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RPCA-FAO-Jeunes et politiques DEF.pptx
1. Lomé, 7 DÉCEMBRE 2022
RÉUNION ANNUELLE
L'avenir de la jeunesse
pastorale face aux crises :
quelles politiques ?
par Véronique Ancey, CIRAD, chercheure invitée FAO
2. Position
Le contexte de pertinence des interactions entre le pastoralisme et les politiques
Les modèles politiques sous-jacents aux interventions actuelles et les options
Quel contrat social proposer aux jeunes générations
Plan
I. Constats: ordres de grandeur et cas d’études en agriculture, développement rural, jeunesse, politiques
pastorales, au prisme des migrations
II. Propos : Reconsidérer régulation et structure dans les politiques
L'avenir de la jeunesse pastorale face aux crises:
quelles politiques ?
3. I. Ordres de grandeur et cas d’études
1. Agriculture et marché de l’emploi en
ASS
Un changement structurel encore faiblement engagé
malgré des recompositions rapides
Poids du secteur primaire et de l’économie informelle
https://www.inter-reseaux.org/ressource/atlas-une-nouvelle-
ruralite-emergente-en-afrique-2e-edition/
Une transition démographique décalée entre Asie et ASS
Projections des années 2010 : 60% de la croissance mondiale des actifs sera en Afrique ; les 2/3 des actifs
entrants sont et seront en zone rurale (jusqu’aux 2030s)
Des priorités guidées par des diagnostics réalistes
=> Les politiques publiques doivent faire référence à la répartition sectorielle et territoriale des activités et des
hommes
Répartition actuelle (et anticipée pour les 20 prochaines années) = 2/3 en zone rurale, principalement dans
l’agriculture et 1/3 en zone urbaine, principalement dans le secteur informel
=> L’agriculture et le développement rural font partie des problèmes mais aussi des solutions
4. 2. Un cas d’étude : prospective territoriale transfrontalière
Burkina Faso Togo. 2021
https://doi.org/10.4060/cb7925fr
I. Ordres de grandeur et cas d’études
1973 2000 2013
5. La démographie, un moteur des transformations
• Entre 2020 et 2035, de 1,65 millions à 2,58 millions d’habitants
• Une pression sur les équipements publics de santé et d’éducation
• Sans gain de productivité, 350 000 ha à « trouver » en 15 ans
• 33 500 jeunes sur le marché du travail en 2015, 53 400 en 2035
• 750 000 emplois à créer d’ici 2035
Le rôle toujours stratégique de l’agriculture et de l’élevage,
L’urgence de la diversification économique
Projections démographiques
Hommes
Femmes
I. Constats, ordres de grandeur et exemples: agriculture,
développement rural, jeunesse, politiques pastorales, par le prisme
des migrations
6. Comment aider la transformation rurale ?
Les “solutions de marché” sont nécessaires mais ne seront pas suffisantes
Des politiques de structure devront être mises en œuvre : aménagements fonciers, réformes agraires,
transmission d’actifs et accompagnement social
Un appui budgétaire continu et croissant sera nécessaire
Des stratégies et des politiques ciblées sont indispensables
Quatre axes d’action sont identifiables avec un objectif général : une croissance inclusive et
durable
Réinvestir dans les stratégies de développement
Appuyer les agricultures familiales
Privilégier certains marchés
Renforcer le développement territorial
I. Ordres de grandeur et cas d’études
7. 3. Chiffres jeunesse Sahel
https://www.fao.org/rural-employment/en/
La région Sahel compte plus de
75 millions d’habitants,
60 % de la population a moins de
25 ans
200 millions de personnes au
Sahel d’ici 2050
Environ deux tiers des jeunes
vivent dans des zones rurales.
Très bas taux de scolarité et
d’emploi
Fortes inégalités
Plus de 5 millions de personnes
sont déplacées par la violence
dans la région
GDP/Cap
ita (USD)
HDI GINI YDI YPI
Rank
YPI
Burkina
Faso 720.05 0.343 39.78 0.43 36.07 98/102
Tchad 1,053.82 0.34 43.3 0.24 - -
Niger 440.72 0.304 31.16 0.38 - -
Mali 765.75 0.344 33.02 0.24 34.3 101/102
Mauritanie 1,270.23 0.467 40.46 0.32 - -
I. Ordres de grandeur et cas d’études
8. 4. Migrations et stratégies familiales
L’économie rurale est liée aux marchés du travail nationaux et
régionaux, centraux pour les besoins d’un grand nombre de ruraux
africains pauvres.
La pluriactivité, l’emploi informel et précaire, ainsi que
l’accroissement des liens rural/urbain et des migrations modifient
les structures et le fonctionnement des économies rurales.
https://www.fao.org/documents/card/fr/c/bcb070a
5-ffce-4ab9-bc41-86ef04503cb7/
La migration interne ou internationale est une stratégie décisive pour des milliers de familles rurales en
Afrique, mais cette réalité est rarement reconnue par les politiques de réduction de la pauvreté.
I. Ordres de grandeur et cas d’études
9. 5. Un cas d’étude: jeunes pasteurs en ville
BF, Tchad. 2020
L’accès à l’âge adulte des jeunes migrants d’origine pastorale
passe parfois par la migration
Trouver une autonomie en dehors du troupeau familial ET contribuer
à l’économie familiale
Ancrage urbain ET mobilité pastorale, à l’échelle des familles et des communautés
Pour les familles pastorales, combiner mobilité pastorale ET ancrage territorial ET pouvoir exercer leur
citoyenneté.
Les migrations urbaines des jeunes pasteurs sont mal identifiées par les pouvoirs publics
Manque de données; faible coordination intersectorielle; focalisation de l’agenda politique sur les
migrations et la sécurité
Solutions politiques fréquemment en décalage avec la réalité, qu’elles visent à «retenir» les jeunes ou
«sédentariser» le pastoralisme
https://doi.org/10.4060/ca7214fr
I. Ordres de grandeur et cas d’études
10. 6. Politiques d’appui au pastoralisme
Améliorer la compréhension
Développer des programmes techniques et politiques dans le
pastoralisme – au niveau international et national ;
Soutenir la mobilité des pasteurs, y compris les mouvements
transfrontaliers,
Soutenir la collecte de données sur les ménages pastoraux et le suivi du
pastoralisme
https://www.fao.org/3/cb5855en/cb5855en.pdf
Impliquer directement les pasteurs dans la planification des politiques et l’élaboration des programmes
soutenir le renforcement des capacités pour le développement d’innovations dans les méthodes, les outils et
les technologies pertinents pour les systèmes pastoraux
I. Ordres de grandeur et cas d’études
11. Les recommandations tirées des différentes études
convergent sur certains points:
Promouvoir l’emploi comme élément central de la stratégie de développement à moyen terme,
traitant simultanément la création d’emplois productifs et le développement économique.
Supporter divers types d’activités économiques en zone rurale et les circulations rural/urbain.
Accompagner les mobilités plutôt que tenter de les endiguer
Accompagner la jeunesse pastorale en comprenant les dynamiques contemporaines:
reconnaitre le pastoralisme dans les politiques économiques, étendre les services publics de base
aux milieux ruraux; développer de nouvelles formes d’accompagnement en ville.
I. Ordres de grandeur et cas d’études
12. II. Propos : Reconsidérer régulation et structure dans les politiques
1. Réinvestir dans les stratégies de développement : Approche structurelle versus modèles
d’« employabilité » et ciblage catégoriel
Depuis une dizaine d’années les décideurs politiques et la communauté du développement mettent
l’accent sur :
la formation des jeunes
la promotion de l’auto-emploi/entreprenariat
Cependant, pour informer des politiques publiques engagées dans le pilotage macroéconomique, la seule
perspective individuelle est insuffisante car l’enjeu de l’emploi est aussi et avant tout d’ordre structurel.
2. Appuyer les agricultures familiales, dans un contexte de déstructuration du monde rural
L’inclusion socio-économique ne se réduit pas à une question de comportement individuel. Au Sahel,
l’accès à des activités multilocalisées et la reconnaissance de droits sociaux (au-delà de l’accès aux
ressources productives) deviennent des facteurs critiques pour les jeunes générations.
Il est important - en particulier concernant les jeunes- d’identifier les voies d’accumulation et proposer des
mesures de politiques publiques prenant en compte la diversité des marchés du travail rural et urbain
(Mercandalli Anseeuw 2014)
13. 3. Renforcer le développement territorial
Reconnaitre et valoriser les ressources territoriales par des stratégies transfrontalières
Inscrire la mobilité pastorale dans cette stratégie transfrontalière
Entretenir une dynamique collective transfrontalière et non corporatiste pour renforcer la réflexion
stratégique
4. Des politiques sociales étendues aux populations pastorales
Renforcement des capacités des collectifs porteurs (OP/ OSC ) à se saisir de l’enjeu de la
jeunesse pastorale en lien avec le futur du pastoralisme ;
Dialogue et positionnement à plusieurs niveaux : entre générations sur la place des jeunes, les
activités les ciblant, dans plusieurs projets de la sous-région, et globalement sur les modèles de
développement agricole, rural et d’emploi promus nationalement et régionalement.
Un nouvel agenda pour étendre la protection sociale aux populations pastorales doit être construit, en
alignement avec des politiques agricoles et fiscales cohérentes. Les choix à faire relèvent des
prérogatives et des obligations des États de protéger les moyens de subsistance de ces populations,
non comme bénéficiaires ciblés mais comme citoyens.
II. Propos : Reconsidérer régulation et structure dans les politiques
Chers organisatrice et organisateurs de la réunion annuelle du Réseau de Prévention des Crises alimentaires, chers participantes et participants,
Je suis honorée par l’invitation qui m’est faite de présenter un sujet aussi brûlant que Les politiques pour 'avenir de la jeunesse pastorale face aux crises.
La notion de schisme de réalité évoque « ce hiatus entre des négociations onusiennes policées et consensuelles, au point mort, et la réalité brutale du monde ». Elle éclaire aussi le contexte de la jeunesse en ASS et au Sahel, pour dire la difficulté à arrimer le cadre général des institutions à la vitesse à la violence et à l’ampleur des défis, (crises ou structurelles) et à la crise de gouvernance régionale.
Contexte de pertinence: Au-delà des objectifs affichés des pol sectorielles et des projets ciblés sur élevage, les conditions de vie et la S.A.N. des pasteurs comme les parcours pastoraux sont de plus en plus insérés dans des arènes plus larges, politiques et commerciales. => Ce qui justifie le choix de parler d’agriculture, de politiques pastorales, de transformations rurales, d’emploi, de jeunesse, par le prisme des migrations
Discerner les modèles politiques sous jacents: discerner le modèle entrepreneurial, (employabilité, création d’activité échelle individuelle ou filières), d’une approche structurelle des régimes de stabilité institutionnelle (politique d’emploi, approche territoriale).
La 1ere partie rappelle les enjeux dans les domaines de l’agriculture, du développement rural, du pastoralisme, de la jeunesse pastorale, du contrat social. Tous font face à des tensions entre ciblage de catégories vs droits universels, gestion de l’inflation vs contrainte budgétaire, nécessité de protection par l’Etat vs prévalence des organisations commerciales et des normes issues de la mondialisation, crise de gouvernance vs besoin d’action publique.
Ces constats justifient que la 2eme partie appelle à concevoir des politiques structurelles d’investissement public.
Changement structurel faiblement engagé: la transition démographique est très incomplète, et la transition économique est extrêmement lente malgré une forte urbanisation.
Transition démographique décaléee (– et il ne peut y avoir reproduction de transitions passées) : En Afrique malgré une urbanisation x 10, la population rurale continuera à croître après 2050 : une exception mondiale.
D’ici 2050 : population rurale Afrique = + 300M et population rurale mondiale = -300M
Diagnostics réalistes:
Les politiques mises en œuvre par les gouvernements et appuyées par les systèmes d’aide sont caractérisées par leur vision sectorielle et la difficulté à opérer des choix structurants
Le territoire : la frontière entre le Togo et le Burkina Faso, 1,65 millions d’habitants inégalement répartis.
Au Tchad, en Mauritanie et au Burkina Faso (les pays les plus inégalitaires de la région), le revenu des 10% les plus riches est le double de celui des 40% les plus pauvres. En termes de droits : si des progrès importants ont été réalisés au cours des dernières décennies, l’accès à l’éducation ou à la santé reste très difficile pour les femmes, pour les personnes vivant en milieu rural et pour les pauvres en général. Au Mali, à peine 3 à 4% des enfants pasteurs nomades vont à l’école. Les inégalités entre les sexes sont également répandues : la législation et les normes sociales continuent d’être ouvertement discriminatoires à l’égard des femmes. Au Burkina Faso, au Mali et au Sénégal, les femmes ne possèdent que 10 % des terres agricoles, alors qu’elles constituent 40 % de la main-d’œuvre agricole.
Les analyses des stratégies de migrations tentent, dans un objectif politique, de prendre en compte les recompositions de l’agriculture familiale en lien avec les migrations de travail, l’emploi salarié et les dynamiques de production et d’accumulation actuelles, qui se font aussi à travers des stratégies familiales de migration.
Pour les jeunes, l’enjeu de la migration est de trouver des marges de manœuvre pour gagner leur autonomie en dehors du troupeau familial; mais contribuer à la sécurisation de l’économie de la famille reste une condition pour se voir reconnaître un statut d’adulte.
Localement, les migrations sont révélatrices des changements structurels dans les économies pastorales, lorsque des contraintes externes (tensions sur l’accès au foncier au Burkina Faso) et internes à la famille (report de la transmission de la propriété du bétail) poussent les jeunes vers de nouvelles voies d’autonomisation économique et sociale.
Migrations mal identifiées:
Alors que les pouvoirs publics redoutent la marginalité et la délinquance des jeunes migrants, les organisations professionnelles mettent surtout en avant le problème du renouvellement de la main d’œuvre; pour les familles, les migrations de jeunes sont un fait ancien «normal».
S’agissant du futur des jeunesses pastorales, les politiques pastorales font partie des problèmes et des solutions. La récente publication de référence de la FAO sur le pastoralisme fait plusieurs recommandations tirées d’une analyse de fond des logiques et des besoins des systèmes pastoraux :
Le défi de l’emploi est bien connu et fait consensus parmi les décideurs. Depuis une dizaine d’années, différentes initiatives et politiques publiques se focalisent sur l’amélioration de l’offre de travail mais peu sur celle de la demande en travail (l’hypothèse sous-jacente étant que les jeunes doivent améliorer leur employabilité pour réduire l’inadéquation entre leurs compétences et celles recherchées par les employeurs), dans une perspective individuelle.
Les décideurs politiques n’agissent pas, ou peu, sur des leviers qui permettraient d’accroître la demande en travail. Il est donc alors souvent suggéré que les jeunes hommes et les jeunes femmes conçoivent leurs propres moyens d’existence et créent leurs propres emplois.
C’est pourquoi une approche plus systémique est nécessaire, adaptée à traiter les enjeux du devenir des systèmes (agro-)pastoraux dans la reproduction socio-économique des familles et comme support de l’insertion socio-économique des jeunes ruraux.
Renforcer le développement territorial :
Reconnaitre et valoriser les ressources territoriales par des stratégies transfrontalières: par une meilleure coopération transfrontalière
Inscrire la mobilité pastorale dans cette stratégie transfrontalière: le pastoralisme peut être un sous-secteur clé pour penser la réduction des déséquilibres territoriaux
Entretenir une dynamique collective transfrontalière et non corporatiste pour renforcer la réflexion stratégique: le plaidoyer devrait «embarquer» d’autres acteurs dans le développement local transfrontalier.