1. Rédigé par Jérémy Abdilla, bénévole ALIMSO jeremy.abdilla@yahoo.fr
Compte-rendu
Café Actualité ALIMSO
« Quelle vision commune autour d’un ensemble métropolitain ? »
Ce lundi 15 décembre 2014 a eu lieu à la Cité Mondiale de Bordeaux un débat animé par Bernard
Séverin consacré à la nouvelle métropole bordelaise. Alain Anziani (Sénateur-Maire de Mérignac,
Vice-président de Bordeaux Métropole en charge de la métropolisation), Jean Petaux (Politologue et
Directeur de la communication de Science-Po Bordeaux) et Benoit Lasserre (Journaliste et Directeur
de l’édition Gironde de Sud Ouest) avaient pour tâche d’expliquer les raisons de ce changement de
statut et les conséquences à en attendre pour les habitants et lecteurs de Sud Ouest. Il s’agissait
également de déterminer quelles seront les compétences de cette nouvelle autorité de gestion et
comment permettre aux habitants de partager une identité métropolitaine commune.
Jean Petaux apporta d’abord un éclairage politologique à cette soirée en inscrivant cette Loi de
modernisation dans l’Histoire nationale. « A leur création en 1966, le but des communautés urbaines
était à la fois de contrer l’emprise de l’Etat (colbertisme économique, DATAR, Gaullisme) sur les
grandes villes du pays mais aussi de mutualiser des compétences jusqu’alors gérées
individuellement par chaque commune ».
Au fil des ans, les pouvoirs de LA CUB auraient toutefois peu évolué par rapport à d’autres
agglomérations françaises. Alain Anziani demanda « s’il était normal aujourd’hui que chaque
commune dispose encore de son propre service de paye, d’emprunt, de gestion des déchets … Il y a
une spécificité bordelaise à ne pas avoir, malgré la cogestion, mutualisé davantage ».
Le rapport entre la ville centre et les autres communes fit apparaître certaines complexité et
l’impossibilité de faire abstraction du fait municipal au profit du fait communautaire : « Le ratio ville
/ périphérie, de 1 à 3 (240 000 habitants à Bordeaux contre 750 000 pour la métropole), est très
important. Les modes de gestion communautaire sont à chaque fois des adaptations de contraintes
propres à un environnement. Dans le cas présent, il n’y a pas d’autres possibilités que de laisser aux
villes certaines compétences. Mais les communes ne doivent pas se replier sur elles-mêmes. Il y a
une obligation de fonctionner ensemble et d’établir des compromis ».

2. Rédigé par Jérémy Abdilla, bénévole ALIMSO jeremy.abdilla@yahoo.fr
Benoit Lasserre expliqua, que du côté des lecteurs de Sud Ouest, la métropolisation n’est, pour
l’instant, pas perçue comme un sujet qui passionne. « C’est davantage une affaire d’élu et de
techniciens. Notre rôle à Sud Ouest est d’expliquer l’impact de ce nouveau statut dans notre vie
quotidienne. Nous allons pour cela interroger les décideurs politiques, nous donnons la parole aux
habitants, etc ». Une refonte de la pagination n’est donc pas à prévoir, d’autant plus que
« techniquement il est trop compliqué de faire un journal regroupant la rive gauche et la rive droite
car le nombre de pages seraient trop importants par rapport aux capacités de nos rotatives.
L’Agglorama, bien qu’elle dépasse les frontières de l’actuelle communauté urbaine, reste la
principale rubrique consacrée à la métropole ».
La fameuse question du pourquoi de ce changement fut posée par la suite : « il s’agit de permettre
aux communes de mieux respirer en se déchargeant, à la carte, de la gestion de certaines de leurs
tâches, dans des temps de disette budgétaire ». La métropolisation conduira donc à un transfert de
compétences. Elle permettra aussi une prise en compte globale des équipements d’intérêt
communautaire (Nouveau Stade, Parc Expo, Pin Galant, …). En termes d’économies réalisées, celles-
ci n’apparaitront qu’au terme d’un certain nombre d’années. « Les économies d’échelle ne se font
que sur le long cours ».
Certains impératifs furent évoqués pour assurer la réussite de cette nouvelle institution. « Un des
enjeux sera de rationaliser tout en conservant la même continuité de service. Il faudra savoir
déconcentrer pour que les habitants ne ressentent pas un éloignement vis-à-vis des lieux de prises de
décisions. Ils devront sentir que leurs préoccupations sont rapidement considérées » …
« Les maires devront dépasser l’égoïsme municipal en accordant le singulier des villes au pluriel
métropolitain. Les élections permettront de définir le rôle et la place de chaque représentant
politique. L’erreur serait de reproduire le suffrage universel tel qu’il existe à l’heure actuelle au sein
de l’Union Européenne. Le vote seul n’est jamais suffisant pour qu’un élu local soit considéré
comme représentatif : il doit rester poche de ses électeurs » …
« La légitimité politique de cette nouvelle institution sera essentielle. La métropolisation échouera,
comme elle déjà échouée par le passé, si les citoyens considèrent que l’on veut faire disparaitre leur
identité communale, si on la leur impose ». L’identité métropolitaine étant déjà à Bordeaux assez
peu prononcée par rapport à d’autres agglomérations. Bon nombre de personnes se revendiquant
d’ailleurs davantage d’une identité de quartier : à Caudéran, Saint Michel, au Burck, à Pessac
Alouette, ... « Certains symboles contribuent toutefois à renforcer le fait métropolitain : le Tramway
représente, un élément fort d’identification pour les habitants. Ce phénomène d’agglomération
renforce en outre la mobilité d’une ville à l’autre ». Le journal Sud Ouest est un autre de ces
exemples de liens qui unissent les habitants de la métropole.