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N° 7 - Printemps 2012	
OSER LE DIRE... POUVOIR LE FAIRE?
PAROLES D’AUTEURS
Pour son septiĂšme numĂ©ro, Le Cercle donne la parole aux auteurs du projet artistique Oser le dire
 Pouvoir le faire ?, conduit par l’association Arti e Parole.
J’ai nommé : les dramaturges et poĂštes allemands Philipp Löhle et Werner Fritsch, et l’auteur polonais Art Grabov. Peu connus en France, ils tĂ©moignent
des mutations profondes de la forme dramatique du XXIe siĂšcle. Un regard original sur le monde qui Ă©claire les enjeux d’aujourd’hui Ă  travers un univers
littéraire singulier.
Avec les auteurs Philipp Löhle, Werner Fritsch et Art Grabov, et les traductrices
Ruth Orthmann et CĂ©cile Bocianovski.
Claire Lintignat, Philipp Löhle, Ruth Orthmann, Werner Fritsch, Art Grabov et Cécile Bocianowski © Nathaniel Baruch
2/8
Oser le dire
 Pouvoir le faire ?, un projet
thĂ©Ăątral de l’association ARTI e PAROLE.
AprÚs un numéro spécial humour sur le
mĂȘme argument, Le Cercle donne la parole
aux auteurs.
Oser le dire
 Pouvoir le faire?, est un
projet théùtral inédit et ouvert au public
composé de laboratoires et de débats, dans
lesquels un collectif d’artistes et citoyens
s’interrogent sur le binĂŽme «LibertĂ©
d’imagination / LibertĂ© d’action », dans le
champs de l’art et de la vie citoyenne. 
Ce projet se présente en plusieurs étapes
et sous différentes formes. De coopération
internationale, il est mené conjointement
avec des partenaires allemands, polonais,
italiens, français, mexicains, et bénéficie
du soutien du Programme Culture de la
Commission européenne. Il donnera lieu
Ă  plusieurs manifestations en France et Ă 
l’étranger :
Par la crĂ©ation d’un spectacle pluriel ma-
riant les différents univers du théùtre, du
cinĂ©ma et de l’architecture (avec une crĂ©a-
tion en deux volets sur des textes répon-
dant Ă  une commande d’écriture passĂ©e
à des auteurs européens émergeants ou
encore inconnus sur le territoire français).
Par l’organisation de laboratoires artis-
tiques avec des comédiens et des écoles
d’art, en prĂ©sences des artistes associĂ©s au
projet qui tenteront une approche inédite
de leur art ;
Et par l’organisation d’un dĂ©bat public
sur le thĂšme «  Oser le dire
 Pouvoir le
faire ? » avec des personnalités de la société
civile, en collaboration avec des Ă©lĂšves de
Science Po Paris et une université franci-
lienne.
Tous, artistes et citoyens français, alle-
mands, polonais, italiens et mexicain offri-
ront un regard différent sur le sujet à tra-
vers une réflexion artistique et citoyenne.
L’objectif ? Faire dialoguer les langages de
l’art, Ă©valuer leur puissance, leur capacitĂ©
de suggestion et d’imagination Ă  l’échelle
de nos démocraties.
L’association franco-italienne, ARTI e
PAROLE a pour but la crĂ©ation d’Ɠuvres
théùtrales inédites et le soutien de toutes
les formes d’expressions artistiques qui
peuvent intervenir dans la représentation
scénique  : musique, scénographie, archi-
tecture, cinéma, peinture, design...
EDITO
ENTRETIEN PUBLIC
Librairie du Rond-Point
OSER LE DIRE... POUVOIR LE FAIRE?
Selon Philipp Löhle, Werner Fritsch et Art Grabov
Nous leur avons donné rendez-vous pour un entretien public à la librairie du Théùtre du Rond-Point,
haut lieu des Ă©critures dramatiques contemporaines, pour qu’ils nous parlent du texte qu’ils ont Ă©crit
pour l’association Arti e Parole sur le thĂšme « Oser le dire
 Pouvoir le faire ? », chacun avec une forme
brĂšve de 20mn pour deux personnages. L’écriture terminĂ©e, les voici Ă  Paris pour quelques jours oĂč ils
se rencontrent pour la premiĂšre fois Ă  l’occasion d’un laboratoire artistique avec l’équipe du projet. Ils
sont accompagnés des traductrices Ruth Orthmann et Cécile Bocianovski qui ont traduit leurs textes
– deux piĂšces de thĂ©Ăątre et un poĂšme – et qui sont aussi les premiĂšres ambassadrices des auteurs auprĂšs
de la profession.
Curieux de confronter leur point de vue d’auteur, leur approche du thĂ©Ăątre, et d’autant plus intĂ©ressĂ©s
que ces textes feront l’objet d’un mĂȘme spectacle (les 20,22 et 23 juin prochain au Goethe Institut),
nous sommes allĂ© Ă  leur rencontre afin d’en savoir un peu plus
 Petit tour d’horizon avant la crĂ©ation !
Werner Fritsch, Art Grabov et Cécile Bocianowski © Nathaniel Baruch
Claire Lintignat : Philipp Löhle, vous ĂȘtes en France
aujourd’hui pour nous parler de votre piùce Afroca-
lypse, Ă©crite dans le cadre d’une commande d’écriture
pour Arti e Parole. En rĂ©sumĂ©, l’Europe est envahie.
Un ancien président et son adjudant se réfugient dans
une forĂȘt sombre, ils transportent avec eux le cadavre
de l’épouse du prĂ©sident. Ils souhaitent enterrer le corps
mais voilà, d’abord il faut manger... Le sujet est sin-
gulier et la fable efficace. Pouvez-vous nous en dire
quelques mots ?
Philipp Löhle : Je suis parti d’un film documen-
taire, Let’s make money*. Dans le film, on voit des
paysans burkinabĂ©s qui cultivent le coton. L’un
des personnages responsable des plantations nous
dit Ă  un moment que quelque soit la hauteur des
murs que l’Europe construit autour d’elle pour
se protéger, il y a aura bientÎt une telle foule, une
telle masse d’africains aux frontiùres de l’Europe,
qu’ils franchiront de toute façon les murs les plus
hauts. Ma piĂšce part de cette idĂ©e-lĂ , d’un flot
d’africains qui a submergĂ© l’Europe. Les “non-
civilisĂ©s” viennent envahir la civilisation. Ce qui
provoque chez les dits civilisés des comportements
et des maniĂšres de faire qu’on attribue gĂ©nĂ©rale-
ment par cliché aux africains. Avec cette peur face
Ă  l’étranger qui reste prĂ©sente.
Quand il y a eu le Printemps arabe, des milliers
de rĂ©fugiĂ©s ont cherchĂ© Ă  gagner l’Europe par la
mer, affluant sur l’üle de Lampedusa, parfois dans
des conditions trùs dangereuses. L’üle italienne est
devenue la principale porte d’entrĂ©e de l’immigra-
tion illégale en Europe. A ce moment-là il y a eu
tout un marchandage entre les pays européens.
C’est là que j’ai pris conscience de tout ce que
l’Europe à mis en place pour maintenir ses fron-
tiÚres fermées. En Allemagne, tout le monde félici-
tait ce formidable soulĂšvement des peuples pour la
libertĂ© mais du moment qu’ils restent chez eux. Je
trouve qu’on a traitĂ© le sujet de façon mensongĂšre.
3/8
On a l’habitude des piĂšces politiques dans le thĂ©Ăątre
allemand mais elles font rarement l’objet d’un trai-
tement humoristique. Pourquoi avez-vous Ă©crit une
tragi-comĂ©die ? C’est une forme que vous affectionnez
particuliĂšrement. En quoi sert-elle le discours poli-
tique ?
Philipp Löhle : C’est vrai, au bout du compte
je finis toujours par écrire des tragi-comédies. Le
traitement tragi-comique me semble plus adap-
tĂ© Ă  ce type de sujet parce qu’il permet d’éviter
l’ennui sans gommer le sĂ©rieux. Quand les gens
commencent Ă  discuter politique, ils parlent tou-
jours trÚs sérieusement. Au théùtre, on peut au
moins en rire. Et puis j’ai quand mĂȘme l’impres-
sion que le cÎté noir de cette histoire dans le fond
se traduit mieux Ă  travers la forme comique et
grotesque. C’est certainement plus percutant
que si j’avais essayĂ© de faire une belle et grande
tragédie en une demi-heure. On aurait eu du mal
Ă  y croire. Dans cette piĂšce, je parle des peurs
des gens, de cette peur viscérale chez les euro-
pĂ©ens, de l’étranger qui pourrait venir s’installer
chez lui. Si je la représentais telle quelle, je lui
donnerais du crĂ©dit. Or je trouve qu’elle n’est pas
lĂ©gitime et qu’il est prĂ©fĂ©rable de s’en moquer.
Art Grabov, dans votre piĂšce Passages et portes,
une trùs jeune femme fait la rencontre d’un homme
dans le wagon d’un mĂ©tro vide d’une ville, la nuit.
Leur identitĂ© reste incertaine et ambiguĂ« jusqu’à la
fin du voyage. PĂšre et fille, ils pourraient ĂȘtre mari
et femme, frùre et sƓur, ou simplement homme et
femme, jouant des rîles sociaux sur la scùne d’une
métropole moderne.
Le texte se compose en 14 brĂšves conversations sur 14
stations de métro. Ces stations portent toutes le nom
d’une institution emblĂ©matique d’une ville occiden-
tale et renvoient aux stations du Chemin de Croix.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Art Grabov : Quand je me suis lancĂ© dans l’écri-
ture de cette piĂšce, le plus important pour moi
c’était de montrer les deux niveaux de la vie de
l’homme. Un premier niveau basĂ© sur les rap-
ports superficiels qu’on entretient avec les autres,
et un second niveau qui interroge l’espace de la
relation avec soi-mĂȘme. Je suis parti du thĂšme du
projet “Oser le dire
 pouvoir le faire ?”, mais
je ne comprenais pas exactement sa signification.
Finalement, c’est son cĂŽtĂ© Ă©nigmatique qui m’a
le plus inspirĂ©. Cette phrase induit l’idĂ©e d’une
opposition entre deux mondes : un monde dans
lequel on parle et un monde dans lequel on agit.
Le simple fait de parler avec quelqu’un nous
pousse Ă  produire des actes qui interagissent avec
les autres. Pour cette piĂšce, je voulais dynamiser
la langue en introduisant ce rapport avec l’autre.
C’est pour ça que tout le texte est une suite de
dialogues courts qui agissent assez violemment
sur les personnages. Je ne voulais pas raconter
d’histoire, seulement provoquer une sĂ©rie de ren-
contres et voir ce qu’il se passe.
Dans votre piĂšce les personnages se rencontrent pour
la premiĂšre fois. Ils ont des choses importantes Ă  se
dire mais ils sont en butte avec leurs Ă©motions, avec le
langage, avec l’autre qui impose son propre schĂ©ma.
Communiquer est une Ă©preuve. Qu’est-ce que ça
raconte ?
Art Grabov : Cette impossible communication
entre les ĂȘtres est le thĂšme de toute la dramatur-
gie du XXÚme siÚcle. Cette piÚce est malgré tout
basée sur le dialogue. Je voulais inverser cette
tendance dans le théùtre contemporain qui veut
que l’absence de communication soit l’absence de
rencontre. Ces personnages luttent les uns contre
les autres, ils se font mal parce qu’ils savent la
valeur de la rencontre. Ce qui est important c’est
qu’ils ne baissent pas les bras, qu’ils essayent mal-
gré tout de se rencontrer et de se trouver. On est
rentré depuis peu dans le XXIÚme siÚcle. On se
rend compte de tout ce qu’on a perdu et qu’on
Vous savez, Carric, au fond, j’ai un bon pressentiment dans tout ça. Nous
faisons partie de quelque chose, vous et moi, du changement. L’Histoire,
vous comprenez, l’Histoire !
Si vous croyez, monsieur le président.
Oui, je crois. Et tant que nous, vous et moi, conservons de la tenue, nous
existons aussi en tant que civilisation et en tant qu’État. Deux hommes et
un territoire. Dieu sait qu’on n’a pas besoin de plus en tant qu’État. Vous et
moi. Moi et vous. Et des hiĂ©rarchies. Ça les arrangerait, ces sauvages, que
nous nous disloquions, que nous jetions par-dessus bord nos valeurs. Mais
nous n’allons pas le faire. N’est-ce pas Carric ?
Monsieur le président, permettez-moi de faire un commentaire, mais tant
que vous existez et je vous vois clairement devant moi en chair et en os, ce
pays continuera d’exister.
Vous avez trÚs bien dit ça, Carric.
Merci, monsieur le président.
Embrassons la terre.
Afrocalypse (extrait), de Philipp Löhle, traduction Ruth Orthmann.
Président :
Carric :
Président :
Carric :
Président :
Carric :
Un temps.
Président :
Philipp Löhle et Ruth Orthmann © Nathaniel Baruch
4/8
n’a pas encore reconstruit. Les personnages de
ma piùce ont conscience qu’ils ont besoin l’un de
l’autre, mais ils n’ont pas les outils, pas de mode
d’emploi. Ils utilisent un langage qui a perdu
son pouvoir de communication mais il n’y a pas
d’autres langages. Ils se rendent compte qu’il y
a quelque chose de vain dans leurs paroles. Ils
essaient de lutter avec ça et de dépasser cet obs-
tacle. En mĂȘme temps, la parole devient une
sorte d’agression, un moyen de s’en prendre à
l’autre.
Werner Fritsch, vous ĂȘtes dramaturge et poĂšte. Pour
Arti e Parole, vous avez Ă©crit un poĂšme Langues
de feu qui fera l’objet d’un traitement scĂ©nique au
mĂȘme titre que les deux piĂšces de thĂ©Ăątre. En rĂ©sumĂ©,
un homme est assis prĂšs d’un feu. Il s’endort, rĂȘve.
Dans la lumiĂšre des langues du feu, enveloppĂ© d’obs-
curitĂ©, ressurgit en lui les non-dits, l’indicible. Les
ombres des morts bien-aimés viennent le visiter dans
son sommeil

Werner Fritsch : Pour ce poùme, j’ai choisi cette
image d’un homme assis auprùs d’un feu parce
qu’il est permĂ©able Ă  toutes sortes d’inspirations
qui viennent de ce feu. Des pensées qui se mani-
festent et qu’il reçoit. Il y a un aspect autobiogra-
phique Ă©vident dans mon texte qui vient s’impri-
mer sur le personnage, mais j’écris aussi pour que
le spectateur se remémore ses propres souvenirs à
travers cet homme : par des réminiscences, par le
souvenir d’un ĂȘtre cher disparu qui revient nous
visiter et que chacun va projeter pour lui-mĂȘme.
C’est ça aussi la permĂ©abilitĂ© : savoir recevoir
ce qui se dit et pouvoir s’y projeter. J’ai Ă©crit
une quarantaine de piĂšces de thĂ©Ăątre jusqu’ici.
Quand on Ă©crit une piĂšce, on parle comme sous
des masques en s’incarnant à travers des person-
nages. Mon travail prend désormais un chemin
plus autobiographique.
Votre poùme appelle le corps d’une façon singuliùre, il
renvoie en cela au théùtre. La frontiÚre entre les deux
genres est ténue.
Werner Frtisch : À 13 ans je voulais faire de la
musique comme Jimy Hendrix. Je jouais sur ma
guitare jusqu’à avoir les mains en sang, mais les
gens partaient. Alors je suis passĂ© Ă  l’écriture. J’ai
commencĂ© Ă  Ă©crire de la poĂ©sie. À 18 ans j’avais
essayé toutes sortes de styles différents. Ensuite,
j’ai fait beaucoup de thĂ©Ăątre, mais c’était plutĂŽt
de la performance physique sans parole, basée sur
un travail du corps. J’ai fait du cinĂ©ma aussi

J’espĂšre que toutes ces expĂ©riences se retrouvent
d’une certaine maniĂšre dans ce que j’écris.
Ce thĂšme, « Oser le dire
 pouvoir le faire ? », com-
ment l’avez-vous abordĂ© ?
Werner Fritsch : Dans un premier temps, j’ai
Ă©crit tout Ă  fait autre chose. Et en janvier, quand
j’ai rencontrĂ© Ruth Orthmann, la traductrice,
j’ai rĂ©alisĂ© que ça n’allait pas, que ce n’était pas la
bonne direction. Du coup, j’ai tout changĂ©. Je me
suis mis sous pression. Et puis j’ai pensĂ© que le
défi de ce thÚme pouvait se rapprocher du thÚme
faustien sur lequel je travaillais. J’étais dans mon
jardin, assis auprùs d’un feu, et tout à coup je me
suis dit : c’est ça le personnage, la maniùre dont
il doit fonctionner Ă  l’intĂ©rieur de ce thĂšme. Je
travaille depuis un certain temps sur un grand
projet multimédia lié au mythe de Faust. Je ne
crois pas qu’on puisse incarner Faust avec un seul
personnage, il représente quelque chose de beau-
coup plus vaste et de perméable. En tout cas,
j’essaye de faire quelque chose de permĂ©able et
de réceptif avec ce personnage.
Et vous Art Grabov, quel sens donnez-vous Ă  ce
thĂšme ?
Art Grabov : Disons que les personnages se re-
trouvent dans des situations qu’ils n’ont pas choi-
sies mais ils doivent réagir de façon trÚs concrÚte.
Oser le dire, pouvoir le faire : autrement dit, c’est
facile de dire les choses mais les conséquences
doivent ĂȘtre dans l’espace rĂ©el.
Vous dütes que les personnages n’ont pas choisi la si-
tuation dans laquelle ils se trouvent mais c’est le pùre
qui provoque les retrouvailles avec sa fille ?
Imaginons que je retrouve ma fille vingt ans
aprĂšs sa naissance. Le seul moyen pour renouer le
contact, c’est le langage. Il faut se parler, se don-
ner des explications dans un temps trĂšs court.
Ils essayent de se retrouver mais en mĂȘme temps
ils luttent, ils se font du mal. D’oĂč l’importante
référence au chemin de croix dans mon texte et
Ă  cet Ă©tat de souffrance perpĂ©tuelle oĂč le rĂŽle de
celui qui souffre et de celui qui fait mal permute.
Philipp Löhle, quelles sont les contraintes que vous
avez rencontrĂ©es par rapport Ă  la commande d’écri-
ture ?
Philipp Löhle : J’avais des contraintes formelles.
On m’a demandĂ© d’écrire une piĂšce courte d’en-
viron vingt minutes pour deux personnages.
Ensuite, il y avait le sujet que je n’ai pas bien
compris : Oser le dire, pouvoir le faire. Je devais
me l’approprier. C’est ce qui est formidable au
théùtre  : avec deux personnages et une demie
heure, on peut raconter le monde entier. On a
besoin de trĂšs peu de choses.
Vous parvenez Ă  traduire les contradictions de notre
Ă©poque avec beaucoup de sagacitĂ© et d’ironie dans vos
dialogues, grĂące Ă  des Ă©changes brefs et sarcastiques
portés par un duo de personnages clownesques. Pou-
vez-vous nous en dire un peu plus ?
Philipp Löhle : Oui. Ça vient aussi du fait que
la relation Europe-Afrique est dédoublée par la
relation président-adjudant, maßtre-serviteur.
Avec cette relation de classes Ă©vidente qui vient
en Ă©cho. Tous les deux y tiennent d’ailleurs. La
civilisation c’est un haut et un bas. Celui qui
est en bas tient Ă  rester en bas et celui qui est
en haut tient à rester en haut. Ceci n’est pas re-
mis en cause. Quand le président congédie son
adjudant, celui-ci pourrait trùs bien s’en aller re-
joindre les africains. Mais au fond, quand tout ce
qu’on connaĂźt est en train de se dĂ©faire, on essaie
toujours de s’y raccrocher. Ça a à voir avec notre
peur, notre angoisse de l’inconnu. C’est pour ça
aussi que ce texte devait ĂȘtre une comĂ©die. La
peur il faut la traiter d’une façon comique, si
on la prĂ©sente d’une façon sĂ©rieuse, on ne s’en
dégage pas.
Que raconte la relation du président à son adjudant
Carric ? Déchus et isolés du reste du monde, ils sont
comme les derniers représentants du pouvoir dans
notre civilisation européenne.
Philipp Löhle : Le personnage du prĂ©sident n’est
pas un méchant. Tout est toujours dit avec dou-
ceur. On n’est pas dans un rapport de lutte des
classes, Il n’y a pas de colĂšre. Quand le prĂ©sident
demande Ă  son adjudant de se mettre Ă  genoux
pour embrasser la terre, le président se met lui-
mĂȘme Ă  genoux mais entre-temps il oublie d’em-
brasser la terre alors qu’il voulait le faire. Il ne
cherche pas Ă  humilier Carric. Leur relation ne
Pourquoi je devrais te croire ?
Parce qu’on est seuls ici.
N’oublie pas que j’ai ça.
Et moi j’ai juste ce que je peux
dire.
Et qu’est-ce que je dois en faire ?
Utilise ton arme.
Quoi ? J’entends rien !
Je t’aime !
Fais attention à ce que tu dis !
J’entends rien !
Tu te vides en moi avec ces
« je t’aime » et tu crois quoi ?
Je dois l’avaler ?
Tu peux me cracher dessus.
Passages et portes (extrait),
d’Art Grabov,
traduction CĂ©cile Bocianowski.
Elle :
Lui :
Elle :
Lui :
Elle :
Lui :
Elle :
Lui :
Elle :
Lui :
Elle :
Lui :
Elle montre le paralyseur
Le train grince bruyamment
Grincement aigu du train
Le Train grince pendant un long moment
et s’arrĂȘte enfin.
repose pas sur la peur. C’est juste une question de
hiĂ©rarchie. LĂ  oĂč le comportement du prĂ©sident
est en dĂ©calage, c’est qu’il ne va jamais saisir la
situation existentielle dans laquelle il se trouve.
Il essaye de garder le rapport princier au fin fond
d’une forĂȘt. Carric est plus lucide. Il y en a un qui
a peur de crever de faim et l’autre qui se pose des
questions sur la faiblesse de la nature humaine.
Il s’interroge sur sa magnanimitĂ©, le pardon des
Princes.
Art Grabov, qui sont vos personnages, des avatars de
la civilisation contemporaine ?
Art Grabov : Ce sont des everymen. Ils sont
comme un seul ĂȘtre, Ă  la fois homme et femme.
J’ai ajoutĂ© un sous-titre Ă  ma piĂšce « une cho-
rĂ©graphie pour deux voix dans la foule ». C’est
important pour moi parce qu’à cĂŽtĂ© des dialo-
gues, on entend des voix dans la foule. Du coup,
le héros se retrouve au milieu de ce brouhaha. Il
n’est personne, c’est un everyman. C’est comme
un recours conscient au héros du Moyen-ùge.
Les spectacles médiévaux étaient joués sur les
places publiques. On suivait la représentation
en se dĂ©plaçant d’un endroit Ă  l’autre de la ville.
D’oĂč le lien avec le mĂ©tro souterrain qui relie les
quartiers les plus importants de la métropole.
Ici, le trajet se fait de façon souterraine. Il traduit
ce qui est invisible à la surface, c’est à dire cette
souffrance individuelle qui reste cachée et qui se
joue dans les profondeurs de l’ĂȘtre. Les stations
de métro renvoient directement aux stations du
chemin de croix et aux différentes étapes de notre
chemin existentiel. Comme par exemple la pre-
miùre station – celle de la condamnation – ou
encore la chute. Toutes traduisent d’une certaine
façon les différents obstacles de notre vie.
A chacun sa petite croix comme dirait Beckett. J’ai
l’impression que l’homme contemporain dans votre
piĂšce ne s’est pas libĂ©rĂ© de l’hĂ©ritage chrĂ©tien ?
Art Grabov : Le thĂšme religieux n’est pas traitĂ©
en tant que tel, il sert de support pour raconter
quelque chose qui a plus Ă  voir avec la vie intime.
C’est pour ça que l’action se passe sous terre. A la
surface, il y a cette vie institutionnelle qui est un
peu Ă©trangĂšre Ă  l’ĂȘtre et dans laquelle on ne voit
pas ce qui se passe intérieurement. Je me moque
de savoir qui sont les personnages et quelle est
leur histoire. Ce qui compte c’est la situation de
rencontre, la situation de dialogue entre eux. Il
faut s’imaginer rencontrer quelqu’un d’inconnu
dans le métro qui tout à coup va occuper une
place importante dans notre vie Ă©motionnelle.
Comment réagir à ça ? Le langage finalement,
c’est la seule chose qui les relie. Éliminer l’action
et l’histoire pour se concentrer exclusivement sur
ce qui rĂ©sulte d’une rencontre directe.
Werner Fritsch, dans votre poÚme vous faites réfé-
rence Ă  Goethe, aux voyages en Italie, Ă  Dante, vous
convoquez Perséphone... La mort recouvre tous les
paysages. N’est-ce pas chez vous la mort de tout ce
qui nous prĂ©cĂšde ? Celle des ĂȘtres aimĂ©s, mais aussi
celle de notre culture et de notre histoire ? On pense Ă 
Heiner MĂŒller et au “ci-gĂźt” du thĂ©Ăątre.
Werner Fritsch : C’est Jean Genet qui disait qu’il
faudrait faire du théùtre aux abords des cime-
tiĂšres, pour les morts. J’aime bien cette idĂ©e-lĂ .
Le thĂ©Ăątre par nature fait revivre les morts. C’est
vrai aussi pour la littĂ©rature. Dans l’OdyssĂ©e
d’Homùre, Ulysse convoque les ñmes des morts
au royaume d’HadĂšs. Il s’entretient avec TirĂ©sias,
Achille et aussi avec sa mĂšre.
Mais les couleurs sont chatoyantes

Werner Fritsch : Oui. Les couleurs sont trĂšs im-
portantes pour moi. Dans la littérature moderne,
quand on pense Ă  Kafka, Bernhardt ou Beckett,
on a l’impression de vivre dans un monde gris.
En noir et blanc. Moi je vois beaucoup de cou-
leurs, je m’inscris plutît dans la suite de Rim-
baud et de ses Voyelles.
Ruth Orthmann, quelle a été la plus grande difficulté
dans la traduction du poÚme de Werner Fritsch ; je
pense notamment à la spécificité de sa langue in-
croyablement riche et précise ?
Ruth Orthmann : C’est toute la difficultĂ© de la
poésie. Il ne suffit pas de faire passer un message,
il faut rendre compte de la beauté de la langue,
trouver les mots justes, ceux dont la sonorité
pourra le mieux Ă©voquer l’effet recherchĂ© par
l’auteur. Ce n’est pas toujours possible. Par
exemple, il y a tout un jeu sur la qualité liquide
de la lumiÚre avec beaucoup de mots au début de
son poĂšme. J’ai cherchĂ© des termes aussi liquides
en français qui sonnent de la mĂȘme façon, mais
5/8
Art Grabov et Cécile Bocianowski © Nathaniel Baruch
6/8
I. HOMME Feu. Nuit.
Au commencement il y a le souffle
Et le souffle va
À travers moi le souffle
Qui vent s’engouffre dans le feu
De branches de chĂȘne et
De maigres brindilles de geniĂšvre
DĂ©chaĂźne une tempĂȘte d’étincelles
Serpents de braise
Queues de comĂštes en flĂšches
Montent vers le ciel étoilé
Et s’éteignent Ă  la hauteur
Des cimes des Ă©rables ou
Jaillissent dans les ombelles étoilées
Des fleurs de sureau
Est-ce que toutes les Ă©tincelles volantes
Sont les images des Ăąmes
Qu’en ce moment
Quitte le souffle
Langues de feu (extrait),
de Werner Fritsch,
traduction Ruth Orthmann.
ce n’est pas toujours facile. De plus, le texte n’a
pas de ponctuation et il fonctionne par enjam-
bements. En allemand, les mots sont reliés entre
eux d’une certaine façon mais en français cela
peut crĂ©er des incongruitĂ©s. C’est un travail dĂ©li-
cat qui demande beaucoup de doigté.
Werner Fritsch, est-ce la premiĂšre fois que vous ĂȘtes
traduit et joué en France ?
Werner Fritsch : Oui. La derniĂšre fois c’était Ă 
l’occasion d’une lecture au ThĂ©Ăątre National de la
Colline avec ma femme. Il y a 20 ans !
J’ai Ă©tĂ© trĂšs agrĂ©ablement surpris par la dĂ©marche
des comédiens pendant la journée de laboratoire
que vous avez consacrĂ© Ă  mon texte. J’ai aimĂ©
la maniÚre dont ils ont distribué la parole, trÚs
librement, d’une façon chorale et morcelĂ©e. Les
comĂ©diens ont gĂ©nĂ©ralement tendance Ă  s’accro-
cher au personnage de maniĂšre conventionnelle.
Je vais Ă  Cologne ce week-end pour assister au
travail d’un metteur en scùne et d’un musicien
sur l’un de mes textes. Eux non plus ne sont pas
dans un travail d’incarnation. C’est trùs juste
comme démarche, ça a à voir avec le démem-
brement dont il est justement question dans ce
poĂšme.
Le projet de création entend faire dialoguer le théùtre
et l’architecture. On retrouve cette problĂ©matique
dans votre piĂšce Art Grabov. Comment avez-vous
articulé la relation entre les deux ?
Art Grabov : L’architecture contemporaine est un
espace d’étrangetĂ© et en mĂȘme temps une forme
d’agression. Nous nous comportons comme l’ar-
chitecture d’une ville nous oblige à le faire. Ça a
une conséquence sur nos sentiments, notre ma-
niĂšre d’ĂȘtre, mais aussi sur notre corps et notre
façon de nous dĂ©placer Ă  l’intĂ©rieur de ça. Dans
ma piÚce, les personnages font plusieurs fois réfé-
rence à leur propre rapport à l’architecture. C’est
un peu comme si l’homme contemporain Ă©tait
l’esclave de cet espace entiĂšrement dĂ©limitĂ© par
l’architecture des immeubles de la ville. Le tra-
jet en métro est assez métaphorique en cela. Il
se dĂ©place dans une ville qui n’est qu’une suite
de signes et qui n’existe pas rĂ©ellement. C’est
comme un voyage intérieur dans un espace qui
est Ă  la fois intime, enfoui, et qui raconte quelque
chose de notre civilisation.
On connaĂźt trĂšs mal les auteurs dramatiques polo-
nais en France. Qu’est-ce qui fait la spĂ©cificitĂ© de la
langue et de la culture polonaise ?
Werner Fritsch © Nathaniel Baruch
7/8
CĂ©cile Bocianowski (traductrice d’Art Grabov):
La langue française demande Ă  ĂȘtre beaucoup
plus précise que la langue polonaise. Dans le
polonais, il y a une force allusive que l’on perd
quand on veut la traduire en français. Elle se
perd en partie seulement parce qu’on a d’autres
outils qui nous permettent d’en rendre compte.
Art Grabov : La langue française est plus ancrée
socialement que la langue polonaise qui est plus
sauvage. Comme si en français on cherchait à
s’exprimer par le biais de schĂ©mas dĂ©jĂ  prĂ©Ă©tablis,
alors qu’en polonais on crĂ©e son individualitĂ©
dans le langage-mĂȘme. Le thĂ©Ăątre polonais adore
les néologismes, il adore jouer avec la construc-
tion du langage.
L’atmosphĂšre est trĂšs opaque et prĂ©gnante dans votre
piĂšce. Votre Ă©criture rappelle les auteurs scandinaves.
Art Grabov : C’est vrai. Strindberg ou Bergmann
sont aussi mes référents.
C’est un peu Sarah Kane qui aurait rencontrĂ© Mae-
terlinck.
Art Grabov : C’est une bonne rĂ©fĂ©rence. Je pense
notamment à une piÚce de Sarah Kane : Manque
(Crave).
Entretien réalisé par Claire Lintignat
décembre 2011
NOTE
Let’s make money, documentaire rĂ©alisĂ© par
Erwin Wagenhofer en 2009. L’ambition du do-
cumentaire est de tirer le portrait de la planĂšte
sous le joug de la finance internationale. A tra-
vers les témoignages des différents acteurs de
ce systÚme, le réalisateur nous révÚle les dérives
d’une Ă©conomie sans garde-fou : paradis fiscaux,
chantage Ă©conomique, investissements fictifs,
etc. Ce film montre les dérives du systÚme libéral
et des conséquences humaines, démographiques
et Ă©cologiques.
Philipp Löhle est un
auteur dramatique alle-
mand, né en 1978 à
Ravensbourg. Il a Ă©tu-
diĂ© l’histoire, le thĂ©Ăątre,
les sciences des médias,
ainsi que la littérature
allemande Ă  Erlangen
et Ă  Rome. Pendant ses
Ă©tudes, il travaille en tant
que journaliste et colla-
bore à des court-métrages et des documentaires.
Il écrit plusieurs piÚces trÚs remarquées, comme
Kauf-Land en 2005, Die Kaperer, créée en 2008
à Vienne, et Big Mitmache, présentée dans le
cadre du projet «  60 Jahre Deutschland  » à la
SchaubĂŒhne de Berlin en 2007. Il participe Ă©ga-
lement Ă  une rĂ©sidence d’écriture au Royal Court
Theatre de Londres. En 2007, il remporte le prix
du StĂŒckemarkt. Sa piĂšce DĂ©nommĂ© Gospodin
(Genannt Gospodin) lui vaut plusieurs récom-
penses  : une bourse de la Bundervesband der
Deuschen Industrie et une nomination au MĂŒl-
heimer Dramatikerpreis en 2008. La piĂšce est
d’abord crĂ©Ă©e au Schauspielhaus de Bochum en
2007. En France, la piĂšce reçoit l’aide Ă  la crĂ©a-
tion. Elle est mise en espace par BenoĂźt Lambert
dans le cadre des 40 ans de Théùtre Ouvert au
Festival d’Avignon en 2011. Elle est Ă©ditĂ©e aux
PUM (Presses Universitaires du Mirail). Cette
mĂȘme annĂ©e, il remporte le prix du jury du Hei-
delberg StĂŒckemarkt ainsi que le Prix du thĂ©Ăątre
jeunesse du Baden-WĂŒrttemberg pour Lily Link,
et monte une piÚce destinée au jeune public, en
coopération avec le théùtre Aalen. De 2008 à
2010, Philpp Löhle est dramaturge en résidence
au théùtre Maxime Gorki de Berlin.
Art Grabov (Artur Gra-
bowski) est un auteur
dramatique polonais, né
en 1967 Ă  Cracovie. Il a
étudié la littérature et la
philosophie et a enseigné
durant plusieurs années.
Il a débuté comme poÚte
et critique dans le maga-
zine Brulion. Il publie
plusieurs recueils (From
the Stage Directions, The Duel, Beginning in the
Earth, A Gray Man, et Shining), ainsi que des
traités poétiques (Verse -Form et Meaning), et
deux essais (Cage with a View et The Sensua-
lized). Il écrit également une brÚve tragi-comédie
européenne, The Well, primée dans sa version
italienne en 2001. Dans le mĂȘme temps, il crĂ©e
aux États-Unis une sĂ©rie de micro-tragĂ©dies (The
virtues of Western Civilization), produites en
2008 en Croatie, travaille comme dramaturge
pour le American Theater, et dirige des ateliers
de théùtre. Lors de ses nombreux séjours aux
États-Unis, il enseigne la littĂ©rature, le thĂ©Ăątre
et la poésie à Chicago, Seattle, et Buffalo. Il a
Ă©crit de nombreuses nouvelles, traduit des poĂštes
américains et italiens, et collabore réguliÚrement
au mensuel Teatr. Translating the Goat’s song et
Passages et portes sont ses deux derniĂšres piĂšces.
Ses Ɠuvres sont jouĂ©es en Pologne, en Italie, en
Croatie, aux États-Unis et pour la premiùre fois
en France avec Passages et portes, création Arti e
Parole, 2012.
Site internet de l’auteur : www.grabowski.art.pl
Werner Fritsch est un au-
teur dramatique allemand
qui a émergé à la fin des
années 1990. En 1987,
la parution de son roman
Cherubim fait une sortie
trÚs remarquée. Il écrit de
nombreuses piĂšces (Chro-
ma, Hydra Krieg, Bach
et Wondreber Totentanz)
ainsi que des monolo-
gues (Sense, Jenseits, Nico et Das Rad des GlĂŒcks)
pour la scÚne, la radio et le cinéma. Il publie de
la prose (Steinbruch et Stechapfel), et tourne plu-
sieurs films (Das sind die Gewitter in der Natur,
Ich wie ein Vogel et Faust Sonnengesang I). Ses
Ɠuvres ont reçu plusieurs prix, notamment le
Prix Robert-Walser, le Prix des aveugles de la
guerre et le Prix Else-Lasker-SchĂŒler. Sa piĂšce
radiophonique Enigma Emmy Göring obtint
le prix de la meilleure piĂšce radiophonique en
2006, le Prix allemand de la piĂšce radiophonique
2007, organisé par ARD, et le prix allemand du
livre audio 2008. Werner Fritsch est membre du
Club PEN et de l’acadĂ©mie des Beaux Arts bava-
rois. Il vit entre HendelmĂŒhle et Berlin.
Ruth Orthmann est
traductrice, de nationa-
lité allemande et fran-
çaise. Elle est installée
en France depuis 1985.
Elle a fait des Ă©tudes de
Lettres et de Théùtre à la
Sorbonne Nouvelle tout
en suivant une formation
de comédienne auprÚs
d’Antoine Vitez à L’École
de Chaillot. Elle joue notamment sous la direc-
tion d’AndrĂ© Engel, Yannis Kokkos et Eloi Re-
coing. Elle collabore aux mises en scĂšne d’AndrĂ©
Engel, de Jean-Louis Martinelli et de Jean-Louis
Martinoty. Elle Ă©crit une nouvelle version des
dialogues de l’opĂ©ra Oberon, de C.M. von Weber
pour le Théùtre du Capitole en 2011. Outre un
certain nombre d’articles et de sur-titrages pour
la MC 93 de Bobigny, elle traduit, à l’initiative
de la Maison Antoine Vitez, Welcome Home, de
Ruth Schweikert et Dénommé Gospodin, de Phi-
lipp Löhle. Avec une bourse du Goethe Institut
elle traduit Les Accapareurs, de Philipp Löhle.
En collaboration avec Eloi Recoing, elle traduit
le Théùtre complet de Heinrich von Kleist (éd.
Actes Sud-Papiers), Franziska et L’esprit de la
BIOGRAPHIES
Oser le dire
 Pouvoir le faire ?
(premier volet) : textes de Philipp Löhle,
Werner Fritsch et Art Grabov, les 20,
22, et 23 juin 2012 au Goethe Institut,
dans une mise en scĂšne de Patrizia Buzzi
Barone. Une crĂ©ation originale de l’asso-
ciation Arti e Parole. Second volet prévu
pour la rentrée de septembre 2012.
SPECTACLE
PrĂ©sidente : Patrizia Buzzi Barone
Responsable du journal : Claire Lintignat
Conception graphique et maquette : Jules Le Barazer
Diffusion : Arti e parole
Association loi 1901 – Siret n°483 328 068 00018 – Licence entrepreneur de spectacle N°7501586
ARTI E PAROLE
20 rue de l’UniversitĂ© 75007 PARIS
tél : +33 (0)1 42 60 49 61 / fax : +33 (0)1 42 60 64 01
contact@artieparole.com
www.artieparole.com
8/8
Nous remercions pour son accueil la Librairie du Théùtre du Rond-Point, partenaire du Journal Le Cercle,
en la personne de sa directrice Claudia de Bonis.
terre, de Frank Wedekind (éditions théùtrales),
Le constructeur Solness, d’Ibsen (Ă©d. Actes Sud-
Papiers), et TĂȘtes rondes et tĂȘtes pointues, de
Brecht (l’Arche Éditeur). Depuis la fondation
de la Maison Antoine Vitez, elle est membre du
comité allemand dont elle est la coordinatrice
depuis janvier 2008.
CĂ©cile Bocianowski
est traductrice. NĂ©e
en France d’un couple
franco-polonais, elle est
diplÎmée de Lettres de
la Sorbonne et de Lettres
polonaises de l’Univer-
sitĂ© de Varsovie oĂč elle
a vécu plusieurs années.
Elle prépare une thÚse de
Littérature comparée à la
Sorbonne sur les dramaturgies du grotesque en
Europe au XXe siĂšcle. Ses recherches portent sur
le théùtre européen, en particulier polonais, ita-
lien, espagnol et francophone. Elle a traduit des
piĂšces de MichaƂ Walczak, jeune talent du thĂ©Ăątre
polonais contemporain et la derniĂšre piĂšce de
Tadeusz SƂobodzianek, Notre Classe, qui a reçu
le prix Nike 2010, le prix littéraire le plus impor-
tant en Pologne. Elle anime des rencontres avec
des auteurs, elle collabore avec les universités de
la Sorbonne et de Varsovie pour des traductions
littĂ©raires et universitaires ainsi qu’avec la revue
Slavica Bruxellensia de l’UniversitĂ© de Bruxelles.
Elle est l’auteur des sous-titres du film Koniec
Nocy, projetĂ© dans le cadre du festival « ƁódĆș en
Seine » à Paris en 2010. Elle corédige aux Presses
Universitaires de Varsovie un premier volume bi-
lingue consacré aux inédits de la traduction polo-
naise autour de la piĂšce naturaliste La Morale de
Mme Dulska de Gabriela Zapolska, et prépare le
second volume Fantazy, de Juliusz SƂowacki.
Portraits accompagnant les biographies
© Nathaniel Baruch
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Claire Lintignat, Philipp Löhle, Ruth Orthmann, Werner Fritsch, Art Grabov et Cécile Bocianowski © Nathaniel Baruch
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  • 1. N° 7 - Printemps 2012 OSER LE DIRE... POUVOIR LE FAIRE? PAROLES D’AUTEURS Pour son septiĂšme numĂ©ro, Le Cercle donne la parole aux auteurs du projet artistique Oser le dire
 Pouvoir le faire ?, conduit par l’association Arti e Parole. J’ai nommé : les dramaturges et poĂštes allemands Philipp Löhle et Werner Fritsch, et l’auteur polonais Art Grabov. Peu connus en France, ils tĂ©moignent des mutations profondes de la forme dramatique du XXIe siĂšcle. Un regard original sur le monde qui Ă©claire les enjeux d’aujourd’hui Ă  travers un univers littĂ©raire singulier. Avec les auteurs Philipp Löhle, Werner Fritsch et Art Grabov, et les traductrices Ruth Orthmann et CĂ©cile Bocianovski. Claire Lintignat, Philipp Löhle, Ruth Orthmann, Werner Fritsch, Art Grabov et CĂ©cile Bocianowski © Nathaniel Baruch
  • 2. 2/8 Oser le dire
 Pouvoir le faire ?, un projet thĂ©Ăątral de l’association ARTI e PAROLE. AprĂšs un numĂ©ro spĂ©cial humour sur le mĂȘme argument, Le Cercle donne la parole aux auteurs. Oser le dire
 Pouvoir le faire?, est un projet thĂ©Ăątral inĂ©dit et ouvert au public composĂ© de laboratoires et de dĂ©bats, dans lesquels un collectif d’artistes et citoyens s’interrogent sur le binĂŽme «LibertĂ© d’imagination / LibertĂ© d’action », dans le champs de l’art et de la vie citoyenne.  Ce projet se prĂ©sente en plusieurs Ă©tapes et sous diffĂ©rentes formes. De coopĂ©ration internationale, il est menĂ© conjointement avec des partenaires allemands, polonais, italiens, français, mexicains, et bĂ©nĂ©ficie du soutien du Programme Culture de la Commission europĂ©enne. Il donnera lieu Ă  plusieurs manifestations en France et Ă  l’étranger : Par la crĂ©ation d’un spectacle pluriel ma- riant les diffĂ©rents univers du thĂ©Ăątre, du cinĂ©ma et de l’architecture (avec une crĂ©a- tion en deux volets sur des textes rĂ©pon- dant Ă  une commande d’écriture passĂ©e Ă  des auteurs europĂ©ens Ă©mergeants ou encore inconnus sur le territoire français). Par l’organisation de laboratoires artis- tiques avec des comĂ©diens et des Ă©coles d’art, en prĂ©sences des artistes associĂ©s au projet qui tenteront une approche inĂ©dite de leur art ; Et par l’organisation d’un dĂ©bat public sur le thĂšme «  Oser le dire
 Pouvoir le faire ? » avec des personnalitĂ©s de la sociĂ©tĂ© civile, en collaboration avec des Ă©lĂšves de Science Po Paris et une universitĂ© franci- lienne. Tous, artistes et citoyens français, alle- mands, polonais, italiens et mexicain offri- ront un regard diffĂ©rent sur le sujet Ă  tra- vers une rĂ©flexion artistique et citoyenne. L’objectif ? Faire dialoguer les langages de l’art, Ă©valuer leur puissance, leur capacitĂ© de suggestion et d’imagination Ă  l’échelle de nos dĂ©mocraties. L’association franco-italienne, ARTI e PAROLE a pour but la crĂ©ation d’Ɠuvres thĂ©Ăątrales inĂ©dites et le soutien de toutes les formes d’expressions artistiques qui peuvent intervenir dans la reprĂ©sentation scĂ©nique  : musique, scĂ©nographie, archi- tecture, cinĂ©ma, peinture, design... EDITO ENTRETIEN PUBLIC Librairie du Rond-Point OSER LE DIRE... POUVOIR LE FAIRE? Selon Philipp Löhle, Werner Fritsch et Art Grabov Nous leur avons donnĂ© rendez-vous pour un entretien public Ă  la librairie du ThĂ©Ăątre du Rond-Point, haut lieu des Ă©critures dramatiques contemporaines, pour qu’ils nous parlent du texte qu’ils ont Ă©crit pour l’association Arti e Parole sur le thĂšme « Oser le dire
 Pouvoir le faire ? », chacun avec une forme brĂšve de 20mn pour deux personnages. L’écriture terminĂ©e, les voici Ă  Paris pour quelques jours oĂč ils se rencontrent pour la premiĂšre fois Ă  l’occasion d’un laboratoire artistique avec l’équipe du projet. Ils sont accompagnĂ©s des traductrices Ruth Orthmann et CĂ©cile Bocianovski qui ont traduit leurs textes – deux piĂšces de thĂ©Ăątre et un poĂšme – et qui sont aussi les premiĂšres ambassadrices des auteurs auprĂšs de la profession. Curieux de confronter leur point de vue d’auteur, leur approche du thĂ©Ăątre, et d’autant plus intĂ©ressĂ©s que ces textes feront l’objet d’un mĂȘme spectacle (les 20,22 et 23 juin prochain au Goethe Institut), nous sommes allĂ© Ă  leur rencontre afin d’en savoir un peu plus
 Petit tour d’horizon avant la crĂ©ation ! Werner Fritsch, Art Grabov et CĂ©cile Bocianowski © Nathaniel Baruch Claire Lintignat : Philipp Löhle, vous ĂȘtes en France aujourd’hui pour nous parler de votre piĂšce Afroca- lypse, Ă©crite dans le cadre d’une commande d’écriture pour Arti e Parole. En rĂ©sumĂ©, l’Europe est envahie. Un ancien prĂ©sident et son adjudant se rĂ©fugient dans une forĂȘt sombre, ils transportent avec eux le cadavre de l’épouse du prĂ©sident. Ils souhaitent enterrer le corps mais voilĂ , d’abord il faut manger... Le sujet est sin- gulier et la fable efficace. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ? Philipp Löhle : Je suis parti d’un film documen- taire, Let’s make money*. Dans le film, on voit des paysans burkinabĂ©s qui cultivent le coton. L’un des personnages responsable des plantations nous dit Ă  un moment que quelque soit la hauteur des murs que l’Europe construit autour d’elle pour se protĂ©ger, il y a aura bientĂŽt une telle foule, une telle masse d’africains aux frontiĂšres de l’Europe, qu’ils franchiront de toute façon les murs les plus hauts. Ma piĂšce part de cette idĂ©e-lĂ , d’un flot d’africains qui a submergĂ© l’Europe. Les “non- civilisĂ©s” viennent envahir la civilisation. Ce qui provoque chez les dits civilisĂ©s des comportements et des maniĂšres de faire qu’on attribue gĂ©nĂ©rale- ment par clichĂ© aux africains. Avec cette peur face Ă  l’étranger qui reste prĂ©sente. Quand il y a eu le Printemps arabe, des milliers de rĂ©fugiĂ©s ont cherchĂ© Ă  gagner l’Europe par la mer, affluant sur l’üle de Lampedusa, parfois dans des conditions trĂšs dangereuses. L’üle italienne est devenue la principale porte d’entrĂ©e de l’immigra- tion illĂ©gale en Europe. A ce moment-lĂ  il y a eu tout un marchandage entre les pays europĂ©ens. C’est lĂ  que j’ai pris conscience de tout ce que l’Europe Ă  mis en place pour maintenir ses fron- tiĂšres fermĂ©es. En Allemagne, tout le monde fĂ©lici- tait ce formidable soulĂšvement des peuples pour la libertĂ© mais du moment qu’ils restent chez eux. Je trouve qu’on a traitĂ© le sujet de façon mensongĂšre.
  • 3. 3/8 On a l’habitude des piĂšces politiques dans le thĂ©Ăątre allemand mais elles font rarement l’objet d’un trai- tement humoristique. Pourquoi avez-vous Ă©crit une tragi-comĂ©die ? C’est une forme que vous affectionnez particuliĂšrement. En quoi sert-elle le discours poli- tique ? Philipp Löhle : C’est vrai, au bout du compte je finis toujours par Ă©crire des tragi-comĂ©dies. Le traitement tragi-comique me semble plus adap- tĂ© Ă  ce type de sujet parce qu’il permet d’éviter l’ennui sans gommer le sĂ©rieux. Quand les gens commencent Ă  discuter politique, ils parlent tou- jours trĂšs sĂ©rieusement. Au thĂ©Ăątre, on peut au moins en rire. Et puis j’ai quand mĂȘme l’impres- sion que le cĂŽtĂ© noir de cette histoire dans le fond se traduit mieux Ă  travers la forme comique et grotesque. C’est certainement plus percutant que si j’avais essayĂ© de faire une belle et grande tragĂ©die en une demi-heure. On aurait eu du mal Ă  y croire. Dans cette piĂšce, je parle des peurs des gens, de cette peur viscĂ©rale chez les euro- pĂ©ens, de l’étranger qui pourrait venir s’installer chez lui. Si je la reprĂ©sentais telle quelle, je lui donnerais du crĂ©dit. Or je trouve qu’elle n’est pas lĂ©gitime et qu’il est prĂ©fĂ©rable de s’en moquer. Art Grabov, dans votre piĂšce Passages et portes, une trĂšs jeune femme fait la rencontre d’un homme dans le wagon d’un mĂ©tro vide d’une ville, la nuit. Leur identitĂ© reste incertaine et ambiguĂ« jusqu’à la fin du voyage. PĂšre et fille, ils pourraient ĂȘtre mari et femme, frĂšre et sƓur, ou simplement homme et femme, jouant des rĂŽles sociaux sur la scĂšne d’une mĂ©tropole moderne. Le texte se compose en 14 brĂšves conversations sur 14 stations de mĂ©tro. Ces stations portent toutes le nom d’une institution emblĂ©matique d’une ville occiden- tale et renvoient aux stations du Chemin de Croix. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ? Art Grabov : Quand je me suis lancĂ© dans l’écri- ture de cette piĂšce, le plus important pour moi c’était de montrer les deux niveaux de la vie de l’homme. Un premier niveau basĂ© sur les rap- ports superficiels qu’on entretient avec les autres, et un second niveau qui interroge l’espace de la relation avec soi-mĂȘme. Je suis parti du thĂšme du projet “Oser le dire
 pouvoir le faire ?”, mais je ne comprenais pas exactement sa signification. Finalement, c’est son cĂŽtĂ© Ă©nigmatique qui m’a le plus inspirĂ©. Cette phrase induit l’idĂ©e d’une opposition entre deux mondes : un monde dans lequel on parle et un monde dans lequel on agit. Le simple fait de parler avec quelqu’un nous pousse Ă  produire des actes qui interagissent avec les autres. Pour cette piĂšce, je voulais dynamiser la langue en introduisant ce rapport avec l’autre. C’est pour ça que tout le texte est une suite de dialogues courts qui agissent assez violemment sur les personnages. Je ne voulais pas raconter d’histoire, seulement provoquer une sĂ©rie de ren- contres et voir ce qu’il se passe. Dans votre piĂšce les personnages se rencontrent pour la premiĂšre fois. Ils ont des choses importantes Ă  se dire mais ils sont en butte avec leurs Ă©motions, avec le langage, avec l’autre qui impose son propre schĂ©ma. Communiquer est une Ă©preuve. Qu’est-ce que ça raconte ? Art Grabov : Cette impossible communication entre les ĂȘtres est le thĂšme de toute la dramatur- gie du XXĂšme siĂšcle. Cette piĂšce est malgrĂ© tout basĂ©e sur le dialogue. Je voulais inverser cette tendance dans le thĂ©Ăątre contemporain qui veut que l’absence de communication soit l’absence de rencontre. Ces personnages luttent les uns contre les autres, ils se font mal parce qu’ils savent la valeur de la rencontre. Ce qui est important c’est qu’ils ne baissent pas les bras, qu’ils essayent mal- grĂ© tout de se rencontrer et de se trouver. On est rentrĂ© depuis peu dans le XXIĂšme siĂšcle. On se rend compte de tout ce qu’on a perdu et qu’on Vous savez, Carric, au fond, j’ai un bon pressentiment dans tout ça. Nous faisons partie de quelque chose, vous et moi, du changement. L’Histoire, vous comprenez, l’Histoire ! Si vous croyez, monsieur le prĂ©sident. Oui, je crois. Et tant que nous, vous et moi, conservons de la tenue, nous existons aussi en tant que civilisation et en tant qu’État. Deux hommes et un territoire. Dieu sait qu’on n’a pas besoin de plus en tant qu’État. Vous et moi. Moi et vous. Et des hiĂ©rarchies. Ça les arrangerait, ces sauvages, que nous nous disloquions, que nous jetions par-dessus bord nos valeurs. Mais nous n’allons pas le faire. N’est-ce pas Carric ? Monsieur le prĂ©sident, permettez-moi de faire un commentaire, mais tant que vous existez et je vous vois clairement devant moi en chair et en os, ce pays continuera d’exister. Vous avez trĂšs bien dit ça, Carric. Merci, monsieur le prĂ©sident. Embrassons la terre. Afrocalypse (extrait), de Philipp Löhle, traduction Ruth Orthmann. PrĂ©sident : Carric : PrĂ©sident : Carric : PrĂ©sident : Carric : Un temps. PrĂ©sident : Philipp Löhle et Ruth Orthmann © Nathaniel Baruch
  • 4. 4/8 n’a pas encore reconstruit. Les personnages de ma piĂšce ont conscience qu’ils ont besoin l’un de l’autre, mais ils n’ont pas les outils, pas de mode d’emploi. Ils utilisent un langage qui a perdu son pouvoir de communication mais il n’y a pas d’autres langages. Ils se rendent compte qu’il y a quelque chose de vain dans leurs paroles. Ils essaient de lutter avec ça et de dĂ©passer cet obs- tacle. En mĂȘme temps, la parole devient une sorte d’agression, un moyen de s’en prendre Ă  l’autre. Werner Fritsch, vous ĂȘtes dramaturge et poĂšte. Pour Arti e Parole, vous avez Ă©crit un poĂšme Langues de feu qui fera l’objet d’un traitement scĂ©nique au mĂȘme titre que les deux piĂšces de thĂ©Ăątre. En rĂ©sumĂ©, un homme est assis prĂšs d’un feu. Il s’endort, rĂȘve. Dans la lumiĂšre des langues du feu, enveloppĂ© d’obs- curitĂ©, ressurgit en lui les non-dits, l’indicible. Les ombres des morts bien-aimĂ©s viennent le visiter dans son sommeil
 Werner Fritsch : Pour ce poĂšme, j’ai choisi cette image d’un homme assis auprĂšs d’un feu parce qu’il est permĂ©able Ă  toutes sortes d’inspirations qui viennent de ce feu. Des pensĂ©es qui se mani- festent et qu’il reçoit. Il y a un aspect autobiogra- phique Ă©vident dans mon texte qui vient s’impri- mer sur le personnage, mais j’écris aussi pour que le spectateur se remĂ©more ses propres souvenirs Ă  travers cet homme : par des rĂ©miniscences, par le souvenir d’un ĂȘtre cher disparu qui revient nous visiter et que chacun va projeter pour lui-mĂȘme. C’est ça aussi la permĂ©abilitĂ© : savoir recevoir ce qui se dit et pouvoir s’y projeter. J’ai Ă©crit une quarantaine de piĂšces de thĂ©Ăątre jusqu’ici. Quand on Ă©crit une piĂšce, on parle comme sous des masques en s’incarnant Ă  travers des person- nages. Mon travail prend dĂ©sormais un chemin plus autobiographique. Votre poĂšme appelle le corps d’une façon singuliĂšre, il renvoie en cela au thĂ©Ăątre. La frontiĂšre entre les deux genres est tĂ©nue. Werner Frtisch : À 13 ans je voulais faire de la musique comme Jimy Hendrix. Je jouais sur ma guitare jusqu’à avoir les mains en sang, mais les gens partaient. Alors je suis passĂ© Ă  l’écriture. J’ai commencĂ© Ă  Ă©crire de la poĂ©sie. À 18 ans j’avais essayĂ© toutes sortes de styles diffĂ©rents. Ensuite, j’ai fait beaucoup de thĂ©Ăątre, mais c’était plutĂŽt de la performance physique sans parole, basĂ©e sur un travail du corps. J’ai fait du cinĂ©ma aussi
 J’espĂšre que toutes ces expĂ©riences se retrouvent d’une certaine maniĂšre dans ce que j’écris. Ce thĂšme, « Oser le dire
 pouvoir le faire ? », com- ment l’avez-vous abordĂ© ? Werner Fritsch : Dans un premier temps, j’ai Ă©crit tout Ă  fait autre chose. Et en janvier, quand j’ai rencontrĂ© Ruth Orthmann, la traductrice, j’ai rĂ©alisĂ© que ça n’allait pas, que ce n’était pas la bonne direction. Du coup, j’ai tout changĂ©. Je me suis mis sous pression. Et puis j’ai pensĂ© que le dĂ©fi de ce thĂšme pouvait se rapprocher du thĂšme faustien sur lequel je travaillais. J’étais dans mon jardin, assis auprĂšs d’un feu, et tout Ă  coup je me suis dit : c’est ça le personnage, la maniĂšre dont il doit fonctionner Ă  l’intĂ©rieur de ce thĂšme. Je travaille depuis un certain temps sur un grand projet multimĂ©dia liĂ© au mythe de Faust. Je ne crois pas qu’on puisse incarner Faust avec un seul personnage, il reprĂ©sente quelque chose de beau- coup plus vaste et de permĂ©able. En tout cas, j’essaye de faire quelque chose de permĂ©able et de rĂ©ceptif avec ce personnage. Et vous Art Grabov, quel sens donnez-vous Ă  ce thĂšme ? Art Grabov : Disons que les personnages se re- trouvent dans des situations qu’ils n’ont pas choi- sies mais ils doivent rĂ©agir de façon trĂšs concrĂšte. Oser le dire, pouvoir le faire : autrement dit, c’est facile de dire les choses mais les consĂ©quences doivent ĂȘtre dans l’espace rĂ©el. Vous dĂźtes que les personnages n’ont pas choisi la si- tuation dans laquelle ils se trouvent mais c’est le pĂšre qui provoque les retrouvailles avec sa fille ? Imaginons que je retrouve ma fille vingt ans aprĂšs sa naissance. Le seul moyen pour renouer le contact, c’est le langage. Il faut se parler, se don- ner des explications dans un temps trĂšs court. Ils essayent de se retrouver mais en mĂȘme temps ils luttent, ils se font du mal. D’oĂč l’importante rĂ©fĂ©rence au chemin de croix dans mon texte et Ă  cet Ă©tat de souffrance perpĂ©tuelle oĂč le rĂŽle de celui qui souffre et de celui qui fait mal permute. Philipp Löhle, quelles sont les contraintes que vous avez rencontrĂ©es par rapport Ă  la commande d’écri- ture ? Philipp Löhle : J’avais des contraintes formelles. On m’a demandĂ© d’écrire une piĂšce courte d’en- viron vingt minutes pour deux personnages. Ensuite, il y avait le sujet que je n’ai pas bien compris : Oser le dire, pouvoir le faire. Je devais me l’approprier. C’est ce qui est formidable au thĂ©Ăątre  : avec deux personnages et une demie heure, on peut raconter le monde entier. On a besoin de trĂšs peu de choses. Vous parvenez Ă  traduire les contradictions de notre Ă©poque avec beaucoup de sagacitĂ© et d’ironie dans vos dialogues, grĂące Ă  des Ă©changes brefs et sarcastiques portĂ©s par un duo de personnages clownesques. Pou- vez-vous nous en dire un peu plus ? Philipp Löhle : Oui. Ça vient aussi du fait que la relation Europe-Afrique est dĂ©doublĂ©e par la relation prĂ©sident-adjudant, maĂźtre-serviteur. Avec cette relation de classes Ă©vidente qui vient en Ă©cho. Tous les deux y tiennent d’ailleurs. La civilisation c’est un haut et un bas. Celui qui est en bas tient Ă  rester en bas et celui qui est en haut tient Ă  rester en haut. Ceci n’est pas re- mis en cause. Quand le prĂ©sident congĂ©die son adjudant, celui-ci pourrait trĂšs bien s’en aller re- joindre les africains. Mais au fond, quand tout ce qu’on connaĂźt est en train de se dĂ©faire, on essaie toujours de s’y raccrocher. Ça a Ă  voir avec notre peur, notre angoisse de l’inconnu. C’est pour ça aussi que ce texte devait ĂȘtre une comĂ©die. La peur il faut la traiter d’une façon comique, si on la prĂ©sente d’une façon sĂ©rieuse, on ne s’en dĂ©gage pas. Que raconte la relation du prĂ©sident Ă  son adjudant Carric ? DĂ©chus et isolĂ©s du reste du monde, ils sont comme les derniers reprĂ©sentants du pouvoir dans notre civilisation europĂ©enne. Philipp Löhle : Le personnage du prĂ©sident n’est pas un mĂ©chant. Tout est toujours dit avec dou- ceur. On n’est pas dans un rapport de lutte des classes, Il n’y a pas de colĂšre. Quand le prĂ©sident demande Ă  son adjudant de se mettre Ă  genoux pour embrasser la terre, le prĂ©sident se met lui- mĂȘme Ă  genoux mais entre-temps il oublie d’em- brasser la terre alors qu’il voulait le faire. Il ne cherche pas Ă  humilier Carric. Leur relation ne Pourquoi je devrais te croire ? Parce qu’on est seuls ici. N’oublie pas que j’ai ça. Et moi j’ai juste ce que je peux dire. Et qu’est-ce que je dois en faire ? Utilise ton arme. Quoi ? J’entends rien ! Je t’aime ! Fais attention Ă  ce que tu dis ! J’entends rien ! Tu te vides en moi avec ces « je t’aime » et tu crois quoi ? Je dois l’avaler ? Tu peux me cracher dessus. Passages et portes (extrait), d’Art Grabov, traduction CĂ©cile Bocianowski. Elle : Lui : Elle : Lui : Elle : Lui : Elle : Lui : Elle : Lui : Elle : Lui : Elle montre le paralyseur Le train grince bruyamment Grincement aigu du train Le Train grince pendant un long moment et s’arrĂȘte enfin.
  • 5. repose pas sur la peur. C’est juste une question de hiĂ©rarchie. LĂ  oĂč le comportement du prĂ©sident est en dĂ©calage, c’est qu’il ne va jamais saisir la situation existentielle dans laquelle il se trouve. Il essaye de garder le rapport princier au fin fond d’une forĂȘt. Carric est plus lucide. Il y en a un qui a peur de crever de faim et l’autre qui se pose des questions sur la faiblesse de la nature humaine. Il s’interroge sur sa magnanimitĂ©, le pardon des Princes. Art Grabov, qui sont vos personnages, des avatars de la civilisation contemporaine ? Art Grabov : Ce sont des everymen. Ils sont comme un seul ĂȘtre, Ă  la fois homme et femme. J’ai ajoutĂ© un sous-titre Ă  ma piĂšce « une cho- rĂ©graphie pour deux voix dans la foule ». C’est important pour moi parce qu’à cĂŽtĂ© des dialo- gues, on entend des voix dans la foule. Du coup, le hĂ©ros se retrouve au milieu de ce brouhaha. Il n’est personne, c’est un everyman. C’est comme un recours conscient au hĂ©ros du Moyen-Ăąge. Les spectacles mĂ©diĂ©vaux Ă©taient jouĂ©s sur les places publiques. On suivait la reprĂ©sentation en se dĂ©plaçant d’un endroit Ă  l’autre de la ville. D’oĂč le lien avec le mĂ©tro souterrain qui relie les quartiers les plus importants de la mĂ©tropole. Ici, le trajet se fait de façon souterraine. Il traduit ce qui est invisible Ă  la surface, c’est Ă  dire cette souffrance individuelle qui reste cachĂ©e et qui se joue dans les profondeurs de l’ĂȘtre. Les stations de mĂ©tro renvoient directement aux stations du chemin de croix et aux diffĂ©rentes Ă©tapes de notre chemin existentiel. Comme par exemple la pre- miĂšre station – celle de la condamnation – ou encore la chute. Toutes traduisent d’une certaine façon les diffĂ©rents obstacles de notre vie. A chacun sa petite croix comme dirait Beckett. J’ai l’impression que l’homme contemporain dans votre piĂšce ne s’est pas libĂ©rĂ© de l’hĂ©ritage chrĂ©tien ? Art Grabov : Le thĂšme religieux n’est pas traitĂ© en tant que tel, il sert de support pour raconter quelque chose qui a plus Ă  voir avec la vie intime. C’est pour ça que l’action se passe sous terre. A la surface, il y a cette vie institutionnelle qui est un peu Ă©trangĂšre Ă  l’ĂȘtre et dans laquelle on ne voit pas ce qui se passe intĂ©rieurement. Je me moque de savoir qui sont les personnages et quelle est leur histoire. Ce qui compte c’est la situation de rencontre, la situation de dialogue entre eux. Il faut s’imaginer rencontrer quelqu’un d’inconnu dans le mĂ©tro qui tout Ă  coup va occuper une place importante dans notre vie Ă©motionnelle. Comment rĂ©agir Ă  ça ? Le langage finalement, c’est la seule chose qui les relie. Éliminer l’action et l’histoire pour se concentrer exclusivement sur ce qui rĂ©sulte d’une rencontre directe. Werner Fritsch, dans votre poĂšme vous faites rĂ©fĂ©- rence Ă  Goethe, aux voyages en Italie, Ă  Dante, vous convoquez PersĂ©phone... La mort recouvre tous les paysages. N’est-ce pas chez vous la mort de tout ce qui nous prĂ©cĂšde ? Celle des ĂȘtres aimĂ©s, mais aussi celle de notre culture et de notre histoire ? On pense Ă  Heiner MĂŒller et au “ci-gĂźt” du thĂ©Ăątre. Werner Fritsch : C’est Jean Genet qui disait qu’il faudrait faire du thĂ©Ăątre aux abords des cime- tiĂšres, pour les morts. J’aime bien cette idĂ©e-lĂ . Le thĂ©Ăątre par nature fait revivre les morts. C’est vrai aussi pour la littĂ©rature. Dans l’OdyssĂ©e d’HomĂšre, Ulysse convoque les Ăąmes des morts au royaume d’HadĂšs. Il s’entretient avec TirĂ©sias, Achille et aussi avec sa mĂšre. Mais les couleurs sont chatoyantes
 Werner Fritsch : Oui. Les couleurs sont trĂšs im- portantes pour moi. Dans la littĂ©rature moderne, quand on pense Ă  Kafka, Bernhardt ou Beckett, on a l’impression de vivre dans un monde gris. En noir et blanc. Moi je vois beaucoup de cou- leurs, je m’inscris plutĂŽt dans la suite de Rim- baud et de ses Voyelles. Ruth Orthmann, quelle a Ă©tĂ© la plus grande difficultĂ© dans la traduction du poĂšme de Werner Fritsch ; je pense notamment Ă  la spĂ©cificitĂ© de sa langue in- croyablement riche et prĂ©cise ? Ruth Orthmann : C’est toute la difficultĂ© de la poĂ©sie. Il ne suffit pas de faire passer un message, il faut rendre compte de la beautĂ© de la langue, trouver les mots justes, ceux dont la sonoritĂ© pourra le mieux Ă©voquer l’effet recherchĂ© par l’auteur. Ce n’est pas toujours possible. Par exemple, il y a tout un jeu sur la qualitĂ© liquide de la lumiĂšre avec beaucoup de mots au dĂ©but de son poĂšme. J’ai cherchĂ© des termes aussi liquides en français qui sonnent de la mĂȘme façon, mais 5/8 Art Grabov et CĂ©cile Bocianowski © Nathaniel Baruch
  • 6. 6/8 I. HOMME Feu. Nuit. Au commencement il y a le souffle Et le souffle va À travers moi le souffle Qui vent s’engouffre dans le feu De branches de chĂȘne et De maigres brindilles de geniĂšvre DĂ©chaĂźne une tempĂȘte d’étincelles Serpents de braise Queues de comĂštes en flĂšches Montent vers le ciel Ă©toilĂ© Et s’éteignent Ă  la hauteur Des cimes des Ă©rables ou Jaillissent dans les ombelles Ă©toilĂ©es Des fleurs de sureau Est-ce que toutes les Ă©tincelles volantes Sont les images des Ăąmes Qu’en ce moment Quitte le souffle Langues de feu (extrait), de Werner Fritsch, traduction Ruth Orthmann. ce n’est pas toujours facile. De plus, le texte n’a pas de ponctuation et il fonctionne par enjam- bements. En allemand, les mots sont reliĂ©s entre eux d’une certaine façon mais en français cela peut crĂ©er des incongruitĂ©s. C’est un travail dĂ©li- cat qui demande beaucoup de doigtĂ©. Werner Fritsch, est-ce la premiĂšre fois que vous ĂȘtes traduit et jouĂ© en France ? Werner Fritsch : Oui. La derniĂšre fois c’était Ă  l’occasion d’une lecture au ThĂ©Ăątre National de la Colline avec ma femme. Il y a 20 ans ! J’ai Ă©tĂ© trĂšs agrĂ©ablement surpris par la dĂ©marche des comĂ©diens pendant la journĂ©e de laboratoire que vous avez consacrĂ© Ă  mon texte. J’ai aimĂ© la maniĂšre dont ils ont distribuĂ© la parole, trĂšs librement, d’une façon chorale et morcelĂ©e. Les comĂ©diens ont gĂ©nĂ©ralement tendance Ă  s’accro- cher au personnage de maniĂšre conventionnelle. Je vais Ă  Cologne ce week-end pour assister au travail d’un metteur en scĂšne et d’un musicien sur l’un de mes textes. Eux non plus ne sont pas dans un travail d’incarnation. C’est trĂšs juste comme dĂ©marche, ça a Ă  voir avec le dĂ©mem- brement dont il est justement question dans ce poĂšme. Le projet de crĂ©ation entend faire dialoguer le thĂ©Ăątre et l’architecture. On retrouve cette problĂ©matique dans votre piĂšce Art Grabov. Comment avez-vous articulĂ© la relation entre les deux ? Art Grabov : L’architecture contemporaine est un espace d’étrangetĂ© et en mĂȘme temps une forme d’agression. Nous nous comportons comme l’ar- chitecture d’une ville nous oblige Ă  le faire. Ça a une consĂ©quence sur nos sentiments, notre ma- niĂšre d’ĂȘtre, mais aussi sur notre corps et notre façon de nous dĂ©placer Ă  l’intĂ©rieur de ça. Dans ma piĂšce, les personnages font plusieurs fois rĂ©fĂ©- rence Ă  leur propre rapport Ă  l’architecture. C’est un peu comme si l’homme contemporain Ă©tait l’esclave de cet espace entiĂšrement dĂ©limitĂ© par l’architecture des immeubles de la ville. Le tra- jet en mĂ©tro est assez mĂ©taphorique en cela. Il se dĂ©place dans une ville qui n’est qu’une suite de signes et qui n’existe pas rĂ©ellement. C’est comme un voyage intĂ©rieur dans un espace qui est Ă  la fois intime, enfoui, et qui raconte quelque chose de notre civilisation. On connaĂźt trĂšs mal les auteurs dramatiques polo- nais en France. Qu’est-ce qui fait la spĂ©cificitĂ© de la langue et de la culture polonaise ? Werner Fritsch © Nathaniel Baruch
  • 7. 7/8 CĂ©cile Bocianowski (traductrice d’Art Grabov): La langue française demande Ă  ĂȘtre beaucoup plus prĂ©cise que la langue polonaise. Dans le polonais, il y a une force allusive que l’on perd quand on veut la traduire en français. Elle se perd en partie seulement parce qu’on a d’autres outils qui nous permettent d’en rendre compte. Art Grabov : La langue française est plus ancrĂ©e socialement que la langue polonaise qui est plus sauvage. Comme si en français on cherchait Ă  s’exprimer par le biais de schĂ©mas dĂ©jĂ  prĂ©Ă©tablis, alors qu’en polonais on crĂ©e son individualitĂ© dans le langage-mĂȘme. Le thĂ©Ăątre polonais adore les nĂ©ologismes, il adore jouer avec la construc- tion du langage. L’atmosphĂšre est trĂšs opaque et prĂ©gnante dans votre piĂšce. Votre Ă©criture rappelle les auteurs scandinaves. Art Grabov : C’est vrai. Strindberg ou Bergmann sont aussi mes rĂ©fĂ©rents. C’est un peu Sarah Kane qui aurait rencontrĂ© Mae- terlinck. Art Grabov : C’est une bonne rĂ©fĂ©rence. Je pense notamment Ă  une piĂšce de Sarah Kane : Manque (Crave). Entretien rĂ©alisĂ© par Claire Lintignat dĂ©cembre 2011 NOTE Let’s make money, documentaire rĂ©alisĂ© par Erwin Wagenhofer en 2009. L’ambition du do- cumentaire est de tirer le portrait de la planĂšte sous le joug de la finance internationale. A tra- vers les tĂ©moignages des diffĂ©rents acteurs de ce systĂšme, le rĂ©alisateur nous rĂ©vĂšle les dĂ©rives d’une Ă©conomie sans garde-fou : paradis fiscaux, chantage Ă©conomique, investissements fictifs, etc. Ce film montre les dĂ©rives du systĂšme libĂ©ral et des consĂ©quences humaines, dĂ©mographiques et Ă©cologiques. Philipp Löhle est un auteur dramatique alle- mand, nĂ© en 1978 Ă  Ravensbourg. Il a Ă©tu- diĂ© l’histoire, le thĂ©Ăątre, les sciences des mĂ©dias, ainsi que la littĂ©rature allemande Ă  Erlangen et Ă  Rome. Pendant ses Ă©tudes, il travaille en tant que journaliste et colla- bore Ă  des court-mĂ©trages et des documentaires. Il Ă©crit plusieurs piĂšces trĂšs remarquĂ©es, comme Kauf-Land en 2005, Die Kaperer, crĂ©Ă©e en 2008 Ă  Vienne, et Big Mitmache, prĂ©sentĂ©e dans le cadre du projet «  60 Jahre Deutschland  » Ă  la SchaubĂŒhne de Berlin en 2007. Il participe Ă©ga- lement Ă  une rĂ©sidence d’écriture au Royal Court Theatre de Londres. En 2007, il remporte le prix du StĂŒckemarkt. Sa piĂšce DĂ©nommĂ© Gospodin (Genannt Gospodin) lui vaut plusieurs rĂ©com- penses  : une bourse de la Bundervesband der Deuschen Industrie et une nomination au MĂŒl- heimer Dramatikerpreis en 2008. La piĂšce est d’abord crĂ©Ă©e au Schauspielhaus de Bochum en 2007. En France, la piĂšce reçoit l’aide Ă  la crĂ©a- tion. Elle est mise en espace par BenoĂźt Lambert dans le cadre des 40 ans de ThĂ©Ăątre Ouvert au Festival d’Avignon en 2011. Elle est Ă©ditĂ©e aux PUM (Presses Universitaires du Mirail). Cette mĂȘme annĂ©e, il remporte le prix du jury du Hei- delberg StĂŒckemarkt ainsi que le Prix du thĂ©Ăątre jeunesse du Baden-WĂŒrttemberg pour Lily Link, et monte une piĂšce destinĂ©e au jeune public, en coopĂ©ration avec le thĂ©Ăątre Aalen. De 2008 Ă  2010, Philpp Löhle est dramaturge en rĂ©sidence au thĂ©Ăątre Maxime Gorki de Berlin. Art Grabov (Artur Gra- bowski) est un auteur dramatique polonais, nĂ© en 1967 Ă  Cracovie. Il a Ă©tudiĂ© la littĂ©rature et la philosophie et a enseignĂ© durant plusieurs annĂ©es. Il a dĂ©butĂ© comme poĂšte et critique dans le maga- zine Brulion. Il publie plusieurs recueils (From the Stage Directions, The Duel, Beginning in the Earth, A Gray Man, et Shining), ainsi que des traitĂ©s poĂ©tiques (Verse -Form et Meaning), et deux essais (Cage with a View et The Sensua- lized). Il Ă©crit Ă©galement une brĂšve tragi-comĂ©die europĂ©enne, The Well, primĂ©e dans sa version italienne en 2001. Dans le mĂȘme temps, il crĂ©e aux États-Unis une sĂ©rie de micro-tragĂ©dies (The virtues of Western Civilization), produites en 2008 en Croatie, travaille comme dramaturge pour le American Theater, et dirige des ateliers de thĂ©Ăątre. Lors de ses nombreux sĂ©jours aux États-Unis, il enseigne la littĂ©rature, le thĂ©Ăątre et la poĂ©sie Ă  Chicago, Seattle, et Buffalo. Il a Ă©crit de nombreuses nouvelles, traduit des poĂštes amĂ©ricains et italiens, et collabore rĂ©guliĂšrement au mensuel Teatr. Translating the Goat’s song et Passages et portes sont ses deux derniĂšres piĂšces. Ses Ɠuvres sont jouĂ©es en Pologne, en Italie, en Croatie, aux États-Unis et pour la premiĂšre fois en France avec Passages et portes, crĂ©ation Arti e Parole, 2012. Site internet de l’auteur : www.grabowski.art.pl Werner Fritsch est un au- teur dramatique allemand qui a Ă©mergĂ© Ă  la fin des annĂ©es 1990. En 1987, la parution de son roman Cherubim fait une sortie trĂšs remarquĂ©e. Il Ă©crit de nombreuses piĂšces (Chro- ma, Hydra Krieg, Bach et Wondreber Totentanz) ainsi que des monolo- gues (Sense, Jenseits, Nico et Das Rad des GlĂŒcks) pour la scĂšne, la radio et le cinĂ©ma. Il publie de la prose (Steinbruch et Stechapfel), et tourne plu- sieurs films (Das sind die Gewitter in der Natur, Ich wie ein Vogel et Faust Sonnengesang I). Ses Ɠuvres ont reçu plusieurs prix, notamment le Prix Robert-Walser, le Prix des aveugles de la guerre et le Prix Else-Lasker-SchĂŒler. Sa piĂšce radiophonique Enigma Emmy Göring obtint le prix de la meilleure piĂšce radiophonique en 2006, le Prix allemand de la piĂšce radiophonique 2007, organisĂ© par ARD, et le prix allemand du livre audio 2008. Werner Fritsch est membre du Club PEN et de l’acadĂ©mie des Beaux Arts bava- rois. Il vit entre HendelmĂŒhle et Berlin. Ruth Orthmann est traductrice, de nationa- litĂ© allemande et fran- çaise. Elle est installĂ©e en France depuis 1985. Elle a fait des Ă©tudes de Lettres et de ThĂ©Ăątre Ă  la Sorbonne Nouvelle tout en suivant une formation de comĂ©dienne auprĂšs d’Antoine Vitez Ă  L’École de Chaillot. Elle joue notamment sous la direc- tion d’AndrĂ© Engel, Yannis Kokkos et Eloi Re- coing. Elle collabore aux mises en scĂšne d’AndrĂ© Engel, de Jean-Louis Martinelli et de Jean-Louis Martinoty. Elle Ă©crit une nouvelle version des dialogues de l’opĂ©ra Oberon, de C.M. von Weber pour le ThĂ©Ăątre du Capitole en 2011. Outre un certain nombre d’articles et de sur-titrages pour la MC 93 de Bobigny, elle traduit, Ă  l’initiative de la Maison Antoine Vitez, Welcome Home, de Ruth Schweikert et DĂ©nommĂ© Gospodin, de Phi- lipp Löhle. Avec une bourse du Goethe Institut elle traduit Les Accapareurs, de Philipp Löhle. En collaboration avec Eloi Recoing, elle traduit le ThĂ©Ăątre complet de Heinrich von Kleist (Ă©d. Actes Sud-Papiers), Franziska et L’esprit de la BIOGRAPHIES Oser le dire
 Pouvoir le faire ? (premier volet) : textes de Philipp Löhle, Werner Fritsch et Art Grabov, les 20, 22, et 23 juin 2012 au Goethe Institut, dans une mise en scĂšne de Patrizia Buzzi Barone. Une crĂ©ation originale de l’asso- ciation Arti e Parole. Second volet prĂ©vu pour la rentrĂ©e de septembre 2012. SPECTACLE
  • 8. PrĂ©sidente : Patrizia Buzzi Barone Responsable du journal : Claire Lintignat Conception graphique et maquette : Jules Le Barazer Diffusion : Arti e parole Association loi 1901 – Siret n°483 328 068 00018 – Licence entrepreneur de spectacle N°7501586 ARTI E PAROLE 20 rue de l’UniversitĂ© 75007 PARIS tĂ©l : +33 (0)1 42 60 49 61 / fax : +33 (0)1 42 60 64 01 contact@artieparole.com www.artieparole.com 8/8 Nous remercions pour son accueil la Librairie du ThĂ©Ăątre du Rond-Point, partenaire du Journal Le Cercle, en la personne de sa directrice Claudia de Bonis. terre, de Frank Wedekind (Ă©ditions thĂ©Ăątrales), Le constructeur Solness, d’Ibsen (Ă©d. Actes Sud- Papiers), et TĂȘtes rondes et tĂȘtes pointues, de Brecht (l’Arche Éditeur). Depuis la fondation de la Maison Antoine Vitez, elle est membre du comitĂ© allemand dont elle est la coordinatrice depuis janvier 2008. CĂ©cile Bocianowski est traductrice. NĂ©e en France d’un couple franco-polonais, elle est diplĂŽmĂ©e de Lettres de la Sorbonne et de Lettres polonaises de l’Univer- sitĂ© de Varsovie oĂč elle a vĂ©cu plusieurs annĂ©es. Elle prĂ©pare une thĂšse de LittĂ©rature comparĂ©e Ă  la Sorbonne sur les dramaturgies du grotesque en Europe au XXe siĂšcle. Ses recherches portent sur le thĂ©Ăątre europĂ©en, en particulier polonais, ita- lien, espagnol et francophone. Elle a traduit des piĂšces de MichaƂ Walczak, jeune talent du thĂ©Ăątre polonais contemporain et la derniĂšre piĂšce de Tadeusz SƂobodzianek, Notre Classe, qui a reçu le prix Nike 2010, le prix littĂ©raire le plus impor- tant en Pologne. Elle anime des rencontres avec des auteurs, elle collabore avec les universitĂ©s de la Sorbonne et de Varsovie pour des traductions littĂ©raires et universitaires ainsi qu’avec la revue Slavica Bruxellensia de l’UniversitĂ© de Bruxelles. Elle est l’auteur des sous-titres du film Koniec Nocy, projetĂ© dans le cadre du festival « ƁódĆș en Seine » Ă  Paris en 2010. Elle corĂ©dige aux Presses Universitaires de Varsovie un premier volume bi- lingue consacrĂ© aux inĂ©dits de la traduction polo- naise autour de la piĂšce naturaliste La Morale de Mme Dulska de Gabriela Zapolska, et prĂ©pare le second volume Fantazy, de Juliusz SƂowacki. Portraits accompagnant les biographies © Nathaniel Baruch JE SOUTIENS LE CERCLE ! En vous abonnant ou en offrant un abonnement vous soutenez directement Le Cercle. A partir de 10€ par an* PARLEZ-EN ! Faites connaĂźtre Le Cercle Ă  vos amis en France et Ă  l’étranger. Retrouvez tous nos numĂ©ros, en version trilingue, sur le site www.artieparole.com Claire Lintignat, Philipp Löhle, Ruth Orthmann, Werner Fritsch, Art Grabov et CĂ©cile Bocianowski © Nathaniel Baruch Ce projet est financĂ© par la Commission EuropĂ©enne. Les publications reflĂštent uniquement le point de vue de l’auteur et la Commission ne peut pas ĂȘtre tenue responsable de l’usage des informations contenues dans ce support de communication. * chĂšque Ă  l’ordre d’Arti e Parole, Ă  l’adresse indiquĂ©e ci-dessous, en prĂ©cisant : nom, prĂ©nom, adresse, e-mail et tĂ©lĂ©phone de l’abonnĂ©.