1. L’eau, le facteur limitant
L’eau est un facteur essentiel pour
l’agriculture. Constitutif des végétaux, elle
transporte aussi toutes les substances
nécessaires à la plante, mais surtout
stabilise sa température par la
transpiration. Selon une étude présentée
à la session du 5 mai 2010 à l’académie
d’agriculture(*) les causes du
plafonnement du rendement du blé en
France sont d’abord d’origine climatique
et en grande partie liées au manque d’eau
au cours du cycle végétatif.
Comment faire face au stress hydrique
pendant les stades clés de nos cultures ?
L’eau est le vecteur des éléments nutritifs.
L’efficacité de la fertilisation azotée est
liée à la présence d’eau. L’azote solubilisé
dans la solution du sol est « pompé » par
la plante suite à l’évapotranspiration.
Sans eau, pas d’azote !!
Il faut raisonner sa fertilisation en
fonction des conditions climatiques. Mais
comment tenir compte d’un facteur météo si peu prévisible au-delà de la semaine dans les
décisions de fertilisation?
Même si la fertilisation foliaire ne peut pas remplacer les apports au sol, peut-elle prolonger
l’attente des pluies ? Peut-on parler de « nutrition » foliaire ?
Il semblerait que ce soit plus une stimulation visant à relancer la « pompe » à azote,
solution à préconiser uniquement en cas de présence d’eau dans le sol au moins en
profondeur. En cas de stress hydrique fort, les apports fertilisants par voie foliaire peuvent
amplifier le stress en relançant la consommation d’eau à un moment où les économies sont
indispensables !
L’eau régule la température. La majorité de l’eau transitant dans les végétaux sert à évacuer
le « trop-plein » d’énergie solaire et lui assure la survie. Comme pour l’être humain, les
2. hausses de température interne sont évacuées grâce à la transpiration : l’eau en se
transformant en vapeur générant du froid, les cultures consomment de très grandes
quantités d’eau. Par exemple, il faut 300 à 700 tonnes d’eau pour produire une tonne de
matière sèche de blé !
Face aux besoins croissants en eau pour sauvegarder les rendements, la solution idéale est-
elle l’irrigation ? A peine 25% des surfaces de maïs sont irriguées en France. Cependant, il est
peu probable que nous réussissions à augmenter la part d’irrigation car elle entre en
compétition avec l’activité humaine et la sauvegarde des milieux aquatiques. Les enrouleurs
qui arrosent nos maïs ont bien mauvaise presse !
Les méthodes et le pilotage de l’irrigation peuvent-ils être améliorés. Des idées nouvelles
naissent comme le goutte-à-goutte sur maïs ! Même si piloter l’irrigation n’est pas nouveau,
des méthodes permettent de prévoir le stress hydrique en prenant en compte la réserve
utile du sol, la climatologie… Ces OAD (Outils d’Aide à la Décision) peuvent permettre aussi
de déclencher un apport de Glycine-bétaïne avant que les symptômes foliaires
n’apparaissent, causant des dommages ou des pertes de rendements irrémédiables.
Améliorer la structure du sol consiste aussi à maintenir ou augmenter la capacité du sol à
garder une réserve utile en eau la plus élevée possible. Nous savons aujourd’hui que la
structure du sol est très liée à la vie biologique : des vers de terres, bien connus, qui creusent
les galeries et aèrent nos sols, aux micro-organismes (bactéries, champignons) qui sécrètent
des « colles naturelles » ou « biofilm ». Ces derniers collent les agrégats du sol entre eux et
le rendent plus poreux. La résistance au stress hydrique, c’est aussi augmenter le volume de
sol « explorable » par les racines et les mycorhizes (prolongation racinaire) et permettre à
l’eau de pénétrer dans le sol en évitant son ruissellement (limiter la compaction et les
passages de matériel agricole).
Certains couverts végétaux permettent aussi de décompacter les sols et bien sûr de favoriser
la vie biologique. Ce sujet fera l’objet d’un prochain article.
Une autre piste de réflexion pour améliorer la tolérance au stress hydrique est
l’amélioration génétique, voire même la précocité variétale.
L’eau : préoccupation quotidienne des agriculteurs du monde entier, reste un sujet majeur
de recherche et d’expérimentation.
Et vous ? Irriguez vous vos cultures ?
JMS
Source
(*)Philippe Gate, ARVALIS, avec la collaboration de Nadine Brisson, INRA Avignon, et David
Gouache, ARVALIS : http://www.academie-agriculture.fr/detail-seance_227.html