Les 3èmes Assises Sud Rhône Alpes de la filière forêt-bois, intitulées « Changement climatique : préparer la forêt pour construire demain», se sont tenues le 6 décembre 2013 sur l’Ecosite d’Eurre.
AG TWEED-H2O : Acteurs, projets et ecosystemes des secteurs de l'energie et d...
Plénière 1 - 3e Assise Sud Rhône Alpes de la filière fôret-bois - "Changement climatique"
1. Changement climatique
3ème Assises Sud Rhône-Alpes de la filière Bois-Forêt
Eurre
le 6 décembre 2013
Béatrice Charpiot
Chef du Centre Météorologique de Montélimar
2. 2
Le Plan
Montélimar, 90 ans d’observation
Perspectives à moyen et long terme
3. 3
Températures à Montélimar
Un réchauffement net
Normale 1981-2010 : 13.8 C
1956 la plus froide : 11.7°C
2011 la plus chaude : 14.9°C
4. 4
Précipitations à Montélimar
Grande variabilité
interannuelle
pas de signal
Normale : 905mm
1921 plus sèche : 443mm
2008 plus pluvieuse : 1583mm
11. 11
En conclusion en France
Températures :
pour la fin du siècle une augmentation de
-de 2 à 2,5 °C pour un scénario optimiste
-de 2 à 4 °C pour un scénario intermédiaire
-de 4 à 4,5 °C pour un scénario pessimiste.
Le réchauffement n'est pas également réparti tout au long de l'année
il est moindre en hiver et plus important en été
Précipitations :
pour la fin du siècle : les changements de précipitations
moyennes sont incertains en hiver (entre –20 et +40%)
masquant des disparités régionales, mais les précipitations
diminueraient en été de 10 à 40% pour le scénario optimiste et
de 30 à 60% pour le scénario pessimiste
12. 12
En conclusion en France
Indépendamment du scénario:
Il est très probable qu’en été les vagues de chaleur seront à la fois
plus fréquentes, plus longues et plus intenses, tandis que les
périodes de sécheresse seront plus longues.
Il est très probable qu’en hiver le nombre de jours de gel diminuera
et que les vagues de froid seront moins fréquentes.
Il est probable que la proportion des précipitations totales tombant sous
forme de fortes précipitations augmentera.
En ce qui concerne les épisodes de pluies diluviennes dans le sud-est,
en l’état des connaissances actuelles, ni la fréquence, ni l’intensité
maximale de ces événements ne devraient varier beaucoup.
13. Forêts et changement
climatique
Jean-Luc Dupouey
LAMARK de, CANDOLLE A.P. de 1805 - Flore française
« De toutes les circonstances qui influent sur l’habitation des plantes,
la température est sans contredit la plus essentielle »
14. Réponse « naturelle » des arbres et des forêts
au changement climatique
. Accommodation
. Changements de physiologie, phénologie, croissance…
. Adaptation (stricto sensu) génétique
. Migration
. Nombreuses d’observations plus ou moins ambiguës
. Mortalité
. Des tests en vrai grandeur lors de sécheresses passées
16. Expérimentation FACE, Duke (Caroline du Nord, USA)
Synthèse de 4 expérimentations FACE sur des arbres (jeunes) :
En chambre/serre : 350 à 700 ppm de CO2 - ~ +30% de production de biomasse
En FACE : 375 à 575 ppm de CO2 - ~ +30%
Si stress hydrique ou minéral : réduction ou annulation de l’augmentation
Ainsworth Long, 2005
Impact de l’augmentation
du CO2 :
. Augmentation de la photosynthèse
. Diminution de la conductance
stomatique
. Augmentation de l’efficience
d’utilisation de l’eau
17. Réseau international des
Jardins phénologiques
NDVI
AVHRR
La durée de la saison de végétation a augmenté de 3-
4 jours/décennie de 1970 à 2000
AVHRR - NDVI
376
374
372
370
368
366
364
362
Jan. Jul. Jan. Jul. Jan. Jul. Jan. Jul. Jan. Jul.
atmospheric CO2 (ppm)
Mauna Loa
18. Augmentation de productivité :
forte variabilité entre espèces des tendances de croissance (récentes)
Année (1975 à 2005)
Charru, 2012, accroissement en surface terrière, données IFN, France entière
19. En montagne, remontée apparente en altitude des
espèces du sous-bois
1971
(11.3°C)
1993
(11.7°C)
+ 60m : le mouvement global
est une remonté en altitude
50
40
30
20
10
0
-1000 -800 -600 -400 -200 0 200 400 600 800 1000
0 500 1000 1500 2000 2500
Altitude moyenne 1971
2500
2000
1500
1000
500
0
Altitude moyenne 1993
pas d’effet observé
en plaine
211 espèces
Lenoir et al. 2008
20. Champagne
1972
1992
1996
2004
20 km
ORLÉANS
PARIS
Mézières
FONTAINEBLEAU
Champmotteux
Lorris
Nemours
Rougeau
Sénart
48°30’
48°15’
48°00’
47°45’
47°30’
CHARTRES
Montargis
48°45’
Marnes La Vallée
(Roques et al. 2006)
- progression
vers le Nord
et en altitude
- De 1980 à 2005 :
60 km vers le Nord
depuis Orléans
Expansion ddee llaa cchheenniillllee
pprroocceessssiioonnnnaaiirree dduu ppiinn
21. 22000033 :: ééttéé « mmooyyeenn » àà « ffrraaiiss » eenn 22110000 sseelloonn lleess ssccéénnaarriiooss
photo L.M. Nageleisen
Département de la Santé des Forêts, 2006
10800 arbres, 540 placettes
Taux de % mortalité des arbres
9
22. Multiplication par 4 des surfaces incendiées en région méditerranéenne
en 2003 par rapport à la moyenne 1996-2001
Augmentation des surfaces
incendiées : de 14600 ha à 61500 ha
source : Prométhée
28
23. Différenciation génétique rapide des arbres forestiers :
cas du chêne rouge introduit en France
Indice de débourrement
à 4 ans
Indice de coloration automnale des feuilles à 1 an
population introduite
population américaine
Daubree et Kremer, 1993
26. Données climatiques, un résumé
. Augmentation des températures
. Augmentation des pluies hivernales / diminution estivale
- augmentation de la durée et de l’intensité
des périodes de stress hydrique
- du risque incendie
. Augmentation de la fréquence des événements extrêmes
. Modèles de plus en plus fins au niveau spatial
- variabilité géographique significative
50 km 8 km
27. Evolution des aires climatiques potentielles
Badeau et al., 2004, 2010 ; Wallerich et al., 2006
Chêne vert
70 espèces
ligneuses
1200 espèces
végétales forestières
2100 – B2 Actuel
28. Variabilité selon les scénarios
ssccéénnaarriioo BB22 ((++22°°CC)) ssccéénnaarriioo AA22 ((++44°°CC))
Badeau et al., 2010
Actuel
2100
29. Incertitudes liées aux
modèles d’’impacts
Hêtre : comparaison des aires de répartition
potentielle en 2055 selon 6 modèles
3 modèles
de niche
3 modèles
mécanistes
30. Incertitudes liées aux modèles d’’impacts
ANR QDiv (Cheaib et al., Ecol. Letters)
actuel
32. Les pistes de l’adaptation de la sylviculture
- Surveillance
- Adaptation des essences aux stations
- Peuplements mélangés
- Sylviculture « dynamique »
- Raccourcissement des révolutions
- Préservation et amélioration des sols
- Changements d’essences/provenances
- Risques globaux sur la biodiversité (appauvrissement des réseaux
biotiques, invasion d’espèces) et la qualité des sols (tassement,
acidification)
33. Les pistes de l’adaptation de la sylviculture
- Surveillance
- Adaptation des essences aux stations
- Peuplements mélangés
- Sylviculture « dynamique »
- Raccourcissement des révolutions
- Préservation et amélioration des sols
- Changements d’essences/provenances
35. Les pistes de l’adaptation de la sylviculture
- Surveillance
- Meilleure adaptation des essences aux stations
- Peuplements mélangés
- Sylviculture « dynamique »
- Raccourcissement des révolutions
- Préservation et amélioration des sols
- Changements d’essences/provenances
36. Les pistes de l’adaptation de la sylviculture
- Surveillance
- Meilleure adaptation des essences aux stations
- Peuplements mélangés
- Sylviculture plus « dynamique » (diminution des volumes de bois sur pied)
- Raccourcissement des révolutions
- Préservation et amélioration des sols
- Changements d’essences/provenances
38. Les pistes de l’adaptation de la sylviculture
- Surveillance
- Meilleure adaptation des essences aux stations
- Peuplements mélangés
- Sylviculture « dynamique »
- Raccourcissement des révolutions - gestion de la fertilité minérale en sol
acide
- Préservation et amélioration des sols
- Changements d’essences/provenances
39. Durée de révolution
Les arbres âgés ont moins de capacité de résistance et de récupération
0 0
2 3 4
23
32
35
30
25
20
15
10
5
0
fréquence (% cas)
PEUPLEMENTS DEPERISSANTS DU NORD-EST de 1989 à 1995
essense chênes
(source Base technique DSF)
répartition par classe d'âge
Révolution longue
Perte de vigueur et plus grande probabilité d’être confronté à un aléa
Révolution courte mobilisation plus forte des ressources du sol
risque de déséquilibre nutritionnel sur sol pauvre
Réduire les risques
40. Les pistes de l’adaptation de la sylviculture
- Surveillance
- Meilleure adaptation des essences aux stations
- Peuplements mélangés
- Sylviculture « dynamique »
- Raccourcissement des révolutions
- Limiter les effets des facteurs prédisposants: préservation et
amélioration des sols
- Changements d’essences/provenances
41. Gestion des sols L’amendement
Sur sol acide, possibilité de restaurer la
fertilité du sol perdue par drainage et/ou
exportation par un apport adéquat
d’éléments minéraux
FORET COMMUNALE DE VAGNEY Épandage calcomagnésien de 1991
1986 1998 1989 1998
Épandage de 2,5 tonnes par hectare de calcaire et de
dolomie broyés soit 250 grammes par mètre carré
42. Les amendements augmentent le nombre
Renaud et al. 2001
50
40
30
20
10
0
Témoin Amendé Témoin Amendé
Vosges Ardennes
Nombre d’espèces
30
39
19
37
Nitrophiles
Non-nitrophiles
d’espèces… nitrophiles
22 sites expérimentaux
43. Les pistes de l’adaptation de la sylviculture
- Surveillance
- Meilleure adaptation des essences aux stations
- Peuplements mélangés
- Sylviculture « dynamique »
- Raccourcissement des révolutions
- Préservation et amélioration des sols
- Déplacement des génomes :
. choix des provenances
. introduction d’essences exotiques
- plantations
45. Les essences introduites : une progression
régulière
Surface d’essences introduites (en % de la forêt de production)
?
46. Les essences introduites : des
« expériences » sur la biodiversité
Test de l’hypothèse «Enemy release »
Mitchell Power (Nature 2003)
expliquant un
avantage
(temporaire)
des plantations
exotiques …
… et des plantes
invasives
Nocivité
Nb d’espèces % d’espèces manquantes pathogènes
47. 2003 du point de vvuuee ddeess aarrbbrreess ddee ll’’AArrbboorreettuumm dd’’AAmmaannccee
Inventaire sanitaire pour le genre Abies
Arboretum d’Amance (Wallerich, 2004)
n≥5 arbres
n5 arbres
Houppier Branches
48. DDééppéérissement rissement ddeess ccèèddrreess
àà AAmmaannccee eett aauuxx BBaarrrreess ::
ssccoollyytteess oouu sséécchheerreessssee ??
Domaine des Barres
Les cèdres de ces deux arboretums sembleraient moins
résistants que ceux plantés dans le sud de la France.
Niederlender Badeau, 2009
50. Conclusions
. Nombreux changements observés mais qui ne peuvent
être que rarement attribués de façon certaine au
seul changement climatique
. Rôle faible de l’adaptation génétique à court terme ?
. Limites de l’accommodation rapidement atteintes (ex. 2003)
. Peu de marge de manoeuvre sylvicole (nombreux
dilemmes)
= pertes de productivité
= augmentation de la fréquence des dépérissements
. Se préparer à des situations de crise
. Atténuation : comment passer de la séquestration à la
substitution ? (« dette » de la substitution)
. Opportunité/nécessité pour des réorientations de la
sylviculture en forêt privée ? (crises + besoin énergie)