Alternatives Economiques Poche
poche
p o c h e
Entreprendre
autrement
Entreprendre autrement en Poitou-Charentes
en Poitou-Charentes
■ Une économie écologique, solidaire
et créatrice d’emplois
■ Tout savoir pour créer son entreprise
et consommer autrement
En partenariat avec
Avant-propos
Une autre économie
est possible
F
ace à la crise que nous traversons, il existe une économie
sociale, solidaire et écologiquement responsable, dont la
finalité n’est pas que financière. Celle-ci tente de restaurer
les équilibres sociaux, territoriaux et environnementaux,
et contribue à l’élaboration d’un autre modèle pour vivre
autrement. En Poitou-Charentes, ce mouvement, incarné notamment par les
acteurs de l’économie sociale et solidaire (associations, coopératives, mutuelles
et fondations), est actif depuis très longtemps.
Elaboré en collaboration avec le conseil régional de Poitou-Charentes, ce
guide d’Alternatives Economiques a pour ambition d’illustrer une des formes que
peut emprunter cette « autre » économie, qui entend promouvoir une économie
soutenable. Vous y trouverez des informations pratiques et des portraits de celles
et ceux qui en sont les acteurs.
Economie pour vivre autrement, croissance verte, nouveau dialogue social… :
autant d’expressions que les trois premières parties de ce guide tentent d’illustrer
par des focus sur des initiatives aussi diverses que, par exemple, la production
de voitures électriques ou les groupements d’employeurs.
Si vous avez des projets pour créer une entreprise ou réorienter votre pro-
duction vers des biens plus écologiques, si vous souhaitez vous investir dans
l’économie sociale et solidaire, la quatrième partie, « Entreprendre autrement »,
vous aidera à choisir le statut le mieux adapté et vous donnera des pistes pour
créer et développer votre activité.
La cinquième partie de ce guide s’adresse plus particulièrement à celles et ceux
qui cherchent à consommer autrement. Alimentation, logement, santé, services
aux personnes, mais aussi biomatériaux, photovoltaïque… : les domaines sont
nombreux où chacun d’entre nous, par ses choix de consommation, peut par-
ticiper à une économie plus humaine. Dans tous les aspects de la vie courante,
des entreprises et des associations proposent des produits qui s’inscrivent dans
une démarche écologiquement et socialement responsable.
Enfin, ce guide se conclut sur les actions conduites au niveau international,
car l’élaboration de nouvelles solidarités entre les populations et les cultures sont
aussi l’une des expressions d’un nouveau modèle économique plus équilibré.
Ainsi, que vous soyez consommateurs, épargnants, élus locaux, créateurs
d’entreprise ou salariés, ce guide a pour vocation de vous accompagner dans la
recherche d’une économie ancrée dans son territoire régional ; une économie
qui tient compte des enjeux sociaux et environnementaux.
David Belliard
Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011 -
Entreprendre autrement en Poitou-Charentes – Chapitre i
Une économie
pour vivre autrement
Une économie
pour vivre autrement
C’est en s’appuyant sur une économie sociale
et solidaire depuis longtemps présente sur son
territoire que la région Poitou-Charentes fait face
aux défis sociaux et environnementaux actuels.
F. Roch - Région Poitou-Charentes
Constructions basse consommation près de Niort, dans les Deux-Sèvres. Développer une économie pour
vivre autrement, c’est notamment soutenir de nouvelles filières, comme celle de l’éco-construction.
- Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011
Une économie
pour vivre autrement
Une économie sociale,
solidaire et écologique
La région peut s’appuyer sur de nombreuses expériences, parfois an-
ciennes, pour développer une économie sociale, solidaire et écologique.
L e Poitou-Charentes est depuis très longtemps un lieu où s’inventent de
nouvelles formes d’économie et de solidarité entre les populations et
les territoires. Ainsi, pour répondre aux besoins ponctuels de main-d’œuvre
des exploitants agricoles et des artisans, tout en permettant aux salariés de
bénéficier d’un véritable contrat de travail, des groupements d’employeurs
se sont développés dès les années 1980. Ils représentent aujourd’hui un
modèle alternatif à celui du travail intérimaire, qui répond tout à la fois
aux besoins de flexibilité des entreprises et à ceux des salariés de voir leurs
parcours professionnels sécurisés (voir page 33).
Vers un nouveau modèle
Autre exemple emblématique, plusieurs mutuelles d’assurance ont leur
siège dans les Deux-Sèvres, notamment à Niort. Plusieurs d’entre elles,
comme la Maif, la Macif ou la Maaf, sont des poids lourds dans le secteur
de l’assurance des biens et des personnes. Organismes à but non lucratif,
elles constituent une alternative aux assurances privées. Au départ, elles ne
regroupaient que quelques milliers de personnes. Aujourd’hui, elles comp-
tent plusieurs millions de sociétaires. Elles marquent la réussite, dans le
L’économie sociale et solidaire en Poitou-Charentes
Née au XIXe siècle afin d’orienter la production compte autour de 70 000 emplois, répartis dans
de biens et de services vers l’intérêt du plus grand près de 7 000 structures, dont plus de 5 500 asso-
nombre, l’économie sociale applique une gouver- ciations, 1 167 coopératives, 224 mutuelles et 14 fon-
nance fondée sur le principe « une personne = une dations. Le secteur est en pleine croissance. En
voix ». C’est dans les années 1970 que le concept témoigne sa progression dans la région depuis
d’économie solidaire fait quant à lui son apparition, 2004 : 30 % d’entreprises et 20 % de salariés en
mettant en avant des activités économiques alter- plus. Cette économie représente désormais 1 sala-
natives pour les personnes en situation d’exclusion. rié sur 6 dans le secteur privé.
En 1981, l’économie sociale et solidaire (ESS) est L’ESS en Poitou-Charentes voit une part importante
officiellement reconnue. Gestion démocratique, de ses activités consacrées à la finance et à l’assu-
mixité des ressources, non-lucrativité individuelle, rance. Cette spécificité vient de son histoire, la ville
utilité collective ou sociale du projet constituent de Niort étant connue pour être la capitale des
les piliers de cette autre économie (voir également mutuelles. La préfecture des Deux-Sèvres abrite
encadré page 37). ainsi les sièges nationaux de grandes mutuelles
Sur la base d’une exploitation de l’étude « Connais- d’assurance comme la Maif, la Macif ou la Maaf.
sance locale de l’appareil productif » de l’Insee (2008), Gaëtan Briard
ce secteur représenterait 12,5 % de l’emploi salarié
en Poitou-Charentes. Une proportion qui place la • Pour en savoir plus : le site de l’Observatoire natio-
région en troisième position des régions françaises nal de l’économie sociale et solidaire www.cncres.org/
dans ce domaine. L’économie sociale et solidaire y accueil_cncres/observatoire_de_less
Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011 -
Entreprendre autrement en Poitou-Charentes – Chapitre i
Une économie
pour vivre autrement
secteur de l’assurance, d’un modèle mutualiste qui s’appuie sur des valeurs
de solidarité et de coopération.
Aujourd’hui, face à la crise économique et écologique et à l’accroisse-
ment des inégalités, ces valeurs constituent des ressources pour inventer
un nouveau modèle de développement qui intègre les contraintes envi-
ronnementales et participe à réduire les fractures sociales et territoriales.
Création de produits écologiques, mise en place de nouveaux modes de
production rejetant moins de gaz carbonique, développement d’une agri-
culture biologique…, cette croissance verte (voir pages 16 et suivantes) ouvre
de nouvelles perspectives pour l’amélioration de la qualité de vie et génère
des emplois d’un nouveau type.
Les pouvoirs publics en première ligne
Dans cette transformation de notre modèle de développement, les pouvoirs
publics ont un rôle important à jouer. Ainsi, la Région Poitou-Charentes a
engagé une politique qui se traduit par la création et la mise en place d’un
ensemble d’outils et de dispositifs. Ces derniers permettent à la fois d’ini-
tier de nouveaux projets et de les accompagner, et tentent aussi de garantir
leur pérennité. La Région constitue un interlocuteur essentiel pour les
entreprises qui souhaitent orienter une partie ou la totalité de leur activité
vers des productions écologiques et des modes d’organisation favorisant
la coopération et le respect des salariés. Financeur, mais aussi partenaire
dans le cas de certains projets, comme pour Mia Electric et la production
d’automobiles électriques (voir article ci-après), le conseil régional soutient
de nouvelles filières industrielles.
Soucieux de développer l’activité régionale, il encourage une économie
de proximité, qui bénéficie d’abord aux territoires sur lesquels elle est im-
plantée. Pour cela, il favorise les circuits courts, c’est-à-dire réduisant le
nombre d’intermédiaires et la distance géographique entre le producteur et
le consommateur, et a mis en place des outils de sécurisation des parcours
professionnels (voir pages 27 et suivantes).
Cette stratégie intègre les volets social, écologique et économique, et ce
d’autant plus que la collectivité régionale soutient le développement d’un
marché pour les produits issus de la croissance verte. En effet, afin de favo-
riser leur utilisation par les consommateurs, des aides sont proposées. Par
exemple, la Région a soutenu l’acquisition par les particuliers de panneaux
solaires. De la même manière, les investissements en matériels d’aménage-
ment, d’équipement et de stockage des eaux de récupération peuvent faire
l’objet de subventions.
Comment ce modèle économique, porteur d’un mieux-vivre ensemble,
se met-il en place dans la région ? Cette partie est là pour répondre à la
question.
David Belliard
10 - Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011
Une économie
pour vivre autrement
Une logique différente
Gérard Andreck, président du groupe Macif, revient sur les principes
de fonctionnement des mutuelles et les valeurs qui les fondent.
Vous soulignez sur le site de la Macif que celle-ci n’est pas une entreprise
D. R.
d’assurances tout à fait comme les autres. Pouvez-vous préciser ?
La Macif est une entreprise d’économie sociale. A ce titre, elle n’est pas
dans la même logique économique qu’une société d’assurances tradition-
nelle. Cette dernière se situe dans une démarche de rentabilité à court terme
et défend des intérêts individuels, son bénéfice est reversé aux actionnaires Gérard Andreck,
selon leur apport en capital. Alors que la Macif est une société de personnes président du groupe
Macif
rassemblées autour d’un projet commun : se protéger mutuellement aux
meilleures conditions possibles. Ainsi, nos sociétaires sont collectivement
assureurs et individuellement assurés ; les fruits de la performance profitent
à tous de la même manière.
Pour quelles raisons les mutuelles se sont-elles créées et/ou installées
en Poitou-Charentes ?
Deux raisons expliquent l’implantation historique des mutuelles dans le
bassin niortais. La première est qu’il existe en Poitou-Charentes une culture
d’économie sociale très ancienne, particulièrement en matière de coopéra-
tives agricoles. C’est de cette culture que se sont inspirés les instituteurs pour
créer leur mutuelle d’assurance en 1934 : la Maif. La seconde raison réside
dans le phénomène de « contagion » qui a eu lieu ensuite dans cette région.
Devant le succès rencontré par la Maif, les artisans ont repris l’idée, et c’est
ainsi qu’est née la Maaf en 1950. Dix ans plus tard, des petits commerçants
et des patrons de PME, soutenus par la Maif et la Maaf, ont à leur tour créé
leur propre mutuelle, la Macif, mutuelle d’assurance des commerçants et
industriels de France.
Comment expliquez-vous le succès des mutuelles depuis leur création ?
Les mutuelles en général, qu’elles assurent des personnes ou des biens,
agissent en quelque sorte comme des groupements de consommateurs qui
tirent leur force de leur nombre. La finalité de ce collectif, une fois encore, est
de se protéger aux meilleures conditions possibles, selon le meilleur rapport
qualité/prix, en faisant jouer la solidarité. Si l’on y ajoute une gestion démo-
cratique et la recherche d’un développement durable, je pense que l’on a les
principales raisons qui font le succès des mutuelles, et plus globalement de
l’économie sociale.
Propos recueillis par D. B.
Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011 - 11
Entreprendre autrement en Poitou-Charentes – Chapitre i
Une économie
pour vivre autrement
Des initiatives pour inventer
une autre économie
Deux initiatives illustrent l’évolution de l’économie régionale vers un
modèle favorisant la production de biens innovants, plus respectueux de
l’environnement, ou de nouveaux liens de solidarité entre les salariés.
Mia ou la voiture électrique comme défi régional
La Mia est une « Nous avons atteint nos prévisions ! La production de nos voitures élec-
voiture d’appoint, triques commencera avant l’été 2011, et plusieurs contrats de vente avec des
destinée
aux entreprises collectivités comme La Rochelle, Nice, Niort ou Caen ont été signés. Nous
et aux collectivités,
devrions atteindre nos objectifs de vente. » Laurent Buffeteau, PDG de Mia
mais aussi
aux particuliers.. Electric, ne cache pas sa satisfaction de voir bientôt sortir des chaînes de
production ces véhicules électriques d’un nouveau
genre destinés en premier lieu aux entreprises
et aux collectivités, mais aussi aux particuliers,
comme voitures d’appoint non polluante. Il faut
dire que la société revient de loin. En 2009, le sous-
traitant automobile, qui s’appelait alors encore
Heuliez, a été menacé de liquidation judiciaire
et a essuyé le refus d’aide du Fonds stratégique
d’investissement (FSI), piloté par l’Etat, de lui
accorder une aide de 10 millions d’euros. Mais
la mobilisation de ses salariés et de sa direction
ainsi que celle des collectivités locales, comme le
conseil régional, ont permis à l’entreprise de ne
pas disparaître et de mettre au point un modèle
de véhicule électrique novateur.
La Région actionnaire
Dès janvier 2008, un appel à projets régional
a été lancé pour développer une filière de pro-
duction de véhicules électriques sur le territoire
picto-charentais. En investissant 5 millions d’euros
dans Mia Electric, la Région a ainsi permis à cette
entreprise d’assurer la phase de conception de ses
nouveaux produits. Les fonds débloqués ont en outre
favorisé sa recapitalisation dans le cadre d’un parte-
nariat avec Kohl, un industriel allemand, qui en est
aujourd’hui l’actionnaire principal. « L’investissement
de la Région était certes risqué, mais la collectivité
est devenue un partenaire stratégique majeur pour
D. R.
Mia Electric », souligne Laurent Buffeteau. Loin de
12 - Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011
Une économie
pour vivre autrement
limiter ses financements à de simples subventions, la Région est aujourd’hui,
avec 30 % des parts, l’un des actionnaires de la PME. C’est la première fois
qu’une collectivité régionale participe au capital d’une entreprise privée. Elle
la soutient ainsi dans son développement. La garantie pour un prêt bancaire
de 8 millions d’euros que le conseil régional a apportée afin de permettre à
la société de poursuivre son activité en est une illustration.
En outre, le maintien de l’emploi et le renforcement des compétences
des salariés de Mia Electric ont aussi été une des priorités. Le programme
de sécurisation des parcours professionnels (voir encadré page 29) a ainsi
permis d’éviter des licenciements en proposant aux salariés, pendant la pé-
riode d’activité restreinte de l’entreprise, des formations tout en maintenant
une grande partie de leur rémunération. Mia Electric peut ainsi s’appuyer sur
ces personnels pour développer sa production. Et alors qu’elle ne comptait
que 35 salariés en 2010, elle en emploie actuellement près de 200, et devrait
atteindre les 250 dans la phase de production en série.
« Mais le soutien de la Région ne s’arrête pas à ses financements directs,
ajoute Laurent Buffeteau. La collectivité nous aide aussi en favorisant l’achat
de véhicules électriques et en participant activement à la communication de
l’entreprise sur ses produits. » En effet, outre les actions de communication
effectuées par les représentants du conseil régional, des aides à l’achat de
véhicules électriques permettent aux particuliers d’en acquérir un au prix
de 13 500 euros, tandis que la Région a déjà passé commande de véhicules
pour compléter sa flotte automobile.
Connaître les aides du conseil régional de Poitou-Charentes
La Région Poitou-Charentes a conçu de nombreuses page 30), mis en place depuis la fin 2010 à desti-
aides pour soutenir la formation et encourager nation des 15-25 ans. Les porteurs de projets in-
l’entrepreneuriat et la « consommation verte ». Le novants y trouveront également les aides qui leur
site du conseil régional, www.poitou-charentes.fr, sont consacrées. Les dispositifs en faveur d’une
présente dans sa rubrique « La Région vous aide » économie sociale, solidaire et écologique y sont
l’ensemble des dispositifs disponibles. eux aussi décrits (voir aussi page 55). De plus, les
Pour chaque dispositif, vous pouvez savoir qui personnes souhaitant développer une activité dans
sont les bénéficiaires potentiels, quel est le mon- les secteurs sanitaire, social ou culturel pourront
tant de l’aide, quelles sont les conditions d’ob- trouver des informations précieuses sur les soutiens
tention et les démarches administratives à ac- financiers créés par la Région.
complir. Le portail classe les aides soit par profil Enfin, que vous ayez un projet de création ou de
de structures (association, entreprise, etc.), soit reprise en Scop, d’entreprises innovantes ou d’as-
par thème (croissance verte et emploi, éducation sociations, que vous cherchiez à consommer autre-
et formation, culture et sport, etc.). Cette naviga- ment ou que vous souhaitiez obtenir des informa-
tion, très simple, permet de connaître rapidement tions sur des initiatives innovantes en termes de
les aides auxquelles vous pouvez prétendre, que dialogue social, ce guide recense de nombreuses
vous soyez salarié, entrepreneur, jeune diplômé, aides et soutiens régionaux.
ou que vous souhaitiez acheter un véhicule, même G. B.
un vélo, électrique !
La Région offre en effet un large éventail de • Retrouvez le détail de toutes ces aides sur le site du
soutiens financiers. Le portail reprend ainsi en conseil régional (www.poitou-charentes.fr/services-en-
détail le Pacte pour l’emploi des jeunes (voir aussi ligne/guide-aides) et tout au long de ce guide.
Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011 - 13
Entreprendre autrement en Poitou-Charentes – Chapitre i
Une économie
pour vivre autrement
Cepam : de la crise à la Scop
« En 2008, nous étions comme un bateau sans capitaine, se souvient
Christabelle Chollet, PDG de Cepam, société industrielle spécialiste du lam-
bris décoratif. Mais nous n’avions pas envie de couler ! » De cette volonté des
cadres de l’entreprise et de ses salariés va naître le projet de reprise sous forme
de société coopérative de production (Scop). Alors qu’en septembre 2008,
Cepam est à vendre, les salariés se mobilisent pour continuer de livrer les
clients et se lancent dans la constitution d’un dossier de reprise de la société.
Ils s’appuient pour cela sur l’aide des responsables de l’union régionale des
Scop et sur la mobilisation des acteurs locaux (commune de Mauzé-sur-le-
Mignon, dans les Deux-Sèvres, la communauté d’agglomération de Niort
et le conseil régional). « C’était un très gros travail, souligne Christabelle
Chollet, mais nous savions que Cepam bénéficiait d’une compétence et d’un
savoir-faire reconnus en France comme en Europe. »
Après un plan social, le projet de reprise aboutit : 62 salariés sur 80
investissent en moyenne l’équivalent de deux mois de salaire dans la coo-
pérative (ils seront 70 quelques mois plus tard) et la société bénéficie d’un
capital de 360 000 euros (420 000 euros en 2011), suffisant pour répondre
aux engagements courants.
Des acteurs locaux mobilisés
Cette reprise s’accompagne d’un recentrage de l’entreprise, qui s’était
fortement diversifiée, sur ses activités historiques liées au lambris décoratif,
marché sur lequel elle est très compétitive. « Le rôle des acteurs locaux a été
Un « fonds de résistance » régional pour le photovoltaïque
« En France, le secteur du photovoltaïque estiment que près de 25 000 emplois se-
est en surchauffe », a estimé le gouver- raient ainsi menacés.
nement, qui craint une importation mas- La Région, qui a développé un plan solaire
sive et polluante de panneaux chinois à de près de 400 millions d’euros depuis
bas coût. Le 22 février 2010, le Premier janvier 2008, a de ce fait décidé de créer
ministre a présenté un « fonds de résistance photovoltaïque ».
Le saviez-vous ?
La France se situe en quatrième de nouvelles règles Des financements seront alloués pour
position sur le marché européen du jeu pour cette aider les installateurs de panneaux à main-
de la production d’énergie filière. Principales tenir ou reprendre leur activité. Une société
solaire d’origine photovoltaïque.
mesures : une baisse d’économie mixte régionale gérera ce
Sa puissance photovoltaïque est
de 20 % du tarif de dispositif qui sera doté d’un plan d’inves-
loin derrière celle de l’Allemagne,
de l’Italie et de la République rachat de l’électricité tissement pour développer la capacité de
tchèque. Ainsi, sa production était solaire aux particu- production photovoltaïque d’énergie. Plan
en 2010 sept fois plus faible que liers, la mise en place d’investissement qui sera financé sur les
celle de son voisin d’outre-Rhin. d’appels d’offres crédits du Plan énergie solaire régional,
pour les installations en place depuis plusieurs années. L’objec-
les plus puissantes et des exigences en- tif de ces mesures est de favoriser la
vironnementales accrues. production de panneaux solaires en France
Ces mesures sont vues par les acteurs et de créer les conditions économiques
de la filière photovoltaïque de la région favorables au développement de la filière.
Poitou-Charentes comme un coup dur. Ils Juliette Raynal
14 - Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011
Une économie
pour vivre autrement
D. R.
essentiel, estime Christabelle Chollet. Ainsi, la communauté d’agglomération Cepam a été reprise
par ses salariés
niortaise nous vend en crédit-bail les locaux que nous occupons et Cepam en en coopérative
sera propriétaire en 2016. En outre, les salariés qui ont souhaité devenir asso- en 2008. Au final,
70 d’entre eux,
ciés de la coopérative ont été aidés par le conseil régional qui a abondé leur sur 80, ont investi
participation à hauteur de 160 000 euros au total », grâce au dispositif Bourse dans son capital.
tremplin pour l’emploi.
Toutefois, pour assurer sa pérennité, Cepam doit faire face à de nouveaux
défis. Si elle connaît une croissance régulière de son chiffre d’affaires, la
Scop souhaite se positionner auprès de nouveaux marchés et développer
son activité à l’international. Pour cela, elle investit massivement dans la
formation de toutes ses équipes, au travers d’un plan qui a reçu l’aide de
l’Etat et du conseil régional. L’entreprise, déjà leader sur son marché, semble
trouver dans sa transformation en Scop une nouvelle énergie.
D. B.
• Pour en savoir plus :
– Sur Mia Electric : www.mia-electric.com
– Sur les aides régionales pour acquérir un véhicule électrique : www.poitou-charentes.fr Cliquez
sur « La région vous aide/Particulier », rubrique « Transports propres ».
– Sur Cepam : www.cepam.com
– Sur les aides pour financer une création ou une reprise d’activité en Scop : voir pages 41 et 55.
– Sur le statut de Scop : voir page 38.
Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011 - 15
Vivre autrement en Poitou-Charentes – Chapitre ii
Pour une croissance
verte
Pour une croissance
verte
Répondre aux nouveaux enjeux environnementaux
et créer des emplois, tel est le double objectif
de la croissance verte.
A. Montaufier
Entreprise SVO Eco-industrie, basée dans la Vienne. Cette société, comme 900 autres ainsi que
de nombreux chercheurs, est membre du Pôle des éco-industries créé par la Région afin de soutenir
l’innovation en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
16 - Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011
Pour une croissance
verte
Allier les exigences
environnementales et sociales
Les modes de production en Poitou-Charentes intègrent de plus en
plus les exigences environnementales tout en favorisant l’emploi. Une
transformation portée par de nombreuses initiatives locales et encou-
ragée par la Région.
L a dégradation de notre environnement, marquée notamment par de graves
dérèglements climatiques, exige de profonds changements dans notre façon
de produire et de consommer. Et sur un autre front, les inégalités sociales ne
cessent de se creuser. Notre modèle de développement économique doit donc
évoluer pour favoriser l’égalité sociale et répondre aux enjeux environnemen-
taux, afin de sortir de la logique d’une production à court terme qui ne prend
pas en compte le caractère limité de nos ressources naturelles.
L’évolution des technologies et des pratiques, associée à la volonté de
nombreux acteurs économiques et porteurs de projets innovants, suscite
l’espoir de cette transformation et d’une croissance « verte ». Des politiques
publiques fortes et volontaristes soutiennent le développement d’une activité
économique dont l’objectif est d’allier excellence environnementale et sociale
et création d’emplois. Elles favorisent les projets centrés sur l’amélioration de
notre qualité de vie, la préservation de nos ressources naturelles, la réduction
de notre dépendance vis-à-vis de matières fossiles limitées, comme le pétrole,
ou du nucléaire, et une meilleure répartition des richesses produites.
Près de 900 millions d’euros investis
Le Poitou-Charentes est engagé dans la conversion écologique de son
économie. Depuis 2004, l’excellence environnementale est une priorité de la
politique menée par la conseil régional. Cette orientation s’est traduite par
un investissement de plus de 870 millions d’euros dans des projets porteurs
d’une croissance « verte » et l’adoption, en juillet 2009, d’un Agenda régional
pour la conversion écologique de l’économie et de la croissance verte en
faveur de l’emploi. De nouvelles mesures, annoncées en 2010, concernant
la création de villages écologiques, des aides à l’isolation des logements et
le triplement de la production d’énergies renouvelables d’ici 2020, viennent
renforcer le panel de celles déjà existantes. Elles sont destinées à développer
des domaines aussi essentiels que l’éco-habitat, les énergies renouvelables
ou encore l’agriculture biologique.
Pour mener à bien cette politique, de nombreux outils ont été créés à la
demande des différents acteurs concernés. Ainsi, les pôles des éco-industries
ou de conversion bio sont devenus des interlocuteurs pour les entreprises
et exploitations agricoles (voir respectivement pages 21 et 25). En outre, en
participant financièrement à des fonds d’investissement ou encore à un centre
Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011 - 17
Entreprendre autrement en Poitou-Charentes – Chapitre ii
Pour une croissance
verte
d’expertise et de transferts technologiques spécialisé dans la valorisation des
déchets (Valagro carbone renouvelable Poitou-Charentes), la Région propose
moyens technologiques et savoir-faire aux acteurs industriels qui souhaitent
réorienter leurs productions vers les secteurs de la croissance verte. Par
ailleurs, depuis plusieurs années, de nombreux appels à projets régionaux
concernant les éco-produits et éco-procédés ont été lancés. Ils ont permis le
développement de produits innovants à prix compétitifs et la diversification
de plus de 100 entreprises.
La région Poitou-Charentes affiche aujourd’hui un niveau de créations
d’entreprises très élevé, qui a doublé en 2009 par rapport à 2008, pour atteindre
plus de 14 000 créations. L’excellence environnementale, la priorité donnée
au lien social autour de la valorisation des savoir-faire et des compétences
présents sur le territoire, la production décentralisée d’énergies renouvelables
et le soutien à des filières industrielles vertes comme le photovoltaïque ou la
voiture électrique ouvrent des perspectives de créations d’emplois.
Dans ce chapitre, plusieurs éclairages et exemples vous sont donnés pour
mieux comprendre la croissance verte et ses enjeux, ainsi que les politiques
régionales menées dans ce domaine.
David Belliard
« La Région a un rôle
essentiel d’entraînement »
Le conseil régional de Poitou-Charentes mène une politique volonta-
riste en matière de mutation écologique, sociale et solidaire de son
économie. Explications avec Jean-François Macaire, conseiller régional
et président de la commission en charge de ce sujet.
En quoi consiste la mutation écologique, sociale et solidaire de
D. R.
l’économie ?
Il s’agit de faire évoluer les acteurs économiques vers des procédés de
fabrication et des produits plus respectueux de l’environnement. Par exemple,
l’automobile migre vers le véhicule propre ou l’agroalimentaire vers une
Jean-François agriculture labellisée « biologique ». Plus largement, ce sont tous les secteurs
Macaire, d’activité de la région, les transports, le bâtiment, l’énergie, qui peuvent
président
de la Commission être réorientés vers ces nouveaux produits et marchés. Les perspectives de
croissance verte
croissance sont très importantes.
et mutation écologique,
sociale et solidaire Cette réorientation de notre modèle économique appelle de nombreuses
de l’économie au sein
du conseil régional activités complémentaires. En travaillant sur des procédés de production qui
Poitou-Charentes consomment moins de ressources et génèrent moins de déchets, nous créons
de la valeur ajoutée. L’exemple des déchets est à ce titre révélateur. En utilisant
l’énergie qu’ils sont en capacité de produire dans des processus industriels, ce
18 - Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011
Pour une croissance
verte
qu’on considérait comme inutilisable prend de nouveau de la valeur. C’est le
principe de l’écologie industrielle qui, sur certaines zones d’activité, voit des
entreprises échanger qui l’énergie produite par de la vapeur, qui des matières
usagées. Ce qui est inutile pour les uns devient utile pour les autres.
Quelles sont les conséquences de cette transformation sur le travail ?
Ce modèle a deux avantages pour les salariés. D’abord, il crée de l’emploi par
la multiplication de nouvelles activités liées à la mise en œuvre de la mutation
écologique de l’économie. Car les entreprises sont incitées à chercher au plus
près de leurs lieux de production leurs fournisseurs et leur main-d’œuvre. La
croissance verte s’appuie sur une logique de solidarité territoriale forte, et
limite les délocalisations de l’activité. Le second avantage pour les salariés
réside dans l’amélioration de leurs conditions de travail et un dialogue social
de qualité. La conversion de l’économie ne peut être obtenue sans l’adhésion
des salariés à ce nouveau modèle de production.
ZOOM / VIENNE Objectif zéro énergie fossile pour le lycée Kyoto
Le lycée Kyoto de Poitiers a accueilli ses premiers La conception architecturale a également été
élèves en septembre 2009. Nommé ainsi en référence optimisée via une enveloppe isolante qui entoure
au traité international de réduction des émissions les bâtiments. Les murs en béton conservent ainsi
de gaz à effet de serre signé en 1997, il a pour la chaleur ou la fraîcheur ambiante selon les saisons.
particularité de fonctionner entièrement avec des De la sorte, l’inertie thermique est garantie.
énergies propres. Une installation de panneaux solaires photo-
Sous la direction de l’architecte François Gillard et voltaïques de 800 m2 permet quant à elle de chauf-
à l’initiative de la Région, le projet a débuté en 2004. fer les lieux et assure une partie de la production
L’idée était de construire un complexe écologiquement électrique. Celle-ci est agrémentée d’un système
propre d’une superficie totale de 16 500 m², pouvant de micro-cogénération [1] qui fonctionne à partir
accueillir 500 lycéens des branches hôtelières et d’huile de colza. Toutefois, la production énergétique
agricoles et un internat de 54 logements. L’économie des panneaux solaires reste insuffisante pour cou-
d’énergie a été placée au cœur des travaux de construc- vrir l’ensemble des besoins du lycée. Ainsi, la partie
tion. L’été, ce sont les ouvertures situées au plafond cuisine est contrainte d’utiliser du gaz. La consom-
de la verrière qui assurent la ventilation naturelle. mation du bâtiment en chauffage reste cependant
L’hiver, une cuve de 1 000 m3 stocke l’eau qui est 12 fois moins importante que celle d’un lycée
chauffée grâce à un incinérateur d’ordures proche. conforme aux normes thermiques 2004 et celle en
électricité est 32 fois inférieure.
Depuis son inauguration, le lycée Kyoto s’efforce
d’ancrer son activité dans une démarche respectueuse
de l’environnement. Ainsi, de nombreuses manifes-
tations sont régulièrement organisées autour de ce
sujet : débats autour de la déforestation, projection
de documentaires ou encore expositions et animations
sur le thème de la réduction des déchets ménagers
Région Poitou-Charentes
réalisées par les élèves. Juliette Raynal
[1] La cogénération est un principe de production simultanée
d’électricité et de chaleur, la chaleur étant issue de la produc-
tion électrique ou le contraire. Le terme de micro-cogénération
désigne un système de très petite puissance électrique fonc-
tionnant selon ce principe.
Le lycée Kyoto, à Poitiers, a une consommation en chauffage
douze fois plus faible que celle d’un lycée bâti selon les normes • Pour en savoir plus : 26 av. de la Fraternité, 86000 Poi-
thermiques 2004. tiers, www.lycee-kyoto.eu
Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011 - 19
Entreprendre autrement en Poitou-Charentes – Chapitre ii
Pour une croissance
verte
Quel est le rôle du conseil régional dans ce changement ?
Ces changements ne se feront pas simplement par une évolution du
marché. La Région a un rôle essentiel d’entraînement. Elle initie, soutient
et accompagne cette transformation. Nous menons donc dans ce cadre une
politique très volontariste. Ainsi, par une série d’aides incitatives, la Région
accompagne les consommateurs et les acteurs économiques dans de nom-
breux domaines. Un fonds régional d’excellence environnementale, accessible
aux particuliers, mais aussi aux entreprises et aux collectivités, encourage les
achats plus respectueux de l’environnement et les entreprises à reconvertir
leur production vers ces nouveaux produits.
En outre, la Région impulse des projets et prend une part active dans
leur réalisation, comme pour la voiture électrique et le développement du
photovoltaïque [voir l’article page 12, traitant notamment de Mia Electric,
ZOOM La Scic Poitou-Charentes énergies renouvelables
De nombreuses entreprises
montrent par leur activité et leur
développement la pertinence de
la conversion écologique de l’éco-
nomie. Il en est ainsi de la société
coopérative d’intérêt collec-
Région Poitou-Charentes
tif (Scic, voir page 42) Poitou-
Charentes énergies renouvela-
bles (PCER), créée début 2008.
Basée à Poitiers, elle fait figure
de projet pilote en matière de
développement du photovoltaïque
Lycée Paul-Guérin, à Niort. La Scic Poitou-Charentes énergies renouvelables exploite
dans la région. Développeur et quatre centrales photovoltaïques comme celle installée sur le toit de ce lycée.
exploitant de centrales de pro-
duction d’électricité renouvelable, objectif est d’être un dynamiseur le Pôle des éco-industries. Cette
et dans un premier temps sur le dans ce secteur, précise Guillaume initiative rentre dans le cadre du
solaire, la Scic accompagne les Girard, un des deux salariés de Plan énergie solaire régional lancé
collectivités territoriales ou le la structure. Le but est de déve- en 2008. Mais l’objectif est de
secteur privé dans leur projet lopper des projets visibles pour développer à grande échelle l’en-
d’installation de tels équipements. inciter d’autres personnes à in- semble des énergies renouvelables
Son principe est de leur proposer vestir le créneau de l’énergie pour assurer une production et
des montages clés en main. photovoltaïque. » une consommation d’électricité
La coopérative intervient à tou- Après plus de deux ans d’acti- plus responsables et respectueuses
tes les étapes du projet : de la vité, le bilan est globalement de l’environnement. « Les recettes
pose des panneaux à leur main- positif : au premier trimestre 2011, générées par les premiers projets
tenance, en passant par leur la production de l’ensemble des doivent servir à en financer
exploitation. En effet, la Scic gère installations s’élevait à plus de d’autres », explique Guillaume
également l’exploitation de l’élec- 324 000 kWh, ce qui équivaut à Girard. Pour la Scic, l’activité ne
tricité ainsi produite, celle-ci la consommation de 129 foyers devrait donc pas faiblir.
pouvant être consommée sur composés chacun de quatre per- Gaëtan Briard
place ou acheminée vers un réseau sonnes.
de distribution. A moyen terme, A l’origine de ce projet, le conseil • Contact : Scic Poitou-Charentes
la coopérative ambitionne d’in- régional, EDF et la Caisse des dé- é n e r g i e s r e n o u v e l a b l e s, 3 r u e
vestir sur plus de 22 000 m 2 de pôts et consignations ont fédéré Raoul-Follereau, 86000 Poitiers,
toitures dans la région. « Notre des partenaires régionaux comme tél. : 05 49 50 77 25, site : www.pcer.fr
20 - Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011
Pour une croissance
verte
ainsi que, sur le photovoltaïque, le « Zoom » page ci-contre et l’encadré
page 14, NDLR]. Pour cela, nous nous appuyons sur le réseau de petites
et moyennes entreprises de Poitou-Charentes en mettant à leur disposi-
tion des moyens afin de s’orienter vers les nouveaux marchés créés par la
croissance verte et en favorisant les collaborations, comme le fait le Pôle
des éco-industries, labellisé pôle régional de compétitivité. Par ailleurs, le
Fonds de co-investissement Poitou-Charentes (FCI) permet d’investir dans
des PME régionales (voir page 22).
Quels sont vos prochains chantiers ?
Nous travaillons actuellement sur l’épargne salariale. Les épargnants sont
des acteurs économiques importants, qui peuvent participer au financement
d’une économie régionale. La création de fonds d’épargnants pourrait être
une piste à développer…
Propos recueillis par D. B.
« Notre pôle a pour priorité
de réduire les émissions
de gaz à effet de serre »
Le Pôle des éco-industries a pour mission de réduire, par l’innovation,
D. R.
les émissions de gaz à effet de serre. Pour ce faire, cette structure ras-
semble et soutient des entreprises, des chercheurs et des formateurs,
impliqués dans les éco-industries et les éco-activités. Entretien avec
Jacques Barbier, son président.
Jacques Barbier,
Comment est né le Pôle des éco-industries de Poitou-Charentes ? président du Pôle
des éco-industries
Celui-ci est né à la suite de plusieurs forums participatifs organisés en de Poitou-Charentes
Poitou-Charentes, à l’initiative du conseil régional, avec des industriels
autour de la question : peut-on créer de la richesse dans la région, et donc
Le Pôle des éco-industries
Le Pôle des éco-industries est un pôle de com-
pétitivité régionale dont la mission est de soute- climatiques et pour la préservation de l’environ-
nir l’innovation et d’accompagner le développement nement, trouvent dans le pôle un soutien pour
des entreprises de Poitou-Charentes qui contri- développer des travaux de recherche, ainsi que
buent à réduire les émissions de gaz à effet de concevoir et mettre en œuvre de nouveaux pro-
serre. Il regroupe 900 entreprises, qui représentent cédés, produits et services innovants.
environ 18 000 emplois, et anime un réseau de
700 chercheurs sur toute la région. Ces acteurs, • Contact : http://eco-industries.poitou-charentes.fr,
impliqués dans la lutte contre les dérèglements tél. : 05 49 44 64 96.
Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011 - 21
Entreprendre autrement en Poitou-Charentes – Chapitre ii
Pour une croissance
verte
de l’emploi, en imaginant une industrie qui proposerait des produits plus
respectueux de l’environnement ? Cette démarche, qu’on appelle aujourd’hui
la « croissance verte », a donc été initiée dès le début avec les industriels.
Devant le succès de ces forums, il a été décidé de créer une association,
devenue l’actuel Pôle des éco-industries de Poitou-Charentes. Centrée sur
le soutien à l’activité économique régionale, la structure est labellisée Pôle
de compétitivité régionale et regroupe aujourd’hui les industriels, les cher-
cheurs et les formateurs impliqués dans les domaines des éco-industries
et éco-activités.
Quel est l’objectif du pôle ?
Notre priorité est de réduire les émissions de gaz à effet de serre en nous
appuyant sur l’innovation. Nous travaillons sur deux versants pour atteindre
cet objectif : la substitution du carbone fossile par du carbone renouvelable
et l’économie de carbone fossile.
Dans ce cadre, quelles sont vos principales missions ?
Au-delà de la définition d’axes de développement stratégiques sur le
territoire, qui permettent d’impulser des projets et des actions dans ces
domaines, nos missions sont de fédérer les compétences régionales dans le
domaine des éco-industries, d’accompagner les programmes de recherche
et développement pouvant conduire à la création d’éco-industries dans
la région et, enfin, de développer des actions pour accompagner les dé-
marches initiées par les industriels vers l’éco-industrie, notamment par
de la formation.
Le pôle intervient donc sur toute la chaîne de création et de développe-
ment des éco-industries…
Il faut se rappeler que l’essentiel des entreprises de la région sont de petite
ou moyenne taille. Elles n’ont donc pas les moyens humains, logistiques et
financiers de développer des projets d’envergure. Le pôle intervient donc
en soutien pour ce tissu d’entreprises très variées. Par exemple, nous les
mettons en relation les unes avec les autres ou nous les accompagnons
dans le montage de leur dossier pour des aides financières. En outre, nous
menons des actions d’accompagnement pour les entreprises qui souhaitent
obtenir des certifications reconnaissant leurs actions en faveur du respect
de l’environnement.
Notre action se traduit aussi par le soutien à des projets de recherche dans
les domaines de l’agro-industrie, du développement de nouveaux carburants
ou encore des plantes aromatiques… Le pôle assure parfois le portage et la
coordination de projets regroupant plusieurs entreprises et centres de re-
cherche, comme ce fut le cas pour le développement de contenants horticoles
biodégradables (pots, bacs...). Dans ce cadre, notre équipe accompagne les
porteurs de projet pour l’obtention d’aides financières auprès de partenaires
publics. Ainsi, certains d’entre eux ont pu bénéficier de financements, au
22 - Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011
Pour une croissance
verte
travers de la mise en place d’un appel d’offres intitulé « Eco-produits, éco-
procédés », avec le conseil régional, l’Agence de l’environnement et de la
maîtrise de l’énergie (Ademe), l’Etat et Oséo. De plus, le pôle soutient le
développement de pilotes industriels, qui sont des prototypes permettant
de s’assurer de la faisabilité industrielle des recherches menées.
Et qu’en est-il de la formation ?
Des formations sont proposées pour accompagner la mise en œuvre de
nouvelles technologies. Un exemple : la vente de voitures électriques exige
que des mécaniciens aient le savoir-faire et les compétences pour effectuer
l’entretien de ces nouveaux produits. Les éco-industries appellent la création
de nouveaux métiers, et donc de formations spécifiques.
Le pôle a de ce fait pour mission d’identifier les nouveaux besoins en for-
mation de ses adhérents et de solliciter les universités et écoles pour adapter
les formations existantes aux évolutions technologiques. Des salariés ou
adhérents de l’association interviennent ainsi dans le cadre d’enseignements
universitaires pour sensibiliser et former les étudiants sur l’éco-conception
ou encore l’éco-habitat. En parallèle, le pôle propose avec ses partenaires des
formations ponctuelles, comme sur l’utilisation du logiciel « Bilan produit »
avec l’Ademe ou encore sur l’éco-communication.
Quels sont les axes d’intervention du Pôle des éco-industries ?
Le réseau est aujourd’hui très bien structuré et travaille sur de nombreux
thèmes définis comme prioritaires : l’agro-industrie, l’éco-conception, la
mobilité durable ou encore les énergies renouvelables. Dans le domaine
des déchets, les perspectives de croissance sont très importantes : au regard
ZOOM / VIENNE Futuramat, et le plastique devient « vert » !
On a aujourd’hui oublié que les premiers plastiques fabrique et commercialise des agro-plastiques. Son
étaient réalisés à base de bois ou d’autres matières crédo : « La protection de l’environnement devient
que le pétrole. Depuis 2005, l’entreprise Futuramat, un facteur de compétitivité. » Elle propose une
installée à Vouneuil-sous-Biard, dans la Vienne, en gamme de produits composites à base de matières
partenariat avec le centre de recherches spécialisé végétales (comme le blé ou la fibre de bois) qui sont
Valagro carbone renouvelable, à Poitiers, et avec le à la fois adaptés aux besoins de l’industrie plastur-
soutien du Pôle des éco-industries de la région, gique et partiellement ou totalement biodégradables.
Outre que les matériaux végétaux utilisés sont re-
nouvelables, les agro-plastiques émettent moins de
gaz à effet de serre tant au moment de leur fabri-
cation que de leur destruction.
G. B.
Région Poitou-Charentes
• Contacts :
– Futuramat, 7 allée des Fauvettes, 86580 Vouneuil-sous-
Biard, tél. : 05 49 89 04 50, site : www.futuramat.fr
– Valagro carbone renouvelable Poitou-Charentes,
40 av. du Recteur-Pineau, 86022 Poitiers Cedex, tél. :
Futuramat produit des agro-plastiques à base de matières 05 49 45 40 28, site : www.valagro-rd.com, courriel :
végétales qui sont tout ou partie biodégradables. contact@valagro-rd.com
Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011 - 23
Entreprendre autrement en Poitou-Charentes – Chapitre ii
Pour une croissance
verte
de la limitation de nos ressources naturelles, à l’instar de ce qui se passe
pour le cuivre, la réutilisation de nos déchets est un enjeu écologique et
économique de première importance. Pour y répondre, le pôle a lancé des
initiatives dans le domaine de la valorisation des déchets. Mais il va encore
plus loin, puisqu’il souhaite accompagner ses adhérents vers une démarche
de performance globale. Au-delà du recyclage ou de l’utilisation de maté-
riaux plus respectueux de l’environnement, il encourage les entreprises à
adopter une approche en termes de « cycle de vie » ou d’éco-conception,
une démarche d’écologie industrielle ou de responsabilité sociale et envi-
ronnementale.
Propos recueillis par D. B.
Pour une autre agriculture
Si les coopératives agricoles restent très dynamiques dans la région, la
conversion des exploitations au bio n’en est encore qu’à ses débuts.
A vec plus de 22 000 exploitations, le secteur agricole en Poitou-Charentes
compte de nombreuses coopératives. Elles ont pour principe de re-
grouper des exploitants, les plus connues étant celles qui offrent des services
en amont et en aval de l’activité agricole [1]. On trouve ainsi des coopératives
d’approvisionnement, qui achètent du matériel, des engrais… Il peut aussi
s’agir de coopératives agroalimentaires, qui stockent et commercialisent les
produits sous une forme brute ou transformée, parfois sous un label valorisé.
Certaines peuvent proposer d’autres services, à l’instar des coopératives d’uti-
lisation de matériel agricole (Cuma), qui peuvent embaucher du personnel
qu’elles mettent à disposition de leurs membres : elles deviennent alors des
groupements d’employeurs.
Cependant, si la coopération est bien implantée dans la région, seulement
4 % des exploitations sont consacrées à des productions biologiques. Pourtant,
les consommateurs sont de plus en plus nombreux à être à la recherche de
denrées de qualité, produites selon des modalités respectueuses de l’envi-
ronnement et dans un souci de préservation de la santé. Les produits issus
de l’agriculture biologique répondent parfaitement à cette demande. Mais la
conversion des exploitations à ce type d’agriculture n’est pas simple, elle exige
notamment l’acquisition de compétences spécifiques et des investissements
importants. C’est la raison pour laquelle la Région Poitou-Charentes a mis en
[1] Pour en savoir place un plan agriculture biologique pour la période 2008-2012. Du dévelop-
plus, allez sur
www.coopdefrance. pement de l’agriculture biologique à celui des circuits courts, en passant par
coop, le site la promotion d’une alimentation de qualité, huit actions prioritaires ont ainsi
de la Fédération
des coopératives de été développées. En outre, des outils ont été mis en place via la création en
France, qui regroupe
les coopératives
2010 du Pôle conversion bio Poitou-Charentes (voir ci-après).
agricoles. D. B.
24 - Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011
Pour une croissance
verte
« Les conversions
à l’agriculture bio : une
démarche de longue haleine »
Le Pôle conversion bio Poitou-Charentes est une plate-forme d’informa-
D. R.
tion et d’échanges entre acteurs du monde agricole impliqués dans le dé-
veloppement du bio. Entretien avec son directeur, Jean-Pierre Gouraud.
Quel est le principe du Pôle conversion bio ?
Si on veut que l’agriculture biologique se développe dans la région, il faut Jean-Pierre
Gouraud,
mettre toutes les structures qui accompagnent le monde agricole autour de la directeur du Pôle
table : chambres d’agriculture, banques… Tous ces acteurs qui ne se côtoient conversion bio
Poitou-Charentes
pas forcément peuvent, dans le cadre du pôle, travailler ensemble. En outre,
ils ont avec notre structure la possibilité de mutualiser leurs ressources et de
relayer des informations sur l’agriculture biologique, ses acteurs, ses débouchés
et les aides qui existent dans ce domaine.
ZOOM / DEux-SèVRES Sèvre Belle : une coopérative laitière pas comme les autres
38 millions d’euros de chiffre
d’affaires, 180 salariés et près
de 450 producteurs. Même si Guy
Bonneau, directeur de
Sèvre Belle, continue de parler
d’une « petite PME parmi les
Région Poitou-Charentes
grands groupes », la coopérative
laitière a fait sa place. Fondée
en 1893 par des producteurs de
lait du Poitou-Charentes, Sè-
vre Belle a développé des pro-
duits de haute qualité dans le La coopérative laitière Sèvre Belle, fondée en 1893, emploie aujourd’hui 180 sala-
beurre et les fromages, présents riés et regroupe quelque 450 producteurs.
dans tous les circuits de distri-
bution. « 20 % des ventes se font ce dernier et je lui rends des gique. Toutefois, les producteurs
à l’international », souligne comptes au moins une fois par de lait bio sont très disséminés
d’ailleurs Guy Bonneau. mois. » Pour le directeur, ce fonc- sur le territoire, rendant la collecte
Preuve qu’une coopérative tionnement « parfois un peu journalière de lait très onéreuse
agricole peut tout à la fois se lourd » permet toutefois de « met- et les produits finaux peu com-
développer et maintenir des rè- tre l’homme au cœur du projet pétitifs. Ces contraintes rendent
gles de fonctionnement démo- de l’entreprise et de garantir un d’autant plus saillant le besoin
cratiques propres au statut coopé- réel investissement des produc- d’un accompagnement spécifique
ratif, « les producteurs adhérents teurs ». La coopérative s’appuie pour le développement de ce type
continuent de se retrouver en sur cette cohésion pour se dé- de produits. D. B.
assemblée générale et votent à velopper.
bulletin secret pour leurs repré- Et si elle affiche sur ses produits • Contact : Société coopérative agri-
sentants en conseil d’adminis- leur origine « sans OGM », elle cole Sèvre Belle, 79370 Celles-sur-
tration, explique Guy Bonneau. cherche aussi à constituer une Belle, tél. : 05 49 32 89 09, site : www.
Pour ma part, je suis nommé par offre issue de l’agriculture biolo- coop-sevrebelle.fr
Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011 - 25
Entreprendre autrement en Poitou-Charentes – Chapitre ii
Pour une croissance
verte
Quelles sont les actions du pôle pour soutenir les producteurs souhaitant
convertir leur exploitation à l’agriculture biologique ?
Des conseillers sont à disposition pour accompagner ces producteurs dans
leur projet de conversion. Ils définissent avec eux des objectifs en fonction de la
situation de l’exploitation, ils assurent une formation et
Bon à savoir !
La Corab Centr’Atlantique est les assistent pour le montage des dossiers de demande
une coopérative de 120 producteurs d’aides financières. C’est particulièrement important
biologiques de Poitou-Charentes pour les investissements nécessaires à la conversion,
qui propose des graines et semences
comme l’achat de nouveaux matériels. Enfin, le pôle a
brutes ou transformées à des réseaux
récemment mis en place un numéro Vert pour faciliter
de distribution spécialisés, des huiliers,
des malteurs, etc. l’accès à ces services.
• Contact : 40 F av. de Rochefort,
17400 Saint-Jean-d’Angély, Quels sont les premiers résultats de votre action ?
tél. : 05 46 32 00 20,
Les conversions se sont multipliées en 2010. Nous
site : http://corab.pagesperso-orange.fr,
espérons que le pôle va amplifier les choses ! Notre
courriel : corabsca@orange.fr
démarche est de longue haleine : il s’agit de diffuser
les principes de l’agriculture biologique auprès d’ac-
teurs et d’organisations plus « classiques » et d’offrir au plus grand nombre
d’exploitants la possibilité de faire le choix de l’agriculture biologique.
Propos recueillis par David Belliard et Pascal Mercat
• Contact : Pôle conversion bio Poitou-Charentes, numéro Vert : 0 800 510 620, site : www.
penser-bio.fr/-Passer-au-bio-
26 - Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011
Inventer un autre
dialogue social
Inventer un autre
dialogue social
Mettre en place un modèle économique basé sur
les logiques de la croissance verte s’accompagne
d’un renouvellement des formes du dialogue
social et de la création d’outils de sécurisation
des parcours professionnels.
F. Roch - Région Poitou-Charentes
Apprentissage, sécurisation des parcours professionnels, groupements d’employeurs… : de nombreux
outils existent en région Poitou-Charentes pour favoriser l’emploi et améliorer le dialogue social.
Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011 - 27
Entreprendre autrement en Poitou-Charentes – Chapitre iii
Inventer un autre
dialogue social
Pour une implication de tous
Les politiques en faveur de l’emploi, encore plus en période de crise,
doivent se bâtir en collaboration avec tous les acteurs du territoire, en
premier lieu les syndicats d’employeurs et de salariés, mais aussi les
collectivités, les représentants de l’Etat, la société civile, etc.
U n dialogue social de qualité est un des fondements d’une économie plus
respectueuse des hommes et des femmes qui y participent. Historique-
ment organisé autour de la relation entre les représentants des employeurs et
les syndicats de salariés, le dialogue social se transforme. Ce nouveau type de
dialogue regroupe l’ensemble des formes de négociation, de consultation ou
simplement d’échange d’informations entre tous les acteurs (économiques,
sociaux et politiques) du territoire. Il associe des représentants des services
déconcentrés de l’Etat, des collectivités territoriales, des organisations profes-
sionnelles et de la société civile sur des questions d’intérêt commun.
Des outils relatifs à la sécurisation des parcours professionnels, à la for-
mation continue et à la valorisation de l’expérience ainsi que des structures
dont l’objectif est d’améliorer le dialogue social ont progressivement été mis
en place, avec tous les acteurs socio-économiques : les entreprises et leurs
organisations représentatives, les syndicats de salariés, les associations, les
structures d’insertion, les acteurs de l’économie sociale et solidaire, les orga-
nismes de formation… Il s’agit d’enrichir le rôle traditionnel de représentation
des organisations syndicales et de répondre à une double exigence : de securité
professionnelle pour les salariés et de flexibilité pour les entreprises. Cela est
d’autant plus vrai dans un contexte de reconversion des modes de production
et de transformation des emplois que celle-ci implique.
Au-delà de son soutien en matière de veille économique, de santé au travail
et du handicap, ou encore de promotion de l’égalité professionnelle entre les
hommes et les femmes, la Région Poitou-Charentes prend activement part
à cette évolution.
Vous trouverez dans ce chapitre un descriptif des actions menées ainsi que
les informations pratiques qui vous permettront, que vous soyez employeurs
ou salariés, de prendre contact avec les acteurs impliqués dans l’élaboration
de ce nouveau dialogue social.
David Belliard
28 - Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011
Inventer un autre
dialogue social
Des outils de reconversion
Pour accompagner les salariés face aux mutations des modes de pro-
duction, des dispositifs spécifiques ont été mis en place.
Le contrat régional de sécurisation
des parcours professionnels
Via ce dispositif, la région Poitou-Charentes garantit un revenu équivalent
à 90 % du salaire net antérieur, dans la limite de 18 mois, aux salariés qui
s’engagent rapidement dans une formation professionnelle qualifiante après
un licenciement économique.
• Contact : Région Poitou-Charentes, Direction formation, apprentissage et enseignement
supérieur, service formation, 15 rue de l’Ancienne-Comédie, BP 575, 86021 Poitiers Cedex, tél. :
05 49 55 76 02.
Les plates-formes de reconversion
Suite à des plans sociaux, les plates-formes de reconversion permettent,
dans certains bassins repérés par la Région, de mobiliser, en fonction des
Accompagner la reconversion en sécurisant
les parcours professionnels : l’exemple d’Heuliez
« C’était difficile, surtout que sonnel. Bruno Diguet bénéficie j’ai tout de suite accepté », raconte
nous ne nous y attendions pas. alors du programme de sécurisa- le conducteur de ligne.
Nous avions l’impression que nous tion des parcours professionnels, Mis pendant trois mois au chô-
étions solides, que nous pouvions dispositif né d’un accord entre mage technique, pendant lesquels
traverser toutes les turbulences », l’Etat, l’organisme paritaire col- l’entreprise s’attache à développer
se souvient Bruno Diguet, 49 ans, lecteur agréé (Opca) de la métal- ses nouveaux produits, Bruno
dont trente passés au sein du lurgie et la Région. Cette dernière Diguet continue de percevoir la
carrossier Heuliez. Recruté à l’âge finance le programme à hauteur quasi-intégralité de son salaire. Il
de 17 ans pour un poste d’opéra- d’environ 2,5 millions d’euros. a ensuite intégré Mia Electric pour
teur de production, Bruno Diguet Ce dispositif comportait une aide assurer la supervision d’une des
a fait toute sa carrière au sein de exceptionnelle au plan de forma- lignes de montage. « 50 de mes
l’entreprise, comme son père tion ainsi que diverses mesures collègues d’Heuliez ont été sauvés
auparavant, montant les échelons destinées à encourager des solu- du licenciement en recevant le
« petit à petit ». tions alternatives de reclassement. même type de proposition. Nous
Devenu ensuite conducteur de L’un des objectifs étant d’éviter sommes revenus travailler pro-
ligne, il avait la responsabilité du de licencier des salariés expéri- gressivement, en fonction de
bon déroulement d’une ligne de mentés dont l’entreprise aura l’avancement du projet et des
montage du constructeur, et était besoin pour mettre en œuvre son besoins en personnel. »
ainsi l’un des garants de la qualité projet de production de véhicules Aujourd’hui, les salariés ayant
des produits. Jusqu’au jour où il électriques. Bruno Diguet entre bénéficié de ce dispositif sont de
apprend que la « grande maison », dans cette catégorie de salariés nouveau en activité et mettent
comme l’appellent les habitants et se voit proposer une offre de leurs compétences et savoir-faire
de Cerizay, la ville où le fabricant reclassement au sein de la nouvelle au service du projet, tandis que
automobile s’est installé et déve- entité de production de véhicules Mia Electric recrute de nouveau
loppé, est en grande difficulté électriques baptisée Mia Electric du personnel pour assurer la pro-
financière et contrainte de se (voir également article page 12). duction en série de ses véhicules.
séparer d’une partie de son per- « Quand j’ai reçu cette proposition, D. B.
Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011 - 29
Entreprendre autrement en Poitou-Charentes – Chapitre iii
Inventer un autre
dialogue social
besoins des salariés, un accompagnement individuel, ainsi que des actions de
formation et de conseil pour la validation des acquis de l’expérience (VAE).
En outre, elles intègrent le contrat régional de sécurisation des parcours
professionnels présenté ci-avant. Ainsi, lorsque le bassin d’emploi du
Châtelleraudais a dû faire face à la fermeture du site France Champignon
et de la société Amor (au total plus de 550 emplois concernés), une telle
plate-forme a été mise en place.
• Contact : Région Poitou-Charentes, Direction de l’économie, service emploi, économie
de proximité et réseaux, 15 rue de l’Ancienne-Comédie, BP 575, 86021 Poitiers Cedex, tél. :
05 49 55 77 00.
Les comités de bassin d’emploi
Les comités de bassin d’emploi sont des associations ayant pour objectif
de contribuer au développement local. Ces structures sont composées
d’élus, d’entreprises, de syndicats et de représentants du secteur associatif
intervenant sur l’emploi. Elles s’inscrivent dans une logique partenariale
et agissent sur un territoire donné. Ce sont des acteurs importants dans
la mise en œuvre des dispositifs de reconversion et de reclassement, ainsi
que dans la promotion de la formation et de la validation des acquis de
l’expérience (VAE).
• Contacts :
– Maison de l’emploi du pays thouarsais, 7 rue Anne-Desrays, 79100 Thouars, tél. : 05 49 66 76 60.
– Maison de l’emploi du pays du bocage bressuirais, 27 bd du Colonel-Aubry, 79300 Bressuire,
tél. : 05 49 81 19 20.
– Comité de bassin d’emploi niortais, 3 rue Archimède, 79000 Niort, tél. : 05 49 77 11 60.
– Comité de bassin d’emploi mellois, 1 chemin du Simplot, 79500 Melle, tél. : 05 49 27 97 17.
– Maison de l’emploi et de l’entreprise Vals de Saintonge, rue Michel-Texier, 17400 Saint-Jean-
d’Angély, tél. : 05 46 33 39 72.
Les jeunes, une priorité
Particulièrement touchés par le chômage, les jeunes constituent une
priorité de la politique régionale, au travers notamment du Pacte régio-
nal pour l’emploi des jeunes.
L es 15-25 ans sont une catégorie particulièrement touchée par la crise et le
chômage. Grâce à la mobilisation de l’ensemble des acteurs (entreprises,
associations et collectivités), la région soutient un grand nombre d’initiatives
les concernant. Bourses pour entreprendre, aide au passage du permis de
conduire, aide
Bon à savoir !
L’engagement Première chance est un dispositif pour les jeunes sans aux entreprises
qualification qui souhaitent se former et acquérir une expérience professionnelle.
300 jeunes ont déjà bénéficié de ce dispositif depuis sa création, et plus de 500 places pour le recru-
supplémentaires vont être ouvertes. Pour en savoir plus, contactez la mission locale t e m e nt d’ u n
la plus proche de chez vous. Les adresses sont disponibles sur http://lannuaire.service-
public.fr/navigation/poitou-charentes_mission_locale.html
jeune diplômé
ou son tutorat
30 - Alternatives Economiques - Hors-série poche - juin 2011