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Voici tout d’abord le résumé/plan de la conférence sur L'A.L.S faite à l'Hôpital de
Valvert à Marseille le 9/03/2010. Il avait été distribué sous cette forme aux participants.
Le texte intégral de la conférence sera publié par étapes, la 1 ère partie suit d’ores et déjà
ce résumé.



    Des Quatre Discours de Lacan à l'Analyse des Logiques
        Subjectives (A.L.S.) : principes et applications
                                       Conférence du Dr Jean-Jacques PINTO



Argument : Après avoir donné une description rapide et critique des Quatre Discours de Lacan, nous montrerons l'intérêt
d'instaurer, pour leur trouver un substitut, un dialogue entre science et psychanalyse par le biais des « analysciences »,
dont fait partie l'A.L.S. À une formalisation prématurée des dialectes du discours courant, nous préférerons la découverte
par induction de ses « règles de grammaire » à partir d'exemples concrets. Ensuite seulement viendra une présentation
logicisée et déductive des trouvailles de l'A.L.S. puis la mise en relation des « parlers » (substitut des « discours ») avec la
genèse des identifications dont le moteur est le discours parental. Enfin nous parcourrons l'éventail des applications
nombreuses et fécondes de l'A.L.S., depuis son retour critique sur le discours analytique jusqu'aux analyses de textes
quotidiens, politiques, publicitaires, poétiques, voire tirés de réunions de travail. Des tableaux, échantillons de textes et
une bibliographie compléteront l'exposé.




   1) Lacan a cherché à formaliser le fonctionnement du discours courant par la théorie des
Quatre Discour

  Ses « mathèmes » (lettres et symboles formalisant l’expérience clinique) décrivent les discours du
       Maître, de l’Université, de l’Hystérique et de l’Analyste. Mais cette tentative passionnante
       soulève certaines critiques :

          Le but initial était une transmissibilité « intégrale » de fragments du discours analytique. Or
              les mathèmes n’empêchent pas les interprétations fantaisistes des disciples.

          Les corrélations de ces formules avec l'observation clinique sont parfois douteuses, même
              chez Lacan.

  Contrairement aux formules logico-mathématiques de la science, ils ne peuvent fonctionner sans
      qu'on doive remonter à la parole de leur découvreur, comparable à un maître de sagesse
      antique. Il manque à cette théorie un corpus consultable par tous, des commentaires précis et
      exhaustifs, validables ou réfutables, des procédures de diagnostic reproductibles, et la
      fabrication à la main ou par programmes de simulacres permettant des montages
      expérimentaux.

    2) Pour trouver un substitut aux Quatre Discours, considérons la possibilité d'un dialogue entre
science et psychanalyse
La psychanalyse moderne, avec Lacan pour chef de file, dit que la science a jusqu'à présent eu besoin
pour fonctionner de mettre entre parenthèses la subjectivité inconsciente, donc par construction
même de s'interdire de la prendre pour objet d'étude. Disons que la science est ici "l'aveugle". La
psychanalyse, elle, examine la subjectivité mais manque de jambes pour avancer, elle rumine la
doctrine des maîtres et se repose sur ses lauriers. Elle est ici "le paralytique".

Nous plaidons pour une coopération permettant de percher le paralytique sur les épaules de
l'aveugle. Car science et psychanalyse, qui défont les représentations imaginaires, ont en commun le
non-tout, le non-sens, l'épluchage de l'être (physique ou psychique). Freud les associait, mais l'aînée
(la science) et la cadette (la psychanalyse) sont devenues sœurs ennemies. Pour passer d'une
opposition stérile à une intercritique constructive, la négociation peut recourir aux analysciences.

Le terme analyscience, proposé en 2008 par J.-J. Pinto, désigne toute discipline hybride entre
psychanalyse et science : travail sur la subjectivité des savants, recherches expérimentales sur
l'inconscient cognitif, sous-ensemble de la description psychanalytique traitant du fantasme avec des
méthodes scientifiques, modélisation de fragments de la subjectivité humaine ...

L'A.L.S. est une analyscience. Si on la définit schématiquement comme une "micro-sémantique du
fantasme", ce dernier est un concept qui résulte d'une expérience en amont, sur un corpus hélas non
consultable par tous (séances d'analyse) ; il a une ébauche de formalisation : $ ◊ a ; il peut recevoir
une définition linguistique ; ses réalisations sous forme d'occurrences verbales et sa genèse sont
corroborables en aval par l'A.L.S. dont le corpus est consultable par tous, donc testable, et dont les
procédures d'analyse sont testables, reproductibles et simulables par des moyens informatiques.

   3) À la formalisation lacanienne prématurée des dialectes du discours courant, nous
préférerons la découverte par induction de leurs « règles de grammaire » à partir d'exemples
concrets.

  Bien des analystes négligent la possibilité d'analyser les fantasmes hors séance. Or la thèse de
      l'inconscient-langage autorise à explorer ceux-ci dans le discours courant, d'où de nombreuses
      applications, "thérapeutiques" ou non.

  Découverte de règles à partir d'exemples concrets : « Le système et les personnes, Essai d'analyse
      d'un malentendu »

  Les traits sémantiques minimaux (« atomes » de sens) extraits de ces exemples vont constituer deux
       séries :

  La série « A » (série destruction-disparition-éloignement-changement) concerne l’extérieur, le
      changement, le désordre, la destruction de l’ancien. Elle se compose d’adjectifs simples
      comme : ouvert, souple, varié, changeant, nouveau, libre …

  La série « B » (conservation-intégrité-stabilité) concerne au contraire l’intérieur, le non-
      changement, l’ordre, la conservation. Elle se compose d’adjectifs simples comme : sérieux,
      ferme, stable, ancien, solide, durable …

Les mots complexes, adjectifs complexes, noms, verbes et adverbes seront traités comme des «
molécules » dont le sens peut se décomposer en atomes A ou B, et pourront ainsi être rattachés, sauf
exception, aux séries de même nom.
La valeur associée à chaque mot est la résonance favorable ou défavorable qu’a ce mot pour celui qui
le dit. Elle peut être positive, négative, neutre ou indécidable. En combinant pour chaque mot
pertinent d’un texte sa série et sa valeur, on obtient des points de vue, qui peuvent, comme la
valeur, changer selon les instants ou selon les âges de la vie.

— Le point de vue « extraverti » (désigné par E) valorise la série A et dévalorise la série B, ce qui
peut se noter : A + = B — = E.

— Le point de vue « introverti » (désigné par I) valorise la série B et dévalorise la série A, ce qui peut
se noter : B + = A — = I.

Cette notion de point de vue « instantané » (valable pour le seul mot qu'on analyse) peut être
étendue à l’échelle d’un texte entier, qui présente en général une dominante « I » ou « E », sauf dans
le cas du parler « hésitant » décrit plus bas.

Les parlers, « héritiers critiques » des Discours de Lacan, sont l'extension à l'échelle d'une vie entière
de la notion de point de vue, recoupant la notion empirique de personnalité et la notion
psychanalytique d'identification. Ces dialectes subjectifs (« subjilectes ») combinent de
l’adolescence à la fin de la vie les deux points de vue « I » et « E », ce qui aboutit à :

1. Un parler « conservateur » (I → I), en gros la personnalité obsessionnelle (Alceste) : « introverti
incorruptible ».

2. Un parler « changement/destruction » (E → E), correspondant grosso modo à la personnalité
hystérique (Célimène ... ou Mesrine) : « extraverti incorrigible ». Il en existe une version « bénigne »
(changement) socialement encouragée pour sa créativité, et une version « maligne » (destruction),
antisociale, chez des sujets portés à l'extrême violence.

3. Un parler « hésitant » (I ou E, abréviation de l'alternance I → E → I → E etc.), en gros la
personnalité phobique (Philinte) : « éternel indécis », oscillant toute sa vie entre « I » et « E ». Ce
parler résulterait de l'ambivalence parentale.

4. Un parler « du progrès » ou « constructeur » (E → I), sans équivalent séméiologique (Marie-
Madeleine ... ou Henry Ford) : « extraverti repenti ». Dans ce parler de la rédemption, de la
réparation, mais aussi de l'ambition, de l'arrivisme, la biographie en deux étapes résulterait d'un
jugement en deux temps : le parent rejette au début un enfant jugé non conforme à ses vœux, puis «
se fait une raison » et remédie au « défaut » naturel par l'éducation, la « construction de la
personnalité de l'enfant ».

  Exemples des quatre principaux parlers : voir documents joints

     4) Quelques résultats obtenus en deux décennies d'étude de corpus divers et
variés

L'A.L.S. est ainsi une méthode d’analyse des mots d’un texte parlé ou écrit qui permet, sans recourir
au non-verbal, d’avoir une idée de la personnalité de l’auteur. Elle travaille sur la sémantique des
métaphores pour en déduire la structure identificatoire du locuteur et les réseaux de sympathie ou
d'antipathie qu'il génère. En décomposant le sens des mots en atomes le plus fins possible
(microsémantique), elle révèle des invariants subjectifs indépendants du sujet abordé dans le texte
considéré.

  Les dix parlers. Outre les quatre principaux parlers :

. Il existe un parler « E → I raté »: le locuteur échoue au moment d'achever le chef-d’œuvre qui
rachète son errance antérieure.

. Les représentants du parler « hésitant » peuvent « pencher » du côté du parler I → I ou du parler E
→ E : face à une situation angoissante, les premiers (« attentistes ») se tiendront sur leurs gardes, les
seconds (« entreprenants ») fonceront quand même.

. Le parler « Montaigne » ([I ou E] → I) a son point de départ dans le parler hésitant, qui évolue
ensuite vers le point de vue I.

. Le parler « Alcibiade » correspond en gros au Discours du Maître de Lacan, qui présente Alcibiade
comme le sujet non-névrosé.

. Enfin, le parler analytique répond au Discours de l'Analyste chez Lacan, tout en étant traité dans
une optique différente.

  Genèse des séries et parlers :

L'A.L.S. reprend les thèses connues : « l'inconscient c'est le discours de l'Autre » et : « le désir de
l'homme c'est le désir de l'Autre, car c'est en tant qu'Autre qu'il désire ». C'est le discours parental qui
détermine, avec des transformations elles-mêmes « programmées », le discours fantasmatique de
l'enfant, différemment selon qu'il est idéalisé ou rejeté (cas extrêmes). L'enfant, une fois identifié au
texte du désir parental, qualifiera et traitera désormais tout objet (y compris lui-même et son
parent) comme le parent l'a qualifié et a souhaité le traiter. C'est la satisfaction du parent, et non la
sienne, qu'il exprime et recherche sans le savoir. Les adjectifs extraits des appréciations du parent sur
lui, et les verbes décrivant le sort qu’il lui souhaite, fourniront les atomes valorisés dans les énoncés
fantasmatiques, et constitutifs des séries.

Ces adjectifs décrivent l'objet tel qu'il est jugé par le parent, et tel qu'il devrait être pour rendre
possible l'action que le parent veut exercer sur lui ou le comportement qu'il en attend.

Quant aux verbes, ils décrivent l'attitude du parent devant l'enfant idéalisé : aimer, adorer, prendre
au sérieux, respecter, regarder, voir, contempler, posséder, maîtriser, garder, protéger, enfermer,
retenir, contenir, isoler, incorporer, nourrir, remplir, etc., ou devant l'enfant non désiré : verbes
exprimant la déception, la surprise, l'étonnement, la peur, l'horreur, haïr, détester, maudire, ne pas
prendre au sérieux, tourner en dérision, ainsi que les moyens de se débarrasser d'un tel enfant, de le
faire changer, ou de l’ignorer : détruire (ouvrir, casser, démolir, brûler, éclater, déchirer, percer,
etc.), changer, modifier, altérer, déformer, tordre, déplacer, remuer, secouer, éloigner, écarter,
chasser, (faire) sortir, abandonner, laisser tomber, lâcher, jeter, perdre, égarer, donner, vendre,
échanger, méconnaître, ignorer, oublier, etc., tous ces mots étant valorisés secondairement chez
l'adulte que cet enfant deviendra.

Les verbes exprimant le souhait du parent pourront se retrouver dans le discours de l'enfant à la voix
active, passive, ou pronominale. Exemples : Marie Cardinal et sa mère, et le poème Bénédiction de
Baudelaire.
Ce que J.-C. Milner dit des Quatre Discours vaut pour les parlers : il ne peut y avoir de synonymies
qu'à l'intérieur d'un même discours et entre discours différents les seules ressemblances possibles
relèvent de l'homonymie.

  Règles et remarques

● Le parler I → I, valorise l'individu isolé : « il vaut mieux être seul que mal accompagné », dans le
parler E → E c'est le groupe nombreux, la foule (« plus on est de fous, plus on rit »), dans le parler I
ou E c'est le petit groupe d'amis (Brassens : « au-delà de quatre, on est une bande de c… s »). Quant
au parler E → I dans sa variété arriviste, le groupe est utilisé comme tremplin pour l'ambition
personnelle, puis abandonné ou dominé lorsqu'on est au sommet ( « tous pour un » sans la
réciproque).

● Chaque parler prétend à l'universel dans sa vision du monde : l'homme est "fondamentalement bon"
(parler I → I), "fondamentalement mauvais" (parler E → E), "toujours perfectible" (parler E → I), ou
"mi-ange mi-bête" (parler I ou E).

● Une juxtaposition de points de vue peut être utilisée « sciemment » dans le parler E → I des
arrivistes, pour rallier tous les suffrages, les locuteurs « I » et les locuteurs « E »: le changement (A +)
dans la continuité (B +), la force (A +) tranquille (B +).

● Toute perception, tout événement, tout contenu peut être commenté au moins de deux manières,
dans deux formes différentes, puisqu'il existe deux points de vue, plus leurs combinaisons. Exemples «
VIE », « MORT », « FOLIE ». On peut constituer une liste de termes parallèles, amorce d'un «
dictionnaire bilingue » pour la traduction d'un point de vue dans l'autre.

   5) Applications de l'A.L.S.

Clinique verbale fine des névroses : descriptions logicisées, précises et transmissibles, diagnostic
différentiel affiné. Exemples :

● La notion de parler « I ou E » aide à mieux comprendre pourquoi les phobiques typiques sont à la
fois agoraphobes (point de vue I) et claustrophobes (point de vue E) ; « entreprenants » et «
attentistes » décrivent les hystéro— et « obsesso »—phobiques.

● La confusion de Lacan entre discours obsessionnel et discours de l'Université est surmontée grâce à
notre terminologie : le parler « conservateur » (I → I) homologue du discours obsessionnel, et le
parler « constructeur » (E → I) homologue du discours universitaire, ont des logiques différentes. Le
premier suppose une perfection initiale, une « science infuse », incompatible avec l’acquisition de
connaissances nouvelles ; le second suppose une perfectibilité secondaire qui permet de se « remplir
de savoir » pour racheter une jeunesse « folle » et peu studieuse. Leur mode d'accumulation mérite
un diagnostic différentiel.

● Hystérie masculine et inversion partielle des points de vue . Dans la distribution
traditionnelle des rôles masculin et féminin intervient partiellement une répartition :
- introverti pour l'homme (solide, fiable, constant, sérieux, logique, objectif etc.) ;
- extraverti pour la femme ( fragile, faible, peu fiable, inconstante, frivole, lunatique etc.). La
"parade virile" propre à certaines formes d'hystérie masculine prend donc le masque du point de
vue introverti « psychorigide », qui, joint à une exaltation théâtrale, peut passer pour paranoïa,
diagnostic démenti par l'A.L.S. et la non-permanence de la posture verbale.

Analyse inédite des malentendus : aide à la résolution de conflits dans les équipes de travail, conduite de réunions,
etc.

Approche critique du discours des analystes : la littérature analytique fourmille de conceptualisations suspectes.
L'A.L.S. permet, dans cette jungle de productions « analytiques », de faire un premier tri entre les fausses pistes
(banalement fantasmatiques) et les hypothèses potentiellement intéressantes (au sens opératoire de Gardin), qui
restent alors à démontrer.



    6) Conclusion : retour éclairé sur la trajectoire de Lacan et perspectives d'avenir pour l'A.L.S.

Le parler « E → I raté » permet de rendre compte de l'échec de Lacan dans sa phase « déconstruction
» (Milner), et de la non-opérativité des Quatre Discours. L'A.L.S. permet de reprendre le flambeau de
l'analyse du discours courant avec ses multiples applications, et rouvre le dialogue science-
psychanalyse en montrant que la structure verbale de la subjectivité est en partie simulable.




  Voici à présent le début du texte intégral de la conférence sur L'A.L.S faite à l'Hôpital
Valvert (Marseille) le 9/03/2010. Ce texte étant mis en ligne en plusieurs temps, il est
conseilé de revenir sur cette page dans les semaines qui viennent pour savoir quand il
sera complet.



      Des Quatre Discours de Lacan à l'Analyse des Logiques
          Subjectives (A.L.S.) : principes et applications
                   Conférence du Dr Jean-Jacques PINTO le mardi 9 mars 2010




1) La tentative passionnante de Lacan de formaliser le discours courant par la théorie des
Quatre Discours se heurte à certaines critiques qui incitent à lui chercher un substitut
  Ses « mathèmes » (lettres et symboles formalisant l’expérience clinique) décrivent les
      discours du Maître, de l’Université, de l’Hystérique et de l’Analyste, que nous
      présentons ici sommairement.
1) Le discours du Maître, régi par S1, le signifiant-maître : discours du sujet non névrosé,
"imbécile heureux" accédant à une "jouissance idiote" (au double sens d'appropriée et de
stupide). Il s'imagine être maître de son désir. Il n'a aucun des problèmes qui se posent aux
névrotiques, mais n'a aucune chance de savoir qu'il a un inconscient, et donc de l'explorer.
Lacan cite Alcibiade dans Le banquet de Platon : « Mais Alcibiade n'est nullement un névrosé.
C'est même parce qu'il est le désirant par excellence, et l'homme qui va aussi loin qu'il se peut
dans la jouissance, qu'il peut ainsi (...) produire au regard de tous l'articulation centrale du
transfert, mise en présence de l'objet paré de ses reflets ».
2) Le discours de l’Université, régi par S2, le savoir : confondu par Lacan avec le discours
obsessionnel. Il pourrait par l'analyse accéder à ce qui détermine son désir ;
3) Le discours de l’Hystérique, régi par $, le sujet de l'inconscient. Il pourrait également, par l'analyse,
accéder à ce qui détermine son désir ;
4) Le discours de l’Analyste, régi par a, l'objet du désir, rebaptisé plus-de-jouir par allusion à la plus-value
de Marx.
  Mais cette tentative hardie soulève certaines critiques :
- Le but initial était une transmissibilité « intégrale » de fragments de discours analytique. Or
les mathèmes n’empêchent pas les interprétations fantaisistes des disciples (par exemple
celle de Clavreul quand au sens de "maître" dans l'Ordre médical, ou sur le Web les formules
reproduites sans les flèches).
- D'autre part les corrélations avec l'observation clinique sont parfois douteuses, même chez
Lacan (notamment l'assimilation du discours de l'Université au discours obsessionnel).
En fait, contrairement aux formules logico-mathématiques de la science moderne, ils ne
peuvent, après une première caractérisation, fonctionner par eux-mêmes pour engendrer des
prolongements. Il faut toujours remonter à la parole de leur découvreur, qui fonctionne dès
lors comme un maître de sagesse antique (cf le commentaire sybillin des Discours dans
Radiophonie). Ces formules ressemblent alors non plus à des mathèmes, maisà ce que disait
Lacan dix ans plus tôt de la formule du fantasme : « [...] le sigle (S ◊ a) que nous avons
introduit au titre d'algorithme [...] est fait pour permettre vingt et cent lectures
différentes, multiplicité admissible aussi loin que le parlé en reste pris à son algèbre ». Pas
étonnant qu'ils conduisent au même résultat que celui que Milner prévoit pour la lecture par
les "habiles" de Lacan à travers Wittgenstein : « quelques ailes nouvelles seront ainsi ajoutées
au Château des brouillards » !!!
Ce qui manque à la théorie des Quatre Discours :
  un corpus communicable à tous, ainsi que les règles de sélection présidant au choix des
       textes
  des noms de discours repris toujours avec le même sens
  des commentaires exhaustifs, validables ou réfutables
  des procédures de diagnostic d'un texte explicites, validables ou réfutables
  une notation par des littéraux qui soient repris toujours avec le même sens
  un calcul à la main ou par automate de l'appartenance ou du rattachement des énoncés à
       ces discours,
  la fabrication à la main ou par programmes de simulacres permettant des montages
       expérimentaux.
2) Pour lui trouver un substitut, il semble pertinent de se pencher sur la possibilité d'un
dialogue entre science et psychanalyse par le biais des « analysciences », dont fait partie
l'A.L.S. :
La psychanalyse moderne avec son chef de file Lacan n'a aucune critique pertinente à adresser
à la science. Au contraire elle a le plus grand respect pour la science et ses applications. Lire
à ce sujet La science et la vérité dans les Ecrits.
Elle dit seulement que la science a jusqu'à présent eu besoin pour fonctionner de mettre entre
parenthèses la subjectivité inconsciente, et même de lui tourner le dos (et c'est tant mieux
dans un premier temps), donc par construction même de s'interdire de la prendre pour objet
d'étude. Disons que la science est ici "l'aveugle", terme qui peut n'avoir aucune connotation
péjorative, comme dans le passage ci-dessous :
« Par mathématisation, nous entendons ceci : il ne s'agit pas de la quantification (mesure), mais de ce
qu'on pourrait appeler le caractère littéral de la mathématique : que l'on use de symboles qu'on peut
et doit prendre à la lettre, sans avoir égard à ce qu'éventuellement ils désignent ; que l'on use de ces
symboles uniquement en vertu de leurs règles propres : on parle volontiers alors de fonctionnement
aveugle. Par ce caractère aveugle, et par lui seul, est assurée la transmisibilité intégrale, laquelle
repose sur le fait que tout un chacun, informé des règles du maniement des lettres, les maniera de la
même manière : c'est ce qu'on peut appeler la reproductibilité des démonstrations. »« Nous nous
séparons donc d'un point de vue largement répandu, selon lequel il n'y a de science que du
quantifiable. Nous dirons plutôt : il n'y a de science que du mathématisable et il y a mathématisation
dès qu'il y a littéralisation et fonctionnement aveugle. » (Milner, J.-C. (1989), Introduction à une
science du langage. Seuil, Paris,

Ainsi la science s'aveugle pour avancer. Le "sens" du réel et la subjectivité du savant sont mis
au vestiaire.
La psychanalyse, quant à elle, examine la subjectivité mais manque de jambes pour avancer.
Elle rumine la doctrine des maîtres et se repose sur ses lauriers, se nourrir de paroles de
"sagesse" non propices à la transmissibilité (voir la différence que fait Milner entre
protreptique et logia). Freud et Lacan peuvent s'intéresser à la science, les disciples ne
s'intéressent qu'aux maîtres. Souvent ils donnent l'impression de manier la langue de bois.
La psychanalyse est donc ici "le paralytique".
Nous plaidons ici modestement pour une coopération entre l'aveugle et le paralytique. Une
analyscience, si l'A.L.S. peut prétendre à ce statut hybride, pourrait alors contribuer à
percher le paralytique sur les épaules de l'aveugle.
Or science et psychanalyse ont en commun le non-tout, le non-sens, l'épluchage de l'être.
Elles vont toutesdeux contre l'Imaginaire, comme le souligne Milner :
Le Moi et l'imaginaire, par leur loi propre, privilégient toute bonne forme.
'le Moi a horreur de la science'
'le Moi a horreur de la lettre comme telle'
'le Moi et l'imaginaire sont gestaltistes' ;
'la science et la lettre sont indifférentes aux bonnes formes'
'l'imaginaire comme tel est radicalement étranger à la science moderne' ;
''la science moderne, en tant que littérale, dissout l'imaginaire'.
Freud associait science et psychanalyse. Mais l'aînée (la science) et la cadette (la
psychanalyse) se comportent à présent en sœurs ennemies. Pour passer d'une opposition
stérile à une intercritique constructive, la négociation peut recourir aux analysciences.


(suite du texte intégral mise en ligne par étapes. Vous êtes invités à revenir sur cette page
de temps à autre …)

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Résumé et texte intégral de la conférence de Valvert

  • 1. Voici tout d’abord le résumé/plan de la conférence sur L'A.L.S faite à l'Hôpital de Valvert à Marseille le 9/03/2010. Il avait été distribué sous cette forme aux participants. Le texte intégral de la conférence sera publié par étapes, la 1 ère partie suit d’ores et déjà ce résumé. Des Quatre Discours de Lacan à l'Analyse des Logiques Subjectives (A.L.S.) : principes et applications Conférence du Dr Jean-Jacques PINTO Argument : Après avoir donné une description rapide et critique des Quatre Discours de Lacan, nous montrerons l'intérêt d'instaurer, pour leur trouver un substitut, un dialogue entre science et psychanalyse par le biais des « analysciences », dont fait partie l'A.L.S. À une formalisation prématurée des dialectes du discours courant, nous préférerons la découverte par induction de ses « règles de grammaire » à partir d'exemples concrets. Ensuite seulement viendra une présentation logicisée et déductive des trouvailles de l'A.L.S. puis la mise en relation des « parlers » (substitut des « discours ») avec la genèse des identifications dont le moteur est le discours parental. Enfin nous parcourrons l'éventail des applications nombreuses et fécondes de l'A.L.S., depuis son retour critique sur le discours analytique jusqu'aux analyses de textes quotidiens, politiques, publicitaires, poétiques, voire tirés de réunions de travail. Des tableaux, échantillons de textes et une bibliographie compléteront l'exposé. 1) Lacan a cherché à formaliser le fonctionnement du discours courant par la théorie des Quatre Discour Ses « mathèmes » (lettres et symboles formalisant l’expérience clinique) décrivent les discours du Maître, de l’Université, de l’Hystérique et de l’Analyste. Mais cette tentative passionnante soulève certaines critiques : Le but initial était une transmissibilité « intégrale » de fragments du discours analytique. Or les mathèmes n’empêchent pas les interprétations fantaisistes des disciples. Les corrélations de ces formules avec l'observation clinique sont parfois douteuses, même chez Lacan. Contrairement aux formules logico-mathématiques de la science, ils ne peuvent fonctionner sans qu'on doive remonter à la parole de leur découvreur, comparable à un maître de sagesse antique. Il manque à cette théorie un corpus consultable par tous, des commentaires précis et exhaustifs, validables ou réfutables, des procédures de diagnostic reproductibles, et la fabrication à la main ou par programmes de simulacres permettant des montages expérimentaux. 2) Pour trouver un substitut aux Quatre Discours, considérons la possibilité d'un dialogue entre science et psychanalyse
  • 2. La psychanalyse moderne, avec Lacan pour chef de file, dit que la science a jusqu'à présent eu besoin pour fonctionner de mettre entre parenthèses la subjectivité inconsciente, donc par construction même de s'interdire de la prendre pour objet d'étude. Disons que la science est ici "l'aveugle". La psychanalyse, elle, examine la subjectivité mais manque de jambes pour avancer, elle rumine la doctrine des maîtres et se repose sur ses lauriers. Elle est ici "le paralytique". Nous plaidons pour une coopération permettant de percher le paralytique sur les épaules de l'aveugle. Car science et psychanalyse, qui défont les représentations imaginaires, ont en commun le non-tout, le non-sens, l'épluchage de l'être (physique ou psychique). Freud les associait, mais l'aînée (la science) et la cadette (la psychanalyse) sont devenues sœurs ennemies. Pour passer d'une opposition stérile à une intercritique constructive, la négociation peut recourir aux analysciences. Le terme analyscience, proposé en 2008 par J.-J. Pinto, désigne toute discipline hybride entre psychanalyse et science : travail sur la subjectivité des savants, recherches expérimentales sur l'inconscient cognitif, sous-ensemble de la description psychanalytique traitant du fantasme avec des méthodes scientifiques, modélisation de fragments de la subjectivité humaine ... L'A.L.S. est une analyscience. Si on la définit schématiquement comme une "micro-sémantique du fantasme", ce dernier est un concept qui résulte d'une expérience en amont, sur un corpus hélas non consultable par tous (séances d'analyse) ; il a une ébauche de formalisation : $ ◊ a ; il peut recevoir une définition linguistique ; ses réalisations sous forme d'occurrences verbales et sa genèse sont corroborables en aval par l'A.L.S. dont le corpus est consultable par tous, donc testable, et dont les procédures d'analyse sont testables, reproductibles et simulables par des moyens informatiques. 3) À la formalisation lacanienne prématurée des dialectes du discours courant, nous préférerons la découverte par induction de leurs « règles de grammaire » à partir d'exemples concrets. Bien des analystes négligent la possibilité d'analyser les fantasmes hors séance. Or la thèse de l'inconscient-langage autorise à explorer ceux-ci dans le discours courant, d'où de nombreuses applications, "thérapeutiques" ou non. Découverte de règles à partir d'exemples concrets : « Le système et les personnes, Essai d'analyse d'un malentendu » Les traits sémantiques minimaux (« atomes » de sens) extraits de ces exemples vont constituer deux séries : La série « A » (série destruction-disparition-éloignement-changement) concerne l’extérieur, le changement, le désordre, la destruction de l’ancien. Elle se compose d’adjectifs simples comme : ouvert, souple, varié, changeant, nouveau, libre … La série « B » (conservation-intégrité-stabilité) concerne au contraire l’intérieur, le non- changement, l’ordre, la conservation. Elle se compose d’adjectifs simples comme : sérieux, ferme, stable, ancien, solide, durable … Les mots complexes, adjectifs complexes, noms, verbes et adverbes seront traités comme des « molécules » dont le sens peut se décomposer en atomes A ou B, et pourront ainsi être rattachés, sauf exception, aux séries de même nom.
  • 3. La valeur associée à chaque mot est la résonance favorable ou défavorable qu’a ce mot pour celui qui le dit. Elle peut être positive, négative, neutre ou indécidable. En combinant pour chaque mot pertinent d’un texte sa série et sa valeur, on obtient des points de vue, qui peuvent, comme la valeur, changer selon les instants ou selon les âges de la vie. — Le point de vue « extraverti » (désigné par E) valorise la série A et dévalorise la série B, ce qui peut se noter : A + = B — = E. — Le point de vue « introverti » (désigné par I) valorise la série B et dévalorise la série A, ce qui peut se noter : B + = A — = I. Cette notion de point de vue « instantané » (valable pour le seul mot qu'on analyse) peut être étendue à l’échelle d’un texte entier, qui présente en général une dominante « I » ou « E », sauf dans le cas du parler « hésitant » décrit plus bas. Les parlers, « héritiers critiques » des Discours de Lacan, sont l'extension à l'échelle d'une vie entière de la notion de point de vue, recoupant la notion empirique de personnalité et la notion psychanalytique d'identification. Ces dialectes subjectifs (« subjilectes ») combinent de l’adolescence à la fin de la vie les deux points de vue « I » et « E », ce qui aboutit à : 1. Un parler « conservateur » (I → I), en gros la personnalité obsessionnelle (Alceste) : « introverti incorruptible ». 2. Un parler « changement/destruction » (E → E), correspondant grosso modo à la personnalité hystérique (Célimène ... ou Mesrine) : « extraverti incorrigible ». Il en existe une version « bénigne » (changement) socialement encouragée pour sa créativité, et une version « maligne » (destruction), antisociale, chez des sujets portés à l'extrême violence. 3. Un parler « hésitant » (I ou E, abréviation de l'alternance I → E → I → E etc.), en gros la personnalité phobique (Philinte) : « éternel indécis », oscillant toute sa vie entre « I » et « E ». Ce parler résulterait de l'ambivalence parentale. 4. Un parler « du progrès » ou « constructeur » (E → I), sans équivalent séméiologique (Marie- Madeleine ... ou Henry Ford) : « extraverti repenti ». Dans ce parler de la rédemption, de la réparation, mais aussi de l'ambition, de l'arrivisme, la biographie en deux étapes résulterait d'un jugement en deux temps : le parent rejette au début un enfant jugé non conforme à ses vœux, puis « se fait une raison » et remédie au « défaut » naturel par l'éducation, la « construction de la personnalité de l'enfant ». Exemples des quatre principaux parlers : voir documents joints 4) Quelques résultats obtenus en deux décennies d'étude de corpus divers et variés L'A.L.S. est ainsi une méthode d’analyse des mots d’un texte parlé ou écrit qui permet, sans recourir au non-verbal, d’avoir une idée de la personnalité de l’auteur. Elle travaille sur la sémantique des métaphores pour en déduire la structure identificatoire du locuteur et les réseaux de sympathie ou d'antipathie qu'il génère. En décomposant le sens des mots en atomes le plus fins possible (microsémantique), elle révèle des invariants subjectifs indépendants du sujet abordé dans le texte
  • 4. considéré. Les dix parlers. Outre les quatre principaux parlers : . Il existe un parler « E → I raté »: le locuteur échoue au moment d'achever le chef-d’œuvre qui rachète son errance antérieure. . Les représentants du parler « hésitant » peuvent « pencher » du côté du parler I → I ou du parler E → E : face à une situation angoissante, les premiers (« attentistes ») se tiendront sur leurs gardes, les seconds (« entreprenants ») fonceront quand même. . Le parler « Montaigne » ([I ou E] → I) a son point de départ dans le parler hésitant, qui évolue ensuite vers le point de vue I. . Le parler « Alcibiade » correspond en gros au Discours du Maître de Lacan, qui présente Alcibiade comme le sujet non-névrosé. . Enfin, le parler analytique répond au Discours de l'Analyste chez Lacan, tout en étant traité dans une optique différente. Genèse des séries et parlers : L'A.L.S. reprend les thèses connues : « l'inconscient c'est le discours de l'Autre » et : « le désir de l'homme c'est le désir de l'Autre, car c'est en tant qu'Autre qu'il désire ». C'est le discours parental qui détermine, avec des transformations elles-mêmes « programmées », le discours fantasmatique de l'enfant, différemment selon qu'il est idéalisé ou rejeté (cas extrêmes). L'enfant, une fois identifié au texte du désir parental, qualifiera et traitera désormais tout objet (y compris lui-même et son parent) comme le parent l'a qualifié et a souhaité le traiter. C'est la satisfaction du parent, et non la sienne, qu'il exprime et recherche sans le savoir. Les adjectifs extraits des appréciations du parent sur lui, et les verbes décrivant le sort qu’il lui souhaite, fourniront les atomes valorisés dans les énoncés fantasmatiques, et constitutifs des séries. Ces adjectifs décrivent l'objet tel qu'il est jugé par le parent, et tel qu'il devrait être pour rendre possible l'action que le parent veut exercer sur lui ou le comportement qu'il en attend. Quant aux verbes, ils décrivent l'attitude du parent devant l'enfant idéalisé : aimer, adorer, prendre au sérieux, respecter, regarder, voir, contempler, posséder, maîtriser, garder, protéger, enfermer, retenir, contenir, isoler, incorporer, nourrir, remplir, etc., ou devant l'enfant non désiré : verbes exprimant la déception, la surprise, l'étonnement, la peur, l'horreur, haïr, détester, maudire, ne pas prendre au sérieux, tourner en dérision, ainsi que les moyens de se débarrasser d'un tel enfant, de le faire changer, ou de l’ignorer : détruire (ouvrir, casser, démolir, brûler, éclater, déchirer, percer, etc.), changer, modifier, altérer, déformer, tordre, déplacer, remuer, secouer, éloigner, écarter, chasser, (faire) sortir, abandonner, laisser tomber, lâcher, jeter, perdre, égarer, donner, vendre, échanger, méconnaître, ignorer, oublier, etc., tous ces mots étant valorisés secondairement chez l'adulte que cet enfant deviendra. Les verbes exprimant le souhait du parent pourront se retrouver dans le discours de l'enfant à la voix active, passive, ou pronominale. Exemples : Marie Cardinal et sa mère, et le poème Bénédiction de Baudelaire.
  • 5. Ce que J.-C. Milner dit des Quatre Discours vaut pour les parlers : il ne peut y avoir de synonymies qu'à l'intérieur d'un même discours et entre discours différents les seules ressemblances possibles relèvent de l'homonymie. Règles et remarques ● Le parler I → I, valorise l'individu isolé : « il vaut mieux être seul que mal accompagné », dans le parler E → E c'est le groupe nombreux, la foule (« plus on est de fous, plus on rit »), dans le parler I ou E c'est le petit groupe d'amis (Brassens : « au-delà de quatre, on est une bande de c… s »). Quant au parler E → I dans sa variété arriviste, le groupe est utilisé comme tremplin pour l'ambition personnelle, puis abandonné ou dominé lorsqu'on est au sommet ( « tous pour un » sans la réciproque). ● Chaque parler prétend à l'universel dans sa vision du monde : l'homme est "fondamentalement bon" (parler I → I), "fondamentalement mauvais" (parler E → E), "toujours perfectible" (parler E → I), ou "mi-ange mi-bête" (parler I ou E). ● Une juxtaposition de points de vue peut être utilisée « sciemment » dans le parler E → I des arrivistes, pour rallier tous les suffrages, les locuteurs « I » et les locuteurs « E »: le changement (A +) dans la continuité (B +), la force (A +) tranquille (B +). ● Toute perception, tout événement, tout contenu peut être commenté au moins de deux manières, dans deux formes différentes, puisqu'il existe deux points de vue, plus leurs combinaisons. Exemples « VIE », « MORT », « FOLIE ». On peut constituer une liste de termes parallèles, amorce d'un « dictionnaire bilingue » pour la traduction d'un point de vue dans l'autre. 5) Applications de l'A.L.S. Clinique verbale fine des névroses : descriptions logicisées, précises et transmissibles, diagnostic différentiel affiné. Exemples : ● La notion de parler « I ou E » aide à mieux comprendre pourquoi les phobiques typiques sont à la fois agoraphobes (point de vue I) et claustrophobes (point de vue E) ; « entreprenants » et « attentistes » décrivent les hystéro— et « obsesso »—phobiques. ● La confusion de Lacan entre discours obsessionnel et discours de l'Université est surmontée grâce à notre terminologie : le parler « conservateur » (I → I) homologue du discours obsessionnel, et le parler « constructeur » (E → I) homologue du discours universitaire, ont des logiques différentes. Le premier suppose une perfection initiale, une « science infuse », incompatible avec l’acquisition de connaissances nouvelles ; le second suppose une perfectibilité secondaire qui permet de se « remplir de savoir » pour racheter une jeunesse « folle » et peu studieuse. Leur mode d'accumulation mérite un diagnostic différentiel. ● Hystérie masculine et inversion partielle des points de vue . Dans la distribution traditionnelle des rôles masculin et féminin intervient partiellement une répartition : - introverti pour l'homme (solide, fiable, constant, sérieux, logique, objectif etc.) ; - extraverti pour la femme ( fragile, faible, peu fiable, inconstante, frivole, lunatique etc.). La "parade virile" propre à certaines formes d'hystérie masculine prend donc le masque du point de vue introverti « psychorigide », qui, joint à une exaltation théâtrale, peut passer pour paranoïa,
  • 6. diagnostic démenti par l'A.L.S. et la non-permanence de la posture verbale. Analyse inédite des malentendus : aide à la résolution de conflits dans les équipes de travail, conduite de réunions, etc. Approche critique du discours des analystes : la littérature analytique fourmille de conceptualisations suspectes. L'A.L.S. permet, dans cette jungle de productions « analytiques », de faire un premier tri entre les fausses pistes (banalement fantasmatiques) et les hypothèses potentiellement intéressantes (au sens opératoire de Gardin), qui restent alors à démontrer. 6) Conclusion : retour éclairé sur la trajectoire de Lacan et perspectives d'avenir pour l'A.L.S. Le parler « E → I raté » permet de rendre compte de l'échec de Lacan dans sa phase « déconstruction » (Milner), et de la non-opérativité des Quatre Discours. L'A.L.S. permet de reprendre le flambeau de l'analyse du discours courant avec ses multiples applications, et rouvre le dialogue science- psychanalyse en montrant que la structure verbale de la subjectivité est en partie simulable. Voici à présent le début du texte intégral de la conférence sur L'A.L.S faite à l'Hôpital Valvert (Marseille) le 9/03/2010. Ce texte étant mis en ligne en plusieurs temps, il est conseilé de revenir sur cette page dans les semaines qui viennent pour savoir quand il sera complet. Des Quatre Discours de Lacan à l'Analyse des Logiques Subjectives (A.L.S.) : principes et applications Conférence du Dr Jean-Jacques PINTO le mardi 9 mars 2010 1) La tentative passionnante de Lacan de formaliser le discours courant par la théorie des Quatre Discours se heurte à certaines critiques qui incitent à lui chercher un substitut Ses « mathèmes » (lettres et symboles formalisant l’expérience clinique) décrivent les discours du Maître, de l’Université, de l’Hystérique et de l’Analyste, que nous présentons ici sommairement. 1) Le discours du Maître, régi par S1, le signifiant-maître : discours du sujet non névrosé, "imbécile heureux" accédant à une "jouissance idiote" (au double sens d'appropriée et de
  • 7. stupide). Il s'imagine être maître de son désir. Il n'a aucun des problèmes qui se posent aux névrotiques, mais n'a aucune chance de savoir qu'il a un inconscient, et donc de l'explorer. Lacan cite Alcibiade dans Le banquet de Platon : « Mais Alcibiade n'est nullement un névrosé. C'est même parce qu'il est le désirant par excellence, et l'homme qui va aussi loin qu'il se peut dans la jouissance, qu'il peut ainsi (...) produire au regard de tous l'articulation centrale du transfert, mise en présence de l'objet paré de ses reflets ». 2) Le discours de l’Université, régi par S2, le savoir : confondu par Lacan avec le discours obsessionnel. Il pourrait par l'analyse accéder à ce qui détermine son désir ; 3) Le discours de l’Hystérique, régi par $, le sujet de l'inconscient. Il pourrait également, par l'analyse, accéder à ce qui détermine son désir ; 4) Le discours de l’Analyste, régi par a, l'objet du désir, rebaptisé plus-de-jouir par allusion à la plus-value de Marx. Mais cette tentative hardie soulève certaines critiques : - Le but initial était une transmissibilité « intégrale » de fragments de discours analytique. Or les mathèmes n’empêchent pas les interprétations fantaisistes des disciples (par exemple celle de Clavreul quand au sens de "maître" dans l'Ordre médical, ou sur le Web les formules reproduites sans les flèches). - D'autre part les corrélations avec l'observation clinique sont parfois douteuses, même chez Lacan (notamment l'assimilation du discours de l'Université au discours obsessionnel). En fait, contrairement aux formules logico-mathématiques de la science moderne, ils ne peuvent, après une première caractérisation, fonctionner par eux-mêmes pour engendrer des prolongements. Il faut toujours remonter à la parole de leur découvreur, qui fonctionne dès lors comme un maître de sagesse antique (cf le commentaire sybillin des Discours dans Radiophonie). Ces formules ressemblent alors non plus à des mathèmes, maisà ce que disait Lacan dix ans plus tôt de la formule du fantasme : « [...] le sigle (S ◊ a) que nous avons introduit au titre d'algorithme [...] est fait pour permettre vingt et cent lectures différentes, multiplicité admissible aussi loin que le parlé en reste pris à son algèbre ». Pas étonnant qu'ils conduisent au même résultat que celui que Milner prévoit pour la lecture par les "habiles" de Lacan à travers Wittgenstein : « quelques ailes nouvelles seront ainsi ajoutées au Château des brouillards » !!! Ce qui manque à la théorie des Quatre Discours : un corpus communicable à tous, ainsi que les règles de sélection présidant au choix des textes des noms de discours repris toujours avec le même sens des commentaires exhaustifs, validables ou réfutables des procédures de diagnostic d'un texte explicites, validables ou réfutables une notation par des littéraux qui soient repris toujours avec le même sens un calcul à la main ou par automate de l'appartenance ou du rattachement des énoncés à ces discours, la fabrication à la main ou par programmes de simulacres permettant des montages expérimentaux.
  • 8. 2) Pour lui trouver un substitut, il semble pertinent de se pencher sur la possibilité d'un dialogue entre science et psychanalyse par le biais des « analysciences », dont fait partie l'A.L.S. : La psychanalyse moderne avec son chef de file Lacan n'a aucune critique pertinente à adresser à la science. Au contraire elle a le plus grand respect pour la science et ses applications. Lire à ce sujet La science et la vérité dans les Ecrits. Elle dit seulement que la science a jusqu'à présent eu besoin pour fonctionner de mettre entre parenthèses la subjectivité inconsciente, et même de lui tourner le dos (et c'est tant mieux dans un premier temps), donc par construction même de s'interdire de la prendre pour objet d'étude. Disons que la science est ici "l'aveugle", terme qui peut n'avoir aucune connotation péjorative, comme dans le passage ci-dessous : « Par mathématisation, nous entendons ceci : il ne s'agit pas de la quantification (mesure), mais de ce qu'on pourrait appeler le caractère littéral de la mathématique : que l'on use de symboles qu'on peut et doit prendre à la lettre, sans avoir égard à ce qu'éventuellement ils désignent ; que l'on use de ces symboles uniquement en vertu de leurs règles propres : on parle volontiers alors de fonctionnement aveugle. Par ce caractère aveugle, et par lui seul, est assurée la transmisibilité intégrale, laquelle repose sur le fait que tout un chacun, informé des règles du maniement des lettres, les maniera de la même manière : c'est ce qu'on peut appeler la reproductibilité des démonstrations. »« Nous nous séparons donc d'un point de vue largement répandu, selon lequel il n'y a de science que du quantifiable. Nous dirons plutôt : il n'y a de science que du mathématisable et il y a mathématisation dès qu'il y a littéralisation et fonctionnement aveugle. » (Milner, J.-C. (1989), Introduction à une science du langage. Seuil, Paris, Ainsi la science s'aveugle pour avancer. Le "sens" du réel et la subjectivité du savant sont mis au vestiaire. La psychanalyse, quant à elle, examine la subjectivité mais manque de jambes pour avancer. Elle rumine la doctrine des maîtres et se repose sur ses lauriers, se nourrir de paroles de "sagesse" non propices à la transmissibilité (voir la différence que fait Milner entre protreptique et logia). Freud et Lacan peuvent s'intéresser à la science, les disciples ne s'intéressent qu'aux maîtres. Souvent ils donnent l'impression de manier la langue de bois. La psychanalyse est donc ici "le paralytique". Nous plaidons ici modestement pour une coopération entre l'aveugle et le paralytique. Une analyscience, si l'A.L.S. peut prétendre à ce statut hybride, pourrait alors contribuer à percher le paralytique sur les épaules de l'aveugle. Or science et psychanalyse ont en commun le non-tout, le non-sens, l'épluchage de l'être. Elles vont toutesdeux contre l'Imaginaire, comme le souligne Milner : Le Moi et l'imaginaire, par leur loi propre, privilégient toute bonne forme. 'le Moi a horreur de la science' 'le Moi a horreur de la lettre comme telle' 'le Moi et l'imaginaire sont gestaltistes' ;
  • 9. 'la science et la lettre sont indifférentes aux bonnes formes' 'l'imaginaire comme tel est radicalement étranger à la science moderne' ; ''la science moderne, en tant que littérale, dissout l'imaginaire'. Freud associait science et psychanalyse. Mais l'aînée (la science) et la cadette (la psychanalyse) se comportent à présent en sœurs ennemies. Pour passer d'une opposition stérile à une intercritique constructive, la négociation peut recourir aux analysciences. (suite du texte intégral mise en ligne par étapes. Vous êtes invités à revenir sur cette page de temps à autre …) *****