1. 16 janvier 2012
Au coeur des marchés
Y a comme un défaut !
Michel Juvet
Analyste financier et Associé de Bordier & Cie
P
eut-être ne l’avez-vous pas remarqué, mais la ont bien compris ces enjeux et achètent donc ces
Grèce continue d’honorer ses obligations en mêmes obligations grecques tout en refusant de se
remboursant quelques dettes à 100% alors que soumettre à la restructuration volontaire. Pour eux,
les prix de ces dernières se traitent dans les marchés soit ils profiteront du sacrifice volontaire des banques
avec des décotes de 50 à 60%. européennes qui redonnera au gouvernement grec un
peu d’oxygène financier qui servira à les rembourser
Etonnant, mais logique néanmoins. En effet, pour le dans les mêmes bonnes conditions que la BCE, soit le
moment, la Grèce, grâce aux perfusions de l’Europe défaut sera prononcé et leurs pertes seront couvertes
et du FMI, obtient des liquidités qui lui permettent par les assurances qu’ils ont forcément achetées.
de rembourser ses dettes qui arrivent régulièrement
à échéance. D’ailleurs, elle en a l’obligation car les Y a pas comme un défaut ici? Oui et, dans ces
institutions européennes ne veulent pas entendre conditions, certaines banques européennes hésitent
parler de défaut de paiement de la Grèce. L’Europe désormais à se porter volontaires menaçant ainsi
préférerait en effet que les créanciers bancaires, d’échec le xième plan d’aide à la Grèce qui prévoit
hors Banque centrale européenne (BCE), acceptent la libération de nouveaux financements européens
volontairement de perdre 50% sur leur investisse- pour autant que les créanciers acceptent largement
ment afin d’éviter de devoir prononcer le gros mot cette restructuration volontaire de la dette! Il est
«défaut» obligatoire pour deux raisons. donc temps de simplifier cette procédure de restruc-
turation de la dette grecque en appliquant la règle
Premièrement, le marché des assurances (CDS) de la majorité au sein des créanciers privés: si la
qui était bridé par le plan européen de non-défaut, majorité des créanciers accepte les conditions de la
serait réactivé par tous les détenteurs de dettes sou- restructuration, alors tous les créanciers doivent s’y
veraines, ce qui ne manquerait pas de déclencher soumettre. Sinon c’est le défaut pour tous. La BCE
une nouvelle spirale spéculative dévastatrice sur a réussi grâce à ses injections massives de liquidi-
l’Italie ou l’Espagne. tés à réduire les tensions sur les dettes espagnoles
B OR DIE R & C IE
ou italiennes et il serait stupide que la petite dette
Deuxièmement, en cas de défaut, la BCE devrait grecque n’engendre à nouveau un pathos européen.
absorber des pertes sur les 35 milliards de dettes Y a pas photo sur le défaut!
grecques qu’elle possède… Certains investisseurs
Article de Michel Juvet paru dans Le Temps du 16 janvier 2012 1/1
Département Recherche – Bordier & Cie – Genève - Nyon - Berne - Zürich
T. +41 58 258 00 00 – F. +41 58 258 00 40 – research@bordier.com – www.bordier.com
Design ClPa
Les informations de la présente ont été puisées aux meilleures sources. Toutefois, notre responsabilité ne saurait être engagée.