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De l’Oxygène pour l’école
                      RAPPORT SUR L’ECOLE
        DU GROUPE DE TRAVAIL DU GROUPE UMP



     Animé par Xavier Breton, Jean-Frédéric Poisson et Frédéric Reiss




1
Sommaire


    I.       Quelle mission pour l’école ?

          A. Inventaire des principes idéologiques qui sous-tendent le projet socialiste en
             matière d’éducation

1/ L’égalité comme refus des différences
2/ La liberté conçue comme un déracinement
3/ L’école au service de la transformation de la société
4/ L’élève constructeur du savoir

          B. Les principes qui devraient fonder une rénovation de notre école.

1/ Revenir à la vocation première de l’école.
2/ Restaurer la relation parent-enfant-enseignant
3/ Octroyer une vraie liberté aux acteurs et valoriser la diversité des talents des élèves et
des réalités territoriales
4/ Faire de l’école « un sanctuaire ouvert »



    II.      Redonnons à l’école les moyens d’assurer sa mission.

                A. Redonnons toute leur place aux familles et leur autorité aux
                   enseignants.

1 / Les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants
2 / L’enseignant doit retrouver toute son autorité
3/ Mieux prendre en compte les réalités territoriales


                B. Libérons les initiatives

1 / Poursuivre sur la voie de l’autonomie donnée aux établissements
2 / L’évaluation est le corollaire indispensable de l’autonomie


                C. Deux priorités d’action

1 / La lutte contre l’échec et le décrochage scolaire
2 / Pour une école toujours plus inclusive


2
Groupe de travail sur l’école animé par
                 Xavier BRETON, Jean-Frédéric POISSON et Frédéric REISS



                                Députés membres
Benoist APPARU                                                             Patrick HETZEL

Julien AUBERT                                                        Valérie LACROUTE

Jean-Pierre BARBIER                                                   Jacques LAMBLIN

Xavier BRETON                                                             Bruno LE MAIRE

Jean-Michel COUVE                                                         Philippe LE RAY

Gérald DARMANIN                                                              Céleste LETT

Olivier DASSAULT                                                             Lionel LUCA

Claude de GANAY                                                               Alain MARC

Jean-Pierre DECOOL                                                Laurent MARCANGELI

Virginie DUBY MULLER                                          Patrice MARTIN-LALANDE

Daniel FASQUELLE                                                  Dominique NACHURY

Annie GENEVARD                                                            Bernard PERRUT

Guy GEOFFROY                                                     Jean-Frédéric POISSON

Claude GOASGUEN                                                             Frédéric REISS

Philippe GOSSELIN                                                    André SCHNEIDER

Claude GREFF                                                       Jean-Marie SERMIER

Michel HEINRICH                                                Jean-Sébastien VIALATTE




3
Personnalités auditionnées par le Groupe de travail.


    Monsieur Luc CHATEL, ancien Ministre de l’Education nationale.
    Monsieur Frédéric GUILLAUD, essayiste, ancien directeur des études de l’UMP
    Madame Anne COFFINIER, Directrice générale de la Fondation pour l’école.
    Monsieur Laurent BIGORGNE, Directeur de l’Institut Montaigne
    Monsieur Alain REI, Président du Groupement de défense des idées des directeurs
    (GDID)
    Madame Monique SASSIER, Médiatrice de l’Education nationale.
    Monsieur Eric CHARBONNIER, analyste de l'OCDE sur les questions d'éducation
    Des représentants des parents d’élèves :
       o Mme Pascale de LAUZUN, Membre du Conseil national de l’APEL et Monsieur
             Christophe ABRAHAM, Délégué national de l’ APEL.
       o Monsieur Jean-Jacques HAZAN, Président de la FCPE (Fédération des Conseils
             de Parents d’Elèves des écoles publiques) et Mme Cécile BLANCHARD,
             Chargée de Mission
       o Madame Valérie MARTY, Présidente de la Fédération des Parents d'Elèves de
             l'Enseignement Public (PEEP) et Madame Myriam MENEZ, Secrétaire générale
             de la Fédération.
       o Mme Hélène LE MEUR, Responsable du Département « Droit des personnes
             handicapées » de l’UNAPEI


    Un représentant de l’ANDEV (Association Nationale des Directeurs Education des
    Villes), Monsieur Benoît MAQUEDA (Directeur du pôle éducation et petite enfance de
    la Mairie de Rosny-sous-Bois)




4
Tables rondes syndicats avec des représentants de
                      •   la FSU : Madame Valérie SIPAHIMALANI, Monsieur Michel
                          FOUQUET, Monsieur Daniel LABAQUERE, Monsieur Pierre
                          GARNIER (SNES, SNEP et SNUipp)
                      •   la FAEN : Monsieur Jean-Denis MERLE, SNCL et Madame Céline
                          VIVIER (SNEP)
                      •   Monsieur Frédéric SÈVE, Secrétaire général et Madame
                          Chantal DEMONQUE, Secrétaire nationale (Sgen-CFDT)
                      •   Monsieur Denis Adam, secrétaire fédéral à l’éducation et
                          Madame Claire KREPPER, secrétaire nationale « Education » du
                          SE-UNSA.
                      •   CSEN : Monsieur Pierre FAVRE, SNE-FGAF (premier degré),
                          Monsieur J.C. HALTER

    Marie-Jeanne PHILIPPE, ancien Recteur de Lille
    Eric LABAYE, Directeur associé chez McKinsey
    Claude THELOT, Conseiller maître honoraire à la Cour des comptes
    Nicole d'ANGLEJAN, Directrice des politiques et ressources éducatives d'Apprentis
    d'Auteuil et Madame Priscille GARET, Chargée de mission.
    Jean-François CHEMAIN, Enseignant l’histoire en ZEP en banlieue lyonnaise, auteur de
    Kiffe la France




5
Introduction



       Les socialistes n’ont pas de mots assez durs pour qualifier « la casse » de notre
système scolaire sur les 5 dernières années… Peut-on raisonnablement penser qu’il y
aurait d’un côté ceux qui aiment l’école et de l’autre ceux qui ne l’aimeraient pas ? Les
députés du Groupe UMP qui ont souhaité travailler pendant plusieurs mois sur le sujet
de la réforme de d’école s’insurgent devant cette vision manichéenne et souhaitent
réaffirmer leur profond attachement à l’école de notre République et la confiance qu’ils
portent à tous les enseignants qui la font vivre.

      Qu’en est-il vraiment ? Nous avons des moyens statistiques fiables et des
comparaisons internationales claires qui nous permettent de sortir du misérabilisme
ambiant sur ce sujet pour dresser un diagnostic plus nuancé sur l’état de notre école.

      Qu’en est-il vraiment ? Nous avons des moyens statistiques fiables et des
comparaisons internationales claires qui nous permettent de sortir du misérabilisme
ambiant sur ce sujet pour dresser un diagnostic plus nuancé.

        La France est 22ème sur 65 en 2009 dans le classement PISA (étude de l’OCDE
sur le système éducatif de 65 pays.) : notre pays fait partie d’un peloton, dans lequel de
nombreux pays sont au coude à coude. 20 pays se retrouvent entre 481 points
(Espagne) et 508 (Pays Bas). Notre système scolaire est bon : il a des défauts et nous ne
pouvons pas nous en contenter, mais l’enjeu est de progresser d’un système qui a des
atouts vers l’excellence d’un système qui donne sa chance à chaque enfant.

        En 2012, 85 % d’une génération a, pour la première fois, atteint le niveau du
baccalauréat et le taux d’accès au diplôme vient d’atteindre un record historique avec
77,5 % de bacheliers dans une génération, une progression qui doit beaucoup à la forte
hausse du taux d’accès au baccalauréat professionnel, conséquence de l’achèvement de
la réforme de cette voie.

      Après la mise en place de l’école obligatoire par Jules Ferry, nous avons achevé la
seconde phase de la massification de l’enseignement, il s’agit maintenant de réussir

6
l’ambition d’une phase de l’école républicaine, celle d’une performance accrue du
système éducatif français qui résidera dans une personnalisation de l’enseignement.

        En effet, sous l’action conjuguée de la massification scolaire indifférenciée,
notamment autour du collège unique, du déclin des valeurs traditionnelles et de
difficultés d’intégration, le public accueilli par l’école s’est métamorphosé, sans que
notre système éducatif n’évolue en conséquence. Le résultat, c’est que dans de
nombreuses classes de France, il est devenu difficile tout simplement de « faire cours »
et qu’un pourcentage d’élèves, qui semble incompressible depuis de trop nombreuses
années, décroche et quitte notre système scolaire sans aucune qualification.

        Le Groupe UMP souhaite prendre toute sa place dans le débat autour de la future
loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République, c’est
la raison pour laquelle un Groupe de travail a été créé, autour de MM Xavier Breton,
Jean-Frédéric Poisson et Frédéric Reiss, composé d’une trentaine de Députés, qui ont
auditionné de nombreuses personnalités sur le thème de la réforme de l’école.

   A la suite de ces nombreuses auditions, ils proposent ici une analyse du projet de loi
rédigé par Vincent Peillon et livrent leur vision pour une rénovation de l’école. Il semble
tout d’abord que l’on peut distinguer trois principales faiblesses dans notre système. Il
va falloir les corriger car notre pays ne peut se contenter des résultats moyens qu’il
obtient dans les comparaisons internationales : il en va de l’avenir de notre jeunesse.


    1. En premier lieu, le fait que le nombre d’élèves en très grande difficulté et en
       difficulté stagne sans que l’on parvienne à le faire baisser, et l’importance d’un
       fort déterminisme social dans la réussite des élèves. Un écart se creuse entre
       les élèves « très performants » et ceux en très grande difficulté, et la France ne
       parvient plus à corriger les inégalités de départ. La problématique du décrochage
       scolaire est telle que 15% des élèves sont en grande difficulté pour l’assimilation
       des savoirs fondamentaux et on sait qu’environ 10% des établissements
       concentrent les difficultés alors qu’en 2011, 12% des jeunes âgés de 18 à 24 ans
       ont quitté le système scolaire sans diplôme ou seulement avec le Brevet des
       collèges.


    2. Les acteurs de l’école sont déboussolés. « On a trop chargé la barque » nous a
       dit le représentant d’un syndicat d’enseignant, comme si on avait chargé l’école
       de pallier tous les manquements de la société et des familles. La médiatrice de
       l’éducation fait le même constat : les gens attendent tellement tout de l’école qu’à
       la moindre contrariété, ils se mettent en situation de la rejeter violemment. Il est
       paradoxal de constater comme nous l’ont dit plusieurs intervenants, que, depuis
       que l’on assigne de plus en plus un rôle et des objectifs socio-politiques à l’école

7
notamment en matière de réduction des inégalités, cette dernière est de plus en
       plus inégalitaire puisque un enfant d’ouvrier a par exemple aujourd’hui 20 fois
       moins de chance d’intégrer polytechnique qu’avant 1968.


    3. Le système est trop centralisateur et il a tendance à étouffer les initiatives. En
       outre, il ne sait pas prendre en compte la diversité des aspirations et des
       aptitudes des élèves et de leurs familles. Enfin, une nécessaire autonomie des
       établissements peine à s’imposer dans le paysage. On ne fait pas assez confiance
       aux professeurs, alors même que l’on sait que l’ « effet-maître » est primordial
       dans les performances des élèves et les chefs d’établissements n’ont pas les
       moyens de mettre les meilleurs professeurs devant les élèves les plus en
       difficulté.


    F. Hollande et V. Peillon nous annoncent « une refondation » ce qui devrait se
traduire si l’on en croit le dictionnaire, par « une reconstruction des bases et des valeurs
nouvelles » : rien de tout cela dans le projet de loi tel qu’il est rédigé. Comme le dit
Natacha Polony dans le Figaro du 12 octobre dernier: « Trois mois de concertation, des
centaines de personnes réunies à la Sorbonne, des débats dans toute la France, et le
résultat est tombé par la voix du président lui-même : plus de devoirs à la maison, plus de
redoublements, plus de notes. Et pour ne rien gâcher, retour des IUFM et de l'Institut
national de la recherche pédagogique, qui ont fait « tant de bien » aux professeurs, et
recréation de l'Institut national des programmes, qui a produit des usines à gaz pétries
d'idéologie constructiviste. Non, vous n'êtes pas en 1990, mais bien en 2012. » Les grands
principes fondateurs de notre système ne sont pas remis en cause, en revanche un
certain nombre d’annonces faites par le ministre de l’éducation nationale nous
inquiètent.

    Il est urgent de rendre l’école aux Français, cette dernière doit redevenir cette
institution qui rassemble les jeunes Français autour des mêmes repères intellectuels et
culturels. Alors que le sentiment d’une école à deux vitesses s’impose de plus en plus
dans les esprits, il faut prendre acte de l’échec des excès de certains courants
pédagogistes et réfléchir à la notion d’une juste égalité devant le système scolaire pour
en tirer toutes les conséquences organisationnelles




8
SYNTHESE DES PROPOSITIONS



Reconnaître et réaffirmer dans la loi que les parents sont les premiers éducateurs de
leurs enfants et leur redonner toute leur place au sein de l’école.




Mettre en place une formation initiale en alternance avec un véritable coaching des
jeunes enseignants par des enseignants expérimentés (pour qui ce tutorat pourrait
constituer une perspective d’évolution de carrière) et dont les résultats sont reconnus et
instaurer une formation continue régulière tout au long de la carrière des enseignants.


Poursuivre la revalorisation du statut des enseignants qui passe par la poursuite de la
revalorisation salariale, commencée sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy et réfléchir à
une réforme du statut des enseignants, notamment pour mieux y intégrer la
reconnaissance du travail de suivi des élèves.



Aller plus loin dans l’autonomie donnée aux établissements : un vrai statut de directeur
d’école doit permette de mettre en œuvre un projet d’établissement et une véritable
gestion des ressources éducatives. Les enseignants qui choisissent d’enseigner au sein de
l’établissement doivent adhérer au projet éducatif d’établissement.



L’évaluation du système éducatif est essentielle et elle doit être indépendante : il faut
revoir le rôle de l’inspection et séparer les fonctions de conseil et de contrôle que l’on
donnerait à un organisme indépendant qui pourrait mesurer les performances des élèves
et non les méthodes utilisées. 100% des élèves doivent savoir lire à l’issue du CE1




La liste de toutes les pr opositions détaillées tout au long du r appor t découle de ces 5 axes qui
sont appar us essentiels pour qui souhaite r éfor mer avec succès notr e système scolair e.


9
I. Quelle mission pour l’école ?


    L’enjeu de ce chapitre est de proposer une vision politique de l’école. Comme l’écrit
Vincent Peillon dans son Rapport pour la refondation de l’école, « la définition de l’école à
la française ne relève pas de l’évidence. C’est même un projet politique qui continue à
être singulier au regard des expériences étrangères. » La réflexion sur la finalité de
l’école constitue en effet le préalable inconditionnel à toute réforme.

    Quelles sont les principes idéologiques et anthropologiques qui sous-tendent le
projet du gouvernement ? Quels peuvent être les grands principes proposés par
l’opposition pour peser sur cette « refondation » ?



       A. Inventaire des principes idéologiques qui sous-tendent le
          projet socialiste en matière d’éducation


1/ L’égalité comme refus des différences

  « Atteindre l’égalité, objectif historiquement au cœur du projet politique scolaire
                                          républicain »
                  (Rapport de la concertation sur la refondation de l’école, page 23)

       L’école est vue par la gauche comme étant prioritairement le lieu du
rétablissement de l’égalité des chances. L’enjeu de transformisme social tend ainsi à
devenir supérieur à l’enjeu de la transmission des savoirs.

10
Or, tout le projet des socialistes repose sur une fausse conception de l'égalité,
selon laquelle toute différence est une discrimination à éradiquer.

   Au nom de cette conception viciée de l’égalité, on refuse de prendre en compte la
diversité des enfants, de leurs aptitudes et aspirations :

       Refus de filialisation,
       Suppression de l’apprentissage à 14 ans,
       Affirmation quasi dogmatique du collège unique,
       Maintien de la classe hétérogène (malgré la préconisation par le rapport lui-
       même de la mise en place de petits groupes de travail pour lutter plus
       efficacement contre la difficulté scolaire).

    Il est assez curieux de constater que depuis que l’école s’est assigné pour mission
prioritaire la réduction des inégalités, le système scolaire est devenu de plus en plus
inégalitaire.

    Il convient donc de réinterroger cette notion d’égalité. Les disparités et les
différences sont-elles un problème en tant que telles ? Quel niveau d’inégalité et de
différence sommes-nous prêts à accepter ? Comment restaurer une différence
créatrice et proposer aux enfants des filières adaptées à leurs besoins ?



2/ La liberté conçue comme un déracinement

          « Arracher l'élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social,
                                        intellectuel »
             (Entretien de Vincent Peillon avec le journal du dimanche, 1er septembre 2012)

    L’instauration d’une morale laïque est la mesure emblématique de Vincent Peillon,
elle correspond à sa vision de l’école, ainsi qu’il l’a développée dans ses ouvrages ( La
Révolution française n’est pas terminée, ou encore Une religion pour la République : la foi
laïque de Ferdinand Buisson). L’Ecole est pour lui l’instrument pour transformer la
société en éradiquant toute forme de dogme. Elle est le meilleur moyen d’arracher les
enfants à leurs déterminismes, sociaux, culturels, familiaux.

    Cette volonté d’arracher l’élève correspond à une vision erronée de la liberté. La
liberté n’est pas le refus de tout attachement mais le choix d’un meilleur enracinement.
Cette volonté d’éloigner le plus possible les enfants de leurs groupes d’appartenances,
permet certes de les soustraire à des oppressions bien connues. Mais elles les
remplacent par d’autres appartenances, en apparences neutres, mais qui s'avèrent peut-
être plus oppressives, quoique à l'insu de tous.




11
3/ L’école au service de la transformation de la société

                    « Refonder l’école pour refonder la République »
                  (Rapport de la concertation sur la refondation de l’école, page 23)

       Avec la lutte contre les stéréotypes, l’instauration d’une morale laïque, ou encore
l’éducation sexuelle dès le plus jeune âge, et plus globalement la priorité donnée aux
objectifs socio-politiques (formation citoyenne, lutte contre les inégalités), Vincent
Peillon fait primer l’éducation sur l’instruction, l’idéologie sur la neutralité.

       Il est urgent de dépolitiser l’école et de la recentrer sur son rôle primordial
d’instruction et de transmission des connaissances. D’autant que cette
instrumentalisation politique de l’école est incompatible avec les prérogatives des
parents qui sont les premiers éducateurs et les premiers responsables de l’éducation de
leurs enfants.


4/ L’élève constructeur du savoir

          « Mettre l’enfant au centre du système éducatif » (Célestin Freinet)

       Si l'Éducation nationale persiste à choisir des méthodes « qui ne marchent pas » -
comme la méthode semi-globale pour l’apprentissage de la lecture - c’est parce qu’elle
n’a toujours pas fait le deuil des idéologies et plus précisément de l’anthropologie qui les
sous-tendent.

         En faisant le choix des méthodes constructivistes, tout le système part de l’enfant,
plutôt que de s’appuyer sur la relation entre le professeur et l’élève. Or un enfant ne peut
pas construire lui-même son propre savoir. Pour devenir libre, il faut d’abord ne pas
l’être : l’enfant doit d’abord accepter l’héritage avant de le transformer ; il doit maîtriser
le code avant de l’interpréter. La transmission suppose une inégalité de départ entre
l’élève et le maître, sans quoi elle n’a plus de raison d’être.



       B. Les principes qui devraient fonder une rénovation de notre
          école.


1/ Revenir à la vocation première de l’école

       Il ne pourra y avoir de réforme cohérente de l’école sans une clarification
préalable des finalités actuelles. L’école est aujourd’hui débordée par de multiples
tâches : préparation à la vie professionnelle, formation citoyenne, activités
parascolaires, éducation affective et sexuelle, etc…

12
Face à ces injonctions contradictoires que l’école ne sait et ne peut gérer, il est
plus que jamais nécessaire de rappeler la vocation première de l’école qui est la
transmission ordonnée du savoir en vue de former l’intelligence et de préparer
les élèves à l’usage de leur liberté dans la société.

       En cela, la notion de socle commun de connaissances et de compétences
introduite par la loi Fillon de 2005 qui désigne un ensemble de connaissances et de
compétences que les élèves doivent maîtriser à l'issue de la scolarité obligatoire pour
poursuivre leur formation, construire leur avenir professionnel et réussir leur vie en
société est une innovation majeure.


2/ Restaurer la relation parent-enfant-enseignant

      On oublie trop souvent que les parents sont les premiers éducateurs de leurs
enfants. Ce principe figure dans tous les textes de droits nationaux ou internationaux.

        Réaffirmer ce principe suppose en premier lieu que l’école n’empiète pas sur le
droit des parents. En matière d’éducation à la sexualité par exemple, qui touche aux
convictions les plus intimes, l’intervention de l’Etat n’est pas légitime. Comme
l’expliquait en son temps Jules Ferry dans sa lettre aux instituteurs : « vous êtes
l’auxiliaire et, à certains égards, le suppléant du père de famille [...]. Au moment de
proposer aux élèves un précepte, une maxime quelconque, demandez-vous s’il se trouve à
votre connaissance un seul honnête homme qui puisse être froissé de ce que vous allez
dire. »

       Il s’agit également de tirer toutes les conséquences de ce principe en matière
d’organisation scolaire et de garantir aux parents le droit, reconnu par notre
Constitution, de choisir librement l’école de leurs enfants.



3/ Octroyer une vraie liberté aux acteurs et valoriser la diversité des talents des
élèves et des réalités territoriales

        Le premier défi qui se pose en matière d’organisation est de passer d’un système
hypercentralisé qui étouffe les initiatives à un système souple organisé sur le principe
de la subsidiarité. Ce qui exige d’assurer le respect de la liberté pédagogique des
professeurs et de la liberté d’initiative des directeurs d’établissement. Le rôle de la
collectivité territoriale dans l’organisation d’une offre scolaire adaptée aux territoires
doit être réaffirmé.

       Le deuxième défi est de passer d’une vision égalitariste et uniforme de la réussite
des élèves à une différence créatrice : les différences sont des richesses. Cela passe par

13
l’instauration de groupes de niveaux dans les classes ou encore la mise en place de
filières différentes mais égales adaptées aux spécificités des élèves.


4/ Faire de l’école « un sanctuaire ouvert »

   La jeune génération grandit dans un monde bouleversé en proie à des mutations
aussi rapides que profondes :

       passage de l’imprimé aux nouvelles technologies,
       dématérialisation croissante du monde,
       défi posé par l’intégration de populations immigrées,
       accès de plus en plus libre et diversifié au savoir,
       éclatement et recomposition des familles.

    C’est un fait, les élèves et la société ont changé. Méconnaître ces évolutions serait une
erreur.

    Faut-il pour autant, comme le préconise Vincent Peillon dans son rapport, « mettre
l’école en harmonie avec les mutations de fond qui touchent notre société » ? Nous ne le
pensons pas. En effet, certaines de ces mutations – comme l’accélération du temps et le
présentéisme encouragés par les nouvelles technologies de l’information, l’ultra-
sollicitation, le morcellement du savoir ou la remise en cause de l’autorité - ne sont pas
propices au développement de la pensée, et donc pas à la construction progressive de
l’autonomie des élèves.

    Il s’agit donc de trouver un juste équilibre entre le souci de prendre en compte ces
évolutions et la volonté de préserver la mission fondamentale de l’école qui est la
transmission du savoir de génération en génération. A nos yeux, l’école doit rester en
dehors des enjeux économiques, politiques, médiatiques. Elle ne doit en aucun cas céder
à la tentation utilitariste pour ne pas devenir une fabrique à employabilités. De même,
elle doit être protégée de toute l’instrumentalisation politique pour ne pas devenir une
machine à transformer la société. L’école doit rester ce lieu privilégié de l’apprentissage
du temps long, de la patience, du contact prolongé avec les œuvres, seuls moyens de
développer une pensée et d’accéder à la liberté.

    Comme nous l’a indiqué Claude Thélot, l’école ne doit pas être un reflet de la société,
ni se mettre à la remorque de l’économie. Elle doit rester un sanctuaire mais un
sanctuaire ouvert, et instaurer notamment une collaboration étroite avec les
familles.




14
La question du numérique
        La question du numérique illustre parfaitement cette question épineuse du rapport entre
école et mutations de la société.

        La technique doit être faite pour l’homme et non l’homme pour la technique. En vertu de
cette sagesse, la question du numérique doit être intégrée non pas comme une fin mais comme un
moyen, comme un support dont l’école peut apprendre aux élèves à en maîtriser les usages.

         Dans un monde de plus en plus dématérialisé, il convient de protéger l’école du « tout
numérique » et de réaffirmer la nécessaire confrontation à la matière pour l’apprentissage des
savoirs, de la patience et de l’effort, le développement des sens.

         Il est en effet scientifiquement prouvé que le texte imprimé permet un niveau de
concentration, de compréhension et de mémorisation bien supérieur à celle de l’écran. On peut
également se poser la question de la relation élèves-professeurs qui ne doit pas être détournée par
l’écran. Enfin, le numérique facilite-t-il la hiérarchisation et la structuration des connaissances ? Il est
permis d’en douter.

       Pour toutes ces raisons et en vertu du principe de précaution, l’introduction des pédagogies
numériques doit se faire de manière circonscrite et prudente.

        Dans cette perspective, le numérique peut être utilisé à profit de manière ciblée pour
personnaliser certains enseignements comme celui des langues étrangères ou bien maintenir un lien
régulier avec les parents (cahier de texte électronique) ou encore s’adresser à des publics
particuliers (les élèves handicapées ou les décrocheurs scolaires qui peuvent retrouver motivation et
confiance en eux via les nouvelles technologies).

         L’école peut aussi être le lieu de l’éducation au numérique et               comporter une
sensibilisation aux risques d’un usage non raisonné et immodéré des outils numériques. Manque de
sommeil, nervosité, ultra-sollicitation, zapping, intrusion publicitaire, risque d’addiction sont des
effets bien connus de l’abus de supports électroniques.




15
II. Redonnons à l’école les moyens d’assurer
         sa mission.

    Les comparaisons internationales qui ont pu être menées ne montrent aucune
corrélation entre l’augmentation des moyens qu’un pays consacre à l’éducation et
l’augmentation de l’efficience d’un système éducatif. Pour autant, il existe selon une
observation de l’OCDE, une corrélation certaine entre performance d’un système et
l’autonomie donnée aux établissements, pour peu que cette autonomie s’accompagne
d’une réelle évaluation (inspection portant sur le résultat et non sur la méthode, mesure
des performances des élèves effectuée par un organisme indépendant).

    Ce sont les équipes de terrain, et la transmission des bonnes pratiques qui font la
différence dans les systèmes qui obtiennent les meilleurs résultats.



     A. Redonnons toute leur place aux familles et leur autorité aux
        enseignants.


1 / Les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants

    Nous sommes persuadés que c’est en ouvrant plus largement l’école aux familles, et
particulièrement celles qui en sont le plus naturellement éloignées, que l’on aidera au
mieux les élèves à réussir.


16
Reconnaître et réaffirmer dans la loi que les parents sont les premiers éducateurs
       de leurs enfants et leur redonner toute leur place au sein de l’école. Des
       dispositifs comme « La Mallette des parents » qui proposent aux parents qui le
       souhaitent de se rencontrer en groupe afin de les aider à réinvestir le champ de
       l’école qui leur fait souvent peur doivent être favorisés.

       Prévoir une élection départementale tous les 3 ans des représentants des parents
       d’élèves



2 / L’enseignant doit retrouver toute son autorité


      L’ « effet-maître » est primordial dans la réussite des élèves et il est impératif de
redonner toute leur place et leur autorité aux enseignants. Les pays qui possèdent les
systèmes éducatifs les plus performants ont réussi à combiner les bons processus de
sélection et de formation, afin attirer les meilleurs étudiants vers le métier d’enseignant.
Ils cultivent également une image prestigieuse du métier d’enseignant auxquels ils
offrent, en début de carrière, des rémunérations compétitives.

       Sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, la moitié des économies réalisées par le
       non-renouvellement d’un fonctionnaire sur deux ont été réaffectées à
       l’augmentation du salaire des jeunes professeurs qui a atteint, l’année dernière,
       2000€ brut par an. Il convient de continuer dans cette voie. La nouvelle majorité
       se lie les mains en embauchant 60 000 enseignants supplémentaires, alors que
       les crédits qui sont consacrés à ces nouvelles embauches devraient plutôt servir à
       améliorer la condition des enseignants, notamment des professeurs des écoles.

       Prévoir un concours qui permette de déceler la motivation et les « vocations »,
       mieux vaut un jeune motivé qui va se former plutôt qu’un étudiant qui finit par
       choisir cette voie par défaut, un pré-recrutement doit pouvoir être mis en œuvre,
       même s’il ne doit pas forcement être le seul moyen d’accès au métier

       Mettre en place une formation initiale en alternance avec un véritable coaching
       des jeunes enseignants par des enseignants expérimentés (pour qui ce tutorat
       pourrait constituer une perspective d’évolution de carrière) et dont les résultats
       sont reconnus et instaurer une formation continue régulière tout au long de la
       carrière des enseignants

       Favoriser la recherche sur l’éducation afin de diffuser les bonnes pratiques
       (cognisciences, économie de l’éducation, etc.), cette voie pouvant constituer une
       perspective de carrière pour les professeurs expérimentés. Le Haut conseil de
       l’Education rappelle d’ailleurs qu’il est important d’assurer un lien étroit entre

17
recherche, expérimentation et formation initiale et continue des enseignants et
       cela au sein des universités.

       Les enseignants doivent avoir les mêmes droits qu’ils exercent à l’école publique
       ou dans le privé sous contrat.



3/ Mieux prendre en compte les réalités territoriales


       Créer des regroupements scolaires. La taille critique nécessaire au bon
       fonctionnement de l’école primaire ne peut être éludée. La qualité de
       l’enseignement, si elle résulte avant toute chose de celle du geste pédagogique,
       dépend pour une grande part de l’organisation de l’action collective et de ses
       conditions d’exercice. Le regroupement scolaire serait à créer par convention
       entre l’autorité académique et la (ou les) commune (s) ou intercommunalité (s)
       concernée (s) après avis du conseil académique de l’Éducation nationale. Le motif
       principal du regroupement a vocation à être pédagogique, l’objectif suprême
       restant l’amélioration des apprentissages. Un décret donnerait une définition des
       regroupements scolaires et surtout conditionnerait leur existence à la volonté de
       mettre en œuvre un projet éducatif commun : pas de projet, pas de
       regroupement.


       Gérer la problématique des rythmes scolaires au niveau local, notamment autour
       d’une contractualisation.



     B. Libérons les initiatives


      C’est la mise en œuvre du principe de subsidiarité qui permettra de redonner toute
leur place aux enseignants : ils sont les mieux à même d’adapter leur pédagogie aux
réalités qu’ils rencontrent. Il faut donc aller plus loin dans la nécessaire autonomie à
donner aux établissements autour d’un chef d’établissement avec un vrai statut.



1 / Poursuivre sur la voie de l’autonomie donnée aux établissements

       Création d’un projet éducatif d’établissement signé par les parents, les
       professeurs, les élèves et les représentants des collectivités territoriales.




18
Donner un vrai statut au directeur d’école, qui lui permette de mettre en œuvre le
       projet d’établissement et une véritable gestion des ressources éducatives. Les
       enseignants qui choisissent d’enseigner au sein de l’établissement doivent
       adhérer au projet éducatif d’établissement.



2 / L’évaluation est le corollaire indispensable de l’autonomie

     Cette autonomie n’est constructive et n’assure une réelle égalité de tous devant le
service public de l’enseignement que si elle est évaluée et contrôlée.

       Revoir le rôle de l’inspection : séparer les fonctions de conseil et de contrôle que
       l’on donnerait à un organisme indépendant qui pourrait mesurer les
       performances des élèves. 100% des élèves doivent savoir lire à l’issue du CE1.

       Pour donner corps au principe de la liberté pédagogique inscrit dans la loi d’avril
       2005, l’inspection devrait porter d’abord sur le résultat et sur les méthodes
       seulement en second.

       Assouplir encore la carte scolaire afin de permettre aux parents de choisir
       l’établissement dans lequel ils souhaitent inscrire leur enfant.



     C. Deux priorités d’action

      Deux priorités se font jour et nous avons la conviction avec beaucoup d’experts,
qu’il est possible d’avancer, à moyens constants.



1 / La lutte contre l’échec et le décrochage scolaire

     Les moyens doivent être concentrés sur les élèves qui sont en difficulté, tous les
élèves doivent savoir lire, écrire et compter à l’issue du CE1 et, ce qui en est bien
souvent la conséquence, aucun jeune ne doit sortir du système scolaire sans aucune
qualification.

     Il existe un consensus sur la priorité qui doit être donnée à l’école primaire et
l’acquisition des fondamentaux autour d’un socle commun simplifié.

       Recentrer le socle commun de connaissances sur les fondamentaux. L’acquisition
       du socle doit être évaluée, comme le rappelle le Haut Conseil de l’Education dans
       son avis sur le Projet de loi.



19
Diffuser les méthodes qui marchent : le programme P.A.R.L.E.R. mis en place dans
       les ZEP à Grenoble donne d’excellents résultats. Comme le détaille l’Institut
       Montaigne, ce programme montre que les recherches donnent toujours les
       mêmes résultats sur :

           o les compétences à travailler de façon prioritaire : la phonologie, le code
              alphabétique et la compréhension des textes ;

           o la façon de travailler la plus performante : une approche structurée et le
              travail en petits groupes de niveaux homogènes.

       Créer des « jardins d’éveil » adaptés pour les enfants de moins de 3 ans en
       particulier dans les zones les plus défavorisées. La scolarisation précoce n’est pas
       une solution, ses bienfaits sont sujets à polémique chez les professionnels de
       l’enfance.

       Concernant l’absentéisme scolaire, remettre en place un dispositif qui permette
       de responsabiliser les parents. En effet, l’absentéisme est souvent le premier pas
       vers le décrochage scolaire. La loi Ciotti avait créé un dispositif gradué et
       proportionné pour alerter, accompagner, et le cas échéant, sanctionner par la
       suspension des allocations familiales, les parents dont les enfants auraient été
       absents à l’école de manière répétée et non justifiée.

       Pour les décrocheurs scolaires : mettre en place dans les classes un binôme
       composé d’un maître et d’un éducateur. L’expérience menée par la Fondation
       d’Auteuil, a montré que pour les élèves présentant des difficultés d’apprentissage
       liées à une précarité sociale, il était nécessaire de doubler la compétence : l’une
       scolaire/ enseignante, l’autre éducative. La présence de l’éducateur permet
       notamment d’instaurer des travaux en petits groupes et permettre au reste de la
       classe d’avancer.



2 / Pour une école toujours plus inclusive


      Depuis la loi de 2005, beaucoup a été fait pour favoriser l’accueil des élèves en
situation de handicap. Jamais un gouvernement n’avait fait autant que le précédent
Gouvernement, en faveur des enfants handicapés : en 2012, 214 000 enfants handicapés
étaient accueillis à l’école, soit 60% de plus qu’en 2005.

     La qualité de l’accompagnement de ces enfants s’est améliorée, avec des personnels
plus qualifiés, et mieux considérés. Cela s’est accompagné d’un mouvement de
réintégration du traitement de la difficulté, voire de la très grande difficulté au sein des
classes par les enseignants. En effet, l’action des RASED a été réinvestie spécifiquement
pour intervenir sur les plus graves difficultés d'apprentissage comportementales et

20
psychologiques des élèves et répondre aux situations que les professeurs des écoles ne
pouvaient pas gérer dans le cadre des dispositifs d'aide personnalisée.

      Il faut continuer à toujours mieux articuler l’aide personnalisée et l’aide spécialisée,
en focalisant l’aide spécialisée sur les difficultés graves et persistantes et de maintenir
une école inclusive sans surcharger les interventions extérieures. L’aide personnalisée
mise en place en 2008 a permis aux enseignants affectés dans les classes de traiter eux-
mêmes, en prolongement de la classe, un certain nombre de difficultés d’apprentissage
qu’ils ne pouvaient auparavant prendre en charge efficacement, et ceci à raison de 2h
par semaine.

       Maintenir une aide personnalisée prise en charge par les enseignants en petits
       groupes, à raison de 2 heures par semaine.

       Réfléchir à une solution pérenne pour les Auxiliaires de Vie Scolaire (AVS)

       La formation initiale des enseignants doit intégrer la question du handicap

       Mettre en place dans chaque rectorat, un professionnel référent qui puisse
       répondre aux enseignants accueillant dans leur classe, un enfant handicapé.




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De l'oxygène pour l'école 26 02 2013

  • 1. De l’Oxygène pour l’école RAPPORT SUR L’ECOLE DU GROUPE DE TRAVAIL DU GROUPE UMP Animé par Xavier Breton, Jean-Frédéric Poisson et Frédéric Reiss 1
  • 2. Sommaire I. Quelle mission pour l’école ? A. Inventaire des principes idéologiques qui sous-tendent le projet socialiste en matière d’éducation 1/ L’égalité comme refus des différences 2/ La liberté conçue comme un déracinement 3/ L’école au service de la transformation de la société 4/ L’élève constructeur du savoir B. Les principes qui devraient fonder une rénovation de notre école. 1/ Revenir à la vocation première de l’école. 2/ Restaurer la relation parent-enfant-enseignant 3/ Octroyer une vraie liberté aux acteurs et valoriser la diversité des talents des élèves et des réalités territoriales 4/ Faire de l’école « un sanctuaire ouvert » II. Redonnons à l’école les moyens d’assurer sa mission. A. Redonnons toute leur place aux familles et leur autorité aux enseignants. 1 / Les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants 2 / L’enseignant doit retrouver toute son autorité 3/ Mieux prendre en compte les réalités territoriales B. Libérons les initiatives 1 / Poursuivre sur la voie de l’autonomie donnée aux établissements 2 / L’évaluation est le corollaire indispensable de l’autonomie C. Deux priorités d’action 1 / La lutte contre l’échec et le décrochage scolaire 2 / Pour une école toujours plus inclusive 2
  • 3. Groupe de travail sur l’école animé par Xavier BRETON, Jean-Frédéric POISSON et Frédéric REISS Députés membres Benoist APPARU Patrick HETZEL Julien AUBERT Valérie LACROUTE Jean-Pierre BARBIER Jacques LAMBLIN Xavier BRETON Bruno LE MAIRE Jean-Michel COUVE Philippe LE RAY Gérald DARMANIN Céleste LETT Olivier DASSAULT Lionel LUCA Claude de GANAY Alain MARC Jean-Pierre DECOOL Laurent MARCANGELI Virginie DUBY MULLER Patrice MARTIN-LALANDE Daniel FASQUELLE Dominique NACHURY Annie GENEVARD Bernard PERRUT Guy GEOFFROY Jean-Frédéric POISSON Claude GOASGUEN Frédéric REISS Philippe GOSSELIN André SCHNEIDER Claude GREFF Jean-Marie SERMIER Michel HEINRICH Jean-Sébastien VIALATTE 3
  • 4. Personnalités auditionnées par le Groupe de travail. Monsieur Luc CHATEL, ancien Ministre de l’Education nationale. Monsieur Frédéric GUILLAUD, essayiste, ancien directeur des études de l’UMP Madame Anne COFFINIER, Directrice générale de la Fondation pour l’école. Monsieur Laurent BIGORGNE, Directeur de l’Institut Montaigne Monsieur Alain REI, Président du Groupement de défense des idées des directeurs (GDID) Madame Monique SASSIER, Médiatrice de l’Education nationale. Monsieur Eric CHARBONNIER, analyste de l'OCDE sur les questions d'éducation Des représentants des parents d’élèves : o Mme Pascale de LAUZUN, Membre du Conseil national de l’APEL et Monsieur Christophe ABRAHAM, Délégué national de l’ APEL. o Monsieur Jean-Jacques HAZAN, Président de la FCPE (Fédération des Conseils de Parents d’Elèves des écoles publiques) et Mme Cécile BLANCHARD, Chargée de Mission o Madame Valérie MARTY, Présidente de la Fédération des Parents d'Elèves de l'Enseignement Public (PEEP) et Madame Myriam MENEZ, Secrétaire générale de la Fédération. o Mme Hélène LE MEUR, Responsable du Département « Droit des personnes handicapées » de l’UNAPEI Un représentant de l’ANDEV (Association Nationale des Directeurs Education des Villes), Monsieur Benoît MAQUEDA (Directeur du pôle éducation et petite enfance de la Mairie de Rosny-sous-Bois) 4
  • 5. Tables rondes syndicats avec des représentants de • la FSU : Madame Valérie SIPAHIMALANI, Monsieur Michel FOUQUET, Monsieur Daniel LABAQUERE, Monsieur Pierre GARNIER (SNES, SNEP et SNUipp) • la FAEN : Monsieur Jean-Denis MERLE, SNCL et Madame Céline VIVIER (SNEP) • Monsieur Frédéric SÈVE, Secrétaire général et Madame Chantal DEMONQUE, Secrétaire nationale (Sgen-CFDT) • Monsieur Denis Adam, secrétaire fédéral à l’éducation et Madame Claire KREPPER, secrétaire nationale « Education » du SE-UNSA. • CSEN : Monsieur Pierre FAVRE, SNE-FGAF (premier degré), Monsieur J.C. HALTER Marie-Jeanne PHILIPPE, ancien Recteur de Lille Eric LABAYE, Directeur associé chez McKinsey Claude THELOT, Conseiller maître honoraire à la Cour des comptes Nicole d'ANGLEJAN, Directrice des politiques et ressources éducatives d'Apprentis d'Auteuil et Madame Priscille GARET, Chargée de mission. Jean-François CHEMAIN, Enseignant l’histoire en ZEP en banlieue lyonnaise, auteur de Kiffe la France 5
  • 6. Introduction Les socialistes n’ont pas de mots assez durs pour qualifier « la casse » de notre système scolaire sur les 5 dernières années… Peut-on raisonnablement penser qu’il y aurait d’un côté ceux qui aiment l’école et de l’autre ceux qui ne l’aimeraient pas ? Les députés du Groupe UMP qui ont souhaité travailler pendant plusieurs mois sur le sujet de la réforme de d’école s’insurgent devant cette vision manichéenne et souhaitent réaffirmer leur profond attachement à l’école de notre République et la confiance qu’ils portent à tous les enseignants qui la font vivre. Qu’en est-il vraiment ? Nous avons des moyens statistiques fiables et des comparaisons internationales claires qui nous permettent de sortir du misérabilisme ambiant sur ce sujet pour dresser un diagnostic plus nuancé sur l’état de notre école. Qu’en est-il vraiment ? Nous avons des moyens statistiques fiables et des comparaisons internationales claires qui nous permettent de sortir du misérabilisme ambiant sur ce sujet pour dresser un diagnostic plus nuancé. La France est 22ème sur 65 en 2009 dans le classement PISA (étude de l’OCDE sur le système éducatif de 65 pays.) : notre pays fait partie d’un peloton, dans lequel de nombreux pays sont au coude à coude. 20 pays se retrouvent entre 481 points (Espagne) et 508 (Pays Bas). Notre système scolaire est bon : il a des défauts et nous ne pouvons pas nous en contenter, mais l’enjeu est de progresser d’un système qui a des atouts vers l’excellence d’un système qui donne sa chance à chaque enfant. En 2012, 85 % d’une génération a, pour la première fois, atteint le niveau du baccalauréat et le taux d’accès au diplôme vient d’atteindre un record historique avec 77,5 % de bacheliers dans une génération, une progression qui doit beaucoup à la forte hausse du taux d’accès au baccalauréat professionnel, conséquence de l’achèvement de la réforme de cette voie. Après la mise en place de l’école obligatoire par Jules Ferry, nous avons achevé la seconde phase de la massification de l’enseignement, il s’agit maintenant de réussir 6
  • 7. l’ambition d’une phase de l’école républicaine, celle d’une performance accrue du système éducatif français qui résidera dans une personnalisation de l’enseignement. En effet, sous l’action conjuguée de la massification scolaire indifférenciée, notamment autour du collège unique, du déclin des valeurs traditionnelles et de difficultés d’intégration, le public accueilli par l’école s’est métamorphosé, sans que notre système éducatif n’évolue en conséquence. Le résultat, c’est que dans de nombreuses classes de France, il est devenu difficile tout simplement de « faire cours » et qu’un pourcentage d’élèves, qui semble incompressible depuis de trop nombreuses années, décroche et quitte notre système scolaire sans aucune qualification. Le Groupe UMP souhaite prendre toute sa place dans le débat autour de la future loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République, c’est la raison pour laquelle un Groupe de travail a été créé, autour de MM Xavier Breton, Jean-Frédéric Poisson et Frédéric Reiss, composé d’une trentaine de Députés, qui ont auditionné de nombreuses personnalités sur le thème de la réforme de l’école. A la suite de ces nombreuses auditions, ils proposent ici une analyse du projet de loi rédigé par Vincent Peillon et livrent leur vision pour une rénovation de l’école. Il semble tout d’abord que l’on peut distinguer trois principales faiblesses dans notre système. Il va falloir les corriger car notre pays ne peut se contenter des résultats moyens qu’il obtient dans les comparaisons internationales : il en va de l’avenir de notre jeunesse. 1. En premier lieu, le fait que le nombre d’élèves en très grande difficulté et en difficulté stagne sans que l’on parvienne à le faire baisser, et l’importance d’un fort déterminisme social dans la réussite des élèves. Un écart se creuse entre les élèves « très performants » et ceux en très grande difficulté, et la France ne parvient plus à corriger les inégalités de départ. La problématique du décrochage scolaire est telle que 15% des élèves sont en grande difficulté pour l’assimilation des savoirs fondamentaux et on sait qu’environ 10% des établissements concentrent les difficultés alors qu’en 2011, 12% des jeunes âgés de 18 à 24 ans ont quitté le système scolaire sans diplôme ou seulement avec le Brevet des collèges. 2. Les acteurs de l’école sont déboussolés. « On a trop chargé la barque » nous a dit le représentant d’un syndicat d’enseignant, comme si on avait chargé l’école de pallier tous les manquements de la société et des familles. La médiatrice de l’éducation fait le même constat : les gens attendent tellement tout de l’école qu’à la moindre contrariété, ils se mettent en situation de la rejeter violemment. Il est paradoxal de constater comme nous l’ont dit plusieurs intervenants, que, depuis que l’on assigne de plus en plus un rôle et des objectifs socio-politiques à l’école 7
  • 8. notamment en matière de réduction des inégalités, cette dernière est de plus en plus inégalitaire puisque un enfant d’ouvrier a par exemple aujourd’hui 20 fois moins de chance d’intégrer polytechnique qu’avant 1968. 3. Le système est trop centralisateur et il a tendance à étouffer les initiatives. En outre, il ne sait pas prendre en compte la diversité des aspirations et des aptitudes des élèves et de leurs familles. Enfin, une nécessaire autonomie des établissements peine à s’imposer dans le paysage. On ne fait pas assez confiance aux professeurs, alors même que l’on sait que l’ « effet-maître » est primordial dans les performances des élèves et les chefs d’établissements n’ont pas les moyens de mettre les meilleurs professeurs devant les élèves les plus en difficulté. F. Hollande et V. Peillon nous annoncent « une refondation » ce qui devrait se traduire si l’on en croit le dictionnaire, par « une reconstruction des bases et des valeurs nouvelles » : rien de tout cela dans le projet de loi tel qu’il est rédigé. Comme le dit Natacha Polony dans le Figaro du 12 octobre dernier: « Trois mois de concertation, des centaines de personnes réunies à la Sorbonne, des débats dans toute la France, et le résultat est tombé par la voix du président lui-même : plus de devoirs à la maison, plus de redoublements, plus de notes. Et pour ne rien gâcher, retour des IUFM et de l'Institut national de la recherche pédagogique, qui ont fait « tant de bien » aux professeurs, et recréation de l'Institut national des programmes, qui a produit des usines à gaz pétries d'idéologie constructiviste. Non, vous n'êtes pas en 1990, mais bien en 2012. » Les grands principes fondateurs de notre système ne sont pas remis en cause, en revanche un certain nombre d’annonces faites par le ministre de l’éducation nationale nous inquiètent. Il est urgent de rendre l’école aux Français, cette dernière doit redevenir cette institution qui rassemble les jeunes Français autour des mêmes repères intellectuels et culturels. Alors que le sentiment d’une école à deux vitesses s’impose de plus en plus dans les esprits, il faut prendre acte de l’échec des excès de certains courants pédagogistes et réfléchir à la notion d’une juste égalité devant le système scolaire pour en tirer toutes les conséquences organisationnelles 8
  • 9. SYNTHESE DES PROPOSITIONS Reconnaître et réaffirmer dans la loi que les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants et leur redonner toute leur place au sein de l’école. Mettre en place une formation initiale en alternance avec un véritable coaching des jeunes enseignants par des enseignants expérimentés (pour qui ce tutorat pourrait constituer une perspective d’évolution de carrière) et dont les résultats sont reconnus et instaurer une formation continue régulière tout au long de la carrière des enseignants. Poursuivre la revalorisation du statut des enseignants qui passe par la poursuite de la revalorisation salariale, commencée sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy et réfléchir à une réforme du statut des enseignants, notamment pour mieux y intégrer la reconnaissance du travail de suivi des élèves. Aller plus loin dans l’autonomie donnée aux établissements : un vrai statut de directeur d’école doit permette de mettre en œuvre un projet d’établissement et une véritable gestion des ressources éducatives. Les enseignants qui choisissent d’enseigner au sein de l’établissement doivent adhérer au projet éducatif d’établissement. L’évaluation du système éducatif est essentielle et elle doit être indépendante : il faut revoir le rôle de l’inspection et séparer les fonctions de conseil et de contrôle que l’on donnerait à un organisme indépendant qui pourrait mesurer les performances des élèves et non les méthodes utilisées. 100% des élèves doivent savoir lire à l’issue du CE1 La liste de toutes les pr opositions détaillées tout au long du r appor t découle de ces 5 axes qui sont appar us essentiels pour qui souhaite r éfor mer avec succès notr e système scolair e. 9
  • 10. I. Quelle mission pour l’école ? L’enjeu de ce chapitre est de proposer une vision politique de l’école. Comme l’écrit Vincent Peillon dans son Rapport pour la refondation de l’école, « la définition de l’école à la française ne relève pas de l’évidence. C’est même un projet politique qui continue à être singulier au regard des expériences étrangères. » La réflexion sur la finalité de l’école constitue en effet le préalable inconditionnel à toute réforme. Quelles sont les principes idéologiques et anthropologiques qui sous-tendent le projet du gouvernement ? Quels peuvent être les grands principes proposés par l’opposition pour peser sur cette « refondation » ? A. Inventaire des principes idéologiques qui sous-tendent le projet socialiste en matière d’éducation 1/ L’égalité comme refus des différences « Atteindre l’égalité, objectif historiquement au cœur du projet politique scolaire républicain » (Rapport de la concertation sur la refondation de l’école, page 23) L’école est vue par la gauche comme étant prioritairement le lieu du rétablissement de l’égalité des chances. L’enjeu de transformisme social tend ainsi à devenir supérieur à l’enjeu de la transmission des savoirs. 10
  • 11. Or, tout le projet des socialistes repose sur une fausse conception de l'égalité, selon laquelle toute différence est une discrimination à éradiquer. Au nom de cette conception viciée de l’égalité, on refuse de prendre en compte la diversité des enfants, de leurs aptitudes et aspirations : Refus de filialisation, Suppression de l’apprentissage à 14 ans, Affirmation quasi dogmatique du collège unique, Maintien de la classe hétérogène (malgré la préconisation par le rapport lui- même de la mise en place de petits groupes de travail pour lutter plus efficacement contre la difficulté scolaire). Il est assez curieux de constater que depuis que l’école s’est assigné pour mission prioritaire la réduction des inégalités, le système scolaire est devenu de plus en plus inégalitaire. Il convient donc de réinterroger cette notion d’égalité. Les disparités et les différences sont-elles un problème en tant que telles ? Quel niveau d’inégalité et de différence sommes-nous prêts à accepter ? Comment restaurer une différence créatrice et proposer aux enfants des filières adaptées à leurs besoins ? 2/ La liberté conçue comme un déracinement « Arracher l'élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel » (Entretien de Vincent Peillon avec le journal du dimanche, 1er septembre 2012) L’instauration d’une morale laïque est la mesure emblématique de Vincent Peillon, elle correspond à sa vision de l’école, ainsi qu’il l’a développée dans ses ouvrages ( La Révolution française n’est pas terminée, ou encore Une religion pour la République : la foi laïque de Ferdinand Buisson). L’Ecole est pour lui l’instrument pour transformer la société en éradiquant toute forme de dogme. Elle est le meilleur moyen d’arracher les enfants à leurs déterminismes, sociaux, culturels, familiaux. Cette volonté d’arracher l’élève correspond à une vision erronée de la liberté. La liberté n’est pas le refus de tout attachement mais le choix d’un meilleur enracinement. Cette volonté d’éloigner le plus possible les enfants de leurs groupes d’appartenances, permet certes de les soustraire à des oppressions bien connues. Mais elles les remplacent par d’autres appartenances, en apparences neutres, mais qui s'avèrent peut- être plus oppressives, quoique à l'insu de tous. 11
  • 12. 3/ L’école au service de la transformation de la société « Refonder l’école pour refonder la République » (Rapport de la concertation sur la refondation de l’école, page 23) Avec la lutte contre les stéréotypes, l’instauration d’une morale laïque, ou encore l’éducation sexuelle dès le plus jeune âge, et plus globalement la priorité donnée aux objectifs socio-politiques (formation citoyenne, lutte contre les inégalités), Vincent Peillon fait primer l’éducation sur l’instruction, l’idéologie sur la neutralité. Il est urgent de dépolitiser l’école et de la recentrer sur son rôle primordial d’instruction et de transmission des connaissances. D’autant que cette instrumentalisation politique de l’école est incompatible avec les prérogatives des parents qui sont les premiers éducateurs et les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants. 4/ L’élève constructeur du savoir « Mettre l’enfant au centre du système éducatif » (Célestin Freinet) Si l'Éducation nationale persiste à choisir des méthodes « qui ne marchent pas » - comme la méthode semi-globale pour l’apprentissage de la lecture - c’est parce qu’elle n’a toujours pas fait le deuil des idéologies et plus précisément de l’anthropologie qui les sous-tendent. En faisant le choix des méthodes constructivistes, tout le système part de l’enfant, plutôt que de s’appuyer sur la relation entre le professeur et l’élève. Or un enfant ne peut pas construire lui-même son propre savoir. Pour devenir libre, il faut d’abord ne pas l’être : l’enfant doit d’abord accepter l’héritage avant de le transformer ; il doit maîtriser le code avant de l’interpréter. La transmission suppose une inégalité de départ entre l’élève et le maître, sans quoi elle n’a plus de raison d’être. B. Les principes qui devraient fonder une rénovation de notre école. 1/ Revenir à la vocation première de l’école Il ne pourra y avoir de réforme cohérente de l’école sans une clarification préalable des finalités actuelles. L’école est aujourd’hui débordée par de multiples tâches : préparation à la vie professionnelle, formation citoyenne, activités parascolaires, éducation affective et sexuelle, etc… 12
  • 13. Face à ces injonctions contradictoires que l’école ne sait et ne peut gérer, il est plus que jamais nécessaire de rappeler la vocation première de l’école qui est la transmission ordonnée du savoir en vue de former l’intelligence et de préparer les élèves à l’usage de leur liberté dans la société. En cela, la notion de socle commun de connaissances et de compétences introduite par la loi Fillon de 2005 qui désigne un ensemble de connaissances et de compétences que les élèves doivent maîtriser à l'issue de la scolarité obligatoire pour poursuivre leur formation, construire leur avenir professionnel et réussir leur vie en société est une innovation majeure. 2/ Restaurer la relation parent-enfant-enseignant On oublie trop souvent que les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants. Ce principe figure dans tous les textes de droits nationaux ou internationaux. Réaffirmer ce principe suppose en premier lieu que l’école n’empiète pas sur le droit des parents. En matière d’éducation à la sexualité par exemple, qui touche aux convictions les plus intimes, l’intervention de l’Etat n’est pas légitime. Comme l’expliquait en son temps Jules Ferry dans sa lettre aux instituteurs : « vous êtes l’auxiliaire et, à certains égards, le suppléant du père de famille [...]. Au moment de proposer aux élèves un précepte, une maxime quelconque, demandez-vous s’il se trouve à votre connaissance un seul honnête homme qui puisse être froissé de ce que vous allez dire. » Il s’agit également de tirer toutes les conséquences de ce principe en matière d’organisation scolaire et de garantir aux parents le droit, reconnu par notre Constitution, de choisir librement l’école de leurs enfants. 3/ Octroyer une vraie liberté aux acteurs et valoriser la diversité des talents des élèves et des réalités territoriales Le premier défi qui se pose en matière d’organisation est de passer d’un système hypercentralisé qui étouffe les initiatives à un système souple organisé sur le principe de la subsidiarité. Ce qui exige d’assurer le respect de la liberté pédagogique des professeurs et de la liberté d’initiative des directeurs d’établissement. Le rôle de la collectivité territoriale dans l’organisation d’une offre scolaire adaptée aux territoires doit être réaffirmé. Le deuxième défi est de passer d’une vision égalitariste et uniforme de la réussite des élèves à une différence créatrice : les différences sont des richesses. Cela passe par 13
  • 14. l’instauration de groupes de niveaux dans les classes ou encore la mise en place de filières différentes mais égales adaptées aux spécificités des élèves. 4/ Faire de l’école « un sanctuaire ouvert » La jeune génération grandit dans un monde bouleversé en proie à des mutations aussi rapides que profondes : passage de l’imprimé aux nouvelles technologies, dématérialisation croissante du monde, défi posé par l’intégration de populations immigrées, accès de plus en plus libre et diversifié au savoir, éclatement et recomposition des familles. C’est un fait, les élèves et la société ont changé. Méconnaître ces évolutions serait une erreur. Faut-il pour autant, comme le préconise Vincent Peillon dans son rapport, « mettre l’école en harmonie avec les mutations de fond qui touchent notre société » ? Nous ne le pensons pas. En effet, certaines de ces mutations – comme l’accélération du temps et le présentéisme encouragés par les nouvelles technologies de l’information, l’ultra- sollicitation, le morcellement du savoir ou la remise en cause de l’autorité - ne sont pas propices au développement de la pensée, et donc pas à la construction progressive de l’autonomie des élèves. Il s’agit donc de trouver un juste équilibre entre le souci de prendre en compte ces évolutions et la volonté de préserver la mission fondamentale de l’école qui est la transmission du savoir de génération en génération. A nos yeux, l’école doit rester en dehors des enjeux économiques, politiques, médiatiques. Elle ne doit en aucun cas céder à la tentation utilitariste pour ne pas devenir une fabrique à employabilités. De même, elle doit être protégée de toute l’instrumentalisation politique pour ne pas devenir une machine à transformer la société. L’école doit rester ce lieu privilégié de l’apprentissage du temps long, de la patience, du contact prolongé avec les œuvres, seuls moyens de développer une pensée et d’accéder à la liberté. Comme nous l’a indiqué Claude Thélot, l’école ne doit pas être un reflet de la société, ni se mettre à la remorque de l’économie. Elle doit rester un sanctuaire mais un sanctuaire ouvert, et instaurer notamment une collaboration étroite avec les familles. 14
  • 15. La question du numérique La question du numérique illustre parfaitement cette question épineuse du rapport entre école et mutations de la société. La technique doit être faite pour l’homme et non l’homme pour la technique. En vertu de cette sagesse, la question du numérique doit être intégrée non pas comme une fin mais comme un moyen, comme un support dont l’école peut apprendre aux élèves à en maîtriser les usages. Dans un monde de plus en plus dématérialisé, il convient de protéger l’école du « tout numérique » et de réaffirmer la nécessaire confrontation à la matière pour l’apprentissage des savoirs, de la patience et de l’effort, le développement des sens. Il est en effet scientifiquement prouvé que le texte imprimé permet un niveau de concentration, de compréhension et de mémorisation bien supérieur à celle de l’écran. On peut également se poser la question de la relation élèves-professeurs qui ne doit pas être détournée par l’écran. Enfin, le numérique facilite-t-il la hiérarchisation et la structuration des connaissances ? Il est permis d’en douter. Pour toutes ces raisons et en vertu du principe de précaution, l’introduction des pédagogies numériques doit se faire de manière circonscrite et prudente. Dans cette perspective, le numérique peut être utilisé à profit de manière ciblée pour personnaliser certains enseignements comme celui des langues étrangères ou bien maintenir un lien régulier avec les parents (cahier de texte électronique) ou encore s’adresser à des publics particuliers (les élèves handicapées ou les décrocheurs scolaires qui peuvent retrouver motivation et confiance en eux via les nouvelles technologies). L’école peut aussi être le lieu de l’éducation au numérique et comporter une sensibilisation aux risques d’un usage non raisonné et immodéré des outils numériques. Manque de sommeil, nervosité, ultra-sollicitation, zapping, intrusion publicitaire, risque d’addiction sont des effets bien connus de l’abus de supports électroniques. 15
  • 16. II. Redonnons à l’école les moyens d’assurer sa mission. Les comparaisons internationales qui ont pu être menées ne montrent aucune corrélation entre l’augmentation des moyens qu’un pays consacre à l’éducation et l’augmentation de l’efficience d’un système éducatif. Pour autant, il existe selon une observation de l’OCDE, une corrélation certaine entre performance d’un système et l’autonomie donnée aux établissements, pour peu que cette autonomie s’accompagne d’une réelle évaluation (inspection portant sur le résultat et non sur la méthode, mesure des performances des élèves effectuée par un organisme indépendant). Ce sont les équipes de terrain, et la transmission des bonnes pratiques qui font la différence dans les systèmes qui obtiennent les meilleurs résultats. A. Redonnons toute leur place aux familles et leur autorité aux enseignants. 1 / Les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants Nous sommes persuadés que c’est en ouvrant plus largement l’école aux familles, et particulièrement celles qui en sont le plus naturellement éloignées, que l’on aidera au mieux les élèves à réussir. 16
  • 17. Reconnaître et réaffirmer dans la loi que les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants et leur redonner toute leur place au sein de l’école. Des dispositifs comme « La Mallette des parents » qui proposent aux parents qui le souhaitent de se rencontrer en groupe afin de les aider à réinvestir le champ de l’école qui leur fait souvent peur doivent être favorisés. Prévoir une élection départementale tous les 3 ans des représentants des parents d’élèves 2 / L’enseignant doit retrouver toute son autorité L’ « effet-maître » est primordial dans la réussite des élèves et il est impératif de redonner toute leur place et leur autorité aux enseignants. Les pays qui possèdent les systèmes éducatifs les plus performants ont réussi à combiner les bons processus de sélection et de formation, afin attirer les meilleurs étudiants vers le métier d’enseignant. Ils cultivent également une image prestigieuse du métier d’enseignant auxquels ils offrent, en début de carrière, des rémunérations compétitives. Sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, la moitié des économies réalisées par le non-renouvellement d’un fonctionnaire sur deux ont été réaffectées à l’augmentation du salaire des jeunes professeurs qui a atteint, l’année dernière, 2000€ brut par an. Il convient de continuer dans cette voie. La nouvelle majorité se lie les mains en embauchant 60 000 enseignants supplémentaires, alors que les crédits qui sont consacrés à ces nouvelles embauches devraient plutôt servir à améliorer la condition des enseignants, notamment des professeurs des écoles. Prévoir un concours qui permette de déceler la motivation et les « vocations », mieux vaut un jeune motivé qui va se former plutôt qu’un étudiant qui finit par choisir cette voie par défaut, un pré-recrutement doit pouvoir être mis en œuvre, même s’il ne doit pas forcement être le seul moyen d’accès au métier Mettre en place une formation initiale en alternance avec un véritable coaching des jeunes enseignants par des enseignants expérimentés (pour qui ce tutorat pourrait constituer une perspective d’évolution de carrière) et dont les résultats sont reconnus et instaurer une formation continue régulière tout au long de la carrière des enseignants Favoriser la recherche sur l’éducation afin de diffuser les bonnes pratiques (cognisciences, économie de l’éducation, etc.), cette voie pouvant constituer une perspective de carrière pour les professeurs expérimentés. Le Haut conseil de l’Education rappelle d’ailleurs qu’il est important d’assurer un lien étroit entre 17
  • 18. recherche, expérimentation et formation initiale et continue des enseignants et cela au sein des universités. Les enseignants doivent avoir les mêmes droits qu’ils exercent à l’école publique ou dans le privé sous contrat. 3/ Mieux prendre en compte les réalités territoriales Créer des regroupements scolaires. La taille critique nécessaire au bon fonctionnement de l’école primaire ne peut être éludée. La qualité de l’enseignement, si elle résulte avant toute chose de celle du geste pédagogique, dépend pour une grande part de l’organisation de l’action collective et de ses conditions d’exercice. Le regroupement scolaire serait à créer par convention entre l’autorité académique et la (ou les) commune (s) ou intercommunalité (s) concernée (s) après avis du conseil académique de l’Éducation nationale. Le motif principal du regroupement a vocation à être pédagogique, l’objectif suprême restant l’amélioration des apprentissages. Un décret donnerait une définition des regroupements scolaires et surtout conditionnerait leur existence à la volonté de mettre en œuvre un projet éducatif commun : pas de projet, pas de regroupement. Gérer la problématique des rythmes scolaires au niveau local, notamment autour d’une contractualisation. B. Libérons les initiatives C’est la mise en œuvre du principe de subsidiarité qui permettra de redonner toute leur place aux enseignants : ils sont les mieux à même d’adapter leur pédagogie aux réalités qu’ils rencontrent. Il faut donc aller plus loin dans la nécessaire autonomie à donner aux établissements autour d’un chef d’établissement avec un vrai statut. 1 / Poursuivre sur la voie de l’autonomie donnée aux établissements Création d’un projet éducatif d’établissement signé par les parents, les professeurs, les élèves et les représentants des collectivités territoriales. 18
  • 19. Donner un vrai statut au directeur d’école, qui lui permette de mettre en œuvre le projet d’établissement et une véritable gestion des ressources éducatives. Les enseignants qui choisissent d’enseigner au sein de l’établissement doivent adhérer au projet éducatif d’établissement. 2 / L’évaluation est le corollaire indispensable de l’autonomie Cette autonomie n’est constructive et n’assure une réelle égalité de tous devant le service public de l’enseignement que si elle est évaluée et contrôlée. Revoir le rôle de l’inspection : séparer les fonctions de conseil et de contrôle que l’on donnerait à un organisme indépendant qui pourrait mesurer les performances des élèves. 100% des élèves doivent savoir lire à l’issue du CE1. Pour donner corps au principe de la liberté pédagogique inscrit dans la loi d’avril 2005, l’inspection devrait porter d’abord sur le résultat et sur les méthodes seulement en second. Assouplir encore la carte scolaire afin de permettre aux parents de choisir l’établissement dans lequel ils souhaitent inscrire leur enfant. C. Deux priorités d’action Deux priorités se font jour et nous avons la conviction avec beaucoup d’experts, qu’il est possible d’avancer, à moyens constants. 1 / La lutte contre l’échec et le décrochage scolaire Les moyens doivent être concentrés sur les élèves qui sont en difficulté, tous les élèves doivent savoir lire, écrire et compter à l’issue du CE1 et, ce qui en est bien souvent la conséquence, aucun jeune ne doit sortir du système scolaire sans aucune qualification. Il existe un consensus sur la priorité qui doit être donnée à l’école primaire et l’acquisition des fondamentaux autour d’un socle commun simplifié. Recentrer le socle commun de connaissances sur les fondamentaux. L’acquisition du socle doit être évaluée, comme le rappelle le Haut Conseil de l’Education dans son avis sur le Projet de loi. 19
  • 20. Diffuser les méthodes qui marchent : le programme P.A.R.L.E.R. mis en place dans les ZEP à Grenoble donne d’excellents résultats. Comme le détaille l’Institut Montaigne, ce programme montre que les recherches donnent toujours les mêmes résultats sur : o les compétences à travailler de façon prioritaire : la phonologie, le code alphabétique et la compréhension des textes ; o la façon de travailler la plus performante : une approche structurée et le travail en petits groupes de niveaux homogènes. Créer des « jardins d’éveil » adaptés pour les enfants de moins de 3 ans en particulier dans les zones les plus défavorisées. La scolarisation précoce n’est pas une solution, ses bienfaits sont sujets à polémique chez les professionnels de l’enfance. Concernant l’absentéisme scolaire, remettre en place un dispositif qui permette de responsabiliser les parents. En effet, l’absentéisme est souvent le premier pas vers le décrochage scolaire. La loi Ciotti avait créé un dispositif gradué et proportionné pour alerter, accompagner, et le cas échéant, sanctionner par la suspension des allocations familiales, les parents dont les enfants auraient été absents à l’école de manière répétée et non justifiée. Pour les décrocheurs scolaires : mettre en place dans les classes un binôme composé d’un maître et d’un éducateur. L’expérience menée par la Fondation d’Auteuil, a montré que pour les élèves présentant des difficultés d’apprentissage liées à une précarité sociale, il était nécessaire de doubler la compétence : l’une scolaire/ enseignante, l’autre éducative. La présence de l’éducateur permet notamment d’instaurer des travaux en petits groupes et permettre au reste de la classe d’avancer. 2 / Pour une école toujours plus inclusive Depuis la loi de 2005, beaucoup a été fait pour favoriser l’accueil des élèves en situation de handicap. Jamais un gouvernement n’avait fait autant que le précédent Gouvernement, en faveur des enfants handicapés : en 2012, 214 000 enfants handicapés étaient accueillis à l’école, soit 60% de plus qu’en 2005. La qualité de l’accompagnement de ces enfants s’est améliorée, avec des personnels plus qualifiés, et mieux considérés. Cela s’est accompagné d’un mouvement de réintégration du traitement de la difficulté, voire de la très grande difficulté au sein des classes par les enseignants. En effet, l’action des RASED a été réinvestie spécifiquement pour intervenir sur les plus graves difficultés d'apprentissage comportementales et 20
  • 21. psychologiques des élèves et répondre aux situations que les professeurs des écoles ne pouvaient pas gérer dans le cadre des dispositifs d'aide personnalisée. Il faut continuer à toujours mieux articuler l’aide personnalisée et l’aide spécialisée, en focalisant l’aide spécialisée sur les difficultés graves et persistantes et de maintenir une école inclusive sans surcharger les interventions extérieures. L’aide personnalisée mise en place en 2008 a permis aux enseignants affectés dans les classes de traiter eux- mêmes, en prolongement de la classe, un certain nombre de difficultés d’apprentissage qu’ils ne pouvaient auparavant prendre en charge efficacement, et ceci à raison de 2h par semaine. Maintenir une aide personnalisée prise en charge par les enseignants en petits groupes, à raison de 2 heures par semaine. Réfléchir à une solution pérenne pour les Auxiliaires de Vie Scolaire (AVS) La formation initiale des enseignants doit intégrer la question du handicap Mettre en place dans chaque rectorat, un professionnel référent qui puisse répondre aux enseignants accueillant dans leur classe, un enfant handicapé. 21