1. L’émergence progressive de la «société
du savoir» — société dans laquelle tout
individu peut exploiter et partager de
multiples et diverses informations — est
un processus alimenté par l’essor sans
précédent des technologies de l’infor-
mation et de la communication, en parti-
culier le développement de l’Internet.
De par l’apport des technologies de l’in-
formation, nos sociétés connaissent de
profondes mutations. Le développement
particulier de l’Internet révèle de nouvel-
les potentialités en matière d’usages, de
communautés qui se créent à travers le
monde, de partage et de dissémination
de l’information.
L’Internet doit cependant être consi-
déré dans une perspective dépassant
largement le cadre technologique et
tenant compte notamment des aspects
juridiques et éthiques. Les utilisateurs
occupent également une position cen-
trale; la réflexion doit s’orienter sur des
questions liées à l’appropriation des
nouveaux outils de l’information et à
l’émergence de nouveaux modèles éco-
nomiques.
Plusieurs intervenants ont contribué au
débat en présentant leurs travaux de re-
cherche et expériences liées au domaine
de l’Internet des connaissances:
La 15e Journée de rencontre de l’Observatoire technologique (OT) du Centre des technologies de l’information (CTI), organisée le 11
novembre 2005, a été consacrée au thème de «l’Internet des connaissances». Les plus de 300 auditeurs présents ont eu l’occasion de
recevoir plusieurs éclairages et perspectives sur les conséquences potentielles du développement des technologies de l’information,
mais également sur les nouvelles opportunités que celles-ci peuvent offrir à notre société.
• Philippe Aigrain, directeur de la Socié-
té pour les espaces publics d’informa-
tion (Sofinspace);
• Rose Dieng, responsable scientifique
du projet ACACIA à l’Unité de recher-
che de INRIA Sophia Antipolis;
• Pierre Crevoisier, membre de l’équipe
Knowledge and Information Services à
l’Ecole polytechnique fédérale de Lau-
sanne (EPFL);
• Jean-Michel Cornu, directeur scienti-
fique de la Fondation pour l’Internet
nouvelle génération (FING);
• Jean-Marie Leclerc, directeur général
du Centre des technologies de l’infor-
mation de l’Etat de Genève.
Cette 15e Journée a également été l’oc-
casion pour Martine Brunschwig Graf,
d’intervenir pour la dernière fois en
tant que présidente de la Délégation du
Conseil d’Etat genevois aux systèmes
d’information. La magistrate a notam-
ment rendu hommage à l’Observatoire
technologique, qu’elle a qualifié d’or-
ganisation «au service de la Cité», pour
son rôle de prospection, de partage des
connaissances et de restitution des ré-
flexions au profit de la collectivité.
A son tour, Alain Jacot-Descombes, pré-
sident du partenariat de l’Observatoire
technologique, a tenu à remercier la
présidente pour avoir œuvré au déve-
loppement de ce service qui, grâce son
parrainage et soutien politique, est
devenue une plate-forme où se ren-
contrent des acteurs majeurs en ma-
tière de vision stratégique des tech-
nologies.
L’Internet des connaissances
Créé en 1996 et rattaché à la direction géné-
rale du CTI, l’Observatoire technologique (OT)
apporte son soutien à l’exercice des métiers
informatiques dans les domaines liés aux
grands systèmes d’informations de l’Etat. Il
assure une vision stratégique de la techno-
logie à mettre en œuvre, une interaction de
solutions techniques et technologiques cohé-
rentes et compatibles entre les divers métiers
de l’administration.
L’OT a pour principal mandat d’aider la di-
rection générale du CTI à intégrer une vi-
sion e-Société dans ses choix. Cela passe
par une veille stratégique et technologi-
que, à l’intersection des mondes de la re-
cherche, des technologies de pointe et de
la société. De larges domaines sont ainsi
explorés, au-delà des seules questions
technologiques et tout en replaçant l’indivi-
du au centre de la réflexion. C’est dans cette
perspective que l’OT a élaboré le «référentiel
e-Société», en 2002.
L’OT est également une structure d’échange
où peuvent se rencontrer des organisations
intéressées par une collaboration avec l’Etat
de Genève dans le domaine des technologies
de l’information et de la communication. Le
partenariat de l’OT regroupe des organisa-
tions étatiques et paraétatiques, des milieux
académiques,desorganisationsinternationa-
les et des entreprises privées. C’est un lieu de
réflexion sur des sujets touchant les intérêts
des différents partenaires. L’Observatoire y
joue un rôle de médiateur et de catalyseur et
apporte des conseils et son expertise.
Un Observatoire technologique,
pour quoi faire ?
Centre des technologies
de l’information
15E JOURNÉE DE RENCONTRE DE L’OBSERVATOIRE TECHNOLOGIQUE
Décembre 2005
Davantage d’informations sur www.geneve.ch/ot
2. L’Internet fait partie à l’heure actuelle des technologies de l’information et de la communication les plus utilisées, à tel point que nous
assistons à l’émergence de la société des connaissances. Le développement de cet outil n’est pas sans conséquences sociétales; il offre
autant de nouvelles opportunités qu’il suscite de questions. Les interventions résumées ci-dessous démontrent l’impact potentiel de
l’Internet sur les organisations humaines.
LES INTERVENTIONS EN BREF
La stratégie du CTI tient compte des changements
majeurs des systèmes d’information sur le fonction-
nement des administrations. L’approche dépasse la
technologie et s’appuie davantage sur le processus de
fabricationdesinformations,afindedonnerlesmeilleu-
res réponses aux questions du citoyen. Dans la perspective d’une
administration en ligne, la stratégie tient compte de cette orien-
tation, ainsi que de l’hétérogénéité des systèmes d’information,
de la dynamique dans l’architecture des composants et de l’im-
portance des données qui constituent le nouveau patrimoine des
administrations. Ce modèle de gestion repose sur l’efficacité et la
pérennité des informations, de même qu’il s’appuie sur des struc-
tures à la fois politiques, organisationnelles et opérationnelles.
Jean-Marie Leclerc
L’information est une denrée abondante au sein de
nos sociétés. Contrairement à la rareté, l’abondance
est par nature non planifiable ou non prévisible. Dans
une perspective de gestion des connaissances, la
question porte sur les méthodes à privilégier — pla-
nification et régulation d’une part et multiplication des choix
d’autre part — et ce en fonction du contexte. L’abondance des
informations, notamment favorisée par l’Internet, appelle à de
nouvelles formes d’économie qui promeuvent la coopération et
remettent en question les systèmes actuellement établis sur la
gestion de la rareté. Ainsi, le développement de la société des
connaissances requiert une conciliation entre rareté et abon-
dance.
Jean-Michel Cornu
Sans bien communs informationnels, il n’y a pas de so-
ciétés des savoirs: c’est de ce postulat qu’il faut partir
pour envisager les diverses potentialités de l’Internet
en matière de connaissances. Le développement et les
orientations des technologies déterminent les modes de
traitement et de diffusion de l’information qui, à leur tour, ont une
incidence sur l’éducation, la recherche scientifique, le développe-
ment, la création ou la culture. Il y a une mutation anthropologique
de l’ère de l’information qui amène à reconsidérer le statut de l’in-
formation et des connaissances, et sur le rapport que ces dernières
entretiennent avec le savoir. L’information numérisée et les outils
qui la traitent appartiennent alors potentiellement à la collectivité.
Philippe Aigrain
Le projet ACACIA est conçu pour offrir des aides mé-
thodologiques et logicielles à la gestion des connais-
sances. Reposant sur des dimensions individuelles,
organisationnelles et technologiques, celle-ci permet
de capitaliser des informations au sein d’une entité,
de promouvoir la coopération et de favoriser l’innovation. Le pro-
jet s’appuie sur la conception d’un web sémantique, qui facilite
l’accès à des ressources issues de divers domaines et discipli-
nes grâce à un vocabulaire conceptuel commun: les ontologies.
La gestion des connaissances par le web sémantique contribue
à constituer une mémoire alimentée par diverses communautés.
Centrée sur les utilisateurs, l’approche consiste à terme à créer un
web «socio-sémantique» interdisciplinaire.
Rose Dieng
Le développement de l’Internet interpelle les pouvoirs
publics sur leurs responsabilités vis-à-vis des citoyens.
L’Internet doit être considéré comme un outil d’infor-
mation en tant que tel. Par ailleurs, les citoyens doivent
pouvoir évaluer la qualité de l’information; la forma-
tion de ceux-ci sur cet outil est donc requise. Le principe de base
de l’usage de l’Internet est aussi de rendre ce média accessible à
tous. On peut également insister sur la responsabilité individuelle
concernant les détenteurs de l’information; l’Etat, de par sa posi-
tion de dépositaire de l’information, se doit de la restituer. Enfin,
la sécurisation des informations, en respect du droit des citoyens,
est une priorité des pouvoirs publics.
Martine Brunschwig Graf
Le projet Infoscience a pour objectif de valoriser le
patrimoine intellectuel de l’EPFL, de rendre visibles
les individus et leurs compétences, de disposer d’une
information ouverte, lisible et structurée pour son par-
tage, ainsi que de conserver et d’évaluer les ressour-
ces mises à disposition. Cette entreprise nécessite tout un travail
de coordination entre les nombreux systèmes d’information de
l’EPFL et d’immersion dans les fondements de ceux-ci. La finalité
consiste à promouvoir les services collaboratifs. L’approche pri-
viliégiée est concentrée sur les services et non pas sur les tech-
nologies; l’utilisateur est au centre de la vision et les outils mis à
disposition doivent incarner le prolongement organique des acti-
vités et métiers de l’EPFL.
Pierre Crevoisier
Edité par: Service Communication CTI, rue du Grand-Pré 64-66, CP 2285, 1211 Genève 2 -Tél.: +41 (22) 388 13 13 - Fax: +41 (22) 301 34 27 - E-mail: cti.com@etat.ge.ch
Rédacteur responsable: Laurent Forestier - Rédacteur: Laurent Grosclaude - Graphiste: Michaël Ventura - Crédits photo: CTI-Communication
Conseillère d’Etat et présidente de la Délégation du Conseil d’Etat
aux systèmes d’information, Etat de Genève
Directeur
de la Société pour les espaces publics d’information (Sopinspace), Paris
Responsable scientifique
du projet ACACIA, INRIA, Sophia Antipolis
Knowledge and Information Services
Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), Lausanne
Directeur scientifique
de la Fondation pour l’Internet nouvelle génération (FING), Paris
Directeur général
du Centre des technologies de l’information (CTI), Etat de Genève