Cette semaine dans la veille de Né Kid :
Actus :
• Quel consommateur pour 2020 ?
• Les tendances de la télévision
• Le fixe n’a pas dit son dernier mot
Point de vue : les barbares
Innovations et tendances :
• La puissance sans fil
• Saut virtuel
• Piano banque
Bonne lecture et à la semaine prochaine !
4. Quel consommateur en 2020 ?
• Une étude de Deloitte pointe les
changements qui pourraient advenir chez
les consommateurs à l’horizon 2020.
• Enseignement clé : l’inversement des
rôles entre pays industrialisés et pays
émergents.
• Suite au ralentissement des emprunts et
des dépenses de consommation interne
dans les pays du Nord (les invitant à
redéployer leur force exportatrice, cf.
l’Allemagne), les pays émergents
pourraient se recentrer sur leur marché
domestique et le développement de leur
classe moyenne.
• Pour les marques, cela signifie l’adoption
de stratégies de gain de part de marché
(fidélisation et conquête) vs. l’implantation
tous azimuts des dernières années.
5. 2011 : la télévision se déchaîne !
• La nouvelle étude Nota détaille les
grandes tendances télévisuelles à
paraître sur nos petites lucarnes.
• Au programme du millésime 2011 :
émotion, émotion, émotion.
• Des « documentaires scénarisés » (The
taking of Prince Harry), de la télé-réalité
politique (Sarah Palin’s Alaska, qui vient
juste d’être déprogrammée), du
sensationnalisme (What’s eating you? et
Bridalplasty, émissions sur les troubles
alimentaires et la chirurgie plastique
prénuptiale) et les incontournables séries
jouant la carte de « l’adrénaline, du
suspense, du banditisme et de la
paranoïa ».
• La télévision est-elle le reflet du monde ou
le monde s’inspire-t-il de la télévision ?
6. Le fixe n’a pas dit son dernier mot
• Selon les derniers chiffres publiés par
l’Arcep, on apprend que, malgré
l’appétit de mobilité des Français
(augmentation de la pénétration du
portable à 62,6 M, 134 SMS/mois,
augmentation de l’échange de données
et 21M d’usagers de la 3G), nos
concitoyens utilisent toujours plus leur
téléphone fixe (presque 4h/ mois pour
une facture moyenne d’environ 35 €)
que leur ligne mobile (2H13/mois pour
environ 27 €).
• Sans connaître le poids des offres triple
play – ou quadruple-play – dans cette
étude (comment calculer les dépenses
du téléphone fixe au sein d’une offre
globale ?), on constate que le téléphone
mobile n’a pas remplacé mais boosté le
marché global des télécommunications
(+20% par an depuis 3 ans).
7. L’œil de Né Kid sur la TV 2011
• Au moment où l’affaire de la tuerie en Arizona
suscite des questions de fond sur la
responsabilité des médias – avec peut-être
comme conséquence la déprogrammation de
l’émission sur Sarah Palin –, la question de
l’œuf ou de la poule mérite d’être soulevée.
• D’un côté, des comportements individuels
extrêmes sont visiblement nourris par
certains contenus télévisuels.
• De l’autre, les nouvelles technologies
permettent à la télévision d’imiter par ex. le
type d’informations qu’on trouve sur Youtube,
créant ainsi une distorsion formelle dans la
façon de relater les faits.
• Ce phénomène doit faire réfléchir les
marques qui disposent désormais de plus de
liberté pour s’exprimer dans ces contextes,
mais qui s’exposent aussi plus directement au
jugement de gens…
8. L’image de la semaine
Capture d’écran du dernier épisode de la série How I met your mother
10. Les barbares ! Mais quelle idée ?
• Pourquoi a-t-on décidé de vous parler des
barbares cette semaine ?
• Parce que l’idée nous taraudait depuis un petit
bout de temps.
• Il a suffit d’ouvrir une case barbare dans nos
cerveaux pour remarquer une foule de
manifestations de ce sujet de plus profond qu’il
n’y paraît…
Pas mal la photo, non?
11. Un sujet d’inspiration intarissable
• La barbare n’est pas qu’un individu.
• Il incarne une notion, celle de la barbarie,
allègrement traitée dans la littérature, au
cinéma, dans la poésie, au théâtre, en
politique… et même dans la publicité.
• La barbarie, c’est avant tout un concept.
12. D’où est-ce que ça sort ?
• Le mot barbare vient du grec bàrbaros =
étranger.
• Les citoyens hellènes emploient cette
appellation pour désigner « ceux qui ne parlent
pas leur langue ».
• L’étymologie du mot vient d’une onomatopée
« bar-bar », illustrant les sabirs abscons des
étrangers.
• NB : encore à notre époque, un barbarisme
indique une faute de langage…
13. Barbare ≠ Barbarie
• Par extension, la barbarie nomme tout ce qui
étranger.
• Dans la Grèce Antique, celui qui ne parle pas la
langue de la polis n’est pas digne d’être
citoyen.
• Le barbare, c’est le non-citoyen, c’est-à-dire un
individu insensible à la civilisation, rustre et
brutal.
• La barbarie cristallise donc ceux-qui-ne-sont-
pas-comme-nous.
14. La preuve par l’histoire
• Le mépris envers les autres trouve une illustration
idéale dans la période des « invasions barbares ».
• Avant d’être un film québécois projetant la
métaphore barbare sur le cancer, les invasions
barbares qualifient une plage historique courant du
3e au 7e siècle de notre ère, durant laquelle se
succédèrent Goths, Vandales, Huns, Wisigoths,
Ostrogoths, Avars, Lombards, Francs et Suèves sur
le territoire de l’ancien Empire Romain.
• Parce qu’ils venaient des terres saxonnes, l’histoire
(et l’Eglise) en retint une masse indissociée de
sanguinaires non-civilisés. Voilà d’où vient l’image
d’Epinal (ou de Californie) du barbare.
15. Barbarie et colonisation
• L’absence de civilité (du latin civis, le citoyen,
c’est-à-dire l’homme digne de participer à la
démocratie) des barbares justifie, quelques
siècles plus tard, les politiques coloniales.
• Peuples d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique sont
enjoints à embrasser la civilisation occidentale
pour des raisons culturelles (et économiques…).
• Parce que l’anthropophagie est « contraire à la
loi naturelle », les Indiens d’Amérique sont
massacrés.
16. Aujourd’hui, la barbarie
• Aujourd’hui, certaines politiques extérieures
menées à l’encontre des flux migratoires
s’inscrivent indirectement dans cette vision de
« mission civilisatrice ».
• Sans parler de faits divers sordides convoquant
les pires représentations liées à la notion de
barbarie.
• Pourtant, le concept de barbarie a
progressivement gagné en épaisseur
significative.
17. Une définition ambiguë de la barbarie
• Quand on parle d’actes barbares, on ne retient
que les représentations liées à un
comportement.
• Pourquoi existe-t-il alors des gens qui se
revendiquent barbares et se réclament d’un
comportement pour certains abjects?
• Parce que la barbarie est un concept, sinon
arbitraire, du moins vaste.
• Il recouvre une vision de la marge et de
l’altérité devenue polysémique avec le temps.
18. Barbare oui, mais pour qui ?
• Dans ses Essais, Montaigne montre bien que le
concept de barbarie dépend du point de vue
son juge : « chacun appelle barbarie ce qui
n’est pas de son usage ».
• L’auteur russe Gorki ira plus loin en démontrant
dans son texte Les Barbares que l’attribution
du rôle du barbare à un individu ou une entité
est loin d’être évidente.
• On se rend petit à petit compte qu’« on est
toujours le barbare de quelqu’un d’autre ».
19. Un autre point de vue sur la barbarie
• Au sens propre, être barbare, c’est être jugé
différent d’un groupe de référence.
• Au sens figuré, être barbare, c’est clamer sa
singularité et sa marginalité : adopter des codes de
conduites originaux et cultiver sa différence.
• Une approche parfaitement illustrée par une
célèbre campagne de publicité de Levi’s dans les
années 80 : when the world zigs, zag (la filiale
innovation de l’agence londonienne à l’origine de
cette campagne – BBH – s’appelle BBH Zag).
20. Le barbare est quelqu’un pas comme les autres
• De fait, le terme barbare est largement utilisé
pour véhiculer une promesse d’atypie.
• Agences de communication (Barbarian Group),
studios de création ([bar]barian), collectifs
identitaires (La Barbare), équipes sportives
(Barbarian Rugby Club) ou jeux vidéos
(Barbarian the ultimate warrior ou
protagonistes de Warcraft et autres jeux
d’heroic fantasy) revendiquent haut et fort leurs
accointances avec les valeurs « non-alignées »
de la barbarie.
21. Tout a changé rien n’a changé
• Chacune de ces communautés ou tribus
(professionnelles, identitaires, virtuelles ou
sportives) vivent pour et par leur différence.
• Ce formidable glissement sémantique opéré depuis
des connotations négatives à des imaginaires
positifs est symptomatique de notre époque.
• La société traditionnelle valorisait l’ordre et
l’appartenance à un groupe social instituée par
l’état, la religion ou l’école.
• Notre époque se déleste de ses repères ancestraux.
22. La barbarie est une mécanique tribale
• La déliquescence des dogmes traditionnels
favorise les nouvelles formes de
rassemblement – théorisées par le sociologue
Michel Maffesoli puis récupérées à la sauce
digitale par Seth Godin – produisant des
groupes unis par affinités.
• Certains de ses groupes revendiquent leur
appartenance par des codes socioculturels
(jargons, tenue vestimentaire, goûts
musicaux…) selon des aspirations de
singularité identiques à celle des barbares cités
plus-haut.
23. La barbarie comme leitmotiv générationnel
• Si les groupes sociaux de la génération
présente « recherchent de barbarie » (c-à-d. de
différence), il y a fort à parier que le concept
connote des valeurs de plus en plus positives.
• Tout comme Rimbaud produisant du chaos
dans son texte Barbare (extrait des
Illuminations) pour revendiquer une nouvelle
approche de la poésie, les tribus barbares
actuelles pourraient bien réaliser la prophétie
du Coming Barbarism du journaliste Canadien
Douglas Haddow, à savoir un nouveau clash
générationnel façon mai 68.
25. La puissance sans fil
Cliquer sur l’image pour voir les vidéos
• Même si l’UE vient d’adopter le projet de standardisation
des recharges de téléphone mobile, les fils ont du soucis à
se faire face à l’énergie sans fil d’eCoupled, capable
d’alimenter un téléphone (vidéo de gauche) ou une boite de
soupe (à droite)…
26. Saut virtuel
Cliquer sur l’image pour voir la vidéo
• Avec quelques copains et un peu d’imagination, sauter
en parachute devient facilement beaucoup plus
accessible…
27. Piano Banque
Cliquer sur l’image pour voir le site
• La mélodie du bonheur ? En crescendo certainement, un
peu moins en decrescendo… Voici la mélodie produite
par le cours des marchés par le Dow Piano.
29. Au sommaire Clin d’œil…
la semaine prochaine Chose promise, chose due :
La rédaction de la veille de Né
Kid est fière de vous annoncer
que les 205 € de la cagnotte
orthographique ont été versés à
l’ANLCI : l’agence nationale de
lutte contre l’illétrisme.
Il ne tient qu’à vous
d’améliorer le don de l‘année
2011 ! La chasse aux fotes est
ouverte !
La veille n°161 a été écrite par
Anne Rivoallan et Jean Allary
0€
dans la
cagnotte
ilétrisme
30. Merci et à la
semaine prochaine
www.nekid.fr
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