5. ConstelliumNeuf-Brisach
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AVANT-PROPOS
1967-2017 : un demi-siècle après sa création, l’usine de Neuf-Brisach poursuit un
développement dont ses fondateurs pourraient être fiers. Trois idées ont présidé
à sa conception : l’Europe, l’excellence, l’automobile. L’ambition européenne a été
un facteur déterminant de l’implantation de l’usine au cœur du vieux continent, à
Neuf-Brisach, en terre alsacienne. L’excellence technologique devait répondre aux
besoins nés de la croissance des Trente Glorieuses : la production de masse,
l’innovation et la qualité. Il faut se souvenir que la consommation mondiale
d’aluminium croissait de 8 % par an entre 1950 et 1975, la production passant
d’1,5 à 14 millions de tonnes ! En France, une entreprise dominait le secteur :
Pechiney. Elle était à la fois la plus ancienne au monde et l’une des plus
innovantes. La même année 1967, elle inaugurait deux des outils qui font encore
aujourd’hui la valeur de Constellium, Neuf-Brisach et le Centre de recherche de
Voreppe devenu C-TEC. Quant à l’automobile, un des marchés emblématiques de
cette société en mutation des années 1960, il faudra attendre près de quarante
ans avant qu’elle n’adopte à grande échelle l’aluminium dans la carrosserie. C’est
l’emballage, lui aussi en pleine croissance à cette époque, qui sera le moteur du
développement de l’usine et qui est encore son principal marché.
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6. ConstelliumNeuf-Brisach
4
Ainsi, Neuf-Brisach est aujourd’hui capable de livrer 450 000 tonnes de produits
laminés à des clients exigeants, en particulier sur deux marchés extrêmement
concurrentiels : la boîte-boisson et l’automobile. En 2016, son dernier grand
investissement a augmenté sa capacité de 100 000 tonnes de produits destinés à
la carrosserie automobile dans un marché en pleine croissance.
Pourtant le chemin n’a pas été sans embûches et les succès que connaît Neuf-
Brisach aujourd’hui, l’usine les doit à la persévérance, l’imagination, la rigueur de
toutes celles et ceux qui ont participé à cette histoire. Et d’abord à sa capacité à
se réinventer sans cesse. C’est ainsi qu’anticipant la demande sociétale, l’usine
s’est équipée d’outils de recyclage qui ont fortement amélioré ses performances
économiques tout en répondant aux exigences de durabilité.
Ce petit livre raconte ces batailles, témoigne des moments-clés de la vie de l’usine
et rend hommage à celles et à ceux qui ont participé à cette belle histoire
industrielle. Qu’il soit pour moi l’occasion de remercier très chaleureusement au
nom de Constellium les femmes et les hommes qui ont contribué à son succès, à
commencer par les collaborateurs de tous les services de Neuf-Brisach, qu’ils
travaillent dans les ateliers de production, à la maintenance, au bureau d’études,
dans les services administratifs et commerciaux. Ces remerciements s’adressent
aussi aux clients qui nous ont fait et qui nous font confiance et à tous les
partenaires de l’usine.
Jean-Marc Germain
Chief Executive Officer
Groupe Constellium
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7. ConstelliumNeuf-Brisach
5
UN ANNIVERSAIRE PARTAGÉ
En célébrant le cinquantième anniversaire de Neuf-Brisach, un site en pleine
croissance et promis à un bel avenir, comment ne pas penser à toutes celles et
tous ceux qui nous ont précédés ici et ont contribué à son histoire. Qu’il s’agisse
des fondateurs, qui ont identifié les besoins à venir et conçu un outil industriel
destiné à durer, qu’il s’agisse du petit noyau originel arrivé en 1965 du bureau
d’études de l’usine d’Issoire afin de conduire le chantier ou des premiers
embauchés locaux (dès 1961 !) qui ont organisé et démarré la production en 1967,
ils nous ont ouvert la voie. Cette voie, nos collaboratrices et collaborateurs, à tous
les échelons et dans tous les métiers de l’usine, n’ont eu de cesse depuis de lui
assurer le succès.
C’est cette belle usine, en constante adaptation pour répondre aux plus hautes
exigences de ses clients, que je vous invite à découvrir dans les pages qui suivent :
ses outils et les principales étapes de la production, ses marchés, mais aussi les
dates-clés qui ont marqué son histoire et construit sa culture. On comprend mieux
en les parcourant la longévité du site : la recherche de l’excellence, la mobilité, la
capacité à se remettre en question, la ténacité, ces traits se retrouvent dans les
bons jours comme dans les épreuves que nous avons surmontées.
Cette histoire, nous en sommes fiers et heureux de la partager avec vous.
Bienvenue à Neuf-Brisach !
Ludovic Piquier
Directeur du site de Constellium Neuf-Brisach
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11. ConstelliumNeuf-Brisach
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Une grande usine orientée
vers les marchés internationaux
780 000 m2
dont 200 000 de surfaces couvertes, près de 1 500 salariés et une
capacité de production passée à 450 000 tonnes par an depuis la mise en service
de la nouvelle ligne de finition pour le marché automobile, en 2016 : bienvenue à
l’usine de transformation d’aluminium de Neuf-Brisach, l’une des unités de
production les plus importantes du groupe Constellium.
Depuis 1967, elle se dresse sur les bords du Rhin, aux portes de Neuf-Brisach en
Alsace. Parfaitement intégrée à son environnement local d’où est issue la plupart
de ses salariés, elle s’inscrit au cœur de l’Europe, en contact direct avec les grands
consommateurs mondiaux d’aluminium que sont, entre autres, les constructeurs et
les équipementiers automobiles, les fabricants de boîtes-boisson et de conserves
alimentaires et l’industrie du bâtiment. Affirmée dès 1967, la vocation internationale
de l’usine a largement justifié le choix de cette implantation et n’a cessé de
s’affirmer au fil des années. Aujourd’hui, 75 % des produits fabriqués à Neuf-Brisach
sont exportés en Europe, en Asie, en Amérique du Nord et du Sud et en Afrique.
Depuis toujours, l’histoire de Neuf-Brisach est
faite d’améliorations, de modernisations et
d’agrandissements destinés à augmenter ses
capacités de production. C’est une usine en
mouvement perpétuel.
Olivier Lach, directeur du bureau d’études
“
”
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13. ConstelliumNeuf-Brisach
11
Il était une fois une vision industrielle...
L’histoire du site est le fruit d’une vision industrielle qui remonte à la fin des années
1950 mais qui - aléas de la vie des marchés obligent ! - a mis plusieurs décennies
à se concrétiser pleinement.
Conçue à l’origine dans la perspective d’un fort développement de la carrosserie
automobile, Neuf-Brisach dut en effet attendre les années 2000 pour faire sa
véritable entrée sur ce marché qui tardait à tenir ses promesses. C’est alors
seulement que furent atteints les objectifs de production fixés par les «pères
fondateurs» de l’usine dès 1967 : 400 000 tonnes de produits laminés par an.
Dans l’intervalle et pour faire vivre les outils ultra-modernes dont il avait été
équipé, le site dut se réinventer très vite et se positionner résolument sur un autre
marché dont personne n’imaginait qu’il prendrait une telle importance : le boîtage.
Neuf-Brisach y parvint dès le début des années 1980, faisant montre en l’espèce
d’une capacité d’adaptation et d’une réactivité remarquables.
L’organisation de la production et les débouchés de l’usine reflètent cette
histoire riche en rebondissements. Édifiée en 1967 pour produire en continu et
en grande série, elle est restée fidèle à ce choix initial : sa principale originalité
est qu’elle intègre toutes les étapes qui conduisent à la fabrication de bobines
et tôles d’aluminium : recyclage, fonderie, laminage à chaud et à froid, finition
automobile et vernissage.
L’usine de Neuf-Brisach a toujours su prendre les
virages au bon moment. Elle sait se remettre en
question. Toute son histoire le prouve.
Laurette Zaeh-Petit, responsable communication,
Division des produits laminés pour l'emballage et l'automobile
“
”
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16. ConstelliumNeuf-Brisach
14
poursuit Hervé Vichery. Quant à la boîte alimentaire - les conserves - elle est encore
majoritairement fabriquée en acier, à l’exception de produits haut de gamme et des
petits contenants comme les aliments pour animaux. Deux marchés sur lesquels
Constellium s’est positionné avec force.
Pour répondre aux besoins des fabricants de boîtes, Neuf-Brisach dispose d’un
atout majeur. «La grande force de l’usine est qu’elle est capable de produire un
aluminium de qualité constante en très grandes quantités. Les industriels du
boîtage doivent en effet produire très vite et en permanence. Le métal qu’ils
utilisent doit donc être homogène et ne présenter aucune variation, fût-elle infime.
Très peu de fabricants savent le faire», indique Hervé Vichery. L’innovation joue
dès lors un rôle majeur dans ce processus. Elle porte notamment sur les
meilleures combinaisons possibles entre le métal et les outillages. Mais elle porte
également sur le développement d’alliages spéciaux, comme celui développé pour
les aérosols et les bouteilles aluminium sous la marque Aeral®
.
Automobile
L’automobile constitue aujourd’hui le deuxième marché de l’usine. À la faveur
d’une deuxième ligne de finition automobile inaugurée en 2016, le débouché de la
carrosserie automobile représente un volume annuel de 150 000 tonnes.
Le développement très rapide du marché de l’automobile constitue le fait
marquant de ces dix dernières années. C’est en effet en 2007-2008 que l’usine
fait sa véritable entrée sur ce marché. Certes, elle avait toujours travaillé pour le
secteur automobile, livrant aux constructeurs, dès 1967, des pièces pour la
fabrication d’accessoires, d’éléments de carrosserie et pour les échangeurs
thermiques. Mais en cette seconde moitié de la décennie 2000, un nouveau
Il y a vingt ans, la moitié des boîtes-boisson en
Europe étaient fabriquées en aluminium.
La proportion est aujourd’hui de plus de 90 %.
Hervé Vichery, responsable du service support technique des clients du boîtage,
Division des Produits laminés pour l’emballage et l’automobile
“
”
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18. ConstelliumNeuf-Brisach
16
dès 1966 et l’installation d’un procédé de conversion chimique nous a permis de
monter en gamme et de répondre aux attentes des constructeurs allemands.»
Avantage supplémentaire : le site est situé juste de l’autre côté du Rhin, ce qui
simplifie et accélère grandement les livraisons à ces clients.
Un peu moins de dix ans plus tard, le marché de l’automobile a fait plus que tenir
ses promesses. «Nous sommes à l’aube d’une mutation majeure : l’automobile
incorpore de plus en plus d’aluminium, ce qui ouvre des perspectives de
développement considérables. Le marché européen devrait être multiplié par trois
et le marché américain par dix», précise Ludovic Piquier, directeur de l’usine
depuis 2014, venu lui-même de l’industrie automobile. «L’aluminium présente le
meilleur rapport entre le prix et le poids, enchaîne Catherine Athènes. La plus
grande partie de la croissance est venue des ouvrants : portes, capots, coffres. Ce
sont des éléments qu’il est possible de fabriquer en aluminium sans changer la
structure du véhicule. Cela a beaucoup facilité l’adoption de l’aluminium.»
Aujourd’hui l’usine de Neuf-Brisach fait figure de centre d’excellence reconnu sur
le marché automobile. La nouvelle ligne de finition mise en service en 2016 y est
pour beaucoup. «Elle nous dote d’un outil intégré et très performant répondant
aux normes de plus en plus élevées en vigueur dans l’industrie automobile. Grâce
à cet équipement, la production de tôles pour l’automobile a été multipliée par
trois», souligne Ludovic Piquier. Centre d’excellence, Neuf-Brisach ne l’est pas
seulement pour les constructeurs automobiles auxquels le site livre ses produits.
Il l’est aussi pour les autres unités du groupe Constellium. Fort de leur expertise
technique, les techniciens et les opérateurs de Neuf-Brisach sont envoyés aux
quatre coins du monde pour aider au démarrage de nouveaux équipements dédiés
à l’automobile. «Sur le plan humain comme sur le plan technique, Neuf-Brisach est
une véritable référence pour le secteur automobile», résume Céline Steiner,
superviseur au laminage à chaud qui a elle-même passé plusieurs mois à l’usine
américaine de Bowling Green.
Répondre aux besoins spécifiques des constructeurs
Fort de ces expertises, Neuf-Brisach a développé une véritable relation de
confiance avec ses clients constructeurs automobiles. Avec une conséquence
majeure : «Nous ne sommes plus seulement un fournisseur d’aluminium.
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20. ConstelliumNeuf-Brisach
18
La fierté du travail bien fait
Près de 1 500 salariés s’emploient chaque jour à produire, en continu et sept jours
sur sept, les bobines et tôles qui seront livrées aux fabricants de boîtes-boisson,
aux constructeurs automobiles et aux autres clients de l’usine. Sur le plan social,
le site de Neuf-Brisach présente une première particularité. «C’est une usine dont
les effectifs n’ont jamais cessé de croître depuis 1967. Elle n’a pas connu les
crises qui ont par exemple affecté l’industrie de l’acier», souligne à juste titre
Thierry Carré, le directeur des ressources humaines.
Autre particularité, le haut niveau de professionnalisme tient notamment à la durée
des formations, effectuées pour l’essentiel sur le terrain. Il faut deux bonnes années
pour former un fondeur, un lamineur ou un cisailleur. «Ce sont des métiers qui ne
s’apprennent pas à l’école mais directement sur la ligne ou dans l’atelier. D’où une
très grande fierté du métier. Les gens ont vraiment le sentiment d’être dépositaires
d’un savoir-faire très spécifique.» D’où également un «turn-over» très faible.
À l’heure de la «montée en puissance» de l’automobile, l’usine a tous les atouts
en mains. «Les femmes et les hommes de Neuf-Brisach sont dépositaires d’une
véritable culture industrielle fondée sur une maîtrise parfaite du produit», insiste
Ludovic Piquier. «En raison des normes auxquelles elle est soumise, l’industrie
automobile exige que nous réalisions des produits de qualité irréprochable et que
nous les livrions à l’heure. L’usine est parfaitement adaptée pour mener à bien
cette mission.»
Il y a de vrais passionnés sur les lignes. La fierté
du métier est très forte. Les gens, ici, ont envie de
faire connaître et de partager leurs expertises.
Thierry Carré, directeur des ressources humaines
“
”
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24. Les six étapes du parcours
Plan schématique de l’usine de Neuf-Brisach
1
2
3
4
5
6
1. Recyclage
2. Fonderie
3. Laminage à chaud
4. Laminage à froid
5. Finition automobile
6. Vernissage
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51. 1959
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Indispensable usine…
L’histoire de l’usine de Neuf-Brisach ne débute pas tout à fait en 1967... Elle
commence en réalité en 1959. Cette année-là, les dirigeants de Cegédur, le
premier transformateur français d’aluminium, filiale commune de Pechiney et de
la Compagnie générale d’électricité, décident de construire une nouvelle usine de
laminage en France. La raison de cet investissement ? La très forte croissance du
marché ! Entre 1950 et 1958, la consommation annuelle d’aluminium en France
est passée de 70 000 à près de 200 000 tonnes et tout indique que ce
développement va se poursuivre dans le futur. Aéronautique, bâtiment,
emballages, automobile : nombreuses, les applications de l’aluminium couvrent
des pans entiers de l’activité économique. Depuis le Traité de Rome, en mars
1957, qui a donné naissance à la Communauté économique européenne et
amorcé le processus de suppression des droits de douane entre pays membres,
les débouchés se sont considérablement élargis. Les clients de Cegédur étaient
essentiellement français ? Ils sont désormais européens. Une demande en plein
développement, de nouveaux marchés à l’international : deux bonnes raisons au
moins pour édifier une nouvelle unité de production…
Mais il en existe une troisième : la saturation de l’usine Cegédur d’Issoire, dans le
Puy-de-Dôme. Mise en service en 1947, elle a le plus grand mal à répondre à
l’augmentation de la demande sur son marché-phare, l’aéronautique. Quant à
conquérir de nouveaux marchés, il ne faut pas trop y compter... D’autant que
l’usine d’Issoire n’est pas bien équipée pour produire de la tôle mince - d’une
épaisseur inférieure à 3 mm - nécessaire pour satisfaire les nouveaux besoins.
1959
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54. ConstelliumNeuf-Brisach
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La place croissante de l’aluminium dans l’emballage au cours des années 1960
Bulletin Pechiney, n° 142, février 1967 - Coll. IHA
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55. ConstelliumNeuf-Brisach
53
Et le gagnant est... Neuf-Brisach !
Une fois décidée la création d’une nouvelle usine, la question de son implantation
occupe les dirigeants de Cegédur pendant de longs mois. À Dunkerque ? Un
temps envisagée, l’idée est finalement écartée... pour des raisons climatiques :
l’atmosphère ambiante y est en effet trop humide pour le matériel. À Noguères
près de Lacq, dans le Sud-Ouest, où Pechiney vient de lancer une nouvelle usine
de production d’aluminium ? La zone est très excentrée. Le choix se porte
finalement sur la plaine d’Alsace à proximité du Rhin. Une décision logique à
l’heure de l’Europe naissante. Implantée au cœur du Marché commun, l’usine
pourra exporter facilement ses productions au-delà des frontières. Sans compter
que Cegédur n’exclut pas, à ce moment, de construire l’établissement en
partenariat avec des industriels belges ou allemands, ce qui suppose de ne pas
trop s’éloigner... Dans un premier temps, la zone du Port Autonome de Strasbourg
«tient la corde». Mais elle finit elle aussi par être abandonnée : les terrains y sont
en effet proposés à la location et non à la vente. Un vrai handicap pour Cegédur
qui tient à acquérir le foncier en pleine propriété.
C’est finalement une autre zone portuaire, celle de Colmar-Neuf-Brisach, qui est
retenue. Choix judicieux là encore ! Sur le plan géographique d’abord. «Dans un
rayon de 500 kilomètres autour de Neuf-Brisach se trouve la plus grande partie de
l’industrie européenne, et dans un rayon de 650 kilomètres se trouvent tous les
grands ports européens», explique-t-on alors à Cegédur, soulignant au passage l’un
des principaux atouts de la zone : sa proximité avec les marchés européens et, au-
delà, la possibilité de toucher le «grand export». De fait, implanté en bordure du
Rhin, le site dispose d’un accès direct vers les principaux ports de la Mer du Nord
1961
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57. ConstelliumNeuf-Brisach
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Vous avez dit Neuf-Brisach ?
«Le site choisi pour implanter l’usine s’étend en grande majorité sur la
commune de Biesheim et pour une petite partie sur la commune de Kunheim.
À quatre kilomètres de Biesheim, Neuf-Brisach, petite ville créée par Louis XIV
lors et à cause de l’annexion de l’Alsace au Royaume de France et fortifiée par
Vauban, est célèbre et pittoresque. Accessoirement, elle était la seule à être
dotée d’un bureau de Poste ce qui imposera, en 1960, le premier nom «usine
de Neuf-Brisach» (Rhenalu, l’usine de Neuf-Brisach, IHA 1995).
- Rotterdam, Anvers... - et est raccordé aux réseaux routiers et ferroviaires allemand,
suisse et italien. À la clé : des coûts logistiques fortement réduits et des expéditions
grandement facilitées. Le site dispose en outre - et ce n’est pas anodin - de toute
l’énergie nécessaire pour alimenter de grandes installations industrielles : quelques
centaines de mètres séparent en effet Neuf-Brisach du barrage et de la centrale
électrique de Vogelgrun, l’une des huit centrales hydrauliques qui s’étagent entre
Bâle et Strasbourg. À dire vrai, Cegédur ne pouvait rêver site plus idéal.
En octobre 1961, près de deux ans après les premières études d’implantation et au
terme d’un accord signé avec l’Établissement public du port rhénan de Colmar-
Neuf-Brisach, Cegédur achète 244 hectares situés sur les communes de Biesheim
et de Kunheim. Mais ce n’est qu’une première étape. Il reste en effet beaucoup à
faire avant que la nouvelle usine ne voit le jour.
1961
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61. ConstelliumNeuf-Brisach
59
soit édifiée chez eux, dans la région de Düsseldorf, de Duisbourg ou de Dortmund.
Une exigence difficilement acceptable pour les Français. Les deux parties, en outre,
n’étaient pas parvenues à s’entendre sur le «leadership» du futur établissement.
En 1962, l’affaire est donc entendue : l’usine Rhenalu de Neuf-Brisach aura une
vocation européenne mais sera construite par les Français, VAW édifiant finalement
son unité en partenariat avec le Canadien Alcan à Norf, dans la Ruhr. Cegédur aura
ainsi la rude tâche de porter seule la «grande usine européenne» qu’elle s’apprête
à construire sur les bords du Rhin. Esquissées dès la fin des années 1950, les
ambitions internationales de Neuf-Brisach continuent de se concrétiser et ont fait
de Constellium l'un des leaders mondiaux des produits semi-finis en aluminium.
Numéro spécial du Bulletin Pechiney consacré à
l’usine, octobre 1966 - Coll. IHA
1962
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64. 6262
1967 : Le process
Manutention des
bobines avant laminage
Préparation des bobines
pour le laminage
Four statique de recuit
des bobines
Préparation des bobines
pour le four de recuit
4 4
4 44
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71. ConstelliumNeuf-Brisach
69
Un nouveau marché, le boîtage...
1970
Dans le courant de l’année 1970, le laminoir à chaud L2 ainsi qu’un premier four duplex
à la fonderie - le FD1 - entrent en service. La ligne de production est désormais
complète. Venues de la fonderie, les plaques de métal, d’une épaisseur de 200 à 500 mm,
sont laminées à chaud en bandes de 3 à 9 mm. À la sortie du laminoir à chaud, ces
bandes, appelées «ébauches», sont bobinées puis reprises pour être laminées à froid
à une épaisseur comprise entre 0,3 et 0,2 mm. Le métal passe alors dans les
installations de parachèvement où les bobines, débitées ou refendues, subissent divers
traitements thermiques ou de surface avant d’être emballées et expédiées. À Neuf-
Brisach, l’avenir semble se présenter sous les meilleurs auspices…
D’importants changements, pourtant, sont à l’œuvre sur le site. Peu perceptibles en
cette année 1970, ils n’en sont pas moins réels et ne feront que gagner en importance
dans les années suivantes. Ils concernent les débouchés de l’usine. Celle-ci, on s’en
souvient, avait été conçue au départ dans la perspective d’un fort développement du
marché de la carrosserie automobile. Or, trois ans après le démarrage des
installations, il faut se rendre à l’évidence : la «voiture aluminium» ne fait guère recette
auprès des constructeurs. En cause ? La mise au point, dès la fin des années 1960,
d’aciers aux performances technico-économiques à même de concurrencer celles de
Sur le démarrage du laminoir à chaud, Roger Schaedelin,
arrivé sur le site en 1969, témoigne :
Le L2, ça faisait un peu peur. À cause du bruit notamment.
C’était un sacré pari de démarrer un tel équipement sans
personnel vraiment qualifié et après une formation rapide. De
toute façon, la machine était unique en son genre et personne
ne savait très bien comment la faire fonctionner.
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79. ConstelliumNeuf-Brisach
77
Un nouveau bond en avant...
1989
« Il faut accroître notre capacité de laminage de 280 000 à 360 000 tonnes ! » En
cette année 1989, les 1300 collaborateurs de Neuf-Brisach se mobilisent autour
d’un nouveau défi : alors que le programme NH1 vient tout juste de s’achever, il
s’agit d’augmenter la production de 30 % supplémentaires. Objectif ambitieux et
qui nécessite de lourds investissements : plus de 700 millions de francs au total.
Baptisé tout naturellement «NH2», ce grand programme est prévu pour se déployer
jusqu’en 1993.
Si l’usine s’apprête à changer une nouvelle fois de dimension, c’est en raison des
mutations que connaît alors le boîtage, son principal marché. Depuis quelque
temps déjà, la tendance, sur le marché de la boîte-boisson et de la conserve, est
à la réduction des épaisseurs, gage de substantielles économies pour les
emboutisseurs de boîtes. Très offensifs, les fabricants d’acier ont été prompts à
s’adapter à cette demande, mettant au point des bandes d’acier minces qui se
révèlent être de redoutables concurrents pour les produits en aluminium. Mais ce
n’est pas tout ! Les produits livrés aux fabricants de boîtes ne doivent pas
seulement perdre du poids. Ils doivent aussi être irréprochables en termes de
qualité. Un défaut pour un million de boîtes : tel est le niveau d’exigence, très élevé,
que les industriels du secteur doivent désormais respecter.
Concurrence accrue et nouveaux défis techniques : telles sont les principales
raisons qui poussent à la mise en œuvre du programme NH2. Avec ce dernier, le
site entend consolider sa position sur le segment des bobines pour le boîtage et
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81. ConstelliumNeuf-Brisach
79
Le montage de la quatrième cage sur le
tandem a été un véritable exploit technique.
On l’a fait sans arrêter le laminoir : on laminait
sur trois cages pendant que le quatrième était
en cours de montage. Les gars du montage
ont fait très fort. Joseph Enderlen
“
”Spot, le magazine interne
de Pechiney, titre en 1991
«Les Cracks de Neuf-
Brisach» - Coll. IHA
1989
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85. ConstelliumNeuf-Brisach
83
Réductions de coûts
et petits pas dans l’automobile
1996
À Neuf-Brisach, on l’appelle «NH3», clin d’œil aux deux programmes qui l’ont
précédé ; mais son nom officiel, celui qu’on lui a donné au niveau du groupe
Pechiney, est «Challenge». C’est bien, de fait, d’un nouveau «défi» dont il s’agit.
Pour l’usine alsacienne, bien sûr. Mais aussi pour toutes les unités de production
de Pechiney. Lancé en 1996, ce projet s’est fixé des objectifs ambitieux : réduire
les coûts de 20 % afin de ramener la rentabilité du groupe au niveau de ses grands
concurrents mondiaux. La raison ? La crise que connaît l’aluminium depuis le début
des années 1990. Pour Pechiney qui a été privatisé en 1995, il y a urgence à agir...
À Neuf-Brisach, ce n’est pas la première fois que l’on adapte l’organisation aux
fluctuations du marché. La départementalisation menée en 1975 avait ainsi permis
d’améliorer l’efficacité commerciale et de préparer les équipes à la conquête des
marchés du boîtage. Puis était venu, en 1984, le passage en continu et
l’introduction des 5x8 heures dans les ateliers : une réforme des rythmes de travail
destinée à mieux utiliser les outils industriels mais qui avait suscité de fortes
oppositions en interne. Avec Challenge, pas de grande révolution mais une série
d’améliorations sur le terrain destinées à rapprocher encore davantage l’usine de
ses clients et à mieux répondre à leurs attentes.
Derrière ces transformations en apparence anodines, c’est en réalité une mutation
profonde qui se prépare sur le site. En ce milieu des années 1990, le marché du
boîtage dont Neuf-Brisach est devenu un spécialiste incontesté continue de bien
progresser, mais à un rythme moins soutenu. L’usine doit donc trouver de nouveaux
débouchés. Vers quel secteur ? L’automobile ! Étonnant clin d’œil de l’histoire !
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1996
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De Cegédur à Constellium : quelques repères
1943 : Création de la société Cegédur par un groupe de sociétés de
transformation de métaux non ferreux. Elle construit l’usine de laminage
d’Issoire (Puy-de-Dôme) qui sera mise en service en 1947.
1962 : Création de la société Rhenalu par Cegédur pour exploiter la future
usine de Neuf-Brisach.
1964 : Prise de contrôle de Cegédur par Pechiney.
1967 : Absorption de Tréfimétaux par Pechiney qui devient le premier
transformateur européen d’aluminium.
1971 : Fusion de Pechiney et Ugine Kuhlmann ; Pechiney Ugine Kuhlmann
(PUK), premier groupe privé français avec plus de 100 000 salariés.
1982 : Nationalisation de PUK, rebaptisé Pechiney en 1984.
1987 : Cegédur devient Pechiney Rhenalu.
1995 : Privatisation de Pechiney.
2003 : Acquisition de Pechiney par le groupe canadien Alcan.
2007 : Acquisition d’Alcan par le groupe anglo-australien Rio Tinto. L'usine
de Neuf-Brisach et les activités de transformation de l'ancien Pechiney vont
devenir partie intégrantes d'Alcan Engineered Products (Alcan EP).
2011 : Rio Tinto cède 61 % d’Alcan EP au fonds d’investissement Apollo
Management et au Fonds stratégiques d’investissement (FSI) devenu depuis
la Banque publique d'investissement. Dans la foulée, Alcan EP prend le nom
de Constellium.
2013 : Introduction à la bourse de New-York des actions Constellium.
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93. ConstelliumNeuf-Brisach
91
Aluminium et automobile – une alliance durable
2016
«Constellium réalise l’un des plus gros investissements de son histoire »,
«Constellium investit massivement en France»... En ce mois d’octobre 2016, la
presse locale et nationale ne manque pas de souligner l’importance de
l’événement : quelques jours plus tôt, l’usine de Neuf-Brisach a inauguré une
nouvelle ligne de finition automobile - la deuxième - afin de répondre à la demande
croissante de tôles aluminium pour l’automobile. Longue de 240 mètres, la
nouvelle installation représente une capacité de production supplémentaire de
100 000 tonnes par an et un investissement de 180 millions d’euros. Un
investissement de taille qui en dit long sur l’importance de l’enjeu...
Avec cet outil intégré, le site Constellium de Neuf-Brisach se met en effet en ordre
de bataille pour saisir les opportunités de croissance dans le secteur de la
carrosserie automobile en Europe, dans le reste du monde et répondre aux
exigences particulièrement élevées des constructeurs automobiles. Amorcée à la
fin des années 1990 à l’initiative des constructeurs allemands de berlines de luxe,
l’ouverture du marché automobile aux produits en aluminium est devenue une
réalité incontournable une vingtaine d’années plus tard. Pour certains experts, qui
n’hésitent pas à parler de «nouvel eldorado», les besoins de tôles aluminium pour
carrosserie automobile en Europe devraient même atteindre 700 000 tonnes en
2020 alors qu’ils n’étaient que de 230 000 tonnes en 2012. Vue de l’esprit ? Loin
s’en faut ! Bien sûr, l’aluminium est plus cher que l’acier mais le surcoût peut être
facilement absorbé sur le cycle de vie complet du produit, qu’il s’agisse du
recyclage ou des gains énergétiques. Bien plus léger que l’acier, qui compose la
majorité des carrosseries, le «métal blanc» allège en effet sensiblement le véhicule,
2016
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95. ConstelliumNeuf-Brisach
93
Près de 50 ans après son inauguration, le site de Neuf-Brisach est ainsi sur le point
d’accomplir sa vocation d’origine : inauguré en 1967 pour alimenter les constructeurs
automobiles européens en produits aluminium, il a aujourd’hui tous les atouts en
main - les hommes, les expertises, les outils industriels et l’expérience - pour conforter
sa position de grand fournisseur mondial de l’industrie automobile. Un peu
contrainte au départ par les aléas de ses marchés, l’usine s’est également
imposée avec succès sur le marché du boîtage, son principal débouché encore
aujourd’hui, multipliant à cette fin les investissements structurants. L’automobile
d’un côté, le boîtage de l’autre : le « boom des bobines» n’est décidément pas prêt
de s’arrêter à Neuf-Brisach !
2016
Neuf-Brisach est présent sur deux grands
marchés : le boîtage, qui représente les
volumes les plus importants, et l’automobile.
Depuis quelques années, celle-ci connaît un
développement très rapide. La nouvelle ligne
de finition répond à cet essor. Grâce à elle,
l’usine dispose d’un outil de production flexible
et idéalement situé pour accélérer notre
développement dans le secteur de la tôle de
carrosserie automobile.
Ludovic Piquier, directeur du site de Constellium Neuf-Brisach
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97. ConstelliumNeuf-Brisach
95
Avant-propos de Jean-Marc Germain, Chief Executive Officer
Groupe Constellium .................................................................................................. 3
Une aventure partagée, Ludovic Piquier, Directeur du site
de Constellium Neuf-Brisach..................................................................................... 5
Une usine en mouvement ................................................................................. 7
Une grande usine orientée vers les marchés internationaux ................................... 9
Il était une fois une vision industrielle....................................................................... 11
Une usine et ses marchés ........................................................................................ 12
La fierté du travail bien fait ....................................................................................... 18
Découverte de l’usine en 6 étapes .............................................................. 21
1. Le recyclage .......................................................................................................... 23
2. La fonderie ............................................................................................................ 27
3. Le laminage à chaud ............................................................................................. 31
4. Le laminage à froid ............................................................................................... 35
5. La finition automobile ........................................................................................... 39
4. Le vernissage ........................................................................................................ 43
L’usine en 12 dates clefs .................................................................................. 47
L’usine avant l’usine. Aux origines du site de Neuf-Brisach (1959-1967)
1959. Indispensable usine... ..................................................................................... 49
1961. Et le gagnant est... Neuf-Brisach ! .................................................................. 53
1962. Les ambitions européennes de Rhenalu ....................................................... 57
Naissance et envol d’une usine (1967 à nos jours)
1967. Une grande usine est née... ............................................................................ 61
1970. Un nouveau marché, le boîtage... .................................................................. 69
1976. Ça bouge à Neuf-Brisach ! ............................................................................. 71
1983. Le boîtage tient ses promesses ! ................................................................... 73
1989. Un nouveau bond en avant... ......................................................................... 77
1992. Les débuts du recyclage ................................................................................ 81
1996. Réduction des coûts et petits pas dans l’automobile .................................. 83
2006. Des investissements tous azimuts ! .............................................................. 87
2016. Aluminium et automobile - une alliance durable ........................................... 91
table des matières
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