au moins 105 enfants, juifs pour la plupart, y sont accueillis à partir de mai 1943. Le 6 avril 1944, la Gestapo de Lyon, dirigée par Klaus Barbie, arrête les 44 enfants de la colonie et les 7 éducateurs présents. Sabine est à Montpellier où elle demande de l'aide pour disperser la colonie. Après la rafle, rejoint Paris où elle s'engage dans la Résistance. À la Libération, nommée hôtelière-chef du ‘Centre Lutetia’, responsable de l'organisation de l'accueil des déportés à leur retour des camps. En juillet 1945, apprend que son mari et les enfants arrêtés ont été exterminés à Auschwitz.
  • 31. Gitta Mallasz (1907-1992), de père hongrois et de mère autrichienne, dessina- trice, championne de natation, fille d’un général catholique. En juin 1944, trois mois après l’invasion des troupes nazies, les déportations prennent de l’ampleur et commencent à toucher les Juifs de la capitale. Se voit proposer à Budapest le commandement d’un atelier de confection d’uni- formes militaires pour assurer la protection d’une centaine de femmes juives. Le 1er décembre 1944, alors que l’Armée rouge approche, un groupe de nazis hongrois, les ‘Croix fléchées’, vient pour mettre fin à la mystification. Gitta fait alors appel aux SS qui occupent une villa mito- yenne et qu’elle avait auparavant amadoués et convaincus de ménager un passage dans la clôture. Aussi incroyable que cela puisse paraître, ceux-ci favorisent l’évasion d’une centaine d’ouvrières au nez et à la barbe des ‘Croix fléchées’. Ses complices Hanna, Lili et Joseph, arrêtés, meurent au cours d’un interminable transfert en wagons à bestiaux à travers l’Allema- gne. Fait connaître à partir de 1976 l’enseignement spirituel des Dialo- gues avec l’ange dont elle a été témoin en 1943 et 1944.
  • 32. Oscar Schindler (1908-1947) Industriel allemand sudète, membre du parti nazi. Fait fortune en dirigeant la Deutsche Emailwaren-fabrik, usine spécialisée dans la fabrication de batteries de cuisine en émail, près du camp d'internement de Plaszow, au sud de la Cracovie. Profite de ses bonnes relations avec le chef de ce camp Amon Göth, qui lui fournit la main d'oeuvre parmi les nombreux Juifs internés. Plus tard, interpellé par leur sort, prend parti pour eux et, aidé de sa femme Émilie, ainsi que par son comptable juif Itzhak Stern, sauve la vie de plus de 1 100 d'entre eux en les arrachant aux camps d'extermination et en les faisant travailler dans une usine d'armement intégrée au camp de Brünnlitz. Orchestre alors la faillite de cette nouvelle usine, notamment pour sauver ses travailleurs juifs et ne pas ralentir l'avancée alliée par sa production d'armes.
  • 33. Nicholas Winton Né Nicholas Wertheim (1909-2015), Britannique issu de parents juifs allemands installés à Londres deux ans avant sa naissance. Travaille dans la banque et la Bourse à Londres, Hambourg, Berlin, Paris, puis courtier en valeurs mobilières à la Bourse de Londres. Peu avant Noël 1938, organise le sauvetage de 669 enfants juifs tchécoslovaques menacés de déportation. Organise leur transport par 8 trains de Prague à Londres. Ce sauvetage n’est connu que le jour où sa femme Greta découvre dans un grenier en 1988, 50 ans plus tard, une serviette de cuir contenant des listes d'enfants et des lettres de leurs parents. En sept. 2009, des rescapés ayant bénéficié de la filière qu’il avait mise en place effectuent en train le trajet de Prague à Londres pour le remercier (photo du bas). Surnommé le "Schindler britannique", anobli en 2002 pour ses actes de bravoure. Les descendants des "enfants de Winton", dont le nombre est évalué à plus de 5 000, vivent aujourd’hui dans le monde entier, et notamment en Grande-Bretagne, au Canada et en Israël.
  • 34. Georges Loinger Georges Uriel Joseph Loinger (1910-2018), résistant français, né de parents juifs originaires de Roumanie et de Pologne. Professeur d’éducation physique. Dans les années qui précèdent la Seconde Guerre mondiale, accueille de jeunes réfugiés juifs d'Allemagne au château de la Guette. Cache ses origines juives et devient l’un des cadres du mouvement ‘Compagnon de France’, soutenu par Vichy, tout en rejoignant plusieurs réseaux de Résistance, dont Garel et Bourgogne. Avec le soutien du docteur Joseph Weill, dirigeant de l‘’Œuvre de Secours aux Enfants’ (OSE), organise jusqu'à la Libération le sauvetage d’environ 450 enfants juifs qu'il fait convoyer via Annemasse jusqu'en Suisse. Au début, fait jouer les enfants au football le long de la frontière, et lorsque malencontreusement le ballon la franchit, tout le monde va le chercher sans revenir. Après la guerre, participe à la ‘Fraternité d’Abraham’, association fondée en 1967 par l’écrivain André Chouraqui et le père Jean Danielou, pour promouvoir le dialogue interreligieux, alors quasi-inexistant, entre les croyants des trois religions monothéistes.
  • 35. Shatta et Bouli Simon Manuel Darrac Née Charlotte Hirsch (1910-2003), éducatrice française née en Roumanie. Épouse en 1933 Édouard (Bouli) Simon (1905-1993), ingénieur électricien, rencontré aux ‘Éclaireurs israélites de France’ (EIF). Ouvrent la ‘Maison des enfants de Moissac’ (Tarn-et-Garonne), en décembre 1939 comme centre de formation professionnelle pour y abriter les jeunes repliés après l'invasion du nord de la France. Les plus jeunes sont scolarisés en ville, les aînés sont en apprentissage. La maison a une double-issue et abrite le secrétariat et le quartier général des EIF. Aidé par Alice Pelous, son assistante à la mairie, et Henriette Ducom, assistante sociale à Moissac, Manuel Darrac (photo du bas), secrétaire de mairie, fournit aux enfants EIF de la Maison de Moissac de faux papiers et des cartes d’alimentation à leur nom d’emprunt, ainsi que des permis de séjour à l’équipe dirigeante Shatta Simon et Édouard Simon. Après une descente de la Gestapo à la mairie en 1944, Manuel Darrac prévient de l'imminence d'une rafle. Les enfants sont évacués et placés dans des familles. Certains vont en Espagne ou en Suisse, d'autres entrent dans la Résistance. Entre 1939 et 1945, environ 500 enfants trouvent refuge dans cette maison et survivent à la Shoah.
  • 36. Irena Sendlerowa (1910-2008), née Irena Krzyzanowska, résistante polonaise. Dès les premiers jours de l'occupation allemande, travaille au service d'aide sociale à la mairie de Varsovie où elle organise l'aide aux pauvres. Organise le passage clandestin de 2 500 enfants du ghetto de Varsovie vers deux villes proches. Transporte les enfants dans les caisses à outils de son camion de plombier, dans des sacs, dans des caisses sous des chargements de briques, les sort par un trou dans le mur du ghetto. D'autres sont cachés dans des camions de pompiers, des ambulances, sous les ordures. Dresse son chien à aboyer pour couvrir leurs bruits en cas de contrôle des soldats allemands. Arrêtée et torturée par la Gestapo qui lui brise les jambes et les pieds, libérée par les gardiens de prison achetés par Zegota, mouve- ment clandestin d’aide aux Juifs. Emprisonnée de 1948 à 1949 et interrogée brutalement par la police secrète communiste. Avait écrit les noms des enfants et de leur famille d’accueil sur une liste conservée dans un bocal enterré dans son jardin. 2 000 enfants seront ainsi retrouvés. Photos du haut : Irena en 1042 et en 2005 Photo du bas : Irena, bande dessinée en 5 volumes, scénario de Jean-David Morvan et Séverine Tréfouël, dessins de David Evrard, éd. Glénat
  • 37. Gilbert Lesage (1910-1989), objecteur de conscience et membre actif des Quakers durant sa jeunesse. En fév. 1941, chef de l’important ‘Service Social des Étrangers’ (SSE) qui intervient directement dans les camps d’étrangers en France. En août 1942, quand les autorités françaises dans le sud de la France commencent les rafles de Juifs et les remettent aux Allemands, fait partie de ceux chargés de sélectionner les personnes dites "déportables" selon les directives du Secrétaire général de la police, René Bousquet. Désobéit aux ordres et prévient secrètement des familles juives et d’autres organisations de rafles imminentes, permettant de cacher de nombreux enfants qui devaient être déportés. Quand Bousquet supprime toutes les exceptions de déportation, Lesage ignore aussi cet ordre et envoie aux fonctionnaires chargés de la sélection une note d’instruction exemptant tout enfant âgé de moins de 15 ans. Dirige personnellement le processus de sélection au camp de Vénissieux près de Lyon et libère 108 enfants juifs. Arrêté en avril 1944 par la Gestapo. Le SSE est supprimé en juin. Reste en prison jusqu’à la Libération. Selon Robert Nodot, a porté secours à 100 000 réfugiés.
  • 38. Marc et Françoise Donadille Henri et Alice Manen M. D. (1911-1995), pasteur protestant français, membre de la ‘Commission inter-mouvements auprès des évacués’ (CIMADE). Avec son épouse Françoise et avec le pasteur Henri Manen (1900- 1982), aumônier du camp des Milles, s'emploie à faire sortir des Juifs internés dans ce camp d’internement et de déportation, ouvert entre 1939 et 1942 dans une tuilerie-briqueterie près d’Aix-en-Provence. H. M. fait sortir 80 Juifs en leur fournissant de faux papier ou certificats de baptême. Sa femme Alice et lui en hébergent plusieurs chez eux avant de leur trouver un refuge En février 1943, à l’occasion d’une rafle de Juifs dans les Cévennes, M. D. écrit au préfet de Mende, Roger Dutruch : « Vous êtes contraints d’ordonner à vos gendarmes de chercher les Juifs. Toutefois, vous pourriez peut-être leur laisser entendre qu’ils ne sont pas obligés de les trouver. » Photos : Marc et Françoise Donadille et leurs enfants, Henri Manen
  • 39. Raoul Wallenberg (1912-1947 ?), diplomate suédois envoyé à Budapest avec pour mission de contribuer à sauver les Juifs de Hongrie. De concert avec son homologue Per Anger, utilise la possibilité de délivrer des passeports temporaires déclarant que leurs possesseurs étaient des citoyens suédois en attente de rapatriement. Négocie également avec des officiels nazis, comme Adolf Eichmann, afin d'obtenir l'annulation de déportations. Sauve ainsi plusieurs dizaines de milliers de Juifs, entre 30 000 et 100 000. Arrêté en janvier 1945 par l'Armée rouge, probablement soupçonné d'être un espion à la solde des États-Unis. Probablement exécuté en 1947 par les Soviétiques.
  • 40. Élisabeth Eidenbenz (1913-2011), enseignante et infirmière suisse. Institutrice en Suisse et au Danemark, adhère à l'Asociación de Ayuda a los Niños en Guerra (‘Association d'aide aux enfants en guerre’), rejoint Madrid en 1937, pour aider les mères et les enfants victimes de la guerre civile espagnole. Après la chute de la république espagnole, rejoint le Roussillon, où de nombreux réfugiés se massent dans des camps. Atterrée par les conditions de vie dans ces camps, la malnutrition, les maladies et la forte mortalité des parturientes et des nouveaux- nés, trouve un manoir désaffecté à Elne (Pyrénées orientales, photo du bas), qu'elle reconvertit en maternité pour les accueillir. Falsifie les identités des patients pour contourner l’interdiction d’accueillir des réfugiés. Malgré la surveillance de la Gestapo, près de 400 enfants espagnols et 200 enfants juifs ou tziganes naissent dans cette maternité, leurs mères étant des réfugiées espagnoles fuyant le franquisme, et des Juives et des Tziganes fuyant l'invasion nazie. La maternité est fermée par les Allemands en 1944.
  • 41. Odette Rosenstock et Moussa Abadi O.R., (1914-1999), obligée par le statut des juifs à quitter son poste de médecin, devient sage-femme. Rejoint à Nice son mari Moussa Abadi. S’engage dans la Résistance où elle devient Sylvie Delatre, et met en place, avec son mari, le réseau clandestin ‘Marcel’ pour sauver des enfants. Contacte des pasteurs, des maires de petits villages et des institutions laïques susceptibles de fournir des caches. Moussa demande au P. Paul Rémond, évêque de Nice, de leur ouvrir des institutions catholiques. Cachent 527 enfants. Tous les jours, Odette fait la tournée des institutions pour vérifier l’état de santé physique et moral des enfants, et pour payer leur pension. Arrêtée en avril 1944 par la Milice française, livrée à la Gestapo, internée à Drancy, envoyée au camp d’Auschwitz-Birkenau, puis à celui de Bergen-Belsen, libérée au printemps 1945.
  • 42. René Nodot (1916-2000), militant protestant franco-suisse. Engagé très jeune dans des mouvements de jeunesse protestants (‘Union Chrétienne de Jeunes Gens’ affilié au ‘YMCA’ et les ‘Chevaliers de la Paix’, organisation pacifiste), prend conscience dès 1932 de la gravité de l'idéologie nazie et de l'importance d'une réponse chrétienne. Lecteur de Karl Barth, est très choqué par les mesures anti- juives du gouvernement de Vichy et travaille dès 1941 avec la ‘Croix- Rouge’ pour porter assistance et faire évacuer en Suisse des enfants juifs. Fonctionnaire à Lyon, secrétaire du ‘Service Social des Étran- gers’ sous Vichy, ami du pasteur Roland de Pury, fait partie d’un réseau qui réussit à sauver plus de 3 000 personnes, d'août 1942 à février 1943. Aidé de son l'oncle, Félix Petit, instituteur laïque et maire destitué de Saint-Julien-en-Genevois, utilise surtout la filière du Père Marius Jolivet (1906-1964), curé de Collonges-sous-Salève. Après la guerre, est encore très actif notamment à la ‘Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme’ (LICRA)
  • 43. Germaine Ribière (1917-1999), une des dirigeantes de la ‘Jeunesse étudiante chrétienne féminine’ (JECF), s’efforce de faire comprendre à ses camarades l’étendue du péril nazi. Avec l’association ‘L’Amitié chrétienne’, trouve des planques pour les Juifs pourchassés, des familles et des institutions religieuses pour accepter des enfants, distribue faux papiers et tickets d’alimen- tation, et fait passer la frontière suisse à un nombre important de Juifs traqués. Après une descente de la Gestapo, en février 1943, au local lyonnais de ‘L’Amitié chrétienne’ qui entraîne l’arrestation du Père jésuite Pierre Chaillet et de quelques-uns de ses adjoints, déguisée en femme de ménage, lave les marches d’escalier, car c’est un jour de permanence où nombreux Juifs doivent venir chercher des papiers. Prévient discrètement et renvoie les visiteurs qui échappent ainsi à la souricière tendue. Après la guerre, retrouve et ramène en France, en 1953, les deux enfants Juifs orphelins R. et G. Finaly cachés en Espagne.
  • 44. Jeanne Barnier (1918-2002), fonctionnaire française, Résistante durant la Seconde Guerre mondiale. Secrétaire de mairie à Dieulefit (Drôme), se trouve chargée de l'accueil des familles de réfugiés espagnols, puis des Alsaciens et Mosellans, réfugiés dès septembre 1939, et enfin à un afflux de réfugiés, durant l'exode, jusqu'en juillet 1940. Environ 1 600 réfugiés se fixent à Dieulefit et dans son canton. Devient alors une personne indispensable du dispositif d'entraide, puis de la "clandestinité résistante", travaillant avec des Résistants catholiques, protestants, communistes, et plus tard, des chefs de réseau de ‘l'Armée secrète’ et des ‘Francs-tireurs et partisans’, créant 2000 fausses cartes d’identité ou permis de conduire, fabriquant des tampons de n'importe quelle ville. Le colonel Pierre Pizot, maire vichyste protestant nommé par le régime en fév. 1941, semble avoir volontairement voulu ignorer l'activité de sa secrétaire de mairie, de même que les gendarmes… Sollicitée par les organisations juives d'entraide et de résistance : Madeleine Dreyfus, de ‘l'Œuvre de secours aux enfants’, qui séjourne plusieurs fois à Dieulefit, les ‘Éclaireurs israélites’, etc. Joue un rôle central dans l'accueil de deux responsables du Parti communiste d'Allemagne (KPD), Ella Schwartz et d'Hermann Nuding.. D’autres bonnes fées veillent à Dieulefit : Marguerite Soubeyran et Catherine Krafft, Simone Monnier, etc. Reconnue ‘Juste parmi les nations’ en 1989.
  • 45. Vivette Samuel Vivette Herman, épouse Samuel (1919-2006). Études de philosophie interrompues par la capitulation française en 1940. En juillet 1941, est recrutée ‘l’Œuvre de secours aux enfants’ (OSE) à Marseille qui met en place des équipes d'internées volontaires dans les camps. Faux papiers, camouflage dans des institutions et des familles d’accueil non juives, passage clandestin des frontières sont autant de moyens qui permettent d’arracher les enfants à leur tragique destin. Après novembre 1941, reste 7 mois à Rivesaltes et fait sortir légalement 400 enfants juifs qui seront pour la plupart placés dans des maisons d'enfants de l'OSE. En juin-juillet 1942, intègre le circuit clandestin de l'OSE et devient déléguée de l’OSE auprès de ‘l’Amitié chrétienne’ pour visiter les ‘Groupements de travailleurs étrangers’ (GTE) de Savoie et Haute-Savoie. Les époux Samuel s'installent à Chambéry, en mars 1944, pour monter une antenne clandestine et organiser des passages vers la Suisse. En 1954, crée le Service social de l’OSE puis prend la direction générale de l’Œuvre en 1980 jusqu’à sa retraite en 1985.
  • 46. La famille Veseli Vesel et Fatima Veseli et leurs enfants Refik (né en 1925), Hamid et Xhemal, Musulmans, habitent à Kruja, un village montagnard albanais. En 1942, Refik, âgé de 17 ans, travaille dans un magasin de photos à Tirana où il rencontre Moshe Mandil, un réfugié juif de Yougoslavie ayant fui le danger avec sa femme et leurs 2 enfants. À dos de mulets, sur plusieurs nuits, Refik emmène la famille Mandil à Kruja, à 60 km de Tirana. La famille Veseli les accueille à bras ouverts. Les enfants des deux familles se mélangent, les familles restent ensemble jusqu’à la fin de la guerre. Khemal fait venir une autre famille juive de Tirana. L’aide remarquable offerte par les Albanais aux Juifs persécutés prend racine dans un code d’honneur du nom de Besa, qui signifie littéralement "tenir sa promesse", issu de la foi musulmane telle qu’interprétée par les Albanais. « Nos parents étaient de pieux Musulmans et croyaient, comme nous, que chaque personne qui frappe à la porte est une bénédiction de Dieu. » ■ Photos : - Refik porte dans ses bras les 2 enfants Mandil - Les familles Veseli et Mandil