Comment les réseaux sociaux transforment la relation maire-citoyen
Baromètre des municipales sur Twitter France Info Semiocast Obsweb
1. B@romètre France Info - Semiocast
des municipales sur les réseaux sociaux
avec l’Observatoire du webjournalisme
B@romètre 07, 6 mars 2014
À RETENIR
Durant la septième semaine du b@romètre France Info-Semiocast, le podium des plus
grandes villes reste inchangé, en suivant le célèbre axe : Paris (1er), Lyon (3è), Marseille (2è).
Bordeaux et Nantes ferment la marche. Paris reste en tête (78.000 tweets comme la semaine
passée), et Marseille reste à la seconde place (plus de 16.000 tweets), Lyon frôle les 10.000
tweets de campagne, puis Bordeaux est autour des 8400 tweets alors que Nantes tutoie les
6000.
Pour les villes de moins de 150.000 habitants, le palmarès est de nouveau différent. LevalloisPerret, retrouve la première place, car émergent de nouvelles polémiques concernant le train
de vie des époux Balkany et parce qu’une bataille de faux comptes Twitter a eu lieu pour faire
du bourrage de tweets dont nous donnons tous les détails plus loin. Boulogne-Billancourt
(plus de 8000 tweets) se hisse à la deuxième place, notamment grâce au meeting de soutien
d’Alain Juppé au candidat de droite dissident. Amiens conclue le podium, du fait notamment
de la polémique autour des prises de position de l’ancien maire battu en 2008, Gilles de
Robien, qui ne semble pas soutenir son camp. Angers et Corbeil-Essonnes ferment la marche
grâce à des polémiques politico-judiciaire, comme cela arrive souvent dans ce b@romètre.
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2. LES POINTS SAILLANTS
Dans la capitale la tweet-campagne est repartie à la hausse avec 78000 tweets. Anne Hidalgo
est au cœur d’une contestation du fait de la politique fiscale et de hausses possibles d’impôts
si elle est élue, pour financer son programme d’investissement. Ses adversaires nourrissent la
polémique autour du thème toujours porteur de l’excessive pression fiscale (7% de toute la
conversation de la tweet campagne à Paris). Le magazine Capital est en pointe sur ce sujet et
d’ailleurs le lien URL vers son enquête a été retweeté plus de 2500 fois ! NKM en profite
pour se valoriser en promettant la pause fiscale, ce qui lui permet de faire un peu oublier un
sujet embarrassant dont on parle aussi sur les réseaux : le limogeage de sa tête de liste dans le
2e arrondissement, avec tous les coups de gueule auxquels donne lieu ce genre d’incident
politique en pleine campagne électorale. C’est d’ailleurs une partie de ce qui fait le buzz aussi
à Marseille.
À Marseille, les dernières tractations pour composer les listes animent (fortement) le débat
local. P. Mennucci qui accueille des transfuges centristes, qui tentent de ratisser large, est en
proie du coup à beaucoup de commentaires de la part de ceux qui se sentent trahis car ils
perdent leurs places sur les listes, ou leur place éligible en tout cas. Parmi les liens les plus
partagés, on trouve à plusieurs reprises des articles faisant état de lettres ouvertes ou
d’interviews de colistiers ou ex-associés qui étalent leur amertume, que ce soit dans la presse
nationale (Le Point, le JDD) ou sur des blogs locaux (Marsactu ; lemeilleurdemarseille).
Dans ce contexte, pas toujours favorable au candidat socialiste on l’aura compris, P.
Mennucci (54% de la conversation sociale soit plus de 7600 tweets) devance le maire UMP
sortant Jean-Claude Gaudin (39% soit plus de 5400 tweets). Pape Diouf, bien que très
distancé, continue toutefois à entretenir un peu la tweet campagne avec 9% du trafic et plus de
1300 tweets. Il est vrai que la posture de ce candidat inattendu fait question. Autre thématique
qui fait débat si on ose dire, le fait que Jean-Claude Gaudin refuse de débattre avec son rival
socialiste.
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3. Globalement, la bataille sur Twitter est très active à Marseille, et les noms d’oiseaux volent,
les critiques acerbes sont légion. Tout le monde en prend pour son grade, en tous sens. Voici
un florilège de ce qu’on peut trouver sur les réseaux sociaux.
@Stephane_Ravier: Banal contrôle de police à la Cayolle, bilan: 10 policiers blessés. Mais
chut ! Ne le dites pas trop fort, ça pourrait réveiller Gaudin !
@Bassounov: Les candidatures des #momies #Bouteflika et #Gaudin montrent la persistance
de l'influence #égyptienne sur tout le bassin méditerranéen !
@UnHandicap: Madame Carlotti ne va pas à Sochi. Le contraire m'aurait étonné... Il fais plus
chaud á Marseille...
@jcgaudin: Patrick Mennucci ne peut pas s’empêcher d'avoir les caractéristiques du PS d'il y
a 50 ans : pressions, menaces ...
@Pikadilly13: @patrickmennucci est un menteur qui n'aime pas sa ville et se fout des
marseillais : pas de ça à Marseille ! Votons @jcgaudin
Le FN recrute des arnaqueurs au moins ils comprennent le programme en voici l'exemple
avec michel Cataneo... http://fb.me/1dO6XhYZ3
Dans la capitale des Gaules, Gérard Collomb (maire sortant socialiste) et Michel Havard
(UMP) sont au coude à coude cette semaine avec 36% et 32% de la conversation sur twitter.
L’un des sujets qui fait le buzz, avec 3% du trafic, concerne le revirement du maire sur la
procréation médicalement assistée pour les couples gays. Il a voté le mariage pour tous mais
avait dit non à la PMA, et voilà qu’interrogé par un collectif militant, il s’y déclare favorable.
Sinon, le candidat du FN émerge un peu plus dans notre b@romètre grâce à la venue de
Marine Le Pen lors d’un meeting commun.
ÀBordeaux, Alain Juppé domine, très largement son adversaire socialiste : 74% et 26%. Et
Alain Juppé apparait comme une « marque » porteuse, puisque son nom et ses visites (à Paris
ou à Boulogne) génère un important trafic de tous ceux qui s’en félicitent et se valorisent par
procuration.
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4. Dans sa ville, il est serein, puisque tous les sondages le donnent gagnant, voire dès le 1 er tour.
C’est au point que son rival socialiste, de la communauté d’agglomération a reconnu
publiquemetn que c’était cuit, qu’il ne pourrait pas gagner, aveu qui fait le buzz dans la ville,
avec de nombreux liens URL mis en circulation et 2% du trafic global.
Nantes enfin, a connu une activité certaine sur les réseaux sociaux, grâce à la valorisation des
réunions de quartier ou d’appartement, au plus proche des citoyens. À ce jeu la premièreadjointe socialiste s’n sort mieux que sa rivale UMP, avec 44% contre 31% du trafic sur les
noms des candidats.
Pour les villes de moins de 150000 habitants.
Notre B@romètre ne serait pas le même, sans Levallois-Perret, le maire et son épouse
(Patrick & Isabelle Balkany). La ville n’en finit plus de défrayer la chronique et se classe
première comme cela a pu déjà être le cas dans les semaines précédentes. C’est une énième
polémique qui vient alimenter le buzz dans la ville : le journal en ligne Mediapart révèle que
la somptueuse villa des époux Balkany au Maroc a coûté 2,75 millions d’euros et qu’elle
aurait été financée par des fonds cachés venus de paradis fiscaux, sans qu’ils ne soient
officiellement propriétaires. Le lien URL vers cet article initial a été partagé plus de 600 fois.
Plus que jamais, le maire sortant est donc l’objet de railleries et d’interpellations directes
d’internautes qui se montrent écœurés voire choqués.
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5. La sortie d’un livre d’enquête journalistique sur le système Balkany complète le tableau. Le
lien vers l’article de lancement a été bien partagé.
Le maire occupe donc plus de 70% de la conversation de tous les candidats locaux, mais son
challenger de droite, dissident,
Arnaud de Courson, n’est pas ridicule et monte
progressivement avec plus de 3000 tweets cette semaine (soit 26%). Mais une partie de ces
chiffres correspondent en fait à un « bourrage de tweets ». Utilisant l’application Tweetvote,
les deux adversaires de droite se sont livrés à une piteuse guerre des boutons… numérique.
Recourant à des subterfuges aussi grossiers que vains, ils ont créé des faux comptes twitter
qui ont visiblement été programmés pour retweeter automatiquement les messages reçus
comportant leur nom de candidat. Une part non négligeable de ces 12000 tweets tient donc de
la manipulation à la petite semaine. A quoi reconnaître cette petite tweet-manipulation ?
D’abord à l’émergence de comptes sans activité réelle, autre qu’un matraquage systématique,
et ici, sur une seule journée ! Ces comptes n’ont pas de profils, pas de photos, suivent peu de
gens et sont peu ou pas du tout suivis. On les appelle des « œufs », à cause de l’image neutre
qui s’affiche en forme d’œuf sur le profil sur fond noir :
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6. a été un de ces faux comptes. Le 27 février il a posté 123
tweets avec le nom de Patrick Balkany, dans des messages plus ou moins similaires.
Messages ensuite 88 fois retweetés par un compte tout aussi faux :
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7. Tout ceci étant aussi retweeté par Isabelle Balkany, ce qu’elle finit par admettre, en prétextant
que comme les autres l’ont fait, eux aussi ! Et dénonçant donc la supercherie du côté de
l’équipe Courson. Manipulation tout aussi avérée d’ailleurs et dont on fait grâce ici de la
démonstration, puisque les mécanismes sont les mêmes.
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8. Et Isabelle Balkany de conclure par ce tweet définitif :
À Boulogne Billancourt, la campagne s’échauffe et la ville réapparaît dans le top 5, comme
ce fut le cas lors des semaines 2 & 3 de notre B@romètre. Le sujet qui justifie cela est d’abord
la venue d’Alain Juppé pour soutenir le candidat dissident de droite Pierre-Mathieu Duhamel,
contre le maire sortant qui a pourtant reçu l’investiture de l’UMP (et de l’UDI et du Modem).
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9. Mais Pierre-Christophe Baguet s’est lui aussi employé à faire des annonces sur les réseaux
socionumériques, générant du trafic, en dévoilant son programme sur un blog dédié.
Le combat fratricide est très serré sur Twitter : 39% du trafic pour le « franc-tireur » contre
32% pour la maire sortant investi officiellement. Le candidat socialiste arrive à faire un peu
mieux que de la figuration, en réunissant 14% du trafic de la tweet campagne dans la ville,
grâce à un lien qui a un peu circulé, vers la présentation en images de toute la liste et de
chaque colistier en particulier.
À Amiens, les équipes de campagne savent activer les réseaux sociaux, car la ville reste
encore dans le top 5. Deux événements ont notamment porté la conversation : le non soutien
de l’ancien maire de droite, Gilles de Robien, qui le dit explicitement sur le plateau de
France3 Picardie. Il considère comme néfaste aux intérêts de la ville, la répartition des rôles
prévue dans le deal entre la tête de liste Brigitte Fouré et le numéro deux : Alain Gest, pour
occuper l’une la mairie, l’autre la présidence de la communauté de communes. Notons qu’il
évoque lors de l’émission un tweet d’un des conseillers de la candidate : « Je n’ai pas à
apporter mon soutien à la liste de Brigitte Fouré puisque ce soutien ne m’a pas été demandé.
Si je devais apporter mon soutien à une liste, ce serait plutôt après le premier tour mais je
viens de découvrir aujourd’hui dans un tweet, que ce soutien n’est pas souhaité. J’en prends
acte. »
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10. L’autre sujet qui alimente les débats tient à la publication dans Le Parisien du 5 mars, d’un
sondage qui donne la ville basculant à droite, y compris en cas de triangulaire avec le FN.
Angers est secouée par un mini-scandale. Un anonyme a annoncé sur Twitter l’existence d’un
blog (municipales-angers) où il a déposé un article avec des dizaines de photos de factures,
prouvant que le candidat de l’UMP Christophe Béchu a fait régulièrement appel à la société
dont sa femme est gérante, pour ses campagnes de communication électorales. Ce qui n’est
pas illégale mais est posée comme un problème éthique. Ce dernier se défend, dénonce des
amalgames et annonce à Ouest France qu’il va porter plainte pour diffamation. Ce sont les
deux liens URL les plus partagés.
Mais l’adversaire socialiste a aussi beaucoup contribué à la conversation sur Twitter, en
inaugurant son QG de campagne, ou en organisant une démonstration à vélo pour parler de
son projet de tramway.
La proposition de Frédéric Béatse d’aménagement du quartier des Hauts-de-St-Aubin génère
aussi 4% du trafic. Et du coup, il arrive à avoir 40% du trafic lié aux candidats contre 32% à
son principal adversaire.
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11. Corbeil-Essonnes ferme la marche de notre top 5, avec encore et toujours l’affaire Dassault
et ses retombées, notamment le fait que le journal Libération qui a publié des listings
confidentiels prouvant des transferts d’argent, a été massivement acheté au petit matin sur
Corbeil afin que personne ne puisse le lire. Ce qui a l’ère d’internet est plus que pathétique et
bien des internautes savent d’ailleurs s’en amuser.
Arnaud Mercier
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