1. - CONTRIBUTION THÉMATIQUE -
UN PARTI RECENTRÉ SUR SES MILITANTS ET OUVERT A LA SOCIÉTÉ
L’ENJEU INTERNE DU PS DE DEMAIN
Le Conseil national du 15 juin dernier est certainement l’élément fondateur d’une
conception à la fois nouvelle et traditionnelle du Parti Socialiste. Nouvelle d’une part, au
sens où le discours du premier secrétaire a été sans équivoque sur l’essence même qui
fonde notre Parti : ses militants. Sur le besoin de repartir de la base pour lancer nos
actions d’envergure, s’appuyer sur le bon sens du terrain pour définir notre positionnement
national, substituer aux productions intellectuelles et théoriques parisiennes la vérité du
quotidien. Traditionnelle d’autre part, car ces propos ne sont pas une révolution, ce sont
les fondements mêmes du Parti Socialiste depuis sa création, mais sans nul doute que
notre fonctionnement ces dernières années s’en est écarté. Sans établir là quelconque
procès, sans détailler le contexte qui a abouti à ce que la gestion courante nous éloigne
de nos origines, saluons néanmoins ce retour aux valeurs fondatrices.
Car dans le cadre de l’actualité récente, plus que jamais nous avons ressenti
l’attachement que portent les militants et nos concitoyens aux valeurs qui nous sont
chères. Trop souvent banalisées par certaines formations politiques, par les médias,
balayées par le quotidien et les polémiques parfois stériles, elles ont réalisé un véritable
coup d’éclat dans le paysage politique et sociétal.
A nous, membres du Parti précurseur dans la défense des principes inaliénables de
dialogue, d’ouverture, et de solidarité, de poursuivre notre travail dans ce domaine, à
commencer dans notre propre Parti.
REDONNER DU SENS A L’ADHESION EN SECTION:
La crise de l’engagement bénévole n’épargne aucune association, et pas plus les
formations politiques toutes tendances confondues. L’engagement naturel dans des
structures collectives telles que les syndicats, les associations, les partis politiques –
présent plus que jamais dans le bassin minier- et lié à un héritage prégnant de lutte pour
les travailleurs et le progrès social s’est peu à peu estompé. La société va plus vite,
notamment avec l’avènement des nouveaux modes de communication ; elle offre de
nouveaux outils pour davantage communiquer, relayer nos actions, accéder à tous les
contenus informatifs imaginables, s’ouvrir aux autres en un clic. Pour autant,
l’individualisme est un phénomène qui gagne du terrain, le désintérêt pour la vie publique
s’accroit comme le montre l’abstention électorale, et le principe du « vivre ensemble » doit
être soutenu par les pouvoirs publics pour continuer à faire partie du paysage.
Pour contrebalancer ce phénomène, nos militants tâchent quotidiennement de lutter
contre ces phénomènes sociétaux, en véhiculant un idéal collectif et les valeurs de l’intérêt
général, de la solidarité au lieu du repli sur soi. Nous comptons parmi nous, et nous les
connaissons parmi nos sections, des militants d’une qualité remarquable, d’une
abnégation sans faille à nos valeurs, d’une fidélité à notre idéal sans pareil. Mais la crise
du militantisme est là, et les forces vives du Parti sont globalement moins nombreuses que
par le passé. Tous autant que nous sommes, nous savons le besoin de renouvellement, la
2. nécessité de susciter l’arrivée d’une nouvelle génération non pas pour défaire ou dénigrer
nos modes de fonctionnement passés et actuels –c’est bien ce qui causerait notre perte-
mais pour enrichir, compléter, faire entrer notre parti dans un modernisme sur la forme
tout en respectant son fond.
Heureusement ça et là, cette relève de femmes et d’hommes conscients de
l’individualisme de la société actuelle franchit avec beaucoup de courage et d’envie les
portes de Parti, découvrant pour certains le fonctionnement d’une formation politique,
entrant dans un monde à la fois passionnant mais souvent étranger pour celles et ceux qui
n’ont pas grandi dans un milieu sensibilisé à la chose politique.
D’autres, une minorité mais ce serait un tort de le nier, s’engage en politique dans une
optique carriériste sans conscience qu’il devrait avant tout s’agir d’une affaire de valeurs.
Adhérant à des courants dans des logiques de places, cherchant à réformer pour eux
avant de penser au bien commun : ceux-là il faut pouvoir leur inculquer que la politique
c’est avant tout, et ne serait-ce qu’étymologiquement, l’attachement à la chose publique, à
la vie de la cité.
Force de ce constat au sein de nos sections, qu’il s’agisse de la diminution du
nombre de militants ou de la question de l’accueil des nouveaux militants, plusieurs pistes
sont à étudier quant à nos modes d’adhésion et de désignation pour renforcer l’attractivité
en créant le Parti de demain.
L’EVOLUTION DE NOS MODES D’ADHESION ET DE DESIGNATION :
Combien de sympathisants franchissent le pas du militantisme avec difficultés car
ne connaissent que pas ou peu le fonctionnement de notre Parti et les autres militants ?
Pour ceux qui ne sont pas issus d’une famille initiée à la vie militante, la quasi-totalité.
Naturellement, le secrétaire de section les accueille, constitue leur relai privilégié
mais nous savons les missions nombreuses et chronophages des secrétaires de section,
et surtout le fait qu’un nouveau camarade n’ose pas toujours faire part de son désir ou de
son besoin d’être accompagné. L’envie de proposer ces idées, de s’investir davantage, de
faire le pas vers les autres militants de la section n’est pas innée, et constitue parfois une
difficulté complexe à surmonter. Certes, le temps fait son œuvre, et les nouveaux militants
constituent finalement leur connaissance de la vie de la section petit à petit.
Mais ne serait-il pas plus facile et plus convivial de réinstaurer le parrainage
systématique au sein de nos sections ? Il existe de façon plus ou moins formel dans de
nombreuses associations et n’a plus besoin de faire ses preuves quant à sa capacité à
renforcer la cohésion de groupe et la durabilité de l’engagement. Aussi, qu’un camarade
volontaire de la section, en accord avec son secrétaire, puisse favoriser les premiers pas
d’un nouveau militant et le familiariser avec les pratiques partisanes serait sans nul doute
le vecteur d’une intégration facilitée. Qu’il prenne la forme d’un duo intergénérationnel, ou
au contraire d’un jeune militant qui à son tour prendrait la responsabilité d’accueillir un
nouveau camarade : les modalités à définir en fonction du contexte local n’auraient
naturellement pas vocation à être contraignantes, mais relèvent plutôt d’une volonté de
notre Parti de renforcer sa dimension de convivialité et de partage de ses valeurs.
Pour nous, nos camarades, une fois l’adhésion effectuée, notre vie militante riche
est rythmée par un moment essentiel, celui de faire entendre notre voix ; avec les
3. consultations militantes récemment réinstaurées avec les Etats Généraux, mais aussi pour
la désignation de nos camarades aux élections. Pour cela, il est important d’avoir les
moyens matériels et logistiques d’exprimer notre choix sur celle ou celui qui pourra être
notre digne porte-parole, et cela passe par des votes militants accessibles à tous.
Dans ce cadre, un point peut paraître anecdotique alors qu’il est pourtant l’un des
critères fondamentaux de la participation : les horaires de vote. Actuellement, nos
sessions de vote sont organisées de 17h à 22h par les camarades des sections. Si ces
horaires correspondent aux habitudes des électeurs des grandes agglomérations, il n’est
pas évident qu’ils soient adaptés à toute une partie des camarades de province. A titre
d’exemple, nos camarades postés, ou âgés, et/ou issus du monde rural et qui hésitent tout
particulièrement à se déplacer en soirée surtout pour des votes en période hivernale.
Les horaires des votes devraient pouvoir être encadrés par les Fédérations en
fonction des spécificités locales, afin de respecter les contraintes de nos militants.
De même, nos camarades qui ne peuvent se déplacer sur le lieu du vote, en raison
de l’âge, de la maladie, du handicap, de contraintes professionnelles… méritent tout
autant de participer à la vie démocratique. A l’instar des élections nationales, pourquoi ne
pas réinstaurer le vote par procuration ? Dans des conditions d’encadrement strictes
pour éviter toute suspicion sur l’issue des scrutins, il éviterait sans nul doute une partie
des abstentionnistes qui avant d’être militants, sont contraints par leur quotidien.
Enfin, sur les procédures de vote, parce que la modernité est un élément central
pour notre grand Parti, il pourrait être utile d’étudier les recours au vote électronique.
Sans qu’il se substitue au vote physique, une telle évolution correspondrait à cette volonté
de faciliter l’expression démocratique au sein de notre Parti. Il est déjà possible de
s’inscrire aux différents évènements nationaux par Internet, de déposer nos contributions,
réflexions, d’adhérer… Une telle possibilité pourrait effectivement convenir à nos militants
actifs professionnellement d’exercer plus facilement leur expression militante.
Si l’évolution des outils de l’expression au sein de notre Parti est l’occasion de
mieux répondre aux situations quotidiennes de nos camarades, parfois difficilement
conciliables avec un engagement militant, un autre sujet déjà amorcé à l’occasion des
dernières élections présidentielles mérite une attention plus particulière : celui des
primaires ouvertes.
En 2011, notre Parti a été précurseur dans son ouverture, dans sa volonté d’être le
plus à l’écoute non seulement des aspirations de ses militants, mais aussi de celles et
ceux de nos concitoyens qui se sentaient concernés par le choix du représentant
socialiste à l’élection présidentielle.
Ce qui peut être qualifié de succès démocratique peut être davantage usité par nos
instances, et surtout peut constituer une évolution utile pour répondre à certaines
situations préoccupantes.
Nous venons d’en faire le constat, nos sections n’ont pas toujours la facilité à attirer
de nouveaux militants : dans des territoires ruraux, dans des bastions politiques
d’opposition, il est certain que l’adhésion n’est pas une facilité. Existe ainsi des sections
dont le nombre de militants est très extrêmement faible en comparaison du nombre
4. d’électeurs sur le territoire. Ces situations ne sont pas sans poser certaines difficultés
dans la vie interne du Parti. Ainsi, dans des sections de quelques camarades, des
adhésions stratégiques, familiales… de dernière minute peuvent déstabiliser pour leur
propre compte des responsables de section : de nombreux exemples locaux lors du
congrès de Toulouse en ont fait la preuve. Mais ces situations posent aussi une autre
question : celle de la représentativité et la légitimité des camarades désignés à l’issue du
vote militant.
Parce que le respect des militants doit rester notre principe inaliénable –tel est
l’objet de cette présente contribution-, force est de constater que le choix de 30
camarades du candidat socialiste dans une commune de 10 000 électeurs par exemple,
est malgré tout difficilement le reflet de l’opinion des électeurs potentiels. Aussi parce que
parfois certaines logiques de courants internes conduisent à la désignation de camarades
pour des motivations autres que des considérations objectives d’investissement
personnel, de reconnaissance du travail effectué…
Parce qu’une élection se gagne avant tout par des qualités militantes
incontournables, mais aussi par la perception du travail et de l’engagement de nos
candidats dans l’opinion publique, pourquoi ne pas pour certaines désignations aux
échéances électorales, instaurer le système des primaires ouvertes qui
permettraient également aux sympathisants d’exprimer leur choix ? S’il est
nécessaire de conserver la primauté du vote militant, il faut aussi tenir compte de la
capacité de nos camarades à gagner la bataille des urnes. Car au-delà des déceptions et
des destins individuels, c’est avant tout l’intérêt général du Parti, sa représentation, sa
capacité à exercer des fonctions électives pour mettre en œuvre sa vision de la société qui
doivent primer. Le fait que notre Pays ne fonctionne plus sur le principe du bipartisme,
mais également avec le risque d’élection du Front National implique de s’assurer de nos
capacités à fédérer la population sur nos candidats.
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* *
Ces quelques suggestions centrées sur la vie de notre Parti ne constituent pas une
révolution, elles ne font que suivre l’évolution de notre société tout en tâchant de
conserver notre identité et nos fondements inaliénables.
Par contre, leur mise en œuvre nécessite de la part des sections et des Fédérations la
volonté d’accompagner ce changement, mais aussi et surtout de la part de nos instances
nationales. Car l’enjeu est aussi de parfaire la communication descendante et
ascendante entre Solferino et le local : pour faciliter la mise en œuvre de telles mesures
avec les informations et les outils nécessaires délivrées aux instances locales, mais aussi
pour être à l’écoute d’autres suggestions de terrain qui pourraient au fil du temps parfaire
notre organisation et notre efficacité militante.
Vraisemblablement il s’agit là du pari de l’avenir pour notre Parti, tant pour
renouveler ses forces vives qui pourront assurer le renouvellement générationnel dans les
mandats publics, que pour s’investir localement pour diffuser nos actions, les défendre, en
être les dignes représentants de terrain qui sont la pierre angulaire de nos réussites
électorales.
5. Premiers Signataires :
Frédérique MASSON, Secrétaire Fédérale (62)
Guy DELCOURT, Député du Pas de Calais
Michel LEFAIT, Député du Pas de Calais
Jacqueline MAQUET, Députée du Pas de Calais
Jean-Bernard CYFFERS, Membre du Conseil national
Yann DESAULTY, Conseiller Municipal (62)
Alain ALEXANDRE, section d’Arras (62)
Claire KASZYNSKI, section de Lille (59)
Sylvie DELBART, section de Montreuil (62)
Nicole LHEUREUX, Conseillère municipale (62)
Francis TOUCHART, section de Calais (62)
Yohann CARLIER, section d’Arras (62)