2. La peur fait partie, sans nul doute, au même titre que l’amour ou la haine, des grands sentiments humains. Quel est donc celui ou celle qui peut, avec sincérité, s’enorgueillir de n’avoir jamais eu peur ?
3. Les peurs sont variées et multiples, allant des plus fréquentes, comme la peur des serpents ou des araignées, en passant par la peur de la foule ou des lieux fermés, jusqu’à la peur de rougir ou d’être enterré vivant, pour finir par la plus grande de nos peurs, à savoir, celle de mourir.
4. La peur se définit en tant que sentiment de forte inquiétude, de crainte, voire même de frayeur. En ce sens, elle est à ramener directement à la notion d’angoisse.
5. En effet, l’angoisse correspond justement en la peur persistante et excessive d’une situation ou d’un objet, lesquels, objectivement, ne présentent aucun danger. La personne elle-même reconnaît l’aspect irrationnel de sa peur ;
6. Ceci permet d’ailleurs, de faire le distinguo avec le signal d’alarme, correspondant à un "danger réel", où l’angoisse est précisément face à un danger extérieur qui constitue une menace réelle ;
7. Il s’agit là de la mise en place d’une opération de protection par instinct d’auto-conservation, en opposition avec les peurs d’origine névrotique, lesquelles sont des opérations de défense.
8. En effet, l’individu qui a peur est envahi d’un souci très puissant à éviter la situation. C’est ainsi que l’on assiste à de véritables pathologies où la peur, omniprésente, engendre des états invalidants pour un bon fonctionnement social ;
9. Des personnes en désarroi pour qui la vie, parsemée de blocages et d’inhibitions, devient parfois impossible à gérer.
10. Pour parvenir à vaincre la peur, il faut déjà commencer par comprendre, brièvement, ce à quoi elle correspond au niveau du psychisme.
11. D’un point de vue analytique, l’angoisse n’est en fait qu’une réponse affective puisque c’est quelque chose de ressenti.
12. On parle "d’affect de déplaisir ", sentiment inconscient correspondant à une situation traumatique, pas encore présente et qu’il va s’agir d’éviter.
13. Pour la psychanalyse, le principal danger qui menace, de l’extérieur, l’individu est la menace de castration. La castration est ici à entendre au sens de la perte et du manque.
14. La crainte de la perte n’est autre que celle de la perte de l’objet d’amour et donc, de la crainte de la perte de l’amour de ce même objet car, la perte est toujours assimilable à la perte d’un objet fortement investi.
15. Ce qui revient à dire que, dans toute manifestation de peur, de quelque sorte que ce soit, ne se cache en fait qu’une seule et fondamentale peur : celle de ne plus être aimé, véritable détresse humaine commune à tous les individus.
16. La différence va résider dans l’approche du danger puisque l’angoisse est une "réaction du moi" face au danger : il y a ceux qui vont réussir ou ceux qui vont échouer. Alors, comment faire pour réussir à vaincre ?
17. "A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ", ce qui revient à dire qu’il va falloir, coûte que coûte, accepter de prendre quelques risques et surtout, justement, le risque de perdre l’amour de l’autre, quoi que l’on fasse et quoi qu’ il nous arrive.
18. Au nom d’un principe de réalité, que savons-nous de cet amour de l’autre et existe-t-il vraiment ?
19. Le meilleur et le plus sûr moyen d’être aimé est encore de commencer par s’aimer soi-même et pour cela, il est impératif de tout mettre en œuvre pour se "renarcissiser", et, ainsi, "être capable de…".
20. En premier lieu, il faut faire de la peur son alliée et reconnaître que l’angoisse est, avant tout, une action de protection contre le monde extérieur, ainsi bénéfique ; ensuite, il s’avère nécessaire de choisir de faire face à la peur.
21. L’expérience montre, d’une part, que l’évitement de la situation redoutée maintient et augmente l’angoisse
22. Et que, d’autre part, selon Freud, "une habitude s’affaiblit progressivement lorsqu’il y a provocation répétée de celle-ci sans aucun renforcement des réponses".
23. De fait, la pulsion s’épuise, s’amoindrissant jusqu’à disparition. L’évitement alimente toujours le sentiment d’échec et d’impuissance. Mieux vaut confronter sa peur et renoncer au réflexe de fuite.
24. Développer une attitude d’affrontement de la situation permet l’accroissement de l’estime de soi, de la confiance en soi et, ainsi, la capacité à être aimable car la confiance en soi ne sera jamais, en fait, que le reflet des marques de confiance chez les autres.
25. Quant à ceux qui évoluent dans l’entourage proche d’individus qui ont des angoisses pathologiques, il est à retenir, essentiellement, que ceux qui ont peur ont besoin d’être aimés.
26. Il semble utile de modifier la relation afin qu’elle soit vécue de façon positive.En ce sens, mieux vaut, dans un premier temps, ne pas abandonner à elle-même la personne qui a peur mais, au contraire, l’accompagner, apporter à son moi l’aide nécessaire afin que la situation de danger n’existe plus.
27. De toute manière, qu’avons-nous à craindre ? Que peut-il nous arriver ? Admettons une bonne fois pour toutes que, mise à part la mort, à laquelle aucun de nous ne peut échapper, que peut-il nous arriver de pire ? "C’est du mystère seul que l’on a peur.
28. Il faut qu’il n’y ait plus de mystère. Il faut que les hommes soient descendus dans ce puits sombre, et en remontent, et disent qu’ils n’ont rien rencontré", écrivait Antoine de Saint-Exupéry.
29. Et n’est-ce pas, précisément, lors d’un travail sur soi, dans le cadre d’une cure analytique, que l’on va pouvoir descendre au fond du puits, grâce à la main tendue de l’analyste, celui-là même qui a exploré cet "abîme" avant l’analysant ?
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