Flavie Ferchaud, chercheuse post-doctorante à l’Université de Lille, y exposera certains des résultats de sa thèse de doctorat.
Cette conférence part du constat de l’incorporation d’objets appelés « fablab », « hackerspace » ou « living lab » dans les politiques publiques. Le déploiement démultiplié de ces nouveaux « lieux » au coeur ou aux marges de l'action publique des collectivités, s’accompagne d'une sémantique associant l'innovation, l'entrepreneuriat, la flexibilité et la créativité. Il s’agira de montrer qu'au-delà de ces effets rhétoriques et de la fascination qu'ils exercent (mais qui s'explique), ces objets de politiques publiques constituent une des réalités de l'action métropolitaine, sous différents registres et modalités.
La conférence se déroulera le lundi 15 avril (12 h 15 - 14 h 00), Genève, 3DD Espace de concertation.
Semelhante a Cours public MDT - FLavie Ferchaud : Fabriques numériques, action publique et territoire : en quête des living labs, fablabs et hackerspaces
Séminaire centre de réadaptation de mulhouseFrédéric Haeuw
Semelhante a Cours public MDT - FLavie Ferchaud : Fabriques numériques, action publique et territoire : en quête des living labs, fablabs et hackerspaces (20)
Cours public MDT - FLavie Ferchaud : Fabriques numériques, action publique et territoire : en quête des living labs, fablabs et hackerspaces
1. « Celui qui fait décide ». Fablabs et
hackerspaces, place et modalités de
la décision collective
« Les nouvelles architectures de la décision collective. Partager, discuter, construire »
3DD – Espace de concertation à Genève
Lundi 15 avril 2019
Flavie Ferchaud (ESO – Université Rennes 2 ; TVES, Université de Lille)
2. Docteure en géographie – aménagement de l’espace, urbanisme
Thèse à l’Université Rennes 2
« Fabriques numériques, action publique et territoire. En quête des living
labs, fablabs et hackerspaces (France, Belgique) »
Laboratoire Espace et société
Actuellement en post-doctorat à l’Université de Lille
Laboratoire Territoires, Villes, Environnement et Société
Flavie.ferchaud@univ-lille.fr
2
3. Une enquête qualitative en France et en Belgique
2014 2017Rennes Toulouse
Visites,
14 entretiens
semi-directifs
France
Visites,
41 entretiens,
observations,
participation
Recensement
(Internet)
12 villes
françaises,
15 dispositifs
Evénements
France et Belgique
Rennes, Toulouse, Gand
8 fablabs et hackerspaces
Evénements
Visites, 114 entretiens, observations,
participation
Enquête en ligne + questionnaire (n=98)
Combien d’entretiens ? 155
Durée ? 1h en moyenne
Avec qui ? acteurs des fablabs, hackerspaces et living labs ; élus ; fonctionnaires, aménageurs…
3
4. FABLABS HACKERSPACES LIVING LABS
Continuum de lieux : fabrication numérique, programmation, bricolage…
Expérimentation, prototypage, apprentissage par le test et l’erreur
Rennes Gand Lyon
4
5. Fablabs, localisés et labellisés
Massachussetts Institute of
Technology (N. Gershenfeld)
Cours - machines - lieux
Charte - logo
Formes multiples : intentions,
modèles économiques,
publics…
(Bosqué, 2016 ; Troxler, 2010 ;
Eychenne, 2012)
Répartition des fablabs dans le monde en 2017
1078 fablabs
Montpellier
5
6. Hackerspaces, localisés et autogérés
Clubs
Programmation informatique
Hacking (Coleman, 2016)
Auto-gestion
Répartition des hackerspaces dans le monde en 2017
1326 hackerspaces
Gand
6
7. Le « monde des hackers makers* »
Individus organisés autour d’une activité primaire (fabrication
numérique, hacking), dotés de technologies (ordinateurs, machines-
outils, imprimantes 3D), structurés à l’aide de communautés et de
réseaux (Lallement, 2015).
* Bidouilleurs - faiseurs
7
Saint-Etienne
8. Place et modalités de la décision collective dans
les lieux d’expérimentation et de fabrication
numérique
Un choix fait collectivement par
l’ensemble des membres d’un
groupe
Un choix qui s’impose à ce
groupe, voire à un ensemble
social plus large
(Novak et Urfalino, 2017)
Dans les fablabs et les
hackerspaces…
Quelles décisions ?
Comment sont-elles prises ?
A qui s’imposent-elles ?
Gouvernance
Décision collective
8
9. Ancrage territorial décisions
Valeurs et normes internationales
Territoires
L’adaptation des normes au contexte territorial dans lequel le dispositif s’inscrit implique des décisions
Les décisions à prendre dépendent des rapports aux valeurs, aux normes, et au territoire
Or, ces rapports divergent entre fablabs et hackerspaces
9
10. Le cas des hackerspaces
Normes peu formalisées
Mais structurantes
L’étiquette « hackerspace » implique un rapport distancé aux
institutions : indépendance et autonomie
Peu de décisions sur les relations aux institutions
Les décisions portent davantage sur le fonctionnement du dispositif :
accès, rangement du matériel, horaires…
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11. Le cas des fablabs
Normes formalisées : la charte, réseaux…
Mais souples : la charte peut être
partiellement suivie, voire pas du tout
L’étiquette « fablab » implique une multiplicité
de modalités de fonctionnement, de modèle
économique et de relations aux institutions
Les décisions à prendre sont nombreuses :
réponse à des appels à projet, partenariats
avec des acteurs économiques, choix de
l’indépendance ou non, etc.
11
Bruxelles
12. Des décisions difficiles à prendre
Relation entre ouverture au grand public et fermeture sur une
communauté restreinte
Place de l’argent, de projets rémunérés, du développement
commercial
Relation aux institutions (fablabs)
Difficulté à trancher ambiguïtés
12
Toulouse
13. Filiation avec l’utopie numérique
Utopie numérique : mouvements contre-culturels + pionniers du
numérique, en lien avec la recherche militaro-industrialo-universitaire
(Turner, 2012)
De fortes résonnances avec les fablabs et les hackerspaces : le faire, le
faire soi-même, la créativité, l’autonomie, la communauté,
émancipation par la technologie, l’expérimentation, vision du
changement social…
Mais aussi les mêmes ambiguïtés, sur la place du marché par
exemple ou l’individu par rapport à la communauté
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14. Des débats et des tensions
Des décisions collectives locales qui entraînent des discussions et des
tensions…
à l’intérieur des groupes locaux,
entre groupes membres de dispositifs différents (fablabs / hackerspaces / …)
au sein du mouvement des hackers makers
Exemple : discussions en ligne sur le dépôt de la marque Fablab, sur
un appel à projets en France en 2014…
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15. Les modalités de la prise de décision collective
Elles renvoient aux techniques de gouvernance des dispositifs
Dans les fablabs, une diversité de modalités
Consensus entre les co-fondateurs, appui sur une charte, holacratie, prise de
décision en interne du bureau de l’association, vote en AG …
Mais de la part des usagers, des revendications pour plus de décisions
collectives au-delà du cercle des co-fondateurs ou des seuls membres du
bureau
Dans les hackerspaces :
En théorie : « on n’a qu’une seule règle : c’est qu’il n’y en a pas »
En pratique, la règle du consensus… mais surtout celle de : « celui qui fait a
raison » « do-ocratie » (Lallement, 2015)
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17. A qui s’imposent ces décisions ?
En toute logique, à ceux qui fréquentent ces dispositifs
Mais elles viennent alimenter les réflexions des acteurs du
mouvement
Pendant les événements, des ateliers sur la prise de décision, sur le
fonctionnement des lieux, la relation aux institutions, au marché…
Certaines décisions structurent le mouvement des hackers makers
En France, la décision de répondre à l’appel de l’Etat ou aux incitations des
collectivités territoriales
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19. En conclusion
Les modalités de la prise de décision n’apparaît pas novatrice avec ces
types de dispositifs
La place de la décision collective est peu importante au quotidien
La part du collectif l’est davantage lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre une
action qui sera impactante pour le groupe, par exemple un événement
d’envergure
Elle peut aussi l’être dans le cas de projets spécifiques (cas de Bionico à
Rennes, participation à un concours en équipe…)
L’aménagement du lieu est aussi une affaire collective
Ce qui est au cœur de l’identité de ces dispositifs : faire, faire soi-même et
parfois ensemble
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