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LA QUATRIÈME BRANCHE : L’EXERCICE DES MÉTIERS DE LA TRADUCTION
La page Web de présentation du 1er
Congrès Mondial de Traductologie, organisé
à l’Université de Paris Ouest-Nanterre-La Défense du 10 au 14 avril 2017,
mettait en exergue le logo de la Société Française de Traductologie,
dont la signature est la suivante :
« La science traductologique et ses trois branches : histoire, théorie et
pratique de la traduction. »
Or à l’heure d’Internet, il en manque une quatrième : celle de l’exercice
des métiers de la traduction, profondément impactés par la révolution
numérique en cours et à venir.
Car histoire et théorie à part, pratiquer la traduction est une chose, mais
exercer les métiers liés à la traduction en est une autre, fort différente et pour
le moins caractérisée par trois paradoxes majeurs.
Primo : il y a des distinctions fondamentales entre « être traducteur » et
« être traducteur professionnel » ou, si vous préférez, « être un professionnel
de la traduction » (vu l’acception bien plus large de cette seconde
catégorisation), ce dernier étant confronté en permanence à l’irrationalité de
devoir résoudre la quadrature du triangle…
En général la formation universitaire enseigne à « être traducteur » plus
qu’à « être un professionnel de la traduction », bien que ces dernières années
des efforts aient été faits dans cette direction, essentiellement via les stages
en entreprise.
Pour autant rares sont celles et ceux qui seront salariés à plein temps, la
plupart d’entre vous étant destinés à exercer en profession libérale sous le
statut d’autoentrepreneur ou équivalent.
Secundo : les meilleurs traducteurs ne sont pas forcément celles et ceux
qui vivent le mieux de leur métier !
Autrement dit : être un bon traducteur est la condition sine qua non, mais
pas suffisante pour se bâtir une carrière digne de ce nom en se démarquant de
la concurrence, aujourd’hui planétaire.
Tertio : de nombreuses tâches d’un professionnel de la traduction n’ont
rien à voir avec la traduction proprement dite !
Notamment les tâches administratives ou comptables mais, surtout, stricto
et lato sensu, les actions inhérentes à sa présence sur la toile et au marketing
de soi : deux aspects essentiels, largement sous-évalués aujourd’hui.
Car, dans le passé, le traducteur était volontiers solitaire, par choix plus
que par nécessité ; à présent, le traducteur est un animal social, bien souvent
plus par nécessité que par choix. De même qu’être un professionnel de la
traduction après l’avènement d’Internet (que nous pouvons dater vers le milieu
des années 90 pour le Web grand public) n’a absolument plus rien à voir avec
la façon dont on exerçait le métier avant !
En effet, en 2017, soit deux décennies plus tard, un traducteur qui
embrasse le métier se lance dans la gig economy, concept émergent
traduisant les nouvelles réalités du marché du travail partout dans le monde,
indépendamment du nom dont on l’affuble : « on-demand economy »,
économie collaborative, économie du partage, voire économie des petits
boulots, le concept même de « gig » faisant référence aux musiciens qui
passent leur temps à courir le cachet…
Une grande disparité d’appellations, souvent trompeuses, témoignant
surtout de la difficulté de cerner les contours d’un phénomène exponentiel de
mutation sociétale, sous l’impulsion du numérique à tout-va.
Or nos métiers, qui ne font pas exception à cette tendance globalisée, sont
encore appelés à être bouleversés en profondeur par l’émersion des
plateformes. Émersion qui rime avec « ubérisation », concept inspiré par le
mode de fonctionnement de la société californienne Uber, ou comment une
plateforme numérique met en relation directe les entreprises et leurs clients en
éliminant tous les intermédiaires.
Donc, pour nous limiter à l’univers de la traduction, permettez-moi de
m’arrêter un instant sur cette notion de « plateformes ».
Il y a dix ans, les 10 principales places de marché dédiées à la traduction
étaient, par ordre de fréquentation des sites (source : Google Trends, en
nombre de visiteurs uniques/jour à l’époque) : Proz.com (80 000),
ForeignWord.com (+ .biz) (15 000), Tanslators Café (10 000), Cucumis
(8 000), Word2Word (4 500), Language123 (4 000), TRADUguide (3 000),
Translatorsbase (2 000), GlobTra (2 000), Go Translators (1 500)…
Or que reste-t-il de ce panorama aujourd’hui : à part Proz.com, qui regorge
de santé (plus de 800 000 utilisateurs enregistrés), TranslatorsCafé.com
(presque 280 000 utilisateurs enregistrés), et quelques rescapés (TRADUguide
ou Translatorsbase.com, etc.), la catégorie a largement été supplantée depuis
par LinkedIn, voire par Viadéo en France, mais aussi et surtout par une éclosion
de nouvelles plateformes plus généralistes, championnes de la gig economy :
Amazon Mechanical Turk, Foule Factory, Upwork™ (ex-Odesk.com, 10 M
d’utilisateurs), Freelancer (20 M), Elance, Guru.com, Staff.com, TopTal.com,
Fiverr, Textmaster, etc. etc.
Impossible de répertorier ici tous les nouveaux acteurs de ces formes de
« platform cooperativism », mais les caractéristiques communes à cette
plateformisation envahissante tracent d’ores et déjà le cadre de la concurrence
auquel tout aspirant traducteur-interprète est et sera confronté sur Internet,
où les principaux critères de choix des professionnels sont, dans l’ordre et
simultanément :
1) le prix (le plus bas possible)
2) la qualité (la meilleure possible)
3) la rapidité (le plus vite possible)…
Or c’est justement à la confluence de la tension continue qu’exercent ces
trois critères que s’inscrit la différence essentielle entre pratiquer la traduction
tout court, et la pratiquer en tant que professionnel, ce dernier devant
constamment relever le défi du premier paradoxe majeur mentionné en
introduction, fruit des attentes irrationnelles des clients.
PREMIER PARADOXE
I. Tout professionnel de la traduction est confronté en permanence à
l’irrationalité de devoir résoudre la quadrature du triangle…
D’où la nécessité ‘improcrastinable’ (pour utiliser un terme à la mode) de
les éduquer en leur rappelant sans cesse la règle d’or : « Sur l’ensemble,
prenez-en deux au choix mais laissez de côté le troisième ! »
− Promettre la qualité vite sans demander le juste prix est une gageure.
− Le binôme « vite et pas cher » implique forcément un niveau qualitatif
laissant à désirer.
− Si le client prétend la qualité à prix modique, et pour peu que le
prestataire accepte, le premier doit donner tout son temps au second
pour qu’il puisse faire passer en priorité les projets plus rentables.
En fait, pour paraphraser un dicton bien connu, disons que le triptyque
« mieux, vite et pas cher » est l’ennemi absolu du bien, relevant davantage du
miracle que d’une politique commerciale bien comprise. Aucun professionnel
sérieux n’étant encore équipé pour les miracles…
Ce que j’appelle « le grand compromis », une tension permanente entre
les différents acteurs impliqués, négociable à chaque mission :
L’illusion règne d’ailleurs sur les nouvelles plateformes numériques, qui ne
produisent plus qu’un nivellement par le bas, généralisé. Non contentes de
sauter tous les intermédiaires, elles finissent par rendre invisible la relation
entre client et prestataire de service, et réciproquement. À la limite tout se fait
sur la plateforme, sans plus aucune interaction humaine.
Or c’est ignorer que le moins-disant a ses limites, dont la plus connue est
celle-ci : un travail mal fait, pour autant qu’il ait été peu payé, coûte
toujours trop cher, et pas seulement en termes financiers…
Donc comment procéder face à des clients et/ou des prospects qui
s’attendent de façon totalement acritique à recevoir la meilleure qualité, au prix
le plus bas et dans les plus courts délais ?
Car en général, les clients ont des difficultés à concevoir mentalement ce
qu’est réellement une traduction ! Pour eux, avant que le service de traduction-
interprétation ne leur soit livré, ce n’est guère plus qu’une idée, très imprécise,
dont le souvenir tend rapidement à disparaître une fois le service livré...
Voilà pourquoi, à chaque occasion, il s’agit de les sensibiliser sur tous les
aspects liés au service, et notamment sur 1) la qualité, 2) le prix et 3) les
délais.
1) Qualité
De leur côté, la question ne se pose pas : la qualité est un acquis (même si
nous savons qu’en réalité c’est loin d’être toujours le cas), implicitement
garantie dans la proposition commerciale du prestataire.
Pour autant il est impossible de se démarquer sur la qualité, puisqu’il serait
inconcevable que le service fourni ne soit pas qualitativement irréprochable.
Lorsque vous allez chez un commerçant et lui demandez si ses produits
sont bons, en connaissez-vous un seul qui vous répondrait par la négative ?
Donc un client n’en attend pas moins, et si 100 % des prestataires vantent
la qualité de leurs services, pourquoi seriez-vous différent en ne promettant
pas autre chose que le voisin ?
2) Prix
En réalité, fournir la qualité a un coût. Cela implique de respecter les règles de
l’art, et dans le commerce il est naturel qu’un produit bas de gamme ait un
prix, moyenne gamme un autre, et haut de gamme un autre encore. Il ne
viendrait à l’esprit d’aucune personne sensée de vouloir acheter du haut de
gamme au prix du bas de gamme.
Or c’est pourtant ce que prétendent constamment les clients avec les
services, ce qui est un non-sens économique. Ils devraient comprendre en
revanche que le « meilleur prix » n’est pas « le prix le plus bas » mais celui qui
est le fruit du compromis idéal entre les coûts (qui valorisent le temps et les
compétences nécessaires du prestataire) et les ressources déployées pour
fournir un travail de qualité.
Par conséquent la seule façon pour un « vrai » professionnel de gagner
décemment sa vie est de tirer ses tarifs vers le haut par rapport aux moyennes
pratiquées sur les plateformes, en contre-tendance d’une logique de marché
raisonnant toujours de la même manière, erronée…
Le corollaire étant que vous ne pouvez pas être concurrentiel en termes de
prix, car il y a toujours sur Internet, quelque part, quelqu’un qui propose des
services apparemment semblables aux vôtres à (bien) moins cher.
3) Délais
La qualité implique aussi un facteur temps incompressible. Ce que Rory Cowan,
CEO de LIONBRIDGE Technologies, appelle l’effet Mozart :
« S’il fallait, en 1790, cinq musiciens pour interpréter un quintette
de Mozart pendant X minutes, en dépit des progrès techniques
considérables accomplis depuis, rien n’a changé aujourd’hui : il
faut toujours le même nombre de musiciens, qui jouent pendant
le même nombre de minutes, pour restituer la même œuvre ! »
Car s’imaginer que la qualité d’une traduction de 100 pages réalisée en 10
jours par un seul traducteur sera identique à celle de la même traduction
réalisée en 1 jour par 10 traducteurs faisant chacun(e) 10 pages n’est autre
qu’une grossière erreur. Ce n’est d’ailleurs pas une question de prix :
augmenter le nombre de traducteurs sur un texte signifie avoir au final des
styles différents et multiplier les incohérences terminologiques. Travailler en
groupe génère des problèmes d’autre nature, et notamment la nécessité
d’harmoniser la version finale d’un texte par une même main. Ce qui demande
des délais supplémentaires, et annule le temps et l’argent apparemment
économisés en mobilisant plusieurs ressources au lieu d’une seule pour faire
plus vite un même travail.
Bien que simplifié à l’extrême, ce tableau donne une idée de ce qu’est la
« quadrature du triangle », où tout est question de proportions, chaque projet
étant le compromis le mieux dosé entre ces trois ingrédients.
Mais si nous ne pouvons nous distinguer sur la qualité ni être concurrentiel
sur le prix, à savoir les deux principaux critères de choix de nos donneurs
d’ordre, comment procéder pour faire valoir notre professionnalisme ?…
Et comment nous démarquer de la concurrence, aujourd’hui planétaire,
pour nous bâtir une carrière digne de ce nom ?
Certes, être un bon traducteur est la condition sine qua non, mais souvent
insuffisante pour faire la différence. Ce qui nous amène au second paradoxe.
DEUXIÈME PARADOXE
II. Les meilleurs traducteurs ne sont pas forcément celles et ceux qui vivent le
mieux de leur métier !
Autrement dit ce ne sont pas toujours les meilleurs qui gagnent le mieux
leur vie, pour paraphraser Charles Darwin, selon qui « ce ne sont pas les plus
forts ou les plus intelligents qui survivent, mais ceux qui s’adaptent le mieux
aux changements ».
Des changements si fréquents que les traducteurs eux-mêmes sont les
premiers à se sentir « lost in translation », souvent incapables de s’inscrire
dans « un cycle vertueux de la valeur », visant sur le long terme à créer des
services à « valeur ajoutée » qui les distingueront justement de leurs collègues
sur ce marché hyperconcurrentiel...
Car plus l’on est sur un marché concurrentiel (couple de langues
communes, faible niveau de spécialisation), plus le binôme marketing &
branding devient un élément clé de l’employabilité du traducteur-interprète
indépendant, et, surtout pour celles et ceux qui sont en début de carrière, un
instrument de plus à intégrer dès le départ à leur boîte à outils, au même titre
que la TAO ou autre, pour les accompagner tout au long de leur vie
professionnelle.
Donc ici « créer de la valeur » est un concept gagnant-gagnant ou l’idée de
« valeur » n’est pas liée à l’argent, mais plutôt à la « valeur » en termes de
réputation, de « valeur » professionnelle et personnelle propre, de « valeur »
sociale vs. individuelle, etc.
Où « faire la différence » se situe à un autre niveau, plus élevé et qualifié,
en vue de construire une relation basée sur la confiance. Où passer de la réalité
« c’est moi qui recherche les clients » à « ce sont les clients qui me cherchent »
est le parcours à suivre sur la voie de l’accomplissement pour devenir un
traducteur-interprète « arrivé », même si « être au sommet de sa carrière »
signifie ensuite lutter au quotidien et à chaque mission pour s’y maintenir, en
sachant que la confiance se reconquiert chaque jour, le concept de « loyauté
du client » n’étant JAMAIS définitivement acquis…
De fait, à l’époque des comparateurs de prix, la différenciation se fait
désormais sur des critères hors-prix et des propositions de valeur uniques et
innovantes.
La réponse se situe donc dans la mise en œuvre d’un « marketing de
service » personnalisé - pour rendre tangibles des services intangibles par
définition -, s’appuyant sur une stratégie de positionnement en 7 étapes :
Planification  Audience  Storytelling 
Canaux  Process  Conversation  Mesure
déployées autant à court-moyen terme (actions itératives) qu’à long terme
(action permanente).
Ce sont là des activités totalement étrangères à la traduction, d’où le
troisième paradoxe !
TROISIÈME PARADOXE
III. De nombreuses tâches d’un professionnel de la traduction n’ont rien à voir
avec la traduction proprement dite !
En tant que travailleurs indépendants, dont nous sommes pour la plupart,
cultiver son employabilité devient un travail à part entière, une formation tout
au long de la vie, et « un moyen d’augmenter le prestige de la profession ».
Cela signifie surtout apprendre à COMMUNIQUER (du latin « communis
agere », mettre en commun, partager) en toutes circonstances : de mon CV à
ma présence sur le Web, communiquer sur mes services et/ou sur la traduction
en général (sensibilisation permanente), sur mon identité, ma marque, mon
marché (langues + secteurs), voire mes prix, mes talents, en véhiculant mon
message multicanal via les réseaux et autres médias sociaux. Apprendre enfin
à décider quels contenus mettre dans quels contenants (mise en récit + mise
en forme), à travers un processus multiple de création/production/curation.
Après tout, la traduction n’est-elle pas communication pure ?
**
Or en 2017, est-ce que les traductrices et les traducteurs savent, et ont appris
à communiquer ? À planifier et bâtir leur présence sur le Web ? À mettre en
œuvre une stratégie, faite d’actions à court terme et d’objectifs à moyen terme
pour un changement à long terme ? À élaborer le plan marketing qui les
propulsera et les accompagnera dans leur carrière ? À exprimer un
positionnement, rédiger un « mission statement » pour saisir en quelques mots
ce que sera leur service ? À se proposer en partenaires de confiance plutôt
qu’en simples sous-traitants ? À raconter leur histoire, unique, en peaufinant
leur identité – visuelle et verbale –, leur promesse et leur marque ?
Dans l’abstrait, si vous êtes un comique, votre marque c’est
« divertissement, humour », etc. Si vous êtes un graphiste, votre marque c’est
« créativité, dessin », etc.
Si vous êtes un traducteur-interprète, votre marque c’est « communication
multilingue, interculturelle ». Toutefois chacun(e) décline sa différenciation sur
son propre terrain : 1 traducteur/interprète = 1 marché. Le mien. Distinct des
milliers de marchés de mes collègues, tous formant l’environnement
concurrentiel au sein duquel j’évolue, la représentation idéale d’un « marché
mondial de la traduction » n’étant guère plus qu’une abstraction, sans grande
signification pour ma vie professionnelle, si ce n’est le sentiment d’appartenir
à un marché vaste et dynamique.
Un dynamisme dont l’on se dit que, quelque part, il finira bien aussi par
avoir des retombées positives à mon niveau. Toutefois, si retombées il y a,
inutile de les attendre passivement du marché, c’est à moi de les provoquer,
les chercher, les trouver, les exploiter à mon profit.
Si le marché ne vient pas à moi…
Un marché extrêmement compétitif, sur lequel je dois me positionner, ou,
pour mieux dire, me différencier. Sortir du lot. Conquérir – et conserver (et
donc défendre) – mon avantage concurrentiel. Ma visibilité. Et mon unicité.
Imaginez un même épisode, relaté de deux façons différentes : il deviendra
deux épisodes distincts ! Il s’agit donc de trouver VOTRE voix et raconter
VOTRE histoire : « Find & tell your story ! »
Un processus narratif qui passe par trois étapes :
1. Storytelling : le fond & la forme
2. Branding : le fond
3. Marketing : la forme
Ou, pour être plus précis, un triptyque gagnant autour des concepts
suivants :
#StoryTelling
#PersonalBranding
#ContentMarketing
« Moi » se trouvant à l’intersection des trois sphères conceptuelles, et se
projetant sur le marché à travers la mise au point d’un business plan.
#STORYTELLING
Find & Tell : le fond et la forme.
Le storytelling est une technique de communication décrite dans l’ouvrage
précurseur de Christian Salmon, paru en 2007, comme « machine à fabriquer
les images et à formater les esprits ». Initialement conçue pour propager des
histoires d’entreprise en privilégiant une complicité émotionnelle avec leurs
clients, afin de « réenchanter » la ou les marque(s), elle a beaucoup évolué en
dix ans, notamment en se personnalisant.
Adaptée à notre niveau, elle consiste à se raconter, à être le conteur de soi-
même. Concept traduit en français par « communication narrative » ou
« communication créative », sa finalité est de capter l’attention d’un public pour
partager (voir plus haut l’étymologie de « communiquer ») une histoire avec
lui, le convaincre, voire le séduire.
« Les êtres humains souhaitent communiquer pour trois raisons. Partager.
Convaincre. Séduire. Et très souvent pour les trois simultanément. »
(Dominique Wolton). Partager notre histoire, donc, pour convaincre et séduire
notre public. Bien qu’ici l’emploi simultané de convaincre et séduire soit
pléonastique : convaincre est séduire, séduire est convaincre. Restons bref :
partager notre histoire pour convaincre notre public. Ou mieux, en simplifiant
ultérieurement, communiquer pour convaincre.
Toute la transformation du storytelling est là : communiquer pour
convaincre !
Mais convaincre qui, et de quoi ?
Qui : stricto sensu, votre audience cible, clients actuels et futurs, prospects,
collègues, voire concurrents, intermédiaires divers et marché(s) ; lato sensu,
tout votre public potentiel, y compris celles et ceux qui partagent (certains de)
vos intérêts, linguistiques, culturels ou autres…
De quoi : que vous êtes la personne qualifiée capable de résoudre leurs
problèmes, ponctuels ou permanents (de communication, de langue, de
traduction, d’interprétation, etc.), ayant toutes les compétences nécessaires
pour les conseiller et accompagner le développement de leurs projets.
Se mettre en histoire conjugue la mise en récit – le fond – et la mise en
forme : quel(s) contenu(s) vais-je intégrer à quel(s) contenant(s) [le choix de
la plateforme en fonction du contenu n’étant jamais neutre en termes
d’expression…]. On met les ingrédients dans la machine, et il en ressort … la
NARRATION !
Une narration à planifier dès le départ, à destination d’un public choisi,
étayée par la stratégie de positionnement déjà évoquée. En clair :
1. Planification stratégique (plan) : moi, réflexion / introspection
2. Cible (audience) : les autres / le (les) marché(s) au sens large
3. Narration (storytelling) : contenu(s) (mise en récit + mise en forme)
4. Canaux (channel) : contenants, vecteurs de ma communication
5. Processus (process) : de création / curation
6. Conversation (conversation) : interactions avec le public cible en
particulier, et les internautes en général (réseaux sociaux, etc.)
7. Mesures (measurement) : suivi et analyse des métriques
Moi ! Tout part de moi, d’une réflexion approfondie sur mon identité :
l’identité est à la base de la présence ; la présence est à la base de la visibilité ;
la visibilité est à la base de la réputation, cette dernière – dès lors qu’elle reflète
de manière cohérente l’identité – étant à la base de la crédibilité & la notoriété.
Pour paraphraser Richard Branson, votre marque personnelle/professionnelle
vaut ce que vaut votre réputation… (Your brand name is only as good as your
reputation.)
Identité, présence, visibilité & réputation sont les quatre fondamentaux du
puzzle Internet. Et du puzzle jamais entièrement recomposé de mon histoire,
puisqu’une partie importante est toujours en devenir. Ce sont les quatre points
cardinaux de votre moi numérique, et les quatre piliers sur lesquels il repose :
1. Identité : ce que vous êtes et faites, ce que vous dites de vous-même
2. Présence : le fond (réponse à la question : pourquoi suis-je présent sur
Internet ?)
3. Visibilité : la forme (réponse à la question : comment suis-je présent
sur Internet ?)
4. Réputation : ce que les autres disent de vous, la façon dont ils vous
perçoivent
Or de même que la narration est dynamique (elle exige l’action),
l’introspection suppose la connaissance : en définitive, c’est la connaissance qui
génère l’action.
Aux 2 pôles de connaissance (moi et les autres) :
1. Moi (me connaître moi-même, analyse SWOT, bilan de compétences)
2. Autres (connaître les marchés, analyse SWOT du marché en général,
et de MON MARCHÉ en particulier [ce qui suppose de l’avoir
identifié...])
correspondent 2 niveaux d’action (sur moi et sur les autres) :
1. À mon niveau (personal / professional branding)
2. Au niveau du (des) marché(s) (content marketing)
Intéressons-nous donc à ces deux niveaux d’action en ayant recours à
l’analogie de l’iceberg. Qui représente à la fois l’image et la quintessence de
votre communication.
Car trouver son image (celle qui se voit) est une chose, mais la construire
en cohérence avec la substance qui en est le socle (qui ne se voit pas) en est
une autre. C’est l’éternelle question de l’indissociabilité de la forme et du fond,
dont l’amalgame fait le TOUT de ce que je suis, et qui est infiniment supérieur
à la somme des parties qui le composent.
La communication est la partie émergée de l’iceberg, « above the line »,
qualitativement la plus importante ; les données à collecter, classifier et
archiver sur moi et les autres sont la partie immergée de l’iceberg, « below the
line », quantitativement la plus importante.
La partie émergée est celle que les autres connaissent de vous, la partie
mise en lumière. La partie immergée est celle que vous connaissez de vous-
même et des autres, la partie enfouie dans le secret de votre esprit, et de votre
ordinateur…
La partie visible repose bien évidemment sur la base immergée : on ne
travaille plus sur l’image, mais sur la réputation (dont le contenu se construit
jour après jour) !
#PERSONALBRANDING
Find : c’est la partie immergée de l’iceberg, le fond.
C’est agir sur moi pour trouver le « quoi » (quelle est ma « marque » sur
le marché, et quel marché ?) : chaque entreprise naît avec un nom et se
développe avec une marque. Pour une personne, libre à elle de choisir son nom
ou un nom de société.
Mais pour se mettre en histoire, nous l’avons dit, une sérieuse réflexion de
base est le préalable à la mise en œuvre de toute planification stratégique
durable, qui exige de la cohérence (entre capacités et ambitions personnelles
et professionnelles, par exemple), et de la méthode (plan de travail, définition
des tâches, des objectifs, des ressources, etc. etc.).
De plus votre histoire ne doit pas se baser uniquement sur des mots et des
images, mais aussi sur des faits et des chiffres, sur le modèle anglo-saxon du
« career fact sheet ». Surtout les mots ne peuvent servir à « inventer une »
histoire, mais juste à relater la vôtre (à la limite, ils peuvent l’enjoliver).
Dans cette optique, l’identité 2.0 n’est pas seulement inévitable, elle doit
devenir « culturelle » ! Au sens où chacun(e) de nous doit avoir une « culture
IDENTITÉ », en étant conscient(e) que tout ce que nous disons ou faisons sur
la toile est un morceau supplémentaire au « puzzle » de notre identité, un
élément de plus qui s’ajoute à notre « empreinte digitale »…
Car Internet est dès aujourd’hui – et le sera toujours plus – notre lieu de
travail !
Lorsque nous contactons un prospect au niveau professionnel, la première
chose qu’il fera sera de chercher sur les moteurs et les réseaux sociaux toutes
les infos qu’il peut trouver sur nous, y compris au niveau de nos données
personnelles. Donc le problème n’est plus de maintenir à tout prix une
confidentialité désormais impossible à préserver, mais de garder le contrôle sur
ses propres données, à défaut de pouvoir tout maîtriser : « Privacy is not the
issue. Control is. » (Jeff Jarvis).
D’une part il faut tenir un discours et une image professionnels en
présentant ce que l’on veut que les autres sachent de nous, de l’autre notre
interlocuteur tentera de découvrir justement ce que l’on ne dit ou ne montre
pas ! Après quoi il sera seul juge de décider s’il y a cohérence entre les dits et
les non-dits, voire s’il y a selon lui dissimulation, ou pire : tromperie…
Ainsi, lorsque vous entreprenez une action de branding ou de marketing,
mettez-vous toujours à la place de vos clients potentiels, qui se lanceront en
quête de vos traces numériques sur le Web. Et que trouveront-ils ?
Découvriront-ils une adéquation sans faille entre sphères personnelle et
professionnelle ?
Depuis le milieu des années 90, le curseur s’est déplacé, de « pas assez de
contenu » à « trop de contenu », de la « rareté » d’un contenu essentiellement
« amateur » à la « profusion » d’un contenu davantage « professionnalisé » :
en 20 ans, l’abondance de contenu a révolutionné le Web, mais aujourd’hui,
trop de contenu tue le contenu !
D’où la nécessité de combattre l’infobésité en filtrant (ciblage, niches), en
triant (curation, relations et contacts sur les réseaux sociaux), en intégrant des
sources d’infos fiables et de qualité, etc. Mais surtout, en produisant du contenu
de qualité pour se proposer soi-même comme source d’infos fiables !
En clair, bien au-delà d’une seule démarche commerciale, faire son personal
branding implique parler vrai et être protagoniste du grand concours planétaire
pour attirer l’attention de votre public, sollicité comme jamais auparavant.
« Marketing is a contest for people’s attention. », nous avertit Seth Godin.
Pourquoi donc les prospects que vous ciblez iraient vers vous ?
#CONTENTMARKETING
Tell : c’est la partie émergée de l’iceberg, la forme.
C’est agir sur le marché (quel marché ?) pour raconter « comment »
véhiculer le « contenu » identifié par le branding : de quelle manière vais-je
proposer ma « marque » ? D’où la notion de « marketing de contenu ».
Voici enfin réunis tous les éléments de la matrice « Your Story » :
À la découverte de votre propre talent, votre carrière dans le monde de la
traduction ressemble à une page blanche : entièrement à découvrir et à écrire !
Un talent et une carrière, une histoire unique à trouver et à raconter : la vôtre.
Find & tell your story…
© 2018 JEAN-MARIE LE RAY
Traducteur-interprète professionnel depuis plus de 32 ans, directeur de sa
propre agence pendant 26 ans, formateur marketing depuis 2011. Blogueur
ayant publié plus de mille billets depuis 2005, essentiellement sur Internet, les
acteurs majeurs du Web (Google, Facebook, etc.), la traduction (y compris
automatique) et le marketing, adapté notamment aux indépendants exerçant
en profession libérale. Et un nouveau projet dans les cartons…
Références bibliographiques
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Marketplaces », consulté le 26 août 2017, URL :
http://adscriptum.blogspot.it/2008/11/top-20-main-translation-
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Pearson Education Limited, 2013.
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2017, URL : http://www.cairn.info/revue-etudes-de-communication-2010-1-
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La quatrième branche, l’exercice des métiers de la traduction

  • 1. LA QUATRIÈME BRANCHE : L’EXERCICE DES MÉTIERS DE LA TRADUCTION La page Web de présentation du 1er Congrès Mondial de Traductologie, organisé à l’Université de Paris Ouest-Nanterre-La Défense du 10 au 14 avril 2017, mettait en exergue le logo de la Société Française de Traductologie, dont la signature est la suivante : « La science traductologique et ses trois branches : histoire, théorie et pratique de la traduction. » Or à l’heure d’Internet, il en manque une quatrième : celle de l’exercice des métiers de la traduction, profondément impactés par la révolution numérique en cours et à venir. Car histoire et théorie à part, pratiquer la traduction est une chose, mais exercer les métiers liés à la traduction en est une autre, fort différente et pour le moins caractérisée par trois paradoxes majeurs. Primo : il y a des distinctions fondamentales entre « être traducteur » et « être traducteur professionnel » ou, si vous préférez, « être un professionnel de la traduction » (vu l’acception bien plus large de cette seconde catégorisation), ce dernier étant confronté en permanence à l’irrationalité de devoir résoudre la quadrature du triangle… En général la formation universitaire enseigne à « être traducteur » plus qu’à « être un professionnel de la traduction », bien que ces dernières années des efforts aient été faits dans cette direction, essentiellement via les stages en entreprise. Pour autant rares sont celles et ceux qui seront salariés à plein temps, la plupart d’entre vous étant destinés à exercer en profession libérale sous le statut d’autoentrepreneur ou équivalent.
  • 2. Secundo : les meilleurs traducteurs ne sont pas forcément celles et ceux qui vivent le mieux de leur métier ! Autrement dit : être un bon traducteur est la condition sine qua non, mais pas suffisante pour se bâtir une carrière digne de ce nom en se démarquant de la concurrence, aujourd’hui planétaire. Tertio : de nombreuses tâches d’un professionnel de la traduction n’ont rien à voir avec la traduction proprement dite ! Notamment les tâches administratives ou comptables mais, surtout, stricto et lato sensu, les actions inhérentes à sa présence sur la toile et au marketing de soi : deux aspects essentiels, largement sous-évalués aujourd’hui. Car, dans le passé, le traducteur était volontiers solitaire, par choix plus que par nécessité ; à présent, le traducteur est un animal social, bien souvent plus par nécessité que par choix. De même qu’être un professionnel de la traduction après l’avènement d’Internet (que nous pouvons dater vers le milieu des années 90 pour le Web grand public) n’a absolument plus rien à voir avec la façon dont on exerçait le métier avant ! En effet, en 2017, soit deux décennies plus tard, un traducteur qui embrasse le métier se lance dans la gig economy, concept émergent traduisant les nouvelles réalités du marché du travail partout dans le monde, indépendamment du nom dont on l’affuble : « on-demand economy », économie collaborative, économie du partage, voire économie des petits boulots, le concept même de « gig » faisant référence aux musiciens qui passent leur temps à courir le cachet… Une grande disparité d’appellations, souvent trompeuses, témoignant surtout de la difficulté de cerner les contours d’un phénomène exponentiel de mutation sociétale, sous l’impulsion du numérique à tout-va.
  • 3. Or nos métiers, qui ne font pas exception à cette tendance globalisée, sont encore appelés à être bouleversés en profondeur par l’émersion des plateformes. Émersion qui rime avec « ubérisation », concept inspiré par le mode de fonctionnement de la société californienne Uber, ou comment une plateforme numérique met en relation directe les entreprises et leurs clients en éliminant tous les intermédiaires. Donc, pour nous limiter à l’univers de la traduction, permettez-moi de m’arrêter un instant sur cette notion de « plateformes ». Il y a dix ans, les 10 principales places de marché dédiées à la traduction étaient, par ordre de fréquentation des sites (source : Google Trends, en nombre de visiteurs uniques/jour à l’époque) : Proz.com (80 000), ForeignWord.com (+ .biz) (15 000), Tanslators Café (10 000), Cucumis (8 000), Word2Word (4 500), Language123 (4 000), TRADUguide (3 000), Translatorsbase (2 000), GlobTra (2 000), Go Translators (1 500)… Or que reste-t-il de ce panorama aujourd’hui : à part Proz.com, qui regorge de santé (plus de 800 000 utilisateurs enregistrés), TranslatorsCafé.com (presque 280 000 utilisateurs enregistrés), et quelques rescapés (TRADUguide ou Translatorsbase.com, etc.), la catégorie a largement été supplantée depuis par LinkedIn, voire par Viadéo en France, mais aussi et surtout par une éclosion de nouvelles plateformes plus généralistes, championnes de la gig economy : Amazon Mechanical Turk, Foule Factory, Upwork™ (ex-Odesk.com, 10 M d’utilisateurs), Freelancer (20 M), Elance, Guru.com, Staff.com, TopTal.com, Fiverr, Textmaster, etc. etc. Impossible de répertorier ici tous les nouveaux acteurs de ces formes de « platform cooperativism », mais les caractéristiques communes à cette plateformisation envahissante tracent d’ores et déjà le cadre de la concurrence auquel tout aspirant traducteur-interprète est et sera confronté sur Internet, où les principaux critères de choix des professionnels sont, dans l’ordre et simultanément : 1) le prix (le plus bas possible) 2) la qualité (la meilleure possible) 3) la rapidité (le plus vite possible)… Or c’est justement à la confluence de la tension continue qu’exercent ces trois critères que s’inscrit la différence essentielle entre pratiquer la traduction tout court, et la pratiquer en tant que professionnel, ce dernier devant constamment relever le défi du premier paradoxe majeur mentionné en introduction, fruit des attentes irrationnelles des clients.
  • 4. PREMIER PARADOXE I. Tout professionnel de la traduction est confronté en permanence à l’irrationalité de devoir résoudre la quadrature du triangle… D’où la nécessité ‘improcrastinable’ (pour utiliser un terme à la mode) de les éduquer en leur rappelant sans cesse la règle d’or : « Sur l’ensemble, prenez-en deux au choix mais laissez de côté le troisième ! » − Promettre la qualité vite sans demander le juste prix est une gageure. − Le binôme « vite et pas cher » implique forcément un niveau qualitatif laissant à désirer. − Si le client prétend la qualité à prix modique, et pour peu que le prestataire accepte, le premier doit donner tout son temps au second pour qu’il puisse faire passer en priorité les projets plus rentables. En fait, pour paraphraser un dicton bien connu, disons que le triptyque « mieux, vite et pas cher » est l’ennemi absolu du bien, relevant davantage du miracle que d’une politique commerciale bien comprise. Aucun professionnel sérieux n’étant encore équipé pour les miracles…
  • 5. Ce que j’appelle « le grand compromis », une tension permanente entre les différents acteurs impliqués, négociable à chaque mission : L’illusion règne d’ailleurs sur les nouvelles plateformes numériques, qui ne produisent plus qu’un nivellement par le bas, généralisé. Non contentes de sauter tous les intermédiaires, elles finissent par rendre invisible la relation entre client et prestataire de service, et réciproquement. À la limite tout se fait sur la plateforme, sans plus aucune interaction humaine. Or c’est ignorer que le moins-disant a ses limites, dont la plus connue est celle-ci : un travail mal fait, pour autant qu’il ait été peu payé, coûte toujours trop cher, et pas seulement en termes financiers… Donc comment procéder face à des clients et/ou des prospects qui s’attendent de façon totalement acritique à recevoir la meilleure qualité, au prix le plus bas et dans les plus courts délais ? Car en général, les clients ont des difficultés à concevoir mentalement ce qu’est réellement une traduction ! Pour eux, avant que le service de traduction- interprétation ne leur soit livré, ce n’est guère plus qu’une idée, très imprécise, dont le souvenir tend rapidement à disparaître une fois le service livré... Voilà pourquoi, à chaque occasion, il s’agit de les sensibiliser sur tous les aspects liés au service, et notamment sur 1) la qualité, 2) le prix et 3) les délais.
  • 6. 1) Qualité De leur côté, la question ne se pose pas : la qualité est un acquis (même si nous savons qu’en réalité c’est loin d’être toujours le cas), implicitement garantie dans la proposition commerciale du prestataire. Pour autant il est impossible de se démarquer sur la qualité, puisqu’il serait inconcevable que le service fourni ne soit pas qualitativement irréprochable. Lorsque vous allez chez un commerçant et lui demandez si ses produits sont bons, en connaissez-vous un seul qui vous répondrait par la négative ? Donc un client n’en attend pas moins, et si 100 % des prestataires vantent la qualité de leurs services, pourquoi seriez-vous différent en ne promettant pas autre chose que le voisin ? 2) Prix En réalité, fournir la qualité a un coût. Cela implique de respecter les règles de l’art, et dans le commerce il est naturel qu’un produit bas de gamme ait un prix, moyenne gamme un autre, et haut de gamme un autre encore. Il ne viendrait à l’esprit d’aucune personne sensée de vouloir acheter du haut de gamme au prix du bas de gamme. Or c’est pourtant ce que prétendent constamment les clients avec les services, ce qui est un non-sens économique. Ils devraient comprendre en revanche que le « meilleur prix » n’est pas « le prix le plus bas » mais celui qui est le fruit du compromis idéal entre les coûts (qui valorisent le temps et les compétences nécessaires du prestataire) et les ressources déployées pour fournir un travail de qualité. Par conséquent la seule façon pour un « vrai » professionnel de gagner décemment sa vie est de tirer ses tarifs vers le haut par rapport aux moyennes pratiquées sur les plateformes, en contre-tendance d’une logique de marché raisonnant toujours de la même manière, erronée… Le corollaire étant que vous ne pouvez pas être concurrentiel en termes de prix, car il y a toujours sur Internet, quelque part, quelqu’un qui propose des services apparemment semblables aux vôtres à (bien) moins cher.
  • 7. 3) Délais La qualité implique aussi un facteur temps incompressible. Ce que Rory Cowan, CEO de LIONBRIDGE Technologies, appelle l’effet Mozart : « S’il fallait, en 1790, cinq musiciens pour interpréter un quintette de Mozart pendant X minutes, en dépit des progrès techniques considérables accomplis depuis, rien n’a changé aujourd’hui : il faut toujours le même nombre de musiciens, qui jouent pendant le même nombre de minutes, pour restituer la même œuvre ! » Car s’imaginer que la qualité d’une traduction de 100 pages réalisée en 10 jours par un seul traducteur sera identique à celle de la même traduction réalisée en 1 jour par 10 traducteurs faisant chacun(e) 10 pages n’est autre qu’une grossière erreur. Ce n’est d’ailleurs pas une question de prix : augmenter le nombre de traducteurs sur un texte signifie avoir au final des styles différents et multiplier les incohérences terminologiques. Travailler en groupe génère des problèmes d’autre nature, et notamment la nécessité d’harmoniser la version finale d’un texte par une même main. Ce qui demande des délais supplémentaires, et annule le temps et l’argent apparemment économisés en mobilisant plusieurs ressources au lieu d’une seule pour faire plus vite un même travail. Bien que simplifié à l’extrême, ce tableau donne une idée de ce qu’est la « quadrature du triangle », où tout est question de proportions, chaque projet étant le compromis le mieux dosé entre ces trois ingrédients. Mais si nous ne pouvons nous distinguer sur la qualité ni être concurrentiel sur le prix, à savoir les deux principaux critères de choix de nos donneurs d’ordre, comment procéder pour faire valoir notre professionnalisme ?… Et comment nous démarquer de la concurrence, aujourd’hui planétaire, pour nous bâtir une carrière digne de ce nom ? Certes, être un bon traducteur est la condition sine qua non, mais souvent insuffisante pour faire la différence. Ce qui nous amène au second paradoxe.
  • 8. DEUXIÈME PARADOXE II. Les meilleurs traducteurs ne sont pas forcément celles et ceux qui vivent le mieux de leur métier ! Autrement dit ce ne sont pas toujours les meilleurs qui gagnent le mieux leur vie, pour paraphraser Charles Darwin, selon qui « ce ne sont pas les plus forts ou les plus intelligents qui survivent, mais ceux qui s’adaptent le mieux aux changements ». Des changements si fréquents que les traducteurs eux-mêmes sont les premiers à se sentir « lost in translation », souvent incapables de s’inscrire dans « un cycle vertueux de la valeur », visant sur le long terme à créer des services à « valeur ajoutée » qui les distingueront justement de leurs collègues sur ce marché hyperconcurrentiel... Car plus l’on est sur un marché concurrentiel (couple de langues communes, faible niveau de spécialisation), plus le binôme marketing & branding devient un élément clé de l’employabilité du traducteur-interprète indépendant, et, surtout pour celles et ceux qui sont en début de carrière, un instrument de plus à intégrer dès le départ à leur boîte à outils, au même titre que la TAO ou autre, pour les accompagner tout au long de leur vie professionnelle. Donc ici « créer de la valeur » est un concept gagnant-gagnant ou l’idée de « valeur » n’est pas liée à l’argent, mais plutôt à la « valeur » en termes de réputation, de « valeur » professionnelle et personnelle propre, de « valeur » sociale vs. individuelle, etc. Où « faire la différence » se situe à un autre niveau, plus élevé et qualifié, en vue de construire une relation basée sur la confiance. Où passer de la réalité « c’est moi qui recherche les clients » à « ce sont les clients qui me cherchent » est le parcours à suivre sur la voie de l’accomplissement pour devenir un traducteur-interprète « arrivé », même si « être au sommet de sa carrière » signifie ensuite lutter au quotidien et à chaque mission pour s’y maintenir, en sachant que la confiance se reconquiert chaque jour, le concept de « loyauté du client » n’étant JAMAIS définitivement acquis… De fait, à l’époque des comparateurs de prix, la différenciation se fait désormais sur des critères hors-prix et des propositions de valeur uniques et innovantes. La réponse se situe donc dans la mise en œuvre d’un « marketing de service » personnalisé - pour rendre tangibles des services intangibles par définition -, s’appuyant sur une stratégie de positionnement en 7 étapes :
  • 9. Planification  Audience  Storytelling  Canaux  Process  Conversation  Mesure déployées autant à court-moyen terme (actions itératives) qu’à long terme (action permanente). Ce sont là des activités totalement étrangères à la traduction, d’où le troisième paradoxe ! TROISIÈME PARADOXE III. De nombreuses tâches d’un professionnel de la traduction n’ont rien à voir avec la traduction proprement dite ! En tant que travailleurs indépendants, dont nous sommes pour la plupart, cultiver son employabilité devient un travail à part entière, une formation tout au long de la vie, et « un moyen d’augmenter le prestige de la profession ». Cela signifie surtout apprendre à COMMUNIQUER (du latin « communis agere », mettre en commun, partager) en toutes circonstances : de mon CV à ma présence sur le Web, communiquer sur mes services et/ou sur la traduction en général (sensibilisation permanente), sur mon identité, ma marque, mon marché (langues + secteurs), voire mes prix, mes talents, en véhiculant mon message multicanal via les réseaux et autres médias sociaux. Apprendre enfin à décider quels contenus mettre dans quels contenants (mise en récit + mise en forme), à travers un processus multiple de création/production/curation. Après tout, la traduction n’est-elle pas communication pure ? ** Or en 2017, est-ce que les traductrices et les traducteurs savent, et ont appris à communiquer ? À planifier et bâtir leur présence sur le Web ? À mettre en œuvre une stratégie, faite d’actions à court terme et d’objectifs à moyen terme pour un changement à long terme ? À élaborer le plan marketing qui les propulsera et les accompagnera dans leur carrière ? À exprimer un positionnement, rédiger un « mission statement » pour saisir en quelques mots ce que sera leur service ? À se proposer en partenaires de confiance plutôt qu’en simples sous-traitants ? À raconter leur histoire, unique, en peaufinant leur identité – visuelle et verbale –, leur promesse et leur marque ?
  • 10. Dans l’abstrait, si vous êtes un comique, votre marque c’est « divertissement, humour », etc. Si vous êtes un graphiste, votre marque c’est « créativité, dessin », etc. Si vous êtes un traducteur-interprète, votre marque c’est « communication multilingue, interculturelle ». Toutefois chacun(e) décline sa différenciation sur son propre terrain : 1 traducteur/interprète = 1 marché. Le mien. Distinct des milliers de marchés de mes collègues, tous formant l’environnement concurrentiel au sein duquel j’évolue, la représentation idéale d’un « marché mondial de la traduction » n’étant guère plus qu’une abstraction, sans grande signification pour ma vie professionnelle, si ce n’est le sentiment d’appartenir à un marché vaste et dynamique. Un dynamisme dont l’on se dit que, quelque part, il finira bien aussi par avoir des retombées positives à mon niveau. Toutefois, si retombées il y a, inutile de les attendre passivement du marché, c’est à moi de les provoquer, les chercher, les trouver, les exploiter à mon profit. Si le marché ne vient pas à moi… Un marché extrêmement compétitif, sur lequel je dois me positionner, ou, pour mieux dire, me différencier. Sortir du lot. Conquérir – et conserver (et donc défendre) – mon avantage concurrentiel. Ma visibilité. Et mon unicité. Imaginez un même épisode, relaté de deux façons différentes : il deviendra deux épisodes distincts ! Il s’agit donc de trouver VOTRE voix et raconter VOTRE histoire : « Find & tell your story ! » Un processus narratif qui passe par trois étapes : 1. Storytelling : le fond & la forme 2. Branding : le fond 3. Marketing : la forme Ou, pour être plus précis, un triptyque gagnant autour des concepts suivants : #StoryTelling #PersonalBranding #ContentMarketing « Moi » se trouvant à l’intersection des trois sphères conceptuelles, et se projetant sur le marché à travers la mise au point d’un business plan.
  • 11. #STORYTELLING Find & Tell : le fond et la forme. Le storytelling est une technique de communication décrite dans l’ouvrage précurseur de Christian Salmon, paru en 2007, comme « machine à fabriquer les images et à formater les esprits ». Initialement conçue pour propager des histoires d’entreprise en privilégiant une complicité émotionnelle avec leurs clients, afin de « réenchanter » la ou les marque(s), elle a beaucoup évolué en dix ans, notamment en se personnalisant. Adaptée à notre niveau, elle consiste à se raconter, à être le conteur de soi- même. Concept traduit en français par « communication narrative » ou « communication créative », sa finalité est de capter l’attention d’un public pour partager (voir plus haut l’étymologie de « communiquer ») une histoire avec lui, le convaincre, voire le séduire. « Les êtres humains souhaitent communiquer pour trois raisons. Partager. Convaincre. Séduire. Et très souvent pour les trois simultanément. » (Dominique Wolton). Partager notre histoire, donc, pour convaincre et séduire notre public. Bien qu’ici l’emploi simultané de convaincre et séduire soit pléonastique : convaincre est séduire, séduire est convaincre. Restons bref : partager notre histoire pour convaincre notre public. Ou mieux, en simplifiant ultérieurement, communiquer pour convaincre.
  • 12. Toute la transformation du storytelling est là : communiquer pour convaincre ! Mais convaincre qui, et de quoi ? Qui : stricto sensu, votre audience cible, clients actuels et futurs, prospects, collègues, voire concurrents, intermédiaires divers et marché(s) ; lato sensu, tout votre public potentiel, y compris celles et ceux qui partagent (certains de) vos intérêts, linguistiques, culturels ou autres… De quoi : que vous êtes la personne qualifiée capable de résoudre leurs problèmes, ponctuels ou permanents (de communication, de langue, de traduction, d’interprétation, etc.), ayant toutes les compétences nécessaires pour les conseiller et accompagner le développement de leurs projets. Se mettre en histoire conjugue la mise en récit – le fond – et la mise en forme : quel(s) contenu(s) vais-je intégrer à quel(s) contenant(s) [le choix de la plateforme en fonction du contenu n’étant jamais neutre en termes d’expression…]. On met les ingrédients dans la machine, et il en ressort … la NARRATION ! Une narration à planifier dès le départ, à destination d’un public choisi, étayée par la stratégie de positionnement déjà évoquée. En clair : 1. Planification stratégique (plan) : moi, réflexion / introspection 2. Cible (audience) : les autres / le (les) marché(s) au sens large 3. Narration (storytelling) : contenu(s) (mise en récit + mise en forme) 4. Canaux (channel) : contenants, vecteurs de ma communication 5. Processus (process) : de création / curation 6. Conversation (conversation) : interactions avec le public cible en particulier, et les internautes en général (réseaux sociaux, etc.) 7. Mesures (measurement) : suivi et analyse des métriques
  • 13. Moi ! Tout part de moi, d’une réflexion approfondie sur mon identité : l’identité est à la base de la présence ; la présence est à la base de la visibilité ; la visibilité est à la base de la réputation, cette dernière – dès lors qu’elle reflète de manière cohérente l’identité – étant à la base de la crédibilité & la notoriété. Pour paraphraser Richard Branson, votre marque personnelle/professionnelle vaut ce que vaut votre réputation… (Your brand name is only as good as your reputation.) Identité, présence, visibilité & réputation sont les quatre fondamentaux du puzzle Internet. Et du puzzle jamais entièrement recomposé de mon histoire, puisqu’une partie importante est toujours en devenir. Ce sont les quatre points cardinaux de votre moi numérique, et les quatre piliers sur lesquels il repose : 1. Identité : ce que vous êtes et faites, ce que vous dites de vous-même 2. Présence : le fond (réponse à la question : pourquoi suis-je présent sur Internet ?) 3. Visibilité : la forme (réponse à la question : comment suis-je présent sur Internet ?) 4. Réputation : ce que les autres disent de vous, la façon dont ils vous perçoivent Or de même que la narration est dynamique (elle exige l’action), l’introspection suppose la connaissance : en définitive, c’est la connaissance qui génère l’action.
  • 14. Aux 2 pôles de connaissance (moi et les autres) : 1. Moi (me connaître moi-même, analyse SWOT, bilan de compétences) 2. Autres (connaître les marchés, analyse SWOT du marché en général, et de MON MARCHÉ en particulier [ce qui suppose de l’avoir identifié...]) correspondent 2 niveaux d’action (sur moi et sur les autres) : 1. À mon niveau (personal / professional branding) 2. Au niveau du (des) marché(s) (content marketing) Intéressons-nous donc à ces deux niveaux d’action en ayant recours à l’analogie de l’iceberg. Qui représente à la fois l’image et la quintessence de votre communication. Car trouver son image (celle qui se voit) est une chose, mais la construire en cohérence avec la substance qui en est le socle (qui ne se voit pas) en est une autre. C’est l’éternelle question de l’indissociabilité de la forme et du fond, dont l’amalgame fait le TOUT de ce que je suis, et qui est infiniment supérieur à la somme des parties qui le composent. La communication est la partie émergée de l’iceberg, « above the line », qualitativement la plus importante ; les données à collecter, classifier et archiver sur moi et les autres sont la partie immergée de l’iceberg, « below the line », quantitativement la plus importante. La partie émergée est celle que les autres connaissent de vous, la partie mise en lumière. La partie immergée est celle que vous connaissez de vous- même et des autres, la partie enfouie dans le secret de votre esprit, et de votre ordinateur…
  • 15. La partie visible repose bien évidemment sur la base immergée : on ne travaille plus sur l’image, mais sur la réputation (dont le contenu se construit jour après jour) ! #PERSONALBRANDING Find : c’est la partie immergée de l’iceberg, le fond. C’est agir sur moi pour trouver le « quoi » (quelle est ma « marque » sur le marché, et quel marché ?) : chaque entreprise naît avec un nom et se développe avec une marque. Pour une personne, libre à elle de choisir son nom ou un nom de société. Mais pour se mettre en histoire, nous l’avons dit, une sérieuse réflexion de base est le préalable à la mise en œuvre de toute planification stratégique durable, qui exige de la cohérence (entre capacités et ambitions personnelles et professionnelles, par exemple), et de la méthode (plan de travail, définition des tâches, des objectifs, des ressources, etc. etc.). De plus votre histoire ne doit pas se baser uniquement sur des mots et des images, mais aussi sur des faits et des chiffres, sur le modèle anglo-saxon du « career fact sheet ». Surtout les mots ne peuvent servir à « inventer une » histoire, mais juste à relater la vôtre (à la limite, ils peuvent l’enjoliver).
  • 16. Dans cette optique, l’identité 2.0 n’est pas seulement inévitable, elle doit devenir « culturelle » ! Au sens où chacun(e) de nous doit avoir une « culture IDENTITÉ », en étant conscient(e) que tout ce que nous disons ou faisons sur la toile est un morceau supplémentaire au « puzzle » de notre identité, un élément de plus qui s’ajoute à notre « empreinte digitale »… Car Internet est dès aujourd’hui – et le sera toujours plus – notre lieu de travail ! Lorsque nous contactons un prospect au niveau professionnel, la première chose qu’il fera sera de chercher sur les moteurs et les réseaux sociaux toutes les infos qu’il peut trouver sur nous, y compris au niveau de nos données personnelles. Donc le problème n’est plus de maintenir à tout prix une confidentialité désormais impossible à préserver, mais de garder le contrôle sur ses propres données, à défaut de pouvoir tout maîtriser : « Privacy is not the issue. Control is. » (Jeff Jarvis). D’une part il faut tenir un discours et une image professionnels en présentant ce que l’on veut que les autres sachent de nous, de l’autre notre interlocuteur tentera de découvrir justement ce que l’on ne dit ou ne montre pas ! Après quoi il sera seul juge de décider s’il y a cohérence entre les dits et les non-dits, voire s’il y a selon lui dissimulation, ou pire : tromperie… Ainsi, lorsque vous entreprenez une action de branding ou de marketing, mettez-vous toujours à la place de vos clients potentiels, qui se lanceront en quête de vos traces numériques sur le Web. Et que trouveront-ils ? Découvriront-ils une adéquation sans faille entre sphères personnelle et professionnelle ? Depuis le milieu des années 90, le curseur s’est déplacé, de « pas assez de contenu » à « trop de contenu », de la « rareté » d’un contenu essentiellement « amateur » à la « profusion » d’un contenu davantage « professionnalisé » : en 20 ans, l’abondance de contenu a révolutionné le Web, mais aujourd’hui, trop de contenu tue le contenu ! D’où la nécessité de combattre l’infobésité en filtrant (ciblage, niches), en triant (curation, relations et contacts sur les réseaux sociaux), en intégrant des sources d’infos fiables et de qualité, etc. Mais surtout, en produisant du contenu de qualité pour se proposer soi-même comme source d’infos fiables ! En clair, bien au-delà d’une seule démarche commerciale, faire son personal branding implique parler vrai et être protagoniste du grand concours planétaire pour attirer l’attention de votre public, sollicité comme jamais auparavant. « Marketing is a contest for people’s attention. », nous avertit Seth Godin. Pourquoi donc les prospects que vous ciblez iraient vers vous ?
  • 17. #CONTENTMARKETING Tell : c’est la partie émergée de l’iceberg, la forme. C’est agir sur le marché (quel marché ?) pour raconter « comment » véhiculer le « contenu » identifié par le branding : de quelle manière vais-je proposer ma « marque » ? D’où la notion de « marketing de contenu ». Voici enfin réunis tous les éléments de la matrice « Your Story » : À la découverte de votre propre talent, votre carrière dans le monde de la traduction ressemble à une page blanche : entièrement à découvrir et à écrire ! Un talent et une carrière, une histoire unique à trouver et à raconter : la vôtre. Find & tell your story… © 2018 JEAN-MARIE LE RAY
  • 18. Traducteur-interprète professionnel depuis plus de 32 ans, directeur de sa propre agence pendant 26 ans, formateur marketing depuis 2011. Blogueur ayant publié plus de mille billets depuis 2005, essentiellement sur Internet, les acteurs majeurs du Web (Google, Facebook, etc.), la traduction (y compris automatique) et le marketing, adapté notamment aux indépendants exerçant en profession libérale. Et un nouveau projet dans les cartons… Références bibliographiques ADSCRIPTOR, 2008, « Top 20 of main Translators & Translation Workplaces & Marketplaces », consulté le 26 août 2017, URL : http://adscriptum.blogspot.it/2008/11/top-20-main-translation- workplaces.html ADSCRIPTOR, 2015, Internet of Me, We Economy, oui..., consulté le 26 août 2017, URL : http://adscriptum.blogspot.it/2015/02/internet-of-me-we- economy-oui.html ALBOHER, Marci, One Person/Multiple Careers: A New Model for Work/Life Success, 2007, consulté le 26 août 2017, URL : http://heymarci.com/book- slash-careers/ CRONIN, Michael, Translation in the Digital Age, 1st Ed., New York, Routledge, Taylor & Francis Group, 2013, consulté le 26 août 2017. URL : http://cw.routledge.com/textbooks/translationstudies/data/samples/9780415 608602.pdf DURAND, Sébastien, Storytelling / Réenchantez votre communication, Dunod, 2011, consulté le 26 août 2017, URL : https://www.dunod.com/entreprise- economie/storytelling-reenchantez-votre-communication FAST COMPANY, The Brand Called You, 1997, consulté le 26 août 2017, URL : https://www.fastcompany.com/28905/brand-called-you JARVIS, Jeff, What Would Google Do?, 2008, consulté le 26 août 2017, URL : http://buzzmachine.com/wwgd KOTLER, Philip et al., Principles of Marketing, 6th European Edition, England, Pearson Education Limited, 2013.
  • 19. LES DÉFIS INÉDITS DU NUMÉRIQUE, Institut Esprit Service, 2015, consulté le 26 août 2017. URL : http://www.institutespritservice.com/attachment/564022/ PETERS, Tom, In Search of Excellence: A Three-Generation Report Card, 2002, consulté le 26 août 2017, URL : http://tompeters.com/wp- content/uploads/2014/02/ISOE.pdf PORTER, M. E., The Competitive Advantage: Creating and Sustaining Superior Performance, New York, Free Press Notes, 1985. REEVES, Rosser, Reality in Advertising, 1961, consulté le 26 août 2017, URL : https://www.amazon.com/Reality-Advertising-Rosser-Reeves/dp/0982694148 SALMON, Christian, Storytelling. La machine à fabriquer les images et à formater les esprits, Paris, La Découverte, 2007, consulté le 26 août 2017, URL : https://communication.revues.org/2635 VERISIGN, The Domain Name Industry Brief, 2017, consulté le 26 août 2017, URL : https://www.verisign.com/en_US/domain-names/dnib/index.xhtml WOLTON, Dominique, Informer n’est pas communiquer, CNRS Éditions, 2009, Études de communication, 2010/1 (n° 34), p. 206-207, consulté le 26 août 2017, URL : http://www.cairn.info/revue-etudes-de-communication-2010-1- page-206.htm