1. Société d’Etudes françaises de Bâle
printemps 2018
1918 - 2018: un siècle de culture francophone à Bâle
Etienne de Montéty Existe-t-il encore une littérature contemporaine ?
Journaliste et écrivain, Etienne de Montéty dirige depuis 2006 le Figaro littéraire. Auteur de
biographies de Thierry Maulnier, de Kléber Haedens, d’Honoré d’Estienne d’Orves, il a
également publié plusieurs romans dans lesquels, au travers de fables souvent noires et
grinçantes, il interroge notre époque. Ainsi, dans L’Amant noir (Gallimard, 2017), il met en
scène un brillant saint-cyrien qui, après une guerre héroïque en 14-18, s’embarque pour
Constantinople, où il connaît une descente en enfer qui se poursuivra sous l’Occupation.
Double négatif de l’auteur ? Exorcisme ? Crainte de se laisser emporter par une imagination
vagabonde plus paralysante que l’opium ? Un récit envoûtant comme un rêve ! Mais que peut
la littérature, pour autant qu’elle existe encore ?
Daniel Marchesseau Toulouse-Lautrec chez Gianadda
Historien d’art réputé, Daniel Marchesseau a travaillé au Musée d’Art moderne de la Ville de
Paris et au Musée des Arts décoratifs, avant de diriger, de 1998 à 2013, le Musée de la Vie
romantique à Paris. Commissaire de nombreuses expositions en France et à l’étranger, il a
notamment oeuvré pour la Fondation Pierre Gianadda, à Martigny, où il a mis en scène Marie
Laurencin, Jean Fautrier, Claude Monet, Renoir, Cézanne. Chacune de ses expositions a
donné lieu à un important catalogue. Il est également l’auteur de nombreux ouvrages
consacrés à ces artistes. Il nous parlera de l’exposition actuelle, Toulouse-Lautrec et la Belle
Epoque (1er décembre 2017 au 10 juin 2018), dans l’espoir de donner à quelques-uns de ses
auditeurs et de ses auditrices envie de faire le déplacement jusqu’à Martigny.
Eric Darragon Georg Baselitz, le peintre et son autoportrait
Les tableaux récents de Baselitz donnent une dimension majeure à ce qu’il est convenu
d’appeler un autoportrait. Comment ce motif a-t-il évolué dans le temps ? La biographie de
Baselitz étant constituée de ruptures et de reprises, sa méthode n’a cessé de changer et de se
ramifier. Le nu tient d’ailleurs une place importante dans ce parcours et signifie par la peinture
une présence et une histoire : celle d’un dialogue avec soi-même. C’est ce dialogue que
compte explorer Eric Darragon, professeur d’histoire de l’art à l’université Paris 1 Panthéon-
Sorbonne, grand spécialiste de l’art contemporain et auteur de nombreuses études sur
Cézanne, Caillebotte et Edward Hopper, entre autres.
Olivier Fatio Louis Tronchin et Jean-Frédéric Ostervald: un dialogue à l’aube des Lumières
Louis Tronchin (1629-1705) et Jean-Frédéric Ostervald (1663-1747) sont deux figures
marquantes du protestantisme entre orthodoxie et Lumières. Le premier a été le professeur de
théologie du second; ensemble, ils sont à l’origine d’une profonde rénovation du calvinisme.
Leur correspondance (pas toujours édifiante), éditée par Olivier Fatio, lui-même figure
marquante du protestantisme genevois, permet de mesurer leur audace. Elle se fait aussi très
largement l’écho des événements historiques de l’époque (situation politique des cantons
suisses, guerre de succession d’Espagne, succession de Neuchâtel, révocation de l’édit de
Nantes) et elle fournit une véritable caisse de résonance aux préoccupations qui taraudent
l’univers du Refuge huguenot.
Laurent Wetzel La colonisation française, un crime contre l’humanité ?
En utilisant, au cours d’un voyage en Algérie, le terme « crime contre l’humanité » à propos
de la colonisation, Emmanuel Macron, alors candidat à la présidence de la République, a créé
la polémique. C’est dire que le sujet reste brûlant et qu’il rappelle un passé qui ne passe pas.
Pourquoi ? C’est à cette question que Laurent Wetzel essaiera d’apporter une réponse.
Normalien, historien et géographe, Laurent Wetzel a enseigné dans plusieurs établissements
de la région parisienne avant de devenir inspecteur d’académie. Il a également participé à la
rédaction du Mal français d’Alain Peyrefitte, s’est fait connaître par son livre Ils ont tué
l’histoire-géo (Bourin, 2012), ainsi que par ses contributions à la Revue des Deux Mondes.
Son expérience politique comme maire de Sartrouville de 1989 à 1995 a singulièrement
aiguisé le regard qu’il porte sur l’évolution de notre société.
2. Nathalie Cohen Aux racines du judéo-christianisme
Au IVe siècle avant notre ère, Juifs et Grecs se sont rencontrés non seulement en Palestine
mais aussi en Egypte. La Torah a été traduite en grec dès le IIIe siècle av. J.-Chr. Plus de deux
mille ans après, nous sommes toujours tributaires de ces échanges ; notre civilisation s’en
ressent jusqu’aujourd’hui. Pour la comprendre, il faut se replonger dans l’histoire des religions.
Impossible de savoir où on va si l’on ignore d’où on vient. C’est ce qu’essaie d’illustrer
Nathalie Cohen dans son livre Une étrange rencontre: Juifs, Grecs et Romains (Editions du
Cerf, 2017). Elle y croise à la fois ses lectures et ses souvenirs personnels pour nous proposer
une interprétation de l’histoire juive des premiers siècles. Agrégée de lettres classiques, elle
est aussi à l’aise dans les textes de l’Antiquité grecque et romaine, que chez les
commentateurs juifs de l’Ancien Testament et chez les Pères de l’Eglise. Etudier la rencontre
entre judaïsme et hellénisme lui a permis de réfléchir à ses propres origines.
Claude Leroy Blaise Cendrars à la découverte du Brésil
Après des années consacrées à la poésie (Les Pâques à New York, Editions des Hommes
Nouveaux, 1912, La Prose du Transsibérien et la Petite Jehanne de France, Editions des
Hommes Nouveaux, 1913), puis son expérience de la Première Guerre, où il laisse son bras
droit, Blaise Cendrars, en 1924, tourne le dos aux milieux littéraires parisiens. Il voyage au
Brésil, se rend ensuite en Californie et se tourne vers le roman (L’Or, Grasset 1925,
Moravagine, Grasset 1926). Claude Leroy, l’éditeur de ses Œuvres dans la « Bibliothèque de
la Pléiade », interrogera ce tournant que constitue le départ de Cendrars vers l’Amérique, au
moment où le Surréalisme fait une apparition tonitruante. Un tournant capital, que l’auteur a
longuement évoqué dans ses mémoires (L’Homme foudroyé, Denoël, 1945, La Main coupée,
Denoël, 1946) et que fera revivre le meilleur connaisseur qui soit aujourd’hui de Cendrars.
Hélène Carrère 1918-2018: Un siècle de culture francophone à Bâle
d’Encausse
A l’occasion de notre fête du centenaire, nous avons le privilège d’accueillir une nouvelle fois
Mme Hélène Carrère d’Encausse. Historienne, professeur à la Sorbonne et à l’Institut
d’Etudes politiques, Hélène Carrère d’Encausse a été élue à l’Académie française en 1990.
Elle a succédé, en 1999, à Maurice Druon comme Secrétaire perpétuel. A la tête de
l’Académie, elle a en charge la langue française, son maintien et son rayonnement, ainsi
qu’elle l’a expliqué dans Des siècles d’immortalité, l’Académie française, 1635 – … (Fayard,
2011). Comme le but de la SEF, créée en avril 1918, avant même la fin de la guerre, « est
également de faire mieux connaître et mieux comprendre chez nous la civilisation
française » (selon les mots du président d’alors, M. A. Silbernagel), la participation de Mme
Carrère d’Encausse est un grand honneur pour notre Société.
Colette Fellous Pour Camille Claudel
Colette Fellous est née et a grandi en Tunisie et beaucoup de ses livres gardent la nostalgie
de la lumière méditerranéenne, des ruines grecques et romaines et des senteurs orientales.
Elle les retrouve d’ailleurs régulièrement tant sa première patrie lui est indispensable. Par la
plume et par la caméra, elle note les constellations changeantes des sensations et fixe comme
autant de « choses vues » ses souvenirs et ses impressions. Midi à Babylone (Gallimard,
1994), Le Petit Casino (Gallimard, 1999), La Préparation de la vie (Gallimard, 2014), Pièces
détachées (Gallimard, 2017) sont autant de collections d’instantanés recueillis par celle qui
pendant plus de quinze ans a animé sur France Culture les émissions Nuits magnétiques et
Carnet nomade. Son prochain livre, toutefois, n’est pas une fiction, mais un essai sur Camille
Claudel. C’est ce livre qu’elle viendra présenter lors de sa nouvelle visite à Bâle.
Niklaus Güdel Hodler théoricien de son art
Diana Blome
1918-2018: en Suisse et ailleurs dans le monde, le centenaire de la mort de Ferdinand Hodler
donne lieu à des expositions, des publications, des colloques, des conférences. Diana Blome
et Niklaus Güdel viennent d’apporter leurs premières contributions à cette célébration : la
publication des Ecrits esthétiques (Editions Notari, 2017) du peintre et la collaboration à la
grande exposition Hodler au Leopold Museum de Vienne. Diana Blome vient de terminer ses
études à Bâle et à Paris, Niklaus Güdel, qui est également peintre, a fait les siennes à Bâle et
à Neuchâtel. Notre Société se fait une joie d’accueillir ces deux jeunes talents: ils prouvent
magnifiquement que la relève est assurée.