Suite à une étude pour le mouvement des coopératives de travail (CGScop) sur le lien entre tiers-lieux et coopératives de travail autonome, j'ai réadapté la présentation pour des interventions au 11ème Lieu et Studios Singuliers à Paris et CASACO à Malakoff.
Présentation libre et ouverte pour les travailleurs autonomes et sociétés de personnes ;)
Enregistrement audio de l'intervention aux Studios Singuliers ici : https://soundcloud.com/studios-singuliers/mscooperative20190403?fbclid=IwAR14e8vQMh2-GHGfD7QHVpJpXGqvuuybGhjZlNpha1QJiRYCDDh1EGPaJnw
8. Une coopérative c’est quoi ?Quelle place pour les communs ?
Communaux :
Système de coopération entre
paysans, communauté
d’administration des biens et
droit d’usage.
//
Mouvement des enclosures -
fin XVIème siècle :
Des clôtures favorisant la
spéculation
9. Révolution française
De noblesse à aristocratie
Centralisme étatique
Avancée de la démocratie politique mais pas de la démocratie économique et sociale
Interdiction des regroupements professionnels (loi Le Chapelier)
Révolution française
10. Associations ouvrières clandestines
Ø Émergence du mouvement de la coopération de production
Ø 1ère banque coopérative
Tentative de reprise de pouvoir populaire
« Lier démocratie politique
et démocratie économique et sociale»
XIXème siècle :
Continuer le combat de l’égalité
11. Une coopérative c’est quoi ?Le coopérativisme
q Passer de sociétés de capitaux à sociétés de
personnes
UNE PERSONNE = UNE VOIX
q Penser un système de partage du pouvoir et de
la richesse, pour des structures plus
participatives, égalitaires ET territorialisées
q Mettre en œuvre le « travail librement associé »
« Le travail n’est pas une marchandise » (OIT 2002)
« Une coopérative est une association autonome
de personnes volontairement réunies pour
satisfaire leurs aspirations et besoins
économiques, sociaux et culturels communs au
moyen d’une entreprise dont la propriété est
collective et où le pouvoir est exercé
démocratiquement. »
Alliance Coopérative Internationale
12. XXème siècle
1947 : la loi Ramadier régit les formats coopératifs
Aujourd’hui :
ü 1/3 des français sont membres d’une
coopérative
ü 22 500 entreprises coopératives
ü 1,26 millions de salarié.e.s dans des coopératives
(5,5% du total)
ü 317 milliards € de CA annuel
ü 70% de l’activité de banque de détail
ü 40% agro-alimentaire
ü 30% du commerce
XXème siècle :
Développement et concentration
Mais…
q Un plus grand développement des coopératives
d’entreprises et de consommateurs que des coopératives
de travailleurs
q Une concentration des coopératives et mutuelles qui
s’éloignent des travailleurs et des territoires
q L’autonomie individuelle est peu pensée hors du cadre du
contrat de travail salarié, protecteur mais subordonné
q Le virage du numérique n’a pas été pris à temps par le
mouvement coopératif
Devenir le système de société(s) dominant n’a pas
(encore) fonctionné
13. Une coopérative c’est quoi ?La résurgence des communs
Elinor Ostrom
1ère femme « prix Nobel d’économie » 2009
Sur l’analyse de la gouvernance économique, et en particulier, des
biens communs
Etat qui impose le bien public Propriété individuelle
Les biens communs :
ressources partagées, gérées
et maintenues par une communauté
Une autorité centralisée et des silos Une ouverture et de multiples autorités non hiérarchisées
14. Une coopérative c’est quoi ?Une autre organisation humaine possible
Individu
Travailleur -
Acteur
Collectivités
ouvertes
Etat décentralisé
Communautés
de travail
coopérative
Individu
Salarié -
consommateur
Collectivités
fermées
Etat centralisé
Sociétés de
capitaux
15. Pourquoi la coopérative
peut redevenir tendance ?
ü La question de la participation dans les prises de décision au cœur de
l’actualité
ü L’autonomie individuelle, liée au collectif, est de plus en plus identifiée
comme facteur principal de la motivation au travail
ü Le développement personnel pousse à rechercher de nouvelles façons
de travailler, consommer, participer…
ü L’atomisation du travail, le travail à distance et de nouveaux espaces
de socialité poussent à une réorganisation collective
ü L’entrepreneuriat est « à la mode », il ne reste plus qu’à revaloriser les
vertus du collectif
ü La diminution des finances des collectivités pousse vers la co-
construction de solutions locales avec les citoyens-travailleurs-usagers
ü Une nouvelle génération d’entrepreneurs coopératifs motivés
16. Mais comment gagner le combat
culturel face à la
Start-up Nation ?
« Les gagnants prennent tout »
17. Une coopérative c’est quoi ?
Les tiers-lieux /
espaces coopératifs :
cheval de Troie culturel ?
18. « La vie sans communauté a produit, pour
beaucoup, un mode de vie consistant
principalement à faire la navette entre le
domicile et le lieu de travail. Or, le bien-être
social et la santé psychique des individus
dépendent de la vie en communauté »
Ray Oldenburg, sociologue, théoricien du
« tiers-lieu »
19. Une coopérative c’est quoi ?Tiers-lieu : ouvrir les clôtures
et augmenter le bien-être social par la communauté
1 463 tiers-lieux
en France,
plutôt
métropolitains *
Serait-ce le meilleur moyen de vivre
concrètement la coopération de proximité ?
* Source : Mission Coworking 2018 – Fondation Travailler Autrement / CGET
20. Une coopérative c’est quoi ?Quel est le bon niveau de mise en
commun pour un travailleur ?
Un collectivisme
poussé
OU
Des mutualisations
librement choisies au
cas par cas
21. Une coopérative c’est quoi ?Des mutualisations possibles
sur différents aspects
Espaces
Outils
Commercial
Administratif
Risques
Financement …
22. Une coopérative c’est quoi ?
Coopératives
de travailleurs
Espaces
coopératifs
Outils
numériques
libres et
partagés
Une proposition pour
le « travail librement associé » moderne
Pour travailler ensemble, se
rassembler, rencontrer
l’Autre, se former, mutualiser
des outils…
Pour mutualiser,
socialiser les risques,
avoir accès à des
fonctions supports…
Pour communiquer avec
d’autres travailleurs, gérer
des projets collectifs,
fabriquer plus facilement,
se former…
LIEU PHYSIQUE
ORGANISATION DU TRAVAIL
NUMERIQUE
24. Une coopérative c’est quoi ?
Les dimensions possibles
d’un espace coopératif
Communauté
Ecosystème
Animation
Convivialité
Services
Participation
Contribution
Ouvert
Informel
Evolutif
« Lieu infini »
Cherchant
l’autonomie
économique
Ancré sur le
territoire
25. Une coopérative c’est quoi ?
Répondre à de multiples besoins
pour rester ouvert et partagé
Fonctionnel
Politique
Emotionnel
SocialJe veux des
interactions humaines
Je veux co-construire un
commun
J’ai besoin d’un service
(espace, outils…)
Je veux vivre de bons
moments
26. Une structure pour gérer des communs
Société Coopérative
d’Intérêt Collectif (Scic)
Transcender les intérêts individuels par une
structure coopérative regroupant les parties
prenantes du projet, sans qu’aucune ne puisse être
en position dominante
Avantages :
- Structure d’intérêt collectif et d’utilité sociale
- Donner une large place aux membres de la
communauté, les usagers
- Associer les travailleurs aux décisions
- Donner la possibilité aux collectivités de rentrer
jusqu’à 50% du capital = changement de posture
de la puissance publique …
28. Densifier et ouvrir la gouvernance,
faciliter la participation et la contribution
Implication des membres par :
1) Le droit de faire en commun au
quotidien
2) La participation aux décisions
stratégiques au sein de la coopérative
d’intérêt collectif
3) La contribution dans les actes
opérationnels de la coopérative
9 facilitateurs-membres rémunérées en
argent et droit d’usage
29. Etapes Exemples
Manipulation Faire croire que l’espace permet l’émancipation des travailleurs alors qu’il ne s’agit
que de spéculation immobilière sous vernis d’innovation RH
Non participation
Thérapie Ne pas aborder les vraies problèmes des travailleurs (exemple : évoquer
l’aménagement de l’espace plutôt que les enjeux d’organisation du travail et
d’autonomie individuelle)
Information Envoi d’informations utiles sur les projets en cours mais impossibilité de donner son
avis
Coopération symboliqueConsultation Enquêtes et réunions pour recueillir l’avis des membres sur les changements prévus
par la direction
Conciliation Accueil de certains membres de la communauté dans des organes de contrôle ou de
mise en œuvre de projets
Partenariat Négociation récurrente entre des représentants des membres et la direction de
l’espace
Pouvoir effectif de la
communauté
Délégation de
pouvoir
Conseil(s) collectif(s) sur des sujets importants et délégation de budget (exemple sur
l’aménagement, l’animation,…)
Contrôle des
membres
Auto-gestion dans le cadre d’une Scic ou d’une association avec possibilité de
modifier l’orientation et le pilotage de l’organisation collective
Tableau se basant sur l’échelle d’Arnstein (1969) de la participation des citoyens
Comment monter dans l’échelle de la
participation pour un espace coopératif ?
30. Une coopérative c’est quoi ?
Pour une réelle autonomie
de l’individu,
lier espaces coopératifs et
entreprises partagées
32. Une coopérative c’est quoi ?
Comment concilier
autonomie de décision individuelle
et protection sociale/collective ?
Salarié :
Protectionsociale collective,salaire
minimum et lien de subordination
Indépendant :
Protectionindividualisée, rémunérationà
la tâche / au projet et autonomie de
décision
33. Socialiser les risquesLes coopératives de travailleurs
Coopératives d’indépendants
Coopérative de
travailleurs autonomes
Coopératives de salariés
34. Société Coopérative et Participative (SCOP)
Tout le pouvoir et la valeur ajoutée aux salariés associés
35. • Depuis 25 ans, l’expérience des Coopératives d’Activités et d’Emploi (CAE)
• Les CAE proposent des :
- Contrat d’appui au projet d’entreprise (CAPE) pour être accompagné au démarrage d’un
projet tout en conservant ses indemnités Pôle Emploi
- Contrat CDI d’Entrepreneur-Salarié-Associé (CESA) à la suite
• Les avantages :
- un accompagnement entrepreneurial, comptable, social
- des outils facilitant la facturation et la communication avec les autres travailleurs
- une protection sociale de salarié, des fiches de paie facilitant l’accès au financement bancaire
personnel…
- un accès au financement de la formation, un Comité d’Entreprise, des négociations
collectives…
- la crédibilité professionnelle d’une marque collective et accès à de multiples compétences
- des mutualisations d’outils et parfois d’espaces de travail
- la structure appartient aux travailleurs autonomes et aux fonctions supports
Les coopératives
de travailleurs autonomes
Des entrepreneurs-salariés-associés partageant une structure
+ de 10 000 bénéficiaires en France
125 CAE en activité
37. Une coopérative c’est quoi ?
Des expériences
intéressantes de liens entre
espaces coopératifs et
coopératives de travail
38. Tiers-lieu open-source
des transitions avec
hacklab, atelier,
coworking à
Villeurbane (69)
CAE de plus de 250
entrepreneurs
Une structure partagée
entre une communauté de tiers-lieu et d’une CAE
39. Un lieu partagé
et une coopérative d’activité sur site
Un tiers-lieu à LIGUGÉ (Poitou-Charentes) dans une ancienne usine Une Coopérative d’Activité et d’Emploi
dans l’espace
40. Descriptif de l’action :
Proposer, début 2019, aux
bénéficiaires des CAE des
jours d’usage gratuits des
tiers-lieux de Nouvelle-
Aquitaine contre des ateliers
professionnels réalisés par les
salariés de la CAE ou des
entrepreneurs-salariés.
Les enjeux :
1) Pour le travailleur autonome : faciliter un test
d’utilisation des tiers-Lieux
2) Pour les structures :
- CAE : sensibiliser, informer, recruter de futures
entrepreneurs et les accompagner
- Tiers-lieu : se faire connaître et élargir la
communauté
3) Territoire : avoir un maillage territorial équilibré
et durable, dans le respect des fondamentaux des
tiers-lieux néo-aquitains : flexibilité, accessibilité,
accueil humain, et ouverture à tous les publics.
Un collectif de tiers-lieux
qui facilite l’accès des tiers-lieux
aux travailleurs autonomes de Coopératives d’Activité
41. Les expériences progressives :
1. Hébergement du siège à LaGrappe (1 800m2)
à Lille, un tiers-lieu ouvert, vitrine de la
création d'activités économiques
responsables. Avec coworking, événements,
échanges…
2. Expérimentation de coworking gratuit pour les
membres à Paris aux Grands Voisins (400m2
pour 50 bénéficiaires)
3. Partenariat avec Plateau Urbain (Scic)
fournissant des espaces de travail temporaires
pour les membres
4. Soutien financier de la Halle Tropisme (4
000m2) à Montpellier avec Illusion & Macadam
ouvert fin 2018, pour offrir des espaces à ses
bénéficiaires et se lier à l’écosystème local
5. Portage (rénovation, développement et
gestion) du projet Saint-So Bazaar (4 500m2)
à Lille : espaces coworking, ateliers partagés,
salles de réunion, cantine, showroom…
Les leçons apprises :
- « Ces espaces permettent de
mélanger les profils
- Il existe une multiplicité d’usages
en fonction des métiers
- Un animateur est nécessaire mais
avec co-décision organisée des
occupants »
Par Sandrino GRACEFFA, directeur de
SMart
Source :
http://www.makery.info/2018/06/05/av
ec-smart-sandrino-graceffa-veut-
changer-le-travail-et-le-monde/
Smart propose des CDD
d’usages à ses bénéficiaires
Une coopérative d’accompagnement
qui s’est acculturéeprogressivement aux tiers-lieux
jusqu’à en porter elle-même
43. Le web ne faciliterait-il pas
l’autonomie au travail en
permettant une organisation plus
directe entre travailleurs ?
44. Comment se connecter entre travailleurs, par
l’intermédiaire des communautés, sans silos, sans
filtres, en possédant nos données et nos interfaces ?
La technologie Solid, nouveau standard du web, développée par Tim
Berners-Lee, co-fondateur du web, permet d’imaginer un lien direct
entre travailleurs avec :
• Web Distribué : une interface qui va chercher les données sur
plusieurs serveurs permettant décentralisation et interopérabilité
• Serveurs partagés : la propriété des données restant aux usagers
• Open-source : la libération et l’amélioration ouverte du code
Un web distribué
pour une connexion directe
entre les communautés de travail
45. La communauté HappyDev se base sur la technologie Solid pour
lancer prochainement StartinBlox, permettant des interfaces de
communautés de travail interconnectées entre elles.
Exemples d’usage :
- Communication par chaînes et en direct
- Annuaire des compétences et recommandations
- Offres de missions
- Evénements des communautés / espaces
- Gestion de projets collectifs
- Gestion de la facturation, de la contribution
- Wiki …
Une proposition concrète :
La Méta-communauté de travail
47. Notre époque ne serait-elle pas
celle de l’émergence de la
coopération de proximité pour
répondre aux énormes enjeux en
cours ?
N’y a t-il pas un contrat à passer
entre citoyens-travailleurs-usagers
et acteurs des territoires
pour contrer la puissance des
entreprises mondialisées et de
l’étatisme centralisateur ?
48. Des espaces coopératifs
pour des lieux ouverts
Des coopératives d’intérêt collectif
pour l’organisation collective
= le duo gagnant de la coopération ouverte de proximité
Faire ensemble
pour mieux vivre ensemble
+
50. Des villes et villages coopératifs
autour d’espaces coopératifs
Atelier de
pratiques
Espace de
travail /
réunion
Accès à des
formations /
accompagnement
de proximité
Espace de
convivialité /
échanges
Epicerie /
supermarché
Ressourcerie /
réemploi
APPRENTISSAGE CONSOMMATION ALIMENTAIRE …FABRICATION
Restaurant /
café
51. Socialiser les risquesFocus sur GRAP
Coopérative de la filière alimentaire bio
en Auvergne-Rhône-Alpes
Un format de « constellation » :
1) Accompagnement par le GRAP d’initiatives d’épicieries bio en contrat CAPE
2) Excubation de ces initiatives avec la création de nouvelles structures (asso, coop, sociétés…)
3) Portage par la coopérative régionale GRAP des initiateurs et travailleurs en entrepren eur-salarié-associé.
Intérêts : le partage des pratiques, l’amélioration des parcours professionnels grâce à une mutualisation
intelligente au sein de la filière, le partage par les travailleurs d’un commun …
4) Mutualisation pour les épiceries locales de la gestion administrative, des outils informatiques, veille,
plaidoyer…
Ce systèm e de « constellation » a été pensé par des entrepreneurs-salariés de la CAE Oxalys qui ont créé la
Scic-CAE GRAP. Il perm et d’obtenir un équilibre sain de gestion et de participation démocratique, à différent
échelon (local et régional), en préservant le travail « librement associé ».
52. Socialiser les risquesUn écosystème global pour une économie
citoyenne, ouverte et partagée
• Alimentaire
• Consommation
• Numérique
• Mobilité
• Santé
53. Socialiser les risquesUn système global d’une économie
locale, citoyenne et ouverte
• Banque
• Energie
• Sport
• Petite Enfance
• Education / formation
• Media …etc