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Série ‘Vers une politique de sécurité et de paix au XXIème siècle’
1 – Sous-série ‘Les armes nucléaires’
Diaporama n° 8
8 - Les combats non-violents
pour le désarmement nucléaire
en France depuis 1945
Étienne Godinot * 12.08.2022
* avec les apports et observations de Patrice Bouveret, Marc Finaud, Yann Forget, Serge Perrin
Abolir l’arme nucléaire : Un ensemble de huit diaporamas
1 - La dissuasion nucléaire : inefficacité et dangers
2 - Pour un désarmement nucléaire de la France dans le cadre du TIAN
3 - Figures de la résistance à l’arme nucléaire - 1942-1968
4 - Figures de la résistance à l’arme nucléaire - de 1969 à 1999
5 - Figures de la résistance à l’arme nucléaire - depuis 2000
6 - Quelques personnalités qui ont remis ou remettent en cause la dissuasion
nucléaire ou se posent des questions à son sujet
7 - La position de l’Église catholique et des Églises chrétiennes sur l’arme nucléaire
: évolution depuis 1963
8 - Les combats non-violents pour le désarmement nucléaire en France depuis 1945
Rappel : ce diaporama fait partie de la série
1 - ‘Abolir l’arme nucléaire’ qui fait elle-même
partie de la série ‘Vers une politique de sécurité
et de paix au XXIème siècle’ sur irnc.org
Août 1945 :
l’appel d’Albert Camus
Albert Camus (1913-1960), écrivain, philosophe, romancier,
dramaturge, est aussi un journaliste militant engagé dans la Résistance
et dans les combats moraux de l'après-guerre.
Le 8 août 1945, deux jours après l’explosion de la bombe
atomique sur Hiroshima, un jour avant qu’une seconde bombe ne soit
lancée sur Nagasaki, il écrit dans Combat :
« La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré
de sauvagerie. (…) Déjà, on ne respirait pas facilement dans un monde
torturé. Voici qu’une angoisse nouvelle nous est proposée, qui a toutes
les chances d’être définitive. (…)
Devant les perspectives terrifiantes qui s’ouvrent à l’humanité,
nous percevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille
d’être mené. Ce n’est plus une prière, mais un ordre qui doit monter
des peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir définitivement
entre l’enfer et la raison ».
De 1946 à 2022 : prises de position
sur l’arme nucléaire en France
De 1946 à 2022 : prises de position
sur l’arme nucléaire en France
Albert Schweizer (1875-1965), médecin et philosophe : « Le temps travaille
pour ceux qui veulent supprimer les armes atomiques. »
Georges Bernanos (1888-1948), écrivain : « La barbarie polytechnique
menaçante n’a plus devant elle que des consciences. »
Emmanuel Mounier (1905-1950), Résistant, fondateur de la revue Esprit :
« Désormais, le nihilisme n’est plus la plus tapageuse des philosophies.
Il est armé. »
Jean Lurçat (1892-1966), Résistant, peintre, céramiste et créateur de
tapisseries : « La grande menace, c’est la bombe (…) La bombe n’épargne
aucune idéologie, aucun système. Elle anéantit toutes les pensées de
l’homme, tout le patrimoine culturel commun… »
Lanza del Vasto (1901-1981). Écrivain, poète, artiste, philosophe et fonda-
teur de l’Arche : « Regardez vos enfants. Vous avez peur qu’ils prennent froid, qu’ils
manquent leur examen. Mais des plaies savantes que leur préparent les chipoteurs
d’atomes, vous n’avez nul souci, n’est-ce pas ! »
De 1946 à 2022 : prises de position
sur l’arme nucléaire en France
Théodore Monod (1902-2000), Résistant, professeur et chercheur au ‘Muséum national
d’histoire naturelle’ : « Toutes les bombes sont naturellement répréhensibles et doivent être
supprimées, mais la bombe atomique, c’est diabolique, inexpiable… »
Henri Grouès ou abbé Pierre, Résistant (1912-2007) : « On a l'impression que lorsqu'un
pays a fait une bombe, un autre aussitôt veut en faire deux... L'interdiction de la course
à la bombe atomique n'est pas une affaire de bonté, elle devrait correspondre à une
explosion générale de bon sens. »
Paul Stehlin (1907-1975), général, chef d'état-major de l'Armée de l'Air (1960-1963),
député centriste (1968-1975) : La France userait-elle l’arme atomique pour riposter
en cas d’agression nucléaire ? Ce serait l’anéantissement total de la France. Quel
chef d’État serait assez fou pour déclencher un dispositif qui serait, pour notre pays,
une véritable opération-suicide ?
Jacques de Bollardière (1907-1986, général, Résistant, Compagnon de la Libération :
« Notre bombe nucléaire est inutile, immorale, dangereuse, je dis même criminelle (…)
Une chape de plomb étouffe toute tentative de réaction. »
De 1946 à 2022 : prises de position
sur l’arme nucléaire en France
Jean Rostand (1894-1977), biologiste, historien des sciences, écrivain, moraliste :
« Par l’emploi des techniques nucléaires, le Mal vient de bénéficier d’un brusque
avancement. Voilà qu’une mutation géante marque l’histoire de l’assassinat
collectif. Un seuil est franchi ». Le rôle des Français « est en premier lieu de
protester contre la force atomique française – inutile, absurde, inemployable aussi bien contre
un adversaire plus fort que contre un plus faible, éminemment dangereuse puisqu’elle nous
désigne pour cible, criminelle et inhumaine puisque sa fonction est de frapper électivement les
populations civiles ; qui plus est, elle donne aux autres nations le mauvais exemple en suscitant
la malsaine émulation des chauvinismes nucléaires. (…) La France n’a rien à faire dans la
galère atomique ».
Claude Bourdet (1909-1996), cofondateur du mouvement ‘Combat’, Compagnon de la
Libération, cofondateur du Mouvement contre l’Armement atomique en 1963 : « Il est
bien certain qu’une grande partie du manque d’intérêt des citoyens pour les problèmes
de défense nationale aujourd’hui, – sauf peut-être chez certaines élites très informées, –
réside dans l’idée que le fameux "bouton" par lequel le chef de l’État déclenche la guerre
nucléaire, nous garantit tellement bien que ce n’est vraiment plus la peine de se
préoccuper de défense. Ce désintéressement satisfait peut-être certains "pacifistes".
Moi, il ne me satisfait pas. »
Pierre Sudreau, (1919-2012), Résistant, ministre jusqu'à sa rupture avec le général de
Gaulle en 1962, en raison principalement de son refus de l’arme nucléaire : « L’emploi
des armes nucléaires relèguerait les camps de concentration et les chambres à gaz au
rang des procédés artisanaux et relèverait en outre du suicide national. »
De 1946 à 2022 : prises de position
sur l’arme nucléaire en France
Jean Toulat (1915-1994), prêtre, Résistant, journaliste, écrivain :
« Les tribunaux, avant de condamner le plus affreux des criminels, passent des
mois à étudier son dossier (…). Et voilà qu’en un instant, vous seul, sans procès, sans jugement, vous
vous attribueriez le droit de vie et de mort sur des centaines de milliers d’hommes, de femmes,
d’enfants vivant actuellement ou à naître, non pas seulement dans le pays adverse, mais, par
contrecoup probable, dans notre propre patrie ».
Alfred Jacquard (1925-2013), biologiste, généticien, philosophe, militant : « Même une
guerre "purement régionale" utilisant des armes nucléaires aurait des effets catastro-
phiques pour la planète toute entière. (…) La doctrine de "l’équilibre de la terreur" a
l’effet pervers de justifier la prolifération des armes nucléaires, car chaque État voudra
"assurer sa sécurité" à l’exemple des plus puissants.
Guy-Marie Riobé, évêque d’Orléans (1911-1978) : « Tout Français soucieux d’un
avenir pacifique se doit de manifester de manière efficace sa désapprobation la
plus énergique en regard de toute politique d’escalade atomique. »
Jean-Marie Muller (1939-2021), philosophe et stratège de la non-violence :
« Le plus grave, et donc le plus inquiétant, c’est le triomphe de la mentalité nucléaire qui inhibe
la conscience des citoyens. Ceux-ci ont perdu toute faculté d’indignation devant le fait que
l’ingéniosité de l’homme se pervertit dans la fabrication d’armes de destruction massive. »
De 1946 à 2022 : prises de position
sur l’arme nucléaire en France
Dominique Lalanne (1943-2022), directeur de recherches en physique nucléaire, coprési-
dent du collectif ‘Abolition des armes nucléaires - Maison de Vigilance’ : « L’arme nucléaire,
c’est l’insécurité maximum. Il y a sur la Terre 2 000 bombes en état d’alerte, qui représentent
chacune en moyenne 30 fois la bombe d’Hiroshima, c’est-à-dire un potentiel de destruction
de 60 000 fois Hiroshima. Il ne s’est rien passé depuis 50 ans en matière de désarmement
nucléaire parce que la société civile a démissionné face aux États. »
Paul Virilio (1932-2018), urbaniste et essayiste : Il s’agit « de réfuter la prétendue
logique nucléaire et de la montrer pour ce qu’elle est, une croyance irrationnelle. (…)
Le danger, ce n’est pas que demain la bombe explose, c’est qu’elle existe déjà. Le
danger, ce n’est pas le feu nucléaire, mais l’autodafé, la foi nucléaire. »
Jean-Pierre Dupuy (né en 1941), ingénieur, épistémologue et philosophe : « Le signe le
plus flagrant que la dissuasion nucléaire n’a pas marché, c’est qu’elle n’a en rien empêché
une fuite en avant suicidaire dans le surarmement des puissances. (…) Il faut des accidents
pour précipiter le destin apocalyptique, mais contrairement au destin, un accident peut ne
pas se produire. »
Christian Mellon (né en 1943), jésuite, ex-secrétaire de la ‘Commission Justice et
paix’ : « La France devrait se débarrasser du fardeau nucléaire, tout simplement
parce qu’il lui pèse (financièrement, politiquement) et ne lui sert à rien pour la
protéger de quelque menace que ce soit. (…) À quoi servent nos armes nucléaires ?
De quoi nous protègent-elles ? Quels moyens nous donnent-elles pour intervenir là
où nous jugeons légitime d’intervenir ? »
De 1946 à 2022 : prises de position
sur l’arme nucléaire en France
Stéphane Hessel (1917-2013), Résistant, diplomate : « Il est très urgent de parvenir à
provoquer et animer un débat public sur ce sujet qui est à la fois de portée immense et
d’extrême gravité (…) L’opacité des gouvernements a trop longtemps privé nos sociétés
de droit à un débat public ».
Edgar Morin (né en 1921, philosophe et sociologue, Résistant, directeur de recherche
émérite au CNRS : « En réalité, la véritable raison de la dissuasion nucléaire n’est pas
d’assurer la défense de la population, mais de conférer à l’État un simulacre de puissance,
celle-ci n’étant qu’une puissance de destruction et d’anéantissement. »
Hubert Reeves (né en 1932), astrophysicien, communicateur scientifique : « Ainsi, toutes ces
combinaisons fertiles de la matière, cette activité nucléaire des étoiles, ce bourdonnement
électromagnétique des nébuleuses, cette exubérance biochimique de l’océan primitif, tout
cela n’aurait d’autres sens que de préparer l’holocauste nucléaire ? La conscience n’émer-
gerait-elle – en quinze milliards d’années – que pour s’éliminer en quelques minutes ?
Paul Quilès (1942-2021), ministre de la Défense Nationale : « On mentionne souvent cette
arme comme une assurance-vie pour le pays. En réalité les assurances-vie ne servent
qu’aux survivants, la bombe s’apparente plutôt à une assurance-mort. Et si c’est une
assurance-vie, au nom de quel principe interdire aux autres pays d’en disposer ? Il est
indispensable et urgent de sortir de ce "mensonge" français fait d’approximations, de
contre-vérités, de slogans répétés à l’envi, de silences et d’arguments d’autorité. »
1950 :
‘Pax Christi - France’
‘Pax Christi International’* est un mouvement catholique interna-
tional pour la paix disposant du statut consultatif auprès des Nations
Unies et de l’Union européenne. Présent dans plus de 50 pays sur les
5 continents, le mouvement ne sépare pas spiritualité, formation et
engagement. Il affirme que la paix indivisible se construit à tous les
niveaux, les "5 D" : droits de l’homme, désarmement, développement,
dialogue international, défense de la création.
‘Pax Christi - France’, section française de ‘Pax Christi Interna-
tional’, reprend après 1950 l’héritage du mouvement ‘Le Sillon’ de
Marc Sangnier qui, entre les deux guerres, avait travaillé à la récon-
ciliation franco-allemande et à la paix en Europe.
‘Pax Christi - France’ fait partie du réseau ICAN, ‘Campagne
internationale pour l’abolition des armes nucléaires’
* L’initiative du mouvement revient à Marthe Dortel-Claudot, professeure de lycée à
Agen (Lot et Garonne), qui, durant l’hiver 1944-1945, ressent intérieurement l’urgence d’une
campagne de prières pour la réconciliation franco-allemande. Pierre-Marie Théas, évêque de
Montauban, est le premier président de l’association.
1951 :
le ‘Mouvement de la paix’
En février 1948, 60 personnalités issues de la Résistance, dont
Charles Tillon, Yves Farge et Raymond Aubrac, fondent à Paris ‘Les
Combattants de la Liberté’. Suite au ‘Congrès des peuples pour la paix’ à
Wroclaw (Pologne) en août 1948, les ‘Combattants de la paix et de la
liberté’ deviennent en 1951 le ‘Mouvement de la paix’.
Soutenant l'appel de Stockholm contre la prolifération nucléaire
(19 mars 1950), le ‘Mouvement de la paix’ organise en France une vaste
campagne de soutien, qui recueille des millions de signatures (dont celle
du jeune Jacques Chirac…)
En 1995, le ‘Mouvement de la paix’ participe à la vaste campagne
internationale menée par ‘Greenpeace’ contre les derniers essais
nucléaires menés au centre d'expérimentation nucléaire du Pacifique à
Moruroa, qui sont réalisés en 1995-1996 par la France et permettront de
valider les données nécessaires aux futurs essais par simulation numé-
rique réalisés à l'aide du Laser Mégajoule au laboratoire CESTA-CEA.
Photos : Logo et bulletin du mouvement, Planète Paix, qui se fait notamment l’écho des
campagnes d’ICAN- France.
Le ‘Mouvement de la paix’
Le ‘Mouvement de la paix’ propose des initiatives autour des 8
points constitutifs de la décennie internationale (ONU-UNESCO) de la
promotion d’une culture de la paix et de la non-violence*.
Il est notamment engagé aujourd’hui dans des actions pour le
respect par la France de l’article 6 du Traité de Non-Prolifération
nucléaire (TNP, entré en vigueur en mars 1970, mais auquel la France
n’a adhéré qu’en août 1992), et pour l’adhésion de la France au Traité
sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN, entré en vigueur en janvier
2021).
* Renforcement d’une culture de la paix par l’éducation; Promotion d’un développement
durable sur les plans économique et social; Promotion du respect de tous les droits de l’homme;
Mesures visant à assurer l’égalité entre les femmes et les hommes; Mesures visant à favoriser la
participation à la vie démocratique; Mesures visant à développer la compréhension, la tolérance
et la solidarité; Mesures visant à soutenir la communication participative et la libre circulation de
l’information et des connaissances; Mesures visant à promouvoir la paix et la sécurité
internationales.
Photos : Édith Boulanger, Pierre Villard, Arielle Denis et Roland Nivet, quatre figures du
‘Mouvement de la paix’
Avril 1958 : l’action de l’Arche
contre la fabrication de plutonium à Marcoule.
En 1958, Lanza del Vasto, disciple de Gandhi, fondateur de
l’ordre de l’Arche, lance un appel au général de Gaulle contre la
fabrication de la bombe atomique.
Le 11 avril 1958, au milieu de 82 personnes - dont le pasteur
André Trocmé, le journaliste Robert Barrat et l’ami de l’Arche Jean-
Pierre Lanvin -, il conduit une action non-violente dans le site atomique
de Marcoule qui produit du plutonium à usage militaire.
Après l’expulsion manu-militari , deux équipes de jeûneurs
s’organisent ; l’une à Genève sur une pelouse en pleine ville, l’autre,
près de Marcoule, sur le passage des cars des salariés.
Photos :
- Lanza del Vasto (1901-1981), suite à son séjour en Inde auprès de Gandhi en 1936, publie en
1943 Le pèlerinage aux sources,
- Logo de l’Arche
- En 1958, le général de Gaulle lance à Marcoule le réacteur G2, destiné à la production de
plutonium militaire. Le général a laissé un jour s’échapper l’exclamation : « Un jour, la
bombe partira sans qu’on sache pourquoi ! » Cette phrase est citée par Jean Toulat dans son
livre La bombe ou la vie (Fayard, 1969). Jean Toulat (1915-1994), ancien Résistant, prêtre et
journaliste honnête, ne précise malheureusement pas où et quand le général a prononcé cette
phrase. Probablement cela lui a-t-il été rapporté par un proche du général qu’il n’a pas pu citer.
Avril 1958 : l’action de l’Arche
contre la fabrication de plutonium à Marcoule.
Lanza del Vasto jeûne à plusieurs reprises contre l’arme
nucléaire, notamment à Rome près du Vatican en 1963 (40 jours)
et en 1965.
« Chaque pièce de la bombe est une merveille de logique, de
savoir, de sagacité, de prévoyance, d’invention, d’adresse
constructive : le tout aboutit à une explosion insensée et
désastreuse. »
« Gribouille est cet idiot du village qui, pour se protéger de la
pluie, se mettait dans la mare aux canards. C’est le maître à
penser de nos stratèges, de nos vaillants défenseurs, de
nos dirigeants avancés. »
Images : Lanza del Vasto au Vatican en 1963
Lanza del Vasto, François Mitterrand, Jean Toulat et Jean-Marie Muller
en 1978 après l’arrivée à Paris de la marche des paysans du Larzac.
1960 :
la ‘Fédération française contre l’armement atomique’
Alfred Kastler (1902-1984) est prix Nobel de physique en
1966 pour la découverte et le développement de méthodes optiques
servant à étudier la résonance hertzienne dans les atomes,
Opposé aux armes nucléaires, il est élu en avril 1959 vice-
président de la ‘Fédération française contre l’armement atomique’
(FFCAA) qui, en février 1960 demande que la France renonce de plein
gré aux armes de terreur.
Il est vice-président au printemps 1963 de la ‘Ligue nationale
contre la force de frappe’ (LNCFF), publie une dizaine d’articles contre
les bombes et les essais nucléaires, principalement dans Le Monde.
« Le renoncement volontaire de la France à l’armement
nucléaire (avant ou après une explosion de prestige), loin de réduire
son influence, lui permettrait au contraire de jouer un rôle important
dans les pourparlers ».
1963 :
la ‘Ligue nationale contre la force de frappe’
Jules Moch (1893-1985), Résistant, ministre socialiste des
Travaux publics et des transports sous la IVème République, écrit La
Folie des hommes (au sujet de la bombe atomique, préface d’Albert
Einstein, 1955), En retard d'une paix (1958), Non à la force de frappe
(1963).
En mai 1963, il crée avec 60 personnalités la ‘Ligue nationale
contre la force de frappe’, car il estime la force de frappe française
ruineuse, inefficace et dangereuse.
" Attaquer ? Trente têtes thermonucléaires suffisent pour anéantir la France. Si
nous nous en prenions à une puissance atomique de plus vaste superficie,
nous serions annihilés avant de la mettre hors de combat.
" Riposter ? Si nous étions attaqués, le délai entre la détection des
engins ennemis et leur explosion, de l'ordre de deux à cinq
minutes, interdirait tout envol de nos bombardiers et toute riposte
efficace.
" Menacer ? La menace de représailles par notre force de frappe
ne pouvant être mise à exécution, ne constituerait pas une arme
diplomatique : autant agiter un sabre de bois. »
1963 :
le ‘Mouvement contre l’armement atomique’ (MCAA)
devenu MDPL
En février 1963, pour se démarquer du ‘Mouvement de la paix’ alors
trop lié au ‘Parti communiste français’, le journaliste et Compagnon de la
Libération Claude Bourdet lance, avec le soutien du Parti socialiste unifié
(PSU) dont il est un des fondateurs et des dirigeants, le ‘Mouvement contre
l’armement atomique’ (MCAA). Le biologiste Jean Rostand en est le président
d’honneur *.
Le MCAA devient en 1968 ‘Mouvement pour le Désarmement, la Paix
et la Liberté’ (MDPL,1968-1996).
« Développer les idées d’abandon et d’interdiction des armes
atomiques, bactériologiques et chimiques dans tous les pays , à commencer
par la France , participer au plaidoyer pour le désarmement et le règlement
pacifique des conflits, agir pour l’éducation à la paix, à la citoyenneté, le
développement solidaire, les échanges interculturels , la défense des
libertés. » (MDPL)
* Théodore Monod, Laurent Schwartz, René Dumont, Vladimir Jankélévitch,
Daniel Mayer, Georges Montaron, Claude Roy, Bernard Boudouresques, le dominicain
Charles Avril, les pasteurs Henri Roser et Georges Casalis en sont adhérents.
Photos : Claude Bourdet (1909-1996) et Jean Rostand (1894-1977)
1964 :
‘Pugwash-France’
Le ’Mouvement Pugwash’ est le nom abrégé de Pugwash Conferences
on Science and World Affairs. Cette organisation internationale rassemble
des personna-lités des mondes universitaire et politique pour tendre à
réduire les dangers de conflits armés et rechercher des parades aux
menaces contre la sécurité mondiale. Il est fondé en 1957 par Józef
Rotblat et Bertrand Russell à Pugwash (Canada), à la suite de la parution
du manifeste Russell-Einstein en 1955. Pugwash et Rotblat se partagent
le prix Nobel de la paix en 1995 pour leurs efforts sur le désarmement
nucléaire.
La branche française, ‘Association Française pour le Mouvement
Pugwash’, est créée en 1964*. Chaque année, elle organise des réunions,
conférences et ateliers. Les conférences se tiennent actuellement à ‘l’École
normale supérieure’, rue d’Ulm à Paris.
L’association Young Pugwash France, qui regroupe des jeunes, est
basée à Sciences Po Bordeaux
Photo : Annick Suzor-Weiner, spécialisée en physique nucléaire, moléculaire et optique. Vice-
présidente de ‘Pugwash France’, membre de la ‘Commission française pour l’UNESCO’, membre du
bureau d’IDN
* notamment par Antoine Lacassagne, Jules Moch, Francis Perrin, Bernard Gregory, Alfred
Kastler, Jean-Jacques Salomon, Étienne Bauer, Georges Charpak, Louis Leprince-Ringuet, Herbert
Marcovich, Raymond Aubrac, Bertrand Goldschmidt, Léo Hamon et André Lwoff.
1968-1984 :
les actions du ‘GARM’ à Lyon
En février 1968, dans une lettre à en-tête du ‘Groupe lyonnais de
soutien aux renvoyeurs de livret militaire’, 170 hommes et femmes
manifestent leur opposition à la mise en place de l'arsenal nucléaire
français.. Ce groupe est rebaptisé en fin 1969 ‘Groupe d’action et de
résistance à la militarisation’ (GARM).
Dans la nuit du 30 au 31 janvier 1971, quelques militants du GARM
occupent par surprise les locaux du PC atomique du Mont Verdun en
construction dans le monts du Lyonnais
Le 19 juin 1971, le GARM organise une ‘marche de la paix’ (4 000
personnes) de la place Bellecour à Lyon au Mont Verdun, Théodore Monod
en tête.
En 1972, à la date anniversaire de la première intrusion, des militants
du GARM, munis de laissez-passer falsifiés, pénètrent à nouveau au Mont
Verdun et s'y laissent arrêter, mais ils ne sont pas poursuivis. En 1973,
Jean-Pierre Lanvin, déguisé en évêque, conduit dans les rues de Lyon
l’enterrement des futures victimes des essais nucléaires et de la prochaine
guerre nucléaire.
- Deux membres du GARM, Jean-Pierre Lanvin
(1924-1997) et Mireille Debard (née en 1935)
- Intrusion au PC du Mont Verdun
- Marche Bellecour - Mont Verdun
Été 1973 : l’action non-violente contre les essais
nucléaires français dans l’océan Pacifique
En juillet-août 1973, le ‘Bataillon de la paix’, composé de Jacques de
Bollardière, Brice Lalonde, Jean-Marie Muller, Gilbert Nicolas et Jean Toulat,
mène une action de protestation contre les essais nucléaires à Moruroa, dans
l’océan Pacifique.
Leur bateau, le Fri, voilier de l'organisation Peace Media, est arraison-
né par la marine nationale à l'intérieur de la zone interdite.
D’autres personnalités soutiennent l’action à Papeete : le sénateur de la
Polynésie, Pouvanaa a Oopa et le député de la Polynésie Francis Sanford,
les députés Louis Besson, Charles Josselin, Anne-Marie Fritch, Jean-Jacques
Servan-Schreiber*, le dominicain Charles Avril, le pasteur Georges Richard-
Mollard.
* Jean-Jacques Servan-Schreiber (photo) démissionnera l’année suivante, après 9 jours, de son poste
de ministre des Réformes de V. Giscard d’Estaing, par opposition à la reprise des essais nucléaires.
Le voilier Fri Jean-Marie Muller, Jean Toulat Bollardière à la barre du Fri
et Jacques de Bollardière à Papeete
Juillet-août 1973 : le ‘bataillon de la paix’
contre les essais nucléaires français dans l’océan Pacifique
L’équipage du Fri et ses passagers sont transférés d’abord à
Hao, puis à Papeete où ils entament une grève de la faim. Le 22 juillet,
le général de Bollardière est directement évacué sur Paris au prétexte
de raisons de santé. Le 31 juillet, en gage de protestation, il écrit au
Président de la République, lui demandant de le faire rayer de l’Ordre
de la Légion d’Honneur dont il est Grand Officier.
L’archevêque de Cambrai, Émile Guerry et l’évêque de Verdun,
Pierre Boillon prennent position contre l’arme et les essais nucléaires.
L’évêque d’Orléans, Guy-Marie Riobé (1911-1979), qui soutient aussi
les protestataires, est renvoyé "à ses oignons" par l’amiral Marc de
Joybert (1912-1989, auteur de La paix nucléaire).
La France met fin aux essais nucléaires dans l’atmosphère après
juillet 1974.
Au total, 46 essais nucléaires aériens ont été réalisés en Polynésie.
3 200 tonnes de déchets radioactifs issus de la recherche militaire en
Polynésie française sont jetés à la mer entre 1967 et 1975.
Dès 2013, la déclassification obtenue d'une partie des archives montre que
les retombées des essais touchent toute la Polynésie. En 2021, une étude menée
par l’université de Princeton affirme que les essais ont en réalité touché un
territoire grand comme le continent européen et 110 000 habitants.
1973 :
‘Les Amis de la Terre - France’
L’association Friends of the Earth est créée en 1969 aux États-
Unis par le militant écologiste David Brower. Les ‘Amis de la Terre’
militent pour une transition vers des sociétés soutenables au Nord
comme au Sud. Leur approche intègre à la fois des problématiques
sociales, économiques et environnementales. La fédération des ‘Amis de
la Terre - France’ est créée en 1970, à l’initiative du navigateur, écrivain
et journaliste Alain Hervé, par des citoyen·nes qui prennent conscience
des impacts du modèle de société en train de s’imposer, et décident
alors de s’engager pour changer le système.
En été 1973, Brice Lalonde, membre du Bureau des ‘Amis de la
Terre - France’, fait partie du ‘Bataillon de la Paix’ qui proteste à Mururoa
contre les essais nucléaires français dans le Pacifique.
L’association ‘Les Amis de la Terre - France’ fait partie des orga-
nisations non-violentes membres de ‘Non-violence XXI’.
‘Les Amis de la Terre - Côte d’Or’ font notamment partie du ‘Collec-
tif Bourgogne Franche-Comté pour l’abolition des armes nucléaires’ qui
mène depuis 2013 des actions à Dijon et à Valduc.
Photos : - Brice Lalonde sur le Fri à Mururoa en été 1973
- La campagne ‘Choisis ta banque’ des Amis de la Terre vise aussi les banques qui
financent l’arme nucléaire
1974 :
Le MAN
Le ‘Mouvement pour une Alternative non-violente’ (MAN), mouve-
ment politique non-violent, est créé en 1974 par des groupes rassemblés
à l’initiative de Jean-Marie Muller.
Le combat contre l’arme nucléaire et pour les stratégies civiles de
défense (défense civile non-violente) et d’intervention extérieure (inter-
vention civile de paix) est un de ses axes constants d’action, à côté du
soutien aux luttes non-violentes à travers le monde (contre les dictatures
sud-américaines, l’apartheid, le totalitarisme en Europe de l’Est, l’occupa-
tion militaire de la Palestine par Israël, etc.).
Le MAN dénonce notamment par une campagne en 1977 le
ralliement de la ‘gauche de gouvernement’ à la politique de dissuasion
nucléaire, malgré les engagements de François Mitterrand et du ‘pro-
gramme commun de gouvernement’.
Il s’insurge également contre le texte Gagner la paix voté en 1983
par les évêques français, qui justifie avec des bémols la dissuasion
nucléaire.
Images : - Affiches du MAN relatives à l’arme nucléaire
- Christian Brunier (1952-2004), militant du MAN, très engagé notamment dans la
campagne ‘Stop Essais’ et dans ‘Observatoire des Armements’
1977 :
‘Greenpeace - France’
La lutte contre les essais nucléaires est à l’origine de la création de
‘Greenpeace’ ("La paix verte") au Canada en 1971*.
‘Greenpeace’ est une organisation non gouvernementale internatio-
nale (ONGI) de protection de l'environnement, présente dans plus de 55
pays à travers le monde. Elle lutte contre ce qu'elle estime être les plus
grandes menaces pour l'environnement et la biodiversité sur notre
planète.
‘Greenpeace - France’, créé en 1977, est une organisation parte-
naire du réseau ICAN, Campagne internationale pour l'abolition des
armes nucléaires, Prix Nobel de la Paix 2017, qui milite pour l'entrée en
vigueur du Traité sur l'interdiction des armes nucléaires (TIAN).
* ‘Greenpeace’ naît à Vancouver en septembre 1971 quand un groupe de 14 militants
écologistes embarquent à bord d'un vieux chalutier, le Phyllis Cormack pour
empêcher les essais nucléaires états-uniens sur le site d'Amchitka en Alaska. En
1979, les bureaux d’Europe, du Pacifique et d’Amérique se réunissent pour constituer
‘Greenpeace International’. Depuis 1989, l'organisation a son siège à Amsterdam,
d'où sont définies et coordonnées les campagnes de l'ONG.
Photo : Le Rainbow Warrior, bateau affrété par ‘Greenpeace’ pour s’opposer aux
essais nucléaires
1981 :
le CODENE
‘La crise des euromissiles’ est une période de relations Est-Ouest
tendues et de débats au sein des membres européens de l'OTAN. Elle naît
des premiers déploiements de missiles soviétiques SS-20 en 1977, aux-
quels font face en 1983 les missiles étatsuniens Pershing II) et s'achève par
la signature du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire en
1987.
Faisant suite aux ’Rencontres internationales pour la paix’ durant l'été
1981 au Larzac, le ‘Comité pour le désarmement nucléaire de l'Europe’
(CODENE) est fondé en décembre 1981 à l'initiative de plusieurs
mouvements, dont le PSU et le MAN, pour lutter de manière non-violente
contre les armes nucléaires en Europe.
Le 23 octobre 1983, une chaîne humaine est formée à Paris entre les
ambassades des États-Unis et de l'Union soviétique.
Durant l'été 1984, 2 000 manifestants se rassemblent au Crozon près
de la base de l'Île Longue où sont basés les sous-marins nucléaires
lanceurs d’engins (SNLE) français en scandant « SS 20 niet, Pershing no,
M 20 non ! ».
Photos : Missiles balistiques intercontinentaux SS-20 soviétiques, Pershing II états-uniens
et M-20 français
1984 :
la ‘Maison de vigilance’ à Taverny
Solange Fernex, comme 12 autres personnes dans le monde*,
participe au ‘Jeûne pour la vie’ à partir du 6 août 1983, et jeûne 38 jours à
Taverny (Val d’Oise) pour le désarmement nucléaire mondial.
L’association ‘Maison de Vigilance’ est créée en 1984 à Taverny notam-
ment par Bruno de Commines, Solange Fernex et Marc Sève, qui veulent une
présence permanente dans cette ville où se situe, à plusieurs dizaines de
mètres de profondeur, le Centre d’opération des forces aériennes stratégi-
ques (COFAS).
L’association organise, à Taverny puis à Paris, un jeûne annuel du 6 au
9 août* auquel Théodore Monod participe tous les ans de 1982 à 1996 (âgé
de 94 ans…). La maison elle-même est vendue en 2012.
* à Paris, Rome, Bonn et San Francisco
** dates anniversaires des destructions d'Hiroshima et de Nagasaki, en août 1945.
Photo : Solange de Türckheim, épouse Fernex (1934-2006) fonde, avec Antoine Waechter, le
premier parti écologiste d'Europe, ‘Écologie et Survie’, en 1979. Elle est tête de liste ‘Europe
Écologie’ aux premières élections européennes en 1979, députée européenne de 1989 à 1995, et
présidente de la section française de la ‘Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté’
(WILPF).
1984 :
‘L’Observatoire des armements’
Le ‘Centre de documentation et de de recherche sur la paix et les
conflits’ (CDRPC) est fondé à Lyon en 1984 par Bruno Barrillot, Jean-Luc
Thierry et Patrice Bouveret. Il devient en 2008 ‘l’Observatoire des arme-
ments’.
Cette association a pour objectif d’étayer les travaux de la société
civile sur les questions de défense et de sécurité, dans la perspective
d’une démilitarisation progressive.
Elle s’intéresse à la course aux armements, aux ventes d’armes,
aux conséquences des essais nucléaires.
Photos : trois cofondateurs d’ObsArm
- Bruno Barillot (1940-2017, ex-prêtre aumônier du MRJC, DEA de Sécurité et défense. En 2001,
cofondateur, avec Michel Verger, vétéran des essais nucléaires au Sahara, de l'Association des
Vétérans des Essais Nucléaires Français et leurs familles (AVEN). Délégué au suivi des
conséquences des essais nucléaires français auprès du gouvernement de Polynésie. Démis par
Gaston Flosse en juin 2013.
- Jean-Luc Thierry
- Patrice Bouveret.
‘Observatoire des armements’
Les principales études d’ObsArm’ portent
sur les armes nucléaires et leurs conséquen-
ces sanitaires et environnementales, les
transferts d’armements et de matériels de
sécurité, les nouveaux systèmes d’armes
(drones, robots tueurs, simulateurs, etc.), ainsi
que les coopérations militaires et sécuritaires
de la France.
ObsArm dispose d’un centre de documentation
composé d’archives uniques : 6 000 ouvrages
spécialisés, dossiers d'actualités sur l'industrie et les
transferts d'armement, sur les armes nucléaires, fonds
numérisés sur les essais nucléaires, etc. Il participe à
différentes actions de mobilisation : initiateur et centre
ressource pour les victimes des essais nucléaires ;
plaidoyer pour un renforcement du contrôle
démocratique des transferts d’armes.
‘Observatoire des armements’, décembre 2021 :
l’étude sur les déchets nucléaires militaires français
En décembre 2021 est publiée l’étude Déchets nucléaires
militaires - La face cachée de la bombe atomique française, réalisée
par Jean-Marie Collin, expert en désarmement nucléaire, et Patrice
Bouveret, directeur de ‘l’ObsArm’, tous deux co-porte-parole de ICAN-
France (‘Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires’).
’L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs’
(Andra) les évalue à 148 630 m3, 9 % du stock global. Selon les
projections actuelles de l’arsenal nucléaire, d’ici 2100, cette production
de déchets pourrait représenter, un volume astronomique de 259 762
m3.
Les auteurs demandent qu’un rapport d’information spécifique
sur les déchets nucléaires militaires soit réalisé par ‘l’Office parlemen-
taire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques’ (OPECST).
« Il est indispensable de mettre fin au régime dérogatoire
dont bénéficient les activités et installations militaires sur le plan des
conséquences sanitaires et environnementales qu’elles
engendrent. (…) La seule prévention efficace consiste à arrêter la
production de nouveaux déchets, ce qui signifie entrer enfin dans un
processus de désarmement nucléaire. »
1985 : ‘l’Association des médecins français pour la
prévention de la guerre nucléaire’
Dans la suite de l’association International Physicians for the
prévention of nuclear war (IPPNW, créée en 1980*, prix Nobel de la paix
1985), ‘l’Association des médecins français pour la prévention de la guerre
nucléaire’ (AMFPGN) est fondée en 1985.
L’IPPNW, fédération d’associations de plus de 60 pays, regroupe des
dizaines de milliers de praticiens. Son objectif premier est la prévention
d’un conflit atomique. C’est la seule association médicale internationale
indépendante entièrement dédiée à la recherche, l’éducation et l’action
pour la prévention d’un conflit atomique.
La prise en compte des conséquences humanitaires de la menace
nucléaire fait l’objet de conférences de l’IPPNW à Helsinki (Finlande,
septembre 2006, où est décidée la création d’International Campaign to
Abolish Nuclear Weapons – ICAN), à Oslo (Norvège, mars 2013), à Nayarit
(Mexique, février 2014) et à Vienne (Autriche, décembre 2014).
* par les Drs Bernard Lown, Jim Muller, Eric Chivian et Herb Abrams (États-Unis d’Amérique) et les
Drs Evgueni Chazov, Mikhail Kuzin et Leonid Ilyin (Union Soviétique)
Photo du haut : Bernard Lown et Evgueni Chazov, confondateurs de l’IPPNW
Photo du bas : Abraham Béhar, né en 1932, biophysicien français et médecin nucléaire, ex-
professeur à l’Université Pierre et Marie Curie (Paris 6), président de l’AMFPGN
1985 : suite au sabotage du Rainbow Warrior
par les services secrets français
Le 10 juillet 1985, une explosion fait couler le Rainbow Warrior
("Guerrier Arc-en-ciel"), bateau de l’organisation écologiste ‘Greenpeace’,
amarré à Auckland en Nouvelle-Zélande. Fernando Pereira, photographe de
‘Greenpeace’, est tué.
Cet homicide involontaire résulte d’un attentat commis par les
services secrets français (DGSE), avec l’accord des plus hautes autorités
de l’État, pour empêcher le bateau de protester contre les essais nucléaires
souterrains français dans le lagon de Moruroa. Pour empêcher la société
civile de protester contre leur politique, les autorités françaises ont recours
au terrorisme d’État…
Le ministre de la Défense Charles Hernu démissionne. La France,
avec nos impôts, versera 7 millions de dollars de dommages-intérêts à la
Nouvelle-Zélande et 8,16 millions de dollars d’indemnités à Greenpeace ...
Le colonel chef du ‘Service Action’ de la DGSE chargé de cette opération
foireuse sera élevé à la dignité de Grand Officier de la Légion d’Honneur en 1995…
Paul Quilès, qui succède à Charles Hernu au poste de ministre de la Défense,
se rend vite compte de l’imposture de la dissuasion nucléaire française et devient un
militant du désarmement nucléaire.
Photos : Le Rainbow Warrior 1 coulé dans le port d’Auckland
La victime, Fernando Pereira (1950-1985), Néerlandais d’origine portugaise
1990 : le Collectif ‘Stop Essais’
Du 5 au 13 mars 1990, Marie-Pierre Bovy, membre de la Commu-
nauté de l'Arche, présidente du ‘MIR-France’ (‘Mouvement International de la
Réconciliation’) organise un "jeûne d'interpellation" pour l'arrêt des essais
nucléaires. Ce jeûne regroupe une quinzaine d'associations impliquées dans
le combat pour le désarmement nucléaire.
Elle est ensuite cofondatrice (avec Solange Fernex, le ‘MAN’ et
‘l’Observatoire des Armements’) et animatrice de ‘Stop Essais’, un réseau qui
regroupe ces associations œuvrant à l’abolition des armes nucléaires, à
l’arrêt des essais nucléaires souterrains en Polynésie et dénonçant les
préjudices humains (maladies et infirmités des vétérans…) et environnemen-
taux (pollutions, détériorations, etc.) des essais nucléaires.
Photos :
- Marie Pierre Bovy, née en 1949. À l’origine de la création de la ‘Coordination de l’action non-violente
de l’Arche’ (CANVA), qu’elle anime de 1986 à 1992, et de ‘Stop Essais’, qu’elle anime de 1990 à 2000.
- Marche internationale pour la paix, Malville - Les Saintes-Maries-de-la-Mer, 1er septembre - 14
octobre 1990
1990 : le collectif ‘Stop Essais’
devenu en 1996 ‘Armes nucléaires Stop’
Après la fin des essais en 1996, le collectif ‘Stop Essais’
change de nom pour devenir ‘Armes nucléaires Stop’. Il apporte son
soutien à l’Association des vétérans des essais nucléaires’ (AVEN)
et à l'association polynésienne ‘Moruroa e tatou’.
L’action du collectif ‘Armes nucléaires Stop’ et des
organisations membres contribue à la décision de démantèlement du
site de Moruroa en 1996 et à l’élaboration d’une loi de reconnais-
sance et d’indemnisation des vétérans (‘loi Morin’) adoptée en 2010.
- Manifestation contre les essais à l’Ile Longue le 16 octobre 1995.
- Dominique Voynet et Yves Cochet (Les Verts) lors de la manifestation à l’Île Longue
- Dominique Lalanne (1943-2022), directeur de recherches en physique nucléaire au
CNRS, longtemps animateur du collectif ‘Stop Essais’, puis président du collectif ‘Abolition
des armes nucléaires- Maison de Vigilance’. Il assiste à l'ONU aux assemblées du Traité de
non-prolifération, travaille comme expert à ‘Observatoire des armements’.
1990 :
‘L’Assemblée européenne des citoyens’ (AEC)
Suite aux actions contre les euromissiles, des liens se créent avec
les organisations de l‘Est, ce qui aboutit à la constitution du réseau inter-
national Helsinki Citizens’ Assembly (HCA), réseau non gouvernemental
fondé en 1990 à Prague par des militants de la paix et des droits de
l’homme d’Europe orientale et occidentale, du Caucase et d’ailleurs.
‘L’Assemblée européenne des citoyens’ (AEC) est constituée en
1990 comme branche française.
"Helsinki" dans son titre fait référence aux "Accords d’Helsinki" de
1975 puis aux efforts faits ensuite pour développer "par le bas", la coopé-
ration et la sécurité en Europe. HCA œuvre pour la promotion des valeurs
démocratiques et le développement d’actions citoyennes en Europe. Ses
membres développent principalement des activités en faveur de la paix et
du dialogue, notamment concernant des zones de conflits et de tension,
des questions identitaires dans leurs relations à la citoyenneté et à la
démocratie. Cela dans les zones de tensions et de conflits en Europe du
Sud-Est (avec les guerres yougoslaves), dans le Sud-Caucase, l’Europe
orientale (notamment l’Ukraine), la Turquie, la Méditerranée, etc.
L’AEC est engagée dans l’action pour le désarmement nucléaire.
Photo : Bernard Dréano, président de l’AEC, co-président de ‘HCA international’, co-
président du ‘Centre d'études et d'initiatives de solidarité internationale’ (CEDETIM), associations
membres du réseau ‘Initiatives pour un autre monde’ (IPAM)
1995 :
‘Abolition 2000’
‘Abolition 2000’ est un est un réseau de plus de 2 000 organisa-
tions présentes dans plus de 90 pays à travers le monde entier œuvrant à
un traité international visant l’élimination des armes nucléaires. Ses
objectifs sont définis dans le déclaration de fondation adopté à New York
en avril 1995 lors de la ‘Conférence d’examen et de prorogation du Traité
sur la non-prolifération’ (TNP).
Oscar Temaru, homme politique de Polynésie française, est oppo-
sant en 1ère ligne quand, en 1995, Jacques Chirac décide de reprendre les
essais nucléaires à Mururoa*.
En oct. 2018, il déposera une plainte devant la ‘Cour pénale
internationale’ pour crime contre l'humanité visant la France en raison des
193 essais nucléaires (46 aériens, puis 147 dans les sous-sols et sous les
lagons) menés de 1960 à 1996 dans le Pacifique.
Photos : - Jacques Chirac annonçant la reprise des essais nucléaires
- Oscar Temaru, né en 1944, élu président de la Polynésie française à 5 reprises de 2004 à 2011.
Maire de Faʻaʻā, la plus peuplée des communes polynésiennes, voisine de Papeete, depuis 1983.
- Essai nucléaire souterrain dans le lagon de Polynésie. La campagne de 1995 contre les essais
suite à la décision de reprise des essais par J. Chirac a contribué à ce que soit adopté à l'ONU en
1996 le Traité d'interdiction complète des essais (TICE), largement respecté même s’il n’est pas
entré en vigueur.
1997 :
Le Réseau ‘Sortir du nucléaire’
En septembre 1997, la première Assemblée générale de coordination
nationale antinucléaire* se déroule à Agen et rédige la charte du Réseau
‘Sortir du nucléaire’. La charte souhaite l'abandon des projets d'enfouisse-
ment des déchets nucléaires, de traitement du combustible usé, l'arrêt des
exportations d'électricité, le non-renouvellement du parc nucléaire, l'arrêt
des réacteurs en fonctionnement. Le Réseau lors de sa création fait le
choix de ne pas se positionner sur le nucléaire militaire, mais uniquement
sur le civil. C'est seulement quelques années plus tard, autour de 2004-
2005 que l’objectif de l'élimination du nucléaire militaire figure dans la
charte.
* notamment la Coordination nationale des collectifs contre l'enfouissement des déchets
radioactifs, Greenpeace, le Comité Malville, Stop Golfech, les Amis de la Terre, le comité Stop
Civaux, la FRAPNA, Les Verts, la LCR.
Le Réseau participe aux actions diverses
- de présence auprès des sites nucléaires militaires,
- de commémoration des anniversaires des bombarde-
ments d’Hiroshima et Nagasaki,
- de plaidoyer auprès des gouvernants et de l’opinion, -
d’interpellation des épargnants et des banques qui
contribuent au financement des armes nucléaires, etc.
2001 :
‘l’Association des vétérans des essais nucléaires’ (AVEN)
En juin 2001 est créée l‘’Association des vétérans des essais
nucléaires au Sahara, en Polynésie et leurs familles’ (AVEN). Elle
regroupe les personnels militaires, ceux du CEA et des entreprises sous-
traitantes ayant été engagés dans les 210 essais nucléaires effectués par
l'État français, au Sahara (17 : 4 aériens et 13 souterrains) et en Polyné-
sie (193 : 46 aériens et 147 souterrains).
Elle fait le lien entre les essais nucléaires et la santé des person-
nes touchées par ces essais, et les effets sur leurs descendants, notam-
ment les cancers du sang (leucémies).
La loi Hervé Morin sur l’indemnisation des victimes sera votée en
janvier 2010, mais la portée du texte est limitée par son alinéa 4 relatif au
"risque négligeable", qui empêchait la plupart des demandes d’indemni-
sation des victimes des essais nucléaires. Le seuil de risque négligeable
a été abaissé à 0.3% en fév. 2017.
Photo : Michel Verger (1940-2021), cofondateur de l’AVEN en 2001, avec Bruno Barrillot.
En 1960, appelé à 20 ans, il avait assisté en plein désert du Sahara à la première explosion de
bombe atomique effectuée par « la France ». Toute sa vie, il a porté la parole des personnes
victimes, qui ont déclarées de graves maladies à cause de l’exposition aux radiations.
2001 :
‘Mororoa e tatou’
Créée en juillet 2001 par Bruno Barrillot, Roland Oldham et John
Doom, l’association ‘Moruroa e tatou’ (‘Moruroa et nous’) a pour objectif de
défendre les victimes des essais nucléaires en Polynésie. L’assemblée
constitutive se tient dans la grande salle de l’Église évangélique de Paofai
à Papeete.
Chaque année, l’association commémore le 1er essai nucléaire en
Polynésie, commis le 2 juillet 1966.*
Le 5 août 2002, à la veille des cérémonies d'anniversaire du bombardement de
1945, se tient à Hiroshima une grande conférence sur les conséquences des essais
nucléaires français. Trois représentants de l'Association ‘Moruroa e tatou’ aux côtés de
délégués français des Vétérans et de délégués Algériens témoignent de ce qu'ils ont
vécu lors des essais nucléaires et lancent un appel aux responsables des puissances
nucléaires. Ensemble, ils demandent aux chefs d'État de renoncer définitivement à
leurs arsenaux nucléaires et d'assumer leurs responsabilités vis à vis de tous ceux -
travailleurs, militaires et populations - qu'ils ont exposés délibérément aux bombarde-
ments et aux retombées des essais nucléaires.
Photos : Roland Oldham (1950 -2019 ) et John Doom (1936-2016)
* Baptisé Aldébaran, du nom de l’étoile la plus brillante de la constellation du Taureau, ce premier
essai nucléaire a marqué le départ d’une longue série de 46 tirs aériens pendant huit ans, à Moruroa
et Fangataufa, puis de 147 essais dans la base rocheuse de ces deux atolls, jusqu’en 1996.
2007 : ‘ICAN- France’
‘ICAN France’ existe depuis 2007, à l'initiative de Pierre Villard du
‘Mouvement de la paix’ dans la suite d'une coordination des différents mouvements
contre l'arme nucléaires créée plusieurs années auparavant.
En 2013, ‘ICAN-France’ se déclare en association lors d’une AG qui se déroule
à Lyon dans les locaux d’’Observatoire de l’armement’. ICAN France est animé par un
collectif de quelques personnes, toutes co-porte-parole de ICAN, dont Jean-Marie
Collin, quasi permanent.
‘ICAN France’ est le relais en France de l’organisation International Campaign to
Abolish Nuclear Weapons (‘Campagne internationale pour abolir les armes
nucléaires’), lauréate du prix Nobel de la paix en 2017. ICAN International a 600
partenaires dans 103 pays.
La campagne à l’origine visait à mobiliser les citoyens pour faire pression sur
leurs gouvernements afin de commencer des négociations sur un traité d’interdiction
des armes nucléaires en raison de leurs conséquences humanitaires et
environnementales inacceptables.
Aujourd’hui, elle vise à faire adhérer un maximum de pays au Traité sur
l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), adopté en juillet 2017 par les représenta-
tions diplomatiques de 122 pays à l’ONU, et entré en vigueur en droit international le
22 janvier 2021.
ICAN-France
Les États parties au TIAN s'interdisent la mise au point, l'essai, la
production, le stockage, le transfert, l'utilisation et la menace de l'utilisation
d'armes nucléaires, en raison des conséquences humanitaires catastrophi-
ques qu’entraînerait leur utilisation*.
‘ICAN-France’ fait un travail important auprès des parlementaires, des
maires, et auprès des jeunes (en 2016 dans le cadre d'Erasmus, puis par
des séminaires, des conférences dans de nombreuses universités, l'envoi
de jeunes lors des conférences du TNP ou pour le TIAN, etc.)
Et aussi une campagne auprès des banques et de leurs clients pour
l'arrêt du financement des armes nucléaires.
* Pour les États dotés d'armes nucléaires y adhérant, le TIAN prévoit un processus assorti d'un
calendrier, conduisant à l'élimination vérifiée et irréversible de leur programme d'armes nucléaires.
Sa valeur est d'ordre symbolique car il ne s'applique qu'aux États signataires dont aucune des 9
puissances nucléaires ne fait partie. Mais ses promoteurs en attendent un impact sur l'opinion et le
renforcement partout dans le monde de l‘affirmation que l'arme nucléaire est hors-la-loi.
Photos :
- La campagne d’ICAN-France auprès des clients des banques
- Jean-Marie Collin, né en 1975, expert sur les questions de désarmement et de sécurité
internationale. Ex-directeur pour la France et les pays francophones du réseau international des
‘Parlementaires pour la non-prolifération et le désarmement nucléaire’ (PNND), regroupant près de
700 parlementaires de 75 pays. Cofondateur et vice-président (jusqu’en 2018) de l’association
‘Initiatives pour le Désarmement nucléaire’ (IDN). Depuis 2009, chercheur associé au Groupe de
Recherche et d’Information sur la Paix et la Sécurité’ (GRIP). Depuis 2014 expert et co-porte-parole
de ‘ICAN France’
2016 : Le réseau
‘Abolition des armes nucléaires - Maison de Vigilance’
Dans un contexte géopolitique nouveau, avec la gestation à l’ONU d’un traité
d’interdiction des armes nucléaires, les membres de l’association ’Maison de Vigilance’ et
du collectif ’Armes nucléaires Stop’ conviennent en décembre 2016 de se rapprocher,
pour agir avec plus de force et d’efficacité en faveur de l’abolition des armes nucléaires,
sous le nom de ‘Abolition des armes nucléaires - Maison de Vigilance’.
Ce réseau regroupe une quinzaine d’associations*. Il est membre actif de ‘ICAN-
France, campagne internationale pour abolir les armes nucléaires, du ‘Réseau Sortir du
nucléaire’ et de ‘Abolition 2000’, réseau mondial pour éliminer les armes nucléaires.
*Arche et CANVA, Association des médecins français contre la guerre nucléaire (AFMCGM), quelques groupes
d’ ATTAC, Europe Écologie Les Verts, GSIEN, Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (LIFPL-WILPF),
Mouvement pour une alternative non-violente (MAN), Mouvement international de la réconciliation (MIR), Observatoire
des armements (ObsArm), Pax Christi France, Pugwash France, Quakers international, Réseaux Espérance, réseau
Sortir du nucléaire, Union Pacifiste de France
Photo : Le ‘ballon gonflé à l’hélium-bombe atomique’ sur la place de la Comédie à Montpellier
2012-2017 :
Les campagnes du MAN
En janvier 2012, à l’initiative du ‘Mouvement pour une Alternative non-violente’
(MAN), 46 personnalités* lancent un ‟Appel en faveur du désarmement unilatéral
de la France” rédigé par Jean-Marie Muller.
En 2014, le MAN rédige et diffuse un ‟4 pages” intitulé Libérons la France des
armes nucléaires, organise dans la rue des sondages ‟micro-trottoir”, etc.
De 2014 à 2017, le MAN poursuit la campagne pour le désarmement
nucléaire unilatéral de la France, participe aux actions et jeûnes des 6-9 août,
remet une pétition de 11 550 signatures à trois députés, réalisation de la vidéo La
Bombe, l’assurance de votre destruction, etc.
* dont Olivier Abel, Guy Aurenche, Simone de Bollardière, José de Broucker, Bernard Dréano, Bernard
Ginisty, Françoise Héritier, Stéphane Hessel, Albert Jacquard, Gustave Massiah, Christian Mellon, Philippe Meirieu
Edgar Morin, Antoine Nouis, Richard Pétris, Bernard Quelquejeu, Pierre Rabhi, Matthieu Ricard, Alain Richard, lama
Denys Rinpoché, Antoine Sondag, Alain Touraine, Paul Virilio, Patrick Viveret.
2013 :
‘Initiatives pour le Désarmement Nucléaire’.
Suite à la publication en 2013 du livre Arrêtez la bombe !, ses trois
auteurs, Paul Quilès, ex-ministre de la Défense, le général Bernard Norlain
et Jean-Marie Collin créent l'association Arrêtez la Bombe !. En 2016, l'asso-
ciation change de nom pour devenir ‘Initiatives pour le Désarmement Nuclé-
aire’.
Dans la situation actuelle caractérisée par une résurgence de la
menace nucléaire, celle-ci ne suscite aucune réaction. Pourquoi les messa-
ges d’alerte lancées par les opposants à l’arme nucléaire ne rencontrent-ils
que peu d’échos ? Face aux discours officiels des gouvernements procla-
mant que l’arme nucléaire constitue une « garantie ultime de sécurité », et à
la qualification de "bisounours" donnée par certains aux militants du désar-
mement nucléaire, IDN entend démontrer que le réalisme est du côté des
adversaires de l’armement atomique.
« Jouer avec l’arme atomique c’est jouer avec le feu. C’est un comportement
immature. La dissuasion nucléaire est un pari sur la rationalité du ou des adversaires,
mais un pari est par nature hasardeux. Aucun système qui repose sur des êtres
humains ne peut marcher parfaitement, toujours. La dissuasion nucléaire ne peut
qu’encourager la prolifération nucléaire et donc le risque de guerre nucléaire. L’histoire
regorge d’exemples où des dirigeants n’ont pas hésité à sacrifier des millions de civils.
Avoir un système qui repose sur la perfection humaine ne peut pas durer. »
Général Bernard Norlain
‘Initiatives pour le Désarmement Nucléaire’
IDN produit des propositions à court, moyen et long terme, des
rapports, des livres, des revues de presse, des fiches de lecture, des
vidéos, diffuse des communiqués, organise des colloques, des
‘événements JANUS’ (‘Journées contre les armes nucléaires et pour
la sécurité’), des webinaires, des concours d’illustrations, commande
des sondages*, etc.
L’association est co-fondatrice de NoFirstUse Global, qui défend
un politique de non-emploi de l’arme nucléaire en premier.
* Un sondage IDN/Comisis-OpinionWay en mai 2022 montre que 70 % des
Français considèrent que l’arme nucléaire met en péril la sécurité du monde.
Photos : Trois figures de l’association IDN
- Paul Quilès (1942-2021), polytechnicien, député socialiste, ministre de la Défense (1985-
1986), président de la Commission de la défense nationale de l'Assemblée nationale (1997-
2002), maire de Cordes-sur-Ciel.
- Bernard Norlain, né en 1939, chef du cabinet militaire du Premier ministre Jacques Chirac puis de
Michel Rocard, général de corps d'armée aérien (1990)
- Marc Finaud, né en 1953, ancien diplomate français. En 1989-1993, conseiller à la
délégation française à la Conférence du désarmement à Genève et membre de la
délégation française à la première commission de l'AG de l’ONU à New York.
Conseiller principal et chef des études ‘Prolifération des armes’ au Geneva Centre for
Security Policy.
L’appel de 21 personnalités initié par IDN
En avril 2017, à l'initiative de l'ancien ministre de la Défense Paul Quilès,
21 personnalités* interpellent le futur président de la République pour qu'il agisse
vraiment en faveur d’un monde sans armes nucléaires.
« Les principales menaces à notre sécurité proviennent aujourd’hui du terro-
risme, des cyber-attaques, de la criminalité organisée, des pandémies, du change-
ment climatique et ne sauraient être dissuadées par un arsenal nucléaire. (…)
Il n’est pas raisonnable de continuer à s’arc-bouter sur le maintien d’une
arme que nombre d’experts militaires et stratégiques s’accordent à reconnaître
comme obsolète et inadaptée. (…) Nous souhaitons que vous saisissiez
l’opportunité historique qui s’offre à notre pays de montrer la voie vers un
désarmement négocié, vérifiable et universel en se joignant aux quelque 132 États
qui négocient actuellement à l’ONU un traité d’interdiction des armes nucléaires.»
* Sébastien Balibar, Rony Brauman, Valérie Cabanes, Gilles Candar, Jean-Marie Collin,
Michel Drain, Jean-Pierre Dupuy, Marc Finaud, Christiane Hessel, Bernard Hourcade,
Yannick Jadot, Alain Joxe, Georges Le Guelte, Francis Lenne, Bernard Norlain, Ivar Ikeland,
Jean-Claude Pecker, Paul Quilès, Marc Stenger, Annick Suzor-Weiner, Thierry Salomon.
Les 64 villes de France
qui soutiennent l’adhésion au TIAN
À la date du 6 août 2022, 64 villes en France - dont Paris, Lyon et
Grenoble et Bordeaux - soutiennent le Traité sur l’interdiction des armes
nucléaires (TIAN).
Cet engagement des villes, qui va se poursuivre en France, se
déroule aussi à l’international : 452 municipalités ont déjà signé cet
Appel. Parmi elles, de nombreuses capitales comme Amsterdam,
Barcelone, Berlin, Canberra, Luxembourg, Manchester, Oslo, Toronto,
ou encore Washington D.C.
Au total, ce sont 8 000 villes à travers le monde, membres du
réseau Mayors for Peace, qui se sont engagées à protéger leurs
habitants des armes nucléaires et à mobiliser leurs États pour adhérer
au TIAN.
ICAN, juin 2022 :
La tribune de 56 parlementaires français
en faveur du TIAN
Le 16 juin 2022, un groupe de 13 personnes membres d’ICAN- France porte au
palais de l’Élysée une pétition signée par 11 217 citoyens, demandant que la France soit
observatrice à la première réunion des États parties au TIAN prévue à Vienne (Autriche) du
21 au 23 juin 2022.
Le même jour, dans une tribune* parue dans le quotidien Le Monde, 56 parlemen-
taires* font au président Emmanuel Macron la même demande, qui restera vaine.
« La France doit être présente comme "État observateur", comme vont le faire plusieurs
pays européens (Allemagne, Finlande, Norvège, Suisse, Suède). Cette attitude évitera aussi
que notre pays soit placé dans la catégorie des absents comme devrait l’être la Russie.
Enfin, face aux Françaises et aux Français qui s’interrogent sur le risque de guerre
nucléaire, une absence serait incompréhensible. »
* Cette tribune s'inscrit dans un travail ancien auprès des parlementaires qui se matérialise notamment par la
publication depuis 2014, d'une lettre trimestrielle diffusée auprès de chaque parlementaire, au départ à
l'initiative de l'Observatoire des armements’ avec PNND (Parlementaires pour la non prolifération et le
désarmement nucléaire). PNND a ensuite été remplacé en 2019 par ‘ICAN-France’.
** dont Guillaume Gontard, sénateur de l’Isère (EELV), Pierre Laurent, sénateur de Paris (PC), Régis Juanico, député de la
Loire (PS), Hubert Julien-Laferrière, député du Rhône (Génération Écologie), Bastien Lachaud, député de Seine Saint-
Denis (LFI), Jean-Paul Lecoq, député de la Seine-Maritime (PC), Fabien Roussel, député du Nord (PC), Mounir Satouri
eurodéputé (Groupe des Verts/ALE), Marie Toussaint, eurodéputée (Groupe des Verts/ALE), Jean-Pierre Sueur, sénateur
du Loiret (PS), Cédric Villani, député de l’Essonne (Génération Écologie)
Les actions locales
pour le désarmement nucléaire
Des actions sont menées depuis longtemps par des groupes
locaux en vue du respect par la France de l’article 6* du Traité de non-
prolifération nucléaire (TNP), de l’adhésion de la France au TIAN, et/ou
de la reconversion des sites nucléaires militaires à des activités pacifi-
ques.
Ainsi, depuis 2013, le ‘Collectif Bourgogne Franche-Comté pour
l’abolition des armes nucléaires’** mène des action à Dijon et près du
site CEA de Valduc***, à 40 km de Dijon, où sont rechargées et moder-
nisées les 290 armes nucléaires françaises.
Entre autres actions :
- des jeûnes et des commémorations des bombardements d’Hiros-
hima et de Nagasaki, tous les ans, du 6 au 9 août, ../..
* Art. 6 du TNP : « Chacune des Parties au Traité s'engage à poursuivre de bonne foi des négocia-
tions sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une
date rapprochée et au désarmement nucléaire, et sur un traité de désarmement général et complet sous
un contrôle international strict et efficace »
** qui comprend notamment les groupes locaux des Amis de La Terre, du MAN, du Mouvement de la
paix
*** Dans le cadre du traité franco-britannique ‘Teutatès’ signé en novembre 2010, le programme
‘Epure’ du site CEA-DAM de Valduc se réalise avec les Anglais en violation de l’article 6 du TNP. Il a pour
but d’installer au CEA-Valduc un ensemble de 3 accélérateurs d’électrons pour radiographier l’explosion
du premier étage des bombes nucléaires.
Les actions locales pour le désarmement nucléaire :
une illustration à Dijon et Valduc
- une "lettre ouverte au Directeur du site nucléaire militaire de Val-
duc et aux autorités nationales", signée en nov. 2018 par 38 organisa-
tions politiques, syndicales, associatives, culturelles et spirituelles de
Bourgogne-Franche-Comté,
- à partir de janvier 2020, des ‘vigies citoyennes’ mensuelles près
du site de Valduc pour interpeller la Direction et les salariés rentrant du
travail le soir en bus, avec un communiqué de presse après chaque
vigie,
- l’intrusion, en juillet 2020, de 3 lanceurs d’alerte dans la partie non
sécurisée du site : les poursuites* pour "intrusion en réunion dans un
site civil abritant des matières nucléaires", après relance auprès du
Procureur, du Procureur général et du ministre de la Justice pour que le
procès ait enfin lieu, se soldent finalement en décembre 2021 par un
‘rappel à la loi’ envoyé aux 3 prévenus par lettre simple, sans entretien
préalable…
* peines jusqu’à 3 ans de prison et 75 000 € d’amende
Photos :
- Interpellation des salariés dans les bus à Moloy, près de Valduc
- Intrusion près du "château" de Valduc le 9 juillet 2020
- Les 3 lanceurs d’alerte inculpés, déguisés en frères Dalton, à Dijon le 6 fév. 2021
Les actions locales pour le désarmement nucléaire :
* notamment le 22 janvier 2021 à l’occasion de l’entrée en vigueur du TIAN, à
Paris, Lyon, Dijon et dans d’autres villes
Photos :
- Jeûne du 6 au 9 août 2012 à Paris, devant le Mur de la Paix du Champ de Mars
- Manifestation à Paris
- Manifestation à Brest en janvier 2022 à l’occasion de la réunion des ministres des
Affaires étrangères et de la Défense de l’Union Européenne
Des actions ont été menées* ou le seront
- à Paris devant le ministère de la Défense,
- à Brest et à côté de la base des sous-marins nucléaires lanceurs
d’engins de l’Île Longue,
- à Bordeaux et au Barp, près du site du laboratoire ‘Mégajoule’
qui simule les explosions nucléaires,
- au Mont Saint Michel, à Dampierre (Jura), Épinal, Tours, etc.
Elles ont été menées ou le seront en concertation avec
nos partenaires en Europe, par ex. :
- Lettre ouverte de l’organisation britannique Trident Ploughshares
au Président de la République, le 1er février 2021, pour protester
contre le programme de coopération militaire franco-britannique
‘Teutates-Epure’ à Valduc en violation de l’article 6 du TNP,
- Jeûne international à Berlin du 6 au 9 août 2022, etc.
Citons aussi brièvement…
- ‘L’Union Pacifiste de France’ (UPF) section française de War Resisters International
(ou WRI - ‘Internationale des résistants à la guerre’ ou IRG), association fondée en 1961,
dont les grandes figues ont été Louis Lecoin (1888-1971), Paul Rassinier et Jean
Gauchon. Elle s’oppose bien sûr à l’arme ncléaire.
- L’association ‘Action des citoyens pour le désarmement nucléaire’ (ACDN)
fondée en 1996 par Jean-Marie Matagne (né en 1944).
- ‘L’association franc-comtoise pour le désarmement nucléaire unilatéral
de la France’ (ADN) créée en 2015, notamment par Lucien Converset*.
* Lucien Converset, prêtre catholique français né en 1937, appelé familièrement Lulu. De
mars 2012 (âgé de 75 ans) à juin 2013, il marche à pied de Dampierre (Jura) à Jérusalem,
accompagné de son âne Isidore, afin de demander la paix pour le monde. Il écrit aux
évêques français afin qu’ils prennent position contre l’arme nucléaire.
Citons aussi brièvement…
- L’association ‘Négajoule’ créée en 2011 pour s’opposer au programme
‘Laser Mégajoule’ au CESTA* situé sur le territoire de la commune Le Barp
(Gironde)
* « Le Centre d’études scientifiques et techniques d’Aquitaine (CESTA) a pour mission première d’assurer
l’architecture industrielle des armes de la force de dissuasion ». L’objectif du Mégajoule est de créer une nouvelle
génération de bombes atomiques adaptées à toutes les cibles dans tous les « théâtres d’opération », en violation de
l’art. 6 du TNP auquel la France a adhéré en 1992. La banalisation totale des armes nucléaires devient possible.
- Le ‘Programme d'étude des savoirs nucléaires’, Nuclear Knowledges, au ‘Centre
des relations internationales’ (CERI) de Sciences Po, fondé en 2017 par l’univer-
sitaire Benoît Pélopidas (né en 1981).
Pour éviter le conflit d'intérêt, le programme refuse le financement par des entités pro ou
anti-nucléaires. Son financement repose exclusivement sur la base de la reconnaissance académique
de l'excellence de la recherche accomplie.
Et en 2023 ?
L’année 2023 sera celle
- du 65ème anniversaire de l’action de Lanza del Vasto et de l’Arche à l’usine de
Marcoule contre la fabrication de plutonium à usage militaire, (en avril 1958),
- du 50ème anniversaire de l’action du ‘Bataillon de la paix’ dans l’océan Pacifique (en
été 1973).
Alors que le TIAN est ratifié par de plus en plus d’États dans le monde, des
actions fortes seront menées en 2023 afin que la France respecte ses engage-
ments dans le cadre de l’article 6 du TNP, adhère au TIAN, commence à prévoir la
reconversion de ses sites nucléaires militaires et, pour reprendre Albert Camus,
choisisse « définitivement entre l’enfer et la raison ».
Photo : Le forgeron transformant son épée en soc de charrue (Isaïe, 2, 4). Statue de
Evgueni Voutchetitch devant le siège des Nations unies à New York.
■

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Armes nucléaires. — 08. Les combats non-violents pour le désarmement nucléaire en France depuis 1945

  • 1. Série ‘Vers une politique de sécurité et de paix au XXIème siècle’ 1 – Sous-série ‘Les armes nucléaires’ Diaporama n° 8 8 - Les combats non-violents pour le désarmement nucléaire en France depuis 1945 Étienne Godinot * 12.08.2022 * avec les apports et observations de Patrice Bouveret, Marc Finaud, Yann Forget, Serge Perrin
  • 2. Abolir l’arme nucléaire : Un ensemble de huit diaporamas 1 - La dissuasion nucléaire : inefficacité et dangers 2 - Pour un désarmement nucléaire de la France dans le cadre du TIAN 3 - Figures de la résistance à l’arme nucléaire - 1942-1968 4 - Figures de la résistance à l’arme nucléaire - de 1969 à 1999 5 - Figures de la résistance à l’arme nucléaire - depuis 2000 6 - Quelques personnalités qui ont remis ou remettent en cause la dissuasion nucléaire ou se posent des questions à son sujet 7 - La position de l’Église catholique et des Églises chrétiennes sur l’arme nucléaire : évolution depuis 1963 8 - Les combats non-violents pour le désarmement nucléaire en France depuis 1945 Rappel : ce diaporama fait partie de la série 1 - ‘Abolir l’arme nucléaire’ qui fait elle-même partie de la série ‘Vers une politique de sécurité et de paix au XXIème siècle’ sur irnc.org
  • 3. Août 1945 : l’appel d’Albert Camus Albert Camus (1913-1960), écrivain, philosophe, romancier, dramaturge, est aussi un journaliste militant engagé dans la Résistance et dans les combats moraux de l'après-guerre. Le 8 août 1945, deux jours après l’explosion de la bombe atomique sur Hiroshima, un jour avant qu’une seconde bombe ne soit lancée sur Nagasaki, il écrit dans Combat : « La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. (…) Déjà, on ne respirait pas facilement dans un monde torturé. Voici qu’une angoisse nouvelle nous est proposée, qui a toutes les chances d’être définitive. (…) Devant les perspectives terrifiantes qui s’ouvrent à l’humanité, nous percevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d’être mené. Ce n’est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison ».
  • 4. De 1946 à 2022 : prises de position sur l’arme nucléaire en France
  • 5. De 1946 à 2022 : prises de position sur l’arme nucléaire en France Albert Schweizer (1875-1965), médecin et philosophe : « Le temps travaille pour ceux qui veulent supprimer les armes atomiques. » Georges Bernanos (1888-1948), écrivain : « La barbarie polytechnique menaçante n’a plus devant elle que des consciences. » Emmanuel Mounier (1905-1950), Résistant, fondateur de la revue Esprit : « Désormais, le nihilisme n’est plus la plus tapageuse des philosophies. Il est armé. » Jean Lurçat (1892-1966), Résistant, peintre, céramiste et créateur de tapisseries : « La grande menace, c’est la bombe (…) La bombe n’épargne aucune idéologie, aucun système. Elle anéantit toutes les pensées de l’homme, tout le patrimoine culturel commun… » Lanza del Vasto (1901-1981). Écrivain, poète, artiste, philosophe et fonda- teur de l’Arche : « Regardez vos enfants. Vous avez peur qu’ils prennent froid, qu’ils manquent leur examen. Mais des plaies savantes que leur préparent les chipoteurs d’atomes, vous n’avez nul souci, n’est-ce pas ! »
  • 6. De 1946 à 2022 : prises de position sur l’arme nucléaire en France Théodore Monod (1902-2000), Résistant, professeur et chercheur au ‘Muséum national d’histoire naturelle’ : « Toutes les bombes sont naturellement répréhensibles et doivent être supprimées, mais la bombe atomique, c’est diabolique, inexpiable… » Henri Grouès ou abbé Pierre, Résistant (1912-2007) : « On a l'impression que lorsqu'un pays a fait une bombe, un autre aussitôt veut en faire deux... L'interdiction de la course à la bombe atomique n'est pas une affaire de bonté, elle devrait correspondre à une explosion générale de bon sens. » Paul Stehlin (1907-1975), général, chef d'état-major de l'Armée de l'Air (1960-1963), député centriste (1968-1975) : La France userait-elle l’arme atomique pour riposter en cas d’agression nucléaire ? Ce serait l’anéantissement total de la France. Quel chef d’État serait assez fou pour déclencher un dispositif qui serait, pour notre pays, une véritable opération-suicide ? Jacques de Bollardière (1907-1986, général, Résistant, Compagnon de la Libération : « Notre bombe nucléaire est inutile, immorale, dangereuse, je dis même criminelle (…) Une chape de plomb étouffe toute tentative de réaction. »
  • 7. De 1946 à 2022 : prises de position sur l’arme nucléaire en France Jean Rostand (1894-1977), biologiste, historien des sciences, écrivain, moraliste : « Par l’emploi des techniques nucléaires, le Mal vient de bénéficier d’un brusque avancement. Voilà qu’une mutation géante marque l’histoire de l’assassinat collectif. Un seuil est franchi ». Le rôle des Français « est en premier lieu de protester contre la force atomique française – inutile, absurde, inemployable aussi bien contre un adversaire plus fort que contre un plus faible, éminemment dangereuse puisqu’elle nous désigne pour cible, criminelle et inhumaine puisque sa fonction est de frapper électivement les populations civiles ; qui plus est, elle donne aux autres nations le mauvais exemple en suscitant la malsaine émulation des chauvinismes nucléaires. (…) La France n’a rien à faire dans la galère atomique ». Claude Bourdet (1909-1996), cofondateur du mouvement ‘Combat’, Compagnon de la Libération, cofondateur du Mouvement contre l’Armement atomique en 1963 : « Il est bien certain qu’une grande partie du manque d’intérêt des citoyens pour les problèmes de défense nationale aujourd’hui, – sauf peut-être chez certaines élites très informées, – réside dans l’idée que le fameux "bouton" par lequel le chef de l’État déclenche la guerre nucléaire, nous garantit tellement bien que ce n’est vraiment plus la peine de se préoccuper de défense. Ce désintéressement satisfait peut-être certains "pacifistes". Moi, il ne me satisfait pas. » Pierre Sudreau, (1919-2012), Résistant, ministre jusqu'à sa rupture avec le général de Gaulle en 1962, en raison principalement de son refus de l’arme nucléaire : « L’emploi des armes nucléaires relèguerait les camps de concentration et les chambres à gaz au rang des procédés artisanaux et relèverait en outre du suicide national. »
  • 8. De 1946 à 2022 : prises de position sur l’arme nucléaire en France Jean Toulat (1915-1994), prêtre, Résistant, journaliste, écrivain : « Les tribunaux, avant de condamner le plus affreux des criminels, passent des mois à étudier son dossier (…). Et voilà qu’en un instant, vous seul, sans procès, sans jugement, vous vous attribueriez le droit de vie et de mort sur des centaines de milliers d’hommes, de femmes, d’enfants vivant actuellement ou à naître, non pas seulement dans le pays adverse, mais, par contrecoup probable, dans notre propre patrie ». Alfred Jacquard (1925-2013), biologiste, généticien, philosophe, militant : « Même une guerre "purement régionale" utilisant des armes nucléaires aurait des effets catastro- phiques pour la planète toute entière. (…) La doctrine de "l’équilibre de la terreur" a l’effet pervers de justifier la prolifération des armes nucléaires, car chaque État voudra "assurer sa sécurité" à l’exemple des plus puissants. Guy-Marie Riobé, évêque d’Orléans (1911-1978) : « Tout Français soucieux d’un avenir pacifique se doit de manifester de manière efficace sa désapprobation la plus énergique en regard de toute politique d’escalade atomique. » Jean-Marie Muller (1939-2021), philosophe et stratège de la non-violence : « Le plus grave, et donc le plus inquiétant, c’est le triomphe de la mentalité nucléaire qui inhibe la conscience des citoyens. Ceux-ci ont perdu toute faculté d’indignation devant le fait que l’ingéniosité de l’homme se pervertit dans la fabrication d’armes de destruction massive. »
  • 9. De 1946 à 2022 : prises de position sur l’arme nucléaire en France Dominique Lalanne (1943-2022), directeur de recherches en physique nucléaire, coprési- dent du collectif ‘Abolition des armes nucléaires - Maison de Vigilance’ : « L’arme nucléaire, c’est l’insécurité maximum. Il y a sur la Terre 2 000 bombes en état d’alerte, qui représentent chacune en moyenne 30 fois la bombe d’Hiroshima, c’est-à-dire un potentiel de destruction de 60 000 fois Hiroshima. Il ne s’est rien passé depuis 50 ans en matière de désarmement nucléaire parce que la société civile a démissionné face aux États. » Paul Virilio (1932-2018), urbaniste et essayiste : Il s’agit « de réfuter la prétendue logique nucléaire et de la montrer pour ce qu’elle est, une croyance irrationnelle. (…) Le danger, ce n’est pas que demain la bombe explose, c’est qu’elle existe déjà. Le danger, ce n’est pas le feu nucléaire, mais l’autodafé, la foi nucléaire. » Jean-Pierre Dupuy (né en 1941), ingénieur, épistémologue et philosophe : « Le signe le plus flagrant que la dissuasion nucléaire n’a pas marché, c’est qu’elle n’a en rien empêché une fuite en avant suicidaire dans le surarmement des puissances. (…) Il faut des accidents pour précipiter le destin apocalyptique, mais contrairement au destin, un accident peut ne pas se produire. » Christian Mellon (né en 1943), jésuite, ex-secrétaire de la ‘Commission Justice et paix’ : « La France devrait se débarrasser du fardeau nucléaire, tout simplement parce qu’il lui pèse (financièrement, politiquement) et ne lui sert à rien pour la protéger de quelque menace que ce soit. (…) À quoi servent nos armes nucléaires ? De quoi nous protègent-elles ? Quels moyens nous donnent-elles pour intervenir là où nous jugeons légitime d’intervenir ? »
  • 10. De 1946 à 2022 : prises de position sur l’arme nucléaire en France Stéphane Hessel (1917-2013), Résistant, diplomate : « Il est très urgent de parvenir à provoquer et animer un débat public sur ce sujet qui est à la fois de portée immense et d’extrême gravité (…) L’opacité des gouvernements a trop longtemps privé nos sociétés de droit à un débat public ». Edgar Morin (né en 1921, philosophe et sociologue, Résistant, directeur de recherche émérite au CNRS : « En réalité, la véritable raison de la dissuasion nucléaire n’est pas d’assurer la défense de la population, mais de conférer à l’État un simulacre de puissance, celle-ci n’étant qu’une puissance de destruction et d’anéantissement. » Hubert Reeves (né en 1932), astrophysicien, communicateur scientifique : « Ainsi, toutes ces combinaisons fertiles de la matière, cette activité nucléaire des étoiles, ce bourdonnement électromagnétique des nébuleuses, cette exubérance biochimique de l’océan primitif, tout cela n’aurait d’autres sens que de préparer l’holocauste nucléaire ? La conscience n’émer- gerait-elle – en quinze milliards d’années – que pour s’éliminer en quelques minutes ? Paul Quilès (1942-2021), ministre de la Défense Nationale : « On mentionne souvent cette arme comme une assurance-vie pour le pays. En réalité les assurances-vie ne servent qu’aux survivants, la bombe s’apparente plutôt à une assurance-mort. Et si c’est une assurance-vie, au nom de quel principe interdire aux autres pays d’en disposer ? Il est indispensable et urgent de sortir de ce "mensonge" français fait d’approximations, de contre-vérités, de slogans répétés à l’envi, de silences et d’arguments d’autorité. »
  • 11. 1950 : ‘Pax Christi - France’ ‘Pax Christi International’* est un mouvement catholique interna- tional pour la paix disposant du statut consultatif auprès des Nations Unies et de l’Union européenne. Présent dans plus de 50 pays sur les 5 continents, le mouvement ne sépare pas spiritualité, formation et engagement. Il affirme que la paix indivisible se construit à tous les niveaux, les "5 D" : droits de l’homme, désarmement, développement, dialogue international, défense de la création. ‘Pax Christi - France’, section française de ‘Pax Christi Interna- tional’, reprend après 1950 l’héritage du mouvement ‘Le Sillon’ de Marc Sangnier qui, entre les deux guerres, avait travaillé à la récon- ciliation franco-allemande et à la paix en Europe. ‘Pax Christi - France’ fait partie du réseau ICAN, ‘Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires’ * L’initiative du mouvement revient à Marthe Dortel-Claudot, professeure de lycée à Agen (Lot et Garonne), qui, durant l’hiver 1944-1945, ressent intérieurement l’urgence d’une campagne de prières pour la réconciliation franco-allemande. Pierre-Marie Théas, évêque de Montauban, est le premier président de l’association.
  • 12. 1951 : le ‘Mouvement de la paix’ En février 1948, 60 personnalités issues de la Résistance, dont Charles Tillon, Yves Farge et Raymond Aubrac, fondent à Paris ‘Les Combattants de la Liberté’. Suite au ‘Congrès des peuples pour la paix’ à Wroclaw (Pologne) en août 1948, les ‘Combattants de la paix et de la liberté’ deviennent en 1951 le ‘Mouvement de la paix’. Soutenant l'appel de Stockholm contre la prolifération nucléaire (19 mars 1950), le ‘Mouvement de la paix’ organise en France une vaste campagne de soutien, qui recueille des millions de signatures (dont celle du jeune Jacques Chirac…) En 1995, le ‘Mouvement de la paix’ participe à la vaste campagne internationale menée par ‘Greenpeace’ contre les derniers essais nucléaires menés au centre d'expérimentation nucléaire du Pacifique à Moruroa, qui sont réalisés en 1995-1996 par la France et permettront de valider les données nécessaires aux futurs essais par simulation numé- rique réalisés à l'aide du Laser Mégajoule au laboratoire CESTA-CEA. Photos : Logo et bulletin du mouvement, Planète Paix, qui se fait notamment l’écho des campagnes d’ICAN- France.
  • 13. Le ‘Mouvement de la paix’ Le ‘Mouvement de la paix’ propose des initiatives autour des 8 points constitutifs de la décennie internationale (ONU-UNESCO) de la promotion d’une culture de la paix et de la non-violence*. Il est notamment engagé aujourd’hui dans des actions pour le respect par la France de l’article 6 du Traité de Non-Prolifération nucléaire (TNP, entré en vigueur en mars 1970, mais auquel la France n’a adhéré qu’en août 1992), et pour l’adhésion de la France au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN, entré en vigueur en janvier 2021). * Renforcement d’une culture de la paix par l’éducation; Promotion d’un développement durable sur les plans économique et social; Promotion du respect de tous les droits de l’homme; Mesures visant à assurer l’égalité entre les femmes et les hommes; Mesures visant à favoriser la participation à la vie démocratique; Mesures visant à développer la compréhension, la tolérance et la solidarité; Mesures visant à soutenir la communication participative et la libre circulation de l’information et des connaissances; Mesures visant à promouvoir la paix et la sécurité internationales. Photos : Édith Boulanger, Pierre Villard, Arielle Denis et Roland Nivet, quatre figures du ‘Mouvement de la paix’
  • 14. Avril 1958 : l’action de l’Arche contre la fabrication de plutonium à Marcoule. En 1958, Lanza del Vasto, disciple de Gandhi, fondateur de l’ordre de l’Arche, lance un appel au général de Gaulle contre la fabrication de la bombe atomique. Le 11 avril 1958, au milieu de 82 personnes - dont le pasteur André Trocmé, le journaliste Robert Barrat et l’ami de l’Arche Jean- Pierre Lanvin -, il conduit une action non-violente dans le site atomique de Marcoule qui produit du plutonium à usage militaire. Après l’expulsion manu-militari , deux équipes de jeûneurs s’organisent ; l’une à Genève sur une pelouse en pleine ville, l’autre, près de Marcoule, sur le passage des cars des salariés. Photos : - Lanza del Vasto (1901-1981), suite à son séjour en Inde auprès de Gandhi en 1936, publie en 1943 Le pèlerinage aux sources, - Logo de l’Arche - En 1958, le général de Gaulle lance à Marcoule le réacteur G2, destiné à la production de plutonium militaire. Le général a laissé un jour s’échapper l’exclamation : « Un jour, la bombe partira sans qu’on sache pourquoi ! » Cette phrase est citée par Jean Toulat dans son livre La bombe ou la vie (Fayard, 1969). Jean Toulat (1915-1994), ancien Résistant, prêtre et journaliste honnête, ne précise malheureusement pas où et quand le général a prononcé cette phrase. Probablement cela lui a-t-il été rapporté par un proche du général qu’il n’a pas pu citer.
  • 15. Avril 1958 : l’action de l’Arche contre la fabrication de plutonium à Marcoule. Lanza del Vasto jeûne à plusieurs reprises contre l’arme nucléaire, notamment à Rome près du Vatican en 1963 (40 jours) et en 1965. « Chaque pièce de la bombe est une merveille de logique, de savoir, de sagacité, de prévoyance, d’invention, d’adresse constructive : le tout aboutit à une explosion insensée et désastreuse. » « Gribouille est cet idiot du village qui, pour se protéger de la pluie, se mettait dans la mare aux canards. C’est le maître à penser de nos stratèges, de nos vaillants défenseurs, de nos dirigeants avancés. » Images : Lanza del Vasto au Vatican en 1963 Lanza del Vasto, François Mitterrand, Jean Toulat et Jean-Marie Muller en 1978 après l’arrivée à Paris de la marche des paysans du Larzac.
  • 16. 1960 : la ‘Fédération française contre l’armement atomique’ Alfred Kastler (1902-1984) est prix Nobel de physique en 1966 pour la découverte et le développement de méthodes optiques servant à étudier la résonance hertzienne dans les atomes, Opposé aux armes nucléaires, il est élu en avril 1959 vice- président de la ‘Fédération française contre l’armement atomique’ (FFCAA) qui, en février 1960 demande que la France renonce de plein gré aux armes de terreur. Il est vice-président au printemps 1963 de la ‘Ligue nationale contre la force de frappe’ (LNCFF), publie une dizaine d’articles contre les bombes et les essais nucléaires, principalement dans Le Monde. « Le renoncement volontaire de la France à l’armement nucléaire (avant ou après une explosion de prestige), loin de réduire son influence, lui permettrait au contraire de jouer un rôle important dans les pourparlers ».
  • 17. 1963 : la ‘Ligue nationale contre la force de frappe’ Jules Moch (1893-1985), Résistant, ministre socialiste des Travaux publics et des transports sous la IVème République, écrit La Folie des hommes (au sujet de la bombe atomique, préface d’Albert Einstein, 1955), En retard d'une paix (1958), Non à la force de frappe (1963). En mai 1963, il crée avec 60 personnalités la ‘Ligue nationale contre la force de frappe’, car il estime la force de frappe française ruineuse, inefficace et dangereuse. " Attaquer ? Trente têtes thermonucléaires suffisent pour anéantir la France. Si nous nous en prenions à une puissance atomique de plus vaste superficie, nous serions annihilés avant de la mettre hors de combat. " Riposter ? Si nous étions attaqués, le délai entre la détection des engins ennemis et leur explosion, de l'ordre de deux à cinq minutes, interdirait tout envol de nos bombardiers et toute riposte efficace. " Menacer ? La menace de représailles par notre force de frappe ne pouvant être mise à exécution, ne constituerait pas une arme diplomatique : autant agiter un sabre de bois. »
  • 18. 1963 : le ‘Mouvement contre l’armement atomique’ (MCAA) devenu MDPL En février 1963, pour se démarquer du ‘Mouvement de la paix’ alors trop lié au ‘Parti communiste français’, le journaliste et Compagnon de la Libération Claude Bourdet lance, avec le soutien du Parti socialiste unifié (PSU) dont il est un des fondateurs et des dirigeants, le ‘Mouvement contre l’armement atomique’ (MCAA). Le biologiste Jean Rostand en est le président d’honneur *. Le MCAA devient en 1968 ‘Mouvement pour le Désarmement, la Paix et la Liberté’ (MDPL,1968-1996). « Développer les idées d’abandon et d’interdiction des armes atomiques, bactériologiques et chimiques dans tous les pays , à commencer par la France , participer au plaidoyer pour le désarmement et le règlement pacifique des conflits, agir pour l’éducation à la paix, à la citoyenneté, le développement solidaire, les échanges interculturels , la défense des libertés. » (MDPL) * Théodore Monod, Laurent Schwartz, René Dumont, Vladimir Jankélévitch, Daniel Mayer, Georges Montaron, Claude Roy, Bernard Boudouresques, le dominicain Charles Avril, les pasteurs Henri Roser et Georges Casalis en sont adhérents. Photos : Claude Bourdet (1909-1996) et Jean Rostand (1894-1977)
  • 19. 1964 : ‘Pugwash-France’ Le ’Mouvement Pugwash’ est le nom abrégé de Pugwash Conferences on Science and World Affairs. Cette organisation internationale rassemble des personna-lités des mondes universitaire et politique pour tendre à réduire les dangers de conflits armés et rechercher des parades aux menaces contre la sécurité mondiale. Il est fondé en 1957 par Józef Rotblat et Bertrand Russell à Pugwash (Canada), à la suite de la parution du manifeste Russell-Einstein en 1955. Pugwash et Rotblat se partagent le prix Nobel de la paix en 1995 pour leurs efforts sur le désarmement nucléaire. La branche française, ‘Association Française pour le Mouvement Pugwash’, est créée en 1964*. Chaque année, elle organise des réunions, conférences et ateliers. Les conférences se tiennent actuellement à ‘l’École normale supérieure’, rue d’Ulm à Paris. L’association Young Pugwash France, qui regroupe des jeunes, est basée à Sciences Po Bordeaux Photo : Annick Suzor-Weiner, spécialisée en physique nucléaire, moléculaire et optique. Vice- présidente de ‘Pugwash France’, membre de la ‘Commission française pour l’UNESCO’, membre du bureau d’IDN * notamment par Antoine Lacassagne, Jules Moch, Francis Perrin, Bernard Gregory, Alfred Kastler, Jean-Jacques Salomon, Étienne Bauer, Georges Charpak, Louis Leprince-Ringuet, Herbert Marcovich, Raymond Aubrac, Bertrand Goldschmidt, Léo Hamon et André Lwoff.
  • 20. 1968-1984 : les actions du ‘GARM’ à Lyon En février 1968, dans une lettre à en-tête du ‘Groupe lyonnais de soutien aux renvoyeurs de livret militaire’, 170 hommes et femmes manifestent leur opposition à la mise en place de l'arsenal nucléaire français.. Ce groupe est rebaptisé en fin 1969 ‘Groupe d’action et de résistance à la militarisation’ (GARM). Dans la nuit du 30 au 31 janvier 1971, quelques militants du GARM occupent par surprise les locaux du PC atomique du Mont Verdun en construction dans le monts du Lyonnais Le 19 juin 1971, le GARM organise une ‘marche de la paix’ (4 000 personnes) de la place Bellecour à Lyon au Mont Verdun, Théodore Monod en tête. En 1972, à la date anniversaire de la première intrusion, des militants du GARM, munis de laissez-passer falsifiés, pénètrent à nouveau au Mont Verdun et s'y laissent arrêter, mais ils ne sont pas poursuivis. En 1973, Jean-Pierre Lanvin, déguisé en évêque, conduit dans les rues de Lyon l’enterrement des futures victimes des essais nucléaires et de la prochaine guerre nucléaire. - Deux membres du GARM, Jean-Pierre Lanvin (1924-1997) et Mireille Debard (née en 1935) - Intrusion au PC du Mont Verdun - Marche Bellecour - Mont Verdun
  • 21. Été 1973 : l’action non-violente contre les essais nucléaires français dans l’océan Pacifique En juillet-août 1973, le ‘Bataillon de la paix’, composé de Jacques de Bollardière, Brice Lalonde, Jean-Marie Muller, Gilbert Nicolas et Jean Toulat, mène une action de protestation contre les essais nucléaires à Moruroa, dans l’océan Pacifique. Leur bateau, le Fri, voilier de l'organisation Peace Media, est arraison- né par la marine nationale à l'intérieur de la zone interdite. D’autres personnalités soutiennent l’action à Papeete : le sénateur de la Polynésie, Pouvanaa a Oopa et le député de la Polynésie Francis Sanford, les députés Louis Besson, Charles Josselin, Anne-Marie Fritch, Jean-Jacques Servan-Schreiber*, le dominicain Charles Avril, le pasteur Georges Richard- Mollard. * Jean-Jacques Servan-Schreiber (photo) démissionnera l’année suivante, après 9 jours, de son poste de ministre des Réformes de V. Giscard d’Estaing, par opposition à la reprise des essais nucléaires. Le voilier Fri Jean-Marie Muller, Jean Toulat Bollardière à la barre du Fri et Jacques de Bollardière à Papeete
  • 22. Juillet-août 1973 : le ‘bataillon de la paix’ contre les essais nucléaires français dans l’océan Pacifique L’équipage du Fri et ses passagers sont transférés d’abord à Hao, puis à Papeete où ils entament une grève de la faim. Le 22 juillet, le général de Bollardière est directement évacué sur Paris au prétexte de raisons de santé. Le 31 juillet, en gage de protestation, il écrit au Président de la République, lui demandant de le faire rayer de l’Ordre de la Légion d’Honneur dont il est Grand Officier. L’archevêque de Cambrai, Émile Guerry et l’évêque de Verdun, Pierre Boillon prennent position contre l’arme et les essais nucléaires. L’évêque d’Orléans, Guy-Marie Riobé (1911-1979), qui soutient aussi les protestataires, est renvoyé "à ses oignons" par l’amiral Marc de Joybert (1912-1989, auteur de La paix nucléaire). La France met fin aux essais nucléaires dans l’atmosphère après juillet 1974. Au total, 46 essais nucléaires aériens ont été réalisés en Polynésie. 3 200 tonnes de déchets radioactifs issus de la recherche militaire en Polynésie française sont jetés à la mer entre 1967 et 1975. Dès 2013, la déclassification obtenue d'une partie des archives montre que les retombées des essais touchent toute la Polynésie. En 2021, une étude menée par l’université de Princeton affirme que les essais ont en réalité touché un territoire grand comme le continent européen et 110 000 habitants.
  • 23. 1973 : ‘Les Amis de la Terre - France’ L’association Friends of the Earth est créée en 1969 aux États- Unis par le militant écologiste David Brower. Les ‘Amis de la Terre’ militent pour une transition vers des sociétés soutenables au Nord comme au Sud. Leur approche intègre à la fois des problématiques sociales, économiques et environnementales. La fédération des ‘Amis de la Terre - France’ est créée en 1970, à l’initiative du navigateur, écrivain et journaliste Alain Hervé, par des citoyen·nes qui prennent conscience des impacts du modèle de société en train de s’imposer, et décident alors de s’engager pour changer le système. En été 1973, Brice Lalonde, membre du Bureau des ‘Amis de la Terre - France’, fait partie du ‘Bataillon de la Paix’ qui proteste à Mururoa contre les essais nucléaires français dans le Pacifique. L’association ‘Les Amis de la Terre - France’ fait partie des orga- nisations non-violentes membres de ‘Non-violence XXI’. ‘Les Amis de la Terre - Côte d’Or’ font notamment partie du ‘Collec- tif Bourgogne Franche-Comté pour l’abolition des armes nucléaires’ qui mène depuis 2013 des actions à Dijon et à Valduc. Photos : - Brice Lalonde sur le Fri à Mururoa en été 1973 - La campagne ‘Choisis ta banque’ des Amis de la Terre vise aussi les banques qui financent l’arme nucléaire
  • 24. 1974 : Le MAN Le ‘Mouvement pour une Alternative non-violente’ (MAN), mouve- ment politique non-violent, est créé en 1974 par des groupes rassemblés à l’initiative de Jean-Marie Muller. Le combat contre l’arme nucléaire et pour les stratégies civiles de défense (défense civile non-violente) et d’intervention extérieure (inter- vention civile de paix) est un de ses axes constants d’action, à côté du soutien aux luttes non-violentes à travers le monde (contre les dictatures sud-américaines, l’apartheid, le totalitarisme en Europe de l’Est, l’occupa- tion militaire de la Palestine par Israël, etc.). Le MAN dénonce notamment par une campagne en 1977 le ralliement de la ‘gauche de gouvernement’ à la politique de dissuasion nucléaire, malgré les engagements de François Mitterrand et du ‘pro- gramme commun de gouvernement’. Il s’insurge également contre le texte Gagner la paix voté en 1983 par les évêques français, qui justifie avec des bémols la dissuasion nucléaire. Images : - Affiches du MAN relatives à l’arme nucléaire - Christian Brunier (1952-2004), militant du MAN, très engagé notamment dans la campagne ‘Stop Essais’ et dans ‘Observatoire des Armements’
  • 25. 1977 : ‘Greenpeace - France’ La lutte contre les essais nucléaires est à l’origine de la création de ‘Greenpeace’ ("La paix verte") au Canada en 1971*. ‘Greenpeace’ est une organisation non gouvernementale internatio- nale (ONGI) de protection de l'environnement, présente dans plus de 55 pays à travers le monde. Elle lutte contre ce qu'elle estime être les plus grandes menaces pour l'environnement et la biodiversité sur notre planète. ‘Greenpeace - France’, créé en 1977, est une organisation parte- naire du réseau ICAN, Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires, Prix Nobel de la Paix 2017, qui milite pour l'entrée en vigueur du Traité sur l'interdiction des armes nucléaires (TIAN). * ‘Greenpeace’ naît à Vancouver en septembre 1971 quand un groupe de 14 militants écologistes embarquent à bord d'un vieux chalutier, le Phyllis Cormack pour empêcher les essais nucléaires états-uniens sur le site d'Amchitka en Alaska. En 1979, les bureaux d’Europe, du Pacifique et d’Amérique se réunissent pour constituer ‘Greenpeace International’. Depuis 1989, l'organisation a son siège à Amsterdam, d'où sont définies et coordonnées les campagnes de l'ONG. Photo : Le Rainbow Warrior, bateau affrété par ‘Greenpeace’ pour s’opposer aux essais nucléaires
  • 26. 1981 : le CODENE ‘La crise des euromissiles’ est une période de relations Est-Ouest tendues et de débats au sein des membres européens de l'OTAN. Elle naît des premiers déploiements de missiles soviétiques SS-20 en 1977, aux- quels font face en 1983 les missiles étatsuniens Pershing II) et s'achève par la signature du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire en 1987. Faisant suite aux ’Rencontres internationales pour la paix’ durant l'été 1981 au Larzac, le ‘Comité pour le désarmement nucléaire de l'Europe’ (CODENE) est fondé en décembre 1981 à l'initiative de plusieurs mouvements, dont le PSU et le MAN, pour lutter de manière non-violente contre les armes nucléaires en Europe. Le 23 octobre 1983, une chaîne humaine est formée à Paris entre les ambassades des États-Unis et de l'Union soviétique. Durant l'été 1984, 2 000 manifestants se rassemblent au Crozon près de la base de l'Île Longue où sont basés les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) français en scandant « SS 20 niet, Pershing no, M 20 non ! ». Photos : Missiles balistiques intercontinentaux SS-20 soviétiques, Pershing II états-uniens et M-20 français
  • 27. 1984 : la ‘Maison de vigilance’ à Taverny Solange Fernex, comme 12 autres personnes dans le monde*, participe au ‘Jeûne pour la vie’ à partir du 6 août 1983, et jeûne 38 jours à Taverny (Val d’Oise) pour le désarmement nucléaire mondial. L’association ‘Maison de Vigilance’ est créée en 1984 à Taverny notam- ment par Bruno de Commines, Solange Fernex et Marc Sève, qui veulent une présence permanente dans cette ville où se situe, à plusieurs dizaines de mètres de profondeur, le Centre d’opération des forces aériennes stratégi- ques (COFAS). L’association organise, à Taverny puis à Paris, un jeûne annuel du 6 au 9 août* auquel Théodore Monod participe tous les ans de 1982 à 1996 (âgé de 94 ans…). La maison elle-même est vendue en 2012. * à Paris, Rome, Bonn et San Francisco ** dates anniversaires des destructions d'Hiroshima et de Nagasaki, en août 1945. Photo : Solange de Türckheim, épouse Fernex (1934-2006) fonde, avec Antoine Waechter, le premier parti écologiste d'Europe, ‘Écologie et Survie’, en 1979. Elle est tête de liste ‘Europe Écologie’ aux premières élections européennes en 1979, députée européenne de 1989 à 1995, et présidente de la section française de la ‘Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté’ (WILPF).
  • 28. 1984 : ‘L’Observatoire des armements’ Le ‘Centre de documentation et de de recherche sur la paix et les conflits’ (CDRPC) est fondé à Lyon en 1984 par Bruno Barrillot, Jean-Luc Thierry et Patrice Bouveret. Il devient en 2008 ‘l’Observatoire des arme- ments’. Cette association a pour objectif d’étayer les travaux de la société civile sur les questions de défense et de sécurité, dans la perspective d’une démilitarisation progressive. Elle s’intéresse à la course aux armements, aux ventes d’armes, aux conséquences des essais nucléaires. Photos : trois cofondateurs d’ObsArm - Bruno Barillot (1940-2017, ex-prêtre aumônier du MRJC, DEA de Sécurité et défense. En 2001, cofondateur, avec Michel Verger, vétéran des essais nucléaires au Sahara, de l'Association des Vétérans des Essais Nucléaires Français et leurs familles (AVEN). Délégué au suivi des conséquences des essais nucléaires français auprès du gouvernement de Polynésie. Démis par Gaston Flosse en juin 2013. - Jean-Luc Thierry - Patrice Bouveret.
  • 29. ‘Observatoire des armements’ Les principales études d’ObsArm’ portent sur les armes nucléaires et leurs conséquen- ces sanitaires et environnementales, les transferts d’armements et de matériels de sécurité, les nouveaux systèmes d’armes (drones, robots tueurs, simulateurs, etc.), ainsi que les coopérations militaires et sécuritaires de la France. ObsArm dispose d’un centre de documentation composé d’archives uniques : 6 000 ouvrages spécialisés, dossiers d'actualités sur l'industrie et les transferts d'armement, sur les armes nucléaires, fonds numérisés sur les essais nucléaires, etc. Il participe à différentes actions de mobilisation : initiateur et centre ressource pour les victimes des essais nucléaires ; plaidoyer pour un renforcement du contrôle démocratique des transferts d’armes.
  • 30. ‘Observatoire des armements’, décembre 2021 : l’étude sur les déchets nucléaires militaires français En décembre 2021 est publiée l’étude Déchets nucléaires militaires - La face cachée de la bombe atomique française, réalisée par Jean-Marie Collin, expert en désarmement nucléaire, et Patrice Bouveret, directeur de ‘l’ObsArm’, tous deux co-porte-parole de ICAN- France (‘Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires’). ’L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs’ (Andra) les évalue à 148 630 m3, 9 % du stock global. Selon les projections actuelles de l’arsenal nucléaire, d’ici 2100, cette production de déchets pourrait représenter, un volume astronomique de 259 762 m3. Les auteurs demandent qu’un rapport d’information spécifique sur les déchets nucléaires militaires soit réalisé par ‘l’Office parlemen- taire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques’ (OPECST). « Il est indispensable de mettre fin au régime dérogatoire dont bénéficient les activités et installations militaires sur le plan des conséquences sanitaires et environnementales qu’elles engendrent. (…) La seule prévention efficace consiste à arrêter la production de nouveaux déchets, ce qui signifie entrer enfin dans un processus de désarmement nucléaire. »
  • 31. 1985 : ‘l’Association des médecins français pour la prévention de la guerre nucléaire’ Dans la suite de l’association International Physicians for the prévention of nuclear war (IPPNW, créée en 1980*, prix Nobel de la paix 1985), ‘l’Association des médecins français pour la prévention de la guerre nucléaire’ (AMFPGN) est fondée en 1985. L’IPPNW, fédération d’associations de plus de 60 pays, regroupe des dizaines de milliers de praticiens. Son objectif premier est la prévention d’un conflit atomique. C’est la seule association médicale internationale indépendante entièrement dédiée à la recherche, l’éducation et l’action pour la prévention d’un conflit atomique. La prise en compte des conséquences humanitaires de la menace nucléaire fait l’objet de conférences de l’IPPNW à Helsinki (Finlande, septembre 2006, où est décidée la création d’International Campaign to Abolish Nuclear Weapons – ICAN), à Oslo (Norvège, mars 2013), à Nayarit (Mexique, février 2014) et à Vienne (Autriche, décembre 2014). * par les Drs Bernard Lown, Jim Muller, Eric Chivian et Herb Abrams (États-Unis d’Amérique) et les Drs Evgueni Chazov, Mikhail Kuzin et Leonid Ilyin (Union Soviétique) Photo du haut : Bernard Lown et Evgueni Chazov, confondateurs de l’IPPNW Photo du bas : Abraham Béhar, né en 1932, biophysicien français et médecin nucléaire, ex- professeur à l’Université Pierre et Marie Curie (Paris 6), président de l’AMFPGN
  • 32. 1985 : suite au sabotage du Rainbow Warrior par les services secrets français Le 10 juillet 1985, une explosion fait couler le Rainbow Warrior ("Guerrier Arc-en-ciel"), bateau de l’organisation écologiste ‘Greenpeace’, amarré à Auckland en Nouvelle-Zélande. Fernando Pereira, photographe de ‘Greenpeace’, est tué. Cet homicide involontaire résulte d’un attentat commis par les services secrets français (DGSE), avec l’accord des plus hautes autorités de l’État, pour empêcher le bateau de protester contre les essais nucléaires souterrains français dans le lagon de Moruroa. Pour empêcher la société civile de protester contre leur politique, les autorités françaises ont recours au terrorisme d’État… Le ministre de la Défense Charles Hernu démissionne. La France, avec nos impôts, versera 7 millions de dollars de dommages-intérêts à la Nouvelle-Zélande et 8,16 millions de dollars d’indemnités à Greenpeace ... Le colonel chef du ‘Service Action’ de la DGSE chargé de cette opération foireuse sera élevé à la dignité de Grand Officier de la Légion d’Honneur en 1995… Paul Quilès, qui succède à Charles Hernu au poste de ministre de la Défense, se rend vite compte de l’imposture de la dissuasion nucléaire française et devient un militant du désarmement nucléaire. Photos : Le Rainbow Warrior 1 coulé dans le port d’Auckland La victime, Fernando Pereira (1950-1985), Néerlandais d’origine portugaise
  • 33. 1990 : le Collectif ‘Stop Essais’ Du 5 au 13 mars 1990, Marie-Pierre Bovy, membre de la Commu- nauté de l'Arche, présidente du ‘MIR-France’ (‘Mouvement International de la Réconciliation’) organise un "jeûne d'interpellation" pour l'arrêt des essais nucléaires. Ce jeûne regroupe une quinzaine d'associations impliquées dans le combat pour le désarmement nucléaire. Elle est ensuite cofondatrice (avec Solange Fernex, le ‘MAN’ et ‘l’Observatoire des Armements’) et animatrice de ‘Stop Essais’, un réseau qui regroupe ces associations œuvrant à l’abolition des armes nucléaires, à l’arrêt des essais nucléaires souterrains en Polynésie et dénonçant les préjudices humains (maladies et infirmités des vétérans…) et environnemen- taux (pollutions, détériorations, etc.) des essais nucléaires. Photos : - Marie Pierre Bovy, née en 1949. À l’origine de la création de la ‘Coordination de l’action non-violente de l’Arche’ (CANVA), qu’elle anime de 1986 à 1992, et de ‘Stop Essais’, qu’elle anime de 1990 à 2000. - Marche internationale pour la paix, Malville - Les Saintes-Maries-de-la-Mer, 1er septembre - 14 octobre 1990
  • 34. 1990 : le collectif ‘Stop Essais’ devenu en 1996 ‘Armes nucléaires Stop’ Après la fin des essais en 1996, le collectif ‘Stop Essais’ change de nom pour devenir ‘Armes nucléaires Stop’. Il apporte son soutien à l’Association des vétérans des essais nucléaires’ (AVEN) et à l'association polynésienne ‘Moruroa e tatou’. L’action du collectif ‘Armes nucléaires Stop’ et des organisations membres contribue à la décision de démantèlement du site de Moruroa en 1996 et à l’élaboration d’une loi de reconnais- sance et d’indemnisation des vétérans (‘loi Morin’) adoptée en 2010. - Manifestation contre les essais à l’Ile Longue le 16 octobre 1995. - Dominique Voynet et Yves Cochet (Les Verts) lors de la manifestation à l’Île Longue - Dominique Lalanne (1943-2022), directeur de recherches en physique nucléaire au CNRS, longtemps animateur du collectif ‘Stop Essais’, puis président du collectif ‘Abolition des armes nucléaires- Maison de Vigilance’. Il assiste à l'ONU aux assemblées du Traité de non-prolifération, travaille comme expert à ‘Observatoire des armements’.
  • 35. 1990 : ‘L’Assemblée européenne des citoyens’ (AEC) Suite aux actions contre les euromissiles, des liens se créent avec les organisations de l‘Est, ce qui aboutit à la constitution du réseau inter- national Helsinki Citizens’ Assembly (HCA), réseau non gouvernemental fondé en 1990 à Prague par des militants de la paix et des droits de l’homme d’Europe orientale et occidentale, du Caucase et d’ailleurs. ‘L’Assemblée européenne des citoyens’ (AEC) est constituée en 1990 comme branche française. "Helsinki" dans son titre fait référence aux "Accords d’Helsinki" de 1975 puis aux efforts faits ensuite pour développer "par le bas", la coopé- ration et la sécurité en Europe. HCA œuvre pour la promotion des valeurs démocratiques et le développement d’actions citoyennes en Europe. Ses membres développent principalement des activités en faveur de la paix et du dialogue, notamment concernant des zones de conflits et de tension, des questions identitaires dans leurs relations à la citoyenneté et à la démocratie. Cela dans les zones de tensions et de conflits en Europe du Sud-Est (avec les guerres yougoslaves), dans le Sud-Caucase, l’Europe orientale (notamment l’Ukraine), la Turquie, la Méditerranée, etc. L’AEC est engagée dans l’action pour le désarmement nucléaire. Photo : Bernard Dréano, président de l’AEC, co-président de ‘HCA international’, co- président du ‘Centre d'études et d'initiatives de solidarité internationale’ (CEDETIM), associations membres du réseau ‘Initiatives pour un autre monde’ (IPAM)
  • 36. 1995 : ‘Abolition 2000’ ‘Abolition 2000’ est un est un réseau de plus de 2 000 organisa- tions présentes dans plus de 90 pays à travers le monde entier œuvrant à un traité international visant l’élimination des armes nucléaires. Ses objectifs sont définis dans le déclaration de fondation adopté à New York en avril 1995 lors de la ‘Conférence d’examen et de prorogation du Traité sur la non-prolifération’ (TNP). Oscar Temaru, homme politique de Polynésie française, est oppo- sant en 1ère ligne quand, en 1995, Jacques Chirac décide de reprendre les essais nucléaires à Mururoa*. En oct. 2018, il déposera une plainte devant la ‘Cour pénale internationale’ pour crime contre l'humanité visant la France en raison des 193 essais nucléaires (46 aériens, puis 147 dans les sous-sols et sous les lagons) menés de 1960 à 1996 dans le Pacifique. Photos : - Jacques Chirac annonçant la reprise des essais nucléaires - Oscar Temaru, né en 1944, élu président de la Polynésie française à 5 reprises de 2004 à 2011. Maire de Faʻaʻā, la plus peuplée des communes polynésiennes, voisine de Papeete, depuis 1983. - Essai nucléaire souterrain dans le lagon de Polynésie. La campagne de 1995 contre les essais suite à la décision de reprise des essais par J. Chirac a contribué à ce que soit adopté à l'ONU en 1996 le Traité d'interdiction complète des essais (TICE), largement respecté même s’il n’est pas entré en vigueur.
  • 37. 1997 : Le Réseau ‘Sortir du nucléaire’ En septembre 1997, la première Assemblée générale de coordination nationale antinucléaire* se déroule à Agen et rédige la charte du Réseau ‘Sortir du nucléaire’. La charte souhaite l'abandon des projets d'enfouisse- ment des déchets nucléaires, de traitement du combustible usé, l'arrêt des exportations d'électricité, le non-renouvellement du parc nucléaire, l'arrêt des réacteurs en fonctionnement. Le Réseau lors de sa création fait le choix de ne pas se positionner sur le nucléaire militaire, mais uniquement sur le civil. C'est seulement quelques années plus tard, autour de 2004- 2005 que l’objectif de l'élimination du nucléaire militaire figure dans la charte. * notamment la Coordination nationale des collectifs contre l'enfouissement des déchets radioactifs, Greenpeace, le Comité Malville, Stop Golfech, les Amis de la Terre, le comité Stop Civaux, la FRAPNA, Les Verts, la LCR. Le Réseau participe aux actions diverses - de présence auprès des sites nucléaires militaires, - de commémoration des anniversaires des bombarde- ments d’Hiroshima et Nagasaki, - de plaidoyer auprès des gouvernants et de l’opinion, - d’interpellation des épargnants et des banques qui contribuent au financement des armes nucléaires, etc.
  • 38. 2001 : ‘l’Association des vétérans des essais nucléaires’ (AVEN) En juin 2001 est créée l‘’Association des vétérans des essais nucléaires au Sahara, en Polynésie et leurs familles’ (AVEN). Elle regroupe les personnels militaires, ceux du CEA et des entreprises sous- traitantes ayant été engagés dans les 210 essais nucléaires effectués par l'État français, au Sahara (17 : 4 aériens et 13 souterrains) et en Polyné- sie (193 : 46 aériens et 147 souterrains). Elle fait le lien entre les essais nucléaires et la santé des person- nes touchées par ces essais, et les effets sur leurs descendants, notam- ment les cancers du sang (leucémies). La loi Hervé Morin sur l’indemnisation des victimes sera votée en janvier 2010, mais la portée du texte est limitée par son alinéa 4 relatif au "risque négligeable", qui empêchait la plupart des demandes d’indemni- sation des victimes des essais nucléaires. Le seuil de risque négligeable a été abaissé à 0.3% en fév. 2017. Photo : Michel Verger (1940-2021), cofondateur de l’AVEN en 2001, avec Bruno Barrillot. En 1960, appelé à 20 ans, il avait assisté en plein désert du Sahara à la première explosion de bombe atomique effectuée par « la France ». Toute sa vie, il a porté la parole des personnes victimes, qui ont déclarées de graves maladies à cause de l’exposition aux radiations.
  • 39. 2001 : ‘Mororoa e tatou’ Créée en juillet 2001 par Bruno Barrillot, Roland Oldham et John Doom, l’association ‘Moruroa e tatou’ (‘Moruroa et nous’) a pour objectif de défendre les victimes des essais nucléaires en Polynésie. L’assemblée constitutive se tient dans la grande salle de l’Église évangélique de Paofai à Papeete. Chaque année, l’association commémore le 1er essai nucléaire en Polynésie, commis le 2 juillet 1966.* Le 5 août 2002, à la veille des cérémonies d'anniversaire du bombardement de 1945, se tient à Hiroshima une grande conférence sur les conséquences des essais nucléaires français. Trois représentants de l'Association ‘Moruroa e tatou’ aux côtés de délégués français des Vétérans et de délégués Algériens témoignent de ce qu'ils ont vécu lors des essais nucléaires et lancent un appel aux responsables des puissances nucléaires. Ensemble, ils demandent aux chefs d'État de renoncer définitivement à leurs arsenaux nucléaires et d'assumer leurs responsabilités vis à vis de tous ceux - travailleurs, militaires et populations - qu'ils ont exposés délibérément aux bombarde- ments et aux retombées des essais nucléaires. Photos : Roland Oldham (1950 -2019 ) et John Doom (1936-2016) * Baptisé Aldébaran, du nom de l’étoile la plus brillante de la constellation du Taureau, ce premier essai nucléaire a marqué le départ d’une longue série de 46 tirs aériens pendant huit ans, à Moruroa et Fangataufa, puis de 147 essais dans la base rocheuse de ces deux atolls, jusqu’en 1996.
  • 40. 2007 : ‘ICAN- France’ ‘ICAN France’ existe depuis 2007, à l'initiative de Pierre Villard du ‘Mouvement de la paix’ dans la suite d'une coordination des différents mouvements contre l'arme nucléaires créée plusieurs années auparavant. En 2013, ‘ICAN-France’ se déclare en association lors d’une AG qui se déroule à Lyon dans les locaux d’’Observatoire de l’armement’. ICAN France est animé par un collectif de quelques personnes, toutes co-porte-parole de ICAN, dont Jean-Marie Collin, quasi permanent. ‘ICAN France’ est le relais en France de l’organisation International Campaign to Abolish Nuclear Weapons (‘Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires’), lauréate du prix Nobel de la paix en 2017. ICAN International a 600 partenaires dans 103 pays. La campagne à l’origine visait à mobiliser les citoyens pour faire pression sur leurs gouvernements afin de commencer des négociations sur un traité d’interdiction des armes nucléaires en raison de leurs conséquences humanitaires et environnementales inacceptables. Aujourd’hui, elle vise à faire adhérer un maximum de pays au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), adopté en juillet 2017 par les représenta- tions diplomatiques de 122 pays à l’ONU, et entré en vigueur en droit international le 22 janvier 2021.
  • 41. ICAN-France Les États parties au TIAN s'interdisent la mise au point, l'essai, la production, le stockage, le transfert, l'utilisation et la menace de l'utilisation d'armes nucléaires, en raison des conséquences humanitaires catastrophi- ques qu’entraînerait leur utilisation*. ‘ICAN-France’ fait un travail important auprès des parlementaires, des maires, et auprès des jeunes (en 2016 dans le cadre d'Erasmus, puis par des séminaires, des conférences dans de nombreuses universités, l'envoi de jeunes lors des conférences du TNP ou pour le TIAN, etc.) Et aussi une campagne auprès des banques et de leurs clients pour l'arrêt du financement des armes nucléaires. * Pour les États dotés d'armes nucléaires y adhérant, le TIAN prévoit un processus assorti d'un calendrier, conduisant à l'élimination vérifiée et irréversible de leur programme d'armes nucléaires. Sa valeur est d'ordre symbolique car il ne s'applique qu'aux États signataires dont aucune des 9 puissances nucléaires ne fait partie. Mais ses promoteurs en attendent un impact sur l'opinion et le renforcement partout dans le monde de l‘affirmation que l'arme nucléaire est hors-la-loi. Photos : - La campagne d’ICAN-France auprès des clients des banques - Jean-Marie Collin, né en 1975, expert sur les questions de désarmement et de sécurité internationale. Ex-directeur pour la France et les pays francophones du réseau international des ‘Parlementaires pour la non-prolifération et le désarmement nucléaire’ (PNND), regroupant près de 700 parlementaires de 75 pays. Cofondateur et vice-président (jusqu’en 2018) de l’association ‘Initiatives pour le Désarmement nucléaire’ (IDN). Depuis 2009, chercheur associé au Groupe de Recherche et d’Information sur la Paix et la Sécurité’ (GRIP). Depuis 2014 expert et co-porte-parole de ‘ICAN France’
  • 42. 2016 : Le réseau ‘Abolition des armes nucléaires - Maison de Vigilance’ Dans un contexte géopolitique nouveau, avec la gestation à l’ONU d’un traité d’interdiction des armes nucléaires, les membres de l’association ’Maison de Vigilance’ et du collectif ’Armes nucléaires Stop’ conviennent en décembre 2016 de se rapprocher, pour agir avec plus de force et d’efficacité en faveur de l’abolition des armes nucléaires, sous le nom de ‘Abolition des armes nucléaires - Maison de Vigilance’. Ce réseau regroupe une quinzaine d’associations*. Il est membre actif de ‘ICAN- France, campagne internationale pour abolir les armes nucléaires, du ‘Réseau Sortir du nucléaire’ et de ‘Abolition 2000’, réseau mondial pour éliminer les armes nucléaires. *Arche et CANVA, Association des médecins français contre la guerre nucléaire (AFMCGM), quelques groupes d’ ATTAC, Europe Écologie Les Verts, GSIEN, Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (LIFPL-WILPF), Mouvement pour une alternative non-violente (MAN), Mouvement international de la réconciliation (MIR), Observatoire des armements (ObsArm), Pax Christi France, Pugwash France, Quakers international, Réseaux Espérance, réseau Sortir du nucléaire, Union Pacifiste de France Photo : Le ‘ballon gonflé à l’hélium-bombe atomique’ sur la place de la Comédie à Montpellier
  • 43. 2012-2017 : Les campagnes du MAN En janvier 2012, à l’initiative du ‘Mouvement pour une Alternative non-violente’ (MAN), 46 personnalités* lancent un ‟Appel en faveur du désarmement unilatéral de la France” rédigé par Jean-Marie Muller. En 2014, le MAN rédige et diffuse un ‟4 pages” intitulé Libérons la France des armes nucléaires, organise dans la rue des sondages ‟micro-trottoir”, etc. De 2014 à 2017, le MAN poursuit la campagne pour le désarmement nucléaire unilatéral de la France, participe aux actions et jeûnes des 6-9 août, remet une pétition de 11 550 signatures à trois députés, réalisation de la vidéo La Bombe, l’assurance de votre destruction, etc. * dont Olivier Abel, Guy Aurenche, Simone de Bollardière, José de Broucker, Bernard Dréano, Bernard Ginisty, Françoise Héritier, Stéphane Hessel, Albert Jacquard, Gustave Massiah, Christian Mellon, Philippe Meirieu Edgar Morin, Antoine Nouis, Richard Pétris, Bernard Quelquejeu, Pierre Rabhi, Matthieu Ricard, Alain Richard, lama Denys Rinpoché, Antoine Sondag, Alain Touraine, Paul Virilio, Patrick Viveret.
  • 44. 2013 : ‘Initiatives pour le Désarmement Nucléaire’. Suite à la publication en 2013 du livre Arrêtez la bombe !, ses trois auteurs, Paul Quilès, ex-ministre de la Défense, le général Bernard Norlain et Jean-Marie Collin créent l'association Arrêtez la Bombe !. En 2016, l'asso- ciation change de nom pour devenir ‘Initiatives pour le Désarmement Nuclé- aire’. Dans la situation actuelle caractérisée par une résurgence de la menace nucléaire, celle-ci ne suscite aucune réaction. Pourquoi les messa- ges d’alerte lancées par les opposants à l’arme nucléaire ne rencontrent-ils que peu d’échos ? Face aux discours officiels des gouvernements procla- mant que l’arme nucléaire constitue une « garantie ultime de sécurité », et à la qualification de "bisounours" donnée par certains aux militants du désar- mement nucléaire, IDN entend démontrer que le réalisme est du côté des adversaires de l’armement atomique. « Jouer avec l’arme atomique c’est jouer avec le feu. C’est un comportement immature. La dissuasion nucléaire est un pari sur la rationalité du ou des adversaires, mais un pari est par nature hasardeux. Aucun système qui repose sur des êtres humains ne peut marcher parfaitement, toujours. La dissuasion nucléaire ne peut qu’encourager la prolifération nucléaire et donc le risque de guerre nucléaire. L’histoire regorge d’exemples où des dirigeants n’ont pas hésité à sacrifier des millions de civils. Avoir un système qui repose sur la perfection humaine ne peut pas durer. » Général Bernard Norlain
  • 45. ‘Initiatives pour le Désarmement Nucléaire’ IDN produit des propositions à court, moyen et long terme, des rapports, des livres, des revues de presse, des fiches de lecture, des vidéos, diffuse des communiqués, organise des colloques, des ‘événements JANUS’ (‘Journées contre les armes nucléaires et pour la sécurité’), des webinaires, des concours d’illustrations, commande des sondages*, etc. L’association est co-fondatrice de NoFirstUse Global, qui défend un politique de non-emploi de l’arme nucléaire en premier. * Un sondage IDN/Comisis-OpinionWay en mai 2022 montre que 70 % des Français considèrent que l’arme nucléaire met en péril la sécurité du monde. Photos : Trois figures de l’association IDN - Paul Quilès (1942-2021), polytechnicien, député socialiste, ministre de la Défense (1985- 1986), président de la Commission de la défense nationale de l'Assemblée nationale (1997- 2002), maire de Cordes-sur-Ciel. - Bernard Norlain, né en 1939, chef du cabinet militaire du Premier ministre Jacques Chirac puis de Michel Rocard, général de corps d'armée aérien (1990) - Marc Finaud, né en 1953, ancien diplomate français. En 1989-1993, conseiller à la délégation française à la Conférence du désarmement à Genève et membre de la délégation française à la première commission de l'AG de l’ONU à New York. Conseiller principal et chef des études ‘Prolifération des armes’ au Geneva Centre for Security Policy.
  • 46. L’appel de 21 personnalités initié par IDN En avril 2017, à l'initiative de l'ancien ministre de la Défense Paul Quilès, 21 personnalités* interpellent le futur président de la République pour qu'il agisse vraiment en faveur d’un monde sans armes nucléaires. « Les principales menaces à notre sécurité proviennent aujourd’hui du terro- risme, des cyber-attaques, de la criminalité organisée, des pandémies, du change- ment climatique et ne sauraient être dissuadées par un arsenal nucléaire. (…) Il n’est pas raisonnable de continuer à s’arc-bouter sur le maintien d’une arme que nombre d’experts militaires et stratégiques s’accordent à reconnaître comme obsolète et inadaptée. (…) Nous souhaitons que vous saisissiez l’opportunité historique qui s’offre à notre pays de montrer la voie vers un désarmement négocié, vérifiable et universel en se joignant aux quelque 132 États qui négocient actuellement à l’ONU un traité d’interdiction des armes nucléaires.» * Sébastien Balibar, Rony Brauman, Valérie Cabanes, Gilles Candar, Jean-Marie Collin, Michel Drain, Jean-Pierre Dupuy, Marc Finaud, Christiane Hessel, Bernard Hourcade, Yannick Jadot, Alain Joxe, Georges Le Guelte, Francis Lenne, Bernard Norlain, Ivar Ikeland, Jean-Claude Pecker, Paul Quilès, Marc Stenger, Annick Suzor-Weiner, Thierry Salomon.
  • 47. Les 64 villes de France qui soutiennent l’adhésion au TIAN À la date du 6 août 2022, 64 villes en France - dont Paris, Lyon et Grenoble et Bordeaux - soutiennent le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Cet engagement des villes, qui va se poursuivre en France, se déroule aussi à l’international : 452 municipalités ont déjà signé cet Appel. Parmi elles, de nombreuses capitales comme Amsterdam, Barcelone, Berlin, Canberra, Luxembourg, Manchester, Oslo, Toronto, ou encore Washington D.C. Au total, ce sont 8 000 villes à travers le monde, membres du réseau Mayors for Peace, qui se sont engagées à protéger leurs habitants des armes nucléaires et à mobiliser leurs États pour adhérer au TIAN.
  • 48. ICAN, juin 2022 : La tribune de 56 parlementaires français en faveur du TIAN Le 16 juin 2022, un groupe de 13 personnes membres d’ICAN- France porte au palais de l’Élysée une pétition signée par 11 217 citoyens, demandant que la France soit observatrice à la première réunion des États parties au TIAN prévue à Vienne (Autriche) du 21 au 23 juin 2022. Le même jour, dans une tribune* parue dans le quotidien Le Monde, 56 parlemen- taires* font au président Emmanuel Macron la même demande, qui restera vaine. « La France doit être présente comme "État observateur", comme vont le faire plusieurs pays européens (Allemagne, Finlande, Norvège, Suisse, Suède). Cette attitude évitera aussi que notre pays soit placé dans la catégorie des absents comme devrait l’être la Russie. Enfin, face aux Françaises et aux Français qui s’interrogent sur le risque de guerre nucléaire, une absence serait incompréhensible. » * Cette tribune s'inscrit dans un travail ancien auprès des parlementaires qui se matérialise notamment par la publication depuis 2014, d'une lettre trimestrielle diffusée auprès de chaque parlementaire, au départ à l'initiative de l'Observatoire des armements’ avec PNND (Parlementaires pour la non prolifération et le désarmement nucléaire). PNND a ensuite été remplacé en 2019 par ‘ICAN-France’. ** dont Guillaume Gontard, sénateur de l’Isère (EELV), Pierre Laurent, sénateur de Paris (PC), Régis Juanico, député de la Loire (PS), Hubert Julien-Laferrière, député du Rhône (Génération Écologie), Bastien Lachaud, député de Seine Saint- Denis (LFI), Jean-Paul Lecoq, député de la Seine-Maritime (PC), Fabien Roussel, député du Nord (PC), Mounir Satouri eurodéputé (Groupe des Verts/ALE), Marie Toussaint, eurodéputée (Groupe des Verts/ALE), Jean-Pierre Sueur, sénateur du Loiret (PS), Cédric Villani, député de l’Essonne (Génération Écologie)
  • 49. Les actions locales pour le désarmement nucléaire Des actions sont menées depuis longtemps par des groupes locaux en vue du respect par la France de l’article 6* du Traité de non- prolifération nucléaire (TNP), de l’adhésion de la France au TIAN, et/ou de la reconversion des sites nucléaires militaires à des activités pacifi- ques. Ainsi, depuis 2013, le ‘Collectif Bourgogne Franche-Comté pour l’abolition des armes nucléaires’** mène des action à Dijon et près du site CEA de Valduc***, à 40 km de Dijon, où sont rechargées et moder- nisées les 290 armes nucléaires françaises. Entre autres actions : - des jeûnes et des commémorations des bombardements d’Hiros- hima et de Nagasaki, tous les ans, du 6 au 9 août, ../.. * Art. 6 du TNP : « Chacune des Parties au Traité s'engage à poursuivre de bonne foi des négocia- tions sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire, et sur un traité de désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace » ** qui comprend notamment les groupes locaux des Amis de La Terre, du MAN, du Mouvement de la paix *** Dans le cadre du traité franco-britannique ‘Teutatès’ signé en novembre 2010, le programme ‘Epure’ du site CEA-DAM de Valduc se réalise avec les Anglais en violation de l’article 6 du TNP. Il a pour but d’installer au CEA-Valduc un ensemble de 3 accélérateurs d’électrons pour radiographier l’explosion du premier étage des bombes nucléaires.
  • 50. Les actions locales pour le désarmement nucléaire : une illustration à Dijon et Valduc - une "lettre ouverte au Directeur du site nucléaire militaire de Val- duc et aux autorités nationales", signée en nov. 2018 par 38 organisa- tions politiques, syndicales, associatives, culturelles et spirituelles de Bourgogne-Franche-Comté, - à partir de janvier 2020, des ‘vigies citoyennes’ mensuelles près du site de Valduc pour interpeller la Direction et les salariés rentrant du travail le soir en bus, avec un communiqué de presse après chaque vigie, - l’intrusion, en juillet 2020, de 3 lanceurs d’alerte dans la partie non sécurisée du site : les poursuites* pour "intrusion en réunion dans un site civil abritant des matières nucléaires", après relance auprès du Procureur, du Procureur général et du ministre de la Justice pour que le procès ait enfin lieu, se soldent finalement en décembre 2021 par un ‘rappel à la loi’ envoyé aux 3 prévenus par lettre simple, sans entretien préalable… * peines jusqu’à 3 ans de prison et 75 000 € d’amende Photos : - Interpellation des salariés dans les bus à Moloy, près de Valduc - Intrusion près du "château" de Valduc le 9 juillet 2020 - Les 3 lanceurs d’alerte inculpés, déguisés en frères Dalton, à Dijon le 6 fév. 2021
  • 51. Les actions locales pour le désarmement nucléaire : * notamment le 22 janvier 2021 à l’occasion de l’entrée en vigueur du TIAN, à Paris, Lyon, Dijon et dans d’autres villes Photos : - Jeûne du 6 au 9 août 2012 à Paris, devant le Mur de la Paix du Champ de Mars - Manifestation à Paris - Manifestation à Brest en janvier 2022 à l’occasion de la réunion des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l’Union Européenne Des actions ont été menées* ou le seront - à Paris devant le ministère de la Défense, - à Brest et à côté de la base des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de l’Île Longue, - à Bordeaux et au Barp, près du site du laboratoire ‘Mégajoule’ qui simule les explosions nucléaires, - au Mont Saint Michel, à Dampierre (Jura), Épinal, Tours, etc. Elles ont été menées ou le seront en concertation avec nos partenaires en Europe, par ex. : - Lettre ouverte de l’organisation britannique Trident Ploughshares au Président de la République, le 1er février 2021, pour protester contre le programme de coopération militaire franco-britannique ‘Teutates-Epure’ à Valduc en violation de l’article 6 du TNP, - Jeûne international à Berlin du 6 au 9 août 2022, etc.
  • 52. Citons aussi brièvement… - ‘L’Union Pacifiste de France’ (UPF) section française de War Resisters International (ou WRI - ‘Internationale des résistants à la guerre’ ou IRG), association fondée en 1961, dont les grandes figues ont été Louis Lecoin (1888-1971), Paul Rassinier et Jean Gauchon. Elle s’oppose bien sûr à l’arme ncléaire. - L’association ‘Action des citoyens pour le désarmement nucléaire’ (ACDN) fondée en 1996 par Jean-Marie Matagne (né en 1944). - ‘L’association franc-comtoise pour le désarmement nucléaire unilatéral de la France’ (ADN) créée en 2015, notamment par Lucien Converset*. * Lucien Converset, prêtre catholique français né en 1937, appelé familièrement Lulu. De mars 2012 (âgé de 75 ans) à juin 2013, il marche à pied de Dampierre (Jura) à Jérusalem, accompagné de son âne Isidore, afin de demander la paix pour le monde. Il écrit aux évêques français afin qu’ils prennent position contre l’arme nucléaire.
  • 53. Citons aussi brièvement… - L’association ‘Négajoule’ créée en 2011 pour s’opposer au programme ‘Laser Mégajoule’ au CESTA* situé sur le territoire de la commune Le Barp (Gironde) * « Le Centre d’études scientifiques et techniques d’Aquitaine (CESTA) a pour mission première d’assurer l’architecture industrielle des armes de la force de dissuasion ». L’objectif du Mégajoule est de créer une nouvelle génération de bombes atomiques adaptées à toutes les cibles dans tous les « théâtres d’opération », en violation de l’art. 6 du TNP auquel la France a adhéré en 1992. La banalisation totale des armes nucléaires devient possible. - Le ‘Programme d'étude des savoirs nucléaires’, Nuclear Knowledges, au ‘Centre des relations internationales’ (CERI) de Sciences Po, fondé en 2017 par l’univer- sitaire Benoît Pélopidas (né en 1981). Pour éviter le conflit d'intérêt, le programme refuse le financement par des entités pro ou anti-nucléaires. Son financement repose exclusivement sur la base de la reconnaissance académique de l'excellence de la recherche accomplie.
  • 54. Et en 2023 ? L’année 2023 sera celle - du 65ème anniversaire de l’action de Lanza del Vasto et de l’Arche à l’usine de Marcoule contre la fabrication de plutonium à usage militaire, (en avril 1958), - du 50ème anniversaire de l’action du ‘Bataillon de la paix’ dans l’océan Pacifique (en été 1973). Alors que le TIAN est ratifié par de plus en plus d’États dans le monde, des actions fortes seront menées en 2023 afin que la France respecte ses engage- ments dans le cadre de l’article 6 du TNP, adhère au TIAN, commence à prévoir la reconversion de ses sites nucléaires militaires et, pour reprendre Albert Camus, choisisse « définitivement entre l’enfer et la raison ». Photo : Le forgeron transformant son épée en soc de charrue (Isaïe, 2, 4). Statue de Evgueni Voutchetitch devant le siège des Nations unies à New York. ■