2.
Ce document a été corédigé par :
Samuel Goeta (OKFN France), Léa Lacroix (Wikimedia France), Pascal Romain (Département de
Gironde), JeanChristophe Elineau (Commune de Brocas), Fréderic Rodrigo (Openstreetmap
France), Claire Gallon (Libertic), Benoît Prieur (Wikimedia France), Christian Quest (Openstreetmap
France), MarieLaure Vie (Wea), Benjamin Jean (Framasoft, VeniVidiLibri), LouisJulien de la
Bouëre (Tiriad/TelaBotanica) , Adrienne Alix (Wikimedia France).
Remerciements :
A la commune de Brocas et ses habitants pour leur accueil, à JeanChristophe Elineau pour
l’organisation sur place, à Benjamin Jean, Pascal Romain et MarieLaure Vie pour leur participation,
à Quebec Ouvert pour la base du site operationlibre.org, à Emma Livet pour les logos des
barcamps et conférences, à Claudine Chassagne pour la base du programme de conférence, à tous
les volontaires qui ont fait le déplacement et aux contributeurs en ligne qui ont également participé
à libérer les informations de Brocas !
Résumé
Tous les territoires ne sont pas égaux face au développement des pratiques numériques.
Les zones rurales, impactées notamment par des contraintes d'accès et de moyens peinent à
suivre les avancées des nouvelles technologies. Ces dernières offrent pourtant de nouvelles
opportunités d'implication des habitants dans la démocratie locale, le partage de savoir et la
valorisation du territoire.
Afin d'accompagner ces pratiques en milieu rural et démontrer les bénéfices de la libération de
données et contenus publics, du travail collaboratif ainsi que de l'usage d'outils et licences libres, 8
organisations travaillant autour des outils, licences, contenus et données libres se sont mobilisées
pour organiser une première “Opération Libre”.
Le principe de l'Opération Libre est d'animer le temps d'un weekend un territoire désireux de
s'engager vers une culture libre et ouverte à la participation. A travers la mobilisation de volontaires,
la mobilisation de la commune et la complicité de ses habitants, des initiations aux outils et projets
libres, des cartoparties, des libérations et mises en valeur de données et contenus sont proposés
afin de développer des projets sur le territoire, le mettre en valeur et profiter de cette première
expérience pour identifier les opportunités des pratiques de libération en milieu rural.
Cet ouvrage collectif propose un éclairage sur la libération des informations pour une petite
commune à travers les retours d’expériences de l’Opération Libre à Brocas. À destination des
décideurs, agents publics, et lecteurs curieux de découvrir la mise en pratique, ce document
propose également des fiches et méthodologies concrètes pour entamer une libération locale.
2
6. Qu'est-ce que l’Opération Libre ?
Le principe de l'Opération Libre est d'animer le temps d'un week end une commune désireuse de s'engager vers une
culture libre et ouverte à la participation. A travers la mobilisation de volontaires, l’investissement de la commune et la
participation de ses habitants, des animations sont organisées afin d’accompagner la transition vers des pratiques
ouvertes et collaboratives basées notamment sur l’accessibilité des informations à tous. Des initiations aux outils et
projets libres, des cartoparties, des ouvertures et mises en valeur de données et contenus sont proposés afin de
développer des projets sur le territoire et le mettre en valeur. L’objectif de cette première édition était notamment de
profiter de cette expérience pour identifier les opportunités de l'ouverture en milieu rural.
Les communes créent et gèrent de nombreuses productions numériques publiques :
● Des bases de données (statistiques, résultats, budgets, liste des associations, etc.)
● Des oeuvres (photographies, textes, musiques, etc.)
● Des contenus (comptesrendus de conseil, arrêtés, discours, etc.)
Or bien souvent, ces productions détenues par les administrations publiques ne sont pas publiées en ligne ou leur
accès est soumis à des restrictions dans les droits d’utilisations voire au paiement de redevances.
En France, les initiatives d’administrations et collectivités se développent pourtant en faveur de la création et libération
d’oeuvres, données et contenus libres. Ces productions sont considérées comme “libres” dès lors qu’elles sont :
● Publiées en ligne et accessibles à tous gratuitement
● Exploitables sous des formats ouverts
● Réutilisables sans restriction
Ces droits issus de la philosophie des logiciels libres garantissent la liberté d’utilisation, l’équité d’accès et le partage
d’informations en ligne. Ils favorisent le développement de l’innovation et de la création sur leur réutilisation. Ils
assurent la transparence des actions publiques tout en tissant un lien avec les habitants, leur permettant de
s’impliquer plus activement dans la vie de la commune.
L’essor du savoir libre et le mouvement d’ouverture de données, contenus, recherches, et oeuvres sont en marche à
travers le monde. En France, plus d’une vingtaine de collectivités ont lancé un site dédié. Mais si le sujet avance, force
est de constater que les zones rurales et les petites communes restent absentes de ces démarches de modernisation
de l’action publique et de l’accès à l’information pour tous. Estce un problème de ressources humaines ou
financières ? Du manque d’informations libérables sur ces territoires?
Creative Commons, Framasoft, Libertic, LibreOffice, OKF France, OpenStreetMap France, RegardsCitoyens et
Wikimedia France se sont mobilisé sur l’organisation d’une Opération Libre pour questionner le potentiel des oeuvres
et données libres au niveau des petites communes et identifier les freins et leviers de ces démarches en zones
rurales.
Préparation de l’événement
6
7.
La commune de Brocas, 800 habitants, en Aquitaine, est de longue date investie
dans les logiciels libres. Elle a été la première petite commune en France à publier
des jeux de données libres en 2011, elle affiche des licences libres (Creative
Commons) sur le contenu de son site institutionnel et propose des photographies
d’archive en téléchargement. Son engagement dans le mouvement du libre, la
taille du territoire à couvrir et la richesse de son patrimoine faisaient de la commune un terrain
idéal de prototypage d’une Opération Libre. Le conseil municipal de Brocas s’étant engagé par un
délibéré dans l’organisation de l’événement, la préparation de l’événement démarra en février 2013.
Réunion de préparation
Un repérage sur place puis une réunion de préparation entre les organisateurs et le conseiller
municipal en charge de l’Opération Libre à Brocas ont été nécessaires pour identifier les actions
possibles à mettre en place selon le contexte local et gérer la logistique, notamment l’hébergement
des bénévoles chez les habitants.
Charge à la commune de mobiliser sa population, préparer les jeux de données à ouvrir, mettre à
disposition une salle d’accueil et du matériel pour la numérisation, ouvrir les musées et monuments
aux contributeurs, préparer de la documentation, prendre en charge le déplacement des volontaires
et obtenir l’autorisation de survol de la commune afin de pouvoir prendre des photographies
aériennes.
Les communautés du libre devaient quant à elle créer l’identité visuelle de l’événement, mettre en
place un site internet sur operationlibre.org et communiquer sur l’événement afin de mobiliser des
participants volontaires. Wikimedia France proposa également la mise à disposition d’une cabine
photo et Openstreetmap France se chargea de trouver un pilote de paramoteur pour réaliser des
photographies aériennes libres.
Les projets
Il a été décidé de créer différents groupes spécifiques durant l’Opération Libre afin d’alimenter des
projets libres existants. Le choix de ces projets libres a été déterminé par leur catactère
participatif et la remise à disposition des productions sous licence libre. A noter: de nombreux
autres projets libres thématiques existent pour valoriser les territoires et informations publiques.
7
8. GROUPE HACK
Datalocale est la plateforme mutualisée du Conseil Général de
Gironde et de la région Aquitaine. Le site propose d’accueillir les
données ouvertes locales. Brocas pourra donc y publier ses
données sans avoir à investir dans la création d’un site internet. Une équipe de développeurs se
chargera de libérer des données de la commune de Brocas jusque là inaccessibles ou enfermées
dans des PDF. Des services seront également développés pour valoriser les données.
GROUPE WIKI
Wikipédia est le projet d’encyclopédie collective établie sur Internet, universelle,
multilingue et fonctionnant sur le principe du wiki. Wikipédia a pour objectif d’offrir un
contenu librement réutilisable, objectif et vérifiable, que chacun peut modifier et améliorer.
Une équipe de wikipediens se chargera de créer de nouveaux articles liés à la
commune et son patrimoine ainsi que d’enrichir les articles existants.
GROUPE PHOTO
Wikimedia Commons est une médiathèque en ligne. Cette base de données multimédia
centralise des médias libres, tels que photographies, dessins, schémas, musiques, textes
écrits et parlés. Une équipe de wikimédiens sera en charge de numériser les archives de la
commune et des habitants ainsi que d’animer un rallye photo afin de rendre ces contenus
librement accessibles sur Commons.
GROUPE CARTO
OpenStreetMap est un projet qui a pour but de constituer une base de données
cartographiques libre du monde permettant notamment de créer des cartes sous
licence libre. Les contributeurs seront chargés de créer une carte du territoire avec
les habitants en collectant des données sur place. Un paramoteur sera également mis
à disposition pour réaliser des photographies aériennes libres permettant de créer
une vue aérienne.
GROUPE SCIENCES
Les habitants sont accompagnés dans la découverte pratique sur le terrain de la flore,
mais aussi de la géologie et de la faune locale. Suite aux travaux d’identification, les
données collectées sur la faune et flore locale serviront à alimenter la base de
8
10. l’occasion de repérer les lieux. Après une visite guidée de la commune et spécificités locales, une soirée au
restaurant était prévue pour faire plus ample connaissance.
10
11. Productions du Groupe CARTO
Le groupe Carto était en charge de deux chantiers, une cartopartie pour contribuer à
Openstreetmap et réaliser une carte libre de la commune ainsi que la réalisation de photographies
aériennes en paramoteur.
Cartopartie Openstreetmap
OpenStreetMap (OSM) est un projet international fondé en 2004 dans le but de créer une carte libre
du monde. Ses contributeurs collectent des données dans le monde entier sur les routes, voies
ferrées, les rivières, les forêts, les bâtiments et bien plus encore pour reconstituer une carte libre du
monde. Les données cartographiques collectées sur OSM sont réutilisables sous licence libre
ODbL. Contrairement à d’autres cartes (IGN, Google map), OSM permet à chacun de contribuer à
la réalisation des cartes et de récupérer cartes et données librement afin de pouvoir les réutiliser.
Des communes françaises utilisent déjà OSM, à l’instar de la ville d’Orange qui y voit plusieurs
avantages :
● une certaine qualité des données, et une croissance exponentielle de celles ci
● un modèle de partage sous forme de licence libre avec une véritable base mondiale collaborative
● le foisonnement d’applications mobiles dédiées
● les facilités d’accès et de mise à jour
Pour organiser la mise à jour d’une zone, des cartoparties sont organisées. Une cartopartie,
souvent appelée “mapping party” ou encore “cartographie contributive” se définit comme un
événement permettant de cartographier en collaboration avec des volontaires des éléments d’un
quartier ou d’une ville.
Le but d’une cartopartie est de produire une carte complète d’une zone, en récoltant le maximum
d’informations sur le terrain: où se trouve la mairie, les bacs de recyclage, les cours d’eau ou les
11
12. routes et leur associer des coordonnées géographiques afin de pouvoir les positionner sur une
carte. Les volontaires étaient donc invités à parcourir la commune pour identifier les éléments à
relever. L’objectif était d’améliorer la cartographie de la commune, faire connaître le projet et initier
de nouveaux contributeurs.
Organisation
Le tracé des voies depuis les photographies aériennes, l’import des bâtiments depuis le cadastre et
une partie des adresses depuis le cadastre ont été intégré sur Openstreetmap au préalable.
Après une présentation du projet auprès des volontaires, des échanges avec les habitants ont eu
lieu pour glaner des informations sur la commune, des noms de lieux, des sites intéressants…
Ainsi lors d’un petit déjeuner avec un couple d’habitants qui hébergeait des volontaires, une hôtesse
a indiqué que dans sa jeunesse elle lavait son linge au lavoir. Le lavoir n’avait pas été identifié sur
les monuments de la commune mais l’équipe a pu ainsi prendre connaissance de son existence
pour partir à sa recherche durant l’Opération Libre.
Les routes, et les contours des bâtiments ont été ajoutés à distance par des contributeurs
openstreetmap en ligne au préalable de l’événement afin de faciliter la collecte sur le terrain. Durant
l’Opération Libre, de nombreux éléments sur les services locaux ont été rajoutés: lieux de
recyclage, commerces, services aux habitants, monuments, sentiers de randonnées, jusqu’à la
piste de l’ancien chemin de fer.
Cet enrichissement de la carte facilite les futures modifications à distance des contributeurs. Ainsi,
de nombreux mouvements d’améliorations ont eu lieu, sur les intitulés ou corrections de chemins
notamment, après l’évenement: 2 000 enrichissement en 5 mois. Pour un maintien à jour effectif
de la carte, il est cependant nécessaire que des habitants ou équipes de la commune se soient
familiarisés avec les outils, ce qui était l’objectif de l’Opération Libre.
Après une brève présentation d’openstreetmap et de son fonctionnement, les volontaires sont partis
à la collecte de données. Il est possible de collecter les données géographiques soit à l’aide d’un
“walking paper” soit grâce à une application smartphone. Des points d’intérêts tel que les bâtiments
publics, monuments historiques, commerces, infrastructures de la ville ont été identifiés.
De retour de la cartopartie, il fallait intégrer les données collectées sur la base de données
openstreetmap. Deux outils sont disponibles pour faciliter l’intégration: Potlatch pour les novices et
JOSM pour les plus expérimentés.
12
13.
Potlatch 2 JOSM
Rendu Openstreetmap de Brocas avant l’Opération Libre (mars 2013)
Rendu Openstreetmap de Brocas après
l’Opération Libre (avril 2013)
13
14. Le visuel cidessous présente une comparaison des rendus de la même zone géographique sur
Brocas dont en haut à gauche Google Map, en haut à droite Openstreetmap et en bas à gauche
Bing. Le rendu Openstreetmap en plus de sa précision offre également plusieurs rendus différents
selon que l’on souhaite mettre en avant les services, réseaux routiers ou l’environnement par
exemple. Une fonctionnalité sur openstreetmap.org permet en un click d’exporter le rendu de la
zone désirée pour l’intégrer sur un site internet ou le télécharger.
14
17. Grâce à la libération des données sur
Openstreetmap, 3liz a pu automatiquement intégrer les données de la commune en moins de 24
heures dans sa plateforme de visualisation des points d’intérêts adaptée à Brocas.
Cartogenic a également intégré les données de
Brocas durant l’Opéation Libre pour alimenter cette
cartographie qui permet de localiser différentes
données dans la commune en incluant notamment
les monuments et cartes postales.
Wheelmap permet d’identifier les lieux publics
accessibles aux personnes mobilité réduite afin de
faciliter leurs déplacements. L’accessibilité des lieux
est l’un critères qui peut être relevé lors des
cartoparties, ici le rendu pour Brocas.
Openstreetmap n’est pas qu’une base de données, le projet propose différents rendus de carte, des
sites de calcul d'itinéraire, d'affichage spécialisé de certains types de données, des centaines de
services annexes que l’on peut découvrir sur openstreetmap.org.
En libérant leurs données et en développant les pratiques collaboratives avec les habitants, les
communes participent à alimenter de nouveaux services pour leur territoire.
17
18.
Vues aériennes
Le second projet mis en oeuvre par le groupe Carto était l’organisation d’un vol de paramoteur afin
de produire des photographies aériennes libres du territoire. Une fois compilées, ces dernières
permettent de créer une vue globale de la zone photographiée.
Brocas se situant sur une zone interdite de survol du fait de la proximité de la base aérienne 118,
une dérogation a néanmoins pu être obtenue grâce aux efforts de la commune de Brocas et
l’amabilité de la base aérienne de Mont de Marsan.
Voir le film du décollage du paramoteur à l’adresse suivante
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:D%C3%A9collage_paramoteur_Op%C3%A9rationLibre_%C3%A0_Brocas.og
g
Une fois en vol, le pilote muni d’un appareil photo numérique a réalisé plus de 130 photographies
aériennes de la commune de Brocas. Ces dernières ont été reversées en ligne sur Wikimedia
Commons.
18
19.
Un logiciel de compilation des photographies a ensuite été utilisé pour réaliser une vue aérienne
globale de la commune. Lors de la projection des images auprès des habitants, la vue aérienne du
plan d’eau a suscité de nombreux commentaires. On y aperçoit en effet les bancs de sable qui
bouchent l’écoulement de l’Estrigon. Difficilement perceptibles de terre, c’était la première fois que
le public pouvait concrètement visualiser ce problème qui nécessite un investissement de la
commune pour le draguage. Les zones boisées touchées par la tempête de 2009 étaient
également observables. La visualisation permet dans ce cas de mieux intégrer les enjeux
environnementaux et faciliter la prise de conscience.
Intérêt pour la commune et ses habitants
La commune dispose désormais d’une cartographie libre du territoire. Openstreetmap peut servir de
support à différentes activités.
La carte obsolète exposée au Syndicat d’initiative peut être remplacée par un rendu
Openstreetmap avec les dernières mises à jour, dont les nouvelles constructions qui
n'apparaissaient nulle part, et chaque habitant peut contribuer à la mise à jour pour assurer l’acuité
de la carte au quotidien et la publier librement aussi souvent que nécessaire. Egalement, les
services annexes tels que Maposmatic et ses cartes pour les visiteurs permettent d’offrir des
services supplémentaires aux touristes de la communes.
Les pompiers locaux se sont également montrés interréssés par cette carte car elle indique les
numéros des bâtiments sur la voirie, tandis que leurs outils actuels ne mentionnent pas ces
informations. Le rendu met également en avant la richesse des services et du patrimoine local,
rendant la destination plus attractive au premier coup d’oeil.
La libération des données du territoire permet d’alimenter Openstreetmap qui est à la source de
nombreux services. En desservant ses données sur OSM, la commune participe de fait à
développer les services sur son territoire.
Enfin, l’exercice d’une cartopartie avec les habitants est un moment ludique qui réunit petits et
grands autour d’une activité qui les incite à (re)découvrir leur territoire, s’initier à de nouvelles
pratiques numériques, découvrir des outils et la lecture cartographique.
19
21. Productions du groupe WIKI
L'équipe des Wikipédiens était chargée de participer, avec les habitants de la commune, à
l'amélioration des articles de Wikipédia autour de Brocas et leur illustration avec des photos
prises et publiées sous licence libre sur Commons grâce à un travail commun avec le groupe
photo.
Six Wikipédiens (Agamitsudo, Auregann, Chougnawiki, Kvardek du, Symac et Xjavier), étaient sur
place pour accueillir, former les participants, et travailler directement sur les articles. D'autre part, la
communauté wikipédienne s'est également mobilisée à distance pour contribuer au travail commun,
pendant et après l'opération : amélioration des articles, tri des images ou recherche de sources.
Par exemple, Acer11, wikipédien et moine dans un monastère de la région, s'est occupé de
numériser des ressources sur le village qu'il avait dans sa bibliothèque.
Projet Wikipedia
Wikipédia est un projet d'encyclopédie multilingue coopérative, universelle et librement diffusable.
Chacun est libre de créer ou enrichir les articles, tout en respectant les règles d’édition.
Organisation
Installée dans la salle polyvalente mise à disposition par la commune de Brocas l’équipe a accueilli
le public tout en commençant à regarder les sources dont elle disposait et les articles à améliorer.
Le public était invité à se créer un compte en ligne et accompagné dans leurs premières
contributions, à l’image d’une jeune contributrice, FanDeOneDirection , qui a participé à
l'amélioration de l'article Brocas.
Pendant ce temps, des contributeurs aguerris créaient et amélioraient les articles. Le samedi à 18
heures, une première restitution des avancées des groupes a été organisée pour présenter les
projets aux habitants.
Le dimanche matin, certains Wikipédiens sont partis avec les contributeurs de Tela Botanica
découvrir les lagunes de Brocas et les prendre en photo pour alimenter l’article qui se faisait alors
dans le même temps dans la salle.
Le compterendu de l’équipe est disponible sur :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Op%C3%A9ration_Libre_%28Brocas%29/Compte_re
21
23.
Source:https://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Op%C3%A9ration_Libre_%28Brocas%29/Compte_rendu
Quatre articles ont été créés, sur les lagunes, le château, la gare et une personnalité locale, qui
permettent de mettre en avant, diffuser et pérenniser le patrimoine de la commune par la publication
en ligne. D’autres articles ont été largement enrichis, presque triplés, et enrichis de
photographies.
Le travail important de documentation et vérification des sources a permis de familiariser les
participants avec les notions de citations et crédibilité des sources ainsi que de droits d’auteurs afin
de rédiger et illustrer un article de qualité. Des habitants ont mis à disposition des livres et oeuvres
en leur possession pour faciliter le travail des wikipédiens. L’approche historique de ce travail a
principalement intéressé des personnes âgées mais a également permis de faire découvrir l’histoire
de la commune aux plus jeunes.
Intéret pour la commune
Wikipedia est le 5eme site internet le plus visité en France. Développer une communication sur
le patrimoine historique, culturel, environnemental de sa commune permet d’assurer une visibilité
sur un projet phare de la toile. Un article qualitatif, complet et illustré permet de mettre en avant les
attraits de la commune et de la rendre plus attractive, y compris sans disposer de site internet
propre.
De par son envergure internationale, les contributeurs de Wikipedia travaillent également à la
traduction des articles publiés en ligne. Une description de la commune pourrait ainsi se voir
traduite dans l’une ou plusieurs des 285 langues de publication de Wikipedia: en anglais, italien,
russe, coréen ainsi que des langues régionales. L’article de Brocas est actuellement disponible en
27 langues.
Audelà de la création et enrichissement des articles pour l’alimentation du projet Wikipedia, des
services se développent également sur son contenu. Il est ainsi possible de créer, modifier et
publier librement des guides touristiques basés sur les articles (Wikivoyage) ou encore
d’alimenter des applications qui utilisent ces informations pour guider les voyageurs. L’application
mobile de Wikipedia permet également aux utilisateurs de découvrir les lieux de proximité en
combinant géolocalisation et contenus des articles.
La commune de Brocas a découvert des statistiques locales grâce au travail de collecte des
23
24. données démographiques et environnementales par les Wikipédiens. Cette action contribue à la
réappropriation des informations existantes sur le territoire.
Enfin, le travail de documentation a permis de découvrir de nouvelles sources d’informations
locales. Il a été enrichir grâce à la participation des habitants qui ont apporté notamment leurs livres
anciens sur la commune. Certains ont d’ailleurs souhaité pouvoir numériser toute une oeuvre afin
d’en assurer la pérennité lorsque le support physique se dégradait mais il n’était pas possible de le
réaliser en un si court laps de temps. Cet apport de documentation constitue un moyen pour la
commune de se réapproprier son histoire, de mettre en lumière des éléments marquants de la
vie locale et de diffuser un patrimoine commun plus largement. Cette action participative et
inclusive constitue un moyen efficace d’animer un territoire, créer du lien social et redécouvrir un
patrimoine de manière collective.
24
25. Productions du groupe PHOTO
L’équipe du groupe Photo était chargée d’accompagner les habitants de la commune dans la
numérisation de photographies et cartes postales illustrant la vie locale à travers le temps et
ses monuments, ainsi que d’organiser une sortie photo pour prendre des photographies récentes
de la commune et enfin libérer le tout en publiant les productions sur Commons, la médiathèque
libre de Wikimedia.
Numérisation
Une imprimantescanner a été mise à disposition par un habitant de la commune. Elle a été
utilisée pour numériser les archives de la mairie mais également les photographies, cartes
postales, affiches, des habitants qui avaient été préalablement invités à apporter leurs
documents. Chacun devait signer une autorisation de publication des éléments en ligne sous
licence libre.
Pour les documents de grande taille, une numérisationmaison a été improvisée à base d’appareil
photographique numérique fixé sur un trépied.
Organisation
A l’aide de l’imprimantescanner, l’équipe devait placer les oeuvres sous l’habitacle de l’imprimante,
importer le document numérisé en l’intitulant et enregistrer le fichier afin de pouvoir le transférer
ultérieurement sur la médiathèque libre en ligne Commons.
25
26. Cette action simple permet de familiariser la population avec les outils numériques. Activité
intergénérationnelle, les anciens sont particulièrements utiles pour identifier des monuments,
leur nom et leur histoire. Cette catégorisation est indispensable pour associer un texte explicatif
aux visuels. Les jeunes, plus à l’aise avec l’outil numérique étaient fiers de montrer à leurs
grandsparents comment numériser une photographie. Les tâches se sont naturellement réparties
selon les compétences.
L'après midi, une partie des wikipédiens et des contributeurs Open Street Map sont partis
cartographier et prendre en photo le centrebourg et l'ancienne gare de Brocas. Les équipes sont
également entrées dans l'église qui a été photographiée sous tous les angles.
26
29.
Modalités de publication sur Commons
http://commons.wikimedia.org/wiki/Accueil
1. Importer un fichier
2. Contractualiser la liberté d’usage
3. Décrire le fichier et valider
29
30.
Photos du déroulement de l’Opération Libre disponibles sur:
https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Contributors_during_OPL_Brocas_2013
Résultats en chiffres
Période Nombre d’oeuvres publiées sur Commons
Avant Opération Libre 12 photographies sur Brocas
Dernier jour de l’Opération Libre 175 medias: photos, films, cartes postales
Suivi des contributions 1 mois après OPL 496 medias: photos, films, cartes postales
Intérêt pour la commune
Numériser et publier des oeuvres en ligne permet d’assurer leur pérennité audelà du support
physique périssable car sujet aux jaunissements, effritements ou moisissures. Ce travail de
numérisation a donc permis en premier lieu de pérenniser la mémoire de la commune.
Si la sauvegarde visuelle est assurée, la compréhension de ces oeuvres n’intervient que grâce à
leur contextualisation et description. Entamer un travail d’archivage et de catégorisation permet
de mettre en oeuvre cette contextualisation en faisant appel à la mémoire des anciens et des
passionés collectionneurs de cartes postales ou documents thématiques sur le territoire, qui s’en
trouvent valorisés.
Des archives ont été redécouvertes dans la commune de Brocas. Un ancien plan de l’église a
ainsi été sorti des cartons de la mairie et pourra servir d’inspiration pour ses travaux de rénovation.
Les habitants ont indiqué redécouvrir leur église et son histoire et la considérer d’un nouvel oeil.
Cette redécouverte du patrimoine a incité des habitants à partir à la recherche d'une fresque
galloromaine locale prise pendant la seconde guerre mondiale.
La Présidente du musée des forges a expliqué que l’Opération Libre avait permis aux habitants
euxmême de découvrir les oeuvres du musée. Rares sont ceux qui ont en effet franchi son seuil qui
voit plus de touristes que de locaux.
30
31. Pour les associations et musées locaux qui détiennent des oeuvres, la valorisation de leur travail
est mise en oeuvre par la diffusion en ligne sur le projet gratuit Wikimedia Commons qui possède
une communauté dynamique de contributeurs. Wikimedia Commons collabore avec d'autres
médiathèques afin de diffuser plus largement les fonds d'images libres, à travers Wikipédia
notamment. En décembre 2008, les archives fédérales du Bundestag ont ainsi téléchargé 80 000
images vers ce site ainsi que la librairie du Land de Saxe, le musée ethnographique d'Amsterdam
Tropenmuseum a téléchargé 35 000 images. Ces images, dont beaucoup ont une valeur historique,
servent ensuite d'illustrations à des articles de Wikipédia, des sites web et des journaux en ligne.
Ce type de collaboration assure à ces bibliothèques et musées une plus grande diffusion de leur
fonds d'images, et une révision de ces fonds par les internautes qui signalent les erreurs
comme des descriptions incorrectes ou des confusions entre auteurs homonymes, et permettent
les corrections.
31
32. Productions du groupe SCIENCES
Le groupe Sciences avait la volonté d’accompagner les habitants dans la collecte et
l’identification de la flore et de la faune locale afin de constituer une base de données libres du
patrimoine environnemental de Brocas. Un accent plus fort a été mis sur le volet floristique.
L’association Tiriad et TelaBotanica ont proposé découverte et participation à trois projets libres :
Tela Botanica , résau des botanistes francophones pour le référencement de la flore,
Taxinomes la “biodiversité au numérique” pour le vivant dans son ensemble,
Geodiversite.net inventaire participatif autour de la géologie.
A l’heure où le monde s’agite autour des données personnelles, des licences de réutilisations, le
monde scientifique s’interroge sur la valeur (économique, usages, etc.) des données naturalistes.
Depuis les premiers relevés du XVIème siècle aux voyages d’Audubon jusqu’aux relevés des
associations naturalistes en 2013, les naturalistes ne cessent d’observer, récolter, échantillonner et
noter toutes leurs observations.
Du carnet papier individuel, nous sommes passé aux bases de données informatiques spécialisés
pour s’ouvrir aujourd’hui au programme de sciences participatives. L’appel au citoyen est devenu un
incontournable des programmes scientifiques actuels. C’est une réelle démocratisation et une
ouverture des sciences que le numérique collaboratif a ainsi permis.
C’est sur ce dernier aspect qu’il faut revenir. Très souvent les programmes de sciences sont
“participatifs”. Cela signifie que, grâce à des outils souvent conviviaux et faciles d’accès, chacun
peut apporter sa participation à la connaissance scientifique naturaliste générale. Par contre, très
souvent, les données publiées sont protégées et ne sont pas diffusables largement.
TelaBotanica a été un des premiers à développer un projet de sciences dites “collaboratives”.
Collaboratives dans le sens où :
les données publiées le sont sous licences CCbySa. Donc libre à chacun de disposer de ses
données et de celles des autres contributeurs,
Tous les logiciels et toutes les applications développées dans le cadre du réseau sont sous
licence libre CeCILL.
32
38. Productions du Groupe HACK
Le groupe Hack, constitué de développeurs confirmés, était en charge d’accompagner la libération
des données de la commune, libérer les comptesrendus des conseils municipaux et
développer des services.
Libération des données
La première étape entreprise par la commune de Brocas a été d’identifier les jeux de données
disponibles en interne. En échangeant avec la secrétaire de mairie, il a été possible d’extraire les
documents et fichiers gérés en interne et de constituer une liste, tout en mettant de côté les
données de sécurité ou à caractère personnel qui ne sont pas destinées à être publiées. Cela
représentait au final une cinquantaine de jeux de données, sans compter les archives et
photographies traitées par le groupe Photo, ni les données des partenaires ou jeux détenus par
d’autres administrations.
Toutes les productions numériques libérables n’ont cependant pas pu être retrouvées. Dans
certains cas les archives de même documents (tels les arrêtés) n’existaient plus sur l’ordinateur
car un même fichier sert de base aux enregistrements et les anciennes versions sont écrasées par
les nouvelles. Une pratique encore courante dans les petites communes qui ne voient pas toujours
l’intérêt des archives numériques quand la version papier reste disponible. De nouvelles pratiques
d’archivages sont donc à mettre en place afin d’assurer la pérennité des productions.
Le second problème rencontré fut l’utilisation de logiciels (dont comptables) qui ne permettent pas
l’export des données dans un tableur. Les budgets doivent dans ce cas être recopiés
manuellement ou exportés en PDF. Ces deux pratiques sont sources possibles d’erreurs dans la
reproduction. L’utilisation de logiciels autorisant l’export .csv constitue un avantage dans la pratique
de libération et eux seuls permettent d’avoir la main mise sur les données produites à la source.
L’intercommunalité a été sollicitée pour fournir des données. Ont ainsi été mises à disposition
l’évolution du prix de l'eau et évolutl’ion des effectifs de l'école. L’école a également été mise à
contribution ainsi que les équipes sportives locales. Un moyen de favoriser la réappropriation puis le
partage. Un travail de mise en forme a ensuite été nécessaire pour nettoyer les tableaux: un seul
tableau par fichier, pas de champs d’intitulés vide, description des champs, etc.
Les données ont ensuite commencé à être publiées sur www.datalocale.fr, la plateforme mutualisée
de la région Aquitaine et du département de Gironde qui accueille les données des collectivités
locales. Toutes les publications n’ont pu avoir lieu durant les 48h de l’Opération Libre.
JeanChristophe Elineau, le conseil municipal en charge de l’ouverture des données a donc passer
du temps a posteriori pour finaliser les publications. Le temps nécessaire à la commune, entre la
collecte, nettoyage et publication pour un jeu de données est estimé par JeanChristophe Elineau à
cinq jours pleins.
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39.
Libération des comptes-rendus
Organisation de la libération des comptesrendus? En quelques points pas trop techniques (pour
les elements plus techniques fournir un lien vers un texte technique disponible en ligne)
Codes de récupération des données des comptesrendus de conseils municipaux développés par
RegardsCitoyens disponibles ici:
https://github.com/RouxRC/various_scrapers/tree/master/PVsCMBrocas
D’autres jeux de données ont également pu être extraits des comptesrendus qui sont souvent
l’occasion de rapatrier des jeux de données. Ainsi la liste des parcelles forestières sinistrées de la
commune qui a dans un premier temps été publiée sur la plateforme www.nosdonnees.fr qui
héberge gratuitement et librement des jeux de données libérés.
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40. Résultats
Source: http://framacalc.org/sfa9eif50k
Intérêt pour la commune
La libération des données et des contenus de la commune assure une meilleure information aux
habitants, arrivants et visiteurs. Aujourd’hui encore, des informations tel que le Plan Local
d’Urbanisme ne sont pas accessibles en ligne aux habitants. Il faut souvent prendre le temps de se
déplaceer en mairie sur les horaires d’ouverture afin de pouvoir consulter des documents
nécessaires, en l’occurrence pour envisager l’extension de son habitat. Leur accès en ligne permet
d’offrir un service pratique moins chronophage en interne comme en externe. Audelà de la
libération des seuls jeux de données, la publication structurée des données textuelles de
déliberations ou arrêtés permet aux habitants de rester informés des actions entreprises par la
mairie et des dernières dispositions. Elles peuvent être à la source de meilleurs services de suivis,
système d’alerte sur les thématiques d’intérêt et d’un engagement facilité dans la vie locale. La
création d’une méthodologie de publication continue et mise à jour permet de péreniser le
patrimoine numérique de la commune en garantissant son archivage et sa documentation. Les
publications peuvent être réutilisées pour la création de cartographies ou services tiers. Cette
dissémination en ligne assure une meilleure visibilité de la commune et de ses infrastructures.
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41. Services
Les volontaires avec des compétences de développement informatique étaient invité à créer ou
transposer des services numériques pour la commune de Brocas. Deux outils ont ainsi été mis à
disposition: OpenPostCard qui propose une comparaison visuelle de photographies anciennes et
présentes, et Ushahidi, une plateforme participative qui permet de remonter des informations
géolocalisées multimedias.
OpenPostCard
OpenPostCard est un service qui a été développé et appliqué durant l'Opération Libre par un
membre de l'Open Knowledge Fundation France. Ce service permet de comparer deux
photographies ou cartes postales représentant un même lieu sous le même angle. Cela permet
d'effectuer des comparaisons de l'évolution historique du bâti de la commune à travers des
visualisations avant/après.
Déroulement
Accompagné d'une habitante « mémoire » de la commune, l'équipe n'avait qu'à se munir d'un
appareil photographique numérique. Après avoir identifié des photographies ou cartes postales
librement réutilisables, ces dernières ont été numérisées. L'équipe est ensuite partie prendre des
clichés contemporains représentant la même scène sous le même angle afin de pouvoir réaliser
une visualisation comparative du cadre.
La difficulté résidait dans le fait d'obtenir le cadrage le plus proche de l'image historique. La pente
des toits, si elle est restée identique, peut aider à caler la prise. Souvent les photographies
anciennes sont réalisées depuis le milieu de la route, ce qui s'avère périlleux avec la circulation
contemporaine. Être accompagné d'un habitant qui aura reconnu le lieu, tiendra la photographie
originale et gèrera la circulation facilite la tâche.
41
42. Etapes techniques
Cette partie technique n'est réalisable que par les personnes maîtrisant à minima le HTML.
Le logiciel Hugin, librement téléchargeable sur hugin.sourceforge.net et compatible mac, windows,
linux a été utilisé pour aligner les points communs des images avant/après et produire des images
du même format.
Après avoir posté les anciennes et nouvelles photographies sur la bibliothèque multimedia
Commons (en s'assurant que les images sont bien librement utilisables), on lance Hugin.
Dans l'assistant, on clique sur "1. charger des images" et on sélectionne les deux images
avant/après.
Dans l'assistant, on appuie sur "2. Aligner".
Dans l'onglet Points de controle, un message d'erreur s'affiche, on clique sur ok.
Sur l'image de gauche, on clique sur un point de l'image que l'on retrouve à la même position sur le
même bâtiment. On clique sur ajouter et on tente de trouver un maximum de points identiques, à
différents endroits de l'image, pour optimiser l’alignement.
Le tutoriel complet pour réaliser ce type de comparaisons visuelles est disponible sur :
openpostcards.okfn.fr
La manipulation est un peu complexe techniquement mais en suivant le tutoriel, une personne un
peu aguerrie en informatique peut reproduire ce type de projet. La principale difficulté réside dans le
tâtonnement des différents paramètres qu'il est nécessaire de faire pour arriver à une bonne
visualisation.
L'opération idéalement doit se faire en binome : une personne qui connait bien la commune, une
autre qui fait les manipulations. L'étape des points de correspondance peut être un bon moment
d'échange qu'il faut documenter, l'habitant apporter une connaissance de l'évolution du bati qui
idéalement accompagne la visualisation.
Résultats
La présentation de ce projet comparatif de cartes postales a suscité l'enthousiasme des
habitants lors des restitutions. C'est un moyen efficace de découvrir la commune et son
42
43. évolution à travers le temps, tout en intégrant la participation des habitants pour partager leurs
connaissances et les documenter.
Le projet est actuellement visible sur le site de la commune de Brocas à l'adresse suivante, une
façon de dynamiser la présentation du territoire.
43
44. Ushahidi
Ushahidi (“témoignage” en swahili) est une plateforme qui utilise le concept de crowdsourcing au
service de la cartographie sociale. Ushahidi fournit un site aux internautes pour soumettre un
rapport sous forme de photographie, vidéo ou SMS via son téléphone mobile ou internet,
générant une archive temporelle et géospatiale de l'évènement.
Ushahidi permet aux autorités et organisations de filtrer et vérifier en temps réel des données
“terrain” remontés notamment par des habitants via des canaux tels que Twitter, SMS, Email et
RSS. Ce logiciel libre est particulièrement utile pour les organisations qui ont besoin de trier des
données par fiabilité, notamment dans les cas de gestion de crise: tempête, inondations ou
événements sociaux: éléctions, manifestations afin de faire remonter les besoins en secours ou
alertes de sécurité.
Ushahidi a été utilisé notamment lors des violences postélectorales au Kenya en 20072008, lors
du séisme de 2010 en Haïti, et lors des incendies de forêt en de 2010 en Russie.
Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Ushahidi
Mise en place d’Ushahidi
Une plateforme Ushahidi a été implantée pour la commune de Brocas par @amnesic de Libertic.
Elle a été testée durant l’Opération Libre pour suivre le travail des équipes sur leurs déplacements.
A noter: il est également possible d’utiliser le service en ligne d’Ushahidi afin de passer outre
l’étape d’implantation locale.
44
45.
Intérêt pour la commune
La commune de Brocas est située au cœur de la Forêt Landaise et fait partie du Parc Naturel des
Landes de Gascogne. Cerclée de forêts de pins, ces espaces sont sujets aux incendies et
tempêtes. Lors de la tempête Klaus de 2009, de nombreux arbres se sont abattus sur les routes,
isolant la commune.
Licence Creative Commons By SA Commune de Brocas
http://opendata.brocas.fr/node/14
Les habitants, munis de leurs tronconneuses, sont allés découper les arbres pour libérer les voies.
Le pilotage, répartition des actions et suivi des avancées pourraient se gérer grâce à un outil
tel qu’Ushahidi permettant aux habitants de remonter les informations sur place. Par contre cela
recquière que ces derniers possèdent un téléphone, que les lignes téléphoniques soient
fonctionnelles et que chacun ait été sensibilisé à l’usage de l’outil. Un pas vers la gestion
numérique qui semble encore haut mais plus modestement, cette plateforme participative peut
également servir à l’organisation de chasses aux trésors ou autres animations ludiques et projets
participatifs avec les habitants.
45
46. Modifications site institutionnel de Brocas
La commune de Brocas a modifié son site internet dans le cadre de l’Opération Libre. Désormais,
les contenus sont sous licence libre (Creative Commons) et la carte de géolocalisation de Brocas
est un rendu Openstreetmap. Les cartes postales avec une visualisation d’évolution temporelle
ont été intégrées sur le site. La section données ouvertes renvoie vers les données libérées
désormais accessibles aux habitants avec des informations tel que l’évolution des effectifs dans
l’école primaire, la fiscalité locale ou la répartition du budget de la commune. La mise à
disposition de ces données permet de faciliter l’accès et une meilleure information des habitants
sur la vie à Brocas De nouvelles pratiques doivent être mises en place dans la création et gestion
du patrimoine immatériel afin d’assurer la mise à jour et pérennité des démarches.
46
47.
Bénéfices de l’Opération Libre
Cette première édition d’événementiel collaboratif en lien avec la libération des connaissances a été
l’occasion de créer des services à valeur ajoutée pour la commune et ses habitants: carte libre,
plan détaillé de la commune, vue aérienne globale, services participatifs, outil de visionnage
temporel des photographies, accessibilité des informations locales en ligne, numerisation et
perenité du patrimoine référencement de la faune et flore locale, le tout en faisant participer les
habitants pour les sensibiliser et les former aux pratiques numériques.
Plusieurs thèmes de valeurs se détachent de cette action.
Découverte
Découverte par les habitants de leur richesse et patrimoine locale, découverte des outils
numériques et projets collaboratifs, découverte des notions de savoir, outils et licences libres
Réappropriation
Ces découvertes favorisent la réappropriation du territoire par la commune et ses habitants. La
création d’une carte libre leur permet de gérer ses évolutions et les publications au gré de leurs
attentes. La création d’une base de données sur le patrimoine environnemental local ou la mise à
disposition de données par l’intercommunalité ont permis de constituer une base commune et
accessible à tous.
Informations
La publication libre de données et contenus en ligne favorise la diffusion et l’accessibilité en ligne
des informations et du patrimoine de la commune.
Services
La réutilisation des productions numériques en ligne permet de développer des services utiles aux
habitants de la commune, les nouveaux arrivants, les touristes et visiteurs. Le site de la commune
a pu être enrichi de fonctionnalités et supports de valorisation.
Pérennisation
La numérisation du patrimoine assure sa sauvegarde et pérennité. Sa libre publication en ligne
contribue à sa mise en valeur.
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48. Animation territoriale et Lien social
Les groupes thématiques ont pu inclure des hommes, des femmes, des jeunes, des enfants, des
personnes âgées, chacun pouvant contribuer selon ses centres d’intérêts (patrimoine,
environnement, cartographie, etc) et ses compétences. Ce type de rencontre avec une population
variée renforce le lien social et le sentiment d’inclusion derrière l’entité de la commune. L’Opération
Libre est un support à l’animation du territoire et aux echanges et rapprochements entre habitants.
Valorisation
La visibilité des informations et du patrimoine en ligne permet une valorisation du territoire et une
forme d’attractivité relayée également par les retombées médiatiques.
48
49. Coût de l’Opération Libre
Intitulé Description Montant
Transports 11 membres organisateurs 2 081,94 €
Hébergement Arrivée la veille: hôtel 44,45€
Restauration 15 personnes
sur 1 soirée + 2 jours
Petitdéjeuner, déjeuner,
dîner
1 050,50€
Photos aériennes Carburant vol paramoteur 43 €
Supports de communication Tshirts et Stickers 417,75 €
Mise à disposition
Logements sur place,
scanner, paramoteur, cabine
photo, vidéoprojecteur, salle
de réunion, imprimante
0 €
Coût total 3 637,64 €
Coût pris en charge par les
organisateurs
1 485,60 €
Coût total pour la
commune
2 152,04 €
Détails disponibles sur http://framacalc.org/vmk9v9ndcx
Limites et Leçons
L’Opération Libre a été organisée comme un projet pilote inédit sur sa forme. Cette
expérimentation, si elle est apparue positive pour les participants et la commune a cependant
souffert de certaines limites et freins rencontrés.
En premier lieu, le nombre d’habitants mobilisés a été très restreint. Une dizaine d’habitants a
été réellement impliquée et une quarantaine au total a participé aux séances de restitutions
organisées en soirée. Une communication tardive a sans doute été en cause ainsi que l’objet du
message. Beaucoup d’habitants avaient entendu qu’il s’agissait d’une rencontre numérique et ne se
sentaient donc pas concernés. L’organisation d’un “rallye photo” aurait été plus parlant et aurait
peutêtre permis de mobiliser plus d’habitants en évitant le lexique numérique. L’objectif initial de
formation des habitants s’est rapidement transformé pour certains groupes en production à la place
des habitants. Ce qui constitue un réel problème pour la pérénnité des services créés. Sans
49
50. compétence locale pour maintenir les informations à jour, les services peuvent devenir rapidement
obsolètes. Une communication efficace devrait s’axer sur les intérêts des habitants et associations
locales et être mise en avant lors d’événements physiques et a minima deux mois avant
l’événement.
Cet axe de pérennité des actions entreprises est également en question du fait que la dynamique
repose sur un conseiller municipal. Quid des actions en cas de départ ? Avoir un relais ou structure
locale capable d’accompagner les habitants sur le long terme semble nécessaire pour assurer la
persistance des services et productions à travers la formation des habitants et organisations.
Le volet de sensibilisation des habitants a donc été assez limité. La plupart ont pris connaissance
des projets et de leurs principes lors des restitutions. Certains retours de projets ont d’ailleurs
suscité l’intérêt des habitants : “C’est génial Wikipedia. Comment faiton pour contribuer ?” quand
les formations avaient lieu la veille. Autant d’opportunités manquées d’accompagnement des
habitants durant l’Opération Libre. Une présentation préalable des savoirs et informations libres
semble nécessaire afin de mobiliser les habitants pour coproduire en amont de l’événement et
assurer la diffusion de la culture des logiciels, outils, données, contenus et licences libres auprès
du grand public.
Le second problème identifié fut la difficulté d’accès à certaines informations. Les oeuvres
culturelles, les données numériques de différents niveaux de collectivités, les données du parc
naturel. La sollicitation d’accès et de réutilisation de certains produits numériques n’est pas
(encore) entrée dans les moeurs et rencontre de nombreuses réticences, limitant les possibilités de
valorisation et de réappropriation des informations par la commune. Ce sont donc les habitants qui
ont le mieux contribué à l’apport d’informations culturelles à travers leurs archives et documents
personnels. Ce qui témoigne par ailleurs de l’opportunité de la coproduction pour pallier aux défauts
d’accès.
Le groupe en charge de la rédaction d’articles pour Wikipedia a dû travailler dans l’urgence,
découvrant une partie de la documentation du territoire sur place (à défaut de versions numériques).
Une meilleure préparation en amont avec l’accès à certains éléments nécessaires au bon
déroulé des actions semble nécessaire pour un événement optimal.
De manière générale, la question numérique reste mal appréhendée. Les problèmes d’insertion et
d’usage numérique au sein de la commune comme auprès des habitants demandent pédagogie et
accessibilité quand les acteurs du numériques peinent parfois à sortir du jargon.
Cet aspect a été l’occasion de questionner l’approche des projets collaboratifs. Si Openstreetmap
et Wikipedia par exemple sont des projets que chacun peut alimenter, dans les faits, la marche
pour assimiler les règles et outils afin de contribuer correctement recquière un temps d’adaptation
et de la volonté. Les outils de ces projets ne sont pas toujours aussi simples d’usage qu’ils
pourraient l’être et certains ne sont d’ailleurs accessibles qu’en anglais. L’intégration de nouvelles
fonctionnalités répondant au besoin d’usage des communes faciliterait l’adoptions.
La temporalité de 48 heures est très courte pour mener tous les projets. De nombreuses actions
se sont poursuivies après l’événement. Cependant cette limite temporelle était bien identifiée et
l’Opération Libre avait pour objectif premier de lancer une dynamique sur le territoire. Passer plus de
temps à l’accompagnement et formation de médiateurs aurait pu faciliter la transmission.
Enfin, un sujet qui n’a pas été particulièrement développé sur l’Opération Libre à Brocas est le volet
démocratie participative à travers les outils numériques. RegardsCitoyens a analysé les
comptesrendus municipaux mais le seul projet permettant l’expression conjointe de la commune et
50
51. de ses habitants était Ushahidi or celuici n’a pas été intégré sur le site de la commune. Les
problèmes d’insertion numérique, d’habilité à l’usage de ces outils, mais également de la rencontre
entre une proposition et des attentes expliquent le manque de réappropriation. Pour les territoires
souhaitant avancer sur le volet démocratie participative, des projets existent qui pourraient être
adaptés pour favoriser l’implication citoyenne en ligne.
Le retour des communautés
L’organisation d’un événement commun entre des communautés du libre qui se croisent souvent
sans coproduire systématiquement a été une expérience particulièrement enrichissante pour les
volontaires.
Ce fut l’occasion de rencontrer des contributeurs connus uniquement via des échanges en ligne,
l’occasion de découvrir et parfaire les connaissances sur les différents projets, l’occasion d’affiner
ses compétences et pratiques par l’échange avec les groupes, l’occasion enfin de rapprochements
entre les projets et contributeurs.
Un aspect intéressant fut la collaboration interprojets. A titre d'exemple, les illustrations de la
zone Natura 2000, furent fournies par l'équipe Sciences ; un travail conjoint et spontané s'est
effectué entre OSM et Wikipédia notamment pour la localisation de tel château ou pour une
meilleure compréhension commune du parcours de l'ancienne ligne de chemin de fer (cf. gare de
Brocas) ; des membres de Regards Citoyens et OSM ont formé le représentant de Open
Knowledge Foundation France à l’utilisation du logiciel Hugin ce qui a permis le lancement du projet
OpenPostcards qui intégrera tous ses contenus dans Wikimedia Commons.
À noter, la présence wikimédienne était constituée par des wikipédiens et des commoners. Mais
des acteurs d'autres projets collaboratifs auraient eu leurs places. Que ce soient les projets
Wikimedia avec Wiktionnaire pour l'élaboration d'un dictionnaire français/gascon relatifs aux
toponymes locaux (grand intérêt de la population concernant ces questions) ou Wikisource pour la
numérisation et le traitement d'un texte comme “La chanson de la noyade de Brocas” retrouvée par
les équipes.
De nombreux autres projets collaboratifs existent qui peuvent parfaitement compléter des actions à
mettre en place sur une Opération Libre, selon les motivations des communautés et les contextes
locaux.
51
52.
Conclusion
Favoriser le rapprochement des communes et de leurs habitants par le biais de projets
numériques collaboratifs est un outil particulièrement efficace pour travailler sur le
lien social, la valorisation du patrimoine, l’attractivité, la conservation du
patrimoine de manière collective.
Les actions de libération de petites communes contribuent à la fois à se conformer à la
loi sur le droit d’accès à l’information publique, à moderniser les pratiques de mobilisation
et publication, à profiter des mobilisations et productions collectives.
Les communautés de projets libres ont également eut des retours positifs par le biais de
cette action, notamment à travers les nombreux échanges et croisement entre les
projets libres participant à l’évènement. La carte OSM a ainsi pu lier ses objets aux
articles Wikipédia nouvellement créés
Les petites communes elles aussi sont riches de données numériques décrivant
leur territoire mais il s’agit bien souvent de données :
à récupérer auprès d’autres entités partenaires pour favoriser le décloisonnement
à numériser pour assurer la pérennité
à collecter et reconstituer pour assurer le libre usage
S’appuyer sur les projets citoyens et collaboratifs permet aux petites communes
d’avancer plus rapidement et à moindre coût dans la réappropriation des valeurs de
son territoire. Cette première expérience sur la commune de Brocas a démontré l’intérêt
et la pertinence des actions d’ouverture en milieu rural tout prouvant la faisabilité à
cette échelle.
52
53. L’Opération Libre en liens
Comptes-Rendus
*Compterendu de l'équipe Wikimedia
http://blog.wikipedia.fr/retourssurloperationlibredebrocas5593
Videos et photographies
* Photographies disponibles sur Wikimedia Commons, rubrique OPL_Brocas
http://commons.wikimedia.org/wiki/Category:OPL_Brocas_2013
* Vidéo de décollage du paramoteur
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:D%C3%A9collage_paramoteur_Op%C3%A9rationLibre_%
C3%A0_Brocas.ogg
Medias et relais en ligne
* Le Monde
http://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/05/06/unvillagelandaisreprendpossessiondesesdon
nees_3171890_1650684.html
53
55. Comment libérer une commune ?
Cette partie présente les bonnes pratiques et méthodologies pour libérer les données, textes et
oeuvres d’une commune. Elle n’aborde pas spécifiquement les intérêts de ces pratiques ni
n’approfondit le sujet de l’ouverture des données et contenus qui font déjà l’objet de nombreux
dossiers. Pour plus d’informations, nous vous recommandons de lire la documentation disponible
sur http://opendatafrance.net/documentation/
Publier librement
Sont considérés libres toutes les production numériques, bases de données, textes, photographies,
archives, visuels, multimedias qui sont:
Mis à disposition en ligne sans restriction d’accès
Publiés sous des standards ouverts
Publiés sous une licence libre
Réutilisables librement par tous
Ce que dit la loi
● Loi n° 78753 du 17 juillet 1978 sur l’accès aux informations publiques
Les informations publiques, c’est à dire collectées dans le cadre d’une mission de service public,
doivent être mises à disposition des demandeurs. Les informations publiques sont réutilisables
librement par tous, y compris à des fins commerciales. Les données à caractère personnel ou
appartenant à un tiers ne peuvent être publiées qu’avec le consentement des intéressés. Les
données relevant de la sécurité ou défense du territoire ainsi que les données à caractère personnel
sans consentement des intéressés ne peuvent en aucun cas être mis à disposition du public.
Chaque administration doit posséder un répertoire listant ses informations publiques et il doit être
tenu à disposition des usagers.
● Directive INSPIRE 2007/2/CE du 14 mars 2007
Cette directive concerne les informations géographiques du secteur public. Elle inclue les données
nécessaires au repérage sur le territoire, telles que systèmes de coordonnées, unités
administratives, réseaux de transport, hydrographie, parcellaire cadastral, adresses et noms de
lieux ainsi que des données relatives aux sites protégés, ainsi que les données générales
complémentaires, telles que l'altimétrie, l'occupation des terres, la géologie et l'orthoimagerie et les
données thématiques telles que bâtiments, vocation des sols, santé et sécurité des personnes,
services d'utilité publique et services publics, données sur l'environnement, installations
industrielles, agricoles, démographie, périmètres de réglementation, données météorologiques,
données maritimes, sources d'énergie et ressources minérales.
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