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LOUISE LABE
SONNETS
(avec variantes et notes par les lycéens d’i-voix)
REVUES ET CORRIGEES
PAR LES LYCEENS D’I-VOIX
En 1555, l’imprimeur Jean de Tournes
publie à Lyon un recueil des Œuvres de
Louise Labé.
En 2015, les lycéens d’i-voix découvrent
à Brest un manuscrit inconnu : les Sonnets
de Louise Labé écrits de la main de la
Belle Cordière elle-même !
Or ce manuscrit présente d’intéressantes
variantes par rapport au recueil alors
publié.
Voici ces variantes enfin révélées, avec
annotations par les lycéens eux-mêmes !
L’humanisme numérique est « le
résultat d’une convergence
entre notre héritage culturel
complexe et une technique
devenue un lieu de sociabilité
sans précédent », « la
fragmentation qui accompagne
le numérique constitue un
tournant culturel majeur car elle
met en scène un imaginaire
lettré, hérité de nos pratiques
savantes, désormais à la portée
de tous. »
MILAD DOUEIHI
Pour un humanisme numérique
Sonnet 1
1555 Traduction
Si jamais il y eut plus clairvoyant qu'Ulysse,
Il n'aurait jamais pu prévoir que ce visage,
Orné de tant de grâce et si digne d'hommage,
Devienne l'instrument de mon affreux supplice.
Cependant ces beaux yeux, Amour, ont su ouvrir
Dans mon coeur innocent une telle blessure,
-Dans ce coeur où tu prends chaleur et nourriture-
Que tu es bien le seul à pouvoir m'en guérir.
Cruel destin ! Je suis victime d'un Scorpion,
Et je ne puis attendre un remède au poison
Que du même animal qui m'a empoisonnée !
Je t'en supplie, Amour, cesse de me tourmenter !
Mais n'éteins pas en moi mon plus précieux désir,
Sinon il me faudra fatalement mourir.²
Sonnet 2
1555 Pas de variante
Ô beaux yeux bruns, ô regards détournés,
Ô chauds soupirs, ô larmes épandues,
Ô noires nuits vainement attendues,
Ô jours luisants vainement retournée !
Ô tristes plaints, ô désirs obstinés,
Ô temps perdu, ô peines dépendues,
Ô mille morts en mille rets tendues,
Ô pires maux contre moi destinés !
Ô ris, ô front, cheveux, bras, mains et doigts !
Ô luth plaintif, viole, archet et voix !
Tant de flambeaux pour ardre une femelle !
De toi me plains, que tant de feux portant,
En tant d'endroits d'iceux mon cœur tâtant,
N'en ai sur toi volé quelque étincelle.
Sonnet 3
1555 Variante
Ô longs désirs, ô espérances vaines,
Tristes soupirs et larmes coutumières
A engendrer de moi maintes rivières,
Dont mes deux yeux sont sources et fontaines !
Ô cruautés, ô durtés bien humaines (1),
Ardents appels (2) des divines lumières,
Du cœur blessé ô passions meurtrières (3),
Pensez-vous enfin achever (4) mes peines ?
Qu'encore Amour sur moi son arc essaie,
Que nouveaux feux me jette et nouveaux dards,
Qu'il se dépite, et pis qu'il pourra fasse :
Douleur m'étouffe et je pense aux départs.
Que vous viviez, ami cher, ne me plait.
Las ! vous tuant ne trouverais grâce. (5)
Sonnet 3
Notes
Les différences entre la version éditée et la version manuscrite
sont frappantes. On peut certainement affirmer que Louise
Labé a d'abord écrit sous le coup de ses peines amoureuses et
écrit les pires choses lui venant à l'esprit et ô combien elle
pensait ne pas se relever. Puis, elle a fini par prendre du recul
et se rendre compte qu'elle est finalement plus forte que cela.
1- Avec "bien humaine", elle attaque directement son amant,
elle se révèle pleine de haine envers lui.
2- "Ardents appels" est une aspiration à la mort devant la
peine qui l'envahit.
3- Même chose qu'en 2 avec la blessure au cœur causée par
une passion "meurtrière".
4- "Achever mes peines" est encore une fois une aspiration à
la mort.
5- Le tercet entier sous-entend qu'elle aimerait voir son
amant mourir, mais elle écrit également que cela ne
changerait rien pour elle-même, alors le mieux finalement
est que ce soit elle qui meure et accède au repos éternel.
Variante
Ô longs désirs, ô espérances vaines,
Tristes soupirs et larmes coutumières
A engendrer de moi maintes rivières,
Dont mes deux yeux sont sources et fontaines !
Ô cruautés, ô durtés bien humaines (1),
Ardents appels (2) des divines lumières,
Du cœur blessé ô passions meurtrières (3),
Pensez-vous enfin achever (4) mes peines ?
Qu'encore Amour sur moi son arc essaie,
Que nouveaux feux me jette et nouveaux dards,
Qu'il se dépite, et pis qu'il pourra fasse :
Douleur m'étouffe et je pense aux départs.
Que vous viviez, ami cher, ne me plait.
Las ! vous tuant ne trouverais grâce. (5)
Sonnet 3 (bis)
1555 Variante
Ô longs désirs, ô espérances vaines,
Fatals soupirs et larmes familières, (1)
À engendrer en moi maintes rivières,
Dont mes deux yeux sont sources et fontaines !
Ô cruautés ô peines inhumaines, (2)
Perçants regards des célestes lumières, (3)
Du cœur transi ô passions premières
Estimez-vous croître encore mes peines ?
Que ton Amour de son venin m'accable, (4)
Que nouveaux feux me jette et nouveaux fards, (5)
Qu'il se dépite face à l'évidence : (6)
Car je suis tant navrée en toute part
Que plus en moi une nouvelle plaie,
Pour m'empirer, ne pourrait trouver place.
Sonnet 3 (bis)
Notes
1. Louise Labé avait à l'origine écrit « Tristes soupirs ». Cependant ce mot n'était sans doute pas assez fort pour
exprimer sa douleur face à l'attente. Tout en restant dans l'expression d'une infinie tristesse, l'auteur a alors
décidé de lui donner une dimension plus forte, une dimension mortelle. Le mot « fatals » a ainsi été utilisé
afin d'insister sur la douleur qu'elle ressent et qui la ronge chaque jour. Cette idée de quotidienneté est
d'ailleurs reprise à la fin du même vers. D'abord exprimé par le mot « coutumières », Louise Labé a
sûrement souhaité utiliser une expression voulant à la fois exprimer l'habitude mais aussi la familiarité. C'est
pour cela qu'elle a hésité avec « larmes familières ». En effets, Labé nous confie que ses « larmes » ne sont
pas seulement quotidiennes, ne sont pas seulement une habitude, elles sont également familières, comme
si elles la connaissaient, l'accompagnaient, comme si elles faisaient au final partie intégrante de son être.
2. « Peines » vient remplacer « durtés » afin de contrebalancer l'impact assez violent du mot « cruautés » en
début de vers. Ainsi l'auteur, en utilisant un mot plus « doux », exprime sa grande souffrance. En effet, sa
souffrance est telle que même les peines les plus insignifiantes lui procurent un sentiment d'une immense
détresse qu'elle qualifie par la suite d'inhumaines.
3. Le mot « perçants » vient appuyer sur l'effet des « regards des célestes lumières ». Ces regards qui viennent
littéralement vous transpercer comme le fait la lumière.
4. « Que ton Amour de son venin m'accable » : l'intégralité du vers a été modifié, nous retrouvons ici l'idée de
mortalité. L'auteur a sans doute souhaité faire résonner ce vers aux « fatals soupirs » que l'on retrouve un
peu plus haut.
5. « Dards » a été remplacé par « fards » afin de relier l'amour passionnel et les « feux » qui en découlent. Le
mot « fard » désigne en effet le rouge qui nous monte aux joues lorsque nous sommes gênés ou
embarrassés. Ce mot désigne également la chaleur qui nous envahit lorsque nous sommes complètement
chamboulés par l'amour qui nous submerge à l'égard d'une personne.
6. « Face à l'évidence » : expression qui exprime quelque chose de beaucoup plus clair que la précédente « et
pis qu'il pourra fasse ». Louis Labé veut bien nous faire comprendre que ce qui suit est l'évidence, la triste
réalité des faits : les dégâts engendrés par l'amour.
Variante
Ô longs désirs, ô espérances vaines,
Fatals soupirs et larmes familières, (1)
À engendrer en moi maintes rivières,
Dont mes deux yeux sont sources et fontaines !
Ô cruautés ô peines inhumaines, (2)
Perçants regards des célestes lumières, (3)
Du cœur transi ô passions premières
Estimez-vous croître encore mes peines ?
Que ton Amour de son venin m'accable, (4)
Que nouveaux feux me jette et nouveaux fards, (5)
Qu'il se dépite face à l'évidence : (6)
Car je suis tant navrée en toute part
Que plus en moi une nouvelle plaie,
Pour m'empirer, ne pourrait trouver place.
Sonnet 4
1555 Variante
Depuis qu'Amour cruel empoisonna
Premièrement de son feu ma poitrine,
Toujours brûlai de colère1 divine,
Qui un seul jour mon cœur n'abandonna.
Quelque travail, dont assez me donna,
Quelque danger2 et prochaine ruine,
Quelque penser de mort qui tout termine,
De rien mon cœur actif3 ne s'étonna.
Tant plus qu'Amour nous vient fort accabler4,
Plus il nous fait nos forces assembler5,
Et imbriquer, forces qui la font naître6 ;
Mais ce n'est pas qu'en rien nous favorise,
Cil qui des Dieux et des hommes méprise,
Mais pour plus fort contre les forts paraître.
Sonnet 4
Notes Variante
Depuis qu'Amour cruel empoisonna
Premièrement de son feu ma poitrine,
Toujours brûlai de colère1 divine,
Qui un seul jour mon cœur n'abandonna.
Quelque travail, dont assez me donna,
Quelque danger2 et prochaine ruine,
Quelque penser de mort qui tout termine,
De rien mon cœur actif3 ne s'étonna.
Tant plus qu'Amour nous vient fort accabler4,
Plus il nous fait nos forces assembler5,
Et imbriquer, forces qui la font naître6 ;
Mais ce n'est pas qu'en rien nous favorise,
Cil qui des Dieux et des hommes méprise,
Mais pour plus fort contre les forts paraître.
Sonnet 5
Sonnet 5
Sonnet 6
1555 Pas de variante
Deux ou trois fois bienheureux le retour
De ce clair Astre, et plus heureux encore
Ce que son œil de regarder honore.
Que celle-là recevrait un bon jour,
Qu'elle pourrait se vanter d'un bon tour,
Qui baiserait le plus beau don de Flore,
Le mieux sentant que jamais vis Aurore,
Et y ferait sur ses lèvres séjour !
C'est à moi seule à qui ce bien est dû,
Pour tant de pleurs et tant de temps perdu ;
Mais, le voyant, tant lui ferai de fête,
Tant emploierai de mes yeux le pouvoir,
Pour dessus lui plus de crédit avoir,
Qu'en peu de temps ferai grande conquête.
Sonnet 7
1555 Variante
On voit mourir toute chose animée,
Lors que du coeur1 l'âme subtile part.
Je suis le corps, toi la plus belle2 part :
Où es-tu donc, ô âme bien-aimée ?
Ne me laissez par si long temps perdue3,
Pour me sauver après viendrais trop tard.
Las ! ne mets point ton corps en ce brouillard :
Rends-lui sa part et moitié si ténue3.
Mais fais, Ami, que ne soit sulfureuse4
Cette rencontre et revue amoureuse,
Placée, non sous le signe du péché 5,
Ni des soupirs, mais de grâce amiable,
Qui doucement me rende ta beauté,
Jadis cruelle, à présent favorable.
Sonnet 7
Notes
(1) Louise Labé préféra sûrement le "corps" au
"coeur" pour bien marquer la disctinction entre
l'âme (spirituelle) et le corps (physique), mais
peut-être aussi pour sa sonorité qui fait comme un
écho à "Lors".
(2) On peut voir ici que Louise Labé à remplacé le
"plus belle" original par "meilleure" : peut-être
trouvait-elle à "plus belle" des connotations trop
superficielles... A moins qu'elle n'ait remarqué
l'écho sonore entre "la meilleure" et "âme" : la
meilleure, la-m-eilleure, l'âme-eilleure ?
(3) Les deux mots originaux "perdue" et "si ténue"
connotaient peut-être plus de fragilité que n'en
voulait bien révéler Louise Labé. Mais la poétesse
a peut-être encore une fois remarqué l'avantage
sonore qu'elle gagnait à ce change : une
assonance éclatante en [é] ("et moitié estimée")
était peut-être plus heureuse qu'une allitération
sifflante en [s] ("sa part et moitié si ténue").
Variante
On voit mourir toute chose animée,
Lors que du coeur1 l'âme subtile part.
Je suis le corps, toi la plus belle2 part :
Où es-tu donc, ô âme bien-aimée ?
Ne me laissez par si long temps perdue3,
Pour me sauver après viendrais trop tard.
Las ! ne mets point ton corps en ce brouillard :
Rends-lui sa part et moitié si ténue3.
Mais fais, Ami, que ne soit sulfureuse4
Cette rencontre et revue amoureuse,
Placée, non sous le signe du péché 5,
Ni des soupirs, mais de grâce amiable,
Qui doucement me rende ta beauté,
Jadis cruelle, à présent favorable.
Sonnet 7
Notes (suite)
(4) "Sulfureuse" ! Oh ! Serait-ce un
lapsus ? A moins que notre chère
Louise ait tout simplement renoncé à
l'aspect "scandaleux" et provocant
de ses autres sonnets... Peut-être
aussi a-t-elle voulu se concentrer ici
sur l'âme dont il est question
plusieurs fois ?
(5) Encore une fois, le souci des jeux de
sonorités semblent avoir animé notre
Lyonnaise : avec la version finale du
vers 11, le mot "sévérité" constitue
une rime plus riche que "péché"
avec "beauté". Par ailleurs, le mot
"péché" fait curieusement écho à
notre note précédente concernant le
terme "sulfureux"...
Variante
On voit mourir toute chose animée,
Lors que du coeur1 l'âme subtile part.
Je suis le corps, toi la plus belle2 part :
Où es-tu donc, ô âme bien-aimée ?
Ne me laissez par si long temps perdue3,
Pour me sauver après viendrais trop tard.
Las ! ne mets point ton corps en ce brouillard :
Rends-lui sa part et moitié si ténue3.
Mais fais, Ami, que ne soit sulfureuse4
Cette rencontre et revue amoureuse,
Placée, non sous le signe du péché 5,
Ni des soupirs, mais de grâce amiable,
Qui doucement me rende ta beauté,
Jadis cruelle, à présent favorable.
Sonnet 7 (bis)
1555 Variante
On voit mourir toutes les1 choses aimées2.
Lors que du corps l'âme subtile part.
Je suis le corps, toi la meilleure part :
Où es-tu donc, ô âme tendre3 aimée ?
Ne me laissez par4 si longtemps espérée5,
Pour me sauver après viendrais trop tard.
Las ! ne mets point ton corps en ce hasard :
Rends-lui sa part et moitié estimée.
Mais fais, Ami, que ne soit dangereuse
Cette rencontre et revenue amoureuse,
L'accompagnant, non de sévérité,
Non de rigueur, mais de grâce amiable,
Qui doucement me rende ta beauté,
Naguère atroce, aujourd'hui convenable.6
Sonnet 7 (bis)
Notes
1) "les" avait été écrit en rapport avec "aimées" (note 2) mais
a été enlevé dans la version que Louise Labé a reprise car il
y avait trop de syllabes : erreur de versification
heureusement corrigée !
2)"aimées" était le premier mot que Louise Labé avait écrit :
elle parle énormément de la mort et de l'amour et avait
combiné les deux dans cette phrase. Elle jugea plus juste
de remplacer "aimées" par "animée" car tout a le pouvoir
de mourir, notre cœur par exemple, et pourtant nous ne
portons pas d'affection à notre cœur.
3) Louise Labé avait écrit "tendre" pour "tendrement" aimée
mais elle préféra changer cela en "bien-aimée", un
synonyme de "tendrement", mot composé dont la sonorité
était préférée.
4) le mot "par" n'existait pas dans la version originale. Tout
simplement car le nombre de syllabes aurait été trop long !
5) "espérée" le sens est totalement différent de "pâmée",
mais sur le coup, peut-être espérait-elle que quelqu'un
vienne à ses côtés?
6) Tout ce vers a été changé pourtant : même rime, même
longueur de vers. Louise Labé voulait s'exprimer dans une
langue plus soutenue, le mot "aujourd'hui" ne pouvait
fonctionner. Le mot "convenable" n'était certainement pas
assez fort pour ce qu'elle voulait exprimer et au contraire
"atroce" était bien trop fort.
Variante
On voit mourir toutes les1 choses aimées2.
Lors que du corps l'âme subtile part.
Je suis le corps, toi la meilleure part :
Où es-tu donc, ô âme tendre3 aimée ?
Ne me laissez par4 si longtemps espérée5,
Pour me sauver après viendrais trop tard.
Las ! ne mets point ton corps en ce hasard :
Rends-lui sa part et moitié estimée.
Mais fais, Ami, que ne soit dangereuse
Cette rencontre et revenue amoureuse,
L'accompagnant, non de sévérité,
Non de rigueur, mais de grâce amiable,
Qui doucement me rende ta beauté,
Naguère atroce, aujourd'hui convenable.6
Sonnet 8
1555 Pas de variante
Je vis, je meurs: je me brûle et me noie ;
J'ai chaud extrême en endurant froidure ;
La vie m'est et trop molle et trop dure ;
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.
Tout en un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être en haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.
Sonnet 9
1555 Pas de variante
Tout aussitôt que je commence à prendre
Dans le mol lit le repos désiré,
Mon triste esprit, hors de moi retiré,
S'en va vers toi incontinent se rendre.
Lors m'est avis que dedans mon sein tendre
Je tiens le bien où j'ai tant aspiré,
Et pour lequel j'ai si haut soupiré
Que de sanglots ai souvent cuidé fendre.
Ô doux sommeil, ô nuit à moi heureuse !
Plaisant repos plein de tranquillité,
Continuez toutes les nuits mon songe ;
Et si jamais ma pauvre âme amoureuse
Ne doit avoir de bien en vérité,
Faites au moins qu'elle en ait en mensonge.
Sonnet 10
1555 Pas de variante
Quand j'aperçois ton blond chef, couronné
D'un laurier vert, faire un luth si bien plaindre,
Que tu pourrais à te suivre contraindre
Arbres et rocs ; quand je te vois orné,
Et, de vertus dix mille environné,
Au chef d'honneur plus haut que nul atteindre,
Et des plus haut les louanges éteindre,
Lors dit mon cœur en soi passionné :
Tant de vertu qui te font être aimé,
Qui de chacun te font être estimé,
Ne te pourraient aussi bien faire aimer ?
Et, ajoutant à ta vertu louable
Ce nom encor de m'être pitoyable,
De mon amour doucement t'enflammer ?
Sonnet 11
1555 Variante
Ô doux regards, ô yeux pleins de beauté,
Grands1 jardins, petites2 fleurs amoureuses
Où sont d'Amour les flèches dangereuses,
Tant à vous voir mon œil s'est arrêté !
Ô cœur trompeur3, ô rude cruauté,
Je rêve de façons aventureuses4,
J'ai coulé tant de larmes malheureuses5,
Sentant que ton regard s'est éloigné6 !
Doncques, mes yeux, tant de plaisir avez,
Tant de bons tours par ces yeux recevez ;
Mais toi, mon cœur, plus les vois s'y complaire,
Plus tu attends, plus en as de souci,
Or devinez si je suis aise aussi,
Mon cœur s'est exclamé tout le7 contraire.
Sonnet 11
1555
1- Louise Labé aurait d'abord écrit "Grands jardins "
avant d'écrire "Petits jardins" parce qu'il n'y a pas de
petits jardins pour elle. Ils sont tous grands et
majestueux par leur beauté naturelle.
2- Elle écrit que les fleurs sont petites pour montrer que
les fleurs sont belles.
3- Elle aurait d'abord choisi de décrire le "coeur" avec
l'adjectif "trompeur". Ne trouvant pas ce mot assez
poétique, elle l'aurait remplacé par son synonyme
"félon".
4- Louise Labé rêve d'aventure heureuse parce qu'elle
est encore sous l'emprise du charme de son amant.
5- Les larmes expriment ici de la tristesse et non de la
joie.
6- Le regard d'Olivier probablement s'est détourné.
7- Son cœur lui dit ce qu'elle veut entendre.
Variante
Ô doux regards, ô yeux pleins de beauté,
Grands1 jardins, petites2 fleurs amoureuses
Où sont d'Amour les flèches dangereuses,
Tant à vous voir mon œil s'est arrêté !
Ô cœur trompeur3, ô rude cruauté,
Je rêve de façons aventureuses4,
J'ai coulé tant de larmes malheureuses5,
Sentant que ton regard s'est éloigné6 !
Doncques, mes yeux, tant de plaisir avez,
Tant de bons tours par ces yeux recevez ;
Mais toi, mon cœur, plus les vois s'y complaire,
Plus tu attends, plus en as de souci,
Or devinez si je suis aise aussi,
Mon cœur s'est exclamé tout le7 contraire.
Sonnet 12
1555 Variante
Luth, compagnon de ma calamité,
De mes soupirs témoin irrévocable1,
De mes ennuis contrôleur véritable,
Tu as souvent avec moi lamenté ;
Et tant le pleur piteux t'a molesté
Que, commençant quelque note funèbre2,
Tu le rendais tout soudain lamentable,
Feignant le ton que Tout3 avais chanté.
Et si tu veux efforcer au contraire,
Tu te détends et si me contrains taire :
Mais me voyant tendrement espérer4,
Offrant répit à tous nos si doux timbres5,
En mes ennuis me plaire suis contrainte
Et d'un doux mal douce fin espérer.
Sonnet 12
1555
(1)Irréprochable/irrévocable : la sonorité de ce mot
originellement présent suggérait la parole, cependant les
soupirs préfèrent être silencieux ou au moins dignes
(2) Son délectable/note funèbre : l'adjectif funèbre en lien
avec "lamentable" s'apparentait à une sensation trop aiguë
de mal être. "Note" était une référence aux nombreux jeux
de sonorités présents dans le sonnet cependant le nombre
de pieds n'était plus égal si la touche funèbre disparaissait.
(3) Plein/Tout : l'entité totale a probablement été jugée trop
manichéenne
(4) Soupirer/Espérer : mot trouvé trop pessimiste (trop
pessimiste puisque tu) par l'auteure, si les espoirs étaient
voués au silence, peut être a-t-elle voulu exprimer son
optimisme vivant dans un soupir.
(5) Donnant faveur à ma tant triste plainte/Offrant répit à
nos si doux timbres : la connexion entre Louise Labé et
une personne extérieure s'efface. L'allusion orale laisse
place à une toute autre douleur. La disparition de nous la
laisse seule et engendre la disparition de ce répit.
Variante
Luth, compagnon de ma calamité,
De mes soupirs témoin irrévocable1,
De mes ennuis contrôleur véritable,
Tu as souvent avec moi lamenté ;
Et tant le pleur piteux t'a molesté
Que, commençant quelque note funèbre2,
Tu le rendais tout soudain lamentable,
Feignant le ton que Tout3 avais chanté.
Et si tu veux efforcer au contraire,
Tu te détends et si me contrains taire :
Mais me voyant tendrement espérer4,
Offrant répit à tous nos si doux timbres5,
En mes ennuis me plaire suis contrainte
Et d'un doux mal douce fin espérer.
Sonnet 13
1555 Pas de variante
Oh, si j'étais en ce beau sein ravie
De celui-là pour lequel vais mourant ;
Si avec lui vivre le demeurant
De mes courts jours ne m'empêchait envie ;
Si m'accolant me disait : chère Amie,
Contentons-nous l'un l'autre ! s'assurant
Que jà tempête, Euripe, ni Courant
Ne nous pourra disjoindre en notre vie ;
Si de mes bras le tenant accolé,
Comme du lierre est l'arbre encercelé,
La mort venait, de mon aise envieuse,
Lors que, souef, plus il me baiserait,
Et mon esprit sur ses lèvres fuirait,
Bien je mourrais, plus que vivante, heureuse.
Sonnet 14
1555 Variante
Tant que mes yeux pourront ton cœur ravir
A l'heur passé avec toi regretter,
Et qu'aux sanglots et soupirs résister
Pourra mon âme à la tienne s'unir ;
Tant que mes doigts pourront les cordes tendre
Du mignard luth, pour tes grâces louer ;
Tant que ta peur mon esprit pourra prendre
Pour que la joie puisse seule rester,
Je ne souhaite encore point mourir.
Mais, quand ton âme sentirai partir,
Mes doigts brisés, et ta peur frémissante,
Et mon esprit en ce mortel séjour
Ne pouvant plus montrer signe d'amante,
Prierai la mort noircir mon plus clair jour.
Sonnet 14
Notes Variante
Tant que mes yeux pourront ton cœur ravir
A l'heur passé avec toi regretter,
Et qu'aux sanglots et soupirs résister
Pourra mon âme à la tienne s'unir ;
Tant que mes doigts pourront les cordes tendre
Du mignard luth, pour tes grâces louer ;
Tant que ta peur mon esprit pourra prendre
Pour que la joie puisse seule rester,
Je ne souhaite encore point mourir.
Mais, quand ton âme sentirai partir,
Mes doigts brisés, et ta peur frémissante,
Et mon esprit en ce mortel séjour
Ne pouvant plus montrer signe d'amante,
Prierai la mort noircir mon plus clair jour.
Sonnet 15
1555 Variante
Pour le retour du Soleil honorer,
Le Zéphir l'air serein l'émerveille (1),
Et du sommeil l'eau et la terre éveille,
Qui les gardait, l'une de murmurer
En doux lever (2), l'autre de se parer
De mainte pétale (3) couleur vermeille(4).
Jà les oiseaux ès arbres font merveille,
Et aux passants font l'ennui modérer
Les nymphes jà en milles lieux (5) se mêlent ( 6)
Au clair de lune, et mimant la querelle (7).
Veux-tu Zéphir de ta peur (8) me donner,
Que me parvienne ton funeste appel (9) ?
Fais mon Soleil devers moi retourner,
Et tu verras s'il ne me rend plus belle.
Sonnet 15
Notes
(1)émerveille : Louise Labé a rectifié le mot "appareille" par le
mot "émerveille" avec la résolution d'apporter plus de gaieté à
la première strophe du poème dans le but de marquer un plus
fort contraste avec la fin du poème, entre le jour et la nuit.
(2) lever : à l'origine Louise Labé avait écrit le mot "coulant", il a
été remplacé par un mot plus positif "lever" qui fait référence
au lever du soleil et au réveil de la terre.
(3) pétales : le mot "fleur" à été modifié afin d'augmenter l'idée de
multitude et d'abondance. Le pétale représente quelque chose
de délicat, de fin, de sensuel.
(4) vermeille : "vermeille" a remplacé le mot "nonpareil" par
soucis de détail. En effet, le vermeil fait référence à une
nuance de rouge, un rouge vif rappelant l'amour et la chaleur
peut-être due soleil. Ou bien à un métal précieux dont la
couleur se rapproche de l'or, renvoie une image de richesse et
fait également allusion au soleil.
(5) lieux : Louise Labé avait changé le mot " jeux" pour le mot
"lieux" car celui-ci appuie l'idée de grandeur, de diversité
d'espaces naturels.
Variante
Pour le retour du Soleil honorer,
Le Zéphir l'air serein l'émerveille (1),
Et du sommeil l'eau et la terre éveille,
Qui les gardait, l'une de murmurer
En doux lever (2), l'autre de se parer
De mainte pétale (3) couleur vermeille(4).
Jà les oiseaux ès arbres font merveille,
Et aux passants font l'ennui modérer
Les nymphes jà en milles lieux (5) se mêlent ( 6)
Au clair de lune, et mimant la querelle (7).
Veux-tu Zéphir de ta peur (8) me donner,
Que me parvienne ton funeste appel (9) ?
Fais mon Soleil devers moi retourner,
Et tu verras s'il ne me rend plus belle.
Sonnet 15
Notes (suite)
(6) se mêlent : Le verbe "s'ébattre" à été ici remplacé par le verbe "se
mêler" pour donner l'illusion d'une confusion due au sens propre du
mot et à l'allitération en [M] et [L].
(7) mimant la querelle : L'expression "dansant l'herbe abattent" a été
transformée par "mimant la querelle". Cette modification
appuie l'allitération en [M] du vers précédent mais le mot "querelle"
rompt l'harmonie du poème en l'assombrissant. De plus, les sonorités
[Q] et [R] forment une cassure à la fin du vers.
(8) ta peur : Cette correction est due à la volonté de Louise Labé
de transposer le sens du poème. En effet, "ta peur" rentre en parfaite
opposition avec ton "heur" tout en conservant la sonorité en [R].
(9) Que me parvienne ton funeste appel : Louise Labé, par cette révision,
nous montre son envie de combattre le désespoir de la nuit portée par
le vent. Par cette transformation, elle ne veut plus faire référence au
"heur" si récurrent dans ses poèmes ( Sonnet VIII : v. 13 "Et être au haut
de mon désiré heur" ). "Que me parvienne ton funeste appel" insiste sur
l'allitération rugueuse en [R] et saccadée en [P] débutée au vers
précédent, ce qui donne au poème une dimension tragique.
Variante
Pour le retour du Soleil honorer,
Le Zéphir l'air serein l'émerveille (1),
Et du sommeil l'eau et la terre éveille,
Qui les gardait, l'une de murmurer
En doux lever (2), l'autre de se parer
De mainte pétale (3) couleur vermeille(4).
Jà les oiseaux ès arbres font merveille,
Et aux passants font l'ennui modérer
Les nymphes jà en milles lieux (5) se mêlent ( 6)
Au clair de lune, et mimant la querelle (7).
Veux-tu Zéphir de ta peur (8) me donner,
Que me parvienne ton funeste appel (9) ?
Fais mon Soleil devers moi retourner,
Et tu verras s'il ne me rend plus belle.
Sonnet 16
1555 Pas de variante
Après qu'un temps la grêle et le tonnerre
Ont le haut mont de Caucase battu,
Le beau jour vient, de lueur revêtu.
Quand Phébus a son cerne fait en terre,
Et l'Océan il regagne à grand'erre ;
Sa sœur se montre avec son chef pointu.
Quand quelque temps le Parthe a combattu,
Il prend la fuite et son arc il desserre.
Un temps t'ai vu et consolé plaintif,
Et défiant de mon feu peu hâtif ;
Mais maintenant que tu m'as embrassée,
Et suis au point auquel tu me voulais,
Tu as ta flamme en quelque eau arrosée,
Et es plus froid qu'être je ne soulais.
Sonnet 17
1555 Variante
Je fuis la ville, et temples, et tous lieux,
En prenant plaisir à t'entendre plaindre, (1)
Tu pus, et non sans force, me contraindre
De te donner ce qu’estimais le mieux.
Tous ces souvenirs me sont dangereux, (2)
Et rien sans toi de beau ne me puis peindre ;
Tant que, tâchant à ce désir éteindre,
Et un nouvel objet faire à mes yeux,
Et des pensers amoureux me distraire,
Des bois sombres suis le plus solitaire. (3)
Mais je te vois, ayant erré maint tour, (4)
Que si je veux de toi être délivre,
Il me convient hors de moi-même vivre ;
Ô sombre amour obtiendrais en retour (5)
Sonnet 17
Notes
(1) En prenant plaisir à t’entendre plaindre
Assonance en [En] qui symbolise le plaisir de Louise Labé à écouter.
Ici, Louise Labé ressent un certain contentement en entendant son
amant se plaindre. Plaindre n'a pas la connotation réelle du mot.
(2) Tous ces souvenirs me sont dangereux,
Ici, « tous ses souvenirs » signifient qu'elle se remémore tous ces
moments passés avec son amant et cela lui est dangereux car elle
n'a pas le droit de vouloir autre chose qu'un amour platonique.
(3) Des bois sombres suis le plus solitaire.
Allitération en [S] qui symbolise le son du serpent qui serait présent
dans les bois. Comme Louise Labé est seule et malheureuse, tout ce
qu'elle voit est obscur autour d'elle.
(4) Mais je te vois, ayant erré maint tour,
Antithèse avec le vers précédent (« sombre ») qui fait que Louise
Labé ne peut que voir son amant qu'elle aime mais qui est la cause
de sa tristesse.
(5) Ô sombre amour obtiendrais en retour
Louise Labé explique ici qu'en vivant hors d'elle-même, c'est-à-dire
en essayant de vivre sans lui, il lui faut cesser de vivre en dépendant
de son amour pour Olivier de Magny. En vivant hors d'elle même,
elle ne pourra plus obtenir un amour qui la comblerait autant
qu'avec son amant.
Répétition du mot « sombre » présent au vers 10
• s
Variante
Je fuis la ville, et temples, et tous lieux,
En prenant plaisir à t'entendre plaindre, (1)
Tu pus, et non sans force, me contraindre
De te donner ce qu’estimais le mieux.
Tous ces souvenirs me sont dangereux, (2)
Et rien sans toi de beau ne me puis peindre ;
Tant que, tâchant à ce désir éteindre,
Et un nouvel objet faire à mes yeux,
Et des pensers amoureux me distraire,
Des bois sombres suis le plus solitaire. (3)
Mais je te vois, ayant erré maint tour, (4)
Que si je veux de toi être délivre,
Il me convient hors de moi-même vivre ;
Ô sombre amour obtiendrais en retour (5)
Sonnet 18
1555 Pas de variante
Baise m'encor, rebaise-moi et baise ;
Donne m'en un de tes plus savoureux,
Donne m'en un de tes plus amoureux :
Je t'en rendrai quatre plus chauds que braise.
Las, te plains tu ? çà, que ce mal j'apaise,
En t'en donnant dix autres doucereux.
Ainsi mêlant nos baisers tant heureux
Jouissons nous l'un de l'autre à notre aise.
Lors double vie à chacun en suivra.
Chacun en sol et son ami vivra.
Permets m'Amour penser quelque folie :
Toujours suis mal, vivant discrètement,
Et ne me puis donner contentement,
Si hors de moi ne fais quelque saillie.
Sonnet 19
1555 Pas de variante
Diane étant en l'épaisseur d'un bois,
Après avoir mainte bête assénée,
Prenait le frais, de Nymphe couronnée.
J'allais rêvant, comme fais mainte fois
Sans y penser, quand j'ouïs une vois
Qui m'appela, disant : Nymphe étonnée,
Que ne t'es-tu vers Diane tournée ?
Et, me voyant sans arc et sans carquois :
Qu'as-tu trouvé, ô compagne en ta voie,
Qui de ton arc et flèches ait fait proie ?
- Je m'animai, réponds-je, à un passant,
Et lui jetai en vain toute mes flèches
Et l'arc après ; mais lui les ramassant
Et les tirant, me fit cent et cent brèches.
Sonnet 20
1555 Pas de variante
Prédit me fut que devait fermement
Un jour aimer celui dont la figure
Me fut décrite ; et sans autre peinture
Le reconnus quand vis premièrement.
Puis le voyant aimer fatalement
Pitié je pris de sa triste aventure,
Et tellement je forçais ma nature,
Qu'autant que lui aimai ardentement.
Qui n'eût pensé qu'en faveur devait croître
Ce que le ciel et destins firent naître ?
Mais quand je vois si nubileux apprêts,
Vents si cruels et tant horrible orage,
Je crois qu'étaient les infernaux arrêts
Que de si loin m'ourdissaient ce naufrage.
Sonnet 21
1555 Variante
Quelle grandeur rend l'homme détestable ?
Quelle grosseur ? quels cheveux et couleur ?
Qui est des yeux le plus emmielleur ?
Qui marque au fer cette plaie incurable ?
Quel chant est le plus à l'homme convenable ?
Qui plus pénètre en criant sa douleur ?
Qui un doux luth fait encore meilleur ?
Quel naturel est le plus amiable ?
Je ne voudrais savoir assurément,
Ayant Amour forcé mon jugement ;
Mais je sais bien, et de tant je m'assure,
Que tout le beau que l'on pourrait choisir,
et que tout l'art qui aide la Nature,
Aideraient seulement à mon plaisir.
Sonnet 21
Notes
« vénérable » « détestable »
Sens 1 : Peut-être L. Labé a choisit de remplacer le mot détestable par vénérable dans le but de
présenter l'homme sous une carapace de sagesse, intouchable, imprenable et indomptable.
Sens 2 : Ce poème est une quête du désir masculin qui se solde par un échec, l'homme n'est plus
vénérable mais détestable
« poil » « cheveu »
Sens 1 : Peut-être L. Labé à remplacé le mot « cheveu », référent directement à l'homme qu'elle aime
par le mot « poil », faisant ici référence aux hommes en général.
Sens 2 : Ce « poil » renvoie aux poils de l'homme dont parle Louise dans ces poèmes, qui connote
sûrement sa chevelure.
« fait plus tôt une » « marque au fer cette »
Sens 1 : Le passage « marqué au fer » aurait pu être remplacé par « fait plutôt une » car elle ne fut
jamais aussi vite déçue que par les hommes , elle considère que l'homme est l'être qui déçoit le
plus vite.
Sens 2 : Elle parle de l'homme qu'elle aime, qui lui a brisé le cœur, qui lui a infligé cette « plaie
incurable »
« chantant » « criant »
Sens 1 : C'est dans le but de donner une dimension moqueuse a l'action que L. Labé a pu changer le
verbe crier par le verbe chanter.
Sens 2 : Peut-être son bien aimé est rongé par un mal, un mal dont il lui fait part. Une action belle par sa
confiance, le verbe crier accentuerait l'impression de douleur que ressent le bien aimé de L.
Labé.
« le dire » « savoir »
Sens 1 : Elle réécrit ce passage dans le but de faire comprendre qu'elle ne veut pas abandonner, elle ne
veut pas croire que son désir ne puisse s'accroître d'avantage.
Sens 2 : L.Labé ne veut pas savoir que le meilleur du monde ne pourrait que lui faire plaisir.
« ne me sauraient accroître mon désir » « aideraient seulement à mon plaisir »
Sens 1 : Elle fait passer un message : elle remplace « faire plaisir » par « mon désir », ce qui lui ferait
plaisir serait d'accroître son désir.
Sens 2 : La beauté, l'art et la Nature ne la rendent plus heureuse, les choses matérielles sont à ses yeux
artificielles
Variante
Quelle grandeur rend l'homme détestable ?
Quelle grosseur ? quels cheveux et couleur ?
Qui est des yeux le plus emmielleur ?
Qui marque au fer cette plaie incurable ?
Quel chant est le plus à l'homme convenable ?
Qui plus pénètre en criant sa douleur ?
Qui un doux luth fait encore meilleur ?
Quel naturel est le plus amiable ?
Je ne voudrais savoir assurément,
Ayant Amour forcé mon jugement ;
Mais je sais bien, et de tant je m'assure,
Que tout le beau que l'on pourrait choisir,
et que tout l'art qui aide la Nature,
Aideraient seulement à mon plaisir.
Sonnet 22
1555 Pas de variante
Luisant Soleil, que tu es bienheureux
De voir toujours de t'Amie la face !
Et toi, sa sœur, qu'Endymion embrasse,
Tant te repais de miel amoureux !
Mars voit Vénus ; Mercure aventureux
De Ciel en Ciel, de lieu en lieu se glace ;
Et Jupiter remarque en mainte place
Ses premiers ans plus gais et chaleureux.
Voilà du Ciel la puissante harmonie,
Qui les esprits divins ensemble lie ;
Mais s'ils avaient ce qu'ils aiment lointain,
Leur harmonie et ordre irrévocable
Se tournerait en erreur variable,
Et comme moi travaillerait en vain.
Sonnet 23
1555 Variante
Las ! que me sert que si parfaitement
Louas jadis et ma tresse dorée
Et de mes yeux la beauté comparée
A deux Soleils, dont Amour finement
Tira les traits causes de mon tourment ?
Où êtes vous, pleurs de peu de durée ?
Et mort par qui devait être saluée (1)
Ta ferme amour et itéré serment ?
Doncques c'était le but de ta réglisse(2)
De me soumettre au joug malin du vice ? (3)
Pardonne-moi, Amant (4), à cette fois,
Etant outrée et de dépit et d'ire;
Mais je m'assur', quelque part que tu sois,
Que plus (5) que moi tu souffres de martyre.
Sonnet 23
Notes
(1) Dans la version manuscrite apparaît le mot
"saluée". On comprend que Louise Labé lui
ait préféré "honorée" pour l'allitération en
[r] qu'il renforce et pour éviter la
redondance qu'instaure le double sens de
"saluée" (= valorisée, honorée mais la mort
= le salut)
(2) Oups ! Lapsus révélateur... Visiblement,
l'Amour n'aurait pas dû être la seule
préoccupation de Louise Labé, son estomac,
probablement gargouillant, a voulu le lui
faire savoir ! Sur la version manuscrite, le
mot est raturé avec force, on comprend
aisément que la Belle Cordière s'en veuille
d'avoir laissé une trivialité telle que la faim
venir perturber sa poésie...
Variante
Las ! que me sert que si parfaitement
Louas jadis et ma tresse dorée
Et de mes yeux la beauté comparée
A deux Soleils, dont Amour finement
Tira les traits causes de mon tourment ?
Où êtes vous, pleurs de peu de durée ?
Et mort par qui devait être saluée (1)
Ta ferme amour et itéré serment ?
Doncques c'était le but de ta réglisse(2)
De me soumettre au joug malin du vice ? (3)
Pardonne-moi, Amant (4), à cette fois,
Etant outrée et de dépit et d'ire;
Mais je m'assur', quelque part que tu sois,
Que plus (5) que moi tu souffres de martyre.
Sonnet 23
Notes (suite)
(3) Vers très obscur. Le mot "joug" connote un
asservissement très fort, une relation où l'homme
n'est pas maître mais le Maître. Louise Labé l'a
vite compris et a refusé de donner cette image là
de la relation et d'elle-même. En outre, le mot mis
en valeur à la rime est étrange : "vice", comme si
elle jugeait elle-même selon des principes
religieux son désir passé comme une faute, alors
que nous savons très bien que ce n'est
absolument pas le cas. Ou peut-être fait-elle
référence au fait d'accorder son attention, son
coeur et son désir à quelqu'un qui n'est que
"regards détournés" ? De plus, du point de vue des
sonorités, le vers de la version manuscrite
montrait une allitération en [m] bien plus douce
que celle, sifflante en [s] finalement choisie.
Notre chère Louise Labé était apparemment bien
fatiguée (peut-être était-ce la faute à toutes ces
"noires nuits vainement attendues" ?),
heureusement, une relecture a permis correction !
Variante
Las ! que me sert que si parfaitement
Louas jadis et ma tresse dorée
Et de mes yeux la beauté comparée
A deux Soleils, dont Amour finement
Tira les traits causes de mon tourment ?
Où êtes vous, pleurs de peu de durée ?
Et mort par qui devait être saluée (1)
Ta ferme amour et itéré serment ?
Doncques c'était le but de ta réglisse(2)
De me soumettre au joug malin du vice ? (3)
Pardonne-moi, Amant (4), à cette fois,
Etant outrée et de dépit et d'ire;
Mais je m'assur', quelque part que tu sois,
Que plus (5) que moi tu souffres de martyre.
Sonnet 23
Notes (suite)
(4) Quitte à laisser la timidité derrière soi et
clamer son amour, autant le faire jusqu'au
bout ! La poétesse lyonnaise s'est ravisée,
dans les tercets, il n'est plus question
d'amour mais de regrets empreints de
souffrance, "Amant" n'avait clairement pas
sa place ici.
(5) Louise Labé a manifestement aimé plus,
désiré plus. Et elle veut sans doute ici voir
l'homme passer du côté des "plus". Elle lui a
donné l'opportunité de faire plus que
"lou(er)" sa beauté, il l'a refusée, il doit
maintenant souffrir plus. Pour ce qui est du
sens, les mots se tenaient et percutaient
peut-être davantage. Pourquoi les avoir
changés ? Peut-être pour faire apparaître
l'allitération tranchante en [t] ? « Qu'autant
que moi tu souffres de martyre. »
Variante
Las ! que me sert que si parfaitement
Louas jadis et ma tresse dorée
Et de mes yeux la beauté comparée
A deux Soleils, dont Amour finement
Tira les traits causes de mon tourment ?
Où êtes vous, pleurs de peu de durée ?
Et mort par qui devait être saluée (1)
Ta ferme amour et itéré serment ?
Doncques c'était le but de ta réglisse(2)
De me soumettre au joug malin du vice ? (3)
Pardonne-moi, Amant (4), à cette fois,
Etant outrée et de dépit et d'ire;
Mais je m'assur', quelque part que tu sois,
Que plus (5) que moi tu souffres de martyre.
Sonnet 24
1555 Variante
Ne calomniez1, Dames, si j'ai aimé,
Si de moi, tourment2 de torches ardentes,
De misères déformées et d'amantes
Larmes ne démordent temps consumé,3
Las ! que mon nom n'en soit par vous blâmé.
Je manque, et les peines réconfortantes,
N'en aigrissez point leurs pointes méfiantes4,
M'enlacent, ô mon Amour bien aimé,
Sans votre ardeur d'un Volcan excuser,
Sans la beauté d'Adonis accuser,
Pourra, s'il veut, plus vous rendre amoureuses.
En ayant bien moins que moi de moyens5,
Et d'un intérêt plus fort que mien.
Et gardez-vous d'être plus malheureuses !
Sonnet 24
Notes
1 Le mot qu'avait choisi Louise Labé à l'origine
était « reprenez », ici « calomniez » a été
préféré. Là où « reprenez » s'inscrivait dans
une idée de lassitude, « calomniez » connote
plus l'accusation, c'est un verbe plus fort, qui
donne ici à Louise Labé un aspect un peu
pitoyable, sûrement voulu donc.
2 A l'origine, Louise Labé avait écrit « mille »,
qu'on retrouvait dans le vers suivant d'ailleurs
à deux reprises. Cette hyperbole comportant
des lettres comme le [m] et le [l] (des lettres
alors délicieuses et fluides) était toujours suivie
d'un mot plus dur comportant des lettres
comme le [t] ou le [d] (des lettres marqués et
brèves). Ici Louise Labé préféra le mot
« tourment », qui est aussi une hyperbole, et
qui confère plus une idée de chaos, de
désordre mental lié aux peines causées par
l'Amour.
Variante
Ne calomniez1, Dames, si j'ai aimé,
Si de moi, tourment2 de torches ardentes,
De misères déformées et d'amantes
Larmes ne démordent temps consumé,3
Las ! que mon nom n'en soit par vous blâmé.
Je manque, et les peines réconfortantes,
N'en aigrissez point leurs pointes méfiantes4,
M'enlacent, ô mon Amour bien aimé,
Sans votre ardeur d'un Volcan excuser,
Sans la beauté d'Adonis accuser,
Pourra, s'il veut, plus vous rendre amoureuses.
En ayant bien moins que moi de moyens5,
Et d'un intérêt plus fort que mien.
Et gardez-vous d'être plus malheureuses !
Sonnet 24
Notes
3 Ici il est assez étonnant de constater que ces
deux derniers vers diffèrent totalement des
vers pensés au début par Louise Labé. On y
trouve cependant des points communs. On
trouvait à l'origine une allitération en [r] et [m],
qu'on obsèrve plus facilement dans la version
modifiée, deux lettres assez importantes pour
Louise Labé qu'elle réussira à propager dans
tout son poème, des lettres présentes dans le
mot « Amour » et « Mort », deux thèmes
fortement présents dans son recueil de
Sonnets. On trouvait dans le sonnet original
une idée de morsure, ici on trouve le verbe
« démordre » qui a un sens totalement
différent, même si cette idée de morsure est
toujours à considérer, ici elle appuie sur
l'importance du temps qui passe, des
souvenirs.
Variante
Ne calomniez1, Dames, si j'ai aimé,
Si de moi, tourment2 de torches ardentes,
De misères déformées et d'amantes
Larmes ne démordent temps consumé,3
Las ! que mon nom n'en soit par vous blâmé.
Je manque, et les peines réconfortantes,
N'en aigrissez point leurs pointes méfiantes4,
M'enlacent, ô mon Amour bien aimé,
Sans votre ardeur d'un Volcan excuser,
Sans la beauté d'Adonis accuser,
Pourra, s'il veut, plus vous rendre amoureuses.
En ayant bien moins que moi de moyens5,
Et d'un intérêt plus fort que mien.
Et gardez-vous d'être plus malheureuses !
Sonnet 24
Notes
4 Dans le sonnet original, Louise Labé avait
employé l'adjectif « violentes », faisant
peut-être écho à « mordantes », un
synonyme tout aussi agressif, violent. Louise
Labé ayant préféré l'adjectif « méfiantes »,
un hypallage intéressant marquant l'idée
d'une relation malsaine vis à vis de ces
Dâmes, desquelles elle se méfie donc.
5 Avec de mot « moyen » Louise Labé préfère
un jeu de sonorités amusant avec la
répétition du son « moi »
(parce que Louise avait aussi un
sens de l'humour bien aiguisé...)
Variante
Ne calomniez1, Dames, si j'ai aimé,
Si de moi, tourment2 de torches ardentes,
De misères déformées et d'amantes
Larmes ne démordent temps consumé,3
Las ! que mon nom n'en soit par vous blâmé.
Je manque, et les peines réconfortantes,
N'en aigrissez point leurs pointes méfiantes4,
M'enlacent, ô mon Amour bien aimé,
Sans votre ardeur d'un Volcan excuser,
Sans la beauté d'Adonis accuser,
Pourra, s'il veut, plus vous rendre amoureuses.
En ayant bien moins que moi de moyens5,
Et d'un intérêt plus fort que mien.
Et gardez-vous d'être plus malheureuses !
REVUES ET CORRIGEES
PAR LES LYCEENS D’I-VOIX
i-voix est un espace de lecture
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dans le cadre d'un projet
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« Ecrire ne saurait être qu'un acte
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Louise Labé - Sonnets (variantes)

  • 1. LOUISE LABE SONNETS (avec variantes et notes par les lycéens d’i-voix)
  • 2. REVUES ET CORRIGEES PAR LES LYCEENS D’I-VOIX En 1555, l’imprimeur Jean de Tournes publie à Lyon un recueil des Œuvres de Louise Labé. En 2015, les lycéens d’i-voix découvrent à Brest un manuscrit inconnu : les Sonnets de Louise Labé écrits de la main de la Belle Cordière elle-même ! Or ce manuscrit présente d’intéressantes variantes par rapport au recueil alors publié. Voici ces variantes enfin révélées, avec annotations par les lycéens eux-mêmes !
  • 3. L’humanisme numérique est « le résultat d’une convergence entre notre héritage culturel complexe et une technique devenue un lieu de sociabilité sans précédent », « la fragmentation qui accompagne le numérique constitue un tournant culturel majeur car elle met en scène un imaginaire lettré, hérité de nos pratiques savantes, désormais à la portée de tous. » MILAD DOUEIHI Pour un humanisme numérique
  • 4. Sonnet 1 1555 Traduction Si jamais il y eut plus clairvoyant qu'Ulysse, Il n'aurait jamais pu prévoir que ce visage, Orné de tant de grâce et si digne d'hommage, Devienne l'instrument de mon affreux supplice. Cependant ces beaux yeux, Amour, ont su ouvrir Dans mon coeur innocent une telle blessure, -Dans ce coeur où tu prends chaleur et nourriture- Que tu es bien le seul à pouvoir m'en guérir. Cruel destin ! Je suis victime d'un Scorpion, Et je ne puis attendre un remède au poison Que du même animal qui m'a empoisonnée ! Je t'en supplie, Amour, cesse de me tourmenter ! Mais n'éteins pas en moi mon plus précieux désir, Sinon il me faudra fatalement mourir.²
  • 5. Sonnet 2 1555 Pas de variante Ô beaux yeux bruns, ô regards détournés, Ô chauds soupirs, ô larmes épandues, Ô noires nuits vainement attendues, Ô jours luisants vainement retournée ! Ô tristes plaints, ô désirs obstinés, Ô temps perdu, ô peines dépendues, Ô mille morts en mille rets tendues, Ô pires maux contre moi destinés ! Ô ris, ô front, cheveux, bras, mains et doigts ! Ô luth plaintif, viole, archet et voix ! Tant de flambeaux pour ardre une femelle ! De toi me plains, que tant de feux portant, En tant d'endroits d'iceux mon cœur tâtant, N'en ai sur toi volé quelque étincelle.
  • 6. Sonnet 3 1555 Variante Ô longs désirs, ô espérances vaines, Tristes soupirs et larmes coutumières A engendrer de moi maintes rivières, Dont mes deux yeux sont sources et fontaines ! Ô cruautés, ô durtés bien humaines (1), Ardents appels (2) des divines lumières, Du cœur blessé ô passions meurtrières (3), Pensez-vous enfin achever (4) mes peines ? Qu'encore Amour sur moi son arc essaie, Que nouveaux feux me jette et nouveaux dards, Qu'il se dépite, et pis qu'il pourra fasse : Douleur m'étouffe et je pense aux départs. Que vous viviez, ami cher, ne me plait. Las ! vous tuant ne trouverais grâce. (5)
  • 7. Sonnet 3 Notes Les différences entre la version éditée et la version manuscrite sont frappantes. On peut certainement affirmer que Louise Labé a d'abord écrit sous le coup de ses peines amoureuses et écrit les pires choses lui venant à l'esprit et ô combien elle pensait ne pas se relever. Puis, elle a fini par prendre du recul et se rendre compte qu'elle est finalement plus forte que cela. 1- Avec "bien humaine", elle attaque directement son amant, elle se révèle pleine de haine envers lui. 2- "Ardents appels" est une aspiration à la mort devant la peine qui l'envahit. 3- Même chose qu'en 2 avec la blessure au cœur causée par une passion "meurtrière". 4- "Achever mes peines" est encore une fois une aspiration à la mort. 5- Le tercet entier sous-entend qu'elle aimerait voir son amant mourir, mais elle écrit également que cela ne changerait rien pour elle-même, alors le mieux finalement est que ce soit elle qui meure et accède au repos éternel. Variante Ô longs désirs, ô espérances vaines, Tristes soupirs et larmes coutumières A engendrer de moi maintes rivières, Dont mes deux yeux sont sources et fontaines ! Ô cruautés, ô durtés bien humaines (1), Ardents appels (2) des divines lumières, Du cœur blessé ô passions meurtrières (3), Pensez-vous enfin achever (4) mes peines ? Qu'encore Amour sur moi son arc essaie, Que nouveaux feux me jette et nouveaux dards, Qu'il se dépite, et pis qu'il pourra fasse : Douleur m'étouffe et je pense aux départs. Que vous viviez, ami cher, ne me plait. Las ! vous tuant ne trouverais grâce. (5)
  • 8. Sonnet 3 (bis) 1555 Variante Ô longs désirs, ô espérances vaines, Fatals soupirs et larmes familières, (1) À engendrer en moi maintes rivières, Dont mes deux yeux sont sources et fontaines ! Ô cruautés ô peines inhumaines, (2) Perçants regards des célestes lumières, (3) Du cœur transi ô passions premières Estimez-vous croître encore mes peines ? Que ton Amour de son venin m'accable, (4) Que nouveaux feux me jette et nouveaux fards, (5) Qu'il se dépite face à l'évidence : (6) Car je suis tant navrée en toute part Que plus en moi une nouvelle plaie, Pour m'empirer, ne pourrait trouver place.
  • 9. Sonnet 3 (bis) Notes 1. Louise Labé avait à l'origine écrit « Tristes soupirs ». Cependant ce mot n'était sans doute pas assez fort pour exprimer sa douleur face à l'attente. Tout en restant dans l'expression d'une infinie tristesse, l'auteur a alors décidé de lui donner une dimension plus forte, une dimension mortelle. Le mot « fatals » a ainsi été utilisé afin d'insister sur la douleur qu'elle ressent et qui la ronge chaque jour. Cette idée de quotidienneté est d'ailleurs reprise à la fin du même vers. D'abord exprimé par le mot « coutumières », Louise Labé a sûrement souhaité utiliser une expression voulant à la fois exprimer l'habitude mais aussi la familiarité. C'est pour cela qu'elle a hésité avec « larmes familières ». En effets, Labé nous confie que ses « larmes » ne sont pas seulement quotidiennes, ne sont pas seulement une habitude, elles sont également familières, comme si elles la connaissaient, l'accompagnaient, comme si elles faisaient au final partie intégrante de son être. 2. « Peines » vient remplacer « durtés » afin de contrebalancer l'impact assez violent du mot « cruautés » en début de vers. Ainsi l'auteur, en utilisant un mot plus « doux », exprime sa grande souffrance. En effet, sa souffrance est telle que même les peines les plus insignifiantes lui procurent un sentiment d'une immense détresse qu'elle qualifie par la suite d'inhumaines. 3. Le mot « perçants » vient appuyer sur l'effet des « regards des célestes lumières ». Ces regards qui viennent littéralement vous transpercer comme le fait la lumière. 4. « Que ton Amour de son venin m'accable » : l'intégralité du vers a été modifié, nous retrouvons ici l'idée de mortalité. L'auteur a sans doute souhaité faire résonner ce vers aux « fatals soupirs » que l'on retrouve un peu plus haut. 5. « Dards » a été remplacé par « fards » afin de relier l'amour passionnel et les « feux » qui en découlent. Le mot « fard » désigne en effet le rouge qui nous monte aux joues lorsque nous sommes gênés ou embarrassés. Ce mot désigne également la chaleur qui nous envahit lorsque nous sommes complètement chamboulés par l'amour qui nous submerge à l'égard d'une personne. 6. « Face à l'évidence » : expression qui exprime quelque chose de beaucoup plus clair que la précédente « et pis qu'il pourra fasse ». Louis Labé veut bien nous faire comprendre que ce qui suit est l'évidence, la triste réalité des faits : les dégâts engendrés par l'amour. Variante Ô longs désirs, ô espérances vaines, Fatals soupirs et larmes familières, (1) À engendrer en moi maintes rivières, Dont mes deux yeux sont sources et fontaines ! Ô cruautés ô peines inhumaines, (2) Perçants regards des célestes lumières, (3) Du cœur transi ô passions premières Estimez-vous croître encore mes peines ? Que ton Amour de son venin m'accable, (4) Que nouveaux feux me jette et nouveaux fards, (5) Qu'il se dépite face à l'évidence : (6) Car je suis tant navrée en toute part Que plus en moi une nouvelle plaie, Pour m'empirer, ne pourrait trouver place.
  • 10. Sonnet 4 1555 Variante Depuis qu'Amour cruel empoisonna Premièrement de son feu ma poitrine, Toujours brûlai de colère1 divine, Qui un seul jour mon cœur n'abandonna. Quelque travail, dont assez me donna, Quelque danger2 et prochaine ruine, Quelque penser de mort qui tout termine, De rien mon cœur actif3 ne s'étonna. Tant plus qu'Amour nous vient fort accabler4, Plus il nous fait nos forces assembler5, Et imbriquer, forces qui la font naître6 ; Mais ce n'est pas qu'en rien nous favorise, Cil qui des Dieux et des hommes méprise, Mais pour plus fort contre les forts paraître.
  • 11. Sonnet 4 Notes Variante Depuis qu'Amour cruel empoisonna Premièrement de son feu ma poitrine, Toujours brûlai de colère1 divine, Qui un seul jour mon cœur n'abandonna. Quelque travail, dont assez me donna, Quelque danger2 et prochaine ruine, Quelque penser de mort qui tout termine, De rien mon cœur actif3 ne s'étonna. Tant plus qu'Amour nous vient fort accabler4, Plus il nous fait nos forces assembler5, Et imbriquer, forces qui la font naître6 ; Mais ce n'est pas qu'en rien nous favorise, Cil qui des Dieux et des hommes méprise, Mais pour plus fort contre les forts paraître.
  • 14. Sonnet 6 1555 Pas de variante Deux ou trois fois bienheureux le retour De ce clair Astre, et plus heureux encore Ce que son œil de regarder honore. Que celle-là recevrait un bon jour, Qu'elle pourrait se vanter d'un bon tour, Qui baiserait le plus beau don de Flore, Le mieux sentant que jamais vis Aurore, Et y ferait sur ses lèvres séjour ! C'est à moi seule à qui ce bien est dû, Pour tant de pleurs et tant de temps perdu ; Mais, le voyant, tant lui ferai de fête, Tant emploierai de mes yeux le pouvoir, Pour dessus lui plus de crédit avoir, Qu'en peu de temps ferai grande conquête.
  • 15. Sonnet 7 1555 Variante On voit mourir toute chose animée, Lors que du coeur1 l'âme subtile part. Je suis le corps, toi la plus belle2 part : Où es-tu donc, ô âme bien-aimée ? Ne me laissez par si long temps perdue3, Pour me sauver après viendrais trop tard. Las ! ne mets point ton corps en ce brouillard : Rends-lui sa part et moitié si ténue3. Mais fais, Ami, que ne soit sulfureuse4 Cette rencontre et revue amoureuse, Placée, non sous le signe du péché 5, Ni des soupirs, mais de grâce amiable, Qui doucement me rende ta beauté, Jadis cruelle, à présent favorable.
  • 16. Sonnet 7 Notes (1) Louise Labé préféra sûrement le "corps" au "coeur" pour bien marquer la disctinction entre l'âme (spirituelle) et le corps (physique), mais peut-être aussi pour sa sonorité qui fait comme un écho à "Lors". (2) On peut voir ici que Louise Labé à remplacé le "plus belle" original par "meilleure" : peut-être trouvait-elle à "plus belle" des connotations trop superficielles... A moins qu'elle n'ait remarqué l'écho sonore entre "la meilleure" et "âme" : la meilleure, la-m-eilleure, l'âme-eilleure ? (3) Les deux mots originaux "perdue" et "si ténue" connotaient peut-être plus de fragilité que n'en voulait bien révéler Louise Labé. Mais la poétesse a peut-être encore une fois remarqué l'avantage sonore qu'elle gagnait à ce change : une assonance éclatante en [é] ("et moitié estimée") était peut-être plus heureuse qu'une allitération sifflante en [s] ("sa part et moitié si ténue"). Variante On voit mourir toute chose animée, Lors que du coeur1 l'âme subtile part. Je suis le corps, toi la plus belle2 part : Où es-tu donc, ô âme bien-aimée ? Ne me laissez par si long temps perdue3, Pour me sauver après viendrais trop tard. Las ! ne mets point ton corps en ce brouillard : Rends-lui sa part et moitié si ténue3. Mais fais, Ami, que ne soit sulfureuse4 Cette rencontre et revue amoureuse, Placée, non sous le signe du péché 5, Ni des soupirs, mais de grâce amiable, Qui doucement me rende ta beauté, Jadis cruelle, à présent favorable.
  • 17. Sonnet 7 Notes (suite) (4) "Sulfureuse" ! Oh ! Serait-ce un lapsus ? A moins que notre chère Louise ait tout simplement renoncé à l'aspect "scandaleux" et provocant de ses autres sonnets... Peut-être aussi a-t-elle voulu se concentrer ici sur l'âme dont il est question plusieurs fois ? (5) Encore une fois, le souci des jeux de sonorités semblent avoir animé notre Lyonnaise : avec la version finale du vers 11, le mot "sévérité" constitue une rime plus riche que "péché" avec "beauté". Par ailleurs, le mot "péché" fait curieusement écho à notre note précédente concernant le terme "sulfureux"... Variante On voit mourir toute chose animée, Lors que du coeur1 l'âme subtile part. Je suis le corps, toi la plus belle2 part : Où es-tu donc, ô âme bien-aimée ? Ne me laissez par si long temps perdue3, Pour me sauver après viendrais trop tard. Las ! ne mets point ton corps en ce brouillard : Rends-lui sa part et moitié si ténue3. Mais fais, Ami, que ne soit sulfureuse4 Cette rencontre et revue amoureuse, Placée, non sous le signe du péché 5, Ni des soupirs, mais de grâce amiable, Qui doucement me rende ta beauté, Jadis cruelle, à présent favorable.
  • 18. Sonnet 7 (bis) 1555 Variante On voit mourir toutes les1 choses aimées2. Lors que du corps l'âme subtile part. Je suis le corps, toi la meilleure part : Où es-tu donc, ô âme tendre3 aimée ? Ne me laissez par4 si longtemps espérée5, Pour me sauver après viendrais trop tard. Las ! ne mets point ton corps en ce hasard : Rends-lui sa part et moitié estimée. Mais fais, Ami, que ne soit dangereuse Cette rencontre et revenue amoureuse, L'accompagnant, non de sévérité, Non de rigueur, mais de grâce amiable, Qui doucement me rende ta beauté, Naguère atroce, aujourd'hui convenable.6
  • 19. Sonnet 7 (bis) Notes 1) "les" avait été écrit en rapport avec "aimées" (note 2) mais a été enlevé dans la version que Louise Labé a reprise car il y avait trop de syllabes : erreur de versification heureusement corrigée ! 2)"aimées" était le premier mot que Louise Labé avait écrit : elle parle énormément de la mort et de l'amour et avait combiné les deux dans cette phrase. Elle jugea plus juste de remplacer "aimées" par "animée" car tout a le pouvoir de mourir, notre cœur par exemple, et pourtant nous ne portons pas d'affection à notre cœur. 3) Louise Labé avait écrit "tendre" pour "tendrement" aimée mais elle préféra changer cela en "bien-aimée", un synonyme de "tendrement", mot composé dont la sonorité était préférée. 4) le mot "par" n'existait pas dans la version originale. Tout simplement car le nombre de syllabes aurait été trop long ! 5) "espérée" le sens est totalement différent de "pâmée", mais sur le coup, peut-être espérait-elle que quelqu'un vienne à ses côtés? 6) Tout ce vers a été changé pourtant : même rime, même longueur de vers. Louise Labé voulait s'exprimer dans une langue plus soutenue, le mot "aujourd'hui" ne pouvait fonctionner. Le mot "convenable" n'était certainement pas assez fort pour ce qu'elle voulait exprimer et au contraire "atroce" était bien trop fort. Variante On voit mourir toutes les1 choses aimées2. Lors que du corps l'âme subtile part. Je suis le corps, toi la meilleure part : Où es-tu donc, ô âme tendre3 aimée ? Ne me laissez par4 si longtemps espérée5, Pour me sauver après viendrais trop tard. Las ! ne mets point ton corps en ce hasard : Rends-lui sa part et moitié estimée. Mais fais, Ami, que ne soit dangereuse Cette rencontre et revenue amoureuse, L'accompagnant, non de sévérité, Non de rigueur, mais de grâce amiable, Qui doucement me rende ta beauté, Naguère atroce, aujourd'hui convenable.6
  • 20. Sonnet 8 1555 Pas de variante Je vis, je meurs: je me brûle et me noie ; J'ai chaud extrême en endurant froidure ; La vie m'est et trop molle et trop dure ; J'ai grands ennuis entremêlés de joie. Tout en un coup je ris et je larmoie, Et en plaisir maint grief tourment j'endure ; Mon bien s'en va, et à jamais il dure ; Tout en un coup je sèche et je verdoie. Ainsi Amour inconstamment me mène ; Et, quand je pense avoir plus de douleur, Sans y penser je me trouve hors de peine. Puis, quand je crois ma joie être certaine, Et être en haut de mon désiré heur, Il me remet en mon premier malheur.
  • 21. Sonnet 9 1555 Pas de variante Tout aussitôt que je commence à prendre Dans le mol lit le repos désiré, Mon triste esprit, hors de moi retiré, S'en va vers toi incontinent se rendre. Lors m'est avis que dedans mon sein tendre Je tiens le bien où j'ai tant aspiré, Et pour lequel j'ai si haut soupiré Que de sanglots ai souvent cuidé fendre. Ô doux sommeil, ô nuit à moi heureuse ! Plaisant repos plein de tranquillité, Continuez toutes les nuits mon songe ; Et si jamais ma pauvre âme amoureuse Ne doit avoir de bien en vérité, Faites au moins qu'elle en ait en mensonge.
  • 22. Sonnet 10 1555 Pas de variante Quand j'aperçois ton blond chef, couronné D'un laurier vert, faire un luth si bien plaindre, Que tu pourrais à te suivre contraindre Arbres et rocs ; quand je te vois orné, Et, de vertus dix mille environné, Au chef d'honneur plus haut que nul atteindre, Et des plus haut les louanges éteindre, Lors dit mon cœur en soi passionné : Tant de vertu qui te font être aimé, Qui de chacun te font être estimé, Ne te pourraient aussi bien faire aimer ? Et, ajoutant à ta vertu louable Ce nom encor de m'être pitoyable, De mon amour doucement t'enflammer ?
  • 23. Sonnet 11 1555 Variante Ô doux regards, ô yeux pleins de beauté, Grands1 jardins, petites2 fleurs amoureuses Où sont d'Amour les flèches dangereuses, Tant à vous voir mon œil s'est arrêté ! Ô cœur trompeur3, ô rude cruauté, Je rêve de façons aventureuses4, J'ai coulé tant de larmes malheureuses5, Sentant que ton regard s'est éloigné6 ! Doncques, mes yeux, tant de plaisir avez, Tant de bons tours par ces yeux recevez ; Mais toi, mon cœur, plus les vois s'y complaire, Plus tu attends, plus en as de souci, Or devinez si je suis aise aussi, Mon cœur s'est exclamé tout le7 contraire.
  • 24. Sonnet 11 1555 1- Louise Labé aurait d'abord écrit "Grands jardins " avant d'écrire "Petits jardins" parce qu'il n'y a pas de petits jardins pour elle. Ils sont tous grands et majestueux par leur beauté naturelle. 2- Elle écrit que les fleurs sont petites pour montrer que les fleurs sont belles. 3- Elle aurait d'abord choisi de décrire le "coeur" avec l'adjectif "trompeur". Ne trouvant pas ce mot assez poétique, elle l'aurait remplacé par son synonyme "félon". 4- Louise Labé rêve d'aventure heureuse parce qu'elle est encore sous l'emprise du charme de son amant. 5- Les larmes expriment ici de la tristesse et non de la joie. 6- Le regard d'Olivier probablement s'est détourné. 7- Son cœur lui dit ce qu'elle veut entendre. Variante Ô doux regards, ô yeux pleins de beauté, Grands1 jardins, petites2 fleurs amoureuses Où sont d'Amour les flèches dangereuses, Tant à vous voir mon œil s'est arrêté ! Ô cœur trompeur3, ô rude cruauté, Je rêve de façons aventureuses4, J'ai coulé tant de larmes malheureuses5, Sentant que ton regard s'est éloigné6 ! Doncques, mes yeux, tant de plaisir avez, Tant de bons tours par ces yeux recevez ; Mais toi, mon cœur, plus les vois s'y complaire, Plus tu attends, plus en as de souci, Or devinez si je suis aise aussi, Mon cœur s'est exclamé tout le7 contraire.
  • 25. Sonnet 12 1555 Variante Luth, compagnon de ma calamité, De mes soupirs témoin irrévocable1, De mes ennuis contrôleur véritable, Tu as souvent avec moi lamenté ; Et tant le pleur piteux t'a molesté Que, commençant quelque note funèbre2, Tu le rendais tout soudain lamentable, Feignant le ton que Tout3 avais chanté. Et si tu veux efforcer au contraire, Tu te détends et si me contrains taire : Mais me voyant tendrement espérer4, Offrant répit à tous nos si doux timbres5, En mes ennuis me plaire suis contrainte Et d'un doux mal douce fin espérer.
  • 26. Sonnet 12 1555 (1)Irréprochable/irrévocable : la sonorité de ce mot originellement présent suggérait la parole, cependant les soupirs préfèrent être silencieux ou au moins dignes (2) Son délectable/note funèbre : l'adjectif funèbre en lien avec "lamentable" s'apparentait à une sensation trop aiguë de mal être. "Note" était une référence aux nombreux jeux de sonorités présents dans le sonnet cependant le nombre de pieds n'était plus égal si la touche funèbre disparaissait. (3) Plein/Tout : l'entité totale a probablement été jugée trop manichéenne (4) Soupirer/Espérer : mot trouvé trop pessimiste (trop pessimiste puisque tu) par l'auteure, si les espoirs étaient voués au silence, peut être a-t-elle voulu exprimer son optimisme vivant dans un soupir. (5) Donnant faveur à ma tant triste plainte/Offrant répit à nos si doux timbres : la connexion entre Louise Labé et une personne extérieure s'efface. L'allusion orale laisse place à une toute autre douleur. La disparition de nous la laisse seule et engendre la disparition de ce répit. Variante Luth, compagnon de ma calamité, De mes soupirs témoin irrévocable1, De mes ennuis contrôleur véritable, Tu as souvent avec moi lamenté ; Et tant le pleur piteux t'a molesté Que, commençant quelque note funèbre2, Tu le rendais tout soudain lamentable, Feignant le ton que Tout3 avais chanté. Et si tu veux efforcer au contraire, Tu te détends et si me contrains taire : Mais me voyant tendrement espérer4, Offrant répit à tous nos si doux timbres5, En mes ennuis me plaire suis contrainte Et d'un doux mal douce fin espérer.
  • 27. Sonnet 13 1555 Pas de variante Oh, si j'étais en ce beau sein ravie De celui-là pour lequel vais mourant ; Si avec lui vivre le demeurant De mes courts jours ne m'empêchait envie ; Si m'accolant me disait : chère Amie, Contentons-nous l'un l'autre ! s'assurant Que jà tempête, Euripe, ni Courant Ne nous pourra disjoindre en notre vie ; Si de mes bras le tenant accolé, Comme du lierre est l'arbre encercelé, La mort venait, de mon aise envieuse, Lors que, souef, plus il me baiserait, Et mon esprit sur ses lèvres fuirait, Bien je mourrais, plus que vivante, heureuse.
  • 28. Sonnet 14 1555 Variante Tant que mes yeux pourront ton cœur ravir A l'heur passé avec toi regretter, Et qu'aux sanglots et soupirs résister Pourra mon âme à la tienne s'unir ; Tant que mes doigts pourront les cordes tendre Du mignard luth, pour tes grâces louer ; Tant que ta peur mon esprit pourra prendre Pour que la joie puisse seule rester, Je ne souhaite encore point mourir. Mais, quand ton âme sentirai partir, Mes doigts brisés, et ta peur frémissante, Et mon esprit en ce mortel séjour Ne pouvant plus montrer signe d'amante, Prierai la mort noircir mon plus clair jour.
  • 29. Sonnet 14 Notes Variante Tant que mes yeux pourront ton cœur ravir A l'heur passé avec toi regretter, Et qu'aux sanglots et soupirs résister Pourra mon âme à la tienne s'unir ; Tant que mes doigts pourront les cordes tendre Du mignard luth, pour tes grâces louer ; Tant que ta peur mon esprit pourra prendre Pour que la joie puisse seule rester, Je ne souhaite encore point mourir. Mais, quand ton âme sentirai partir, Mes doigts brisés, et ta peur frémissante, Et mon esprit en ce mortel séjour Ne pouvant plus montrer signe d'amante, Prierai la mort noircir mon plus clair jour.
  • 30. Sonnet 15 1555 Variante Pour le retour du Soleil honorer, Le Zéphir l'air serein l'émerveille (1), Et du sommeil l'eau et la terre éveille, Qui les gardait, l'une de murmurer En doux lever (2), l'autre de se parer De mainte pétale (3) couleur vermeille(4). Jà les oiseaux ès arbres font merveille, Et aux passants font l'ennui modérer Les nymphes jà en milles lieux (5) se mêlent ( 6) Au clair de lune, et mimant la querelle (7). Veux-tu Zéphir de ta peur (8) me donner, Que me parvienne ton funeste appel (9) ? Fais mon Soleil devers moi retourner, Et tu verras s'il ne me rend plus belle.
  • 31. Sonnet 15 Notes (1)émerveille : Louise Labé a rectifié le mot "appareille" par le mot "émerveille" avec la résolution d'apporter plus de gaieté à la première strophe du poème dans le but de marquer un plus fort contraste avec la fin du poème, entre le jour et la nuit. (2) lever : à l'origine Louise Labé avait écrit le mot "coulant", il a été remplacé par un mot plus positif "lever" qui fait référence au lever du soleil et au réveil de la terre. (3) pétales : le mot "fleur" à été modifié afin d'augmenter l'idée de multitude et d'abondance. Le pétale représente quelque chose de délicat, de fin, de sensuel. (4) vermeille : "vermeille" a remplacé le mot "nonpareil" par soucis de détail. En effet, le vermeil fait référence à une nuance de rouge, un rouge vif rappelant l'amour et la chaleur peut-être due soleil. Ou bien à un métal précieux dont la couleur se rapproche de l'or, renvoie une image de richesse et fait également allusion au soleil. (5) lieux : Louise Labé avait changé le mot " jeux" pour le mot "lieux" car celui-ci appuie l'idée de grandeur, de diversité d'espaces naturels. Variante Pour le retour du Soleil honorer, Le Zéphir l'air serein l'émerveille (1), Et du sommeil l'eau et la terre éveille, Qui les gardait, l'une de murmurer En doux lever (2), l'autre de se parer De mainte pétale (3) couleur vermeille(4). Jà les oiseaux ès arbres font merveille, Et aux passants font l'ennui modérer Les nymphes jà en milles lieux (5) se mêlent ( 6) Au clair de lune, et mimant la querelle (7). Veux-tu Zéphir de ta peur (8) me donner, Que me parvienne ton funeste appel (9) ? Fais mon Soleil devers moi retourner, Et tu verras s'il ne me rend plus belle.
  • 32. Sonnet 15 Notes (suite) (6) se mêlent : Le verbe "s'ébattre" à été ici remplacé par le verbe "se mêler" pour donner l'illusion d'une confusion due au sens propre du mot et à l'allitération en [M] et [L]. (7) mimant la querelle : L'expression "dansant l'herbe abattent" a été transformée par "mimant la querelle". Cette modification appuie l'allitération en [M] du vers précédent mais le mot "querelle" rompt l'harmonie du poème en l'assombrissant. De plus, les sonorités [Q] et [R] forment une cassure à la fin du vers. (8) ta peur : Cette correction est due à la volonté de Louise Labé de transposer le sens du poème. En effet, "ta peur" rentre en parfaite opposition avec ton "heur" tout en conservant la sonorité en [R]. (9) Que me parvienne ton funeste appel : Louise Labé, par cette révision, nous montre son envie de combattre le désespoir de la nuit portée par le vent. Par cette transformation, elle ne veut plus faire référence au "heur" si récurrent dans ses poèmes ( Sonnet VIII : v. 13 "Et être au haut de mon désiré heur" ). "Que me parvienne ton funeste appel" insiste sur l'allitération rugueuse en [R] et saccadée en [P] débutée au vers précédent, ce qui donne au poème une dimension tragique. Variante Pour le retour du Soleil honorer, Le Zéphir l'air serein l'émerveille (1), Et du sommeil l'eau et la terre éveille, Qui les gardait, l'une de murmurer En doux lever (2), l'autre de se parer De mainte pétale (3) couleur vermeille(4). Jà les oiseaux ès arbres font merveille, Et aux passants font l'ennui modérer Les nymphes jà en milles lieux (5) se mêlent ( 6) Au clair de lune, et mimant la querelle (7). Veux-tu Zéphir de ta peur (8) me donner, Que me parvienne ton funeste appel (9) ? Fais mon Soleil devers moi retourner, Et tu verras s'il ne me rend plus belle.
  • 33. Sonnet 16 1555 Pas de variante Après qu'un temps la grêle et le tonnerre Ont le haut mont de Caucase battu, Le beau jour vient, de lueur revêtu. Quand Phébus a son cerne fait en terre, Et l'Océan il regagne à grand'erre ; Sa sœur se montre avec son chef pointu. Quand quelque temps le Parthe a combattu, Il prend la fuite et son arc il desserre. Un temps t'ai vu et consolé plaintif, Et défiant de mon feu peu hâtif ; Mais maintenant que tu m'as embrassée, Et suis au point auquel tu me voulais, Tu as ta flamme en quelque eau arrosée, Et es plus froid qu'être je ne soulais.
  • 34. Sonnet 17 1555 Variante Je fuis la ville, et temples, et tous lieux, En prenant plaisir à t'entendre plaindre, (1) Tu pus, et non sans force, me contraindre De te donner ce qu’estimais le mieux. Tous ces souvenirs me sont dangereux, (2) Et rien sans toi de beau ne me puis peindre ; Tant que, tâchant à ce désir éteindre, Et un nouvel objet faire à mes yeux, Et des pensers amoureux me distraire, Des bois sombres suis le plus solitaire. (3) Mais je te vois, ayant erré maint tour, (4) Que si je veux de toi être délivre, Il me convient hors de moi-même vivre ; Ô sombre amour obtiendrais en retour (5)
  • 35. Sonnet 17 Notes (1) En prenant plaisir à t’entendre plaindre Assonance en [En] qui symbolise le plaisir de Louise Labé à écouter. Ici, Louise Labé ressent un certain contentement en entendant son amant se plaindre. Plaindre n'a pas la connotation réelle du mot. (2) Tous ces souvenirs me sont dangereux, Ici, « tous ses souvenirs » signifient qu'elle se remémore tous ces moments passés avec son amant et cela lui est dangereux car elle n'a pas le droit de vouloir autre chose qu'un amour platonique. (3) Des bois sombres suis le plus solitaire. Allitération en [S] qui symbolise le son du serpent qui serait présent dans les bois. Comme Louise Labé est seule et malheureuse, tout ce qu'elle voit est obscur autour d'elle. (4) Mais je te vois, ayant erré maint tour, Antithèse avec le vers précédent (« sombre ») qui fait que Louise Labé ne peut que voir son amant qu'elle aime mais qui est la cause de sa tristesse. (5) Ô sombre amour obtiendrais en retour Louise Labé explique ici qu'en vivant hors d'elle-même, c'est-à-dire en essayant de vivre sans lui, il lui faut cesser de vivre en dépendant de son amour pour Olivier de Magny. En vivant hors d'elle même, elle ne pourra plus obtenir un amour qui la comblerait autant qu'avec son amant. Répétition du mot « sombre » présent au vers 10 • s Variante Je fuis la ville, et temples, et tous lieux, En prenant plaisir à t'entendre plaindre, (1) Tu pus, et non sans force, me contraindre De te donner ce qu’estimais le mieux. Tous ces souvenirs me sont dangereux, (2) Et rien sans toi de beau ne me puis peindre ; Tant que, tâchant à ce désir éteindre, Et un nouvel objet faire à mes yeux, Et des pensers amoureux me distraire, Des bois sombres suis le plus solitaire. (3) Mais je te vois, ayant erré maint tour, (4) Que si je veux de toi être délivre, Il me convient hors de moi-même vivre ; Ô sombre amour obtiendrais en retour (5)
  • 36. Sonnet 18 1555 Pas de variante Baise m'encor, rebaise-moi et baise ; Donne m'en un de tes plus savoureux, Donne m'en un de tes plus amoureux : Je t'en rendrai quatre plus chauds que braise. Las, te plains tu ? çà, que ce mal j'apaise, En t'en donnant dix autres doucereux. Ainsi mêlant nos baisers tant heureux Jouissons nous l'un de l'autre à notre aise. Lors double vie à chacun en suivra. Chacun en sol et son ami vivra. Permets m'Amour penser quelque folie : Toujours suis mal, vivant discrètement, Et ne me puis donner contentement, Si hors de moi ne fais quelque saillie.
  • 37. Sonnet 19 1555 Pas de variante Diane étant en l'épaisseur d'un bois, Après avoir mainte bête assénée, Prenait le frais, de Nymphe couronnée. J'allais rêvant, comme fais mainte fois Sans y penser, quand j'ouïs une vois Qui m'appela, disant : Nymphe étonnée, Que ne t'es-tu vers Diane tournée ? Et, me voyant sans arc et sans carquois : Qu'as-tu trouvé, ô compagne en ta voie, Qui de ton arc et flèches ait fait proie ? - Je m'animai, réponds-je, à un passant, Et lui jetai en vain toute mes flèches Et l'arc après ; mais lui les ramassant Et les tirant, me fit cent et cent brèches.
  • 38. Sonnet 20 1555 Pas de variante Prédit me fut que devait fermement Un jour aimer celui dont la figure Me fut décrite ; et sans autre peinture Le reconnus quand vis premièrement. Puis le voyant aimer fatalement Pitié je pris de sa triste aventure, Et tellement je forçais ma nature, Qu'autant que lui aimai ardentement. Qui n'eût pensé qu'en faveur devait croître Ce que le ciel et destins firent naître ? Mais quand je vois si nubileux apprêts, Vents si cruels et tant horrible orage, Je crois qu'étaient les infernaux arrêts Que de si loin m'ourdissaient ce naufrage.
  • 39. Sonnet 21 1555 Variante Quelle grandeur rend l'homme détestable ? Quelle grosseur ? quels cheveux et couleur ? Qui est des yeux le plus emmielleur ? Qui marque au fer cette plaie incurable ? Quel chant est le plus à l'homme convenable ? Qui plus pénètre en criant sa douleur ? Qui un doux luth fait encore meilleur ? Quel naturel est le plus amiable ? Je ne voudrais savoir assurément, Ayant Amour forcé mon jugement ; Mais je sais bien, et de tant je m'assure, Que tout le beau que l'on pourrait choisir, et que tout l'art qui aide la Nature, Aideraient seulement à mon plaisir.
  • 40. Sonnet 21 Notes « vénérable » « détestable » Sens 1 : Peut-être L. Labé a choisit de remplacer le mot détestable par vénérable dans le but de présenter l'homme sous une carapace de sagesse, intouchable, imprenable et indomptable. Sens 2 : Ce poème est une quête du désir masculin qui se solde par un échec, l'homme n'est plus vénérable mais détestable « poil » « cheveu » Sens 1 : Peut-être L. Labé à remplacé le mot « cheveu », référent directement à l'homme qu'elle aime par le mot « poil », faisant ici référence aux hommes en général. Sens 2 : Ce « poil » renvoie aux poils de l'homme dont parle Louise dans ces poèmes, qui connote sûrement sa chevelure. « fait plus tôt une » « marque au fer cette » Sens 1 : Le passage « marqué au fer » aurait pu être remplacé par « fait plutôt une » car elle ne fut jamais aussi vite déçue que par les hommes , elle considère que l'homme est l'être qui déçoit le plus vite. Sens 2 : Elle parle de l'homme qu'elle aime, qui lui a brisé le cœur, qui lui a infligé cette « plaie incurable » « chantant » « criant » Sens 1 : C'est dans le but de donner une dimension moqueuse a l'action que L. Labé a pu changer le verbe crier par le verbe chanter. Sens 2 : Peut-être son bien aimé est rongé par un mal, un mal dont il lui fait part. Une action belle par sa confiance, le verbe crier accentuerait l'impression de douleur que ressent le bien aimé de L. Labé. « le dire » « savoir » Sens 1 : Elle réécrit ce passage dans le but de faire comprendre qu'elle ne veut pas abandonner, elle ne veut pas croire que son désir ne puisse s'accroître d'avantage. Sens 2 : L.Labé ne veut pas savoir que le meilleur du monde ne pourrait que lui faire plaisir. « ne me sauraient accroître mon désir » « aideraient seulement à mon plaisir » Sens 1 : Elle fait passer un message : elle remplace « faire plaisir » par « mon désir », ce qui lui ferait plaisir serait d'accroître son désir. Sens 2 : La beauté, l'art et la Nature ne la rendent plus heureuse, les choses matérielles sont à ses yeux artificielles Variante Quelle grandeur rend l'homme détestable ? Quelle grosseur ? quels cheveux et couleur ? Qui est des yeux le plus emmielleur ? Qui marque au fer cette plaie incurable ? Quel chant est le plus à l'homme convenable ? Qui plus pénètre en criant sa douleur ? Qui un doux luth fait encore meilleur ? Quel naturel est le plus amiable ? Je ne voudrais savoir assurément, Ayant Amour forcé mon jugement ; Mais je sais bien, et de tant je m'assure, Que tout le beau que l'on pourrait choisir, et que tout l'art qui aide la Nature, Aideraient seulement à mon plaisir.
  • 41. Sonnet 22 1555 Pas de variante Luisant Soleil, que tu es bienheureux De voir toujours de t'Amie la face ! Et toi, sa sœur, qu'Endymion embrasse, Tant te repais de miel amoureux ! Mars voit Vénus ; Mercure aventureux De Ciel en Ciel, de lieu en lieu se glace ; Et Jupiter remarque en mainte place Ses premiers ans plus gais et chaleureux. Voilà du Ciel la puissante harmonie, Qui les esprits divins ensemble lie ; Mais s'ils avaient ce qu'ils aiment lointain, Leur harmonie et ordre irrévocable Se tournerait en erreur variable, Et comme moi travaillerait en vain.
  • 42. Sonnet 23 1555 Variante Las ! que me sert que si parfaitement Louas jadis et ma tresse dorée Et de mes yeux la beauté comparée A deux Soleils, dont Amour finement Tira les traits causes de mon tourment ? Où êtes vous, pleurs de peu de durée ? Et mort par qui devait être saluée (1) Ta ferme amour et itéré serment ? Doncques c'était le but de ta réglisse(2) De me soumettre au joug malin du vice ? (3) Pardonne-moi, Amant (4), à cette fois, Etant outrée et de dépit et d'ire; Mais je m'assur', quelque part que tu sois, Que plus (5) que moi tu souffres de martyre.
  • 43. Sonnet 23 Notes (1) Dans la version manuscrite apparaît le mot "saluée". On comprend que Louise Labé lui ait préféré "honorée" pour l'allitération en [r] qu'il renforce et pour éviter la redondance qu'instaure le double sens de "saluée" (= valorisée, honorée mais la mort = le salut) (2) Oups ! Lapsus révélateur... Visiblement, l'Amour n'aurait pas dû être la seule préoccupation de Louise Labé, son estomac, probablement gargouillant, a voulu le lui faire savoir ! Sur la version manuscrite, le mot est raturé avec force, on comprend aisément que la Belle Cordière s'en veuille d'avoir laissé une trivialité telle que la faim venir perturber sa poésie... Variante Las ! que me sert que si parfaitement Louas jadis et ma tresse dorée Et de mes yeux la beauté comparée A deux Soleils, dont Amour finement Tira les traits causes de mon tourment ? Où êtes vous, pleurs de peu de durée ? Et mort par qui devait être saluée (1) Ta ferme amour et itéré serment ? Doncques c'était le but de ta réglisse(2) De me soumettre au joug malin du vice ? (3) Pardonne-moi, Amant (4), à cette fois, Etant outrée et de dépit et d'ire; Mais je m'assur', quelque part que tu sois, Que plus (5) que moi tu souffres de martyre.
  • 44. Sonnet 23 Notes (suite) (3) Vers très obscur. Le mot "joug" connote un asservissement très fort, une relation où l'homme n'est pas maître mais le Maître. Louise Labé l'a vite compris et a refusé de donner cette image là de la relation et d'elle-même. En outre, le mot mis en valeur à la rime est étrange : "vice", comme si elle jugeait elle-même selon des principes religieux son désir passé comme une faute, alors que nous savons très bien que ce n'est absolument pas le cas. Ou peut-être fait-elle référence au fait d'accorder son attention, son coeur et son désir à quelqu'un qui n'est que "regards détournés" ? De plus, du point de vue des sonorités, le vers de la version manuscrite montrait une allitération en [m] bien plus douce que celle, sifflante en [s] finalement choisie. Notre chère Louise Labé était apparemment bien fatiguée (peut-être était-ce la faute à toutes ces "noires nuits vainement attendues" ?), heureusement, une relecture a permis correction ! Variante Las ! que me sert que si parfaitement Louas jadis et ma tresse dorée Et de mes yeux la beauté comparée A deux Soleils, dont Amour finement Tira les traits causes de mon tourment ? Où êtes vous, pleurs de peu de durée ? Et mort par qui devait être saluée (1) Ta ferme amour et itéré serment ? Doncques c'était le but de ta réglisse(2) De me soumettre au joug malin du vice ? (3) Pardonne-moi, Amant (4), à cette fois, Etant outrée et de dépit et d'ire; Mais je m'assur', quelque part que tu sois, Que plus (5) que moi tu souffres de martyre.
  • 45. Sonnet 23 Notes (suite) (4) Quitte à laisser la timidité derrière soi et clamer son amour, autant le faire jusqu'au bout ! La poétesse lyonnaise s'est ravisée, dans les tercets, il n'est plus question d'amour mais de regrets empreints de souffrance, "Amant" n'avait clairement pas sa place ici. (5) Louise Labé a manifestement aimé plus, désiré plus. Et elle veut sans doute ici voir l'homme passer du côté des "plus". Elle lui a donné l'opportunité de faire plus que "lou(er)" sa beauté, il l'a refusée, il doit maintenant souffrir plus. Pour ce qui est du sens, les mots se tenaient et percutaient peut-être davantage. Pourquoi les avoir changés ? Peut-être pour faire apparaître l'allitération tranchante en [t] ? « Qu'autant que moi tu souffres de martyre. » Variante Las ! que me sert que si parfaitement Louas jadis et ma tresse dorée Et de mes yeux la beauté comparée A deux Soleils, dont Amour finement Tira les traits causes de mon tourment ? Où êtes vous, pleurs de peu de durée ? Et mort par qui devait être saluée (1) Ta ferme amour et itéré serment ? Doncques c'était le but de ta réglisse(2) De me soumettre au joug malin du vice ? (3) Pardonne-moi, Amant (4), à cette fois, Etant outrée et de dépit et d'ire; Mais je m'assur', quelque part que tu sois, Que plus (5) que moi tu souffres de martyre.
  • 46. Sonnet 24 1555 Variante Ne calomniez1, Dames, si j'ai aimé, Si de moi, tourment2 de torches ardentes, De misères déformées et d'amantes Larmes ne démordent temps consumé,3 Las ! que mon nom n'en soit par vous blâmé. Je manque, et les peines réconfortantes, N'en aigrissez point leurs pointes méfiantes4, M'enlacent, ô mon Amour bien aimé, Sans votre ardeur d'un Volcan excuser, Sans la beauté d'Adonis accuser, Pourra, s'il veut, plus vous rendre amoureuses. En ayant bien moins que moi de moyens5, Et d'un intérêt plus fort que mien. Et gardez-vous d'être plus malheureuses !
  • 47. Sonnet 24 Notes 1 Le mot qu'avait choisi Louise Labé à l'origine était « reprenez », ici « calomniez » a été préféré. Là où « reprenez » s'inscrivait dans une idée de lassitude, « calomniez » connote plus l'accusation, c'est un verbe plus fort, qui donne ici à Louise Labé un aspect un peu pitoyable, sûrement voulu donc. 2 A l'origine, Louise Labé avait écrit « mille », qu'on retrouvait dans le vers suivant d'ailleurs à deux reprises. Cette hyperbole comportant des lettres comme le [m] et le [l] (des lettres alors délicieuses et fluides) était toujours suivie d'un mot plus dur comportant des lettres comme le [t] ou le [d] (des lettres marqués et brèves). Ici Louise Labé préféra le mot « tourment », qui est aussi une hyperbole, et qui confère plus une idée de chaos, de désordre mental lié aux peines causées par l'Amour. Variante Ne calomniez1, Dames, si j'ai aimé, Si de moi, tourment2 de torches ardentes, De misères déformées et d'amantes Larmes ne démordent temps consumé,3 Las ! que mon nom n'en soit par vous blâmé. Je manque, et les peines réconfortantes, N'en aigrissez point leurs pointes méfiantes4, M'enlacent, ô mon Amour bien aimé, Sans votre ardeur d'un Volcan excuser, Sans la beauté d'Adonis accuser, Pourra, s'il veut, plus vous rendre amoureuses. En ayant bien moins que moi de moyens5, Et d'un intérêt plus fort que mien. Et gardez-vous d'être plus malheureuses !
  • 48. Sonnet 24 Notes 3 Ici il est assez étonnant de constater que ces deux derniers vers diffèrent totalement des vers pensés au début par Louise Labé. On y trouve cependant des points communs. On trouvait à l'origine une allitération en [r] et [m], qu'on obsèrve plus facilement dans la version modifiée, deux lettres assez importantes pour Louise Labé qu'elle réussira à propager dans tout son poème, des lettres présentes dans le mot « Amour » et « Mort », deux thèmes fortement présents dans son recueil de Sonnets. On trouvait dans le sonnet original une idée de morsure, ici on trouve le verbe « démordre » qui a un sens totalement différent, même si cette idée de morsure est toujours à considérer, ici elle appuie sur l'importance du temps qui passe, des souvenirs. Variante Ne calomniez1, Dames, si j'ai aimé, Si de moi, tourment2 de torches ardentes, De misères déformées et d'amantes Larmes ne démordent temps consumé,3 Las ! que mon nom n'en soit par vous blâmé. Je manque, et les peines réconfortantes, N'en aigrissez point leurs pointes méfiantes4, M'enlacent, ô mon Amour bien aimé, Sans votre ardeur d'un Volcan excuser, Sans la beauté d'Adonis accuser, Pourra, s'il veut, plus vous rendre amoureuses. En ayant bien moins que moi de moyens5, Et d'un intérêt plus fort que mien. Et gardez-vous d'être plus malheureuses !
  • 49. Sonnet 24 Notes 4 Dans le sonnet original, Louise Labé avait employé l'adjectif « violentes », faisant peut-être écho à « mordantes », un synonyme tout aussi agressif, violent. Louise Labé ayant préféré l'adjectif « méfiantes », un hypallage intéressant marquant l'idée d'une relation malsaine vis à vis de ces Dâmes, desquelles elle se méfie donc. 5 Avec de mot « moyen » Louise Labé préfère un jeu de sonorités amusant avec la répétition du son « moi » (parce que Louise avait aussi un sens de l'humour bien aiguisé...) Variante Ne calomniez1, Dames, si j'ai aimé, Si de moi, tourment2 de torches ardentes, De misères déformées et d'amantes Larmes ne démordent temps consumé,3 Las ! que mon nom n'en soit par vous blâmé. Je manque, et les peines réconfortantes, N'en aigrissez point leurs pointes méfiantes4, M'enlacent, ô mon Amour bien aimé, Sans votre ardeur d'un Volcan excuser, Sans la beauté d'Adonis accuser, Pourra, s'il veut, plus vous rendre amoureuses. En ayant bien moins que moi de moyens5, Et d'un intérêt plus fort que mien. Et gardez-vous d'être plus malheureuses !
  • 50. REVUES ET CORRIGEES PAR LES LYCEENS D’I-VOIX
  • 51. i-voix est un espace de lecture et d'écriture, de création et d'échange, autour de la littérature. Il est l’oeuvre des Premières L du Lycée de l'Iroise à Brest (France) et des élèves apprenant le français au Liceo Cecioni à Livourne (Italie) dans le cadre d'un projet eTwinning. « Ecrire ne saurait être qu'un acte de fraternité avec la poésie de ses semblables » (Georges Perros)