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Trombinoscope "Chercheurs d’humanité"
Chercheurs de sens
(art, religion, philosophie, spiritualité)
12 - de 1908 à 1915
É. G. 05.09.2021
Mahmoud Muhammad Taha
(1908-1985), ingénieur hydraulicien, parfois surnommé "le Gandhi
soudanais". Condamné à deux ans de prison en 1946 pour s’être
opposé aux Anglais durant la colonisation du Soudan.
Crée des communautés d’homme et de femmes, les ‘Frères
républicains’, sous le signe du partage des biens, de la prière, de la
réflexion, du débat d’idées.
Propose d’abandonner la charia du Mahomet de Médine (guerre
contre les infidèles) pour établir la vraie charia de la Mecque (combat
non-violent contre l’égoïsme et la violence). Affirme que la constitution
soudanaise doit être réformée pour réconcilier « le besoin individuel de
liberté absolue et le besoin commun de justice sociale totale ».
Condamné dès 1968 comme hérétique par les responsables
religieux. S’oppose au général Gaafar Nimeiry après la promulgation
d’un code pénal conforme à la charia. Condamné à mort pour « hérésie,
opposition à l’application de la loi islamique, trouble à la sécurité
publique, incitation à s’opposer au gouvernement, et reconstitution d’un
parti politique interdit.»
Pendu en janvier 1985 dans sa prison à Khartoum.
M.M.T. est aussi dans le trombinoscope de la non-violence
Swami Muktananda (de Ganeshpuri)
(de mukti, libération, et ananda, félicité), (1908-1982), aussi appelé
Baba ("Papa") par ses disciples, guide spirituel indien et hindou.
Disciple de Bhagawan Nityananda, reçoit de lui le shaktipat ("la
descente de la grâce"), la transmission de l'énergie spirituelle.
Enseigne le ‘siddha yoga’, basé sur le shivaïsme du Cachemire,
philosophie plusieurs fois millénaire, dont le fondement est donné dans
les Shiva Sutras, mis par écrit par le sage Vasugupta.
Parcourt l'Inde à pieds, établit son ashram (Gurudev Siddha Peeth)
à Ganeshpuri en 1961.
Crée la SYDA Foundation (Siddha Yoga Dham of America) aux
États-Unis pour administrer au niveau mondial le ‘siddha yoga’ qui gère
600 centres de méditation et 10 ashram.
« L'objectif principal du Siddha Yoga consiste à développer
pleinement la conscience de Dieu qui demeure enfouie en chaque être
humain. Il combat la haine entre les peuples, l'irrespect, l'ignorance,
l'apathie et le mensonge. Il suscite unité, connaissance, quête de la
conscience intérieure, et réalisation du Soi intérieur. »
Jacques Loew
(1908 -1999), frère dominicain français, secrétaire du centre
‘Économie et humanisme’ à la demande du P. Louis-Joseph Lebret.
Prêtre ouvrier (docker au port de Marseille) pendant 3 ans.
Fondateur de la ‘Mission Ouvrière saints Pierre-et-Paul’ (MOPP),
rapproche paroisse et mission pour un ‟apostolat intégral” en vue d’
‟extirper les racines des malheurs injustes” qui pèsent sur les
pauvres.
Missionnaire au Brésil, formateur en Afrique et en Russie.
Fondateur de l‘’École de la Foi’ à Fribourg (Suisse) à la demande
du P. René Voillaume.
À 85 ans, retiré d'abord à Cîteaux, puis à Tamié et, enfin, à
Échourgnac, lit Maurice Zundel, Joseph Moingt, Bernard Feillet,
connaît une crise intérieure, une sorte de nuit obscure qu'il compare à
ce qu'avait vécu Thérèse de Lisieux.
S'interroge sur la pérennité des institutions ecclésiales,
« appelées à disparaître pour que naisse quelque chose d'autre ».
Sœur Emmanuelle
Madeleine Cinquin (1908-2008), religieuse née d’une mère
belge et d’un père français, enseignante.
À l’âge de la retraite, en 1971, s’installe dans un des bidonvilles les
plus pauvres du Caire et y lance des projets d’éducation et de santé.
Fondatrice avec sœur Sarah Ayoub Ghattas d’œuvres caritatives en
Égypte et dans 9 autres pays.
« Il ne faut jamais s’arrêter dans la vie. Il faut toujours s’acharner. Et
on est toujours, toujours vainqueur.»
« Éduquer un homme, c'est éduquer un individu ; éduquer une
femme, c'est éduquer un peuple ».
« Je n’ai jamais autant ri que dans le bidonville. On trouvait toujours
des occasions de s’amuser.»
« On ne possède pas le bonheur comme une acquisition définitive. Il
s’agit à chaque instant de faire jaillir une étincelle de joie.»
« La fierté, c'est la recherche de sa dignité personnelle. Ce n'est pas
un défaut.»
«Mystère du cœur de l'homme : le plus comblé réclame toujours
davantage, nos financiers perdent le sommeil ; le plus démuni s’accom-
mode de son gîte, nos savetiers et nos chiffonniers chantent. »
Douglas Harding
(1909-2007), architecte anglais, auteur de spiritualité non-dualiste.
Originaire d’une famille de fondamentalistes chrétiens, les ‘Frères de
Plymouth’ dont il sera excommunié en 1930. Après des études d'architec-
ture, exerce ce métier dans lequel il connaît le succès en Angleterre et en
Inde.
Marqué par un dessin, Vue depuis l'œil gauche, du physicien et
philosophe Ernst Mach (1838-1916) dessiné de son point de vue, c'est-à-
dire ne reproduisant que ses pieds, ses jambes, ses mains, ses bras et son
torse, sans sa tête ni son visage. Crée ‘La Vision Sans Tête’, voie de
connaissance de soi pour nous permettre de répondre à la question : Qui
suis-je ? Quelle est ma vraie nature ? Quelle est ma vraie identité, au-delà
des apparences, des croyances et des certitudes sociales.
Propose une douzaine d’expériences ou exercices pour découvrir
notre vraie nature, non pas intellectuellement, mais dans notre vécu,
passer du "concept au percept", des mots à la réalité.
« Les noms que les religions donnent à ce qui est plus proche de
moi que mon propre moi sont variables (atman-brahman, nature de
Bouddha, Allah, Christ) mais toutes, dans leur fond, affirment, au-delà de
leurs différences de formes et d’expression, que nous trouvons le divin en
nous. »
Helder Camara
(1909-1999). Brésilien, évêque catholique d’Olinda et Recife de
1964 à 1985.
Quitte son palais épiscopal et s’installe dans une modeste
maison au cœur d’un bidonville.
Défenseur des droits humains, figure de la théologie de la
libération, s’engage au côté des plus pauvres.
Marginalisé dans l’épiscopat brésilien et opposant à la dictature
des généraux entre 1964 et 1985, fait une tournée de conférences en
Europe, dénonce la torture, la dictature, la misère, la guerre du
Vietnam, les ventes d’armes.
Se référant à Gandhi et à Martin Luther King, met en place une
pastorale dirigée vers le service des pauvres, souhaite que les prêtres
soient formés à l’action sociale comme à la théologie.
../..
Dom Helder Camara
Son successeur nommé par Jean-Paul II, Jose Cardoso
Sobrinho, fera table rase de toute l’action de son prédécesseur.
« Quand je donne à manger aux pauvres, on m’appelle un saint.
Quand je demande pourquoi il y a des pauvres, on me traite de
communiste »
« Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les
autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les
dominations, les oppressions et les exploitations.
La seconde est la violence révolutionnaire qui naît de la volonté d’abolir
la première. La troisième est la violence répressive qui a pour objet
d’étouffer la seconde en se faisant complice de la première. »
Yannis Ritsos
(1909-1990), poète grec. Sa famille très tôt détruite et les attaques
de tuberculose marquent sa vie et obsèdent son œuvre. Milite au Parti
Communiste Grec (KKE) en 1931. En 1936, son livre Épitaphe, qui décrit la
douleur et les pleurs d’une mère dont le fils a été tué par la Police après une
marche d’ouvriers à Thessalonique, est brûlé au pied de l’Acropole par le
dictateur Ioannis Metaxas . Résistant pendant la 2ème Guerre mondiale.
Prisonnier politique de 1948 à 1952.
Entre 1967 et 1970, tenu reclus sur l’île de Gyaros par le régime
dictatorial de Papadopoulos. Ses écrits durant cette période sont des
réflexions liées à des sujets essentiels comme la vieillesse, la mort, l’amour.
. Meurt alors que s’effondre, dans les pays socialistes, le rêve pour
lequel il a lutté et souffert pendant tant d’années.
« La liberté, chacun de nous la doit donc à tous. Une liberté qui ne
serait que pour un seul homme ne sert à rien, pour autant qu’elle existe. Elle
ne vaut même rien pour lui. »
« Quand il s’en ira (car tous s’en vont un jour), j’imagine qu’il restera
un très doux sourire en ce bas monde, un sourire qui n’arrêtera pas de dire
"oui" et encore "oui" à tous les espoirs séculaires et démentis. »
« Les morts ne ressuscitent pas. Ils existent. »
Tullio Vinay
(1909-1996), pasteur de l'Église vaudoise d'Italie. Études à Rome
et à Edimburgh. Avec sa femme Fernanda, sauve à Florence des Juifs
persécutés pendant la 2ème guerre mondiale.
Crée en 1947 le Centre oecuménique de rencontres ‘Agapè’ (amour,
en grec) à Prali dans les montagnes du Piémont, organise de camps de
jeunes européens pour la réconciliation.
Avec une douzaine d’amis, construit en 1961 le Servizio Cristiano,
à Riesi, au service des plus pauvres de la Sicile et malgré les menaces de
mort de la mafia : école, centre de formation agricole, hospice, etc.
Visite les prisonniers politiques des troupes d'occupation au
Vietnam, sillonne l'Europe, et va jusqu'aux États-Unis pour dénoncer la
torture, les traitements dégradants et l'horreur des “cages à tigres”. Suite
à une de ses conférences à Versailles en 1974, Hélène Engel et Édith du
Tertre, avec d’autres, fondent l’ACAT (‘Action des Chrétiens pour
l’Abolition de la Torture’).
Élu sénateur en 1976, se préoccupe des plus petits durant deux
législatures, jusqu’en 1983.
Madeleine Barot
(1909-1995), militante française, engagée dans le
protestantisme, l'œcuménisme et la défense des droits humains. DES
d’histoire à la Sorbonne, bibliothécaire à l’’École française de Rome’ de
1935 à 1940.
Proche du pasteur Marc Boegner, nommée en août 1940
secrétaire générale de la Cimade, ‘Comité inter-mouvements auprès
des évacués’. Multiplie les visites dans les camps, organise des centres
d’accueil au Chambon-sur-Lignon, met en place des filières d’évasion
en Suisse pour les Juifs les plus menacés.
En 1953, devient directrice du département ‘Coopération entre
hommes et femmes dans l’Église et la société’ du ‘Conseil Œcuménique
des Églises’. Après 1968, voyage en Afrique Noire, à Madagascar et en
Amérique du Sud où elle joue, en pleine période de décolonisation, un
rôle primordial dans la promotion de la condition féminine.
En 1980, Vice-Présidente de l’ACAT (‘Action des Chrétiens pour
l’abolition de la torture’), puis membre de la ‘Conférence des religions
pour la paix’.
Jean Onimus
(1909-2007), agrégé et docteur es lettres, professeur à l’univer-
sité d’Aix-Marseille puis de Nice, conférencier de l’’Alliance Française’,
auteur de 38 ouvrages. Spécialiste de Péguy, Camus, s’intéresse aux
grands poètes du 20ème siècle. Auteur d'essais sur les questions du
savoir et de l'enseignement, de la religion, attentif aux mutations de la
culture et de la société. Enseigne dans des universités étrangères aux
États-Unis, en Nouvelle-Zélande, au Brésil et au Canada.
Se veut « professeur d'existence ». Son immense culture nourrit
un christianisme interrogatif, vivifié par Teilhard de Chardin, ouvert sur
les problèmes de l'univers et de la connaissance, en vraie sympathie
avec l’œuvre de Marcel Légaut.
« Le père Teilhard de Chardin, jésuite, fut avant tout un grand
scientifique dont les travaux furent déterminants pour la connaissance
des origines de l'Homme. Toute sa vie durant, il développa une
extraordinaire synthèse des sciences de la terre, de l'anthropologie et
de la métaphysique chrétienne. Ses thèses, sans cesse confortées par
les recherches actuelles, connaissent une audience de plus en plus
grande, à la fois parmi les croyants, les scientifiques, et tous ceux qui
considèrent comme caduques les vieilles frontières entre Matière et
Esprit. »
Jean Onimus
Montre comment les évangiles ont été constitués, dresse d’après la
classification de Le Senne un portrait psychologique de Jésus, cherche
à comprendre comment son message a pu être si profondément
défiguré.
« L'Évangile a été récupéré, sanctifié, mis hors d'état de nuire
parce qu'il est redoutable pour tout ordre social, quel qu'il soit. En
l'enfermant dans un cadre religieux, nos aïeux l'ont figé dans l'irréel, ce
qui rassure. (J’ai) été alerté par une phrase de Proudhon : " Jésus : une
individualité à retrouver, à resituer, à refaire presque, tant il a été
dissous, pulvérisé par la religion dont il est l'auteur. »
« Notre tâche est désormais semblable à celle des archéolo-
gues : relever l’authentique, rejeter la sédimentation des siècles qui n’a
jamais cessé d’édulcorer et d’enjoliver . (…) Cette mosaïque de paroles
si suggestives, pathétiques, humoristiques a plus contribué au succès
du christianisme que les subtiles argumentations de Paul : c’est de ce
côté-là que gît le trésor, le reste est en train de tomber en poussière.
(…) Ce n’est pas l’avenir du christianisme qui est désormais en
question, l’affaire est dépassée : c’est le rêve de Jésus ! L’évangile nous
invite à un accomplissement de la nature divine dont nous portons en
nous le germe. »
Jean Onimus
« Devenir ce que l’on est exige une implication totale, une intensité
d’attention et de participation, en un mot : une présence. Elle seule peut
redonner chaleur humaine et résonance infinie à la moindre action, à la
plus simple relation. »
« Toutes les religions sont gravement touchées par l'évolution de la
pensée et de la vie modernes. Certaines se crispent sur leurs traditions et
se montrent d'autant plus fanatiques qu'elles perçoivent à quel point le
monde les abandonne. D'autres tentent de se renouveler, ce qui s'avère
très difficile pour les religions qui obéissent toutes à leurs traditions. Elles
ne subsistent que par habitude, agonisant lentement, faute de fidèles et de
missionnaires. »
« Si Dieu n'est pas une personne, mais une force universelle qui
maintient l'univers, alors la prière n'est plus une demande d'aide qui
s'adresse à un potentat qu'il faut flatter, soudoyer, séduire.
La prière change de nature, elle devient une célébration,
une sorte de reconnaissance, une promesse de participa-
tion active au Devenir universel. »
Simone Weil
(1909-1943), philosophe et écrivaine française née dans une
famille juive mais agnostique. École Normale Supérieure, agrégée de
philosophie puis ouvrière à la chaîne.
Résistante au franquisme et au nazisme. Séjour aux États-Unis.
Rédactrice dans les services de "la France Libre" à Londres en
1942 .
Dénonce la violence dans le système industriel, dans les
mécanismes de la vie collective (partis politiques, système pénal, etc.),
dans le nationalisme et le miltarisme, et même dans les luttes de
libération.
Son expérience de la guerre civile espagnole lui montre la
perversité de l’utilisation de moyens en contradiction avec la fin
recherchée.
S’indigne surtout de la collusion du christianisme avec la
violence, au point de refuser le baptême après sa conversion.
../..
Simone Weil
Qu’on exerce la violence ou qu’on la subisse, « de toutes manière
son contact pétrifie et transforme un homme en chose. »
« Frapper ou être frappé, c’est une seule et même souillure. Le froid
de l’acier est pareillement mortel à la poignée et à la pointe. »
Nous tuons « pour nous venger d’être mortels. »
« S’efforcer de devenir tel qu’on puisse être non-violent .(…)
S'efforcer de substituer de plus en plus, dans le monde, la non-violence
efficace à la violence."
« L’amour fait la guerre aussi bien que la paix. Amour va à la guerre
plus naturellement qu’à la paix, par ce fanatisme qui fonde la tyrannie (…)
La paix ne sera pas fondée par l’amour, mais par la pensée. »
« La plénitude de l'amour du prochain, c'est simplement d'être
capable de lui demander : "Quel est ton tourment ?" »
« La religion en tant que source de consolation est un obstacle à la
véritable foi, et en ce sens l'athéisme est une purification.»
« Il faut penser à l’intérieur du cœur » ../..
Simone Weil
Définit « l’enracinement » comme « la participation réelle, active
et naturelle à l’existence d’une collectivité qui conserve vivants
certains trésors du passé et certains pressentiments d’avenir », le
monde d’après devant quitter la logique des droits pour être celui des
« devoirs envers l’être humain », des « obligations », chacun étant
redevable à l’autre au seul motif de leur humanité commune.
« La chrétienté est devenue totalitaire, conquérante, extermina-
trice parce qu’elle n’a pas développé la notion de l’absence et de la
non-action de Dieu ici-bas. Elle s’est attachée à Jéhovah autant qu’au
Christ ; elle a conçu la Providence à la manière de l’Ancien Testament.
Israël seul pouvait résister à Rome parce qu’il lui ressemblait, et le
christianisme naissant portait ainsi la souillure romaine avant d’être la
religion officielle de l’Empire. »
« Je pense qu’il faut toujours soutenir ce qu’on pense, même si
on soutient aussi une erreur contre une vérité ; mais en même temps il
faut prier perpétuellement pour obtenir plus de vérité, et être continuel-
lement prêt à abandonner n’importe laquelle de ses opinions dès
l’instant où l’intelligence recevra davantage de lumière. Mais non
auparavant. »
Leonidas Proaño
(1910-1988). Équatorien, évêque de Riobamba et de la
province de Chimborazo, nommé “l’évêque des Indiens” pour son
action constante en faveur des populations indigènes.
Refuse l’érection dispendieuse d’une nouvelle cathédrale,
redistribue aux indigènes des terres appartenant à l’Église.
Crée un Centre d’études et d’action sociale pour promouvoir la
conscientisation et l’organisation des paysans.
Arrêté le 12 août 1976 lors d’une conférence pastorale. Le
ministre de l’Intérieur fait longuement état devant la télévision d’un
texte prouvant “des activités subversives à caractère politique” saisi
lors de la réunion, relatif à l’action non-violente.
«Le dossier authentiquement subversif n’a pas été emporté : ils
ont oublié l’Évangile ! »
Henri Le Saux
(1910-1973), moine bénédictin français breton.
Rejoint le P. Jules Montchanin en Inde en 1948, fonde avec lui
l’ashram Shantivanam (« le bois de la paix ») sur les rives du fleuve
Kâverî.
Après avoir rencontré Ramana Maharshi (1879-1950), est
profondément marqué par la spiritualité hindoue et devient ermite.
Suite à sa rencontre avec le maître spirituel tamoul Gnanananda,
prend le nom sanskrit de Abhishiktananda (« celui qui met sa joie dans
l’Oint ») et alterne une vie d’ermite à Rishikesh, au pied de l’Himalaya,
et une vie de nomadisme, coupée de rencontres interreligieuses et de
correspondance.
« Il n’y a que deux espèces de gens qui soient en paix : ceux qui
n’ont rien compris au mystère de Dieu et qui croient l’avoir compris, les
théologiens; ceux qui ont “réalisé“ et ont accepté de ne rien savoir sur
Dieu. »
« L'expérience de l'Absolu dont témoigne si puissamment la
tradition mystique de l'Inde est comprise en sa plénitude dans le " Moi et
le Père nous sommes Un " de Jésus. »
Jacques Berque
(1910-1995), sociologue et anthropologue orientaliste français.
Titulaire de la chaire d’histoire sociale de l’Islam contemporain au
‘Collège de France’ de 1956 à 1981. Membre de l’’Académie de
langue arabe’ du Caire depuis 1989, traducteur du Coran.
Durant un quart de siècle, effectue un va-et-vient continuel
entre Paris, où il enseigne, et les pays méditerranéens dont il étudie la
sociologie et l'anthropologie des peuples. Promeut un islam de progrès
ouvert sur la laïcité et la libération de la femme
Décrit l’utopie d’une ‟Andalousie”, celle d’un monde arabe
renouvelé retrouvant à la fois ses racines classiques et sa capacité de
tolérance et d’ouverture.
« Comme tous les textes religieux, le Coran se prête à des
exégèses multiples : large ou rigoureuse, traditionaliste ou réformiste,
juridique ou mystique, etc. Celle des islamistes, qui fait grand tapage
aujourd'hui, procède moins d'un renouveau de la lecture que d'une
mobilisation du religieux à des fins politiques. »
« J’appelle à des Andalousies toujours recommencées, dont
nous portons en nous à la fois les décombres amoncelés et l'inlas-
sable espérance ».
Mère Teresa
Anjezë Gonxhe Bojaxhiu (1910-1997), religieuse catholique
albanaise naturalisée indienne.
Vit pendant 50 ans une "nuit de la foi" qui l’amène à se
rapprocher des plus pauvres.
Fonde en 1950 la congrégation des Missionaries of Charity :
école pour les enfants de la rue, ouverture de mouroir, soupes
populaires, centres d’aide familiale, hôpitaux, actuellement dans 123
pays.
Critique le matérialisme et l’égoïsme des sociétés occidentales.
« Nous courrons comme des fous après les progrès matériels
ou les richesses. Les enfants n’ont plus de temps pour leur parents, ni
les parents pour leurs enfants et pour eux-mêmes. C’est de la famille
elle-même que provient la rupture de la paix dans le monde. »
../..
Mother Teresa
La vie est une chance, saisis-la.
La vie est beauté, admire-la.
La vie est béatitude, savoure-la.
La vie est un rêve, fais-en une réalité.
La vie est un défi, fais-lui face.
La vie est un devoir, accomplis-le.
La vie est un jeu, joue-le.
La vie est précieuse, prends-en soin.
La vie est une richesse, conserve-la.
La vie est amour, jouis-en.
La vie est un mystère, perce-le.
La vie est promesse, remplis-la.
La vie est tristesse, surmonte-la.
La vie est un hymne, chante-le.
La vie est un combat, accepte-le.
La vie est une tragédie, prends-la à bras le corps.
La vie est une aventure, ose-la.
La vie est bonheur, mérite-le.
La vie est la vie, défends-la.
Louis Évely
(1910-1985), écrivain belge, docteur en droit et en philosophie,
prêtre catholique, enseignant, Résistant, puis moine et conférencier.
Interdit de publication par son évêque, quitte la prêtrise.
Crée en 1982 avec son épouse Marie van der Meersch à Piégros-
la-Claste (Drôme) un centre de rencontres spirituelles, ‘L’Aube’.
Auteur d’une trentaine de livres.
« Jésus a t-il fondé une religion ? Ou les a t-il toutes abolies en
proclamant qu’il faut détruire les temples parce que le vrai temple de
Dieu, c’est l’homme ; qu’il faut abandonner les cultes parce que le vrai
service de Dieu, c’est le service de l’homme ; qu’il faut transgresser la
loi parce que la seule loi est "Aimez-vous les uns les autres" ? »
« Peut-être que le cœur du christianisme est d’avoir compris que
Dieu dépend de nous plus que nous ne dépendons de lui. Que les
parents dépendent plus des enfants que les enfants des parents. »
../..
Louis Évely
« Dieu ne parle pas, Dieu n’a jamais parlé ; dès qu’il y a
parole, soyez sûr que c’est l’homme qui parle. Mais Dieu se donne,
et cette formidable proposition, cette sollicitation muette creuse en
l’homme une nostalgie, fait jaillir un appel, une interrogation, une
souffrance et un bonheur qui s’expriment dans les livres soi-disant
révélés.
Il n’y a pas de livres révélés, il n’y a que des livres révélants
qui expriment tant mal que bien l’expérience de ceux qui les ont
écrits et dévoilent l’expérience de ceux qui les lisent du dedans.
Laissons tomber toutes ces fictions d’élection d’un peuple
d’élus, d’interventions successives de Dieu pour nous dire ou nous
donner autre chose que ce qu’il nous a confié à tous dès l’origine ! »
Guy-Marie Riobé
(1911-1979), Français, évêque catholique d’Orléans de 1963 à
1979.
Découvre le christianisme avec le jésuite Prosper Monier en 1945,
marqué par la spiritualité de Charles de Foucauld.
En 1969, témoigne au procès de 3 Orléanais qui revendiquent un
statut d’objecteurs de conscience et préconisent une défense non-
violente.
Proteste avec Helder Camara contre les ventes d’armes françaises
au Brésil.
Prend position en été 1973 contre les essais nucléaires français
dans le Pacifique (est renvoyé "à ses oignons" par l’amiral Marc de
Joybert), contre le racisme, la peine de mort, les régimes dictatoriaux, et
l’immobilisme de l’Église catholique.
« L’une des affirmations centrales de l’espérance chrétienne, c’est
que la violence n’est pas une fatalité, et que, par conséquent, l’histoire
peut devenir non-violente.»
G.R. est aussi dans le trombinoscope des chercheurs de sens
Chico Xavier
Francisco Cándido Xavier (1910-2002), médium et spirite brésilien. Ses parents, tous
deux analphabètes, ont 9 enfants. À 5 ans, après avoir perdu sa mère, commence à
entendre des voix. Travaille dès 9 ans, comme tisserand, tout en continuant l'école
primaire. À 12 ans, rédige en classe une rédaction remarquable et explique à sa maîtresse
que ce texte lui a été dicté « par un homme d’un autre monde ». À la suite de la guérison
de l'une de ses sœurs souffrant d'obsession, adhère au spiritisme, et sa famille avec lui.
Fonde en 1927 le ‘centre spirite Luiz Gonzaga’ à Pedro Leopoldo, s'investit dans
son activité de médium et développe ses capacités en psychographie. Affirme voir, en
1931, son guide spirituel sous la forme d'un esprit prénommé Emmanuel*.
Sous l'influence des "esprits", produit 496 livres et textes de
sagesse et de spiritualité, dont 39 parus après sa mort, et une centaine
édités dans plusieurs langues. Nosso Lar ("Notre demeure") - La vie
dans le monde spirituel (1944) est diffusé à plus de 1,3 million d'exem-
plaires.** Beaucoup de ses livres sont traduits en anglais, français et
espagnol. La totalité des droits d’auteur revient à des associations
caritatives, Chico ne vivant que de son maigre salaire d'employé au
ministère de l'agriculture. ../..
*qui selon Xavier, a vécu dans la Rome antique en tant que sénateur Publius Lentulus ,
s'est réincarné en Espagne en tant que père Damien, puis en tant que professeur à la Sorbonne
** Selon l’avant-propos de l’édition française, ce texte est attribué au médecin André Luiz
qui raconte les événements consécutifs à sa mort, transcrits en psychographie par Chico Xavier.
Chico Xavier
Se décrit comme un "moins que rien", un homme "d'une absolue insignifiance",
"simple serviteur " de ses bienfaiteurs spirituels. À partir de 1957, s’installe à Uberaba qui
devient un lieu de rassemblement pour les spirites du monde entier. Son centre participe
à l’alimentation et l’aide aux plus pauvres, et à la délivrance d’obsessions.
À partir des années 1960, "reçoit" environ 10 000 lettres adressées par les esprits à
leurs familles. En1979, l'un de ces "messages personnels", versé au dossier d'une affaire
criminelle, permet d'innocenter un jeune homme, Jose Divino Nunes, accusé d'avoir tué
son meilleur ami, Maurício Henriques.
Les scientifiques et rationalistes voient en lui un humaniste, mais n'arrivent pas à
démontrer de supercheries. En 1978, la NASA mène des recherches sur ses dons
psychiques. L'ingénieur en électronique Paul Hild* reste 6 jours à Uberaba où il utilise un
équipement électronique sophistiqué. Il déclare que « l'un des dispositifs a cessé de
fonctionner sous la force du regard du médium » et que l'aura spirituelle de Chico Xavier
peut générer un rayonnement d’une dizaine de mètres, fait considéré comme extra-
ordinaire, car « d'autres médiums testés ont montré une aura d'un rayon de 2
centimètres à 4 mètres».
Carlos Augusto Perandrea, professeur à l’université de Londrina (Parana) et expert
judiciaire (photo ci-contre), compare pendant 13 ans les écrits psychographiés par Chico
Xavier avec les écrits que les défunts ont écrits de leur vivant : le graphisme et la
signature sont semblables.
* Paul Hild est introuvable sur Internet : ce paragraphe est écrit sous réserve. ../..
Chico Xavier
Sous son impulsion, le Brésil devient la patrie d'adoption du
spiritisme : il y compterait 20 millions de sympathisants dont 2,3
millions de pratiquants, ce qui en ferait la troisième religion du pays.
Reçoit d'innombrables hommages tant du peuple que d'organismes
publics. En 1981, le Brésil le propose comme candidat au prix Nobel de la paix.
En 2000, élu ‘Minéro* du XXe siècle’, à la suite d'un sondage auprès de la
population de l'État brésilien où il réside. Après sa mort, les députés de l’Assem-
blée nationale brésilienne reconnaissent son rôle dans le développement
spirituel du pays.
« Bien que personne ne puisse revenir en arrière et prendre un
nouveau départ, tout le monde peut commencer maintenant et
préparer une nouvelle fin. »
« Il est indispensable de méditer sur la connaissance de nos
potentiels infinis, les appliquant, à notre tour, au service du bien. »
« Chimistes et physiciens, géomètres et mathématiciens,
élevés à la condition d’investigateurs de la vérité, sont aujourd’hui,
sans qu’ils l’aient voulu, des prêtres de l’Esprit. En conséquence de
leurs recherches acharnées, le matérialisme et l’athéisme seront
amenés à disparaître. »
« La mort physique n'est pas la fin. Ce n'est juste qu'un
changement de chapitre dans le livre de l'évolution et du perfection-
nement. »
* Habitant du Minas Gerais
Louis Dumont
(1911-1998), anthropologue français. Directeur d'études à ‘l'École
pratique des hautes études’ (EPHE) où il cocrée le ‘Centre d'études
indiennes’. Spécialiste de l'Inde et notamment du système des castes. Sa
réflexion porte également sur les sociétés occidentales en s'appuyant sur
des analyses comparatives. Son œuvre concerne l'ensemble des domai-
nes des sciences sociales : philosophie, histoire, droit, sciences politi-
ques, sociologie et anthropologie.
Si la civilisation indienne est caractérisée par une pensée de la
hiérarchie (le système de castes) et une idéologie holiste, la civilisation
occidentale se caractérise par une pensée de l'égalité et de la prévalence
de l’individu.
Montre que dans la tradition bouddhiste, les concepts de "non-soi"
ou d’impermanence contredisent notre attachement au "moi" individuel,
au sujet*. Cette idée de sujet est tout aussi absente de la philosophie
confucéenne.
* pour Jean-Claude Guillebaud, « l’autonomie de la personne » est « la capacité
offerte aux hommes et aux femmes de s’émanciper des pesanteurs cléricales,
villageoises, familiales, culturelles; de s’affranchir des commandements du groupe,
de faire prévaloir cette extraordinaire autonomie du moi, historiquement conquise
contre le holisme, lequel, sous ses divers aspects et sous tous les cieux, tendait à
faire passer le "tout" du collectif avant la "partie" que représente l’individu. »
Emil Cioran
(1911-1995), philosophe, poète et écrivain roumain, d'expression
française à partir de 1949. Études de philosophie à Bucarest et à Berlin.
Interdit de séjour dans son pays d'origine à partir de 1946, année à
laquelle il devient apatride, pendant le régime communiste. Passe en
France la majeure partie de sa vie.
Son œuvre, essentiellement composée de recueils d’aphorismes,
est marquée par l’ascétisme et l’humour, le pessimisme, le scepticisme
et la désillusion. Condamne l’homme à errer sans raison dans univers
vide de Dieu.
Selon lui, seul le mystère de la vie et la curiosité qu'elle suscite
constituent une raison de continuer à vivre. Déclare avoir passé sa vie à
recommander le suicide par écrit, mais à le déconseiller en paroles car,
par écrit, cela relève du monde des idées alors que, en paroles, il fait
face à des interlocuteurs de chair et de sang.
Pour lui, il ne s'agit pas seulement de comprendre ou de savoir,
à la manière du professeur d'université, mais surtout de sentir toutes les
vicissitudes de l'existence humaine. Dans la solitude, le dénuement
matériel et le retrait des divertissements modernes, s'établit une
démarche philosophique et spirituelle comparable à l'ascétisme proposé
par le bouddhisme.
Dimitri Panin
(1911-1987), physicien russe, écrivain, philosophe et métaphysicien
orthodoxe. Ingénieur de l'École Polytechnique, interné dans des camps
car il a conteste le régime soviétique.
Passe deux ans dans un bagne avec Alexandre Soljénitsyne, et 16
ans dans les camps du Goulag (1940-1956). Réfugié en France en
1972
Ce qui lui tient à cœur est la réconciliation de la science et de la foi
et la fondation d'une éthique.
Dans son livre Le monde oscillatoire (1974), compare le
développement du monde au mouvement d'un immense pendule
s'approchant du point final de son amplitude.
Théorie des densités" (1982) est son œuvre la plus ambitieuse,
mais aussi la plus étrange, où la physique quantique est interprétée
à la lumière d'une foi ardente dans la création divine et dans le
mystère de la Trinité. Cette véritable anthropologie embrasse dans son
système à la fois les causes premières et les fins dernières.
Mounir Hafez
(1911-1998), enseignant et chercheur français d’origine égyptienne.
Apparenté à la famille royale, s'installe définitivement en France à partir
de 1952, lorsque la révolution nassérienne le contraint à l'exil. Après des
études classiques, s’oriente vers la philosophie et la littérature, termine
ses études à la Sorbonne. À partir de 1954, élève d’Henry Corbin à
‘l'École pratique des Hautes Études’. Soutient une thèse sur la mystique
musulmane, collabore à diverses revues, dont La Tour Saint-Jacques, de
Robert Amadou, participe à un groupe de recherches sur ‘l'Histoire des
Sciences Traditionnelles’. Disciple et ami de Louis Massignon à qui il doit
son intérêt pour al Hallâj.
S’intéresse à l'hermétisme et à l'alchimie, étudie l'astrophysique, ne
cesse, sa vie durant, de tisser des liens entre les mondes géographiques
et intellectuels. Référence majeure du soufisme en France. La majeure
partie de son oeuvre reste inédite : elle consiste en quelque 200 confé-
rences publiques et surtout privées. Ne fait allégeance à aucun système
de pensée, pour lui « L’interprétation est toujours à revoir...», refuse toute
connaissance de seconde main, ne cesse de répéter qu’il faut partir d’une
expérience que l’on a soi-même de la vie, de sa vie, et rester libre.
« La rencontre avec soi-même est le but ultime du voyage, c'est à
la fois être ce que l'on est, et être autre que ce que l'on est. (…) Dans ce
voyage, on peut dire que le bagage essentiel, c'est l'amour. »
Olivier Rabut
(1911-1991), ingénieur de l’’École polytechnique’, dominicain de
1934 à 1942. Demande son retour à l’état laïc après le refus de
l’imprimatur pour son livre L'expérience religieuse fondamentale.
Traite de questions majeures, le fait avec une parfaite honnêteté
intellectuelle, est soucieux d’authenticité. Affirme que les certitudes
spirituelles du christianisme sont réelles et ses certitude doctrinales
improbables. Considère que l'immuabilité doctrinale ne s'inscrit pas
dans un processus de vie et montre qu'une recherche articulée avec les
découvertes de la science valoriserait le meilleur du christianisme et la
crédibilité de l'Église.
Ouvrages : Dialogue avec Teilhard; La vérité de l'action; La
vérification religieuse; L'expérience religieuse fondamentale; Un
christianisme d'incertitude; Le doute et l'absolu, Le Mal, question sur
Dieu; Jésus sans uniforme, Valeur spirituelle du profane, Peut-on
moderniser le christianisme ?, L'Après-croyance, et articles nombreux,
comme Physique quantique et problème de Dieu, L’inconscient dans le
dogme, etc.
« La négation de Dieu serait aussi dogmatique que l’affirmation
de son existence. » À côté des recherches de Dieu imaginaires et
abstraites, « il en existe qui transforment l’existence humaine.»
../..
Olivier Rabut
« C'est bien l'impulsion spirituelle issue du Christ qui m'oblige
aujourd'hui à mettre la doctrine en question (...) car l'évangile exige la
probité de l'esprit poussée au besoin jusqu'à l'héroïsme. »
« N’avez-vous jamais été mordu par le sentiment d’une
nécessité intérieure, celle de pousser comme une plante, de mûrir
comme un fruit, sans savoir ce que signifie "pousser", "mûrir", et vouloir
forcer cette connaissance ? »
« Le sens fondamental des racines hébraïques et araméennes
qu’on peut traduire par le mot "foi", c’est celui d’accueillir toute lumière
spirituelle. »
« La vraie liberté consiste à pouvoir s’accorder à sa nécessité
intérieure, une nécessité qui nous dépasse, qui se dévoile en nous par
longue maturation. »
« L’exigence primordiale ne montre que très progressivement
son ampleur, parce qu’elle est d’ordinaire très loin de nos premières
estimations, nous sommes entraînés dans un mouvement où l’inatten-
du abonde. La formule "mourir pour vivre" peut se comprendre dans ce
sens d’une refonte totale. »
Bruno Hussar
(1911-1996), né au Caire d’un père juif hongrois et
d’une mère française.
Sort ingénieur de l’École Centrale de Paris avec "le
désir de construire des ponts… entre les hommes".
Devenu religieux dominicain, est envoyé en Israël en
1952 en raison de ses origines juives.
Fonde à Jérusalem la Maison Saint-Isaïe, centre
dominicain d'études du judaïsme. Obtient la nationalité
israélienne en 1966.
Fonde en 1970 près de Latrun, entre Jérusalem et Tel-
Aviv, le village Neve Shalom - Wahat as Salam ("Oasis de
Paix") où habitent plusieurs dizaines de familles d’Israéliens
juifs et arabes qui oeuvrent à l’égalité des droits et à l’entente
entre les 2 peuples.
Abbé Pierre
Henri Grouès, (1912-2007), Français, capucin, Résistant sous
le nom clandestin d’abbé Pierre. Député du ‘Mouvement Républicain
Populaire’ (MRP). Fonde en 1949 le ‘Mouvement Emmaüs’, organi-
sation laïque de lutte contre l’exclusion. À Georges, désespéré qui
songe à se suicider, demande « Viens m'aider à aider ! ».
Lance le 1er février 1954 un appel pour le logement des sans-
abris. Soutient en 1971 la création d’’Emmaüs International’.
« Nous avons autant besoin de raisons de vivre que de moyens
de vivre.(…) L’espérance, c’est croire que la vie a un sens. »
« Quand on s’indigne, il convient de se demander si l’on est
digne. »
« L’enfer, c’est soi-même coupé des autres. »
« La responsabilité de chacun implique deux actes : vouloir
savoir, et oser dire. »
« Le partage de l’humanité ne se fait pas entre croyants et non-
croyants, mais entre les idolâtres de soi et les communiants. »
« Partageons ! Donnons ! Tendons la main aux autres ! Gardons
toujours comme un carreau cassé dans nos univers bien feutrés pour
entendre les plaintes qui viennent du dehors. »
Jacques Ellul
(1912-1994), sociologue français, théologien protestant.
Professeur d’histoire du droit à Bordeaux, pionnier de l’écologie et de
la critique de la civilisation technicienne. Son œuvre d’une soixantaine
de livres est centrée sur la notion de liberté : « Exister, c’est résister ».
Connaît une expérience spirituelle à l'âge de 17 ans : « J'ai
senti cette espèce de présence indiscutable, quelque chose d'effarant,
de stupéfiant, qui m'a absolument saisi » et se convertit au
protestantisme.
Se livre à une critique du christianisme, dont il considère qu'à
partir du 4ème siècle, sous Constantin, il a été subverti par sa collusion
avec l'État, allant même jusqu'à affirmer, deux ans avant sa mort, que
« le christianisme est la pire trahison du Christ ».
Ne conçoit pas la Bible comme un livre de recettes ni même
un livre de réponses à nos questions, mais comme un livre qui renvoie
l'homme à sa liberté et à sa responsabilité. La Bible fustige la religion
tout autant que les pouvoirs en place et met en valeur le dialogue
direct, sans aucun intermédiaire, entre l'homme et Dieu. ../..
Voir aussi J. Ellul in trombinoscope Chercheurs d’alternatives écologiques
et in trombinoscope Chercheurs de changement societal.
Jacques Ellul
À l'instar de Kierkegaard, relativise l'importance des exégèses
bibliques, y compris la sienne, qu'il range au registre des "vanités". Il
importe « de se laisser d'abord saisir par la beauté du texte, le recevoir
dans l'émotion et l'écoute silencieuse comme une musique, et laisser sa
sensibilité, son imagination parler avant de vouloir analyser et
"comprendre" ». Voit une "tension dialectique" entre l'anarchisme et le
christianisme mais refuse catégoriquement l'idée même d'une synthèse,
ceci à la fois au nom du commandement « Rendre à Dieu ce qui est à Dieu
et rendre à César ce qui est à César » et en vertu du principe de laïcité.
« Comment se fait-il que le développement de la société chrétienne
et de l’Église ait donné naissance à une société, à une civilisation, à une
culture en tout inverses de ce que nous lisons dans la Bible, de ce qui est
le texte indiscutable à la fois de la Torah, des prophètes, de Jésus et de
Paul ? [...] Il n'y a pas seulement dérive, il y a contradiction radicale,
véritable subversion. »
« Le Christ a annoncé l’Évangile, le diable en a fait une religion ! »
Voir aussi J. Ellul dans les trombinoscopes Changement sociétal, Non-violence et Écologie.
Jacques Sommet
(1912-2012), jésuite français. Opposant au nazisme, déporté à
Dachau.
Exerce diverses responsabilités importantes avec un intérêt
constant pour la rencontre des incroyants et du mouvement ouvrier.
Responsable du ‘Centre de recherche et d’action sociales’ (CERAS)
de 1979 à 1982. Sait manier ensemble analyse politique, engagement
social, ouverture internationale et souci des plus démunis au nom de
l’Évangile.
C’est « seulement dans la rencontre avec les hommes qui ne sont
pas dans l’univers chrétien que la foi de ce temps peut prendre sa
démesure, c’est-à-dire sa dimension réelle. »
« Le pardon par lequel je souhaite finir le conflit, j’en inscrits la
perspective dès le début. (…) Mais pour que cette rencontre se
poursuive en vérité et dans le respect, j’ai le devoir de ne pas être naïf,
de vérifier les dires de l’autre et d’interrompre la relation dès que je vois
qu’elle ne se situe pas dans la vérité. La justice est nécessaire au
pardon ».
Xavier Léon-Dufour
(1912-2007), jésuite et théologien catholique français, Résistant
pendant la 2ème Guerre mondiale.
Professeur d'Écriture sainte au ‘Centre Sèvres’ et directeur de
collections aux éditions du Seuil et du Cerf.
À la fois chercheur et pasteur, a toujours revendiqué le pouvoir de
proposer une interprétation moderne de l’évangile.
Voyage en Inde et au Japon, entretient des contacts avec des
milieux variés. À Mirmande avec Marcel Légaut, fait son yoga matinal
et sa promenade-méditation, pieds nus dans la prairie. Sa passion
pour Jésus, pour St François-Xavier s’allie avec le désir de compren-
dre ce qu’ils ont vécu.
« Il n'y a de vrai “agir” que s'il y a un “accueillir”. Dans l'action
authentique d'un apôtre, tout est de Dieu et tout est de l'homme, il n'y
a pas deux parts mais chacun a son rôle. Celui de Dieu, c'est le don,
celui de l'homme, c'est l'accueil. »
Jean Grosjean
(1912-2006), poète et écrivain français, ajusteur, prêtre, prisonnier
de guerre.
Essayiste et traducteur à partir de 1946, quitte la prêtrise en
1950. En 1989, crée avec Jean-Marie-Gustave Le Clézio, chez
Gallimard, la collection ‘L'Aube des peuples’.
Mystique toujours en questionnement, traducteur et commenta-
teur de textes bibliques. Appelle à transfigurer, par un regard spirituel,
« la quelconquerie des jours ».
« On n’a pas d’expérience autre que la sienne, c’est-à-dire celle qui
va à travers notre durée. Le reste, on ne l’a que par truchements de
l’expérience des autres. Quand on a des souvenirs, on ne les a pas
dans l’ordre. Mon père disait toujours quand il voyait ce qu’on faisait,
qu’il avait fait lui-même, que son expérience ne servirait à personne.
On a besoin de refaire les mêmes expériences, même si on les vit
ailleurs. Lire les expériences des autres procure une espèce
d’économie : on ne poussera pas plus loin quelque chose que l’on sait
../..
Jean Grosjean
aller droit à la catastrophe. La culture, c’est s’économiser une partie
des mauvaises expériences... » J. G.
« Il avait une maigreur ascétique à quoi l’on reconnaît les gens
que la pensée a brûlés et simplifiés. (…)
L’axe premier de son écriture est un axe araméen. Il consiste en
ceci : ce qui compte, ce n’est pas ce que je sais, pas même ce que
je crois, encore moins ce que je possède. Ce qui compte, c’est la
personne singulière qui me fait face. (…)
Il y a une veine taoïste dans les Évangiles, qui a été très bien saisie
par Grosjean. Son Christ est comme désencrassé de toutes les
Églises, de toutes les religions. » Christian Bobin
Stanislas Breton
(1912-2005), philosophe et théologien français. Docteur ès lettres,
docteur en théologie, prêtre de la ‘Congrégation de la Passion de Jésus-
Christ’, professeur aux Instituts catholiques de Paris et de Lyon, maître de
conférences à l‘’École normale supérieure’. Auteur d'une œuvre considé-
rable (40 livres, 900 articles), à la fois rigoureuse et poétique, reconnue
internationalement. Passionné et modeste, d’une grande clarté. Se présente
avec la périphrase « Je suis un homme du Moyen-Age romain, né dans un
faubourg d’Athènes sous un arbre de Judée. »
Pour lui, seule le folie de la croix qui constitue l’essence du
message évangélique permettrait au christianisme de se situer dans la
prolifération des mouvements religieux, notamment par rapport au
bouddhisme. « La croix reste une folie pour nos catégories du faire et de
l’avoir. » En confisquant à la religion la puissance temporelle et les leviers
de la domination sociale, la modernité lui offre l’occasion inespérée de
retrouver toute sa vocation.
Jésus, « l’un de nous, avec une intensité d’exception. »
Henry Duméry commentant son ami Stanislas Breton : « il y a eu
Constantin, hélas ! », et le christianisme victorieux par étendard au lieu de
l’être « par dépouillement et nudité. »
Albert Camus
(1913-1960), écrivain, philosophe, romancier, dramaturge,
essayiste et nouvelliste français, journaliste militant engagé dans la
Résistance et dans les combats moraux de l'après-guerre.
Défend les espagnols exilés antifascistes, condamne les
dérives de l’épuration, dénonce le stalinisme, la guerre d’Algérie,
soutient les objecteurs de conscience.
Sa critique du totalitarisme soviétique lui vaut les anathèmes
des communistes et conduit à la brouille avec Jean-Paul Sartre.
Agnostique, lutte contre toutes les idéologies et les
abstractions qui détournent de l'humain, dont la peine de mort et
l’arme nucléaire.
« L'absurde naît de cette confrontation entre l'appel humain et
le silence déraisonnable du monde (…) L'une des seules positions
philosophiques cohérentes, c'est ainsi la révolte. (…) Il faut
imaginer Sisyphe heureux »
../..
Albert Camus
« Je ne serai plus jamais de ceux, quels qu’ils soient, qui
s’accommodent du meurtre. »
Sauver l’homme, « c’est ne pas le mutiler et c’est donner ses
chances à la justice qu’il est seul à concevoir. »
« Je ne puis croire qu’il faille tout asservir au but que l’on
poursuit. Il est des moyens qui ne s’excusent pas. »
« La révolution politique ne peut se passer d’une révolution
morale qui la double et lui donne sa vraie dimension. »
« Pour trouver la société humaine, il faut passer par la société
nationale. Pour préserver la société nationale, il faut l’ouvrir sur une
perspective universelle. »
« Perdre la vie est peu de chose, et j’aurai ce courage quand il
faudra. Mais voir se dissiper le sens de cette vie, disparaître notre
raison d’exister, voilà ce qui est insupportable. On ne peut vivre sans
raison. »
../..
Albert Camus
« Je crois du moins que les hommes n’ont jamais cessé d’avancer
dans la conscience qu’ils prenaient de leur destin. Nous n’avons pas
surmonté notre condition, et cependant nous la connaissons mieux.
Nous savons que nous sommes dans la contradiction, mais que nous
devons refuser la contradiction et faire ce qu’i faut pour la réduire. Notre
tâche d’homme est de trouver les quelques formules qui apaiseront
l’angoisse infinie des âmes libres. Nous avons à recoudre ce qui est
déchiré, à rendre la justice imaginable dans un monde si évidemment
injuste, le bonheur significatif pour des peuples empoisonnés par le
malheur du siècle. »
« La première chose est de ne pas désespérer. N’écoutons pas trop
ceux qui crient à la fin du monde. Les civilisations ne meurent pas si
aisément, et même si ce monde devait crouler, ce serait après d’autres.
Il est bien vrai que nous sommes dans une époque tragique. Mais trop
de gens confondent le tragique et le désespoir. "Le tragique, disait
Lawrence, devrait être comme un grand coup de pied donné au
malheur". Voilà une pensée saine et immédiatement applicable. Il y a
beaucoup de choses aujourd’hui qui méritent ce coup de pied. »
Le seul parti politique auquel il accepterait d’adhérer, écrit-il à sa
fille, serait « le parti des gens qui ne sont pas sûrs d’avoir raison. »
Albert Camus
« Ce n’est plus d’être heureux que je souhaite maintenant, mais
seulement d’être conscient. »
« La lâcheté et le crime de l’adversaire n’excusent pas qu’on
devienne lâche et criminel ».
« Il a toujours suffi qu’un homme surmonte sa peur et se révolte
pour que leur machine commence à grincer. Je ne dis pas qu’elle
s’arrête, il s’en faut. Mais enfin, elle grince et, quelquefois, elle finit
vraiment par se gripper. »
« Il y a des êtres qui justifient le monde, qui aident à vivre par
leur seule présence. »
« Entre Lénine et Gandhi, la querelle touche au fond. Non que
Gandhi fût moins réaliste que Lénine, il s’en faut. Simplement, il
croyait que la violence étouffe ce qu’elle étreint et que,
par définition, son esprit préside plutôt aux meurtres
qu’aux nativités. Elle est inefficace à la longue. (…)
(Gandhi est) « plus grand homme de notre histoire. »
A. C.
« Pour lui, la souffrance n’avait pas de frontière,
mais les tyrans avaient toujours la carte d’un parti. »
Olivier Todd
Jean Sulivan
Joseph Lemarchand (1913-1980). Français. Son père meurt au front
en 1916. Lecteur assidu de Kierkegaard, de Nietzsche et des mystiques.
Prêtre en 1938, aumônier d’étudiants.
Fonde en 1945 un centre de conférences ‘Renaissance spirituelle’.
Crée un ciné-club d'art et d'essai, ‘La Chambre Noire’.
Très marqué en 1964 par un voyage en Inde et sa rencontre avec
Henri le Saux.
Directeur de collection chez des éditeurs de 1970 à 1980.
Auteur d’une trentaine de livres sous le pseudonyme de Jean Sulivan.
« Un jour je me suis aperçu que les questions éternelles se jouaient
au niveau de la terre, dans l’expérience humaine, dans la chair et le
souffle. Pour moi, tout a changé. »
« Derrière l'égoïsme forcené, l'accaparement et l'accumulation des
biens, il y a toujours la peur de la mort. C'est elle qui jette en avant les
bêtes de proie. » ../..
Jean Sulivan
« Je me méfie des certitudes absolues, on n'y trouve souvent que
l'attachement à soi-même. »
« Dieu, condamné à ne pas intervenir sous peine de faire de nous
des immatures. »
« On ne transmet que ce dont on est habité. »
« Ne désirez pas faire changer d'idées, ni convertir, quiconque.
Soyez ce que vous êtes, et l'autre, peut-être, sera conduit à devenir ce
qu'il est. »
« Souriez à ce qui naît. Bondissez sur l’instant. Le bonheur n’est
pas dans le bonheur. Il est dans l’incessante marche. Allons, sortez,
vivez tant que vous êtes vivants, faites quelque chose, un coup de
folie, ou mieux, qui sait, si vous venez de dîner, faites tranquillement la
vaisselle. »
« On ne voit pas la lumière, mais les visages qu’elle éclaire. »
« La vérité morte est pire que l’erreur. Car on peut réagir contre
l’erreur. (…) Vous n’avez le droit de parler que de la graine de vérité
que vous laissez germer en vous ».
Jean Sulivan
« La prétendue déchristianisation n'est que la fin d'une
illusion... Fin de la foi schizophrénique de proclamation et de
domination nourrie d'idéalisme et de culpabilité... Retour à la
singularité contre la collectivisation et la quantification de l'esprit. À
chaque homme d'habiter son corps en traçant son chemin unique
sur la voie commune : le seul moyen pour lui d'accéder à une
fraternité réelle par-delà les fraternités déclarées et abstraites. Par
le singulier concret à l'universel. »
« De même que l’intention évidente de Jésus, révélée par
les textes, fut de ramener chaque homme en son centre, il me
semble que la première mission du christianisme est d’arracher les
hommes domptés de ce temps, marchandises de marché, engagés
politiquement ou non, en leur proposant un espace spirituel. Le
reste est insignifiant. »
« Un jour je me suis aperçu que les questions éternelles se
jouaient au niveau de la terre, dans l’expérience humaine, dans la
chair, dans le souffle. Pour moi, tout a changé. Dostoïewski, TolstoÏ
ont saisi l’éternité dans les gestes humains. »
Jean Sulivan
« Supposons que les Églises, au lieu de tant s’occuper d’elles
mêmes et d’aménagements de surface selon les saisons politiques,
viennent à la seule chose dont elles se sont peu occupées : apprendre à
leurs membres comment se situer par rapport aux biens de la terre. »
« Je vous jure, il est possible de vivre avec tout ce qui passe,
change, meurt, à condition de ne pas trop vouloir, c’est-à-dire dans le
consentement à passer. »
« Je veux chanter la gloire de ces pauvres-là aussi. Le mal-nourri,
le mal-blanchi, le poivrot est votre égal et votre supérieur. Cessez donc
de vous demander qui est coupable, s’il a un matelas, des réserves
dessous, pourquoi il en a pris pour 20 ans. N’ayez pas pitié. Ayez pitié
de vous et de votre prétention. Une petite joie pour eux, c’est une chose
fantastique, comme pour l’oiseau la mise de pain, un instant d’éternité.
Ils sont plus proches que vous de la réalité humaine, c’est-à-dire de la
nudité. »
Christiane Desroches Noblecourt
(1913-2011), égyptologue française, conservateur des
‘Antiquités égyptiennes’ du Louvre, Résistante.
Agit en 1960 pour la sauvegarde des 14 temples de Nubie
menacés d’engloutissement par le barrage d’Assouan.
« Nous nous sommes calqués sur leur calendrier, leur sagesse,
leurs mythes, leurs symboles, leur culture religieuse. Quelques
exemples : Saint Georges terrassant le dragon (le diable), c’est
calqué sur Horus tuant l’hippopotame maléfique.
. Saint Christophe le passeur de fleuve, c’est Anubis l’ouvreur de
portes, avec ses clefs pendues au cou.
Adam façonné à partir de la glaise et du souffle du Dieu créateur,
c’est le pharaon Hatshepsout (en fait une pharaonne) façonné(e) à
l’aide de la boue du Nil par Khoum, et rendu vivant par le souffle de
Héket, patronne des naissances.
../..
Christiane Desroches Noblecourt
L’annonce faite à Marie, par Gabriel, qu’elle était enceinte du
Saint- Esprit, c’est l’annonce que le messager divin Thot vient
faire à l’heureuse mortelle Ahmès, heureuse parce que choisie
par le dieu Amon qui est descendu sur terre l’ensemencer.
L’étoile des Mages annonçant la naissance à Bethléem, c’est
l’étoile Sothis (Sirius) qui annonce aux Égyptiens le renouveau.
Jésus mis à mort et qui ressuscite trois jours plus tard, cela
fait penser à Osiris tué par son jumeau Seth (ressemblance aussi
avec Caïn et Abel), et qui ressuscite rapidement. »
Résumé fait par Étienne Robin
Photo : L'obélisque égyptien du Vatican (25 mètres, 750 tonnes), transporté à Rome par
l’empereur Caligula, installé en 1586 devant la Basilique St Pierre par Domenico
Fontana à la demande du pape Sixte Quint
Gilbert Cesbron
(1913-1979), études de sciences politiques, homme de radio et
écrivain français, romancier, essayiste, auteur dramatique, puis Secrétaire
général du ‘Secours Catholique’ après 1972.
Se penche dans ses écrits sur la misère, la souffrance, l’humiliation
des classes les plus défavorisées, la quête du sens de la vie.
« Face au siècle actuel, il faut être soi, et il faut rassembler toutes
les forces de cœur et de compassion pour faire contrepoids à quelque
chose de terrifiant et d’invivable. (…)
« Liberté, égalité, fraternité", c’est de la provocation, c’est la
traduction laïque de l’idéal évangélique. L’humanité est encore dans son
enfance. Dans quelques siècles, l’humanité considérera ce que nous
appelons "progrès", qui n’amène ni justice, ni bonheur, ni harmonie,
comme une incroyable barbarie ».
« Et si c’était cela, perdre sa vie : se poser les questions essen-
tielles juste un peu trop tard ? »
Paul Ricoeur
(1913-2005), philosophe protestant français, professeur à
l’université de Strasbourg puis de Nanterre.
Traite de la philosophie morale et politique, de l’éthique sociale,
de la justice comme vertu et comme institution, du concept de la vérité
en histoire, du devoir de mémoire et de la juste représentation du
passé, de la réconciliation, du dialogue entre la philosophie et la
religion.
Déconstruit le mythe de l’Enfer.
« J’appelle "morale" les normes, les obligations, les interdic-
tions caractérisées à la fois par une exigence d’universalité et par un
effet de contrainte, et "éthique" la visée d’une vie accomplie sous le
signe des actions estimées bonnes. »
« Le bonheur est ce qui met un point d’arrêt à la fuite en avant
du désir. »
« « Je n’ai jamais considéré qu’établir l’existence de Dieu
relèverait de la compétence de la philosophie ».
Roger Garaudy
(1913-2012), homme politique, philosophe et écrivain français.
Professeur de philosophie à l'université de Clermont-Ferrand puis de
Poitiers. Figure importante du ‘Parti communiste français’ dont il est exclu
en 1970.
Se convertit par la suite au catholicisme, puis à l'islam en 1981.
. Se fourvoie en 1996 dans des prises de position négationnistes.
« Engager avec les non-Occidentaux un véritable dialogue des
civilisations pour apprendre de leur culture d'autres rapports avec la
nature qui ne soient plus seulement techniques mais vitaux, d'autres
rapports sociaux qui ne soient ni totalitaires, ni individualistes, mais
communautaires.(…) Aller à la rencontre de l'autre - en acceptant sa
différence - pour créer ensemble ces communautés de travail, de
consommation et de culture. »
« Ce que Gandhi invente, avec la non-violence, c’est une nouvelle
dialectique des rapports entre les moyens et la fin. Les moyens, c’est
une fin à naître. La fin ne précède pas les moyens : elle est créée par
eux. »
Taisen Deshimaru
(1914-1982), maître bouddhiste zen japonais de l'école Sōtō. Par
curiosité, s'éloigne des pratiques spirituelles bouddhiques pour étudier
le christianisme sous la direction d'un pasteur protestant.
Revient ensuite au bouddhisme. Se rend en France en 1967,
fonde plus de 200 dojos en Europe, en Afrique du Nord et au Canada.
Son enseignement s’enracine dans sa tradition, mais il est ouvert
sur la psychologie et les avancées scientifiques.
« La respiration consciente est comme un vent qui chasse nos
nuages intérieurs. »
« Tous les jours, à la suite d’une phrase entendue, d’une chose
vue, d’un sourire, d’un événement particulier, vous passez par des
prises de conscience : ce sont là des satoris (éveils). » T. D.
« Je ne savais pas ce qu’était le rire avant d’avoir connu
Deshimaru ! » Maurice Béjart
Pierre Ceyrac
(1914-2012), jésuite français, missionnaire en Inde du Sud. Apprend
le tamoul et le sanskrit à l'université de Madras, est le premier diplômé
étranger dans ces disciplines. En 1955, aumônier de All India Catholic
University Federation. Estime que la misère omniprésente nécessite une
action vigoureuse et concrète.
Encouragé par Gandhi et Nehru, dénonce le système des castes et
s'engage auprès des plus pauvres, les dalits (Intouchables).
Son mouvement ‘Mille puits’ a pour but d’approvisionner les villages
en eau. Mène une action d’accueil des réfugiés cambodgiens fuyant le
régime des Khmers rouges. De retour à Chennai, crée le mouvement ’Les
mains ouvertes’ : rencontre et accueil d'enfants de familles très pauvres
dans des lieux de vie.
Après le séisme du 26 décembre 2004 dans l'océan Indien, porte
secours aux réfugiés et orphelins. À plus de 90 ans, sillonne la côte sud de
l'Inde pour apporter aide et réconfort dans les villages de pêcheurs. Doué
d’un grand charisme d’ouverture et de compassion, sert ses frères sans
distinction de race, de religion ou de catégorie sociale.
« L’Inde nous remet en contact avec notre âme d’enfant, comme s’il était
un temps où, avant d’être chrétiens, nous étions tous hindous. »
« Chacun est une note unique dans le concert de l'univers. »
Edward Schillebeeckx
(1914-2009), prêtre dominicain et théologien catholique belge.
Études à Louvain-la-Neuve, Paris. Joue un rôle influent comme "expert"
durant le concile Vatican II, cofondateur de la revue Concilium, lancée
pour poursuivre la réflexion théologique entamée au concile.
Certaines vues théologiques nouvelles, particulièrement sur le
ministère religieux le font connaître dans le monde. La ‘Congrégation
pour la doctrine de la foi’ lui demande plusieurs fois de "s'expliquer".
Affirme que selon les Évangiles, Jésus est mort à cause de la
façon dont il vivait, toujours mettant en œuvre une résistance non-
violente.
Parmi les théologiens développant l’idée de la non-violence de
Dieu et de celle de Jésus de Nazareth : Leonardo Boff, René Coste,
John-Dominic Crossan, Joseph T. Culliton, Robert Daly, John Dear,
James Dougless, Eileen Egan, Bernhard Häring, Richard Hays, Norbert
Lohfink, Emmanuel McCarthy, Eli Sasaran McCarthy, Ched Myers, Albert
Nolan, Rudolph Pesch, Terrence J. Rynne, Lisa Sowle-Cahill, Rudolph
Schnackenburg, Heinrich Spaemann, Walter Wink, John Howard Yoder.
Edward Schillebeeckx
et les théologiens de la non-violence de Dieu et de Jésus de Nazareth
Etty Hillesum
(1914-1943), jeune femme juive hollandaise. Jeunesse enthou-
siaste et insouciante. Licence de droit, étudie l’allemand, le français et le
russe. Se lie au psycho-chirologue Julius Spier, ancien élève de Jung.
Assistante sociale et psychologue, pour le ‘Conseil Juif’ d’Amster-
dam, au camp de transit de Westerbork.
Affrontée au nazisme, entreprend une démarche spirituelle
radicale. En juin 1943, alors que des amis lui proposent de l’aider à se
cacher, choisit de retourner à Westerbork pour continuer son travail
auprès de ses frères.
Décède au camp de concentration d’Auschwitz-Oswiecim
(Pologne).
« La saloperie des autres est aussi en nous. Et je ne vois pas
d'autres solutions que de rentrer en soi-même et d'extirper de son âme
toute cette pourriture. Je ne crois plus que nous puissions corriger quoi
que ce soit dans le monde extérieur que nous n'ayons d'abord corrigé en
nous. L'unique leçon de cette guerre est de nous avoir appris à chercher
en nous-même et pas ailleurs. »
../..
Etty Hillesum
« La couche la plus profonde et la plus riche en moi où je me
recueille, je l'appelle Dieu. »
« Je vais t’aider, mon Dieu, à ne pas t’éteindre en moi, mais je ne
puis rien garantir d’avance. Une chose cependant m’apparaît de plus
en plus claire : c’est que ce n’est pas toi qui peux nous aider, mais
nous qui pouvons t’aider - et ce faisant nous aider nous-
mêmes .C’est tout ce qu’il nous est possible de sauver en cette
époque et c’est aussi la seule chose qui compte : un peu de toi en
nous, mon Dieu".
« En brisant ces représentations qui emprisonnent la vie derrière
leurs grilles, on libère en soi-même la vie réelle avec toutes ses
forces, et l’on devient capable de supporter la souffrance réelle, dans
sa propre vie et dans celle de l’humanité. »
« En excluant la mort de sa vie on se prive d'une vie complète,
et en l'y accueillant on élargit et on enrichit sa vie. »
Photo du bas : camp de Westerbork
Etty Hillesum
« La vie et la mort, la souffrance et la joie, les ampoules
des pieds meurtris, le jasmin derrière la maison, les persécutions,
les atrocités sans nombre, tout, tout est en moi et forme un
ensemble puissant, je l’accepte comme une totalité indivisible. »
« La plupart des gens ont une vision conventionnelle de la
vie, [...], il faut avoir le courage de se détacher de tout, de toutes
normes [...] il faut oser faire le grand bond dans le cosmos : alors la
vie devient infiniment riche, elle déborde de dons, même au fond de
la détresse. »
« En brisant ces représentations qui emprisonnent la vie
derrière leurs grilles, on libère en soi-même la vie réelle avec toutes
ses forces, et l’on devient capable de supporter la souffrance réelle,
dans sa propre vie et dans celle de l’humanité. »
Etty évoque “ce juge romain qui disait à un martyr : « Sais-
tu que j'ai le pouvoir de te tuer ? » Et lui de répondre : « Savez-vous
que j'ai le pouvoir d'être tué ? »
Marc Oraison
(1914-1979), médecin, chirurgien à Bordeaux puis à
Saïgon, psychanalyste et prêtre catholique français, docteur en
théologie.
Sa thèse de théologie est mise à l’Index par le Saint Office.
Auteur de nombreux ouvrages sur la psychologie, l’éthique
individuelle.
Pour lui, la psychologie exige de penser la morale en
fonction de la communication et de la relation avec autrui, et
non en fonction d’une loi abstraite.
Sur la morale sexuelle, se démarque de la position officielle
de l'Église et n'exclut pas la contraception, l'encyclique de Paul
VI, Humanae Vitae, n'engageant pas, selon lui, le dogme de
l'infaillibilité pontificale.
Favorable à la crémation des morts afin qu’ils ne soient pas
une gêne pour les vivants.
Swami Vijayananda
(1914-2010). Abraham Jacob Weintrob, médecin français
d’origine juive. Pratique la médecine pendant 10 ans près de Marseille
avant de partir en Inde à l'âge de 36 ans.
Rencontre Mâ Ananda Moyi, devient son disciple (elle l’appelle
Vijayananda, "le bonheur dans la victoire") , vit près de 8 ans à Bénarès
dans son ashram puis voyage avec elle dans toute l'Inde avant de se
retirer seul pendant 7 ans sur les contreforts de l'Himalaya.
« Il faut faire tous ses efforts, et après, advienne que pourra.
Quand on se met au travail sérieusement, des pouvoirs viennent vous
aider. Quand nous faisons un pas, Dieu en fait dix. (…)
L’abandon développe la capacité de vivre dans l’instant et la fluidité, il
ne vous prépare aucunement à vivre ce monde mais vous permet
réellement de le dépasser. (…)
Quoi qu’il puisse m’arriver, je n’ai pas peur ! »
« Quand les êtres humains comprendront-ils qu'il n'y a qu'une
seule religion, celle de l'homme ? »
Pierre Nautin
(1914-1997), historien français, entré au CNRS en 1946, directeur
d’études à la section ‘Sciences religieuses’ de l’’École Pratique des Hautes
Études’, en 1963 directeur d’études à la chaire ‘Patristique et histoire des
dogmes’. Travaille notamment sur Origène, Méliton de Sardes, Hippolyte
de Rome.
Décède avant d’avoir terminé son ouvrage sur Jésus de Nazareth.
Établit le noyau primitif des évangiles synoptiques, Matthieu, Marc et
Luc, en les passant au crible de la méthode historique et littéraire. Montre
non seulement que les évangiles synoptiques dépendent d'un Évangile
primitif dont on peut établir le contenu, mais que l'auteur de cet Évangile
s'appuie lui-même sur une collection de 15 Dits authentiques de Jésus (les
logia), donnant ainsi accès à son enseignement.
Dédivinise Jésus et montre qu’il n’a jamais voulu créer une religion
et encore moins une Église.
« La méthode utilisée (…) consiste à poser devant chaque document
et chaque épisode ces deux questions préalables :1- L’auteur est-il bien
informé : quelles sont ses sources d’information et que valent-elles ? 2 - Est-il
fidèle ? Reproduit-il exactement le contenu de son information, ou le déforme-
t-il en fonction d’autres préoccupations ? »
Jean Bottéro
(1914-2007), historien français, assyriologue, spécialiste de la
Bible, du Moyen-Orient antique, un des plus grands spécialistes
internationaux de la Mésopotamie, auteur d’une trentaine d’ouvrages.
Dominicain, enseigne la philosophie grecque, l'hébreu puis
l'exégèse biblique à Saint-Maximin, est suspendu quand il présente le
récit du péché originel dans la Genèse comme mythique. Intègre le
CNRS en 1947, "réduit à l'état laïc" en 1950. Participe à des fouilles au
Proche-Orient, devient directeur d'étude à l‘’École Pratique des Hautes
Études’. Préfère l'allégresse des chantiers du savant à la vanité de la
représentation mondaine.
Explore pourquoi et comment l’idée de Dieu naît dans l’esprit de
l’homme.
« La Mésopotamie n'a pas seulement inventé l'écriture. Elle est
également le creuset de la plus vieille religion à ce jour connue. (…) Une
religion qui invente des rites, des récits, voire des épopées dont, par
contamination, les religions des pays voisins, aux civilisations moins
élaborées, s'inspireront ou qu'elles retravailleront. Une religion, véritable
: certainement le premier système de croyances fortement élaboré, qui
fut le creuset de ce qui a moulé notre monde : le monothéisme. » ../..
Jean Bottéro
Devant la Society of Biblical Archeology, le 3 décembre 1872, en
présence du Premier ministre Gladstone, l’assyriologue anglais George
Smith traduit sur une tablette de Ninive un récit du Déluge qui rappelle
celui de la Bible. Celle-ci a donc reçu des influences mythologiques
païennes du Proche-Orient. On retrouve deux récits babyloniens
évoquant le déluge, le plus ancien dans le mythe d’Atrahasîs, l’Épopée
de Gilgamesh (17ème siècle avant notre ère).
« Cette découverte place la Bible dans le courant de la littérature
universelle et prend place parmi la chaîne sans fin des œuvres rédigées
par les hommes, avec cet enchevêtrement de création originale et de
dépendance à l’égard de sources préalables, de faillibilité et de
clairvoyance, qui marque tout l’avancement de la pensée humaine. »
Jean Bottéro
Photos :
- George Smith (1840-1876)
- La 11e tablette de la version de Ninive de l’Épopée de Gilgamesh, relatant le Déluge.
Émile Gillabert
(1914-1995), chercheur et écrivain suisse. Licence de lettres de
l'Université de Dijon, arrive à Paris en 1945. Prend la direction d'une
maison d'édition spécialisée dans les ouvrages religieux.
Marqué par la lecture de l'Évangile selon Thomas, manuscrit -
considéré par l’Église comme apocryphe - découvert en 1945 à Nag
Hammadi en Haute-Égypte, plus ancien que les synoptiques.
Retiré à Marsanne (Drôme) avec sa famille en 1970, ne cesse de
travailler ce texte dans lequel il retrouve la correspondance avec les
Védas, le Zen, le Tao ou le soufisme. Directeur du groupe de recherches
et d’études ‘Métanoïa’.
Son œuvre permet une nouvelle lecture des évangiles. Revient à la
source du message originel de Jésus épuré de l'influence paulinienne
des évangiles canoniques. Révèle les clefs de la Gnose restituées par
Jésus en vue de nous permettre d'accéder à un présent libérateur.
../..
Jean Prieur
(1914-2016), journaliste et écrivain français. Diplômé de
‘l’École libre des Sciences politiques’. Professeur de français-latin.
Rédacteur du journal parlé de la ‘Radiodiffusion française’, professeur
de langue et de civilisation françaises en Allemagne et en Norvège.
Sa rencontre avec Marcelle de Jouvenel, qui dit avoir reçu par
écriture automatique des messages de son fils Roland mort prématu-
rément, le convainc de se consacrer à l’étude de l’au-delà. Guidé par
son inspiration, publie des études sur les maîtres spirituels et l'après-
vie.
Dans son livre Les Tablettes d’Or, s’intéresse au "corps subtil",
base de tous les phénomènes dits paranormaux, connu de tout temps
par la tradition ésotérique universelle et méconnu par la science, la
philosophie et la théologie occidentales de ces trois derniers siècles.
Son ouvrage est un voyage initiatique à travers les religions, les philo-
sophies dissidentes, les traditions ésotériques et occultes des divers
siècles et des diverses cultures.
S’intéresse aussi à l’Apocalypse, à l’aura, aux symboles, à
Zoroastre, Swedenborg, Allan Kardec, Emmet Fox*, à l’âme des
animaux, etc.
* (1886-1951), une des principales figures de la mouvance de la Nouvelle Pensée (New
Thought) au sein du christianisme états-unien. Ses écrits spirituels prônent la pensée positive.
Il eut une influence importante sur les débuts des ‘Alcooliques anonymes’ aux États-Unis.
Émile Gillabert
« Je ne nie pas les miracles (de Jésus), je les néglige plutôt. Ils
sont pour moi de l’ordre extérieur. »
« L’éveil de la conscience a été confondu avec la "résurrection
des morts". Manger le pain de la Parole, s’abreuver à la coupe de
l’Enseignement est devenu la Cène (alors que Jean lui-même n’identifie
nullement la chair et le sang du Fils de l’Homme au corps et au sang
d’une victime offerte en sacrifice : le rachat par le sang est une idée de
Paul…) ».
Jean, considéré par certains comme Jean-Christian Petitfils comme l’évangéliste
le plus crédible, ne fait pas mention de la Cène, mais du lavement des pieds.
Pierre Nautin pense que la phrase « Ceci est mon corps » est la transposition
dans l’évangile d’un rite pratiqué par la communauté de Marc. Eugen Drewermann
affirme de son côté que le concept de théophagie ("manger Dieu") est totalement
étranger au judaïsme. Il émet l’hypothèse que la phrase « Ceci est mon corps » et
son interprétation comme transsubstantiation ont été introduits par les premiers
Chrétiens marqués par les religions à mystères.
É. G.
Joseph Moingt
(1915-2020), jésuite et théologien français. Prisonnier de guerre
évadé. Directeur de la revue Recherches de science religieuse,
enseignant au ‘Centre Sèvres’. « Mû par le désir d'exprimer la vraie foi,
la vraie tradition évangélique », « passe les dogmes à la moulinette. »
« L’Évangile n’est pas un code de pratique religieuse, il n’y en a
pas. Mais il abonde en préceptes de justice et de charité.»
«La volonté de Dieu est que l’homme se libère de ses entraves, y
compris celles posées au nom de Dieu. »
« Il faut que dans l’Église des théologiens fassent du neuf sans
être menacés d’excommunication. »
« Je vois l’avenir du christianisme davantage comme une éthique
évangélique que comme une religion et une pratique religieuse. »
« L’évangélisation doit être l’entretien des valeurs chrétiennes de
liberté, d’égalité et de fraternité en les laissant telles qu’elles sont
devenues : communes, sécularisées. » ../..
Joseph Moingt
« Au sujet de Marie, mère de Dieu, nous savons que la
représentation d’une divinité féminine et maternelle, d’une déesse
mère, domina gravida, madone enceinte, accouchant miraculeu-
sement, portant dans ses bras et allaitant l’enfant divin, est attestée
dans toutes les religions depuis les plus anciens millénaires par
l’archéologie et l’épigraphie.
À Rome et partout dans l’empire, on adorait la Grande Mère,
ou Mère des Dieux, ou Venus Genitrix. Il en allait de même là où va
apparaître le culte de Marie : en Anatolie, depuis l’époque
paléolithique, un culte était rendu à la mère des dieux, la déesse
Kourothropos, et à son divin fils représenté en beau jeune homme.
En Égypte, on vénérait Isis nourrissant son enfant Horus.
La connivence de la nouvelle dévotion à Marie Théotokos,
Mère de Dieu, avec un imaginaire religieux ancestral sera d’une aide
peu contestable pour la pénétration des dogmes chrétiens dans des
peuples encore marqués de religiosité païenne. ».
../..
Joseph Moingt
Dans L’esprit du christianisme (oct. 2018), revisite vigoureu-
sement les principaux dogmes de la foi (Incarnation, Trinité, Salut…),
sans se soucier d’abord d’orthodoxie. Il questionne les héritages
religieux, mythologiques et philosophiques qu’ils contiennent à la
recherche d’un sens universellement partageable du salut chrétien.
Il montre comment, à partir de la prédication évangélique, écho
des enseignements et de la pratique de Jésus, on a fait à partir du 3ème
siècle un système religieux avec ses évêques, son fonctionnement
clérical, son orthodoxie et son langage rituel inspiré de la liturgie juive.
Doutant d’un déverrouillage de cette situation dans l’Église
catholique, il lance un vigoureux appel aux laïcs à s’autoanimer et à
témoigner de la liberté et de la fraternité évangéliques.
« J'attends de voir Dieu, d'être en Dieu. » J. M.
« On sent que, le jour venu, le professeur Moingt ne sera pas
mécontent d'interroger l'élève Dieu. Lequel des deux devra s'expliquer ?
Ne préjugeons pas. » Jean-Pierre Denis
Thomas Merton
(1915-1968), écrivain, moine trappiste et militant social états-
unien. Études à Cambridge et à l’université Columbia à New-York.
Marqué par Dorothy Day. En 1941, entre à l'abbaye trappiste de
Gethsemani au Kentucky. En 1948 paraît son autobiographie, The
Seven Storey Mountain (‘La Nuit privée d’étoiles’), qui connaît un
immense succès.
Écrit de nombreux livres de spiritualité chrétienne, des
poèmes mais également des essais, notamment sur les questions
morales et éthiques concernant la guerre, l’armement nucléaire et le
racisme. Après le concile Vatican II, s'engage dans le dialogue
interreligieux,
Spécialiste du Zen et ami de Daisetz Teitaro Suzuki.
« La sainteté, c’est de devenir totalement soi-même. »
« Notre vie de membres d'une race troublée et perpétuellement
aux prises avec l'adversité nous offre l'évidence irritante qu'elle doit
avoir un sens, dont une partie nous échappe encore. Et notre but
dans la vie est de découvrir ce sens, et de demeurer en harmonie
avec lui. Nous avons donc une raison de vivre. »
Voir aussi T.M. dans le trombinoscope de la non-violence
Roger Schutz
(1915-2005), né en Suisse, Au début de la guerre, accueille avec
sa sœur Geneviève des dizaines de réfugiés juifs dans le village de
Taizé (Saône-et-Loire). En 1944, vient en aide aux prisonniers de guerre
allemands.
Fondateur en 1949 de la ‘Communauté de Taizé’, qui vise à la
réconciliation entre les peuples et au rapprochement des religions,
aujourd’hui présente au Brésil, au Sénégal, au Bangladesh, en Corée du
Sud, etc.
« Le dialogue interreligieux contribue à cette recherche du bien
commun. Quand il y a une confiance entre des responsables de
différentes religions, ils peuvent s’opposer ensemble à la violence, aux
injustices ».
« En face des sombres pronostics apportés par la prospective, il
importe de se souvenir que dans les périodes les plus difficiles, bien
souvent un petit nombre de femmes et d’hommes, répartis à travers le
monde, ont été capables de renverser le cours des évolutions
historiques, parce qu’ils espéraient contre toute espérance. » ■

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Chercheurs de sens. — 12. De 1908 à 1915

  • 1. Trombinoscope "Chercheurs d’humanité" Chercheurs de sens (art, religion, philosophie, spiritualité) 12 - de 1908 à 1915 É. G. 05.09.2021
  • 2. Mahmoud Muhammad Taha (1908-1985), ingénieur hydraulicien, parfois surnommé "le Gandhi soudanais". Condamné à deux ans de prison en 1946 pour s’être opposé aux Anglais durant la colonisation du Soudan. Crée des communautés d’homme et de femmes, les ‘Frères républicains’, sous le signe du partage des biens, de la prière, de la réflexion, du débat d’idées. Propose d’abandonner la charia du Mahomet de Médine (guerre contre les infidèles) pour établir la vraie charia de la Mecque (combat non-violent contre l’égoïsme et la violence). Affirme que la constitution soudanaise doit être réformée pour réconcilier « le besoin individuel de liberté absolue et le besoin commun de justice sociale totale ». Condamné dès 1968 comme hérétique par les responsables religieux. S’oppose au général Gaafar Nimeiry après la promulgation d’un code pénal conforme à la charia. Condamné à mort pour « hérésie, opposition à l’application de la loi islamique, trouble à la sécurité publique, incitation à s’opposer au gouvernement, et reconstitution d’un parti politique interdit.» Pendu en janvier 1985 dans sa prison à Khartoum. M.M.T. est aussi dans le trombinoscope de la non-violence
  • 3. Swami Muktananda (de Ganeshpuri) (de mukti, libération, et ananda, félicité), (1908-1982), aussi appelé Baba ("Papa") par ses disciples, guide spirituel indien et hindou. Disciple de Bhagawan Nityananda, reçoit de lui le shaktipat ("la descente de la grâce"), la transmission de l'énergie spirituelle. Enseigne le ‘siddha yoga’, basé sur le shivaïsme du Cachemire, philosophie plusieurs fois millénaire, dont le fondement est donné dans les Shiva Sutras, mis par écrit par le sage Vasugupta. Parcourt l'Inde à pieds, établit son ashram (Gurudev Siddha Peeth) à Ganeshpuri en 1961. Crée la SYDA Foundation (Siddha Yoga Dham of America) aux États-Unis pour administrer au niveau mondial le ‘siddha yoga’ qui gère 600 centres de méditation et 10 ashram. « L'objectif principal du Siddha Yoga consiste à développer pleinement la conscience de Dieu qui demeure enfouie en chaque être humain. Il combat la haine entre les peuples, l'irrespect, l'ignorance, l'apathie et le mensonge. Il suscite unité, connaissance, quête de la conscience intérieure, et réalisation du Soi intérieur. »
  • 4. Jacques Loew (1908 -1999), frère dominicain français, secrétaire du centre ‘Économie et humanisme’ à la demande du P. Louis-Joseph Lebret. Prêtre ouvrier (docker au port de Marseille) pendant 3 ans. Fondateur de la ‘Mission Ouvrière saints Pierre-et-Paul’ (MOPP), rapproche paroisse et mission pour un ‟apostolat intégral” en vue d’ ‟extirper les racines des malheurs injustes” qui pèsent sur les pauvres. Missionnaire au Brésil, formateur en Afrique et en Russie. Fondateur de l‘’École de la Foi’ à Fribourg (Suisse) à la demande du P. René Voillaume. À 85 ans, retiré d'abord à Cîteaux, puis à Tamié et, enfin, à Échourgnac, lit Maurice Zundel, Joseph Moingt, Bernard Feillet, connaît une crise intérieure, une sorte de nuit obscure qu'il compare à ce qu'avait vécu Thérèse de Lisieux. S'interroge sur la pérennité des institutions ecclésiales, « appelées à disparaître pour que naisse quelque chose d'autre ».
  • 5. Sœur Emmanuelle Madeleine Cinquin (1908-2008), religieuse née d’une mère belge et d’un père français, enseignante. À l’âge de la retraite, en 1971, s’installe dans un des bidonvilles les plus pauvres du Caire et y lance des projets d’éducation et de santé. Fondatrice avec sœur Sarah Ayoub Ghattas d’œuvres caritatives en Égypte et dans 9 autres pays. « Il ne faut jamais s’arrêter dans la vie. Il faut toujours s’acharner. Et on est toujours, toujours vainqueur.» « Éduquer un homme, c'est éduquer un individu ; éduquer une femme, c'est éduquer un peuple ». « Je n’ai jamais autant ri que dans le bidonville. On trouvait toujours des occasions de s’amuser.» « On ne possède pas le bonheur comme une acquisition définitive. Il s’agit à chaque instant de faire jaillir une étincelle de joie.» « La fierté, c'est la recherche de sa dignité personnelle. Ce n'est pas un défaut.» «Mystère du cœur de l'homme : le plus comblé réclame toujours davantage, nos financiers perdent le sommeil ; le plus démuni s’accom- mode de son gîte, nos savetiers et nos chiffonniers chantent. »
  • 6. Douglas Harding (1909-2007), architecte anglais, auteur de spiritualité non-dualiste. Originaire d’une famille de fondamentalistes chrétiens, les ‘Frères de Plymouth’ dont il sera excommunié en 1930. Après des études d'architec- ture, exerce ce métier dans lequel il connaît le succès en Angleterre et en Inde. Marqué par un dessin, Vue depuis l'œil gauche, du physicien et philosophe Ernst Mach (1838-1916) dessiné de son point de vue, c'est-à- dire ne reproduisant que ses pieds, ses jambes, ses mains, ses bras et son torse, sans sa tête ni son visage. Crée ‘La Vision Sans Tête’, voie de connaissance de soi pour nous permettre de répondre à la question : Qui suis-je ? Quelle est ma vraie nature ? Quelle est ma vraie identité, au-delà des apparences, des croyances et des certitudes sociales. Propose une douzaine d’expériences ou exercices pour découvrir notre vraie nature, non pas intellectuellement, mais dans notre vécu, passer du "concept au percept", des mots à la réalité. « Les noms que les religions donnent à ce qui est plus proche de moi que mon propre moi sont variables (atman-brahman, nature de Bouddha, Allah, Christ) mais toutes, dans leur fond, affirment, au-delà de leurs différences de formes et d’expression, que nous trouvons le divin en nous. »
  • 7. Helder Camara (1909-1999). Brésilien, évêque catholique d’Olinda et Recife de 1964 à 1985. Quitte son palais épiscopal et s’installe dans une modeste maison au cœur d’un bidonville. Défenseur des droits humains, figure de la théologie de la libération, s’engage au côté des plus pauvres. Marginalisé dans l’épiscopat brésilien et opposant à la dictature des généraux entre 1964 et 1985, fait une tournée de conférences en Europe, dénonce la torture, la dictature, la misère, la guerre du Vietnam, les ventes d’armes. Se référant à Gandhi et à Martin Luther King, met en place une pastorale dirigée vers le service des pauvres, souhaite que les prêtres soient formés à l’action sociale comme à la théologie. ../..
  • 8. Dom Helder Camara Son successeur nommé par Jean-Paul II, Jose Cardoso Sobrinho, fera table rase de toute l’action de son prédécesseur. « Quand je donne à manger aux pauvres, on m’appelle un saint. Quand je demande pourquoi il y a des pauvres, on me traite de communiste » « Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations. La seconde est la violence révolutionnaire qui naît de la volonté d’abolir la première. La troisième est la violence répressive qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant complice de la première. »
  • 9. Yannis Ritsos (1909-1990), poète grec. Sa famille très tôt détruite et les attaques de tuberculose marquent sa vie et obsèdent son œuvre. Milite au Parti Communiste Grec (KKE) en 1931. En 1936, son livre Épitaphe, qui décrit la douleur et les pleurs d’une mère dont le fils a été tué par la Police après une marche d’ouvriers à Thessalonique, est brûlé au pied de l’Acropole par le dictateur Ioannis Metaxas . Résistant pendant la 2ème Guerre mondiale. Prisonnier politique de 1948 à 1952. Entre 1967 et 1970, tenu reclus sur l’île de Gyaros par le régime dictatorial de Papadopoulos. Ses écrits durant cette période sont des réflexions liées à des sujets essentiels comme la vieillesse, la mort, l’amour. . Meurt alors que s’effondre, dans les pays socialistes, le rêve pour lequel il a lutté et souffert pendant tant d’années. « La liberté, chacun de nous la doit donc à tous. Une liberté qui ne serait que pour un seul homme ne sert à rien, pour autant qu’elle existe. Elle ne vaut même rien pour lui. » « Quand il s’en ira (car tous s’en vont un jour), j’imagine qu’il restera un très doux sourire en ce bas monde, un sourire qui n’arrêtera pas de dire "oui" et encore "oui" à tous les espoirs séculaires et démentis. » « Les morts ne ressuscitent pas. Ils existent. »
  • 10. Tullio Vinay (1909-1996), pasteur de l'Église vaudoise d'Italie. Études à Rome et à Edimburgh. Avec sa femme Fernanda, sauve à Florence des Juifs persécutés pendant la 2ème guerre mondiale. Crée en 1947 le Centre oecuménique de rencontres ‘Agapè’ (amour, en grec) à Prali dans les montagnes du Piémont, organise de camps de jeunes européens pour la réconciliation. Avec une douzaine d’amis, construit en 1961 le Servizio Cristiano, à Riesi, au service des plus pauvres de la Sicile et malgré les menaces de mort de la mafia : école, centre de formation agricole, hospice, etc. Visite les prisonniers politiques des troupes d'occupation au Vietnam, sillonne l'Europe, et va jusqu'aux États-Unis pour dénoncer la torture, les traitements dégradants et l'horreur des “cages à tigres”. Suite à une de ses conférences à Versailles en 1974, Hélène Engel et Édith du Tertre, avec d’autres, fondent l’ACAT (‘Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture’). Élu sénateur en 1976, se préoccupe des plus petits durant deux législatures, jusqu’en 1983.
  • 11. Madeleine Barot (1909-1995), militante française, engagée dans le protestantisme, l'œcuménisme et la défense des droits humains. DES d’histoire à la Sorbonne, bibliothécaire à l’’École française de Rome’ de 1935 à 1940. Proche du pasteur Marc Boegner, nommée en août 1940 secrétaire générale de la Cimade, ‘Comité inter-mouvements auprès des évacués’. Multiplie les visites dans les camps, organise des centres d’accueil au Chambon-sur-Lignon, met en place des filières d’évasion en Suisse pour les Juifs les plus menacés. En 1953, devient directrice du département ‘Coopération entre hommes et femmes dans l’Église et la société’ du ‘Conseil Œcuménique des Églises’. Après 1968, voyage en Afrique Noire, à Madagascar et en Amérique du Sud où elle joue, en pleine période de décolonisation, un rôle primordial dans la promotion de la condition féminine. En 1980, Vice-Présidente de l’ACAT (‘Action des Chrétiens pour l’abolition de la torture’), puis membre de la ‘Conférence des religions pour la paix’.
  • 12. Jean Onimus (1909-2007), agrégé et docteur es lettres, professeur à l’univer- sité d’Aix-Marseille puis de Nice, conférencier de l’’Alliance Française’, auteur de 38 ouvrages. Spécialiste de Péguy, Camus, s’intéresse aux grands poètes du 20ème siècle. Auteur d'essais sur les questions du savoir et de l'enseignement, de la religion, attentif aux mutations de la culture et de la société. Enseigne dans des universités étrangères aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande, au Brésil et au Canada. Se veut « professeur d'existence ». Son immense culture nourrit un christianisme interrogatif, vivifié par Teilhard de Chardin, ouvert sur les problèmes de l'univers et de la connaissance, en vraie sympathie avec l’œuvre de Marcel Légaut. « Le père Teilhard de Chardin, jésuite, fut avant tout un grand scientifique dont les travaux furent déterminants pour la connaissance des origines de l'Homme. Toute sa vie durant, il développa une extraordinaire synthèse des sciences de la terre, de l'anthropologie et de la métaphysique chrétienne. Ses thèses, sans cesse confortées par les recherches actuelles, connaissent une audience de plus en plus grande, à la fois parmi les croyants, les scientifiques, et tous ceux qui considèrent comme caduques les vieilles frontières entre Matière et Esprit. »
  • 13. Jean Onimus Montre comment les évangiles ont été constitués, dresse d’après la classification de Le Senne un portrait psychologique de Jésus, cherche à comprendre comment son message a pu être si profondément défiguré. « L'Évangile a été récupéré, sanctifié, mis hors d'état de nuire parce qu'il est redoutable pour tout ordre social, quel qu'il soit. En l'enfermant dans un cadre religieux, nos aïeux l'ont figé dans l'irréel, ce qui rassure. (J’ai) été alerté par une phrase de Proudhon : " Jésus : une individualité à retrouver, à resituer, à refaire presque, tant il a été dissous, pulvérisé par la religion dont il est l'auteur. » « Notre tâche est désormais semblable à celle des archéolo- gues : relever l’authentique, rejeter la sédimentation des siècles qui n’a jamais cessé d’édulcorer et d’enjoliver . (…) Cette mosaïque de paroles si suggestives, pathétiques, humoristiques a plus contribué au succès du christianisme que les subtiles argumentations de Paul : c’est de ce côté-là que gît le trésor, le reste est en train de tomber en poussière. (…) Ce n’est pas l’avenir du christianisme qui est désormais en question, l’affaire est dépassée : c’est le rêve de Jésus ! L’évangile nous invite à un accomplissement de la nature divine dont nous portons en nous le germe. »
  • 14. Jean Onimus « Devenir ce que l’on est exige une implication totale, une intensité d’attention et de participation, en un mot : une présence. Elle seule peut redonner chaleur humaine et résonance infinie à la moindre action, à la plus simple relation. » « Toutes les religions sont gravement touchées par l'évolution de la pensée et de la vie modernes. Certaines se crispent sur leurs traditions et se montrent d'autant plus fanatiques qu'elles perçoivent à quel point le monde les abandonne. D'autres tentent de se renouveler, ce qui s'avère très difficile pour les religions qui obéissent toutes à leurs traditions. Elles ne subsistent que par habitude, agonisant lentement, faute de fidèles et de missionnaires. » « Si Dieu n'est pas une personne, mais une force universelle qui maintient l'univers, alors la prière n'est plus une demande d'aide qui s'adresse à un potentat qu'il faut flatter, soudoyer, séduire. La prière change de nature, elle devient une célébration, une sorte de reconnaissance, une promesse de participa- tion active au Devenir universel. »
  • 15. Simone Weil (1909-1943), philosophe et écrivaine française née dans une famille juive mais agnostique. École Normale Supérieure, agrégée de philosophie puis ouvrière à la chaîne. Résistante au franquisme et au nazisme. Séjour aux États-Unis. Rédactrice dans les services de "la France Libre" à Londres en 1942 . Dénonce la violence dans le système industriel, dans les mécanismes de la vie collective (partis politiques, système pénal, etc.), dans le nationalisme et le miltarisme, et même dans les luttes de libération. Son expérience de la guerre civile espagnole lui montre la perversité de l’utilisation de moyens en contradiction avec la fin recherchée. S’indigne surtout de la collusion du christianisme avec la violence, au point de refuser le baptême après sa conversion. ../..
  • 16. Simone Weil Qu’on exerce la violence ou qu’on la subisse, « de toutes manière son contact pétrifie et transforme un homme en chose. » « Frapper ou être frappé, c’est une seule et même souillure. Le froid de l’acier est pareillement mortel à la poignée et à la pointe. » Nous tuons « pour nous venger d’être mortels. » « S’efforcer de devenir tel qu’on puisse être non-violent .(…) S'efforcer de substituer de plus en plus, dans le monde, la non-violence efficace à la violence." « L’amour fait la guerre aussi bien que la paix. Amour va à la guerre plus naturellement qu’à la paix, par ce fanatisme qui fonde la tyrannie (…) La paix ne sera pas fondée par l’amour, mais par la pensée. » « La plénitude de l'amour du prochain, c'est simplement d'être capable de lui demander : "Quel est ton tourment ?" » « La religion en tant que source de consolation est un obstacle à la véritable foi, et en ce sens l'athéisme est une purification.» « Il faut penser à l’intérieur du cœur » ../..
  • 17. Simone Weil Définit « l’enracinement » comme « la participation réelle, active et naturelle à l’existence d’une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d’avenir », le monde d’après devant quitter la logique des droits pour être celui des « devoirs envers l’être humain », des « obligations », chacun étant redevable à l’autre au seul motif de leur humanité commune. « La chrétienté est devenue totalitaire, conquérante, extermina- trice parce qu’elle n’a pas développé la notion de l’absence et de la non-action de Dieu ici-bas. Elle s’est attachée à Jéhovah autant qu’au Christ ; elle a conçu la Providence à la manière de l’Ancien Testament. Israël seul pouvait résister à Rome parce qu’il lui ressemblait, et le christianisme naissant portait ainsi la souillure romaine avant d’être la religion officielle de l’Empire. » « Je pense qu’il faut toujours soutenir ce qu’on pense, même si on soutient aussi une erreur contre une vérité ; mais en même temps il faut prier perpétuellement pour obtenir plus de vérité, et être continuel- lement prêt à abandonner n’importe laquelle de ses opinions dès l’instant où l’intelligence recevra davantage de lumière. Mais non auparavant. »
  • 18. Leonidas Proaño (1910-1988). Équatorien, évêque de Riobamba et de la province de Chimborazo, nommé “l’évêque des Indiens” pour son action constante en faveur des populations indigènes. Refuse l’érection dispendieuse d’une nouvelle cathédrale, redistribue aux indigènes des terres appartenant à l’Église. Crée un Centre d’études et d’action sociale pour promouvoir la conscientisation et l’organisation des paysans. Arrêté le 12 août 1976 lors d’une conférence pastorale. Le ministre de l’Intérieur fait longuement état devant la télévision d’un texte prouvant “des activités subversives à caractère politique” saisi lors de la réunion, relatif à l’action non-violente. «Le dossier authentiquement subversif n’a pas été emporté : ils ont oublié l’Évangile ! »
  • 19. Henri Le Saux (1910-1973), moine bénédictin français breton. Rejoint le P. Jules Montchanin en Inde en 1948, fonde avec lui l’ashram Shantivanam (« le bois de la paix ») sur les rives du fleuve Kâverî. Après avoir rencontré Ramana Maharshi (1879-1950), est profondément marqué par la spiritualité hindoue et devient ermite. Suite à sa rencontre avec le maître spirituel tamoul Gnanananda, prend le nom sanskrit de Abhishiktananda (« celui qui met sa joie dans l’Oint ») et alterne une vie d’ermite à Rishikesh, au pied de l’Himalaya, et une vie de nomadisme, coupée de rencontres interreligieuses et de correspondance. « Il n’y a que deux espèces de gens qui soient en paix : ceux qui n’ont rien compris au mystère de Dieu et qui croient l’avoir compris, les théologiens; ceux qui ont “réalisé“ et ont accepté de ne rien savoir sur Dieu. » « L'expérience de l'Absolu dont témoigne si puissamment la tradition mystique de l'Inde est comprise en sa plénitude dans le " Moi et le Père nous sommes Un " de Jésus. »
  • 20. Jacques Berque (1910-1995), sociologue et anthropologue orientaliste français. Titulaire de la chaire d’histoire sociale de l’Islam contemporain au ‘Collège de France’ de 1956 à 1981. Membre de l’’Académie de langue arabe’ du Caire depuis 1989, traducteur du Coran. Durant un quart de siècle, effectue un va-et-vient continuel entre Paris, où il enseigne, et les pays méditerranéens dont il étudie la sociologie et l'anthropologie des peuples. Promeut un islam de progrès ouvert sur la laïcité et la libération de la femme Décrit l’utopie d’une ‟Andalousie”, celle d’un monde arabe renouvelé retrouvant à la fois ses racines classiques et sa capacité de tolérance et d’ouverture. « Comme tous les textes religieux, le Coran se prête à des exégèses multiples : large ou rigoureuse, traditionaliste ou réformiste, juridique ou mystique, etc. Celle des islamistes, qui fait grand tapage aujourd'hui, procède moins d'un renouveau de la lecture que d'une mobilisation du religieux à des fins politiques. » « J’appelle à des Andalousies toujours recommencées, dont nous portons en nous à la fois les décombres amoncelés et l'inlas- sable espérance ».
  • 21. Mère Teresa Anjezë Gonxhe Bojaxhiu (1910-1997), religieuse catholique albanaise naturalisée indienne. Vit pendant 50 ans une "nuit de la foi" qui l’amène à se rapprocher des plus pauvres. Fonde en 1950 la congrégation des Missionaries of Charity : école pour les enfants de la rue, ouverture de mouroir, soupes populaires, centres d’aide familiale, hôpitaux, actuellement dans 123 pays. Critique le matérialisme et l’égoïsme des sociétés occidentales. « Nous courrons comme des fous après les progrès matériels ou les richesses. Les enfants n’ont plus de temps pour leur parents, ni les parents pour leurs enfants et pour eux-mêmes. C’est de la famille elle-même que provient la rupture de la paix dans le monde. » ../..
  • 22. Mother Teresa La vie est une chance, saisis-la. La vie est beauté, admire-la. La vie est béatitude, savoure-la. La vie est un rêve, fais-en une réalité. La vie est un défi, fais-lui face. La vie est un devoir, accomplis-le. La vie est un jeu, joue-le. La vie est précieuse, prends-en soin. La vie est une richesse, conserve-la. La vie est amour, jouis-en. La vie est un mystère, perce-le. La vie est promesse, remplis-la. La vie est tristesse, surmonte-la. La vie est un hymne, chante-le. La vie est un combat, accepte-le. La vie est une tragédie, prends-la à bras le corps. La vie est une aventure, ose-la. La vie est bonheur, mérite-le. La vie est la vie, défends-la.
  • 23. Louis Évely (1910-1985), écrivain belge, docteur en droit et en philosophie, prêtre catholique, enseignant, Résistant, puis moine et conférencier. Interdit de publication par son évêque, quitte la prêtrise. Crée en 1982 avec son épouse Marie van der Meersch à Piégros- la-Claste (Drôme) un centre de rencontres spirituelles, ‘L’Aube’. Auteur d’une trentaine de livres. « Jésus a t-il fondé une religion ? Ou les a t-il toutes abolies en proclamant qu’il faut détruire les temples parce que le vrai temple de Dieu, c’est l’homme ; qu’il faut abandonner les cultes parce que le vrai service de Dieu, c’est le service de l’homme ; qu’il faut transgresser la loi parce que la seule loi est "Aimez-vous les uns les autres" ? » « Peut-être que le cœur du christianisme est d’avoir compris que Dieu dépend de nous plus que nous ne dépendons de lui. Que les parents dépendent plus des enfants que les enfants des parents. » ../..
  • 24. Louis Évely « Dieu ne parle pas, Dieu n’a jamais parlé ; dès qu’il y a parole, soyez sûr que c’est l’homme qui parle. Mais Dieu se donne, et cette formidable proposition, cette sollicitation muette creuse en l’homme une nostalgie, fait jaillir un appel, une interrogation, une souffrance et un bonheur qui s’expriment dans les livres soi-disant révélés. Il n’y a pas de livres révélés, il n’y a que des livres révélants qui expriment tant mal que bien l’expérience de ceux qui les ont écrits et dévoilent l’expérience de ceux qui les lisent du dedans. Laissons tomber toutes ces fictions d’élection d’un peuple d’élus, d’interventions successives de Dieu pour nous dire ou nous donner autre chose que ce qu’il nous a confié à tous dès l’origine ! »
  • 25. Guy-Marie Riobé (1911-1979), Français, évêque catholique d’Orléans de 1963 à 1979. Découvre le christianisme avec le jésuite Prosper Monier en 1945, marqué par la spiritualité de Charles de Foucauld. En 1969, témoigne au procès de 3 Orléanais qui revendiquent un statut d’objecteurs de conscience et préconisent une défense non- violente. Proteste avec Helder Camara contre les ventes d’armes françaises au Brésil. Prend position en été 1973 contre les essais nucléaires français dans le Pacifique (est renvoyé "à ses oignons" par l’amiral Marc de Joybert), contre le racisme, la peine de mort, les régimes dictatoriaux, et l’immobilisme de l’Église catholique. « L’une des affirmations centrales de l’espérance chrétienne, c’est que la violence n’est pas une fatalité, et que, par conséquent, l’histoire peut devenir non-violente.» G.R. est aussi dans le trombinoscope des chercheurs de sens
  • 26. Chico Xavier Francisco Cándido Xavier (1910-2002), médium et spirite brésilien. Ses parents, tous deux analphabètes, ont 9 enfants. À 5 ans, après avoir perdu sa mère, commence à entendre des voix. Travaille dès 9 ans, comme tisserand, tout en continuant l'école primaire. À 12 ans, rédige en classe une rédaction remarquable et explique à sa maîtresse que ce texte lui a été dicté « par un homme d’un autre monde ». À la suite de la guérison de l'une de ses sœurs souffrant d'obsession, adhère au spiritisme, et sa famille avec lui. Fonde en 1927 le ‘centre spirite Luiz Gonzaga’ à Pedro Leopoldo, s'investit dans son activité de médium et développe ses capacités en psychographie. Affirme voir, en 1931, son guide spirituel sous la forme d'un esprit prénommé Emmanuel*. Sous l'influence des "esprits", produit 496 livres et textes de sagesse et de spiritualité, dont 39 parus après sa mort, et une centaine édités dans plusieurs langues. Nosso Lar ("Notre demeure") - La vie dans le monde spirituel (1944) est diffusé à plus de 1,3 million d'exem- plaires.** Beaucoup de ses livres sont traduits en anglais, français et espagnol. La totalité des droits d’auteur revient à des associations caritatives, Chico ne vivant que de son maigre salaire d'employé au ministère de l'agriculture. ../.. *qui selon Xavier, a vécu dans la Rome antique en tant que sénateur Publius Lentulus , s'est réincarné en Espagne en tant que père Damien, puis en tant que professeur à la Sorbonne ** Selon l’avant-propos de l’édition française, ce texte est attribué au médecin André Luiz qui raconte les événements consécutifs à sa mort, transcrits en psychographie par Chico Xavier.
  • 27. Chico Xavier Se décrit comme un "moins que rien", un homme "d'une absolue insignifiance", "simple serviteur " de ses bienfaiteurs spirituels. À partir de 1957, s’installe à Uberaba qui devient un lieu de rassemblement pour les spirites du monde entier. Son centre participe à l’alimentation et l’aide aux plus pauvres, et à la délivrance d’obsessions. À partir des années 1960, "reçoit" environ 10 000 lettres adressées par les esprits à leurs familles. En1979, l'un de ces "messages personnels", versé au dossier d'une affaire criminelle, permet d'innocenter un jeune homme, Jose Divino Nunes, accusé d'avoir tué son meilleur ami, Maurício Henriques. Les scientifiques et rationalistes voient en lui un humaniste, mais n'arrivent pas à démontrer de supercheries. En 1978, la NASA mène des recherches sur ses dons psychiques. L'ingénieur en électronique Paul Hild* reste 6 jours à Uberaba où il utilise un équipement électronique sophistiqué. Il déclare que « l'un des dispositifs a cessé de fonctionner sous la force du regard du médium » et que l'aura spirituelle de Chico Xavier peut générer un rayonnement d’une dizaine de mètres, fait considéré comme extra- ordinaire, car « d'autres médiums testés ont montré une aura d'un rayon de 2 centimètres à 4 mètres». Carlos Augusto Perandrea, professeur à l’université de Londrina (Parana) et expert judiciaire (photo ci-contre), compare pendant 13 ans les écrits psychographiés par Chico Xavier avec les écrits que les défunts ont écrits de leur vivant : le graphisme et la signature sont semblables. * Paul Hild est introuvable sur Internet : ce paragraphe est écrit sous réserve. ../..
  • 28. Chico Xavier Sous son impulsion, le Brésil devient la patrie d'adoption du spiritisme : il y compterait 20 millions de sympathisants dont 2,3 millions de pratiquants, ce qui en ferait la troisième religion du pays. Reçoit d'innombrables hommages tant du peuple que d'organismes publics. En 1981, le Brésil le propose comme candidat au prix Nobel de la paix. En 2000, élu ‘Minéro* du XXe siècle’, à la suite d'un sondage auprès de la population de l'État brésilien où il réside. Après sa mort, les députés de l’Assem- blée nationale brésilienne reconnaissent son rôle dans le développement spirituel du pays. « Bien que personne ne puisse revenir en arrière et prendre un nouveau départ, tout le monde peut commencer maintenant et préparer une nouvelle fin. » « Il est indispensable de méditer sur la connaissance de nos potentiels infinis, les appliquant, à notre tour, au service du bien. » « Chimistes et physiciens, géomètres et mathématiciens, élevés à la condition d’investigateurs de la vérité, sont aujourd’hui, sans qu’ils l’aient voulu, des prêtres de l’Esprit. En conséquence de leurs recherches acharnées, le matérialisme et l’athéisme seront amenés à disparaître. » « La mort physique n'est pas la fin. Ce n'est juste qu'un changement de chapitre dans le livre de l'évolution et du perfection- nement. » * Habitant du Minas Gerais
  • 29. Louis Dumont (1911-1998), anthropologue français. Directeur d'études à ‘l'École pratique des hautes études’ (EPHE) où il cocrée le ‘Centre d'études indiennes’. Spécialiste de l'Inde et notamment du système des castes. Sa réflexion porte également sur les sociétés occidentales en s'appuyant sur des analyses comparatives. Son œuvre concerne l'ensemble des domai- nes des sciences sociales : philosophie, histoire, droit, sciences politi- ques, sociologie et anthropologie. Si la civilisation indienne est caractérisée par une pensée de la hiérarchie (le système de castes) et une idéologie holiste, la civilisation occidentale se caractérise par une pensée de l'égalité et de la prévalence de l’individu. Montre que dans la tradition bouddhiste, les concepts de "non-soi" ou d’impermanence contredisent notre attachement au "moi" individuel, au sujet*. Cette idée de sujet est tout aussi absente de la philosophie confucéenne. * pour Jean-Claude Guillebaud, « l’autonomie de la personne » est « la capacité offerte aux hommes et aux femmes de s’émanciper des pesanteurs cléricales, villageoises, familiales, culturelles; de s’affranchir des commandements du groupe, de faire prévaloir cette extraordinaire autonomie du moi, historiquement conquise contre le holisme, lequel, sous ses divers aspects et sous tous les cieux, tendait à faire passer le "tout" du collectif avant la "partie" que représente l’individu. »
  • 30. Emil Cioran (1911-1995), philosophe, poète et écrivain roumain, d'expression française à partir de 1949. Études de philosophie à Bucarest et à Berlin. Interdit de séjour dans son pays d'origine à partir de 1946, année à laquelle il devient apatride, pendant le régime communiste. Passe en France la majeure partie de sa vie. Son œuvre, essentiellement composée de recueils d’aphorismes, est marquée par l’ascétisme et l’humour, le pessimisme, le scepticisme et la désillusion. Condamne l’homme à errer sans raison dans univers vide de Dieu. Selon lui, seul le mystère de la vie et la curiosité qu'elle suscite constituent une raison de continuer à vivre. Déclare avoir passé sa vie à recommander le suicide par écrit, mais à le déconseiller en paroles car, par écrit, cela relève du monde des idées alors que, en paroles, il fait face à des interlocuteurs de chair et de sang. Pour lui, il ne s'agit pas seulement de comprendre ou de savoir, à la manière du professeur d'université, mais surtout de sentir toutes les vicissitudes de l'existence humaine. Dans la solitude, le dénuement matériel et le retrait des divertissements modernes, s'établit une démarche philosophique et spirituelle comparable à l'ascétisme proposé par le bouddhisme.
  • 31. Dimitri Panin (1911-1987), physicien russe, écrivain, philosophe et métaphysicien orthodoxe. Ingénieur de l'École Polytechnique, interné dans des camps car il a conteste le régime soviétique. Passe deux ans dans un bagne avec Alexandre Soljénitsyne, et 16 ans dans les camps du Goulag (1940-1956). Réfugié en France en 1972 Ce qui lui tient à cœur est la réconciliation de la science et de la foi et la fondation d'une éthique. Dans son livre Le monde oscillatoire (1974), compare le développement du monde au mouvement d'un immense pendule s'approchant du point final de son amplitude. Théorie des densités" (1982) est son œuvre la plus ambitieuse, mais aussi la plus étrange, où la physique quantique est interprétée à la lumière d'une foi ardente dans la création divine et dans le mystère de la Trinité. Cette véritable anthropologie embrasse dans son système à la fois les causes premières et les fins dernières.
  • 32. Mounir Hafez (1911-1998), enseignant et chercheur français d’origine égyptienne. Apparenté à la famille royale, s'installe définitivement en France à partir de 1952, lorsque la révolution nassérienne le contraint à l'exil. Après des études classiques, s’oriente vers la philosophie et la littérature, termine ses études à la Sorbonne. À partir de 1954, élève d’Henry Corbin à ‘l'École pratique des Hautes Études’. Soutient une thèse sur la mystique musulmane, collabore à diverses revues, dont La Tour Saint-Jacques, de Robert Amadou, participe à un groupe de recherches sur ‘l'Histoire des Sciences Traditionnelles’. Disciple et ami de Louis Massignon à qui il doit son intérêt pour al Hallâj. S’intéresse à l'hermétisme et à l'alchimie, étudie l'astrophysique, ne cesse, sa vie durant, de tisser des liens entre les mondes géographiques et intellectuels. Référence majeure du soufisme en France. La majeure partie de son oeuvre reste inédite : elle consiste en quelque 200 confé- rences publiques et surtout privées. Ne fait allégeance à aucun système de pensée, pour lui « L’interprétation est toujours à revoir...», refuse toute connaissance de seconde main, ne cesse de répéter qu’il faut partir d’une expérience que l’on a soi-même de la vie, de sa vie, et rester libre. « La rencontre avec soi-même est le but ultime du voyage, c'est à la fois être ce que l'on est, et être autre que ce que l'on est. (…) Dans ce voyage, on peut dire que le bagage essentiel, c'est l'amour. »
  • 33. Olivier Rabut (1911-1991), ingénieur de l’’École polytechnique’, dominicain de 1934 à 1942. Demande son retour à l’état laïc après le refus de l’imprimatur pour son livre L'expérience religieuse fondamentale. Traite de questions majeures, le fait avec une parfaite honnêteté intellectuelle, est soucieux d’authenticité. Affirme que les certitudes spirituelles du christianisme sont réelles et ses certitude doctrinales improbables. Considère que l'immuabilité doctrinale ne s'inscrit pas dans un processus de vie et montre qu'une recherche articulée avec les découvertes de la science valoriserait le meilleur du christianisme et la crédibilité de l'Église. Ouvrages : Dialogue avec Teilhard; La vérité de l'action; La vérification religieuse; L'expérience religieuse fondamentale; Un christianisme d'incertitude; Le doute et l'absolu, Le Mal, question sur Dieu; Jésus sans uniforme, Valeur spirituelle du profane, Peut-on moderniser le christianisme ?, L'Après-croyance, et articles nombreux, comme Physique quantique et problème de Dieu, L’inconscient dans le dogme, etc. « La négation de Dieu serait aussi dogmatique que l’affirmation de son existence. » À côté des recherches de Dieu imaginaires et abstraites, « il en existe qui transforment l’existence humaine.» ../..
  • 34. Olivier Rabut « C'est bien l'impulsion spirituelle issue du Christ qui m'oblige aujourd'hui à mettre la doctrine en question (...) car l'évangile exige la probité de l'esprit poussée au besoin jusqu'à l'héroïsme. » « N’avez-vous jamais été mordu par le sentiment d’une nécessité intérieure, celle de pousser comme une plante, de mûrir comme un fruit, sans savoir ce que signifie "pousser", "mûrir", et vouloir forcer cette connaissance ? » « Le sens fondamental des racines hébraïques et araméennes qu’on peut traduire par le mot "foi", c’est celui d’accueillir toute lumière spirituelle. » « La vraie liberté consiste à pouvoir s’accorder à sa nécessité intérieure, une nécessité qui nous dépasse, qui se dévoile en nous par longue maturation. » « L’exigence primordiale ne montre que très progressivement son ampleur, parce qu’elle est d’ordinaire très loin de nos premières estimations, nous sommes entraînés dans un mouvement où l’inatten- du abonde. La formule "mourir pour vivre" peut se comprendre dans ce sens d’une refonte totale. »
  • 35. Bruno Hussar (1911-1996), né au Caire d’un père juif hongrois et d’une mère française. Sort ingénieur de l’École Centrale de Paris avec "le désir de construire des ponts… entre les hommes". Devenu religieux dominicain, est envoyé en Israël en 1952 en raison de ses origines juives. Fonde à Jérusalem la Maison Saint-Isaïe, centre dominicain d'études du judaïsme. Obtient la nationalité israélienne en 1966. Fonde en 1970 près de Latrun, entre Jérusalem et Tel- Aviv, le village Neve Shalom - Wahat as Salam ("Oasis de Paix") où habitent plusieurs dizaines de familles d’Israéliens juifs et arabes qui oeuvrent à l’égalité des droits et à l’entente entre les 2 peuples.
  • 36. Abbé Pierre Henri Grouès, (1912-2007), Français, capucin, Résistant sous le nom clandestin d’abbé Pierre. Député du ‘Mouvement Républicain Populaire’ (MRP). Fonde en 1949 le ‘Mouvement Emmaüs’, organi- sation laïque de lutte contre l’exclusion. À Georges, désespéré qui songe à se suicider, demande « Viens m'aider à aider ! ». Lance le 1er février 1954 un appel pour le logement des sans- abris. Soutient en 1971 la création d’’Emmaüs International’. « Nous avons autant besoin de raisons de vivre que de moyens de vivre.(…) L’espérance, c’est croire que la vie a un sens. » « Quand on s’indigne, il convient de se demander si l’on est digne. » « L’enfer, c’est soi-même coupé des autres. » « La responsabilité de chacun implique deux actes : vouloir savoir, et oser dire. » « Le partage de l’humanité ne se fait pas entre croyants et non- croyants, mais entre les idolâtres de soi et les communiants. » « Partageons ! Donnons ! Tendons la main aux autres ! Gardons toujours comme un carreau cassé dans nos univers bien feutrés pour entendre les plaintes qui viennent du dehors. »
  • 37. Jacques Ellul (1912-1994), sociologue français, théologien protestant. Professeur d’histoire du droit à Bordeaux, pionnier de l’écologie et de la critique de la civilisation technicienne. Son œuvre d’une soixantaine de livres est centrée sur la notion de liberté : « Exister, c’est résister ». Connaît une expérience spirituelle à l'âge de 17 ans : « J'ai senti cette espèce de présence indiscutable, quelque chose d'effarant, de stupéfiant, qui m'a absolument saisi » et se convertit au protestantisme. Se livre à une critique du christianisme, dont il considère qu'à partir du 4ème siècle, sous Constantin, il a été subverti par sa collusion avec l'État, allant même jusqu'à affirmer, deux ans avant sa mort, que « le christianisme est la pire trahison du Christ ». Ne conçoit pas la Bible comme un livre de recettes ni même un livre de réponses à nos questions, mais comme un livre qui renvoie l'homme à sa liberté et à sa responsabilité. La Bible fustige la religion tout autant que les pouvoirs en place et met en valeur le dialogue direct, sans aucun intermédiaire, entre l'homme et Dieu. ../.. Voir aussi J. Ellul in trombinoscope Chercheurs d’alternatives écologiques et in trombinoscope Chercheurs de changement societal.
  • 38. Jacques Ellul À l'instar de Kierkegaard, relativise l'importance des exégèses bibliques, y compris la sienne, qu'il range au registre des "vanités". Il importe « de se laisser d'abord saisir par la beauté du texte, le recevoir dans l'émotion et l'écoute silencieuse comme une musique, et laisser sa sensibilité, son imagination parler avant de vouloir analyser et "comprendre" ». Voit une "tension dialectique" entre l'anarchisme et le christianisme mais refuse catégoriquement l'idée même d'une synthèse, ceci à la fois au nom du commandement « Rendre à Dieu ce qui est à Dieu et rendre à César ce qui est à César » et en vertu du principe de laïcité. « Comment se fait-il que le développement de la société chrétienne et de l’Église ait donné naissance à une société, à une civilisation, à une culture en tout inverses de ce que nous lisons dans la Bible, de ce qui est le texte indiscutable à la fois de la Torah, des prophètes, de Jésus et de Paul ? [...] Il n'y a pas seulement dérive, il y a contradiction radicale, véritable subversion. » « Le Christ a annoncé l’Évangile, le diable en a fait une religion ! » Voir aussi J. Ellul dans les trombinoscopes Changement sociétal, Non-violence et Écologie.
  • 39. Jacques Sommet (1912-2012), jésuite français. Opposant au nazisme, déporté à Dachau. Exerce diverses responsabilités importantes avec un intérêt constant pour la rencontre des incroyants et du mouvement ouvrier. Responsable du ‘Centre de recherche et d’action sociales’ (CERAS) de 1979 à 1982. Sait manier ensemble analyse politique, engagement social, ouverture internationale et souci des plus démunis au nom de l’Évangile. C’est « seulement dans la rencontre avec les hommes qui ne sont pas dans l’univers chrétien que la foi de ce temps peut prendre sa démesure, c’est-à-dire sa dimension réelle. » « Le pardon par lequel je souhaite finir le conflit, j’en inscrits la perspective dès le début. (…) Mais pour que cette rencontre se poursuive en vérité et dans le respect, j’ai le devoir de ne pas être naïf, de vérifier les dires de l’autre et d’interrompre la relation dès que je vois qu’elle ne se situe pas dans la vérité. La justice est nécessaire au pardon ».
  • 40. Xavier Léon-Dufour (1912-2007), jésuite et théologien catholique français, Résistant pendant la 2ème Guerre mondiale. Professeur d'Écriture sainte au ‘Centre Sèvres’ et directeur de collections aux éditions du Seuil et du Cerf. À la fois chercheur et pasteur, a toujours revendiqué le pouvoir de proposer une interprétation moderne de l’évangile. Voyage en Inde et au Japon, entretient des contacts avec des milieux variés. À Mirmande avec Marcel Légaut, fait son yoga matinal et sa promenade-méditation, pieds nus dans la prairie. Sa passion pour Jésus, pour St François-Xavier s’allie avec le désir de compren- dre ce qu’ils ont vécu. « Il n'y a de vrai “agir” que s'il y a un “accueillir”. Dans l'action authentique d'un apôtre, tout est de Dieu et tout est de l'homme, il n'y a pas deux parts mais chacun a son rôle. Celui de Dieu, c'est le don, celui de l'homme, c'est l'accueil. »
  • 41. Jean Grosjean (1912-2006), poète et écrivain français, ajusteur, prêtre, prisonnier de guerre. Essayiste et traducteur à partir de 1946, quitte la prêtrise en 1950. En 1989, crée avec Jean-Marie-Gustave Le Clézio, chez Gallimard, la collection ‘L'Aube des peuples’. Mystique toujours en questionnement, traducteur et commenta- teur de textes bibliques. Appelle à transfigurer, par un regard spirituel, « la quelconquerie des jours ». « On n’a pas d’expérience autre que la sienne, c’est-à-dire celle qui va à travers notre durée. Le reste, on ne l’a que par truchements de l’expérience des autres. Quand on a des souvenirs, on ne les a pas dans l’ordre. Mon père disait toujours quand il voyait ce qu’on faisait, qu’il avait fait lui-même, que son expérience ne servirait à personne. On a besoin de refaire les mêmes expériences, même si on les vit ailleurs. Lire les expériences des autres procure une espèce d’économie : on ne poussera pas plus loin quelque chose que l’on sait ../..
  • 42. Jean Grosjean aller droit à la catastrophe. La culture, c’est s’économiser une partie des mauvaises expériences... » J. G. « Il avait une maigreur ascétique à quoi l’on reconnaît les gens que la pensée a brûlés et simplifiés. (…) L’axe premier de son écriture est un axe araméen. Il consiste en ceci : ce qui compte, ce n’est pas ce que je sais, pas même ce que je crois, encore moins ce que je possède. Ce qui compte, c’est la personne singulière qui me fait face. (…) Il y a une veine taoïste dans les Évangiles, qui a été très bien saisie par Grosjean. Son Christ est comme désencrassé de toutes les Églises, de toutes les religions. » Christian Bobin
  • 43. Stanislas Breton (1912-2005), philosophe et théologien français. Docteur ès lettres, docteur en théologie, prêtre de la ‘Congrégation de la Passion de Jésus- Christ’, professeur aux Instituts catholiques de Paris et de Lyon, maître de conférences à l‘’École normale supérieure’. Auteur d'une œuvre considé- rable (40 livres, 900 articles), à la fois rigoureuse et poétique, reconnue internationalement. Passionné et modeste, d’une grande clarté. Se présente avec la périphrase « Je suis un homme du Moyen-Age romain, né dans un faubourg d’Athènes sous un arbre de Judée. » Pour lui, seule le folie de la croix qui constitue l’essence du message évangélique permettrait au christianisme de se situer dans la prolifération des mouvements religieux, notamment par rapport au bouddhisme. « La croix reste une folie pour nos catégories du faire et de l’avoir. » En confisquant à la religion la puissance temporelle et les leviers de la domination sociale, la modernité lui offre l’occasion inespérée de retrouver toute sa vocation. Jésus, « l’un de nous, avec une intensité d’exception. » Henry Duméry commentant son ami Stanislas Breton : « il y a eu Constantin, hélas ! », et le christianisme victorieux par étendard au lieu de l’être « par dépouillement et nudité. »
  • 44. Albert Camus (1913-1960), écrivain, philosophe, romancier, dramaturge, essayiste et nouvelliste français, journaliste militant engagé dans la Résistance et dans les combats moraux de l'après-guerre. Défend les espagnols exilés antifascistes, condamne les dérives de l’épuration, dénonce le stalinisme, la guerre d’Algérie, soutient les objecteurs de conscience. Sa critique du totalitarisme soviétique lui vaut les anathèmes des communistes et conduit à la brouille avec Jean-Paul Sartre. Agnostique, lutte contre toutes les idéologies et les abstractions qui détournent de l'humain, dont la peine de mort et l’arme nucléaire. « L'absurde naît de cette confrontation entre l'appel humain et le silence déraisonnable du monde (…) L'une des seules positions philosophiques cohérentes, c'est ainsi la révolte. (…) Il faut imaginer Sisyphe heureux » ../..
  • 45. Albert Camus « Je ne serai plus jamais de ceux, quels qu’ils soient, qui s’accommodent du meurtre. » Sauver l’homme, « c’est ne pas le mutiler et c’est donner ses chances à la justice qu’il est seul à concevoir. » « Je ne puis croire qu’il faille tout asservir au but que l’on poursuit. Il est des moyens qui ne s’excusent pas. » « La révolution politique ne peut se passer d’une révolution morale qui la double et lui donne sa vraie dimension. » « Pour trouver la société humaine, il faut passer par la société nationale. Pour préserver la société nationale, il faut l’ouvrir sur une perspective universelle. » « Perdre la vie est peu de chose, et j’aurai ce courage quand il faudra. Mais voir se dissiper le sens de cette vie, disparaître notre raison d’exister, voilà ce qui est insupportable. On ne peut vivre sans raison. » ../..
  • 46. Albert Camus « Je crois du moins que les hommes n’ont jamais cessé d’avancer dans la conscience qu’ils prenaient de leur destin. Nous n’avons pas surmonté notre condition, et cependant nous la connaissons mieux. Nous savons que nous sommes dans la contradiction, mais que nous devons refuser la contradiction et faire ce qu’i faut pour la réduire. Notre tâche d’homme est de trouver les quelques formules qui apaiseront l’angoisse infinie des âmes libres. Nous avons à recoudre ce qui est déchiré, à rendre la justice imaginable dans un monde si évidemment injuste, le bonheur significatif pour des peuples empoisonnés par le malheur du siècle. » « La première chose est de ne pas désespérer. N’écoutons pas trop ceux qui crient à la fin du monde. Les civilisations ne meurent pas si aisément, et même si ce monde devait crouler, ce serait après d’autres. Il est bien vrai que nous sommes dans une époque tragique. Mais trop de gens confondent le tragique et le désespoir. "Le tragique, disait Lawrence, devrait être comme un grand coup de pied donné au malheur". Voilà une pensée saine et immédiatement applicable. Il y a beaucoup de choses aujourd’hui qui méritent ce coup de pied. » Le seul parti politique auquel il accepterait d’adhérer, écrit-il à sa fille, serait « le parti des gens qui ne sont pas sûrs d’avoir raison. »
  • 47. Albert Camus « Ce n’est plus d’être heureux que je souhaite maintenant, mais seulement d’être conscient. » « La lâcheté et le crime de l’adversaire n’excusent pas qu’on devienne lâche et criminel ». « Il a toujours suffi qu’un homme surmonte sa peur et se révolte pour que leur machine commence à grincer. Je ne dis pas qu’elle s’arrête, il s’en faut. Mais enfin, elle grince et, quelquefois, elle finit vraiment par se gripper. » « Il y a des êtres qui justifient le monde, qui aident à vivre par leur seule présence. » « Entre Lénine et Gandhi, la querelle touche au fond. Non que Gandhi fût moins réaliste que Lénine, il s’en faut. Simplement, il croyait que la violence étouffe ce qu’elle étreint et que, par définition, son esprit préside plutôt aux meurtres qu’aux nativités. Elle est inefficace à la longue. (…) (Gandhi est) « plus grand homme de notre histoire. » A. C. « Pour lui, la souffrance n’avait pas de frontière, mais les tyrans avaient toujours la carte d’un parti. » Olivier Todd
  • 48. Jean Sulivan Joseph Lemarchand (1913-1980). Français. Son père meurt au front en 1916. Lecteur assidu de Kierkegaard, de Nietzsche et des mystiques. Prêtre en 1938, aumônier d’étudiants. Fonde en 1945 un centre de conférences ‘Renaissance spirituelle’. Crée un ciné-club d'art et d'essai, ‘La Chambre Noire’. Très marqué en 1964 par un voyage en Inde et sa rencontre avec Henri le Saux. Directeur de collection chez des éditeurs de 1970 à 1980. Auteur d’une trentaine de livres sous le pseudonyme de Jean Sulivan. « Un jour je me suis aperçu que les questions éternelles se jouaient au niveau de la terre, dans l’expérience humaine, dans la chair et le souffle. Pour moi, tout a changé. » « Derrière l'égoïsme forcené, l'accaparement et l'accumulation des biens, il y a toujours la peur de la mort. C'est elle qui jette en avant les bêtes de proie. » ../..
  • 49. Jean Sulivan « Je me méfie des certitudes absolues, on n'y trouve souvent que l'attachement à soi-même. » « Dieu, condamné à ne pas intervenir sous peine de faire de nous des immatures. » « On ne transmet que ce dont on est habité. » « Ne désirez pas faire changer d'idées, ni convertir, quiconque. Soyez ce que vous êtes, et l'autre, peut-être, sera conduit à devenir ce qu'il est. » « Souriez à ce qui naît. Bondissez sur l’instant. Le bonheur n’est pas dans le bonheur. Il est dans l’incessante marche. Allons, sortez, vivez tant que vous êtes vivants, faites quelque chose, un coup de folie, ou mieux, qui sait, si vous venez de dîner, faites tranquillement la vaisselle. » « On ne voit pas la lumière, mais les visages qu’elle éclaire. » « La vérité morte est pire que l’erreur. Car on peut réagir contre l’erreur. (…) Vous n’avez le droit de parler que de la graine de vérité que vous laissez germer en vous ».
  • 50. Jean Sulivan « La prétendue déchristianisation n'est que la fin d'une illusion... Fin de la foi schizophrénique de proclamation et de domination nourrie d'idéalisme et de culpabilité... Retour à la singularité contre la collectivisation et la quantification de l'esprit. À chaque homme d'habiter son corps en traçant son chemin unique sur la voie commune : le seul moyen pour lui d'accéder à une fraternité réelle par-delà les fraternités déclarées et abstraites. Par le singulier concret à l'universel. » « De même que l’intention évidente de Jésus, révélée par les textes, fut de ramener chaque homme en son centre, il me semble que la première mission du christianisme est d’arracher les hommes domptés de ce temps, marchandises de marché, engagés politiquement ou non, en leur proposant un espace spirituel. Le reste est insignifiant. » « Un jour je me suis aperçu que les questions éternelles se jouaient au niveau de la terre, dans l’expérience humaine, dans la chair, dans le souffle. Pour moi, tout a changé. Dostoïewski, TolstoÏ ont saisi l’éternité dans les gestes humains. »
  • 51. Jean Sulivan « Supposons que les Églises, au lieu de tant s’occuper d’elles mêmes et d’aménagements de surface selon les saisons politiques, viennent à la seule chose dont elles se sont peu occupées : apprendre à leurs membres comment se situer par rapport aux biens de la terre. » « Je vous jure, il est possible de vivre avec tout ce qui passe, change, meurt, à condition de ne pas trop vouloir, c’est-à-dire dans le consentement à passer. » « Je veux chanter la gloire de ces pauvres-là aussi. Le mal-nourri, le mal-blanchi, le poivrot est votre égal et votre supérieur. Cessez donc de vous demander qui est coupable, s’il a un matelas, des réserves dessous, pourquoi il en a pris pour 20 ans. N’ayez pas pitié. Ayez pitié de vous et de votre prétention. Une petite joie pour eux, c’est une chose fantastique, comme pour l’oiseau la mise de pain, un instant d’éternité. Ils sont plus proches que vous de la réalité humaine, c’est-à-dire de la nudité. »
  • 52. Christiane Desroches Noblecourt (1913-2011), égyptologue française, conservateur des ‘Antiquités égyptiennes’ du Louvre, Résistante. Agit en 1960 pour la sauvegarde des 14 temples de Nubie menacés d’engloutissement par le barrage d’Assouan. « Nous nous sommes calqués sur leur calendrier, leur sagesse, leurs mythes, leurs symboles, leur culture religieuse. Quelques exemples : Saint Georges terrassant le dragon (le diable), c’est calqué sur Horus tuant l’hippopotame maléfique. . Saint Christophe le passeur de fleuve, c’est Anubis l’ouvreur de portes, avec ses clefs pendues au cou. Adam façonné à partir de la glaise et du souffle du Dieu créateur, c’est le pharaon Hatshepsout (en fait une pharaonne) façonné(e) à l’aide de la boue du Nil par Khoum, et rendu vivant par le souffle de Héket, patronne des naissances. ../..
  • 53. Christiane Desroches Noblecourt L’annonce faite à Marie, par Gabriel, qu’elle était enceinte du Saint- Esprit, c’est l’annonce que le messager divin Thot vient faire à l’heureuse mortelle Ahmès, heureuse parce que choisie par le dieu Amon qui est descendu sur terre l’ensemencer. L’étoile des Mages annonçant la naissance à Bethléem, c’est l’étoile Sothis (Sirius) qui annonce aux Égyptiens le renouveau. Jésus mis à mort et qui ressuscite trois jours plus tard, cela fait penser à Osiris tué par son jumeau Seth (ressemblance aussi avec Caïn et Abel), et qui ressuscite rapidement. » Résumé fait par Étienne Robin Photo : L'obélisque égyptien du Vatican (25 mètres, 750 tonnes), transporté à Rome par l’empereur Caligula, installé en 1586 devant la Basilique St Pierre par Domenico Fontana à la demande du pape Sixte Quint
  • 54. Gilbert Cesbron (1913-1979), études de sciences politiques, homme de radio et écrivain français, romancier, essayiste, auteur dramatique, puis Secrétaire général du ‘Secours Catholique’ après 1972. Se penche dans ses écrits sur la misère, la souffrance, l’humiliation des classes les plus défavorisées, la quête du sens de la vie. « Face au siècle actuel, il faut être soi, et il faut rassembler toutes les forces de cœur et de compassion pour faire contrepoids à quelque chose de terrifiant et d’invivable. (…) « Liberté, égalité, fraternité", c’est de la provocation, c’est la traduction laïque de l’idéal évangélique. L’humanité est encore dans son enfance. Dans quelques siècles, l’humanité considérera ce que nous appelons "progrès", qui n’amène ni justice, ni bonheur, ni harmonie, comme une incroyable barbarie ». « Et si c’était cela, perdre sa vie : se poser les questions essen- tielles juste un peu trop tard ? »
  • 55. Paul Ricoeur (1913-2005), philosophe protestant français, professeur à l’université de Strasbourg puis de Nanterre. Traite de la philosophie morale et politique, de l’éthique sociale, de la justice comme vertu et comme institution, du concept de la vérité en histoire, du devoir de mémoire et de la juste représentation du passé, de la réconciliation, du dialogue entre la philosophie et la religion. Déconstruit le mythe de l’Enfer. « J’appelle "morale" les normes, les obligations, les interdic- tions caractérisées à la fois par une exigence d’universalité et par un effet de contrainte, et "éthique" la visée d’une vie accomplie sous le signe des actions estimées bonnes. » « Le bonheur est ce qui met un point d’arrêt à la fuite en avant du désir. » « « Je n’ai jamais considéré qu’établir l’existence de Dieu relèverait de la compétence de la philosophie ».
  • 56. Roger Garaudy (1913-2012), homme politique, philosophe et écrivain français. Professeur de philosophie à l'université de Clermont-Ferrand puis de Poitiers. Figure importante du ‘Parti communiste français’ dont il est exclu en 1970. Se convertit par la suite au catholicisme, puis à l'islam en 1981. . Se fourvoie en 1996 dans des prises de position négationnistes. « Engager avec les non-Occidentaux un véritable dialogue des civilisations pour apprendre de leur culture d'autres rapports avec la nature qui ne soient plus seulement techniques mais vitaux, d'autres rapports sociaux qui ne soient ni totalitaires, ni individualistes, mais communautaires.(…) Aller à la rencontre de l'autre - en acceptant sa différence - pour créer ensemble ces communautés de travail, de consommation et de culture. » « Ce que Gandhi invente, avec la non-violence, c’est une nouvelle dialectique des rapports entre les moyens et la fin. Les moyens, c’est une fin à naître. La fin ne précède pas les moyens : elle est créée par eux. »
  • 57. Taisen Deshimaru (1914-1982), maître bouddhiste zen japonais de l'école Sōtō. Par curiosité, s'éloigne des pratiques spirituelles bouddhiques pour étudier le christianisme sous la direction d'un pasteur protestant. Revient ensuite au bouddhisme. Se rend en France en 1967, fonde plus de 200 dojos en Europe, en Afrique du Nord et au Canada. Son enseignement s’enracine dans sa tradition, mais il est ouvert sur la psychologie et les avancées scientifiques. « La respiration consciente est comme un vent qui chasse nos nuages intérieurs. » « Tous les jours, à la suite d’une phrase entendue, d’une chose vue, d’un sourire, d’un événement particulier, vous passez par des prises de conscience : ce sont là des satoris (éveils). » T. D. « Je ne savais pas ce qu’était le rire avant d’avoir connu Deshimaru ! » Maurice Béjart
  • 58. Pierre Ceyrac (1914-2012), jésuite français, missionnaire en Inde du Sud. Apprend le tamoul et le sanskrit à l'université de Madras, est le premier diplômé étranger dans ces disciplines. En 1955, aumônier de All India Catholic University Federation. Estime que la misère omniprésente nécessite une action vigoureuse et concrète. Encouragé par Gandhi et Nehru, dénonce le système des castes et s'engage auprès des plus pauvres, les dalits (Intouchables). Son mouvement ‘Mille puits’ a pour but d’approvisionner les villages en eau. Mène une action d’accueil des réfugiés cambodgiens fuyant le régime des Khmers rouges. De retour à Chennai, crée le mouvement ’Les mains ouvertes’ : rencontre et accueil d'enfants de familles très pauvres dans des lieux de vie. Après le séisme du 26 décembre 2004 dans l'océan Indien, porte secours aux réfugiés et orphelins. À plus de 90 ans, sillonne la côte sud de l'Inde pour apporter aide et réconfort dans les villages de pêcheurs. Doué d’un grand charisme d’ouverture et de compassion, sert ses frères sans distinction de race, de religion ou de catégorie sociale. « L’Inde nous remet en contact avec notre âme d’enfant, comme s’il était un temps où, avant d’être chrétiens, nous étions tous hindous. » « Chacun est une note unique dans le concert de l'univers. »
  • 59. Edward Schillebeeckx (1914-2009), prêtre dominicain et théologien catholique belge. Études à Louvain-la-Neuve, Paris. Joue un rôle influent comme "expert" durant le concile Vatican II, cofondateur de la revue Concilium, lancée pour poursuivre la réflexion théologique entamée au concile. Certaines vues théologiques nouvelles, particulièrement sur le ministère religieux le font connaître dans le monde. La ‘Congrégation pour la doctrine de la foi’ lui demande plusieurs fois de "s'expliquer". Affirme que selon les Évangiles, Jésus est mort à cause de la façon dont il vivait, toujours mettant en œuvre une résistance non- violente. Parmi les théologiens développant l’idée de la non-violence de Dieu et de celle de Jésus de Nazareth : Leonardo Boff, René Coste, John-Dominic Crossan, Joseph T. Culliton, Robert Daly, John Dear, James Dougless, Eileen Egan, Bernhard Häring, Richard Hays, Norbert Lohfink, Emmanuel McCarthy, Eli Sasaran McCarthy, Ched Myers, Albert Nolan, Rudolph Pesch, Terrence J. Rynne, Lisa Sowle-Cahill, Rudolph Schnackenburg, Heinrich Spaemann, Walter Wink, John Howard Yoder.
  • 60. Edward Schillebeeckx et les théologiens de la non-violence de Dieu et de Jésus de Nazareth
  • 61. Etty Hillesum (1914-1943), jeune femme juive hollandaise. Jeunesse enthou- siaste et insouciante. Licence de droit, étudie l’allemand, le français et le russe. Se lie au psycho-chirologue Julius Spier, ancien élève de Jung. Assistante sociale et psychologue, pour le ‘Conseil Juif’ d’Amster- dam, au camp de transit de Westerbork. Affrontée au nazisme, entreprend une démarche spirituelle radicale. En juin 1943, alors que des amis lui proposent de l’aider à se cacher, choisit de retourner à Westerbork pour continuer son travail auprès de ses frères. Décède au camp de concentration d’Auschwitz-Oswiecim (Pologne). « La saloperie des autres est aussi en nous. Et je ne vois pas d'autres solutions que de rentrer en soi-même et d'extirper de son âme toute cette pourriture. Je ne crois plus que nous puissions corriger quoi que ce soit dans le monde extérieur que nous n'ayons d'abord corrigé en nous. L'unique leçon de cette guerre est de nous avoir appris à chercher en nous-même et pas ailleurs. » ../..
  • 62. Etty Hillesum « La couche la plus profonde et la plus riche en moi où je me recueille, je l'appelle Dieu. » « Je vais t’aider, mon Dieu, à ne pas t’éteindre en moi, mais je ne puis rien garantir d’avance. Une chose cependant m’apparaît de plus en plus claire : c’est que ce n’est pas toi qui peux nous aider, mais nous qui pouvons t’aider - et ce faisant nous aider nous- mêmes .C’est tout ce qu’il nous est possible de sauver en cette époque et c’est aussi la seule chose qui compte : un peu de toi en nous, mon Dieu". « En brisant ces représentations qui emprisonnent la vie derrière leurs grilles, on libère en soi-même la vie réelle avec toutes ses forces, et l’on devient capable de supporter la souffrance réelle, dans sa propre vie et dans celle de l’humanité. » « En excluant la mort de sa vie on se prive d'une vie complète, et en l'y accueillant on élargit et on enrichit sa vie. » Photo du bas : camp de Westerbork
  • 63. Etty Hillesum « La vie et la mort, la souffrance et la joie, les ampoules des pieds meurtris, le jasmin derrière la maison, les persécutions, les atrocités sans nombre, tout, tout est en moi et forme un ensemble puissant, je l’accepte comme une totalité indivisible. » « La plupart des gens ont une vision conventionnelle de la vie, [...], il faut avoir le courage de se détacher de tout, de toutes normes [...] il faut oser faire le grand bond dans le cosmos : alors la vie devient infiniment riche, elle déborde de dons, même au fond de la détresse. » « En brisant ces représentations qui emprisonnent la vie derrière leurs grilles, on libère en soi-même la vie réelle avec toutes ses forces, et l’on devient capable de supporter la souffrance réelle, dans sa propre vie et dans celle de l’humanité. » Etty évoque “ce juge romain qui disait à un martyr : « Sais- tu que j'ai le pouvoir de te tuer ? » Et lui de répondre : « Savez-vous que j'ai le pouvoir d'être tué ? »
  • 64. Marc Oraison (1914-1979), médecin, chirurgien à Bordeaux puis à Saïgon, psychanalyste et prêtre catholique français, docteur en théologie. Sa thèse de théologie est mise à l’Index par le Saint Office. Auteur de nombreux ouvrages sur la psychologie, l’éthique individuelle. Pour lui, la psychologie exige de penser la morale en fonction de la communication et de la relation avec autrui, et non en fonction d’une loi abstraite. Sur la morale sexuelle, se démarque de la position officielle de l'Église et n'exclut pas la contraception, l'encyclique de Paul VI, Humanae Vitae, n'engageant pas, selon lui, le dogme de l'infaillibilité pontificale. Favorable à la crémation des morts afin qu’ils ne soient pas une gêne pour les vivants.
  • 65. Swami Vijayananda (1914-2010). Abraham Jacob Weintrob, médecin français d’origine juive. Pratique la médecine pendant 10 ans près de Marseille avant de partir en Inde à l'âge de 36 ans. Rencontre Mâ Ananda Moyi, devient son disciple (elle l’appelle Vijayananda, "le bonheur dans la victoire") , vit près de 8 ans à Bénarès dans son ashram puis voyage avec elle dans toute l'Inde avant de se retirer seul pendant 7 ans sur les contreforts de l'Himalaya. « Il faut faire tous ses efforts, et après, advienne que pourra. Quand on se met au travail sérieusement, des pouvoirs viennent vous aider. Quand nous faisons un pas, Dieu en fait dix. (…) L’abandon développe la capacité de vivre dans l’instant et la fluidité, il ne vous prépare aucunement à vivre ce monde mais vous permet réellement de le dépasser. (…) Quoi qu’il puisse m’arriver, je n’ai pas peur ! » « Quand les êtres humains comprendront-ils qu'il n'y a qu'une seule religion, celle de l'homme ? »
  • 66. Pierre Nautin (1914-1997), historien français, entré au CNRS en 1946, directeur d’études à la section ‘Sciences religieuses’ de l’’École Pratique des Hautes Études’, en 1963 directeur d’études à la chaire ‘Patristique et histoire des dogmes’. Travaille notamment sur Origène, Méliton de Sardes, Hippolyte de Rome. Décède avant d’avoir terminé son ouvrage sur Jésus de Nazareth. Établit le noyau primitif des évangiles synoptiques, Matthieu, Marc et Luc, en les passant au crible de la méthode historique et littéraire. Montre non seulement que les évangiles synoptiques dépendent d'un Évangile primitif dont on peut établir le contenu, mais que l'auteur de cet Évangile s'appuie lui-même sur une collection de 15 Dits authentiques de Jésus (les logia), donnant ainsi accès à son enseignement. Dédivinise Jésus et montre qu’il n’a jamais voulu créer une religion et encore moins une Église. « La méthode utilisée (…) consiste à poser devant chaque document et chaque épisode ces deux questions préalables :1- L’auteur est-il bien informé : quelles sont ses sources d’information et que valent-elles ? 2 - Est-il fidèle ? Reproduit-il exactement le contenu de son information, ou le déforme- t-il en fonction d’autres préoccupations ? »
  • 67. Jean Bottéro (1914-2007), historien français, assyriologue, spécialiste de la Bible, du Moyen-Orient antique, un des plus grands spécialistes internationaux de la Mésopotamie, auteur d’une trentaine d’ouvrages. Dominicain, enseigne la philosophie grecque, l'hébreu puis l'exégèse biblique à Saint-Maximin, est suspendu quand il présente le récit du péché originel dans la Genèse comme mythique. Intègre le CNRS en 1947, "réduit à l'état laïc" en 1950. Participe à des fouilles au Proche-Orient, devient directeur d'étude à l‘’École Pratique des Hautes Études’. Préfère l'allégresse des chantiers du savant à la vanité de la représentation mondaine. Explore pourquoi et comment l’idée de Dieu naît dans l’esprit de l’homme. « La Mésopotamie n'a pas seulement inventé l'écriture. Elle est également le creuset de la plus vieille religion à ce jour connue. (…) Une religion qui invente des rites, des récits, voire des épopées dont, par contamination, les religions des pays voisins, aux civilisations moins élaborées, s'inspireront ou qu'elles retravailleront. Une religion, véritable : certainement le premier système de croyances fortement élaboré, qui fut le creuset de ce qui a moulé notre monde : le monothéisme. » ../..
  • 68. Jean Bottéro Devant la Society of Biblical Archeology, le 3 décembre 1872, en présence du Premier ministre Gladstone, l’assyriologue anglais George Smith traduit sur une tablette de Ninive un récit du Déluge qui rappelle celui de la Bible. Celle-ci a donc reçu des influences mythologiques païennes du Proche-Orient. On retrouve deux récits babyloniens évoquant le déluge, le plus ancien dans le mythe d’Atrahasîs, l’Épopée de Gilgamesh (17ème siècle avant notre ère). « Cette découverte place la Bible dans le courant de la littérature universelle et prend place parmi la chaîne sans fin des œuvres rédigées par les hommes, avec cet enchevêtrement de création originale et de dépendance à l’égard de sources préalables, de faillibilité et de clairvoyance, qui marque tout l’avancement de la pensée humaine. » Jean Bottéro Photos : - George Smith (1840-1876) - La 11e tablette de la version de Ninive de l’Épopée de Gilgamesh, relatant le Déluge.
  • 69. Émile Gillabert (1914-1995), chercheur et écrivain suisse. Licence de lettres de l'Université de Dijon, arrive à Paris en 1945. Prend la direction d'une maison d'édition spécialisée dans les ouvrages religieux. Marqué par la lecture de l'Évangile selon Thomas, manuscrit - considéré par l’Église comme apocryphe - découvert en 1945 à Nag Hammadi en Haute-Égypte, plus ancien que les synoptiques. Retiré à Marsanne (Drôme) avec sa famille en 1970, ne cesse de travailler ce texte dans lequel il retrouve la correspondance avec les Védas, le Zen, le Tao ou le soufisme. Directeur du groupe de recherches et d’études ‘Métanoïa’. Son œuvre permet une nouvelle lecture des évangiles. Revient à la source du message originel de Jésus épuré de l'influence paulinienne des évangiles canoniques. Révèle les clefs de la Gnose restituées par Jésus en vue de nous permettre d'accéder à un présent libérateur. ../..
  • 70. Jean Prieur (1914-2016), journaliste et écrivain français. Diplômé de ‘l’École libre des Sciences politiques’. Professeur de français-latin. Rédacteur du journal parlé de la ‘Radiodiffusion française’, professeur de langue et de civilisation françaises en Allemagne et en Norvège. Sa rencontre avec Marcelle de Jouvenel, qui dit avoir reçu par écriture automatique des messages de son fils Roland mort prématu- rément, le convainc de se consacrer à l’étude de l’au-delà. Guidé par son inspiration, publie des études sur les maîtres spirituels et l'après- vie. Dans son livre Les Tablettes d’Or, s’intéresse au "corps subtil", base de tous les phénomènes dits paranormaux, connu de tout temps par la tradition ésotérique universelle et méconnu par la science, la philosophie et la théologie occidentales de ces trois derniers siècles. Son ouvrage est un voyage initiatique à travers les religions, les philo- sophies dissidentes, les traditions ésotériques et occultes des divers siècles et des diverses cultures. S’intéresse aussi à l’Apocalypse, à l’aura, aux symboles, à Zoroastre, Swedenborg, Allan Kardec, Emmet Fox*, à l’âme des animaux, etc. * (1886-1951), une des principales figures de la mouvance de la Nouvelle Pensée (New Thought) au sein du christianisme états-unien. Ses écrits spirituels prônent la pensée positive. Il eut une influence importante sur les débuts des ‘Alcooliques anonymes’ aux États-Unis.
  • 71. Émile Gillabert « Je ne nie pas les miracles (de Jésus), je les néglige plutôt. Ils sont pour moi de l’ordre extérieur. » « L’éveil de la conscience a été confondu avec la "résurrection des morts". Manger le pain de la Parole, s’abreuver à la coupe de l’Enseignement est devenu la Cène (alors que Jean lui-même n’identifie nullement la chair et le sang du Fils de l’Homme au corps et au sang d’une victime offerte en sacrifice : le rachat par le sang est une idée de Paul…) ». Jean, considéré par certains comme Jean-Christian Petitfils comme l’évangéliste le plus crédible, ne fait pas mention de la Cène, mais du lavement des pieds. Pierre Nautin pense que la phrase « Ceci est mon corps » est la transposition dans l’évangile d’un rite pratiqué par la communauté de Marc. Eugen Drewermann affirme de son côté que le concept de théophagie ("manger Dieu") est totalement étranger au judaïsme. Il émet l’hypothèse que la phrase « Ceci est mon corps » et son interprétation comme transsubstantiation ont été introduits par les premiers Chrétiens marqués par les religions à mystères. É. G.
  • 72. Joseph Moingt (1915-2020), jésuite et théologien français. Prisonnier de guerre évadé. Directeur de la revue Recherches de science religieuse, enseignant au ‘Centre Sèvres’. « Mû par le désir d'exprimer la vraie foi, la vraie tradition évangélique », « passe les dogmes à la moulinette. » « L’Évangile n’est pas un code de pratique religieuse, il n’y en a pas. Mais il abonde en préceptes de justice et de charité.» «La volonté de Dieu est que l’homme se libère de ses entraves, y compris celles posées au nom de Dieu. » « Il faut que dans l’Église des théologiens fassent du neuf sans être menacés d’excommunication. » « Je vois l’avenir du christianisme davantage comme une éthique évangélique que comme une religion et une pratique religieuse. » « L’évangélisation doit être l’entretien des valeurs chrétiennes de liberté, d’égalité et de fraternité en les laissant telles qu’elles sont devenues : communes, sécularisées. » ../..
  • 73. Joseph Moingt « Au sujet de Marie, mère de Dieu, nous savons que la représentation d’une divinité féminine et maternelle, d’une déesse mère, domina gravida, madone enceinte, accouchant miraculeu- sement, portant dans ses bras et allaitant l’enfant divin, est attestée dans toutes les religions depuis les plus anciens millénaires par l’archéologie et l’épigraphie. À Rome et partout dans l’empire, on adorait la Grande Mère, ou Mère des Dieux, ou Venus Genitrix. Il en allait de même là où va apparaître le culte de Marie : en Anatolie, depuis l’époque paléolithique, un culte était rendu à la mère des dieux, la déesse Kourothropos, et à son divin fils représenté en beau jeune homme. En Égypte, on vénérait Isis nourrissant son enfant Horus. La connivence de la nouvelle dévotion à Marie Théotokos, Mère de Dieu, avec un imaginaire religieux ancestral sera d’une aide peu contestable pour la pénétration des dogmes chrétiens dans des peuples encore marqués de religiosité païenne. ». ../..
  • 74. Joseph Moingt Dans L’esprit du christianisme (oct. 2018), revisite vigoureu- sement les principaux dogmes de la foi (Incarnation, Trinité, Salut…), sans se soucier d’abord d’orthodoxie. Il questionne les héritages religieux, mythologiques et philosophiques qu’ils contiennent à la recherche d’un sens universellement partageable du salut chrétien. Il montre comment, à partir de la prédication évangélique, écho des enseignements et de la pratique de Jésus, on a fait à partir du 3ème siècle un système religieux avec ses évêques, son fonctionnement clérical, son orthodoxie et son langage rituel inspiré de la liturgie juive. Doutant d’un déverrouillage de cette situation dans l’Église catholique, il lance un vigoureux appel aux laïcs à s’autoanimer et à témoigner de la liberté et de la fraternité évangéliques. « J'attends de voir Dieu, d'être en Dieu. » J. M. « On sent que, le jour venu, le professeur Moingt ne sera pas mécontent d'interroger l'élève Dieu. Lequel des deux devra s'expliquer ? Ne préjugeons pas. » Jean-Pierre Denis
  • 75. Thomas Merton (1915-1968), écrivain, moine trappiste et militant social états- unien. Études à Cambridge et à l’université Columbia à New-York. Marqué par Dorothy Day. En 1941, entre à l'abbaye trappiste de Gethsemani au Kentucky. En 1948 paraît son autobiographie, The Seven Storey Mountain (‘La Nuit privée d’étoiles’), qui connaît un immense succès. Écrit de nombreux livres de spiritualité chrétienne, des poèmes mais également des essais, notamment sur les questions morales et éthiques concernant la guerre, l’armement nucléaire et le racisme. Après le concile Vatican II, s'engage dans le dialogue interreligieux, Spécialiste du Zen et ami de Daisetz Teitaro Suzuki. « La sainteté, c’est de devenir totalement soi-même. » « Notre vie de membres d'une race troublée et perpétuellement aux prises avec l'adversité nous offre l'évidence irritante qu'elle doit avoir un sens, dont une partie nous échappe encore. Et notre but dans la vie est de découvrir ce sens, et de demeurer en harmonie avec lui. Nous avons donc une raison de vivre. » Voir aussi T.M. dans le trombinoscope de la non-violence
  • 76. Roger Schutz (1915-2005), né en Suisse, Au début de la guerre, accueille avec sa sœur Geneviève des dizaines de réfugiés juifs dans le village de Taizé (Saône-et-Loire). En 1944, vient en aide aux prisonniers de guerre allemands. Fondateur en 1949 de la ‘Communauté de Taizé’, qui vise à la réconciliation entre les peuples et au rapprochement des religions, aujourd’hui présente au Brésil, au Sénégal, au Bangladesh, en Corée du Sud, etc. « Le dialogue interreligieux contribue à cette recherche du bien commun. Quand il y a une confiance entre des responsables de différentes religions, ils peuvent s’opposer ensemble à la violence, aux injustices ». « En face des sombres pronostics apportés par la prospective, il importe de se souvenir que dans les périodes les plus difficiles, bien souvent un petit nombre de femmes et d’hommes, répartis à travers le monde, ont été capables de renverser le cours des évolutions historiques, parce qu’ils espéraient contre toute espérance. » ■