Cet intervention dans le cadre du séminaire de mon équipe de recherche E3D vise à réfléchir sur l'héritage épistémologique et méthodologique de l'oeuvre de Michel Foucault et de son utilisation dans les problèmatiques des Sciences de l'Information et de la Communiaction (SIC)
3. +
Un tournant dans l’épistémè du
discours
Kant, Heidegger, Nietzsche [Ethique de la critique]
Georges Dumézil (“structure mentale”, 1929) - Georges Duby,
March Bloch, Lucien Febvre mais aussi Jacques Le Goff, Robert
Mandrou,... Paul Veyne. [Une histoire des structures mentales]
Gaston Bachelard et surtout Georges Canguilhem. [Rupture et
épistémè scientifique]
Ferdinand de Saussure et Noam Chomsky [Règles,
Compétence et performance de la pragmatique énonciative]
Blanchot, Bataille, Klossowski, Roussel, [Résistance, rupture,
ailleurs, limites et transgression]
Levi Strauss, Lacan, Althusser, Barthes [les contemporains]
4. +
Au coeur de la pensée : le problème
Problématisation : processus
(historiques et situés) de puissance
et de savoir pour résoudre des
problèmes dans de nouvelles
configurations sociales par un
bricolage stabilisé par hasard.
6. +
Une pragmatique énonciative
■ L’énoncé comme acte est une émergence unique
et historicisée (contre le strcuturalisme de Lévi
Strauss). Il est situé. Pour le chercheur, l’énoncé est
toujours un document (et vice versa)
■ L’énoncé :
■ Interpelle les individus en sujets
■ Construit le réel en objet
■ Lie le sujet et l’objet par concept
■ L’énoncé comme acte a un effet. Il est l’élément
fondamental d’une pragmatique de la vérité.
7. + L’analytique de la vérité : la construction
d’un système d’objets
■ L’énoncé respecte des règles de spatialisation pour
construire son objet. A quelles conditions (valides) l’objet peut
être observé, enregistré, découpé, révélé, énoncé.
■ Quelles sont les procédures, les instances et les lieux de son
émergence
■ Quelles sont les procédures, les instances et les lieux de
découpage et de qualification de ses objets.
■ Quels sont les outils, les grilles et les spécifications qui classent,
dérivent, opposent et rangent ses objets
■ Quels sont le style de l’énonciation, les modes et les genres
discursifs institués (récit, analyse quanti, discours motivant, etc.)
➢ Foucault s’intéresse avant tout dans l’énonciation aux
conditions de production du système des objets d’une
archive dans son rapport au réel
8. +
L’interpellation du sujet par
l’énonciation
■ Au cœur du document, les conditions d’énonciation posent la
question du sujet légitime (le qui parle ?).
■ Quelles sont les caractéristiques valides du sujet de
l’énonciation (statuts, caractéristiques, caractères,
comportements)
■ De quel lieu parle-t-il ? Concrètement et au niveau des
imaginaires. Quel espace occupe-t-il et comment définit-il ses
conditions spatiales
■ A quelles conditions logiques ou temporelles, à quel processus
doit-il se soumettre pour pouvoir parler
9. +
Réseau de concepts, réseau
d’alliances
■ Quelles sont les règles d’acceptation d’un concept issu
d’autres formations discursives. Pourquoi sont-ils acceptés,
ou rejetés et à quelles conditions
■ Quelles règles de « transformation » les énoncés d’un
ailleurs doivent-ils supporter pour être acceptés ou bannis de
l’énonciation
■ Quels sont les lieux de mémoire, les énoncés fondateurs,
archéologiques ou originels définis soit en filiation soit en
traumatisme
11. +
Hasard et nécessité des formations
discursives
■ La formation discursive établit ce qui peut être dit et fait et surtout
comment. Un ensemble de règles a priori, l’épistémè, préside à son
destin..
■ Les formations discursives sont historicisées. Elles ont une naissance et
une mort. Elles sont d’ici et maintenant (immanence).
■ Au-delà de leur existence première, les énoncés connaissent notamment
des réactivations dans de nouvelles conditions de production pour de
nouveaux effets de pouvoir.
■ Il existe dans les formations discursives un ailleurs et un au-delà qui le
mettent en perspective, une frontière. D’abord dans le temps, par une
archive qui peut paraître inaudible et invisible, incompréhensible du
fait de formations discursives disparues. Mais aussi dans l’espace, par
des hétérotopies, qui peuvent être formalisées comme des utopies, des
au-delà parfaits, mais aussi des enfers, des négativités et des relégations
et des exclusions.
12. +
Epistémè, une économie politique
du signe
■ Les formations discursives sont des construits bricolés (entre imaginaire et
logique) issus d’une pluralité de pratiques au sein d’institutions diverses.
■ Il faut pouvoir retrouver les rituels, les procédures initiatiques, les « sociétés »
qui ont le pouvoir de séparer le discours légitime du discours « vulgaire »,
inaudible, infâme. Il faut décrire les instances disciplinaires qui gouvernent à la
séparation entre l’orthodoxie et les hérésies. Leur mode d’exclusion et
d’inclusion, leur règles de justice.
■ Il faut chercher les règles et les canaux de transmission et de diffusion des
documents à des récepteurs légitimes et autorisés définis a priori. Mais
aussi les règles de confidentialité, d’interdiction, de secret qui empêchent tel ou
tel récepteur d’accéder aux documents.
■ Il faut faire l’économie des systèmes d’archivages et de mémoires. Les règles
qui président à la gestion des documents, à leur classement, à leur
ordonnancement, à leur redistribution, à leur monstration selon les auteurs, les
thèmes, les disciplines, les doctrines, etc.
13. +
Un énoncé pragmatique, ça sert !
■ Quelles sont les règles de controverses, les ruptures
théoriques, les espaces d’affrontement qui fondent les sous-
ensembles théoriques concurrents. Les variations
épistémiques.
■ Il faut faire l’histoire des résistances, des renversements,
des colonisations, des syncrétismes qui renversent, qui
disparaissent ou au contraire s’instaurent dans une domination
totale (mais temporaire).
■ Il faut suivre, au-delà des ruptures, les diffusions, les
enrôlements, les déplacements dans des configurations
secondes, annexes ou parallèles, vers d’autres
dispositifs...avec une logique de viralité et de réseaux.
15. +
L’énoncé est une relation de pouvoir
■ La relation de pouvoir est un acte sur un acte : un acte au carré.
La relation de pouvoir est un acte de puissance et un acte discursif.
Les technologies de pouvoir sont des dispositifs stables qui ordonnent
les pratiques discursives et non-discursives.
■ Comment l’énoncé entretient des relations et s’enchasse dans
des pratiques non-discursives, dans des actions de puissance sur
les objets.
■ Comment l’énoncé suscite-t-il des désirs, de l’intérêt, de
l’accaparement matériel, des engagements du corps dans des
processus de subjectivation.
■ Au contraire, les énoncés peuvent susciter des résistances, des
exclusions silencieuses ou bruyantes. Les infâmes et les rejetés
révèlent l’économie du pouvoir dans ses limites et dans ses frontières.
17. +
De la résistance dans l’immanence
du langage
Le lieu d’où parle le chercheur en SHS :
Une éthique de la finitude
Une apologie de la résistance
Un engagement de la critique
18. +
Une résonance clandestine de
l’oeuvre
Sociologie des sciences et de la traduction (Callon et Latour)
Sociologie Pragmatique (Boltanski et Thevenot)
Quid de l’histoire ?
Quid des SIC ?