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L’écologie est un sujet profondément ancré dans l’imaginaire indien.
Il fait partie de nos textes fondateurs et de notre culture. Il explique
notre comportement social. Il s’est même un temps constitué comme
principe directeur de gouvernance en Inde. Pourtant, l’écologie a
peu à peu cédé sa place à d’autres priorités au cours de ces dernières
décennies. Victime d’un développement insufflé presque sans
scrupule, l’Inde fait face à des défis écologiques énormes auxquels
doit répondre le nouveau gouvernement formé par Narendra Modi.
Rajendra Shende
L
e premier empereur
indien à adopter l’écologie
durable comme principe de
gouvernance a régné en Inde
2 300 ans plus tôt. Il s’appelait
Ashoka. H.G. Wells écrivait à son pro-
pos : « Parmi les dizaines de milliers
de noms de monarques qui s’entassent
dans les colonnes de l’Histoire, parmi les
majestés et les miséricordieux, les sérénités,
les altesses royales et leurs semblables, le
nom d’Ashoka brille, et il brille presque seul
telle une étoile. »
Grâce à l’existence d’édits gravés dans
la pierre datant de l’époque de l’empereur
Ashoka, nous savons qu’il s’agit du premier
empereur indien à avoir déclaré une
politique claire concernant l’exploitation
et la protection des ressources naturelles.
Des fonctionnaires étaient chargés
exclusivement de la protection de la
nature. Sous son règne, il a su insuffler des
changements considérables en termes
de style de gouvernement, notamment
en proposant des initiatives pour la
protection de la faune, la plantation
d’arbres et même en plaidant pour des
mesures de conservation naturelle.
A la lumière des découvertes de textes
en langue ancienne tel que le sanskrit et
le Brahmi, il est avéré qu’Ashoka a mené
une politique active pour la plantation
d’une rangée d’arbres de chaque côté
des routes - preuve que « l’infrastructure
verte » n’était pas qu’un simple slogan
mais un fait historique.
De même, la colonne d’acier près du
Qutub Minar de New Delhi, façonnée
et érigée durant son règne, tient
toujours debout sans aucune corrosion,
s’imposant ainsi comme un véritable
miracle technologique. Quoi de mieux
pour illustrer un exemple d’exploitation
minière durable? La technologie a permis
de démontrer, plus de deux millénaires
plus tôt, ce que signifiait ce concept.
Les ressources terrestres étaient alors
utilisées de manière durable grâce à
New Delhi détient le titre peu flatteur de
la ville la plus polluée du monde selon
l’Organisation mondiale de la santé
Environnement
une technique rendant impossible la
production de ferraille corrodée.
Mais le plus surprenant dans l’histoire,
c’est que l’empereur Ashoka a impulsé
ces projets de développement durable
juste après l’une des plus importantes et
les plus sanglantes batailles de l’histoire
humaine, à savoir la guerre de Kalinga
(aujourd’hui Odisha). En des termes plus
actuels, son empire traversait alors une
période difficile, au cours de laquelle
il tentait de se relever des dépenses
colossales investies dans l’effort de
guerre. Le pays a sûrement dû connaître
la récession ou du moins une crise
financière majeure.
Sautons 2 300 ans pour arriver
en 2014. L’Inde est partagée entre le
développement des infrastructures et la
protection environnementale; le besoin
en métaux et la dégradation des terres liée
à des exploitations minières souvent non
réglementées; politique de croissance
et dégradation environnementale.
Entre un développement économique
presque stagnant et une altération
environnementale imprudente. Un tel
dilemme a mené le gouvernement à
adopter en priorité un « aval plus rapide
sur les critères environnementaux ». Bien
qu’il soit nécessaire de mener à bien des
projets “gelés” en raison de problèmes
environnementaux, il est de plus en plus
clair qu’exploiter les ressources naturelles
pour satisfaire les besoins toujours
grandissants de l’Inde nous mènera
bientôt à un problème plus vaste encore,
y compris avec des décisions prises
plus rapidement au niveau des critères
environnementaux.
La pauvreté constitue la part la plus
sombre de l’absence d’homogénéité
sociale en Inde. Il est inquiétant de savoir
que l’Inde héberge le plus grand nombre
de personnes sous le seuil de pauvreté,
et que dans un même temps, elle se
présente comme le pays où le nombre
de milliardaires croît le plus rapidement
au monde. Des centaines de millions
d’Indiens démunis vivent dans des zones
écologiquement sensibles. Ces zones
constituent leurs terres fertiles, riches
mais fragiles, qu’il s’agisse des forêts
ou des terres remplies de dépôts de
minerais variés aujourd’hui menacés par
l’avidité des riches. Cette menace touche
également l’économie future du pauvre,
le poussant vers des métiers instables
comme la construction, les services bas-
de-gamme et non qualifiés, etc.
Le défi de l’Inde reste dans ses
chiffres mêmes. Soixante pour cent de sa
population manque de moyens et près
de 30% survit dans une pauvreté extrême
avec moins de 30 centimes d’euro par
jour. Comme tous les autres riches dans
le monde, la communauté aisée en
Inde aime justifier la concentration de
ses richesses sur la base de ses propres
initiatives, perspicacité et motivations.
En réalité, cette richesse n’est que le
résultat de l’insatiable et souvent illégale
exploitation des ressources naturelles,
riches et diverses du pays, mais aussi
celle du pauvre qui lui fournit une
main d’oeuvre facile et bon marché.
L’accentuation continue de la pauvreté
chez une partie de la population sert
à alimenter la croissance des riches.
Cette division sociale et économique
pourrait malheureusement donner lieu
à une croissance du PIB raisonnable,
mais aux dépens des plus pauvres et de
l’environnement.
Les défis de l’Inde, comme la
malnutrition, l’insécurité alimentaire,
la pollution, l’insuffisance en énergie
et l’appauvrissement des réserves
aquatiques puisent leur origine dans
la dégradation environnementale.
Qu’il s’agisse de la pollution de l’air à
Delhi, tenante du titre peu flatteur de
ville la plus polluée au monde selon
l’Organisation mondiale de la santé, ou
bien des sérieux risques de fonte des
glaciers de l’Himalaya, engendrant des
inondations éclairs, ou encore une hausse
dangereuse du niveau de la mer le long
des mégapoles côtières et un épuisement
rapide des réserves de poissons près des
côtes est et ouest du pays.
Le Programme alimentaire mondial
des Nations unies (PAM) a dépeint un
tableaualarmant signalantune population
de près de 350 millions de personnes, soit
«
«
Mais le plus
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c’est que l’empereur
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Les défis écologiques de l’Inde
Du danger d’oublier
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La malnutrition a besoin d’être
éradiquée grâce à une coopération entre
l’Inde et les autres pays, notamment
ceux de la SAARC
Les énergies
renouvelables en Inde
environ 35% de la population indienne,
souffrant d’insécurité alimentaire.
On compterait également 1,5 million
d’enfants souffrant de malnutrition
en Inde et 43% d’entre eux seraient
en sous-poids. Parmi les principaux
défis de l’Inde en matière de santé, on
trouve la dégradation des terres liée à
l’usage abusif d’engrais et de pesticides,
eux-mêmes à l’origine du « génocide »
d’insectes pollinisateurs. Ces nombres
prennent une dimension monstrueuse
dès lors que l’on superpose les problemes
liés au changement climatique à la hausse
de la consommation et à l’urbanisation
galopante.
Existe-t-il une issue de secours?
La réponse, simple et directe, est un
oui résonnant. En mettant en place des
politiques qui amélioreraient l’efficacité
des ressources matérielles, énergétiques
et humaines et en les mettant réellement
en oeuvre, nous pouvons parvenir à créer
une société durable, même au cours de
cette époque moderne.
Une sécurite énergétique via une
efficacité énergétique
La consommation d’électricité en
Inde est particulièrement peu rationnelle.
L’électricité consommée pour la
climatisation dans les immeubles se
chiffre à près de 40% de l’électricité totale
produite en Inde. Durant la période
estivale, la consommation est plus
importante encore. Améliorer l’efficacité
des climatisations individuelles de 10%,
à savoir au même niveau supérieur que
celui atteint par d’autres pays, permettrait
d’éviter l’investissement dans 120
centrales électriques de 500 MW chacune
en Inde selon les calculs du Laboratoire
national sur les énergies renouvelables
aux Etats-Unis. Si des tentatives similaires
étaient menées pour d’autres appareils
ménagers, les problèmes énergetiques de
l’Inde seraient immédiatement résolus.
Une telle initiative permettrait également
d’éviter les coupures et les baisses de
courant dans les foyers et d’améliorer la
productivité.
Une étude récente menée par l’Agence
internationale de l’énergie démontre que
la technologie moderne utilisée pour
la collecte des données digitales, pour
la mise en place de réseaux digitaux et
d’équipements de veille coûte, sur une
échelle mondiale, 60 milliards d’euros. Ce
chiffreestsusceptibled’augmenterjusqu’a
95 milliards d’euros en raison du nombre
croissant d’usagers. Le rapport énumère
les differentes technologies mais aussi une
série de mesures disponibles pour réduire
ce gâchis monumental en énergie. Le
document prédit que si dans les années
à venir une meilleure gestion énergétique
était mise en oeuvre au niveau des outils
digitaux, l’énergie économisée à travers
le monde équivaudrait à la fermeture de
200 centrales au charbon standard de
500 MW.
L’Inde, géant mondial de l’informa-
tique, peut elle aussi économiser une belle
somme via le développement et l’usage
de systèmes digitalisés efficaces sur le
plan énergétique. Selon le Programme
environnemental des Nations unies, le
marché global des technologies plus
efficaces en termes de consommation
énergétique triplerait d’ici la fin de cette
décennie pour atteindre plus de 2 000
milliards de dollars. Le pays peut générer
des « emplois verts » pour sa jeunesse
grâce à ce genre de dynamisme.
Réduire la pollution de l’air via une
atténuation du changement climatique
L’usage des sources d’énergie
renouvelables comme le solaire et
l’éolien, pourrait enrichir ces « emplois
verts ». Des mesures concernant les
Polluants climatiques de courte durée
(SLCP) comme le carbone noir (BC), le
méthane (CH4), l’ozone troposphérique
(O3) et les hydrofluorocarbones (HFCs),
causant un impact climatique majeur,
peuvent générer des conséquences
multiples. A titre d’exemple, ces mesures
peuvent éviter l’émission de polluants
atmosphériques nocifs pour la santé,
l’agriculture, l’économie nationale et les
écosystèmes. Les polluants climatiques
de courte durée sont omniprésents
dans notre quotidien. Le carbone noir
provient de nos cuisinières, le diesel de
nos moteurs, des fours à briques. Les
émissions de méthane sont produites par
nos ordures, l’ozone troposphérique est
créée par l’émission d’hydrocarbones au
sol et les HFC est produite par l’utilisation
des réfrigérateurs et des climatisations.
Une mise en place rapide de mesures
pour réduire l’émission de ces SLCP (en
parallèle d’initiatives pour réduire les
émissions en CO2) pourrait largement
contribuer à sauver la vie de près de 7
millions de personnes chaque année
sur une échelle mondiale. Ce chiffre
comprend les victimes de pollution
atmosphérique selon l’OMS. De telles
mesures permettraient également
d’éviter la perte de 100 millions de tonnes
de récoltes chaque année, de créer de
nouveaux emplois et de casser la courbe
du changement climatique mondial d’un
demi-degré Celsius comparé au niveau
pré-industriel.
Au regard du dernier rapport produit
par l’IPCC, prévoyant une hausse du
réchauffement climatique de 1,5 à 2
degrés Celsius, cette réduction de 0,5
degréC s’imposecommeunecontribution
importante pour l’environnement global.
Les efforts de l’Inde dans ces différentes
directions insuffleraient un changement
au sein duquel « les actions entreprises
pour lutter contre le bouleversement
climatique pourraient être mis au service
d’un développement à tous les niveaux. »
Assurer la sécurité alimentaire via la
réduction des déchêts et des fardeaux
pour l’environnement
Au moins un tiers de tout ce que nous
cultivons sur cette terre se perd entre
le champ et le consommateur. Il s’agit
d’un problème éthique, économique et
environnemental, vu l’énorme gâchis
en énergie, en eau, en engrais et autres
éléments contribuant à la production
d’aliments qui ne seront jamais
consommés.
Les pertes dans les champs, au niveau
de la production et du transport par
exemple, sont plus importantes dans les
pays en voie de developpement. Les pays
développés, eux, gâchent plus d’aliments
au niveau du consommateur. Nous
n’avons pas besoin d’OGM ni d’activistes
contre ces OGM, étant donné que nous
avons assez d’aliments pour tout le
monde. Nous pouvons faire en sorte que
Environnement
n’importe quel aliment que
nous devons finalement jeter
soit transformé en biogaz,
engrais et même en énergie.
Nous pouvons changer ces
tendances inacceptables en
Inde et améliorer la vie des
plus démunis.
Combattre la malnutrition
via une coopération régio-
nale
Il est intéressant de noter
qu’à l’occasion de la cérémo-
nie d’investiture du Premier
ministre Narendra Modi, le
Pakistan et le Sri Lanka ont
libéré des centaines de pê-
cheurs accusés d’avoir franchi
les frontières maritimes.
Toutefois, la raison pour
laquelle les pêcheurs s’aventurent au-
delà de ces frontières géopolitiques
réside dans la dégradation des océans.
Selon un rapport de l’Organisation pour
l’alimentation et l’agriculture, les réserves
globales en poisson, source principale
de protéines pour les plus démunis,
s’épuisent à une vitesse alarmante en
raison des bouleversements de la chaîne
alimentaire sous-marine dont dépend
le poisson. De son côté, la chaîne
alimentaire sous-marine est victime du
changement climatique et de la pollution
des océans. A l’ouest et à l’est de Océan
indien, de nombreux spécimens de
poissons sont surexploités ou épuisés.
Les pêcheurs sont contraints de chercher
plus loin dans les fonds marins et de
franchir les frontières maritimes pour
trouver leurs appâts. Les dégradations
environnementales sont ainsi devenues
la cause première des conflits politiques
en Asie du Sud. Les pays de la SAARC,
où se trouve une grande partie de la
population en-deçà du seuil de pauvreté,
dépendent principalement du poisson,
source première de protéines. Ce sont
eux, par conséquent, qui doivent faire
face aux dangers d’une mise à mal de la
sécurité alimentaire.
Des mesures en faveur d’une pêche
durable peuvent être mises en place par
les pays de la SAARC afin d’assurer une
future sécurité alimentaire. La priorité de
l’Asie du Sud devrait être la conservation
naturelle et la restauration d’un équilibre
écologique grâce à une politique viable
en faveur des communautés locales. Une
politique pour arriver à une certaine
durabilité est importante pour les pays
de la SAARC. L’Inde peut endosser un
rôle de catalyseur et tirer avantage de la
bonne volonté générée par la cérémonie
d’investiture.
Le véritable exercice diplomatique
à mettre en oeuvre par les pays de la
SAARC ne se limite pas à la restauration
des frontières géopoliques et à la lutte
contre les migrations humaines. L’Inde a
besoin de se positionner au premier rang
dans l’instauration d’une politique et
d’une diplomatie pro-environnementale,
afin de rendre possible un usage durable
des ressources naturelles et créer de
nouveaux emplois verts et, au final,
parvenir à une croissance verte à tous les
niveaux.
La prochaine étape la plus appropriée
pour l’Inde serait d’organiser une
nouvelle cérémonie où tous les Premiers
ministres et présidents des pays de la
région prêteraient serment pour une
« croissance verte et une politique en faveur
de l’environnement ».
L’auteur est le fondateur et Président
de TERRE Policy Centre (Technologie,
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pour l’Environnement) à Pune. n
INDES juillet-août 2014 27

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India's Environmental Challenges-Les défis écologiques de l’inde

  • 1. L’écologie est un sujet profondément ancré dans l’imaginaire indien. Il fait partie de nos textes fondateurs et de notre culture. Il explique notre comportement social. Il s’est même un temps constitué comme principe directeur de gouvernance en Inde. Pourtant, l’écologie a peu à peu cédé sa place à d’autres priorités au cours de ces dernières décennies. Victime d’un développement insufflé presque sans scrupule, l’Inde fait face à des défis écologiques énormes auxquels doit répondre le nouveau gouvernement formé par Narendra Modi. Rajendra Shende L e premier empereur indien à adopter l’écologie durable comme principe de gouvernance a régné en Inde 2 300 ans plus tôt. Il s’appelait Ashoka. H.G. Wells écrivait à son pro- pos : « Parmi les dizaines de milliers de noms de monarques qui s’entassent dans les colonnes de l’Histoire, parmi les majestés et les miséricordieux, les sérénités, les altesses royales et leurs semblables, le nom d’Ashoka brille, et il brille presque seul telle une étoile. » Grâce à l’existence d’édits gravés dans la pierre datant de l’époque de l’empereur Ashoka, nous savons qu’il s’agit du premier empereur indien à avoir déclaré une politique claire concernant l’exploitation et la protection des ressources naturelles. Des fonctionnaires étaient chargés exclusivement de la protection de la nature. Sous son règne, il a su insuffler des changements considérables en termes de style de gouvernement, notamment en proposant des initiatives pour la protection de la faune, la plantation d’arbres et même en plaidant pour des mesures de conservation naturelle. A la lumière des découvertes de textes en langue ancienne tel que le sanskrit et le Brahmi, il est avéré qu’Ashoka a mené une politique active pour la plantation d’une rangée d’arbres de chaque côté des routes - preuve que « l’infrastructure verte » n’était pas qu’un simple slogan mais un fait historique. De même, la colonne d’acier près du Qutub Minar de New Delhi, façonnée et érigée durant son règne, tient toujours debout sans aucune corrosion, s’imposant ainsi comme un véritable miracle technologique. Quoi de mieux pour illustrer un exemple d’exploitation minière durable? La technologie a permis de démontrer, plus de deux millénaires plus tôt, ce que signifiait ce concept. Les ressources terrestres étaient alors utilisées de manière durable grâce à New Delhi détient le titre peu flatteur de la ville la plus polluée du monde selon l’Organisation mondiale de la santé Environnement une technique rendant impossible la production de ferraille corrodée. Mais le plus surprenant dans l’histoire, c’est que l’empereur Ashoka a impulsé ces projets de développement durable juste après l’une des plus importantes et les plus sanglantes batailles de l’histoire humaine, à savoir la guerre de Kalinga (aujourd’hui Odisha). En des termes plus actuels, son empire traversait alors une période difficile, au cours de laquelle il tentait de se relever des dépenses colossales investies dans l’effort de guerre. Le pays a sûrement dû connaître la récession ou du moins une crise financière majeure. Sautons 2 300 ans pour arriver en 2014. L’Inde est partagée entre le développement des infrastructures et la protection environnementale; le besoin en métaux et la dégradation des terres liée à des exploitations minières souvent non réglementées; politique de croissance et dégradation environnementale. Entre un développement économique presque stagnant et une altération environnementale imprudente. Un tel dilemme a mené le gouvernement à adopter en priorité un « aval plus rapide sur les critères environnementaux ». Bien qu’il soit nécessaire de mener à bien des projets “gelés” en raison de problèmes environnementaux, il est de plus en plus clair qu’exploiter les ressources naturelles pour satisfaire les besoins toujours grandissants de l’Inde nous mènera bientôt à un problème plus vaste encore, y compris avec des décisions prises plus rapidement au niveau des critères environnementaux. La pauvreté constitue la part la plus sombre de l’absence d’homogénéité sociale en Inde. Il est inquiétant de savoir que l’Inde héberge le plus grand nombre de personnes sous le seuil de pauvreté, et que dans un même temps, elle se présente comme le pays où le nombre de milliardaires croît le plus rapidement au monde. Des centaines de millions d’Indiens démunis vivent dans des zones écologiquement sensibles. Ces zones constituent leurs terres fertiles, riches mais fragiles, qu’il s’agisse des forêts ou des terres remplies de dépôts de minerais variés aujourd’hui menacés par l’avidité des riches. Cette menace touche également l’économie future du pauvre, le poussant vers des métiers instables comme la construction, les services bas- de-gamme et non qualifiés, etc. Le défi de l’Inde reste dans ses chiffres mêmes. Soixante pour cent de sa population manque de moyens et près de 30% survit dans une pauvreté extrême avec moins de 30 centimes d’euro par jour. Comme tous les autres riches dans le monde, la communauté aisée en Inde aime justifier la concentration de ses richesses sur la base de ses propres initiatives, perspicacité et motivations. En réalité, cette richesse n’est que le résultat de l’insatiable et souvent illégale exploitation des ressources naturelles, riches et diverses du pays, mais aussi celle du pauvre qui lui fournit une main d’oeuvre facile et bon marché. L’accentuation continue de la pauvreté chez une partie de la population sert à alimenter la croissance des riches. Cette division sociale et économique pourrait malheureusement donner lieu à une croissance du PIB raisonnable, mais aux dépens des plus pauvres et de l’environnement. Les défis de l’Inde, comme la malnutrition, l’insécurité alimentaire, la pollution, l’insuffisance en énergie et l’appauvrissement des réserves aquatiques puisent leur origine dans la dégradation environnementale. Qu’il s’agisse de la pollution de l’air à Delhi, tenante du titre peu flatteur de ville la plus polluée au monde selon l’Organisation mondiale de la santé, ou bien des sérieux risques de fonte des glaciers de l’Himalaya, engendrant des inondations éclairs, ou encore une hausse dangereuse du niveau de la mer le long des mégapoles côtières et un épuisement rapide des réserves de poissons près des côtes est et ouest du pays. Le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) a dépeint un tableaualarmant signalantune population de près de 350 millions de personnes, soit « « Mais le plus surprenant dans l’histoire, c’est que l’empereur Ashoka a impulsé ces projets de développement durable juste après l’une des plus importantes et les plus sanglantes batailles de l’histoire humaine, à savoir la guerre de Kalinga (aujourd’hui Odisha) Environnement Les défis écologiques de l’Inde Du danger d’oublier son passé
  • 2. La malnutrition a besoin d’être éradiquée grâce à une coopération entre l’Inde et les autres pays, notamment ceux de la SAARC Les énergies renouvelables en Inde environ 35% de la population indienne, souffrant d’insécurité alimentaire. On compterait également 1,5 million d’enfants souffrant de malnutrition en Inde et 43% d’entre eux seraient en sous-poids. Parmi les principaux défis de l’Inde en matière de santé, on trouve la dégradation des terres liée à l’usage abusif d’engrais et de pesticides, eux-mêmes à l’origine du « génocide » d’insectes pollinisateurs. Ces nombres prennent une dimension monstrueuse dès lors que l’on superpose les problemes liés au changement climatique à la hausse de la consommation et à l’urbanisation galopante. Existe-t-il une issue de secours? La réponse, simple et directe, est un oui résonnant. En mettant en place des politiques qui amélioreraient l’efficacité des ressources matérielles, énergétiques et humaines et en les mettant réellement en oeuvre, nous pouvons parvenir à créer une société durable, même au cours de cette époque moderne. Une sécurite énergétique via une efficacité énergétique La consommation d’électricité en Inde est particulièrement peu rationnelle. L’électricité consommée pour la climatisation dans les immeubles se chiffre à près de 40% de l’électricité totale produite en Inde. Durant la période estivale, la consommation est plus importante encore. Améliorer l’efficacité des climatisations individuelles de 10%, à savoir au même niveau supérieur que celui atteint par d’autres pays, permettrait d’éviter l’investissement dans 120 centrales électriques de 500 MW chacune en Inde selon les calculs du Laboratoire national sur les énergies renouvelables aux Etats-Unis. Si des tentatives similaires étaient menées pour d’autres appareils ménagers, les problèmes énergetiques de l’Inde seraient immédiatement résolus. Une telle initiative permettrait également d’éviter les coupures et les baisses de courant dans les foyers et d’améliorer la productivité. Une étude récente menée par l’Agence internationale de l’énergie démontre que la technologie moderne utilisée pour la collecte des données digitales, pour la mise en place de réseaux digitaux et d’équipements de veille coûte, sur une échelle mondiale, 60 milliards d’euros. Ce chiffreestsusceptibled’augmenterjusqu’a 95 milliards d’euros en raison du nombre croissant d’usagers. Le rapport énumère les differentes technologies mais aussi une série de mesures disponibles pour réduire ce gâchis monumental en énergie. Le document prédit que si dans les années à venir une meilleure gestion énergétique était mise en oeuvre au niveau des outils digitaux, l’énergie économisée à travers le monde équivaudrait à la fermeture de 200 centrales au charbon standard de 500 MW. L’Inde, géant mondial de l’informa- tique, peut elle aussi économiser une belle somme via le développement et l’usage de systèmes digitalisés efficaces sur le plan énergétique. Selon le Programme environnemental des Nations unies, le marché global des technologies plus efficaces en termes de consommation énergétique triplerait d’ici la fin de cette décennie pour atteindre plus de 2 000 milliards de dollars. Le pays peut générer des « emplois verts » pour sa jeunesse grâce à ce genre de dynamisme. Réduire la pollution de l’air via une atténuation du changement climatique L’usage des sources d’énergie renouvelables comme le solaire et l’éolien, pourrait enrichir ces « emplois verts ». Des mesures concernant les Polluants climatiques de courte durée (SLCP) comme le carbone noir (BC), le méthane (CH4), l’ozone troposphérique (O3) et les hydrofluorocarbones (HFCs), causant un impact climatique majeur, peuvent générer des conséquences multiples. A titre d’exemple, ces mesures peuvent éviter l’émission de polluants atmosphériques nocifs pour la santé, l’agriculture, l’économie nationale et les écosystèmes. Les polluants climatiques de courte durée sont omniprésents dans notre quotidien. Le carbone noir provient de nos cuisinières, le diesel de nos moteurs, des fours à briques. Les émissions de méthane sont produites par nos ordures, l’ozone troposphérique est créée par l’émission d’hydrocarbones au sol et les HFC est produite par l’utilisation des réfrigérateurs et des climatisations. Une mise en place rapide de mesures pour réduire l’émission de ces SLCP (en parallèle d’initiatives pour réduire les émissions en CO2) pourrait largement contribuer à sauver la vie de près de 7 millions de personnes chaque année sur une échelle mondiale. Ce chiffre comprend les victimes de pollution atmosphérique selon l’OMS. De telles mesures permettraient également d’éviter la perte de 100 millions de tonnes de récoltes chaque année, de créer de nouveaux emplois et de casser la courbe du changement climatique mondial d’un demi-degré Celsius comparé au niveau pré-industriel. Au regard du dernier rapport produit par l’IPCC, prévoyant une hausse du réchauffement climatique de 1,5 à 2 degrés Celsius, cette réduction de 0,5 degréC s’imposecommeunecontribution importante pour l’environnement global. Les efforts de l’Inde dans ces différentes directions insuffleraient un changement au sein duquel « les actions entreprises pour lutter contre le bouleversement climatique pourraient être mis au service d’un développement à tous les niveaux. » Assurer la sécurité alimentaire via la réduction des déchêts et des fardeaux pour l’environnement Au moins un tiers de tout ce que nous cultivons sur cette terre se perd entre le champ et le consommateur. Il s’agit d’un problème éthique, économique et environnemental, vu l’énorme gâchis en énergie, en eau, en engrais et autres éléments contribuant à la production d’aliments qui ne seront jamais consommés. Les pertes dans les champs, au niveau de la production et du transport par exemple, sont plus importantes dans les pays en voie de developpement. Les pays développés, eux, gâchent plus d’aliments au niveau du consommateur. Nous n’avons pas besoin d’OGM ni d’activistes contre ces OGM, étant donné que nous avons assez d’aliments pour tout le monde. Nous pouvons faire en sorte que Environnement n’importe quel aliment que nous devons finalement jeter soit transformé en biogaz, engrais et même en énergie. Nous pouvons changer ces tendances inacceptables en Inde et améliorer la vie des plus démunis. Combattre la malnutrition via une coopération régio- nale Il est intéressant de noter qu’à l’occasion de la cérémo- nie d’investiture du Premier ministre Narendra Modi, le Pakistan et le Sri Lanka ont libéré des centaines de pê- cheurs accusés d’avoir franchi les frontières maritimes. Toutefois, la raison pour laquelle les pêcheurs s’aventurent au- delà de ces frontières géopolitiques réside dans la dégradation des océans. Selon un rapport de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture, les réserves globales en poisson, source principale de protéines pour les plus démunis, s’épuisent à une vitesse alarmante en raison des bouleversements de la chaîne alimentaire sous-marine dont dépend le poisson. De son côté, la chaîne alimentaire sous-marine est victime du changement climatique et de la pollution des océans. A l’ouest et à l’est de Océan indien, de nombreux spécimens de poissons sont surexploités ou épuisés. Les pêcheurs sont contraints de chercher plus loin dans les fonds marins et de franchir les frontières maritimes pour trouver leurs appâts. Les dégradations environnementales sont ainsi devenues la cause première des conflits politiques en Asie du Sud. Les pays de la SAARC, où se trouve une grande partie de la population en-deçà du seuil de pauvreté, dépendent principalement du poisson, source première de protéines. Ce sont eux, par conséquent, qui doivent faire face aux dangers d’une mise à mal de la sécurité alimentaire. Des mesures en faveur d’une pêche durable peuvent être mises en place par les pays de la SAARC afin d’assurer une future sécurité alimentaire. La priorité de l’Asie du Sud devrait être la conservation naturelle et la restauration d’un équilibre écologique grâce à une politique viable en faveur des communautés locales. Une politique pour arriver à une certaine durabilité est importante pour les pays de la SAARC. L’Inde peut endosser un rôle de catalyseur et tirer avantage de la bonne volonté générée par la cérémonie d’investiture. Le véritable exercice diplomatique à mettre en oeuvre par les pays de la SAARC ne se limite pas à la restauration des frontières géopoliques et à la lutte contre les migrations humaines. L’Inde a besoin de se positionner au premier rang dans l’instauration d’une politique et d’une diplomatie pro-environnementale, afin de rendre possible un usage durable des ressources naturelles et créer de nouveaux emplois verts et, au final, parvenir à une croissance verte à tous les niveaux. La prochaine étape la plus appropriée pour l’Inde serait d’organiser une nouvelle cérémonie où tous les Premiers ministres et présidents des pays de la région prêteraient serment pour une « croissance verte et une politique en faveur de l’environnement ». L’auteur est le fondateur et Président de TERRE Policy Centre (Technologie, Education, Recherche et Réhabilitation pour l’Environnement) à Pune. n INDES juillet-août 2014 27