1. MAGALI DELRIEU
EXPOSITION DU 16 FEVRIER AU 26 MARS 2012
« Sacrifice en h 7 »
VERNISSAGE JEUDI 16 JANVIER A 18H30 AU PASSAGE DE L’ART
Magali DELRIEU
« Sacrifice en h7 »
Cette exposition déploie un décor en forme d'aberration qui noue ensemble le réel et ses
excroissances oniriques, élaborant ainsi un espace entre deux eaux. La trame rigide du
damier noir et blanc forme l'écrin des chevelures suspendues, scalpes en attente de
nouvelles têtes. «Sacrifice en h7» constitue une rencontre entre l'informe et l'artifice
géométrique. J'entends par là la rencontre du vivant avec une construction mentale dont la
structure formelle est rigide.
G. Bataille a défini l’informe de la façon suivante: «…Ce qu’il désigne n’a ses droits dans
aucun sens et se fait écraser partout comme une araignée ou un ver de terre. Il faudrait (…)
pour que ces hommes académiques soient contents que l’univers prenne forme. (…) il s’agit
de donner une redingote à ce qui est, une redingote mathématique (…)». La structure
géométrique du damier noir et blanc que j’utilise dans l’exposition est, entre autre et peut-
2. être prioritairement, un faire-valoir ou un écrin pour le foisonnement de la chevelure, pour la
sinuosité du fil qui recouvre certains éléments des environnements que j’ai construit.
Cette exposition est conçue comme une «hétérotopie» (terme repris à Michel Foucault),
c’est-à-dire comme un lieu autre qui se distingue de la réalité quotidienne mais qui s'incarne
néanmoins – contrairement à l'utopie. J'y mets en place un jeu d’association formelle, des
espaces qui gardent les indices figés d'un passage.
Ces lieux constituent pour moi un écho rieur déclenché par la formule «sacrifice en h7»
appartenant au vocabulaire des échecs et qui définit un mouvement stratégique particulier.
Cette expression témoigne de la rencontre aberrante entre le sentiment, le sacré, le pathos –
l'humain donc – et la notation abscisse/ordonnée mathématique. L’opposition blanc/noir
(bien/mal) est une réduction formelle absurde. Le sens peut se révéler dans le gris et ses
nuances, dans l’espace de l’indétermination.
Ces derniers temps j’ai travaillé avec des matériaux linéaires (fils d’acier, de laine, cheveux)
car ils me permettent de concevoir des formes en bascule entre l’emmêlement, le
foisonnement (informe) et la construction architecturée et lisible. J’ai réalisé des tissages de
fils d’acier parce que je réfléchis à la question de la trame, à la construction formelle que le
geste réglé et automatique conçoit, et à la façon dont je peux venir perturber ou détruire
cette organisation. C’est ce qui m’a amené au damier de l’échiquier.
Magali Delrieu, Janvier 2012
Photos de l’Exposition