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1
BFPME TUNISIA
CASE STUDY
Rapport final - version française
Auteur: Mondher Khanfir
5 Novembre 2021
CHALLENGES AND
CHANGES: THE POLITICAL
ECONOMY OF NATIONAL
DEVELOPMENT FINANCE
IN AFRICA
2
Table des matières
Executive Summary...................................................................................................................................... 4
Contexte politique, économique et institutionnel de la Tunisie.............................................................7
Une finance de développement qui prend de l’ampleur en Tunisie...................................................... 9
Des dépenses de développement en dents de scie..................................................................................10
Les premiers piliers de la finance de développement en Tunisie.........................................................14
L’expérience des banques de développement à capitaux mixtes......................................................... 16
Le Capital Risque et le Capital Développement en Tunisie.................................................................. 17
Le Fonds de Promotion et de Décentralisation Industrielle.................................................................17
Le Fonds Tunisien de l’Investissement....................................................................................................18
La BFPME ou le retour à la case départ de la finance de développement.......................................... 19
Le Modèle d’affaires de la BFPME............................................................................................................20
Gouvernance de la BFPME et influence politique..................................................................................24
Performance et réalisations de la BFPME...............................................................................................26
Analyse du portefeuille Clientèle de la BFPME...................................................................................... 29
Un positionnement de la BFPME en porte à faux avec l’écosystème bancaire..................................37
Défis et Perspectives d’avenir pour la BFPME........................................................................................39
Annexe 1: Principaux indicateurs du compte de la Nation (2005-2018)...........................................44
Annexe 2: Liste des parties prenantes contactées..................................................................................45
Annexe 3: Fil conducteur du Focus Group du 10/09/2021..................................................................46
Annexe 4: Références et ressources bibliographiques...........................................................................46
Annexe 5: Liste des graphiques, tableaux et figures.............................................................................. 47
3
Acronymes
4
Executive Summary
Le présent rapport rentre dans le cadre d’une étude plus étendue sur l’expérience des banques
nationales de développement en Afrique. Le cas de la Tunisie est illustré par la Banque de
Financement de la Petite et Moyenne Entreprise (BFPME), présentée comme l’unique banque de
développement de la place, quand bien même le statut juridique de banque de développement n’existe
plus depuis 2001. Les informations regroupées dans le présent rapport ont été collectées à travers des
publications de différentes sources locales et internationales et des échanges directs avec les acteurs
clefs de la finance de développement en Tunisie. On constatera l’évolution du mandat de la BFPME,
ainsi que les difficultés qu’elle rencontre pour assurer sa pérennité.
Ce rapport retrace l’historique qui a conduit à la création de la BFPME ainsi que l’évolution de son
mandat et de sa performance depuis sa création. Il analyse aussi sa structure de gouvernance, son
modèle d’affaires et ses sources de financement. L’approfondissement du sujet permet de distinguer
les facteurs structurels qui agissent sur la soutenabilité du modèle d’affaires de la banque; comme les
dispositions réglementaires et le cadre institutionnel, des facteurs conjoncturels tels que la Révolution
de 2011 et ses conséquences en termes de tensions sociales et d’instabilité politique en Tunisie.
Cette étude qualitative a mis en exergue trois faits saillants qui ont contribué à la dérive de la
gouvernance de la BFPME; à savoir des politiques de développement fragmentées, l’absence d’un
cadre légal et institutionnel spécifique et un modèle économique insoutenable.
1) Des politiques de développement fragmentées
La Tunisie est en chantier ouvert depuis la Révolution. Plusieurs acquis démocratiques ont été
obtenus, mais les réformes structurantes de la sphère économique tardent à venir ou à se mettre en
place. C’est le cas de la Loi Transversale1
censée assainir l’environnement des affaires et qui n’est
toujours pas opérationnelle. La loi sur le Crowdfunding2
et celle relative à la responsabilité sociétale
des entreprises3
ne sont pas encore appuyées par des décrets d’application, et la loi sur le capital
investissement est toujours en gestation. Tous ces facteurs ne favorisent pas le rôle de la BFPME
comme banque de développement; celle-ci se trouve dans une situation politique confuse.
La relation entre le financement de la PME et le développement économique n’est pas officiellement
établie en Tunisie. Elle n’est pas appuyée par des objectifs de développement durables (ODD)
clairement définis par la tutelle (le Ministère des Finances) ni par le Ministère du Développement, de
l’Investissement et de la Coopération Internationale (qui a fusionné en 2020 avec le Ministère des
Finances). Une telle situation est très limitative et ne permet pas à la banque de mesurer son impact
sociétal ni de justifier sa non rentabilité financière. Les budgets alloués par l’Etat pour le
Développement restent modestes et les engagements de la BFPME (autour de TND 20 millions en
2020) sont négligeables par rapport aux besoins réels des PMEs, qui connaissent un déficit de
financement des entreprises estimé par la direction générale de la BFPME à TND 3,4 milliards par an.
1
Loi n° 2019-47 du 29 mai 2019
2
Loi N° 2020/37 du 6 Août 2020
3
Loi n°2018-35 du 11 juin 2018
5
2) Absence d’un cadre légal et institutionnel spécifique à la Banque de
Développement
Il n’y a plus de cadre légal et institutionnel spécifique à la banque de développement en Tunisie
depuis 2001, date à laquelle l’expérience des banques de développement a été arrêtée. Le législateur
n’a pas estimé utile de créer un cadre adéquat lors de la création de la BFPME en 2005. Elle a donc
fonctionné sans pouvoir se conformer aux règles prudentielles édictées par la Banque Centrale de
Tunisie pour les banques universelles. Ces règles sont de toute façon inapplicables pour la BFPME.
Cet état de fait a créé une sorte de dérogation permanente qui a mis la supervision bancaire dans une
impasse face à toutes les dérives de gouvernance observées chez la BFPME.
Vu les besoins d’une relance économique très rapide, une banque nationale de développement
apparaît toujours comme une nécessité absolue. Reste à trouver le meilleur modèle économique pour
assurer le meilleur impact dans un contexte de crise politique, sociale et économique qui perdure.
3) Un modèle économique insoutenable avec une gouvernance à la dérive
Le modèle économique de la BFPME consiste à fournir des services financiers et non financiers aux
PMEs qui n’ont pas accès facilement au marché des capitaux, avec une priorité pour les projets dans
les zones défavorisées. Ces services sont centrés sur le financement de l’investissement et ont aussi
une vocation d’inclusion financière. La faible capitalisation bancaire de la BFPME et l’absence d’un
marché de refinancement ont amené la banque à explorer d’autres voies pour continuer sa mission et
assurer sa survie.
Depuis son lancement, la BFPME a opéré avec une très forte exposition aux risques, notamment aux
niveaux suivants:
-des risques de crédit liés à une information financière insuffisante sur les projets et une rentabilité
moyenne incertaine non couverte par des garanties suffisantes
- des risques opérationnels liés à une organisation perfectible et à un système d’information inadéquat.
- des risques de liquidités avec un Produit Net Bancaire (PNB) insuffisant, associé à des ratios non
conformes à la réglementation en vigueur.
- des risques d’une gouvernance à la dérive et à la désolidarisation de l'Etat, pourtant premier
actionnaire de la Banque. La non libération à ce jour d’une augmentation du capital décidée en 2015
(Article 7 de la Loi de Finance 2015) illustre cette dérive.
La BFPME a ainsi accumulé au fil du temps des créances accrochées qui ont lourdement entaché sa
performance et sa crédibilité. La situation est telle qu’aujourd’hui ses fonds propres ont basculé dans
le négatif, en infraction avec l’article 388 du Code des Sociétés Commerciales.
L’assèchement de la finance publique a poussé la banque à recourir à des ressources externes
alternatives pour assurer sa survie. D’où le pivot opéré pour gérer par délégation des fonds
d’investissement et orienter ses interventions sur les prêts participatifs (financement en equity au lieu
de crédit bancaire à moyen et long terme).
6
Son mandat s’est ainsi étendu à la gestion déléguée de fonds, pour le compte de bailleurs et donateurs
internationaux comme le Fonds Suisse, QFF, FADES, ... et de bailleurs nationaux (avant même la
promulgation de la loi sur la RSE) comme l’ETAP et la Compagnie des Phosphates de Gafsa. Cette
activité, forcément moins risquée et plus lucrative que les crédits bancaires, a ouvert une nouvelle voie
plus rassurante sur le potentiel et la soutenabilité de la BFPME.
7
Contexte politique, économique et institutionnel de la Tunisie
La Tunisie compte un peu moins de 12 millions de nationaux dont 6,65% établis à l’étranger4
pour un PIB de US$ 39,196 milliards5
. Selon l’Index Doing Business de la Banque Mondiale,
la Tunisie se place au 78ème rang sur 157 pays étudiés6
.
Depuis son indépendance en 1956, la Tunisie a expérimenté plusieurs modèles de
développement; à savoir le collectivisme (59-69), le “privilégisme” (70-86), le libéralisme
contrôlé (87-95), la mise à niveau industrielle (95-2010),... Les priorités d’investissement ont
été consignées dans les plans de développement quinquennaux et exécutés avec plus ou
moins de succès selon les difficultés conjoncturelles et structurelles de la période.
Pendant les deux décennies de 1990 à 2010, le pays a réussi à maintenir un taux de
croissance de son PIB respectable, avec une moyenne de 4,5% environ. Toutefois, les
fondamentaux économiques sont restés fragiles et ont continué à subir les effets cycliques de
la conjoncture internationale (cf. Figure 1).
A partir de 2011, la situation économique est entrée dans une phase d’instabilité à cause de la
confusion politique, aggravée récemment par la pandémie de la COVID-19. Ceci a donné lieu
à une chute exceptionnelle de la croissance qui a accusé un pic négatif à -8,6% en 2020.
Figure 1: Croissance annuelle du PIB (%) période 1960-2020, Tunisie
Source: Banque Mondiale
4
United Nations, Department of Economic and Social Affairs. Population Division. Trends in International Migrant Stock. 2019
5
https://donnees.banquemondiale.org/pays/tunisie
6
https://www.doingbusiness.org/en/data/exploreeconomies/tunisia
8
En plus des effets de la Révolution de 2011, le pays a subi de plein fouet la tourmente de la
crise de la COVID-19. Celle-ci a lourdement impacté l’activité économique, en particulier la
création d’entreprises dont le nombre est en forte baisse. En 2021, les déclarations
d’investissement à l’APII se sont contractées de 14,6% sur les 7 premiers mois de l’année par
rapport à l’année 20207
.
Selon les comptes de la Nation8
, la formation brute de capitaux fixes est passé de TND 8395
millions à TND 19568 millions (à prix courant) entre 2005 et 2018; soit une progression
globale sur la période de 233% alors que le PIB a progressé de 279% sur la même période.
Ceci suggère une baisse relative de la formation brute de capitaux fixes.
De même, le taux d’investissement est passé de 24,6% en 2005 à 18,5% du PIB en 2018 (cf.
Figure 2) accusant cependant une baisse moins marquée que celle du taux d’épargne qui s’est
dégradé de plus de la moitié entre 2005 et 2018; passant de près de 22% à moins de 10% du
PIB. L’explication de cette dé-corrélation pourrait provenir des flux de financement
internationaux qui continuent d’une certaine manière à maintenir un niveau
d’investissement minimum grâce à des projets d’infrastructures soutenus par des bailleurs de
fonds internationaux.
A ce niveau, on parle d’un financement total accordé par les bailleurs de fonds internationaux
de l’ordre de US$ 5 milliards, soit plus de 12% du PIB, avec des projets approuvés mais qui ne
sont pas encore engagés en Tunisie.
Figure 2: Tunisie: Taux d’épargne et taux d’investissement, période 2005-2018
Source : BCT, extrait du compte de la Nation en annexe 1
7
www.tunisieindustrie.nat.tn
8
détail en annexe 1
9
D’après les données du répertoire national des entreprises, la Tunisie comptait à fin 2019 un
nombre d’entreprises privées enregistrées de 782.115 entreprises. Seulement 15.000
entreprises comptent plus de 6 employés 9
et qu’on peut considérer comme des PMEs. Seules
15% de ces entreprises sont bénéficiaires et payent l’impôt sur les sociétés. Ce chiffre risque
de baisser d’une manière drastique avec la crise de la COVID-19, et ce malgré les efforts du
gouvernement pour le maintien en activité des PMEs existantes.
Le conseil des chambres de commerce mixtes (environ 3000 PMEs exportatrices) a affirmé,
dans une conférence tenue le 28 Janvier 2021 à Tunis, que 34% de leurs adhérents
(entreprises off-shore ou à capitaux mixtes) ont fermé leurs portes en 2020 à cause de la
pandémie COVID 19. La moitié de ces PMEs n’aurait pas réussi à reprendre ses activités en
2021. Cette pandémie n’a fait qu’aggraver la vulnérabilité de la Tunisie résultant des
déséquilibres budgétaires persistants et l'augmentation incessante de la dette publique.
Une finance de développement qui prend de l’ampleur en Tunisie
Depuis son indépendance, la Tunisie a bénéficié d’une aide internationale au développement
qu’elle a déployé sur plusieurs niveaux pour construire un service public de qualité.
L’enseignement et la santé furent les premiers secteurs ciblés avant de s’ouvrir aux secteurs
de l’industrie et du tourisme. Cette aide a culminé après la Révolution pour atteindre, selon la
Banque mondiale, le montant de 4,866 milliards de dollars US sur la décennie 2010-2020
comme illustré dans la figure 3.
Figure 3: Figure 3: Tunisie -Aide publique au développement nette et aide publique reçue en US$ courants
Source : Banque Mondiale
9
source Institut National des Statistiques (INS)
10
La Banque mondiale définit l'Aide Publique au Développement nette (APD) comme « les
décaissements de prêts accordés à des conditions concessionnelles (net des remboursements
de principal) et de subventions par les agences officielles des membres du Comité d'Aide au
Développement (CAD), par les institutions multilatérales et bilatérales, pour promouvoir le
développement économique et le bien-être dans les pays et territoires figurant sur la liste des
bénéficiaires. L'aide publique nette fait référence aux flux d'aide (nets des remboursements)
des donateurs officiels aux pays et territoires de la partie II de la liste des bénéficiaires du
CAD. L'aide publique au développement nette en Tunisie a évolué (cf. figure 3) pour se situer
à US$ 805 millions en 201810
.”
Figure 4: Tunisie - Flux d’aides bilatérales nettes des donateurs DAC
Source : Banque Mondiale
Des dépenses de développement en dents de scie
Entre 2010 et 2010, le budget de l’Etat de la Tunisie a plus que doubler, la dette publique
s’est multipliée par 4 en TND (cf. Tableau 1) et, comme conséquence directe, la pression
fiscale a grimpé de 20% à 25%.
Avec cette dégradation accélérée de la situation économique, la dépendance des prêts
extérieurs et des aides au développement est de plus en plus manifeste. Afin d’alimenter ses
plans quinquennaux de développement, la Tunisie se relaie sur des budgets publics
complétés par des financements extérieurs.
10
www.tradingeconomics.com
11
D’après une étude11
réalisée par l’African Center for Economic Transformation (ACET), la
finance de développement reste limitée à des instruments classiques contrôlés par l’Etat en
Tunisie. Quelques pratiques de private equity ou de Blended Finance sont introduites par
quelques bailleurs de fonds dans quelques projets d’infrastructure mais cela reste très limité
et l’apanage de quelques projets en PPP comme certains pôles technologiques.
Les fortes variations des dépenses de développement sur ressources extérieures affectées (cf.
tableau 1), qui oscillent entre TND 1 261 millions en 2010 et TND 2 374 millions en 2019
(avec un pic à TND 2 816 millions en 2018) invitent à supposer que la planification des
projets de développement n’est pas maîtrisée.
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Prov Fin. Law
2019 2020
State Budget
Billion
TND 18.335 19.192 22.935 26.792 28.125 28.900 29.250 32.705 35.851 40.662 47.227
Budget Balance
Billion
TND -0.650 -2.127 -3.853 -5.207 -4.074 -4.069 -5.510 -5.987 -5.055 -4.040 -3.782
% GDP -1.00% -3.30% -5.50% -6.90% -5.00% -4.80% -6.10% -6.10% -4.80% -3.50% -3.00%
Fiscal pressure % GDP 20.10% 21.10% 21.10% 21.70% 23.10% 21.90% 20.80% 21.90% 23.20% 25.30% 25.40%
Public Debt
Billion
TND 25.640 28.780 31.418 34.987 41.054 46.922 55.921 67.830 82.295 82.350 94.068
% GDP 40.70% 44.60% 44.70% 46.60% 50.80% 55.40% 62.40% 70.20% 77.90% 72.20% 74.00%
Development
expenditure on
earmarked external
resources
Billion
TND
1.261 1.280 0.981 1.128 1.146 0.784 2.808 1.093 2.816 2.374
6.88% 6.67% 4.28% 4.21% 4.07% 2.71% 9.60% 3.34% 7.85% 5.84%
Tableau 1: Tunisie: Dépenses de développement sur ressources extérieures affectées
Source: Ministère de l’économie, des finances et de l’appui à l’investissement
La Banque Mondiale estime que le pays pourrait faire beaucoup mieux en termes
d'investissements et d'amélioration des services publics qui soient capables d'assurer une
reprise économique offrant plus d'opportunités d'emploi pour les jeunes et contribuant ainsi
à mieux asseoir la paix sociale et la démocratie12
. Viser ces ambitions invite à projeter
comment le système bancaire pourrait jouer un rôle plus important pour accompagner le
plan de relance économique.
11
Mondher Khanfir. October 2020. Blended Finance Good Practices: KfW in Tunisia case study. ACET.
12
https://www.banquemondiale.org/fr/country/tunisia/overview#1
12
La part du système bancaire dans la finance de développement
D’après le rapport annuel de la supervision bancaire, la trentaine de banques établies en
Tunisie affiche, en 2019, un actif total net de TND 140,848 milliards, soit 130 % du PIB13
environ. Le système bancaire tunisien demeure donc petit et fragmenté. Selon le même
rapport, il présente une part de créances classées de 13,4% et un taux d’impayés de 5,7%.
La révolution de 2011, qui a renversé l’ancien régime, a mis le secteur bancaire sous pression;
que ce soit en termes de liquidité ou de risques de crédit. La détérioration de l'environnement
financier et économique s’aggrave davantage avec la pandémie de COVID19, avec un impact
négatif attendu sur le financement des PMEs qui représentent la grande majorité de
l'économie en Tunisie.
Ainsi, le secteur bancaire entre dans une phase de grande vulnérabilité car les liquidités
diminuent, poussant la Banque Centrale de Tunisie (BCT) à injecter régulièrement des
liquidités dans le système et à prendre des mesures d'urgence pour soutenir l'économie
pendant la crise.
Les dernières statistiques de la BCT (cf. Tableau 2) montrent que le total des crédits
bancaires est en forte progression, passant de TND 65 milliards en 2015 à TND 98 milliards
en 2020. La part de l’industrie représente 25% environ, celle de l’agriculture et de la pêche
3% environ. Dans cette balance, le secteur privé pèse plus de 90% du total des crédits
bancaires.
Toutefois, on remarque qu’en dépit des mesures exceptionnelles pour soutenir l’économie, les
crédits accordés à l’industrie sont restés quasi stables entre 2018 et 2020. Cela s’expliquerait
par une ré-allocation des crédits plutôt qu’une émission de nouveaux crédits. Les mesures
d'urgence qui ont été adoptées n’ont finalement servi qu’à soulager une partie des PMEs qui
ont contracté des prêts bancaires avant la pandémie de la COVID-19.
Ainsi, les PMEs qui n'ont pas accès au financement bancaire sont doublement lésées; elles
n'ont ni accès aux prêts, ni à l'aide gouvernementale. En effet, les statistiques de la BCT
montrent que ce sont les crédits moyen et long terme (CMLT) qui ont augmenté dans le cadre
du rééchelonnement des dettes des PMEs au détriment des crédits court terme (CCT) qui
sont restés quasi stationnaires entre 2019 et 2020 (cf. Tableau 3).
13
Rapport annuel sur la supervision bancaire. BCT 2019
13
Tableau 2: Tunisie: Évolution des crédits à l’économie du système financier (en million de TND)
Source: Banque Centrale de Tunisie
Ceci confirme que pour les PMEs tunisiennes, l'accès au capital continue à être très difficile,
en raison d'une offre maigre et d'un marché des capitaux non structuré. De leur côté, les
banques se plaignent du manque d'informations sur les PMEs ainsi que de la difficulté
d'obtenir une notation du risque de crédit ou des états financiers fiables. Les banques
manquent également de produits innovants et de technologies financières qui permettraient
de réduire le coût des prêts accordés aux PME. Ainsi, elles s'appuient principalement sur la
capacité de ses clients à fournir des actifs corporels en garantie. Cette stratégie exclut de
nombreuses PMEs et des jeunes pousses (startups) potentiellement solvables avec un bon
plan d’affaires et des flux de trésorerie soutenables étant donné qu’elles ne peuvent pas
fournir de garanties réelles externes ni présenter un historique financier suffisant.
14
Tableau 3: Évolution des crédits à l’économie par terme et par bénéficiaire (en million de TND)
Source: Banque Centrale de Tunisie
Les premiers piliers de la finance de développement en Tunisie
Il est communément admis que les PMEs jouent un rôle crucial dans la dynamisation de la
croissance économique et dans la création d’emplois. L’industrialisation de l’économie en vue
d’une autosuffisance et de la création d’emplois ont ainsi formé l’axe central de l’agenda
politique dès les années 70. Plusieurs acquis sont à mettre sur l’actif de cette politique, qui a
connu son heure de gloire dans les années 90 avec la signature en 1995 de l’accord de libre
échange avec l’Union Européenne et l’accélération des flux d’Investissements Directs
Étrangers (IDE) en Tunisie. Ces derniers vont monter jusqu’à 2,6% du PIB en 2018 (cf
tableau 4) avant de baisser à 1,7% du PIB en 2020.
La notion de développement est toutefois restée très ancrée dans les politiques des
gouvernements successifs depuis l’indépendance. Le besoin en financement de
l’investissement a favorisé l’apparition des banques de développement qui ont vu le jour dans
les années 60. La Banque de Développement Économique de Tunisie (BDET) et la Banque
Nationale de Développement Touristique (BNDT) sont les premières banques nationales
tunisiennes de ce genre. La première est généraliste multi-sectorielle, la seconde est plus
spécialisée dans le secteur touristique. Celles-ci vont régner sur les crédits de développement
pour contribuer à l’essor de l’investissement jusqu’à l’arrivée de banques concurrentes au
début des années 80; à savoir les banques de développement à capitaux mixtes tuniso-arabes
lancées avec une répartition égalitaire du capital, entre l’Etat Tunisien et les pays arabes
partenaires, celles-ci seront détaillées dans le paragraphe suivant.
15
Tableau 4: Tunisie: Évolution des Investissements directs étrangers (en million de TND et en % du PIB)
Source: Banque Centrale de Tunisie
Ces banques de développement ont certainement apporté leur contribution au
développement des secteurs du Tourisme et industriel et ont joué un rôle dans la
diversification de l’économie tunisienne.
In fine, l’investissement a été propulsé par les banques de développement. Une stratégie
d’industrialisation a ainsi vu le jour et a commencé à porter ses fruits en termes de croissance
et d’exportation. Cependant, la problématique du chômage n’a pas été résolue et la création
nette d’emplois a évolué en dents de scie (cf. Figure 5). Cette dé-corrélation entre
investissement, croissance et développement conduira le pays à la rupture et sera une des
causes principales de la Révolution de 2011.
Figure 5 : La création d’emplois (en milliers) sur la période 2005-2018
Source: Banque Centrale de Tunisie
Il n’existe pas formellement de rapport exhaustif permettant d’évaluer l’apport des
différentes banques et des différents modèles d’affaires qui ont prévalu jusqu’à la fin des
années 90; période qui a connu l’arrêt d’activité des banques de développement nationales et
à capitaux mixtes sous leur ancienne forme. En effet, dès les années 2000, les deux banques
nationales de développement vont être absorbées par la STB, qui en pâtira, et mettra
plusieurs années pour juguler les portefeuilles des créances classées apportées par celles-ci.
16
L’expérience des banques de développement à capitaux mixtes
La création des banques de développement à capitaux mixtes tuniso-arabes au début des
années 80, correspondait à la période de lancement du VIème plan de développement (1982-
87). En 1981, dernière année du Vème
plan, le taux de croissance, en Tunisie, était de 6,5% et
la moyenne sur tout le plan était de 6,3%. L’objectif était de contribuer à la mobilisation des
ressources nécessaires au financement du VIème
plan pour des investissements estimés à TND
8 milliards.
C’est ainsi que six banques à capitaux mixtes ont été créées. Quatre avec les pays du golfe (la
BTKD avec le Koweït, la STUSID avec l’Arabie Saoudite, la BTEI avec les Emirats Arabes Unis
et la BTQI avec le Qatar) et deux avec les pays maghrébins (la BCMA avec l’Algérie et la BTL
avec la Libye). Chacune de ces banques a démarré ses opérations avec un capital initial de
US$100 millions.
Ces banques de développement à capitaux mixtes se sont rapidement essoufflées et ont été
rapidement dépassées par les banques commerciales locales. Ces dernières devenant aptes à
concourir au financement des projets par des crédits à long terme, ont enlevé le quasi-
monopole aux banques de développement, d’autant plus que les ressources des banques à
capitaux mixtes sont mobilisées sur le long terme en devises sans instruments de swap; et
donc plus chères et plus risquées.
Il y a aussi d’autres causes, comme la possibilité pour les banques commerciales de contracter
des lignes de crédits étrangères (essentiellement européennes), rivalisant ainsi les banques de
développement à capitaux mixtes dans leur cœur de métier.
A part la BCMA qui sera liquidée très rapidement, les autres banques à capitaux mixtes vont
opérer jusqu’à l’assèchement de leurs ressources financières. Les restrictions réglementaires
sur le change et sur l’accès aux marchés des capitaux internationaux les ont empêchées de
poursuivre normalement leurs activités; ce qui les a poussées à demander à l’Etat tunisien co-
actionnaire, l’obtention de la licence de banque universelle pour s’aligner avec leurs
concurrents sur le marché bancaire et se libérer des contraintes réglementaires qu’elles
subissaient.
La loi du 10 juillet 2001 relative aux établissements de crédit consacre le caractère universel
de l’activité de l’établissement de crédit et l’abandon de la distinction entre banque de dépôt
et banque de développement. Ainsi, les banques de développement seront toutes
transformées en banques universelles et viendront encombrer un marché déjà saturé par
une vingtaine de banques commerciales.
17
Le Capital Risque et le Capital Développement en Tunisie
Côté secteur privé, nous trouvons parallèlement au circuit bancaire, des Sociétés
d’Investissement en Capital Risque (SICAR) qui ont une vocation de développement.
Aujourd’hui, les intervenants du capital risque sont regroupés au sein de l’Association
Tunisienne des Investisseurs en Capital (ATIC). Ils pèsent TND 386 million en 2020 dont
52% au profit des régions de l’intérieur. 174 opérations d’investissement ont contribué à créer
ou à maintenir 3900 emplois. 61% des investissements sont alloués en capital développement
(croissance). Le ticket moyen est de TND 2,216 million et 113 opérations de
désinvestissement ont eu lieu en 2020 représentant TND 112,239 million. Toutefois, 18
startups seulement ont été financées pour un montant total de TND 5,3 millions.
Les ressources disponibles dans les fonds de capital risque représentent TND 3300 million,
soit le gap estimé en financement de l’économie. Ceci prouve que l’argent est disponible mais
les bons projets manquent.
Le Fonds de Promotion et de Décentralisation Industrielle
Très tôt, la Tunisie a fait le choix de miser sur le secteur privé comme vecteur de
développement socio-économique. Pour pallier le manque de capitaux, la Tunisie s’est dotée
de plusieurs fonds qui ambitionnent de soutenir le développement industriel. Le premier de
ces fonds instauré en 1972 par la loi 72-38 est le Fonds de Promotion de la Décentralisation
Industrielle (FOPRODI). Il a été probablement la mesure la plus importante prise en faveur
de l’entrepreneuriat en Tunisie depuis l’indépendance.
D’après un rapport du Conseil d’Analyses Économiques14
, le FOPRODI a permis de 1972 à
2018 le financement de 2200 projets dont 1500 PMEs, soit près du quart du tissu industriel
tunisien, sont actuellement en activité. Plusieurs d’entre elles sont considérées parmi les
fleurons de l’économie -cf encadré cas de succès: BIOME SOLAR INDUSTRY-. Ce fonds a eu
deux types d’interventions, à savoir la promotion des nouveaux promoteurs et
l’encouragement au développement régional.
Au 31/12/2018, soit quarante-deux ans après son entrée en application, les interventions du
FOPRODI ont totalisé un montant global de TND 965 millions (soit une moyenne annuelle
de TND 23 millions) pour près de 8000 interventions du fonds au profit de :
-3038 projets promus par les nouveaux promoteurs et les PME pour un montant de TND 225
millions,
- 4700 projets au titre des primes de développement régional pour un montant de TND 643
millions et d’autres interventions diverses.
14
Note du Conseil d’Analyse Économique. Tarek Zine et Moufida Hedidar. Sept. 2019
18
Du fait qu’une entreprise peut bénéficier de plusieurs interventions du Fonds (comme les
primes spéciales pour l’innovation ou le développement régional), on estime à plus de 2200
le nombre d’entreprises industrielles promues par les nouveaux promoteurs et financées par
le FOPRODI. Parmi ces projets, et sur la base du taux de recouvrement enregistré, on estime
que près de 1500 entreprises industrielles demeurent actuellement en activité.
Ce fonds public a été initialement géré par les banques publiques et a été généralisé plus tard
aux SICARs de banques et aux SICARs régionales. Après avoir contribué à l’accès aux
capitaux pour un grand nombre d’entrepreneurs, le FOPRODI a été arrêté de fait dès la
publication des textes d’application de la nouvelle loi de l’investissement en 2017, qui a
promulgué le Fonds Tunisien de l’Investissement (FTI). Ce fonds est destiné à absorber tous
les fonds publics d’appui aux fonds propres des PMEs (y compris le FOPRODI) mais tarde à
se mettre en place jusqu’à ce jour.
Le Fonds Tunisien de l’Investissement
Promulgué en 2016, dans le cadre de la loi de l’investissement,15
le Fonds Tunisien de
l’Investissement (FTI)16
a pour objectif la promotion de l’investissement et l’encouragement à
la création d’entreprises et à leur développement selon les priorités de l’économie nationale,
notamment à travers :
- l’augmentation de la valeur ajoutée, de la compétitivité et de la capacité d’exportation de
l’économie nationale et de son contenu technologique aux niveaux régional et international,
ainsi que le développement des secteurs prioritaires,
- la création d’emplois et la promotion de la compétence des ressources humaines,
- la réalisation d’un développement régional intégré et équilibré,
- la réalisation d’un développement durable.
Cette loi comporte un cadre réglementaire et institutionnel qui est censé réduire les
insuffisances liées à la gouvernance et à l’accompagnement des investisseurs. Elle s’appuie
sur un Conseil Supérieur pour l’investissement (CSI) et une instance tunisienne de
l’investissement (TIA) pour assurer une gouvernance globale sur la politique, la stratégie et
les programmes de l’État dans le domaine de l’investissement.
Le CSI détermine la politique, la stratégie et les programmes de l’Etat dans le domaine de
l’investissement.
15
https://docs.google.com/viewer?url=http%3A%2F%2Fwww.mdici.gov.tn%2Fwp-
content%2Fuploads%2F2017%2F06%2FNouvelleloi2016.pdf
16
Conformément à la loi n°2016-71 du 30 septembre 2016, portant loi de l’investissement, le Fonds Tunisien de l’Investissement (FTI)
sera désormais l’unique fonds qui interviendra dans l’appui à toutes les opérations d’investissement qui sont régis par ladite loi.
19
La TIA assure le secrétariat du CSI et elle est censée servir d’interlocuteur unique pour
chaque investisseur. Sa mission est de faciliter les procédures administratives et de proposer
des politiques dans le domaine de l’investissement. Elle est censée absorber l’APII et l’APIA
afin de se positionner sur tout le processus de décision.
La TIA gère aussi le FTI qui a pour objectif de rationaliser l’octroi des primes et des
contributions et de regrouper les mécanismes d’intervention de l’Etat pour encourager les
investissements.
Les tergiversations politiques et le manque de coordination avec les différents départements
ministériels concernés empêchent encore l’aboutissement de ce dispositif. Le FTI n’est entré
en service que partiellement et ce retard crée une situation de blocage très préjudiciable au
climat des affaires et à l’investissement en Tunisie.
La BFPME ou le retour à la case départ de la finance de développement
Au début des années 2000, la Tunisie a commencé à sentir un essoufflement de son modèle
économique et a fait le choix de relier politique de développement avec l’entrepreneuriat. Les
objectifs d’inclusion financière et de développement régional ont ainsi motivé la création de
la Banque de Financement de la Petite et Moyenne Entreprise (BFPME).
Lancée dans la précipitation d’une campagne présidentielle à l’époque, il n’y a pas eu
d’éclairage ni d’étude approfondie des causes d’échecs des précédentes banques de
développement. Le modèle d’affaires imaginé initialement ciblait le manque de fonds propres
et la faible préparation des promoteurs. La rentabilité des projets n'était pas le critère décisif.
Il fallait irriguer en masse le marché par des crédits bancaires pour inciter à l’entrepreneuriat
et tenter de baisser la courbe de chômage, source de tensions sociales grandissantes dans les
régions défavorisées de l’intérieur du pays.
La BFPME fût ainsi créée le 1er Mars 2005 . Elle exerce son activité dans le cadre de la loi
n°2016-48 du 11 juillet 2016, relative aux établissements de crédits.
Le capital de la BFPME s’élève actuellement à TND 100 millions et se présente comme suit :
Actionnaires
Part dans le
capital
Etat Tunisien 60%
Groupe Chimique Tunisien 22%
Tunisie Télécom 10%
Office de l’Aviation Civile et des
Aéroports
6%
Office du Commerce de Tunisie 2%
20
En vertu de la réglementation en vigueur, la BFPME a le statut d’entreprise publique, avec
une licence d’une banque universelle.
La BFPME peut financer tous les projets d’investissement des PME, en création ou en
extension, dont le montant d’investissement (ou « investissement + immobilisations nettes »,
dans le cas d’une extension) est compris entre TND 100 mille et TND 15 millions et opérant
dans tout secteur économique, hormis le tourisme (si la composante principale est
l’hébergement) et la promotion immobilière (si elle est destinée à l’habitation).
La BFPME intervient par l’octroi de crédits à moyen et long terme, principalement en
cofinancement avec les autres banques de la place. Elle est considérée comme un acteur
central de la méso finance dédiée aux PME. Elle se positionne entre la micro finance dédiée
aux TPEs et la Finance Bancaire dédiée aux PMEs et grandes entreprises.
La BFPME est ainsi investie d’une double mission :
- Assister les promoteurs au cours des différentes phases de réalisation de leurs projets
(Identification de l’idée de projet, réalisation du business plan, bouclage du schéma de
financement, création juridique de la Société, suivie de la réalisation et développement de
l’activité). A titre d’exemple, elle a été mandatée par le Ministère des Finances pour la gestion
du programme BADER, lancé en exécution de l’article 6 de la loi de finances complémentaire
de l’année 2015. Ce programme comporte d’une part, une composante « atelier
entreprendre » destinée à concentrer les meilleures idées de projets et à faire bénéficier leurs
porteurs d’un accompagnement pré-création, et d’autre part, une composante
accompagnement post création dont l’objectif est d'assister la PME fraîchement créée
pendant ses premières années d’existence.
- Faciliter l’accès au financement pour la création et l'extension des PME en Tunisie. A ce
titre, elle est mandatée pour fournir des crédits à moyen et long terme destinés exclusivement
à financer l’investissement. Elle sert aussi de courroie de transmission à des instruments
financiers spécifiques, décrits dans le chapitre suivant, tels que décidés par l’Etat.
Le Modèle d’affaires de la BFPME
Le modèle d’affaires de la BFPME repose sur une proposition de valeur duale centrée sur le
développement économique et l’inclusion financière par l’entrepreneuriat. Pour cela, elle
fournit des services financiers et des services non financiers aux PMEs et aux porteurs de
projets. Son catalogue de services s’est enrichi au fil du temps grâce à des partenariats locaux
et internationaux, tel que décrit ci-après:
A) Les services financiers aux PMEs
Ces services s’articulent autour de trois phases du cycle de vie de la PME. La création, la
croissance et la restructuration. Au fil du temps, la BFPME s’est doté d’instruments de
financement alternatif qui ont élargi son champs d’intervention comme suit:
21
- Octroyer des prêts participatifs sans intérêt ou à taux réduit pour renforcer les fonds
propres des PMEs créées par des jeunes promoteurs
- co-financement des investissements à la création ou à l’extension de PMEs par des crédits à
moyen et long terme
En plus du financement direct des projets, la BFPME veille à faire bénéficier les promoteurs
des programmes et des facilités permettant le développement des projets (primes
d’investissement, mesures gouvernementales spéciales pour la promotion de certains
secteurs, programme de coaching, soutien à l’exportation, appui à l’innovation, et diverses
autres initiatives publiques en faveur des PMEs, …). À ce titre, la BFPME joue le rôle de
conseiller au promoteur dans le but de lui faciliter les procédures administratives nécessaires
en la matière; ce qui impacte très lourdement le coût de traitement par dossier.
Dans le cadre du renforcement des mécanismes d’appui aux PMEs, et notamment celles
rencontrant des difficultés financières, la BFPME a aussi été mandatée pour gérer un
programme de soutien spécifique. Ce programme a été lancé conformément à la loi de
finance complémentaire relative à l’année 2014 et au décret n° 2015-31 du 13/01/2015,
portant fixation des modalités d’organisation et de fonctionnement des conditions et des
méthodes d’intervention du Fonds de Soutien des Petites et Moyennes Entreprises (FSPME).
La BFPME est, de par son mandat, fortement exposée au risque de solvabilité. Elle a, au fil du
temps, ajusté sa politique de crédit et ne se contente plus uniquement des composantes
intrinsèques du projet et de la garantie offerte par la Société Tunisienne de Garantie
(SOTUGAR). Elle exige, en cas d’insuffisance de couverture, des garanties réelles externes au
projet sachant que la SOTUGAR couvre 60% ou 75 % (dans les zones de développement
régional) du principal du crédit accordé. Malgré cela, cette couverture s’avère insuffisante vu
le taux de non recouvrement élevé qu’elle affiche. Il faut dire qu’en cas d’accrochage, la
BFPME récupère d’abord la moitié de sa mise en attendant le solde sur présentation de
l’attestation de faillite. Celle-ci doit faire l’objet d’une procédure judiciaire longue et
fastidieuse qui peut durer plusieurs années vu l’absence d’un tribunal de commerce et la
lourdeur des procédures en Tunisie.
Cette situation pousse la BFPME à s’écarter du segment «création d’entreprise». Elle doit, en
plus, composer avec un écosystème qui n’est pas toujours coopératif, d’après le management
de la banque. La banque a dû ainsi diversifier ses produits et services, des fois en dehors de
son mandat officiel, pour assurer sa pérennité. Elle continue néanmoins à dépendre
fortement de la politique publique de développement.
Dans le tableau 5 ci-après, nous résumons selon l’étape du projet, les instruments mis à la
disposition de la BFPME pour accomplir sa mission.
22
Stade du projet Intervention de la BFPME Instruments dédiés
Création de la
PME
Renforcement des fonds propres Prêts participatifs sans intérêt (Intilak, Bader,
QFF...)
Financement / co-financement
des investissements
Crédit à Moyen et Long Terme à un taux réduit
Assurance sur le capital investi par la SOTUGAR
Accès aux dotations du Fonds Tunisien de
l’investissement (en cours de mise en place)
Croissance de la
PME
Financement de l’extension
(exploitation et/ou
investissement)
Programmes de soutien à la croissance financés
par des bailleurs de fonds comme la Banque
Mondiale ou la BERD.
Rééchelonnement accordé dans
le cadre des mesures
exceptionnelles
gouvernementales (2020-2021).
Facilité avec des mesures spéciales (fiscales,
sociales et financières) pour faire face aux
répercussions de la crise COVID-19
Restructuration
de la PME en
difficulté
Mobilisation de capitaux pour la
restructuration stratégique,
organisationnelle et financière de
la PME en difficulté
Lignes de restructuration financière des PMEs
FSPME (2014) et FAR (2018) avec une facilité
d’assistance technique et un fonds de garantie des
financements accordés
Tableau 5: BFPME - Services financiers fournis aux PMEs durant leur cycle de vie
B) Les services non financiers aux PMEs
Ces services s’articulent autour de deux phases, anté création et post création. La BFPME
couvre ainsi l’ensemble des besoins des promoteurs qu’elle cible pour devenir ses clients. Les
prestations de la banque se résument ainsi:
- Fournir une assistance à l’identification des idées de projets et informer les promoteurs et
porteurs de projets des études économiques et prospectives réalisées par les départements
ministériels. Elle met en relation les promoteurs avec les diverses structures publiques
comme les Offices Régionaux de Développement et les Centres Techniques Sectoriels.
- fournir un accès aux bases de données sectorielles tenues par l’APII, l’APIA et la FIPA et
faciliter la mise en relation des promoteurs avec les différentes structures d’appui et
d’assistance à la création de la PME (centres d’affaires, pépinières d’entreprises, cellules
d’essaimage, Offices Régionaux de Développement, “espaces entreprendre" relevant de
l’ANETI,…).
- Orienter les promoteurs vers des programmes d’accompagnement et d’assistance dans le
domaine de l’entrepreneuriat mis en place par les organismes internationaux agissant en
Tunisie17
.
17
«Cartographie nationale des programmes d’accompagnement des promoteurs». Etude de la BAD-Ministère de la Formation
Professionnelle et de l’Emploi -2018
23
Le tableau 6 ci-après décrit les différentes interventions de la BFPME dans les stades ante et
post création.
Stade du
projet
Intervention de la BFPME Programme ou
Initiative
Bailleurs de Fonds/
Sponsor du
programme
Organisme
gestionnaire du
programme
Ante Création
d’entreprise
Sourcing de projets de PME et
participation aux travaux de
pilotage et/ou autres instances
de monitoring de ces
programmes.
Souk- Attanmia.
ANDI FEKRA
AGRIPRENEUR 2.0
PROAGRO
Banque Africaine de
Développement
Tunisie Télécom
GIZ
Agence Italienne pour
la Coopération au
Développement
Banque Africaine de
Développement
Radio Express FM
APIA
APIA, en partenariat avec
plusieurs autres
organismes concernés
Organisation de
concours d’entrepreneuriat et
sponsoring d’événements
Concours d'innovation
de l'APII.
Global
Entrepreneurship
Week - Tunisia
Challenge du Hult
Prize 2021
APII
Global
Entrepreneurship
Network
ONU
APII, en partenariat avec
plusieurs acteurs de
l’écosystème
entrepreneurial
IACE en collaboration avec
des partenaires de
l’écosystème
Université de Tunis El
Manar.
Renforcement de capacité
(BootCamps et sessions
d’accompagnement),
participation aux travaux de
jury.
Univenture
Le programme
National de l’Étudiant
Entrepreneur
Carthage Business
Angels
Union Européenne
(Projet ERASMUS+)
Wiki Start Up
Agence Universitaire de la
Francophonie
Post Création
d’entreprise
Mentoring : Assistance et
orientation des promoteurs, par
des investisseurs chevronnés.
Accompagnement et
prêt d’honneur.
Mentorat,
accompagnement et
coaching.
AFD
Ambassade de France,
Campus France et ATB
Réseau Entreprendre de
Tunisie.
MOOVJEE
Collaboration afin de faire
bénéficier des PME clientes de
la BFPME de divers
programmes d’assistance
technique, orientés aux PMEs
en Tunisie.
ISECO
TUNISIA JOBS.
Assistance Technique
aux PMEs / Fonds
FAPA.
Assistance technique
aux PMEs ayant subi
des difficultés à la suite
de la COVID-19.
GIZ
USAID
JICA et l’Agence
Autrichienne de
Coopération
Internationale
Ambassade UK à
Tunis / OCDE
GIZ
USAID
BFPME
BFPME
Table 6: BFPME - Services non financiers fournis aux PMEs ante et post création
24
Des processus métiers sophistiqués mais sans un système d’information
adéquat
La fourniture de ces services métiers exige un système d’information sophistiqué, à même de
conforter la capabilité de la BFPME aussi bien dans sa relation avec ses clients que ses
partenaires. Or le socle technologique actuel du système d’information de la BFPME ne
permet même pas la gestion des processus crédits. Le système d’information (SI) actuel
acquis à la création a évolué par développement interne sans pouvoir se hisser à un niveau
global bancaire. Plusieurs activités importantes et névralgiques comme la gestion des bases
de données sont encore gérées manuellement ou à l’aide du tableur Excel. Cette situation
compromet la bonne gouvernance et la fiabilité de l’information financière.
Identifié comme un risque majeur par le comité des risques de la BFPME, le SI fait l’objet
d’une discussion interne pour l’établissement d’un dossier d’appel d'offres. Le futur SI de la
banque est appelé à accompagner la transformation digitale de la banque. La direction
générale est consciente qu’avant de faire des choix technologiques, le système de
management de la banque doit être clarifié et surtout aligné avec son modèle économique. La
migration vers un nouveau SI ne peut réussir s’il n’y a pas un cahier des charges précis de la
couverture fonctionnelle et des applications transversales (référentiel unique, groupes et
utilisateurs, droits et habilitation, traçabilité et piste d’audit). Le flou organisationnel et les
tergiversations sur le modèle économique empêchent ce dossier d’avancer. Entre-temps, le
CA a approuvé la location d’un SI, en attendant d’entamer le processus long et fastidieux d’un
appel d'offres.
Gouvernance de la BFPME et influence politique
La Tunisie dispose d’un guide de gouvernance des entreprises publiques et d’une loi
spécifique18 relative à la gouvernance des banques et des établissements financiers. Cette
dernière vient d’être complétée par une nouvelle circulaire de la BCT datée du 19 août 2021 et
portant le numéro 2021-05 qui met des conditions encore plus strictes dans le
fonctionnement des Conseils d’Administration des banques.
La BFPME a un Conseil d’Administration (CA) formé de 12 administrateurs, dont 2 membres
indépendants. Du point de vue même de ses administrateurs, la gouvernance de la BFPME
souffre de plusieurs lacunes qui doivent être corrigées dans le cadre d’un plan global de
restructuration.
En termes de composition, le CA regroupe des administrateurs représentants l’Etat et les
actionnaires, sans être regardant sur la maîtrise du métier de la banque. De plus, la directive
concernant la séparation des rôles de Président du Conseil et de Directeur Général a été
18
Loi n° 2016-48 du 11 juillet 2016
25
approuvée en Assemblée Générale Extraordinaire tenue en Août 2020 pour se conformer à
l'article 46 de la loi bancaire 2016-48. Sa concrétisation ne s'est faite que le 23 septembre
2021 lors d’une réunion du CA qui a désigné un Président (issu du Ministère des Finances) et
a maintenu l’ancien PDG en tant que DG, donnant ainsi le signe d’une restructuration
imminente de la banque.
En termes de fonctionnement, à part les administrateurs indépendants, la désignation des
autres administrateurs n’obéit pas à un processus de recrutement formalisé; ce qui réduit la
possibilité d’une évaluation individuelle des administrateurs. Quand bien même les comités
d’audit, de risque, de nomination et de rémunération sont bien établis, ils ne disposent pas
des ressources nécessaires pour assurer pleinement les travaux dont ils ont la charge. De plus,
la défaillance du système d’information ne permet pas un bon suivi et reporting des activités
de la banque.
En termes d’intégrité et de non corruption, la BFPME a mis en place une cellule de bonne
gouvernance19
qui est censée coordonner entre le CA et les différents services et intervenants
internes et externes pour se conformer aux meilleures pratiques et assurer l’interface avec les
différentes parties prenantes.
Les textes réglementaires inapplicables et le traitement «différencié» de la part de la
supervision bancaire ne donnent pas à la BFPME les moyens d'asseoir une gouvernance
efficace. Elle continue à avancer avec une très forte exposition aux risques, notamment:
-les risques de crédit liés à une information financière éparse et non structurée aussi bien sur
les secteurs d’activités que sur les projets dont la rentabilité moyenne est souvent faible voire
incertaine. Le mécanisme de garantie appliqué ne permet pas de couvrir dans les faits au-delà
des 30% de la casse d’après le management de la Banque.
- Les risques opérationnels liés à une faiblesse institutionnelle en termes de procédures
écrites et de description des processus des métiers de la banque se traduisant par
l'inefficacité du contrôle interne en plus d'un système d'information inadapté.
- Les risques de liquidités associés à un risque de solvabilité mettent la banque dans une
situation délicate vis-à-vis de la BCT. En 2020, les fonds propres de la banque passent au
rouge; en infraction avec l’article 388 du Code des Sociétés Commerciales.
D’autres défaillances sont à relever. Alors que la Loi de Finance complémentaire de 2015
alloue un budget de TND 100 millions pour une augmentation du capital de la BFPME, ce
montant n’a jamais été débloqué. L’idée avancée par le Ministre des Finances de l’époque
était déjà d’explorer un nouveau modèle économique axé sur le financement «on-lending»
des banques commerciales en chargeant ces dernières de servir à leur tour les PMEs sur le
terrain. La KfW a été sollicitée à cet égard pour partager son expérience dans le domaine du
développement économique. Elle a ainsi sponsorisé une étude dans cette direction qui a
élaboré les contours du projet de Banque des Régions. La confusion politique a mené à une
décision dans la Loi des Finances de 2019 allouant un budget pour une Banque des Régions
dédiée au développement qui est censée absorber la BFPME et la SOTUGAR en un premier
temps. Sans fondation juridique, cette décision n’est toujours pas entrée en vigueur.
19
Circulaire du Président du Gouvernement de 2012 n°16 concernant les entreprises publiques
26
Performance et réalisations de la BFPME
Au départ, la politique de crédit de la BFPME était d’octroyer des crédits moyens et longs
termes (CMLT) aux PMEs à un taux réduit et sans garantie, outre l’investissement dans le
projet même. La création d’entreprises dans les régions de l’intérieur était la cible de
prédilection de la banque poursuivant ainsi des Objectif de Développement Durable (ODD).
L’expérience a rapidement montré que ce segment présente un niveau de risque très élevé et
une rentabilité incertaine. Ceci a conduit la banque à se tourner plutôt vers les projets
d’extension, négligeant ainsi la création d’entreprise. Cette stratégie a nui non seulement à
l’offre sur le marché mais aussi à l’image de la BFPME comme unique banque de
développement.
Quand bien même la banque a lancé de nouveaux produits et services de financement,
comme les prêts participatifs détaillés plus bas, elle s’est trouvée au bout de 15 ans d’exercice
sans pipeline de projets de qualité et avec des pertes cumulées dépassant en 2020 les TND
100 millions20
.
La provision pour créances douteuses a culminé à 83% en 2020. Les causes reviennent en
grande partie à la qualité médiocre des plans d’affaires soumis à la diligence de la banque, au
manque d’expérience des promoteurs ciblés par des mesures fondées davantage sur la
«solidarité sociale» que la rentabilité. En outre, la non maîtrise des risques de marché, la
lourdeur des procédures administratives de l’ensemble des intervenants et surtout la non
adéquation du schéma de financement proposé à des projets «greenfield», conjugués aux
longs délais d’instruction des dossiers et à la multiplicité des interlocuteurs, ont fini par
achever la faible marge que pouvaient générer les projets de développement. On estime qu’un
bon nombre de projets aurait pu réussir s’il y avait plus de souplesse dans les schémas de
financement et si les besoins en fonds de roulement étaient pris convenablement en charge
par la BFPME... La faible capitalisation bancaire et l’absence d’un marché de refinancement a
rapidement amené la BFPME à pivoter et à explorer d’autres voies pour assurer sa survie.
La donne a changé avec le rapprochement avec le Fonds Suisse qui a proposé, dès 2011, à la
BFPME un don de TND 6.5 millions pour pallier la faiblesse des fonds propres des primo-
entrepreneurs dans les régions. Moyennant une commission fixe, la BFPME a réussi à
attribuer une centaine de prêts participatifs au taux zéro; impulsant ainsi des projets qui
étaient en souffrance pour non bouclage de leur schéma de financement, dans 12
gouvernorats de l’intérieur. Cette expérience, qui sort du mandat de la BFPME, a ouvert de
nouvelles perspectives de collaboration avec d’autres bailleurs de fonds, comme QFF ou
Intilak 2.
20
États Financiers en annexe 4
27
Mieux que cela, cette activité a généré non seulement une nouvelle dynamique de croissance
sur le marché, mais aussi une rentabilité certaine pour la banque, qui a réussi avec cette
classe d’actifs à surmonter temporairement ses difficultés financières.
Avec un capital social de TND 100 millions, la BFPME est une des plus petites banques en
Tunisie. Sa licence de banque universelle n’est pas en cohérence avec son mandat de banque
de développement puisqu’elle ne dispose pas de comptes de dépôts clientèle et ne peut pas
s’appuyer sur un marché de refinancement, inexistant en Tunisie.
Ses états financiers (en annexe 4) montrent une évolution significative du Produit Net
Bancaire qui s’est établi à près de TND 9 millions depuis 2018. Par contre, la rentabilité n’est
toujours pas assurée, vu les résultats négatifs quasi permanents. En 2020, la banque a
enregistré un déficit record de près de TND 8 million à cause de différentes provisions pour
créances douteuses. D’après les états financiers, le taux de créances accrochées est passé de
81,45% en 2019 à 83% en 2020.
Graphique 1: Tunisie: Produit Net Bancaire et Résultat Comptable en TND
Le bond observé en 2017 correspond à une mobilisation auprès de bailleurs de fonds
étrangers pour l’essentiel de ressources externes spéciales. Ces ressources spéciales ont
atteint TND 277 millions en 2020, alors qu’elles étaient autour de TND 20 millions en 2010
(cf. Détail dans le tableau 5).
28
31/12/2020
Ressources spéciales d'origine extérieure 159 497 154
Ligne italienne 7 203 832
Ligne espagnole 508 011
Ligne FOCRED 0
Ligne JBIC 51 050 626
Ligne Française 1 622 626
Ligne FADES 28 689 000
Ligne BIRD 3 562 746
Ligne BAD 2 625 000
Ligne FADES 2 38 012 925
Fonds ETAP "RSE PME Tatouine" 1 858 023
Fonds CPG Gafsa 2 421 151
Fonds QFF Reliquat Subvention (1) 6 230 722
Fonds ETAP "RSE PME Kebilli" 90 000
Ligne QFFT (2) 15 200 000
Subvention Fonds Suisse 2 422 492
Ressources spéciales d'origine budgétaire 102 448 232
FOPRODI 12 428 865
RITI 297 319
Fonds INTILAK II 29 998 649
Fonds de soutien des PME PDFP 53 419 419
Fonds BADER 5 211 310
Fonds FAR 1 092 670
Dettes rattachées aux ressources spéciales 15 119 622
D'origine extérieure (intérêts courus) 403 590
D'origine budgétaire (intérêts courus) 14 716 033
Total 277 065 008
Tableau 7: BFPME. Les ressources spéciales par origines (2020)
Source: BFPME
Ces ressources ont permis de fournir de nouveaux services aux PMEs (comme les prêts
participatifs) et ont aidé la banque à couvrir tout juste ses charges d’exploitation. Par contre,
ils ne dégagent pas assez de marge pour couvrir les créances accrochées et les frais financiers
qui se cumulent d’année en année.
29
Graphique 2: Évolution des actifs sous gestion de la BFPME en TND
Source: BFPME
Nous allons considérer ces ressources spéciales (publiques et étrangères) complétées par les
créances clientèles et bancaires, les liquidités et le portefeuille d’investissement comme les
actifs sous gestion de la BFPME. Ces actifs transférables représentent en quelque sorte la
valeur intrinsèque de la Banque. Nous constatons que la BFPME a bien consolidé ses actifs
sous gestion, même si elle cumule, jusqu’à fin 2020 une perte de plus de TND 100 millions,
passant ainsi à une situation intenable de fonds propres négatifs. La situation est telle que la
BFPME doit désormais accélérer sa recapitalisation et par la même occasion sa
restructuration afin d’assurer sa pérennité.
Tableau 8: Actifs sous gestion par la BFPME
Analyse du portefeuille Clientèle de la BFPME
Après 15 ans d’exercice, la BFPME a instruit 10.094 demandes de crédits. Elle a approuvé
1.723 projets correspondant à des engagements de TND 404 millions.
D’après la base de données de la banque, une baisse des demandes depuis 2011 a été
constatée (cf. figure 6), ainsi qu’une nette correction du taux et du montant total
d’approbation (cf. Figure 7).
La BFPME joue un rôle clé dans l’écosystème entrepreneurial, en orientant les flux de
financement vers des secteurs et des régions prioritaires. Sur 15 ans d’activités, la BFPME a
permis de lever près de TND 1 milliard comme investissement dans les PMEs. Ce montant
reste modeste par rapport aux besoins en financement de l’économie estimés à TND 3.4
milliards par an.
30
La BFPME reçoit plusieurs centaines de demandes de financement par an tel qu’indiqué dans
la figure 6. Un pic a été observé en 2011 où elle a reçu 1449 demandes. Le nombre
d’approbation a quant à lui plafonné à 366 la même année, pour décroître à 42 en 2019.
Figure 6 BFPME: Évolution des demandes de financement et des approbations
Source: BFPME. Document interne (2020)
figure 7: Source: BFPME - Analyse du portefeuille
Source: BFPME. document interne (2020)
D'après les dernières statistiques (cf. Tableau 9), la BFPME a approuvé un montant total de
TND 21,9 millions pour 42 projets en 2019. Une baisse par rapport à 2018 de 15% en
engagement et de 48% en nombre de projets.
31
En 2019, les nouveaux engagements de la banque se déclinent comme suit: 54% pour des
projets d’extension contre 44% pour des projets de création et 3% pour les compléments de
crédit restructurations. Marquant ainsi une nette préférence pour les projets d’extension, là
où le risque est moindre.
D’après les rapports internes de la BFPME, les secteurs les plus financés sont les industries
agroalimentaires suivies des industries chimiques et celles du papier et du carton.
Tableau 9: BFPME. Évolution des approbations par nature
Source Analyse du portefeuille de la BFPME 2019
Implantée dans la quasi-totalité des gouvernorats de la Tunisie, la BFPME a dû ajuster sa
notion de PME et l’a adaptée pour tenir compte des conditions spécifiques de chaque région.
Ceci a donné une répartition par nature de financement et par région résumés dans les
tableaux 9 et 10. Le financement des extensions domine donc, et les trois régions de tête sont
Kairouan, Sfax et Sousse.
Par ailleurs, on constate que dans certains cas que le financement a glissé vers des micro
projets et dans des domaines non industriels (comme les artisans et les professions libérales).
Ce glissement dans le positionnement sur le marché s’explique par la rareté de projets
industriels.
32
Tableau 10. BFPME Répartition régionale des approbations
Source Analyse du portefeuille de la BFPME 2019
Après la Révolution, le nombre de demandes de financement a connu une chute importante.
Un rapport de l’APII sur les problématiques de la création des entreprises en Tunisie21
a bien
relevé l’effet de la révolution sur la création de nouvelles entreprises industrielles.
Le nombre moyen d’entreprises industrielles créées par an est ainsi passé de 470 sur la
période 2005-2011 à 292 sur la période 2012-2015 (cf. tableau 11); soit une baisse d’environ
40%. Le nombre d’emplois potentiels déclarés a aussi baissé en conséquence de 33000 à
16000 sur les mêmes périodes, avec une moyenne d’emplois par entreprise qui est passé de
70 à 54, en comparant toujours les mêmes périodes.
Tableau 11: Entreprises entrées en production et emplois générés (APII 2020)
21
Problématiques de la création d’entreprises en Tunisie. APII - Avril 2017 (annexe 4)
33
Selon le même rapport de l’APII, le taux de mortalité des entreprises de moins de 50 emplois
atteint les 47% alors qu’il n’est que de 30% pour celles de plus de 200 emplois. Cela confirme
le fait que les entreprises qui réussissent à atteindre une certaine taille critique deviennent
plus pérennes.
En résumé, le marché a connu depuis 2011 moins de projets, des investissements de moindre
envergure avec potentiellement moins d’emplois générés. Les flux de financement ont eu
donc tendance à s’orienter davantage vers les investissements d’extension plutôt que la
création.
Comme la part de marché de la BFPME représente environ 7% des entreprises créées, on
devrait trouver par translation 7350 emplois générés par les PMEs entrées en production.
Cette information est très éloignée des 30000 emplois annoncés dans les rapports de la
banque.
Cela prouve que la BFPME ne peut pas évaluer les emplois réels créés par ses clients. Elle doit
faire face à l’asymétrie d’information avec les banques partenaires. Elle est généralement
informée en dernier lorsque la PME rencontre des difficultés. L’emprise de la banque
commerciale l’emporte dans les décisions de délestage et arrêts des remboursements de
crédit par les PMEs en difficulté. En effet, comme c’est la banque commerciale qui finance le
cycle d’exploitation (le fonds de roulement), elle détient une relation directe et permanente
avec la PME. Ce qui n’est pas le cas de la BFPME qui ne détient pas de compte client.
Les indicateurs de la BFPME arrêtées au 30/06/2021 indiquent que sur 1106 relations qui
constituent le portefeuille de la banque, 635 sont en activités, 53 encore en investissement et
418 fermées. Ce taux élevé de fermeture peut s’expliquer par le profil de risque qui caractérise
le portefeuille de la BFPME. Selon les statistiques communiquées en septembre 2021, 80%
des entreprises sont classées entre 3 et 4 selon les normes de la BCT, ce qui réduit la partie
recouvrable à 20% seulement du total des crédits (en nombre de projets).
Figure 8. BFPME Classement du portefeuille par classe de risque
34
Source: BFPME (Juin 2021)
Malgré cela, la BFPME affiche quelques cas de succès qui peuvent servir d’exemples pour les
futurs promoteurs. Ces réussites ne sont pas uniquement du fait d’avoir accédé au
financement, c’est aussi des conditions générales au niveau de l’environnement des affaires,
du potentiel du marché, de la maîtrise technologique sans oublier les qualités managériales
des dirigeants.
L’exemple de Biome Solar Industry illustre tout cela d’une manière évidente. La société
représente une des success stories les plus marquantes du portefeuille de la BFPME (voir
encadré ci-dessous). Le projet en question s'inscrit dans le cadre d’un programme national
dit “Plan Solaire Tunisien”. Celui-ci est réalisé avec la coopération technique allemande et
vise à stimuler les conditions de création d’un marché pour les chauffe-eau solaires en
Tunisie.
35
Cas de succès
Exemple 1: Biome Solar Industry, une PME qui rayonne en Afrique
Fondée en 2006 par Ahmed Ernez, après une expérience de plus de 13 ans en tant
qu’ingénieur au sein de l’agence nationale de la maîtrise de l’énergie et dans l’industrie de
l’énergie renouvelable, la société Biome Solar Industry (BSI) fabrique, commercialise,
installe et assure la maintenance des chauffe-eau solaires (CES) utilisant une technologie
allemande. La société a commencé avec une capacité de production initiale de 8000 unités
par an qui est montée à 16 000 unités par an actuellement. Après 5 ans d’existence, BSI a
atteint un chiffre d’affaires de 6.6 000 000 DT en 2010 puis 16.100 000 DT en 2020 et
projette plus de 19 000 000 DT en 2021. La société exporte plus de 40% de son CA vers
l’Afrique, l’Europe et les DOM TOM. Son effectif est passé de 20 à 130 employés entre 2010
et 2020 avec un taux d’encadrement de l’ordre de 30%.
BSI est certifiée ISO 9001-2008 depuis décembre 2009 et bénéficie de la certification
allemande SOLAR KEYMARK pour la gamme des CES.
L’année 2020 a vu la création et l’entrée en production de l’entité industrielle Kollector
Biome Béja SA avec un capital de 2.3 000 000 DT dans le but de délocaliser la production
de son partenaire Allemand Kollector BAU Berlin GmbH de Berlin à Béja. Cette opération a
permis l’intégration totale de la production du capteur solaire et de pouvoir approcher le
marché européen avec des produits de qualité.
En plus de l’apport en cash du promoteur, le schéma de financement initial a été bouclé
comme suit. Le partenaire industriel allemand a apporté 12.5% du capital, la STB SICAR a
participé à hauteur de 47,4% et 30,1 % ont été injectés sous forme de prêt participatif par la
BFPME avec un taux bonifié de 2%. L’activité d’exploitation a été financée par des crédits
bancaires et des crédits fournisseurs.
En 2013, la PME a bénéficié d’un autre round de financement bancaire pour son extension
d’un montant de 1 235 000 DT dont 285 000 DT sous forme d’obligations convertibles en
actions, 520 000 DT sous forme de crédit à MT de la BFPME et 430 000 DT au titre d’un
crédit à MT auprès de l’Amen Bank (une banque commerciale).
La BFPME a ainsi financé la société BSI pour la création de sa filiale Biome Inox Industry à
hauteur de 720 000 DT dont 200 000 en prêt participatif dans le capital initial et 520 000
DT en tant que crédit à MT. Cette filiale produit des cuves en inox pour des marchés
spécifiques.
BSI étant bien transparente dans sa gestion, elle a bénéficié des mesures spéciales COVID-
19 prises par le gouvernement en faveur des PMEs. Dans ce contexte, elle a mobilisé des
crédits bancaires de 1.5 millions de TND à un taux de TMM + 1.5%.
36
BSI a su bénéficier des instruments de financement bancaire réservés à la création des PMEs
et au financement de son exploitation pour assurer sa croissance et financer son extension.
Il faut dire que tous les ingrédients du succès étaient réunis dans BSI: un projet bien étudié
avec un partenaire industriel allemand et une demande en gestation encouragée par des
facilités et des primes de l’Etat. Côté financement, un effet de levier a été possible grâce à la
contribution de la BFPME. Avec seulement 10% d’apport personnel, sans aucune hypothèque,
le promoteur a créé sa société en mobilisant le capital initial requis de 400 000 DT. Il a dû, à
cet effet, souscrire à une assurance obligatoire contractée au taux de 1,5% auprès de la
SOTUGAR. Ces encouragements étaient complétés par d’autres mesures fiscales et sociales
du fait d’avoir domicilié l’entreprise dans une zone de développement régional (gouvernorat
de Béja). Les leçons apprises de ce client, suivi depuis sa création par la BFPME sont de
plusieurs ordres:
● Les programmes de soutien émanant des stratégies de développement nationales
génèrent des opportunités de création d’entreprises à fort potentiel de croissance.
● La maturité de l’entrepreneur est gage de succès pour le projet et facilite le dialogue
avec la banque
A part quelques rares exceptions, comme celle de Novation City dont l’exemple est décrit
plus bas, le financement de l’infrastructure dédiée aux PMEs (Hub technologique,
Technopole, …) en mode greenfield est resté l’apanage du financement public direct. Par
contre, dans les extensions d’investissement, on commence à voir depuis peu l’implication
des banques commerciales et des fonds d’investissement, dans une logique de Partenariat
Public Privé (PPP).
Exemple 2: Le pôle technologique de Sousse: L’infrastructure à succès
Une des rares opérations de financement en capital de la BFPME, le pôle technologique de
Sousse (spécialisé en mécatronique) est initialement un projet public. Il relevait comme les
pôles technologiques de Bizerte (spécialisé en Agroalimentaire) et de Fejja-Monastir
(Spécialisé en Textile) du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
Scientifique en Tunisie.
Par décision politique, le pôle technologique de Sousse a été privatisé en 2009 par l’entremise
de l’Amen Bank qui a réuni un tour de table de TND 5 millions de capital dont 10% apporté
par la BFPME. L’Etat est resté minoritaire dans le capital et a transféré le foncier comme actif
au Dinars symbolique, à condition de ne pas vendre ni céder les terrains. Le modèle
économique du pôle technologique couvre l’aménagement et la gestion de plusieurs zones
d’excellence économique. Baptisé Novation City, sa proposition de valeur s’articule autour de
trois concepts clefs: Novation Mechatronic City, Novation Business City (à Sousse) et
Novation Industrial City (à Enfidha). Le capital social de Novation City est monté à TND 35
millions en 2014, en intégrant la CDC à hauteur de 25% environ. La société a généré un
chiffre d’affaires de TND 15 millions en 2020. Elle emploie 20 personnes et héberge une
37
cinquantaine d’entreprises qui emploient plus de 5000 personnes. Elle envisage une
introduction imminente en Bourse pour lever les TND 25 millions nécessaires à sa croissance.
Ce cas atypique de financement a donné lieu à un retour d’expérience intéressant pour la
BFPME en termes de performance financière (un retour sur equity qui sera confirmé avec
l’opération d’IPO), de dynamique entrepreneuriale (une quarantaine de startups sont
hébergées sur place) et d’impact sociétal (une vitrine technologique avec 5000 emplois
permanents directs créés en une douzaine d’années).
Cet exemple de financement direct d’une infrastructure dédiée aux Startups et PMEs (pôle
technologique) montre l’importance de mixer les véhicules de financement (dette et equity)
dans les projets d’innovation. L’impact est beaucoup plus important en termes d’ODD, avec
un effet d'additionnalité assuré pour une meilleure maîtrise des risques sans compter le
nombre de startups et PMEs qui bénéficieront d’un meilleur environnement pour y éclore et
croître. De même qu’il faut considérer une stratégie de développement des PMEs, il y a lieu
de considérer le développement de l’infrastructure d’accueil (tangible) et de l’environnement
des affaires (intangible).
Un positionnement de la BFPME en porte à faux avec l’écosystème bancaire
On note une situation paradoxale en Tunisie : un faible niveau de crédit bancaire aux PMEs
(estimé à 15% du crédit total à l’économie) et une forte intermédiation bancaire à l’économie
en général (77% du PIB)22
. Selon le rapport Doing Business 2018 de la Banque Mondiale, la
Tunisie se classe au 88ème rang sur 190 économies. Les plus grands défis restent le crédit
(105ème) et la création d'entreprises (100ème).
En Tunisie, comme la plupart des pays en voie de développement, les banques restent la
principale source d’intermédiation pour le financement de l’économie. Cependant avec une
part ne dépassant pas 15% du total des crédits, les prêts bancaires aux PME restent
insuffisants en Tunisie. Ce niveau de crédit bancaire par rapport au PIB reste inférieur au
potentiel et même au-dessous des pays voisins, tels que le Maroc avec 24% du total des
crédits.
Une analyse plus fine sur une longue période (1993–2016) de la distribution des crédits à
l’économie montre que la part de l’agriculture, de la pêche et de l’industrie ne cesse de
diminuer régulièrement au profit des crédits à la consommation.
Aux questions faut-il avoir une banque de développement en Tunisie ? et quel serait son
positionnement par rapport aux banques commerciales? Les avis des acteurs de l’écosystème
bancaire, interrogés en focus groups, sont quasi unanimes sur la nécessité d’avoir une banque
de développement à condition de changer de modèle économique.
22
Source : Banque Mondiale (2014)
38
La question relative au modèle économique d’une banque nationale de développement fait
partie des questions épineuses ayant fait l’objet d’une étude stratégique diligentée par le
ministère des finances en 2015 (avec un financement KfW). Cette étude a fait valoir l’intérêt
d’une transformation du rôle de la BFPME en financeur des PMEs via des banques
commerciales moyennant une fusion avec la SOTUGAR en un premier temps et avec une
autre banque publique de micro-crédit; à savoir la Banque Tunisienne de Solidarité (BTS) en
un second temps.
En effet, à part la sous capitalisation de la BFPME (point évoqué ci-avant), son modèle
économique actuel pose un souci de «soutenabilité» qui ne peut être corrigé que si la
politique de développement de la Tunisie est clairement exprimée et lisible par tous les
acteurs de l’écosystème financier. Ceci permettrait à chacun de tracer une stratégie de
financement claire et alignée aux besoins du marché, avec une meilleure répartition des rôles
et une gestion des risques plus efficace.
L’expérience acquise depuis sa création, donne aujourd’hui à la BFPME des éléments
d’appréciation qui peuvent alimenter la réflexion dans cette direction. Une analyse SWOT
(des forces/faiblesses/opportunités/menaces) donne une première lecture des leviers à
actionner pour une éventuelle restructuration stratégique de la BFPME.
Tableau 12: BFPME. Analyse SWOT de son positionnement dans l’écosystème
Par ailleurs, il semble que l’expérience de gestion déléguée de fonds publics (FOPRODI,
Intilak, Bader,..) ait donné des résultats prometteurs en termes de rentabilité, non seulement
des projets financés mais aussi au niveau des résultats de la banque. Ceci a permis de drainer
des lignes concessionnelles spéciales additionnelles fournies par des bailleurs de fonds
internationaux (Fonds Suisse, Ligne Espagnole, JICA, Ligne Française, Banque Mondiale,
BAD,...).
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39
En approfondissant l’analyse, on relève que la banque reste toutefois soumise à des
contraintes et des risques systémiques induits par des facteurs endogènes et exogènes. Le
tableau 13 résume les effets de ces facteurs (PESTEL) sur le développement de la BFPME
comme suit:
Facteurs Effets sur le développement de la BFPME
Politique Le retard dans la mise en œuvre des réformes bloque
les mesures de promotion de l’investissement privé
Économique L’arrivée sur le marché de nouveaux acteurs de la finance alternative (fonds RSE, fonds
d’impact,....) crée de la concurrence à la BFPME
Social Orientation des priorités vers des catégories sociales spécifiques (primo-entrepreneurs, micro et
mezzo finance, genre,...)
Technologique Généralisation de la
digitalisation des services et valorisation de la donnée comme élément essentiel du risque
Environnemental Ciblage stratégique des ODD grâce à des programmes comme le Plan Solaire Tunisien (Énergies
Renouvelables)
Légal Institutionnalisation de la coopération entre les parties prenantes de l’écosystème est
nécessaire pour une meilleure application du nouveau cadre juridique de l’investissement
Tableau 13: BFPME. Analyse des facteurs PESTEL sur la banque de développement
Défis et Perspectives d’avenir pour la BFPME
Avec un engagement de TND 432 millions à fin 2020 et plus de 1100 PMEs financées (sur un
tissu de 15000), la BFPME est un acquis important dans le paysage de la finance de
développement en Tunisie. Même si un client sur cinq seulement est solvable (cf. Figure 8),
on peut considérer qu’elle a joué son rôle de moteur économique si on admet que le crédit au
secteur privé participe à la croissance économique; comme avancé par Ben Jedidia et al.
(2014)23
.
Certes, le taux de casse aurait pu être plus faible si l’environnement global et les services
offerts étaient plus favorables. La faible rentabilité des projets et le risque d’échec élevé
caractérisent les économies fragiles, comme c’est le cas de la Tunisie.
23
Ben Jedidia, K. , Boujelbène, T., & Helali, K. (2014). Financial Development and Economic Growth: New Evidence from Tunisia,
Journal of Policy Modeling, 36(5), 883-898. https://doi.org/10.1016/j.jpolmod.2014.08.002
40
Même si certaines PMEs financées par la BFPME révèlent qu'elles sont capables de faire des
success stories, leur nombre, sur un intervalle de 15 ans, ne permet pas de confirmer
l’association positive avancée entre le financement du développement et la croissance
économique (King & Levin, 199324
).
Les conditions macroéconomiques dans lesquelles la BFPME a évolué pourraient expliquer la
limitation de sa contribution au développement économique. En effet, selon Bittencourt
(2012)25
, plus de développement financier requiert plus de performance macroéconomique. Il
semble que cette donnée n’a pas été convenablement intégrée dans la réflexion initiale ayant
amené à la création de la BFPME. D’autres erreurs ont été faites; comme la limitation à une
offre mono-produit, à savoir le Crédit Moyen et Long Terme, la rigidité en matière de schéma
de financement, les lourdeurs administratives, etc.
Par ailleurs, pour renforcer la relation à long terme entre le système financier et l’économie
productive, il est incontournable d'avoir un cadre institutionnel approprié. Pour cela, des
réformes politiques et l'application de dispositions juridiques et fiscales plus efficaces sont
requises (Ben Jedidia et al, 201426
).
Outre l’absence d’un tel cadre institutionnel pour la banque de développement, les conditions
réglementaires inappropriées et l'instabilité politique des 10 dernières années, ont mis la
BFPME dans une position où elle ne peut plus assumer pleinement son mandat.
Dans la perspective d’une volonté des pouvoirs publics de reprendre en main la stratégie de la
BFPME pour en faire un véhicule de taille suffisante capable de passer à une vitesse
supérieure et de contribuer efficacement à la relance économique tant attendue, la banque
aura à relever trois défis interdépendants, à savoir: le défi de la continuité, le défi de la
performance et le défi de consolidation de l’écosystème.
Le défi de la continuité exige une restructuration financière et une recapitalisation pour
absorber les pertes cumulées. L’assainissement des créances accrochées et douteuses pouvant
se faire le cas échéant via une Bad Bank. Cela passe forcément par l’édiction d’un statut
spécifique de banque de développement avec des objectifs stratégiques ambitieux appuyés
par des règles de gouvernance adaptées.
24
King, RG & Levin, R. (1993), Finance and Growth: Schumpeter Might be Right, The Quarterly Journal of Economics, 108
(3), 717-737. http://links.jstor.org/sici?sici=0033-5533%28199308%29108%3A3%3C717%3AFAGSMB%3E2.0.CO%3B2-4
25
Bittencourt, M (2012) Financial development and economic growth in Latin America: Is Schumpeter right?. Journal of Policy
Modeling 34 (3), 341–355. https://doi.org/10.1016/j.jpolmod.2012.01.012
26
Op Cite
41
Le défi de la performance passe par la révision du modèle économique ainsi qu’un
repositionnement sur le marché. En effet, la mission de financement des PMEs, que ce soit en
direct ou via le secteur bancaire, aura à prendre une nouvelle dimension et à intégrer
plusieurs formes de véhicules de financement publics et privés pour atteindre des seuils de
performance en phase avec les besoins de l’économie tout en veillant à rester alignée avec les
ODD.
Le défi de la consolidation de l’écosystème renvoie vers une meilleure coopération
pour accélérer la création d’entreprises dans tous les domaines économiques. Or, le
développement de la banque ne pourra se faire sans le développement du système financier,
qui lui-même dépend de l’écosystème entrepreneurial. Les différentes parties prenantes
auront à aligner leur vision de la finance de développement et à partager plus rapidement des
informations stratégiques permettant une meilleure performance globale.
Dans les faits, la BFPME a déjà commencé à redéfinir sa mission et son modèle économique.
La récente décision de séparer les fonctions de Président du Conseil d’Administration (CA) et
de Directeur Général montre qu’il y a une volonté de s’engager dans une nouvelle ère de
gouvernance. Un plan de restructuration est en cours de préparation et nécessitera une
recapitalisation pour sortir la banque d’une situation critique de fonds propres négatifs. Des
lignes de financement spécifiques budgétaires et extra-budgétaires devront être mises à
disposition avec un droit de tirage selon des objectifs prédéfinis, y compris sur le volet
sociétal.
Deux grandes options s’offrent à la BFPME: soit elle continue à maintenir son statut
monopolistique de banque de développement nationale et agir concomitamment aux acteurs
financiers de la place (extension du modèle actuel avec un mandat et un statut spécifique),
soit elle se transforme en financeur on-lending (modèle prôné par le projet de Banque des
Régions) qui soutiendrait les banques commerciales qui deviendraient à leur tour des banque
de développement. Les lignes de financement pourraient être soit en dette, soit en capital; ce
qui permettrait à la BFPME une meilleure emprise sur tous les types d’instruments de
financement du développement public et privé.
Parallèlement, et afin de consolider son positionnement d’acteur public de premier plan, la
BFPME aura à travailler davantage avec les acteurs de l’écosystème pour réduire le taux de
mortalité des PMEs, concevoir de nouveaux produits et services de financement idoines et
mesurer leur impact sur le marché. La banque pourrait ainsi drainer de nouvelles ressources
non budgétaires, notamment des facilités étrangères (FADES, IsDB, QFF, BEI, BIRD,...) ou
des Fonds à gérer par délégation pour le compte du secteur public et privé (fonds RSE en
particulier).
42
Le traitement des créances douteuses de la BFPME est un chantier incontournable pour
mieux comprendre les causes d’échecs des PMEs et rétablir la confiance dans sa capacité à
bien cibler et à accompagner ses clients. L’ouverture de la banque sur les secteurs productifs
autres que l’industrie lui permettrait de mieux gérer ses risques. A ce propos, les industries
sans fumée telles qu’avancées par Mouley S. et Al (2021)27
pourront être une cible de
prédilection pour la relance économique en Tunisie.
L’intégration d’un système d’information adéquat permettra d’assurer une meilleure
performance et d’entamer la transformation digitale de la banque. Ceci va au-delà de
l’automatisation des processus d’affaires et des services offerts par celle-ci. Une introduction
en Bourse pourrait, à terme, être un gage d’une meilleure transparence et indépendance de
l’influence politique directe. Parallèlement, cette introduction faciliterait l’accès de la banque
aux marchés de capitaux, ce qui est indispensable à son développement et à sa pérennité
(Pradhan et al, 201428
).
Enfin, le statut de la banque et son actionnariat seront appelés à être requalifiés pour assurer
une meilleure observation des règles de gouvernance. Les enchevêtrements des participations
dans le capital des entreprises publiques seraient probablement remplacés par un fonds
public commun d’investissements qui représenterait l’Etat en sa qualité d’investisseur dans la
BFPME. Ceci éviterait les montages alambiqués et l’interférence d’intérêts entre entités
publiques. Dans tous les cas, une attention particulière devra être portée à la composition du
Conseil d’Administration et à son mode de fonctionnement qui est, in fine, redevable de la
stratégie de la banque et de son alignement avec les exigences de développement.
27
Mouley, S et Elbeshbishi. A.N(2021). Addressing youth unemployment through industries without smokestacks. A Tunisia case study.
September, Africa Growth Initiative at Brookings, AGI Working Paper 38. https://www.brookings.edu/wp-
content/uploads/2021/09/Tunisia-IWOSS_final.pdf
28
Pradhan, R. Tripathy, S. Pandey, S & Bele, S.K. (2014). Banking sector Development and economic growth in ARF
countries: the role of stock markets. Macroeconomics and Finance in Emerging Market Economies, 7(2):208-229.
http://dx.doi.org/10.1080/17520843.2014.913071
43
Références
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Policy Modeling 34 (3), 341–355. https://doi.org/10.1016/j.jpolmod.2012.01.012
Ben Jedidia, K., Boujelbène, T., & Helali, K. (2014). Financial Development and Economic Growth: New Evidence from
Tunisia, Journal of Policy Modeling, 36(5), 883-898. https://doi.org/10.1016/j.jpolmod.2014.08.002
King, RG & Levin, R. (1993), Finance and Growth: Schumpeter Might be Right, The Quarterly Journal of Economics, 108 (3),
717-737. http://links.jstor.org/sici?sici=0033-5533%28199308%29108%3A3%3C717%3AFAGSMB%3E2.0.CO%3B2-4
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http://dx.doi.org/10.1080/17520843.2014.913071
44
Annexe 1: Principaux indicateurs du compte de la Nation (2005-2018)
Source : Banque Centrale de Tunisie www.bct.gov.tn
45
Annexe 2: Liste des parties prenantes contactées
Prénom Nom Fonction Organisation email adress
M. Lebid Zaafrane CEO BFPME L.ZAAFRANE@bfpme.com.tn
Mr. Hamdi Ksiaa
Communication & PR
manager BFPME hamdi.ksiaa@bfpme.com.tn
Mr. Marouane Ouederni Deputy CEO BFPME dga@bfpme.com.tn
Mr. Mohamed Ali Dabki Board Chairman BFPME Mdabki@finances.tn
Ms. Wafa Sfar Board Member BFPME wsfar2412@gmail.com
M. Mourad Ben Arab Board Member BFPME M.BENARAB@bfpme.com.tn
M. Marouene Abassi Governor Central Bank of Tunisia gouverneur@bct.gov.tn
Mr. Nabil Felfel DG Central Bank of Tunisia nabil.felfel@bct.gov.tn
Ms. Rym Ayadi Central Bank of Tunisia rym.ayadi@bct.gov.tn
M. Jaloul Ayed Former Minister of Finance Government jaloulayed@hotmail.com
Ms. Sonia Zoghlami DG Financement Ministry of Finance Szoghlami@finances.tn
Ms. Nejia Gharbi DGA Caisse des Dépôts et Consignations ngharbi@cdc.tn
Ms. Olfa Chammari Chargée de mission Caisse des Dépôts et Consignations Ochammari@cdc.tn
M. Omar Bouzouada CEO Agence de Promotion de l'Industrie et de l'Innovation dg@api.com.tn
Ms. Sinda Zairi Agence de Promotion de l'Industrie et de l'Innovation sinda.zairi@apii.tn
M. Saber Rehayem CMF (Financial Market Authority) saber.rehayem@cmf.tn
M. Abdelhakim HAMDI Deputy General Manager SOTUGAR hakim.hamdi@sotugar.com.tn
M. Taher BEN HATIRA CEO SOTUGAR pdg@sotugar.com.tn
M. Fredj Jatlaoui SOTUGAR fraj.jatlaoui@sotugar.com.tn
Ms. Mouna Saied Managing Director Association Professionnelle de Banques dg@apbt.org.tn
Ms. Faten Lassoued Association Professionnelle de Banques lassoued.faten@apbt.org.tn
M. Mohamed Salah Frad President Tunisian VC & PE Association (ATIC) mfrad@ugfsnorthafrica.com.tn
Ms. Sonia Barka CEO Tunisian VC & PE Association (ATIC) sonia.barka@atic.org.tn
Ms. Safia Hachicha Financial sector specialist World Bank shachicha@worldbank.org
Ms. Zouhour Karray Trust Fund manager World Bank zkarray@worldbank.org
Ms. Alexandra Chauveau AFD chauveaua@afd.fr
Ms. Isolde Roumy AFD roumyi@afd.fr
Ms. Beate Richter Director / Tunis Office KfW beate.richter@kfw.de
M. Slim Tounsi Private Sector Director KfW Slim.Tounsi@kfw.de
46
Annexe 3: Fil conducteur du Focus Group du 10/09/2021
Annexe 4: Références et ressources bibliographiques
https://drive.google.com/drive/folders/1Z6OwLBNIKxbUrNicWK0s5C4MLR_uBh_y?usp=sharing
47
Annexe 5: Liste des graphiques, tableaux et figures
Figure 1: Croissance annuelle du PIB (%) période 1960-2020, Tunisie
Figure 2: Tunisie: Taux d’épargne et taux d’investissement, période 2005-2018
Figure 3: Tunisie -Aide publique au développement nette et aide publique reçue en US$ courants
Figure 4: Tunisie - Flux d’aides bilatérales nettes des donateurs DAC
Tableau 1: Tunisie: Dépenses de développement sur ressources extérieures affectées
Tableau 2: Tunisie: Évolution des crédits à l’économie du système financier (en million de TND)
Tableau 3: Évolution des crédits à l’économie par terme et par bénéficiaire (en million de TND)
Tableau 4: Tunisie: Évolution des Investissements directs étrangers (en million de TND et en % du PIB)
Figure 5 : La création d’emplois (en milliers) sur la période 2005-2018
Tableau 5: BFPME - Services financiers fournis aux PMEs durant leur cycle de vie
Table 6: BFPME - Services non financiers fournis aux PMEs ante et post création
Graphique 1: Tunisie: Produit Net Bancaire et Résultat Comptable en TND
Tableau 7: BFPME. Les ressources spéciales par origines (2020)
Graphique 2: Évolution des actifs sous gestion de la BFPME en TND
Tableau 8: Actifs sous gestion par la BFPME
Figure 6 BFPME: Évolution des demandes de financement et des approbations
Figure 7: Source: BFPME - Analyse du portefeuille
Tableau 9: BFPME. Évolution des approbations par nature
Tableau 10. BFPME Répartition régionale des approbations
Tableau 11: Entreprises entrées en production et emplois générés (APII 2020)
Figure 8. BFPME Classement du portefeuille par classe de risque
Tableau 12: BFPME. Analyse SWOT de son positionnement dans l’écosystème
Tableau 13: BFPME. Analyse des facteurs PESTEL sur la banque de développement

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Etude de cas de la Banque de Financement de la PME en Tunisie

  • 1. 1 BFPME TUNISIA CASE STUDY Rapport final - version française Auteur: Mondher Khanfir 5 Novembre 2021 CHALLENGES AND CHANGES: THE POLITICAL ECONOMY OF NATIONAL DEVELOPMENT FINANCE IN AFRICA
  • 2. 2 Table des matières Executive Summary...................................................................................................................................... 4 Contexte politique, économique et institutionnel de la Tunisie.............................................................7 Une finance de développement qui prend de l’ampleur en Tunisie...................................................... 9 Des dépenses de développement en dents de scie..................................................................................10 Les premiers piliers de la finance de développement en Tunisie.........................................................14 L’expérience des banques de développement à capitaux mixtes......................................................... 16 Le Capital Risque et le Capital Développement en Tunisie.................................................................. 17 Le Fonds de Promotion et de Décentralisation Industrielle.................................................................17 Le Fonds Tunisien de l’Investissement....................................................................................................18 La BFPME ou le retour à la case départ de la finance de développement.......................................... 19 Le Modèle d’affaires de la BFPME............................................................................................................20 Gouvernance de la BFPME et influence politique..................................................................................24 Performance et réalisations de la BFPME...............................................................................................26 Analyse du portefeuille Clientèle de la BFPME...................................................................................... 29 Un positionnement de la BFPME en porte à faux avec l’écosystème bancaire..................................37 Défis et Perspectives d’avenir pour la BFPME........................................................................................39 Annexe 1: Principaux indicateurs du compte de la Nation (2005-2018)...........................................44 Annexe 2: Liste des parties prenantes contactées..................................................................................45 Annexe 3: Fil conducteur du Focus Group du 10/09/2021..................................................................46 Annexe 4: Références et ressources bibliographiques...........................................................................46 Annexe 5: Liste des graphiques, tableaux et figures.............................................................................. 47
  • 4. 4 Executive Summary Le présent rapport rentre dans le cadre d’une étude plus étendue sur l’expérience des banques nationales de développement en Afrique. Le cas de la Tunisie est illustré par la Banque de Financement de la Petite et Moyenne Entreprise (BFPME), présentée comme l’unique banque de développement de la place, quand bien même le statut juridique de banque de développement n’existe plus depuis 2001. Les informations regroupées dans le présent rapport ont été collectées à travers des publications de différentes sources locales et internationales et des échanges directs avec les acteurs clefs de la finance de développement en Tunisie. On constatera l’évolution du mandat de la BFPME, ainsi que les difficultés qu’elle rencontre pour assurer sa pérennité. Ce rapport retrace l’historique qui a conduit à la création de la BFPME ainsi que l’évolution de son mandat et de sa performance depuis sa création. Il analyse aussi sa structure de gouvernance, son modèle d’affaires et ses sources de financement. L’approfondissement du sujet permet de distinguer les facteurs structurels qui agissent sur la soutenabilité du modèle d’affaires de la banque; comme les dispositions réglementaires et le cadre institutionnel, des facteurs conjoncturels tels que la Révolution de 2011 et ses conséquences en termes de tensions sociales et d’instabilité politique en Tunisie. Cette étude qualitative a mis en exergue trois faits saillants qui ont contribué à la dérive de la gouvernance de la BFPME; à savoir des politiques de développement fragmentées, l’absence d’un cadre légal et institutionnel spécifique et un modèle économique insoutenable. 1) Des politiques de développement fragmentées La Tunisie est en chantier ouvert depuis la Révolution. Plusieurs acquis démocratiques ont été obtenus, mais les réformes structurantes de la sphère économique tardent à venir ou à se mettre en place. C’est le cas de la Loi Transversale1 censée assainir l’environnement des affaires et qui n’est toujours pas opérationnelle. La loi sur le Crowdfunding2 et celle relative à la responsabilité sociétale des entreprises3 ne sont pas encore appuyées par des décrets d’application, et la loi sur le capital investissement est toujours en gestation. Tous ces facteurs ne favorisent pas le rôle de la BFPME comme banque de développement; celle-ci se trouve dans une situation politique confuse. La relation entre le financement de la PME et le développement économique n’est pas officiellement établie en Tunisie. Elle n’est pas appuyée par des objectifs de développement durables (ODD) clairement définis par la tutelle (le Ministère des Finances) ni par le Ministère du Développement, de l’Investissement et de la Coopération Internationale (qui a fusionné en 2020 avec le Ministère des Finances). Une telle situation est très limitative et ne permet pas à la banque de mesurer son impact sociétal ni de justifier sa non rentabilité financière. Les budgets alloués par l’Etat pour le Développement restent modestes et les engagements de la BFPME (autour de TND 20 millions en 2020) sont négligeables par rapport aux besoins réels des PMEs, qui connaissent un déficit de financement des entreprises estimé par la direction générale de la BFPME à TND 3,4 milliards par an. 1 Loi n° 2019-47 du 29 mai 2019 2 Loi N° 2020/37 du 6 Août 2020 3 Loi n°2018-35 du 11 juin 2018
  • 5. 5 2) Absence d’un cadre légal et institutionnel spécifique à la Banque de Développement Il n’y a plus de cadre légal et institutionnel spécifique à la banque de développement en Tunisie depuis 2001, date à laquelle l’expérience des banques de développement a été arrêtée. Le législateur n’a pas estimé utile de créer un cadre adéquat lors de la création de la BFPME en 2005. Elle a donc fonctionné sans pouvoir se conformer aux règles prudentielles édictées par la Banque Centrale de Tunisie pour les banques universelles. Ces règles sont de toute façon inapplicables pour la BFPME. Cet état de fait a créé une sorte de dérogation permanente qui a mis la supervision bancaire dans une impasse face à toutes les dérives de gouvernance observées chez la BFPME. Vu les besoins d’une relance économique très rapide, une banque nationale de développement apparaît toujours comme une nécessité absolue. Reste à trouver le meilleur modèle économique pour assurer le meilleur impact dans un contexte de crise politique, sociale et économique qui perdure. 3) Un modèle économique insoutenable avec une gouvernance à la dérive Le modèle économique de la BFPME consiste à fournir des services financiers et non financiers aux PMEs qui n’ont pas accès facilement au marché des capitaux, avec une priorité pour les projets dans les zones défavorisées. Ces services sont centrés sur le financement de l’investissement et ont aussi une vocation d’inclusion financière. La faible capitalisation bancaire de la BFPME et l’absence d’un marché de refinancement ont amené la banque à explorer d’autres voies pour continuer sa mission et assurer sa survie. Depuis son lancement, la BFPME a opéré avec une très forte exposition aux risques, notamment aux niveaux suivants: -des risques de crédit liés à une information financière insuffisante sur les projets et une rentabilité moyenne incertaine non couverte par des garanties suffisantes - des risques opérationnels liés à une organisation perfectible et à un système d’information inadéquat. - des risques de liquidités avec un Produit Net Bancaire (PNB) insuffisant, associé à des ratios non conformes à la réglementation en vigueur. - des risques d’une gouvernance à la dérive et à la désolidarisation de l'Etat, pourtant premier actionnaire de la Banque. La non libération à ce jour d’une augmentation du capital décidée en 2015 (Article 7 de la Loi de Finance 2015) illustre cette dérive. La BFPME a ainsi accumulé au fil du temps des créances accrochées qui ont lourdement entaché sa performance et sa crédibilité. La situation est telle qu’aujourd’hui ses fonds propres ont basculé dans le négatif, en infraction avec l’article 388 du Code des Sociétés Commerciales. L’assèchement de la finance publique a poussé la banque à recourir à des ressources externes alternatives pour assurer sa survie. D’où le pivot opéré pour gérer par délégation des fonds d’investissement et orienter ses interventions sur les prêts participatifs (financement en equity au lieu de crédit bancaire à moyen et long terme).
  • 6. 6 Son mandat s’est ainsi étendu à la gestion déléguée de fonds, pour le compte de bailleurs et donateurs internationaux comme le Fonds Suisse, QFF, FADES, ... et de bailleurs nationaux (avant même la promulgation de la loi sur la RSE) comme l’ETAP et la Compagnie des Phosphates de Gafsa. Cette activité, forcément moins risquée et plus lucrative que les crédits bancaires, a ouvert une nouvelle voie plus rassurante sur le potentiel et la soutenabilité de la BFPME.
  • 7. 7 Contexte politique, économique et institutionnel de la Tunisie La Tunisie compte un peu moins de 12 millions de nationaux dont 6,65% établis à l’étranger4 pour un PIB de US$ 39,196 milliards5 . Selon l’Index Doing Business de la Banque Mondiale, la Tunisie se place au 78ème rang sur 157 pays étudiés6 . Depuis son indépendance en 1956, la Tunisie a expérimenté plusieurs modèles de développement; à savoir le collectivisme (59-69), le “privilégisme” (70-86), le libéralisme contrôlé (87-95), la mise à niveau industrielle (95-2010),... Les priorités d’investissement ont été consignées dans les plans de développement quinquennaux et exécutés avec plus ou moins de succès selon les difficultés conjoncturelles et structurelles de la période. Pendant les deux décennies de 1990 à 2010, le pays a réussi à maintenir un taux de croissance de son PIB respectable, avec une moyenne de 4,5% environ. Toutefois, les fondamentaux économiques sont restés fragiles et ont continué à subir les effets cycliques de la conjoncture internationale (cf. Figure 1). A partir de 2011, la situation économique est entrée dans une phase d’instabilité à cause de la confusion politique, aggravée récemment par la pandémie de la COVID-19. Ceci a donné lieu à une chute exceptionnelle de la croissance qui a accusé un pic négatif à -8,6% en 2020. Figure 1: Croissance annuelle du PIB (%) période 1960-2020, Tunisie Source: Banque Mondiale 4 United Nations, Department of Economic and Social Affairs. Population Division. Trends in International Migrant Stock. 2019 5 https://donnees.banquemondiale.org/pays/tunisie 6 https://www.doingbusiness.org/en/data/exploreeconomies/tunisia
  • 8. 8 En plus des effets de la Révolution de 2011, le pays a subi de plein fouet la tourmente de la crise de la COVID-19. Celle-ci a lourdement impacté l’activité économique, en particulier la création d’entreprises dont le nombre est en forte baisse. En 2021, les déclarations d’investissement à l’APII se sont contractées de 14,6% sur les 7 premiers mois de l’année par rapport à l’année 20207 . Selon les comptes de la Nation8 , la formation brute de capitaux fixes est passé de TND 8395 millions à TND 19568 millions (à prix courant) entre 2005 et 2018; soit une progression globale sur la période de 233% alors que le PIB a progressé de 279% sur la même période. Ceci suggère une baisse relative de la formation brute de capitaux fixes. De même, le taux d’investissement est passé de 24,6% en 2005 à 18,5% du PIB en 2018 (cf. Figure 2) accusant cependant une baisse moins marquée que celle du taux d’épargne qui s’est dégradé de plus de la moitié entre 2005 et 2018; passant de près de 22% à moins de 10% du PIB. L’explication de cette dé-corrélation pourrait provenir des flux de financement internationaux qui continuent d’une certaine manière à maintenir un niveau d’investissement minimum grâce à des projets d’infrastructures soutenus par des bailleurs de fonds internationaux. A ce niveau, on parle d’un financement total accordé par les bailleurs de fonds internationaux de l’ordre de US$ 5 milliards, soit plus de 12% du PIB, avec des projets approuvés mais qui ne sont pas encore engagés en Tunisie. Figure 2: Tunisie: Taux d’épargne et taux d’investissement, période 2005-2018 Source : BCT, extrait du compte de la Nation en annexe 1 7 www.tunisieindustrie.nat.tn 8 détail en annexe 1
  • 9. 9 D’après les données du répertoire national des entreprises, la Tunisie comptait à fin 2019 un nombre d’entreprises privées enregistrées de 782.115 entreprises. Seulement 15.000 entreprises comptent plus de 6 employés 9 et qu’on peut considérer comme des PMEs. Seules 15% de ces entreprises sont bénéficiaires et payent l’impôt sur les sociétés. Ce chiffre risque de baisser d’une manière drastique avec la crise de la COVID-19, et ce malgré les efforts du gouvernement pour le maintien en activité des PMEs existantes. Le conseil des chambres de commerce mixtes (environ 3000 PMEs exportatrices) a affirmé, dans une conférence tenue le 28 Janvier 2021 à Tunis, que 34% de leurs adhérents (entreprises off-shore ou à capitaux mixtes) ont fermé leurs portes en 2020 à cause de la pandémie COVID 19. La moitié de ces PMEs n’aurait pas réussi à reprendre ses activités en 2021. Cette pandémie n’a fait qu’aggraver la vulnérabilité de la Tunisie résultant des déséquilibres budgétaires persistants et l'augmentation incessante de la dette publique. Une finance de développement qui prend de l’ampleur en Tunisie Depuis son indépendance, la Tunisie a bénéficié d’une aide internationale au développement qu’elle a déployé sur plusieurs niveaux pour construire un service public de qualité. L’enseignement et la santé furent les premiers secteurs ciblés avant de s’ouvrir aux secteurs de l’industrie et du tourisme. Cette aide a culminé après la Révolution pour atteindre, selon la Banque mondiale, le montant de 4,866 milliards de dollars US sur la décennie 2010-2020 comme illustré dans la figure 3. Figure 3: Figure 3: Tunisie -Aide publique au développement nette et aide publique reçue en US$ courants Source : Banque Mondiale 9 source Institut National des Statistiques (INS)
  • 10. 10 La Banque mondiale définit l'Aide Publique au Développement nette (APD) comme « les décaissements de prêts accordés à des conditions concessionnelles (net des remboursements de principal) et de subventions par les agences officielles des membres du Comité d'Aide au Développement (CAD), par les institutions multilatérales et bilatérales, pour promouvoir le développement économique et le bien-être dans les pays et territoires figurant sur la liste des bénéficiaires. L'aide publique nette fait référence aux flux d'aide (nets des remboursements) des donateurs officiels aux pays et territoires de la partie II de la liste des bénéficiaires du CAD. L'aide publique au développement nette en Tunisie a évolué (cf. figure 3) pour se situer à US$ 805 millions en 201810 .” Figure 4: Tunisie - Flux d’aides bilatérales nettes des donateurs DAC Source : Banque Mondiale Des dépenses de développement en dents de scie Entre 2010 et 2010, le budget de l’Etat de la Tunisie a plus que doubler, la dette publique s’est multipliée par 4 en TND (cf. Tableau 1) et, comme conséquence directe, la pression fiscale a grimpé de 20% à 25%. Avec cette dégradation accélérée de la situation économique, la dépendance des prêts extérieurs et des aides au développement est de plus en plus manifeste. Afin d’alimenter ses plans quinquennaux de développement, la Tunisie se relaie sur des budgets publics complétés par des financements extérieurs. 10 www.tradingeconomics.com
  • 11. 11 D’après une étude11 réalisée par l’African Center for Economic Transformation (ACET), la finance de développement reste limitée à des instruments classiques contrôlés par l’Etat en Tunisie. Quelques pratiques de private equity ou de Blended Finance sont introduites par quelques bailleurs de fonds dans quelques projets d’infrastructure mais cela reste très limité et l’apanage de quelques projets en PPP comme certains pôles technologiques. Les fortes variations des dépenses de développement sur ressources extérieures affectées (cf. tableau 1), qui oscillent entre TND 1 261 millions en 2010 et TND 2 374 millions en 2019 (avec un pic à TND 2 816 millions en 2018) invitent à supposer que la planification des projets de développement n’est pas maîtrisée. 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 Prov Fin. Law 2019 2020 State Budget Billion TND 18.335 19.192 22.935 26.792 28.125 28.900 29.250 32.705 35.851 40.662 47.227 Budget Balance Billion TND -0.650 -2.127 -3.853 -5.207 -4.074 -4.069 -5.510 -5.987 -5.055 -4.040 -3.782 % GDP -1.00% -3.30% -5.50% -6.90% -5.00% -4.80% -6.10% -6.10% -4.80% -3.50% -3.00% Fiscal pressure % GDP 20.10% 21.10% 21.10% 21.70% 23.10% 21.90% 20.80% 21.90% 23.20% 25.30% 25.40% Public Debt Billion TND 25.640 28.780 31.418 34.987 41.054 46.922 55.921 67.830 82.295 82.350 94.068 % GDP 40.70% 44.60% 44.70% 46.60% 50.80% 55.40% 62.40% 70.20% 77.90% 72.20% 74.00% Development expenditure on earmarked external resources Billion TND 1.261 1.280 0.981 1.128 1.146 0.784 2.808 1.093 2.816 2.374 6.88% 6.67% 4.28% 4.21% 4.07% 2.71% 9.60% 3.34% 7.85% 5.84% Tableau 1: Tunisie: Dépenses de développement sur ressources extérieures affectées Source: Ministère de l’économie, des finances et de l’appui à l’investissement La Banque Mondiale estime que le pays pourrait faire beaucoup mieux en termes d'investissements et d'amélioration des services publics qui soient capables d'assurer une reprise économique offrant plus d'opportunités d'emploi pour les jeunes et contribuant ainsi à mieux asseoir la paix sociale et la démocratie12 . Viser ces ambitions invite à projeter comment le système bancaire pourrait jouer un rôle plus important pour accompagner le plan de relance économique. 11 Mondher Khanfir. October 2020. Blended Finance Good Practices: KfW in Tunisia case study. ACET. 12 https://www.banquemondiale.org/fr/country/tunisia/overview#1
  • 12. 12 La part du système bancaire dans la finance de développement D’après le rapport annuel de la supervision bancaire, la trentaine de banques établies en Tunisie affiche, en 2019, un actif total net de TND 140,848 milliards, soit 130 % du PIB13 environ. Le système bancaire tunisien demeure donc petit et fragmenté. Selon le même rapport, il présente une part de créances classées de 13,4% et un taux d’impayés de 5,7%. La révolution de 2011, qui a renversé l’ancien régime, a mis le secteur bancaire sous pression; que ce soit en termes de liquidité ou de risques de crédit. La détérioration de l'environnement financier et économique s’aggrave davantage avec la pandémie de COVID19, avec un impact négatif attendu sur le financement des PMEs qui représentent la grande majorité de l'économie en Tunisie. Ainsi, le secteur bancaire entre dans une phase de grande vulnérabilité car les liquidités diminuent, poussant la Banque Centrale de Tunisie (BCT) à injecter régulièrement des liquidités dans le système et à prendre des mesures d'urgence pour soutenir l'économie pendant la crise. Les dernières statistiques de la BCT (cf. Tableau 2) montrent que le total des crédits bancaires est en forte progression, passant de TND 65 milliards en 2015 à TND 98 milliards en 2020. La part de l’industrie représente 25% environ, celle de l’agriculture et de la pêche 3% environ. Dans cette balance, le secteur privé pèse plus de 90% du total des crédits bancaires. Toutefois, on remarque qu’en dépit des mesures exceptionnelles pour soutenir l’économie, les crédits accordés à l’industrie sont restés quasi stables entre 2018 et 2020. Cela s’expliquerait par une ré-allocation des crédits plutôt qu’une émission de nouveaux crédits. Les mesures d'urgence qui ont été adoptées n’ont finalement servi qu’à soulager une partie des PMEs qui ont contracté des prêts bancaires avant la pandémie de la COVID-19. Ainsi, les PMEs qui n'ont pas accès au financement bancaire sont doublement lésées; elles n'ont ni accès aux prêts, ni à l'aide gouvernementale. En effet, les statistiques de la BCT montrent que ce sont les crédits moyen et long terme (CMLT) qui ont augmenté dans le cadre du rééchelonnement des dettes des PMEs au détriment des crédits court terme (CCT) qui sont restés quasi stationnaires entre 2019 et 2020 (cf. Tableau 3). 13 Rapport annuel sur la supervision bancaire. BCT 2019
  • 13. 13 Tableau 2: Tunisie: Évolution des crédits à l’économie du système financier (en million de TND) Source: Banque Centrale de Tunisie Ceci confirme que pour les PMEs tunisiennes, l'accès au capital continue à être très difficile, en raison d'une offre maigre et d'un marché des capitaux non structuré. De leur côté, les banques se plaignent du manque d'informations sur les PMEs ainsi que de la difficulté d'obtenir une notation du risque de crédit ou des états financiers fiables. Les banques manquent également de produits innovants et de technologies financières qui permettraient de réduire le coût des prêts accordés aux PME. Ainsi, elles s'appuient principalement sur la capacité de ses clients à fournir des actifs corporels en garantie. Cette stratégie exclut de nombreuses PMEs et des jeunes pousses (startups) potentiellement solvables avec un bon plan d’affaires et des flux de trésorerie soutenables étant donné qu’elles ne peuvent pas fournir de garanties réelles externes ni présenter un historique financier suffisant.
  • 14. 14 Tableau 3: Évolution des crédits à l’économie par terme et par bénéficiaire (en million de TND) Source: Banque Centrale de Tunisie Les premiers piliers de la finance de développement en Tunisie Il est communément admis que les PMEs jouent un rôle crucial dans la dynamisation de la croissance économique et dans la création d’emplois. L’industrialisation de l’économie en vue d’une autosuffisance et de la création d’emplois ont ainsi formé l’axe central de l’agenda politique dès les années 70. Plusieurs acquis sont à mettre sur l’actif de cette politique, qui a connu son heure de gloire dans les années 90 avec la signature en 1995 de l’accord de libre échange avec l’Union Européenne et l’accélération des flux d’Investissements Directs Étrangers (IDE) en Tunisie. Ces derniers vont monter jusqu’à 2,6% du PIB en 2018 (cf tableau 4) avant de baisser à 1,7% du PIB en 2020. La notion de développement est toutefois restée très ancrée dans les politiques des gouvernements successifs depuis l’indépendance. Le besoin en financement de l’investissement a favorisé l’apparition des banques de développement qui ont vu le jour dans les années 60. La Banque de Développement Économique de Tunisie (BDET) et la Banque Nationale de Développement Touristique (BNDT) sont les premières banques nationales tunisiennes de ce genre. La première est généraliste multi-sectorielle, la seconde est plus spécialisée dans le secteur touristique. Celles-ci vont régner sur les crédits de développement pour contribuer à l’essor de l’investissement jusqu’à l’arrivée de banques concurrentes au début des années 80; à savoir les banques de développement à capitaux mixtes tuniso-arabes lancées avec une répartition égalitaire du capital, entre l’Etat Tunisien et les pays arabes partenaires, celles-ci seront détaillées dans le paragraphe suivant.
  • 15. 15 Tableau 4: Tunisie: Évolution des Investissements directs étrangers (en million de TND et en % du PIB) Source: Banque Centrale de Tunisie Ces banques de développement ont certainement apporté leur contribution au développement des secteurs du Tourisme et industriel et ont joué un rôle dans la diversification de l’économie tunisienne. In fine, l’investissement a été propulsé par les banques de développement. Une stratégie d’industrialisation a ainsi vu le jour et a commencé à porter ses fruits en termes de croissance et d’exportation. Cependant, la problématique du chômage n’a pas été résolue et la création nette d’emplois a évolué en dents de scie (cf. Figure 5). Cette dé-corrélation entre investissement, croissance et développement conduira le pays à la rupture et sera une des causes principales de la Révolution de 2011. Figure 5 : La création d’emplois (en milliers) sur la période 2005-2018 Source: Banque Centrale de Tunisie Il n’existe pas formellement de rapport exhaustif permettant d’évaluer l’apport des différentes banques et des différents modèles d’affaires qui ont prévalu jusqu’à la fin des années 90; période qui a connu l’arrêt d’activité des banques de développement nationales et à capitaux mixtes sous leur ancienne forme. En effet, dès les années 2000, les deux banques nationales de développement vont être absorbées par la STB, qui en pâtira, et mettra plusieurs années pour juguler les portefeuilles des créances classées apportées par celles-ci.
  • 16. 16 L’expérience des banques de développement à capitaux mixtes La création des banques de développement à capitaux mixtes tuniso-arabes au début des années 80, correspondait à la période de lancement du VIème plan de développement (1982- 87). En 1981, dernière année du Vème plan, le taux de croissance, en Tunisie, était de 6,5% et la moyenne sur tout le plan était de 6,3%. L’objectif était de contribuer à la mobilisation des ressources nécessaires au financement du VIème plan pour des investissements estimés à TND 8 milliards. C’est ainsi que six banques à capitaux mixtes ont été créées. Quatre avec les pays du golfe (la BTKD avec le Koweït, la STUSID avec l’Arabie Saoudite, la BTEI avec les Emirats Arabes Unis et la BTQI avec le Qatar) et deux avec les pays maghrébins (la BCMA avec l’Algérie et la BTL avec la Libye). Chacune de ces banques a démarré ses opérations avec un capital initial de US$100 millions. Ces banques de développement à capitaux mixtes se sont rapidement essoufflées et ont été rapidement dépassées par les banques commerciales locales. Ces dernières devenant aptes à concourir au financement des projets par des crédits à long terme, ont enlevé le quasi- monopole aux banques de développement, d’autant plus que les ressources des banques à capitaux mixtes sont mobilisées sur le long terme en devises sans instruments de swap; et donc plus chères et plus risquées. Il y a aussi d’autres causes, comme la possibilité pour les banques commerciales de contracter des lignes de crédits étrangères (essentiellement européennes), rivalisant ainsi les banques de développement à capitaux mixtes dans leur cœur de métier. A part la BCMA qui sera liquidée très rapidement, les autres banques à capitaux mixtes vont opérer jusqu’à l’assèchement de leurs ressources financières. Les restrictions réglementaires sur le change et sur l’accès aux marchés des capitaux internationaux les ont empêchées de poursuivre normalement leurs activités; ce qui les a poussées à demander à l’Etat tunisien co- actionnaire, l’obtention de la licence de banque universelle pour s’aligner avec leurs concurrents sur le marché bancaire et se libérer des contraintes réglementaires qu’elles subissaient. La loi du 10 juillet 2001 relative aux établissements de crédit consacre le caractère universel de l’activité de l’établissement de crédit et l’abandon de la distinction entre banque de dépôt et banque de développement. Ainsi, les banques de développement seront toutes transformées en banques universelles et viendront encombrer un marché déjà saturé par une vingtaine de banques commerciales.
  • 17. 17 Le Capital Risque et le Capital Développement en Tunisie Côté secteur privé, nous trouvons parallèlement au circuit bancaire, des Sociétés d’Investissement en Capital Risque (SICAR) qui ont une vocation de développement. Aujourd’hui, les intervenants du capital risque sont regroupés au sein de l’Association Tunisienne des Investisseurs en Capital (ATIC). Ils pèsent TND 386 million en 2020 dont 52% au profit des régions de l’intérieur. 174 opérations d’investissement ont contribué à créer ou à maintenir 3900 emplois. 61% des investissements sont alloués en capital développement (croissance). Le ticket moyen est de TND 2,216 million et 113 opérations de désinvestissement ont eu lieu en 2020 représentant TND 112,239 million. Toutefois, 18 startups seulement ont été financées pour un montant total de TND 5,3 millions. Les ressources disponibles dans les fonds de capital risque représentent TND 3300 million, soit le gap estimé en financement de l’économie. Ceci prouve que l’argent est disponible mais les bons projets manquent. Le Fonds de Promotion et de Décentralisation Industrielle Très tôt, la Tunisie a fait le choix de miser sur le secteur privé comme vecteur de développement socio-économique. Pour pallier le manque de capitaux, la Tunisie s’est dotée de plusieurs fonds qui ambitionnent de soutenir le développement industriel. Le premier de ces fonds instauré en 1972 par la loi 72-38 est le Fonds de Promotion de la Décentralisation Industrielle (FOPRODI). Il a été probablement la mesure la plus importante prise en faveur de l’entrepreneuriat en Tunisie depuis l’indépendance. D’après un rapport du Conseil d’Analyses Économiques14 , le FOPRODI a permis de 1972 à 2018 le financement de 2200 projets dont 1500 PMEs, soit près du quart du tissu industriel tunisien, sont actuellement en activité. Plusieurs d’entre elles sont considérées parmi les fleurons de l’économie -cf encadré cas de succès: BIOME SOLAR INDUSTRY-. Ce fonds a eu deux types d’interventions, à savoir la promotion des nouveaux promoteurs et l’encouragement au développement régional. Au 31/12/2018, soit quarante-deux ans après son entrée en application, les interventions du FOPRODI ont totalisé un montant global de TND 965 millions (soit une moyenne annuelle de TND 23 millions) pour près de 8000 interventions du fonds au profit de : -3038 projets promus par les nouveaux promoteurs et les PME pour un montant de TND 225 millions, - 4700 projets au titre des primes de développement régional pour un montant de TND 643 millions et d’autres interventions diverses. 14 Note du Conseil d’Analyse Économique. Tarek Zine et Moufida Hedidar. Sept. 2019
  • 18. 18 Du fait qu’une entreprise peut bénéficier de plusieurs interventions du Fonds (comme les primes spéciales pour l’innovation ou le développement régional), on estime à plus de 2200 le nombre d’entreprises industrielles promues par les nouveaux promoteurs et financées par le FOPRODI. Parmi ces projets, et sur la base du taux de recouvrement enregistré, on estime que près de 1500 entreprises industrielles demeurent actuellement en activité. Ce fonds public a été initialement géré par les banques publiques et a été généralisé plus tard aux SICARs de banques et aux SICARs régionales. Après avoir contribué à l’accès aux capitaux pour un grand nombre d’entrepreneurs, le FOPRODI a été arrêté de fait dès la publication des textes d’application de la nouvelle loi de l’investissement en 2017, qui a promulgué le Fonds Tunisien de l’Investissement (FTI). Ce fonds est destiné à absorber tous les fonds publics d’appui aux fonds propres des PMEs (y compris le FOPRODI) mais tarde à se mettre en place jusqu’à ce jour. Le Fonds Tunisien de l’Investissement Promulgué en 2016, dans le cadre de la loi de l’investissement,15 le Fonds Tunisien de l’Investissement (FTI)16 a pour objectif la promotion de l’investissement et l’encouragement à la création d’entreprises et à leur développement selon les priorités de l’économie nationale, notamment à travers : - l’augmentation de la valeur ajoutée, de la compétitivité et de la capacité d’exportation de l’économie nationale et de son contenu technologique aux niveaux régional et international, ainsi que le développement des secteurs prioritaires, - la création d’emplois et la promotion de la compétence des ressources humaines, - la réalisation d’un développement régional intégré et équilibré, - la réalisation d’un développement durable. Cette loi comporte un cadre réglementaire et institutionnel qui est censé réduire les insuffisances liées à la gouvernance et à l’accompagnement des investisseurs. Elle s’appuie sur un Conseil Supérieur pour l’investissement (CSI) et une instance tunisienne de l’investissement (TIA) pour assurer une gouvernance globale sur la politique, la stratégie et les programmes de l’État dans le domaine de l’investissement. Le CSI détermine la politique, la stratégie et les programmes de l’Etat dans le domaine de l’investissement. 15 https://docs.google.com/viewer?url=http%3A%2F%2Fwww.mdici.gov.tn%2Fwp- content%2Fuploads%2F2017%2F06%2FNouvelleloi2016.pdf 16 Conformément à la loi n°2016-71 du 30 septembre 2016, portant loi de l’investissement, le Fonds Tunisien de l’Investissement (FTI) sera désormais l’unique fonds qui interviendra dans l’appui à toutes les opérations d’investissement qui sont régis par ladite loi.
  • 19. 19 La TIA assure le secrétariat du CSI et elle est censée servir d’interlocuteur unique pour chaque investisseur. Sa mission est de faciliter les procédures administratives et de proposer des politiques dans le domaine de l’investissement. Elle est censée absorber l’APII et l’APIA afin de se positionner sur tout le processus de décision. La TIA gère aussi le FTI qui a pour objectif de rationaliser l’octroi des primes et des contributions et de regrouper les mécanismes d’intervention de l’Etat pour encourager les investissements. Les tergiversations politiques et le manque de coordination avec les différents départements ministériels concernés empêchent encore l’aboutissement de ce dispositif. Le FTI n’est entré en service que partiellement et ce retard crée une situation de blocage très préjudiciable au climat des affaires et à l’investissement en Tunisie. La BFPME ou le retour à la case départ de la finance de développement Au début des années 2000, la Tunisie a commencé à sentir un essoufflement de son modèle économique et a fait le choix de relier politique de développement avec l’entrepreneuriat. Les objectifs d’inclusion financière et de développement régional ont ainsi motivé la création de la Banque de Financement de la Petite et Moyenne Entreprise (BFPME). Lancée dans la précipitation d’une campagne présidentielle à l’époque, il n’y a pas eu d’éclairage ni d’étude approfondie des causes d’échecs des précédentes banques de développement. Le modèle d’affaires imaginé initialement ciblait le manque de fonds propres et la faible préparation des promoteurs. La rentabilité des projets n'était pas le critère décisif. Il fallait irriguer en masse le marché par des crédits bancaires pour inciter à l’entrepreneuriat et tenter de baisser la courbe de chômage, source de tensions sociales grandissantes dans les régions défavorisées de l’intérieur du pays. La BFPME fût ainsi créée le 1er Mars 2005 . Elle exerce son activité dans le cadre de la loi n°2016-48 du 11 juillet 2016, relative aux établissements de crédits. Le capital de la BFPME s’élève actuellement à TND 100 millions et se présente comme suit : Actionnaires Part dans le capital Etat Tunisien 60% Groupe Chimique Tunisien 22% Tunisie Télécom 10% Office de l’Aviation Civile et des Aéroports 6% Office du Commerce de Tunisie 2%
  • 20. 20 En vertu de la réglementation en vigueur, la BFPME a le statut d’entreprise publique, avec une licence d’une banque universelle. La BFPME peut financer tous les projets d’investissement des PME, en création ou en extension, dont le montant d’investissement (ou « investissement + immobilisations nettes », dans le cas d’une extension) est compris entre TND 100 mille et TND 15 millions et opérant dans tout secteur économique, hormis le tourisme (si la composante principale est l’hébergement) et la promotion immobilière (si elle est destinée à l’habitation). La BFPME intervient par l’octroi de crédits à moyen et long terme, principalement en cofinancement avec les autres banques de la place. Elle est considérée comme un acteur central de la méso finance dédiée aux PME. Elle se positionne entre la micro finance dédiée aux TPEs et la Finance Bancaire dédiée aux PMEs et grandes entreprises. La BFPME est ainsi investie d’une double mission : - Assister les promoteurs au cours des différentes phases de réalisation de leurs projets (Identification de l’idée de projet, réalisation du business plan, bouclage du schéma de financement, création juridique de la Société, suivie de la réalisation et développement de l’activité). A titre d’exemple, elle a été mandatée par le Ministère des Finances pour la gestion du programme BADER, lancé en exécution de l’article 6 de la loi de finances complémentaire de l’année 2015. Ce programme comporte d’une part, une composante « atelier entreprendre » destinée à concentrer les meilleures idées de projets et à faire bénéficier leurs porteurs d’un accompagnement pré-création, et d’autre part, une composante accompagnement post création dont l’objectif est d'assister la PME fraîchement créée pendant ses premières années d’existence. - Faciliter l’accès au financement pour la création et l'extension des PME en Tunisie. A ce titre, elle est mandatée pour fournir des crédits à moyen et long terme destinés exclusivement à financer l’investissement. Elle sert aussi de courroie de transmission à des instruments financiers spécifiques, décrits dans le chapitre suivant, tels que décidés par l’Etat. Le Modèle d’affaires de la BFPME Le modèle d’affaires de la BFPME repose sur une proposition de valeur duale centrée sur le développement économique et l’inclusion financière par l’entrepreneuriat. Pour cela, elle fournit des services financiers et des services non financiers aux PMEs et aux porteurs de projets. Son catalogue de services s’est enrichi au fil du temps grâce à des partenariats locaux et internationaux, tel que décrit ci-après: A) Les services financiers aux PMEs Ces services s’articulent autour de trois phases du cycle de vie de la PME. La création, la croissance et la restructuration. Au fil du temps, la BFPME s’est doté d’instruments de financement alternatif qui ont élargi son champs d’intervention comme suit:
  • 21. 21 - Octroyer des prêts participatifs sans intérêt ou à taux réduit pour renforcer les fonds propres des PMEs créées par des jeunes promoteurs - co-financement des investissements à la création ou à l’extension de PMEs par des crédits à moyen et long terme En plus du financement direct des projets, la BFPME veille à faire bénéficier les promoteurs des programmes et des facilités permettant le développement des projets (primes d’investissement, mesures gouvernementales spéciales pour la promotion de certains secteurs, programme de coaching, soutien à l’exportation, appui à l’innovation, et diverses autres initiatives publiques en faveur des PMEs, …). À ce titre, la BFPME joue le rôle de conseiller au promoteur dans le but de lui faciliter les procédures administratives nécessaires en la matière; ce qui impacte très lourdement le coût de traitement par dossier. Dans le cadre du renforcement des mécanismes d’appui aux PMEs, et notamment celles rencontrant des difficultés financières, la BFPME a aussi été mandatée pour gérer un programme de soutien spécifique. Ce programme a été lancé conformément à la loi de finance complémentaire relative à l’année 2014 et au décret n° 2015-31 du 13/01/2015, portant fixation des modalités d’organisation et de fonctionnement des conditions et des méthodes d’intervention du Fonds de Soutien des Petites et Moyennes Entreprises (FSPME). La BFPME est, de par son mandat, fortement exposée au risque de solvabilité. Elle a, au fil du temps, ajusté sa politique de crédit et ne se contente plus uniquement des composantes intrinsèques du projet et de la garantie offerte par la Société Tunisienne de Garantie (SOTUGAR). Elle exige, en cas d’insuffisance de couverture, des garanties réelles externes au projet sachant que la SOTUGAR couvre 60% ou 75 % (dans les zones de développement régional) du principal du crédit accordé. Malgré cela, cette couverture s’avère insuffisante vu le taux de non recouvrement élevé qu’elle affiche. Il faut dire qu’en cas d’accrochage, la BFPME récupère d’abord la moitié de sa mise en attendant le solde sur présentation de l’attestation de faillite. Celle-ci doit faire l’objet d’une procédure judiciaire longue et fastidieuse qui peut durer plusieurs années vu l’absence d’un tribunal de commerce et la lourdeur des procédures en Tunisie. Cette situation pousse la BFPME à s’écarter du segment «création d’entreprise». Elle doit, en plus, composer avec un écosystème qui n’est pas toujours coopératif, d’après le management de la banque. La banque a dû ainsi diversifier ses produits et services, des fois en dehors de son mandat officiel, pour assurer sa pérennité. Elle continue néanmoins à dépendre fortement de la politique publique de développement. Dans le tableau 5 ci-après, nous résumons selon l’étape du projet, les instruments mis à la disposition de la BFPME pour accomplir sa mission.
  • 22. 22 Stade du projet Intervention de la BFPME Instruments dédiés Création de la PME Renforcement des fonds propres Prêts participatifs sans intérêt (Intilak, Bader, QFF...) Financement / co-financement des investissements Crédit à Moyen et Long Terme à un taux réduit Assurance sur le capital investi par la SOTUGAR Accès aux dotations du Fonds Tunisien de l’investissement (en cours de mise en place) Croissance de la PME Financement de l’extension (exploitation et/ou investissement) Programmes de soutien à la croissance financés par des bailleurs de fonds comme la Banque Mondiale ou la BERD. Rééchelonnement accordé dans le cadre des mesures exceptionnelles gouvernementales (2020-2021). Facilité avec des mesures spéciales (fiscales, sociales et financières) pour faire face aux répercussions de la crise COVID-19 Restructuration de la PME en difficulté Mobilisation de capitaux pour la restructuration stratégique, organisationnelle et financière de la PME en difficulté Lignes de restructuration financière des PMEs FSPME (2014) et FAR (2018) avec une facilité d’assistance technique et un fonds de garantie des financements accordés Tableau 5: BFPME - Services financiers fournis aux PMEs durant leur cycle de vie B) Les services non financiers aux PMEs Ces services s’articulent autour de deux phases, anté création et post création. La BFPME couvre ainsi l’ensemble des besoins des promoteurs qu’elle cible pour devenir ses clients. Les prestations de la banque se résument ainsi: - Fournir une assistance à l’identification des idées de projets et informer les promoteurs et porteurs de projets des études économiques et prospectives réalisées par les départements ministériels. Elle met en relation les promoteurs avec les diverses structures publiques comme les Offices Régionaux de Développement et les Centres Techniques Sectoriels. - fournir un accès aux bases de données sectorielles tenues par l’APII, l’APIA et la FIPA et faciliter la mise en relation des promoteurs avec les différentes structures d’appui et d’assistance à la création de la PME (centres d’affaires, pépinières d’entreprises, cellules d’essaimage, Offices Régionaux de Développement, “espaces entreprendre" relevant de l’ANETI,…). - Orienter les promoteurs vers des programmes d’accompagnement et d’assistance dans le domaine de l’entrepreneuriat mis en place par les organismes internationaux agissant en Tunisie17 . 17 «Cartographie nationale des programmes d’accompagnement des promoteurs». Etude de la BAD-Ministère de la Formation Professionnelle et de l’Emploi -2018
  • 23. 23 Le tableau 6 ci-après décrit les différentes interventions de la BFPME dans les stades ante et post création. Stade du projet Intervention de la BFPME Programme ou Initiative Bailleurs de Fonds/ Sponsor du programme Organisme gestionnaire du programme Ante Création d’entreprise Sourcing de projets de PME et participation aux travaux de pilotage et/ou autres instances de monitoring de ces programmes. Souk- Attanmia. ANDI FEKRA AGRIPRENEUR 2.0 PROAGRO Banque Africaine de Développement Tunisie Télécom GIZ Agence Italienne pour la Coopération au Développement Banque Africaine de Développement Radio Express FM APIA APIA, en partenariat avec plusieurs autres organismes concernés Organisation de concours d’entrepreneuriat et sponsoring d’événements Concours d'innovation de l'APII. Global Entrepreneurship Week - Tunisia Challenge du Hult Prize 2021 APII Global Entrepreneurship Network ONU APII, en partenariat avec plusieurs acteurs de l’écosystème entrepreneurial IACE en collaboration avec des partenaires de l’écosystème Université de Tunis El Manar. Renforcement de capacité (BootCamps et sessions d’accompagnement), participation aux travaux de jury. Univenture Le programme National de l’Étudiant Entrepreneur Carthage Business Angels Union Européenne (Projet ERASMUS+) Wiki Start Up Agence Universitaire de la Francophonie Post Création d’entreprise Mentoring : Assistance et orientation des promoteurs, par des investisseurs chevronnés. Accompagnement et prêt d’honneur. Mentorat, accompagnement et coaching. AFD Ambassade de France, Campus France et ATB Réseau Entreprendre de Tunisie. MOOVJEE Collaboration afin de faire bénéficier des PME clientes de la BFPME de divers programmes d’assistance technique, orientés aux PMEs en Tunisie. ISECO TUNISIA JOBS. Assistance Technique aux PMEs / Fonds FAPA. Assistance technique aux PMEs ayant subi des difficultés à la suite de la COVID-19. GIZ USAID JICA et l’Agence Autrichienne de Coopération Internationale Ambassade UK à Tunis / OCDE GIZ USAID BFPME BFPME Table 6: BFPME - Services non financiers fournis aux PMEs ante et post création
  • 24. 24 Des processus métiers sophistiqués mais sans un système d’information adéquat La fourniture de ces services métiers exige un système d’information sophistiqué, à même de conforter la capabilité de la BFPME aussi bien dans sa relation avec ses clients que ses partenaires. Or le socle technologique actuel du système d’information de la BFPME ne permet même pas la gestion des processus crédits. Le système d’information (SI) actuel acquis à la création a évolué par développement interne sans pouvoir se hisser à un niveau global bancaire. Plusieurs activités importantes et névralgiques comme la gestion des bases de données sont encore gérées manuellement ou à l’aide du tableur Excel. Cette situation compromet la bonne gouvernance et la fiabilité de l’information financière. Identifié comme un risque majeur par le comité des risques de la BFPME, le SI fait l’objet d’une discussion interne pour l’établissement d’un dossier d’appel d'offres. Le futur SI de la banque est appelé à accompagner la transformation digitale de la banque. La direction générale est consciente qu’avant de faire des choix technologiques, le système de management de la banque doit être clarifié et surtout aligné avec son modèle économique. La migration vers un nouveau SI ne peut réussir s’il n’y a pas un cahier des charges précis de la couverture fonctionnelle et des applications transversales (référentiel unique, groupes et utilisateurs, droits et habilitation, traçabilité et piste d’audit). Le flou organisationnel et les tergiversations sur le modèle économique empêchent ce dossier d’avancer. Entre-temps, le CA a approuvé la location d’un SI, en attendant d’entamer le processus long et fastidieux d’un appel d'offres. Gouvernance de la BFPME et influence politique La Tunisie dispose d’un guide de gouvernance des entreprises publiques et d’une loi spécifique18 relative à la gouvernance des banques et des établissements financiers. Cette dernière vient d’être complétée par une nouvelle circulaire de la BCT datée du 19 août 2021 et portant le numéro 2021-05 qui met des conditions encore plus strictes dans le fonctionnement des Conseils d’Administration des banques. La BFPME a un Conseil d’Administration (CA) formé de 12 administrateurs, dont 2 membres indépendants. Du point de vue même de ses administrateurs, la gouvernance de la BFPME souffre de plusieurs lacunes qui doivent être corrigées dans le cadre d’un plan global de restructuration. En termes de composition, le CA regroupe des administrateurs représentants l’Etat et les actionnaires, sans être regardant sur la maîtrise du métier de la banque. De plus, la directive concernant la séparation des rôles de Président du Conseil et de Directeur Général a été 18 Loi n° 2016-48 du 11 juillet 2016
  • 25. 25 approuvée en Assemblée Générale Extraordinaire tenue en Août 2020 pour se conformer à l'article 46 de la loi bancaire 2016-48. Sa concrétisation ne s'est faite que le 23 septembre 2021 lors d’une réunion du CA qui a désigné un Président (issu du Ministère des Finances) et a maintenu l’ancien PDG en tant que DG, donnant ainsi le signe d’une restructuration imminente de la banque. En termes de fonctionnement, à part les administrateurs indépendants, la désignation des autres administrateurs n’obéit pas à un processus de recrutement formalisé; ce qui réduit la possibilité d’une évaluation individuelle des administrateurs. Quand bien même les comités d’audit, de risque, de nomination et de rémunération sont bien établis, ils ne disposent pas des ressources nécessaires pour assurer pleinement les travaux dont ils ont la charge. De plus, la défaillance du système d’information ne permet pas un bon suivi et reporting des activités de la banque. En termes d’intégrité et de non corruption, la BFPME a mis en place une cellule de bonne gouvernance19 qui est censée coordonner entre le CA et les différents services et intervenants internes et externes pour se conformer aux meilleures pratiques et assurer l’interface avec les différentes parties prenantes. Les textes réglementaires inapplicables et le traitement «différencié» de la part de la supervision bancaire ne donnent pas à la BFPME les moyens d'asseoir une gouvernance efficace. Elle continue à avancer avec une très forte exposition aux risques, notamment: -les risques de crédit liés à une information financière éparse et non structurée aussi bien sur les secteurs d’activités que sur les projets dont la rentabilité moyenne est souvent faible voire incertaine. Le mécanisme de garantie appliqué ne permet pas de couvrir dans les faits au-delà des 30% de la casse d’après le management de la Banque. - Les risques opérationnels liés à une faiblesse institutionnelle en termes de procédures écrites et de description des processus des métiers de la banque se traduisant par l'inefficacité du contrôle interne en plus d'un système d'information inadapté. - Les risques de liquidités associés à un risque de solvabilité mettent la banque dans une situation délicate vis-à-vis de la BCT. En 2020, les fonds propres de la banque passent au rouge; en infraction avec l’article 388 du Code des Sociétés Commerciales. D’autres défaillances sont à relever. Alors que la Loi de Finance complémentaire de 2015 alloue un budget de TND 100 millions pour une augmentation du capital de la BFPME, ce montant n’a jamais été débloqué. L’idée avancée par le Ministre des Finances de l’époque était déjà d’explorer un nouveau modèle économique axé sur le financement «on-lending» des banques commerciales en chargeant ces dernières de servir à leur tour les PMEs sur le terrain. La KfW a été sollicitée à cet égard pour partager son expérience dans le domaine du développement économique. Elle a ainsi sponsorisé une étude dans cette direction qui a élaboré les contours du projet de Banque des Régions. La confusion politique a mené à une décision dans la Loi des Finances de 2019 allouant un budget pour une Banque des Régions dédiée au développement qui est censée absorber la BFPME et la SOTUGAR en un premier temps. Sans fondation juridique, cette décision n’est toujours pas entrée en vigueur. 19 Circulaire du Président du Gouvernement de 2012 n°16 concernant les entreprises publiques
  • 26. 26 Performance et réalisations de la BFPME Au départ, la politique de crédit de la BFPME était d’octroyer des crédits moyens et longs termes (CMLT) aux PMEs à un taux réduit et sans garantie, outre l’investissement dans le projet même. La création d’entreprises dans les régions de l’intérieur était la cible de prédilection de la banque poursuivant ainsi des Objectif de Développement Durable (ODD). L’expérience a rapidement montré que ce segment présente un niveau de risque très élevé et une rentabilité incertaine. Ceci a conduit la banque à se tourner plutôt vers les projets d’extension, négligeant ainsi la création d’entreprise. Cette stratégie a nui non seulement à l’offre sur le marché mais aussi à l’image de la BFPME comme unique banque de développement. Quand bien même la banque a lancé de nouveaux produits et services de financement, comme les prêts participatifs détaillés plus bas, elle s’est trouvée au bout de 15 ans d’exercice sans pipeline de projets de qualité et avec des pertes cumulées dépassant en 2020 les TND 100 millions20 . La provision pour créances douteuses a culminé à 83% en 2020. Les causes reviennent en grande partie à la qualité médiocre des plans d’affaires soumis à la diligence de la banque, au manque d’expérience des promoteurs ciblés par des mesures fondées davantage sur la «solidarité sociale» que la rentabilité. En outre, la non maîtrise des risques de marché, la lourdeur des procédures administratives de l’ensemble des intervenants et surtout la non adéquation du schéma de financement proposé à des projets «greenfield», conjugués aux longs délais d’instruction des dossiers et à la multiplicité des interlocuteurs, ont fini par achever la faible marge que pouvaient générer les projets de développement. On estime qu’un bon nombre de projets aurait pu réussir s’il y avait plus de souplesse dans les schémas de financement et si les besoins en fonds de roulement étaient pris convenablement en charge par la BFPME... La faible capitalisation bancaire et l’absence d’un marché de refinancement a rapidement amené la BFPME à pivoter et à explorer d’autres voies pour assurer sa survie. La donne a changé avec le rapprochement avec le Fonds Suisse qui a proposé, dès 2011, à la BFPME un don de TND 6.5 millions pour pallier la faiblesse des fonds propres des primo- entrepreneurs dans les régions. Moyennant une commission fixe, la BFPME a réussi à attribuer une centaine de prêts participatifs au taux zéro; impulsant ainsi des projets qui étaient en souffrance pour non bouclage de leur schéma de financement, dans 12 gouvernorats de l’intérieur. Cette expérience, qui sort du mandat de la BFPME, a ouvert de nouvelles perspectives de collaboration avec d’autres bailleurs de fonds, comme QFF ou Intilak 2. 20 États Financiers en annexe 4
  • 27. 27 Mieux que cela, cette activité a généré non seulement une nouvelle dynamique de croissance sur le marché, mais aussi une rentabilité certaine pour la banque, qui a réussi avec cette classe d’actifs à surmonter temporairement ses difficultés financières. Avec un capital social de TND 100 millions, la BFPME est une des plus petites banques en Tunisie. Sa licence de banque universelle n’est pas en cohérence avec son mandat de banque de développement puisqu’elle ne dispose pas de comptes de dépôts clientèle et ne peut pas s’appuyer sur un marché de refinancement, inexistant en Tunisie. Ses états financiers (en annexe 4) montrent une évolution significative du Produit Net Bancaire qui s’est établi à près de TND 9 millions depuis 2018. Par contre, la rentabilité n’est toujours pas assurée, vu les résultats négatifs quasi permanents. En 2020, la banque a enregistré un déficit record de près de TND 8 million à cause de différentes provisions pour créances douteuses. D’après les états financiers, le taux de créances accrochées est passé de 81,45% en 2019 à 83% en 2020. Graphique 1: Tunisie: Produit Net Bancaire et Résultat Comptable en TND Le bond observé en 2017 correspond à une mobilisation auprès de bailleurs de fonds étrangers pour l’essentiel de ressources externes spéciales. Ces ressources spéciales ont atteint TND 277 millions en 2020, alors qu’elles étaient autour de TND 20 millions en 2010 (cf. Détail dans le tableau 5).
  • 28. 28 31/12/2020 Ressources spéciales d'origine extérieure 159 497 154 Ligne italienne 7 203 832 Ligne espagnole 508 011 Ligne FOCRED 0 Ligne JBIC 51 050 626 Ligne Française 1 622 626 Ligne FADES 28 689 000 Ligne BIRD 3 562 746 Ligne BAD 2 625 000 Ligne FADES 2 38 012 925 Fonds ETAP "RSE PME Tatouine" 1 858 023 Fonds CPG Gafsa 2 421 151 Fonds QFF Reliquat Subvention (1) 6 230 722 Fonds ETAP "RSE PME Kebilli" 90 000 Ligne QFFT (2) 15 200 000 Subvention Fonds Suisse 2 422 492 Ressources spéciales d'origine budgétaire 102 448 232 FOPRODI 12 428 865 RITI 297 319 Fonds INTILAK II 29 998 649 Fonds de soutien des PME PDFP 53 419 419 Fonds BADER 5 211 310 Fonds FAR 1 092 670 Dettes rattachées aux ressources spéciales 15 119 622 D'origine extérieure (intérêts courus) 403 590 D'origine budgétaire (intérêts courus) 14 716 033 Total 277 065 008 Tableau 7: BFPME. Les ressources spéciales par origines (2020) Source: BFPME Ces ressources ont permis de fournir de nouveaux services aux PMEs (comme les prêts participatifs) et ont aidé la banque à couvrir tout juste ses charges d’exploitation. Par contre, ils ne dégagent pas assez de marge pour couvrir les créances accrochées et les frais financiers qui se cumulent d’année en année.
  • 29. 29 Graphique 2: Évolution des actifs sous gestion de la BFPME en TND Source: BFPME Nous allons considérer ces ressources spéciales (publiques et étrangères) complétées par les créances clientèles et bancaires, les liquidités et le portefeuille d’investissement comme les actifs sous gestion de la BFPME. Ces actifs transférables représentent en quelque sorte la valeur intrinsèque de la Banque. Nous constatons que la BFPME a bien consolidé ses actifs sous gestion, même si elle cumule, jusqu’à fin 2020 une perte de plus de TND 100 millions, passant ainsi à une situation intenable de fonds propres négatifs. La situation est telle que la BFPME doit désormais accélérer sa recapitalisation et par la même occasion sa restructuration afin d’assurer sa pérennité. Tableau 8: Actifs sous gestion par la BFPME Analyse du portefeuille Clientèle de la BFPME Après 15 ans d’exercice, la BFPME a instruit 10.094 demandes de crédits. Elle a approuvé 1.723 projets correspondant à des engagements de TND 404 millions. D’après la base de données de la banque, une baisse des demandes depuis 2011 a été constatée (cf. figure 6), ainsi qu’une nette correction du taux et du montant total d’approbation (cf. Figure 7). La BFPME joue un rôle clé dans l’écosystème entrepreneurial, en orientant les flux de financement vers des secteurs et des régions prioritaires. Sur 15 ans d’activités, la BFPME a permis de lever près de TND 1 milliard comme investissement dans les PMEs. Ce montant reste modeste par rapport aux besoins en financement de l’économie estimés à TND 3.4 milliards par an.
  • 30. 30 La BFPME reçoit plusieurs centaines de demandes de financement par an tel qu’indiqué dans la figure 6. Un pic a été observé en 2011 où elle a reçu 1449 demandes. Le nombre d’approbation a quant à lui plafonné à 366 la même année, pour décroître à 42 en 2019. Figure 6 BFPME: Évolution des demandes de financement et des approbations Source: BFPME. Document interne (2020) figure 7: Source: BFPME - Analyse du portefeuille Source: BFPME. document interne (2020) D'après les dernières statistiques (cf. Tableau 9), la BFPME a approuvé un montant total de TND 21,9 millions pour 42 projets en 2019. Une baisse par rapport à 2018 de 15% en engagement et de 48% en nombre de projets.
  • 31. 31 En 2019, les nouveaux engagements de la banque se déclinent comme suit: 54% pour des projets d’extension contre 44% pour des projets de création et 3% pour les compléments de crédit restructurations. Marquant ainsi une nette préférence pour les projets d’extension, là où le risque est moindre. D’après les rapports internes de la BFPME, les secteurs les plus financés sont les industries agroalimentaires suivies des industries chimiques et celles du papier et du carton. Tableau 9: BFPME. Évolution des approbations par nature Source Analyse du portefeuille de la BFPME 2019 Implantée dans la quasi-totalité des gouvernorats de la Tunisie, la BFPME a dû ajuster sa notion de PME et l’a adaptée pour tenir compte des conditions spécifiques de chaque région. Ceci a donné une répartition par nature de financement et par région résumés dans les tableaux 9 et 10. Le financement des extensions domine donc, et les trois régions de tête sont Kairouan, Sfax et Sousse. Par ailleurs, on constate que dans certains cas que le financement a glissé vers des micro projets et dans des domaines non industriels (comme les artisans et les professions libérales). Ce glissement dans le positionnement sur le marché s’explique par la rareté de projets industriels.
  • 32. 32 Tableau 10. BFPME Répartition régionale des approbations Source Analyse du portefeuille de la BFPME 2019 Après la Révolution, le nombre de demandes de financement a connu une chute importante. Un rapport de l’APII sur les problématiques de la création des entreprises en Tunisie21 a bien relevé l’effet de la révolution sur la création de nouvelles entreprises industrielles. Le nombre moyen d’entreprises industrielles créées par an est ainsi passé de 470 sur la période 2005-2011 à 292 sur la période 2012-2015 (cf. tableau 11); soit une baisse d’environ 40%. Le nombre d’emplois potentiels déclarés a aussi baissé en conséquence de 33000 à 16000 sur les mêmes périodes, avec une moyenne d’emplois par entreprise qui est passé de 70 à 54, en comparant toujours les mêmes périodes. Tableau 11: Entreprises entrées en production et emplois générés (APII 2020) 21 Problématiques de la création d’entreprises en Tunisie. APII - Avril 2017 (annexe 4)
  • 33. 33 Selon le même rapport de l’APII, le taux de mortalité des entreprises de moins de 50 emplois atteint les 47% alors qu’il n’est que de 30% pour celles de plus de 200 emplois. Cela confirme le fait que les entreprises qui réussissent à atteindre une certaine taille critique deviennent plus pérennes. En résumé, le marché a connu depuis 2011 moins de projets, des investissements de moindre envergure avec potentiellement moins d’emplois générés. Les flux de financement ont eu donc tendance à s’orienter davantage vers les investissements d’extension plutôt que la création. Comme la part de marché de la BFPME représente environ 7% des entreprises créées, on devrait trouver par translation 7350 emplois générés par les PMEs entrées en production. Cette information est très éloignée des 30000 emplois annoncés dans les rapports de la banque. Cela prouve que la BFPME ne peut pas évaluer les emplois réels créés par ses clients. Elle doit faire face à l’asymétrie d’information avec les banques partenaires. Elle est généralement informée en dernier lorsque la PME rencontre des difficultés. L’emprise de la banque commerciale l’emporte dans les décisions de délestage et arrêts des remboursements de crédit par les PMEs en difficulté. En effet, comme c’est la banque commerciale qui finance le cycle d’exploitation (le fonds de roulement), elle détient une relation directe et permanente avec la PME. Ce qui n’est pas le cas de la BFPME qui ne détient pas de compte client. Les indicateurs de la BFPME arrêtées au 30/06/2021 indiquent que sur 1106 relations qui constituent le portefeuille de la banque, 635 sont en activités, 53 encore en investissement et 418 fermées. Ce taux élevé de fermeture peut s’expliquer par le profil de risque qui caractérise le portefeuille de la BFPME. Selon les statistiques communiquées en septembre 2021, 80% des entreprises sont classées entre 3 et 4 selon les normes de la BCT, ce qui réduit la partie recouvrable à 20% seulement du total des crédits (en nombre de projets). Figure 8. BFPME Classement du portefeuille par classe de risque
  • 34. 34 Source: BFPME (Juin 2021) Malgré cela, la BFPME affiche quelques cas de succès qui peuvent servir d’exemples pour les futurs promoteurs. Ces réussites ne sont pas uniquement du fait d’avoir accédé au financement, c’est aussi des conditions générales au niveau de l’environnement des affaires, du potentiel du marché, de la maîtrise technologique sans oublier les qualités managériales des dirigeants. L’exemple de Biome Solar Industry illustre tout cela d’une manière évidente. La société représente une des success stories les plus marquantes du portefeuille de la BFPME (voir encadré ci-dessous). Le projet en question s'inscrit dans le cadre d’un programme national dit “Plan Solaire Tunisien”. Celui-ci est réalisé avec la coopération technique allemande et vise à stimuler les conditions de création d’un marché pour les chauffe-eau solaires en Tunisie.
  • 35. 35 Cas de succès Exemple 1: Biome Solar Industry, une PME qui rayonne en Afrique Fondée en 2006 par Ahmed Ernez, après une expérience de plus de 13 ans en tant qu’ingénieur au sein de l’agence nationale de la maîtrise de l’énergie et dans l’industrie de l’énergie renouvelable, la société Biome Solar Industry (BSI) fabrique, commercialise, installe et assure la maintenance des chauffe-eau solaires (CES) utilisant une technologie allemande. La société a commencé avec une capacité de production initiale de 8000 unités par an qui est montée à 16 000 unités par an actuellement. Après 5 ans d’existence, BSI a atteint un chiffre d’affaires de 6.6 000 000 DT en 2010 puis 16.100 000 DT en 2020 et projette plus de 19 000 000 DT en 2021. La société exporte plus de 40% de son CA vers l’Afrique, l’Europe et les DOM TOM. Son effectif est passé de 20 à 130 employés entre 2010 et 2020 avec un taux d’encadrement de l’ordre de 30%. BSI est certifiée ISO 9001-2008 depuis décembre 2009 et bénéficie de la certification allemande SOLAR KEYMARK pour la gamme des CES. L’année 2020 a vu la création et l’entrée en production de l’entité industrielle Kollector Biome Béja SA avec un capital de 2.3 000 000 DT dans le but de délocaliser la production de son partenaire Allemand Kollector BAU Berlin GmbH de Berlin à Béja. Cette opération a permis l’intégration totale de la production du capteur solaire et de pouvoir approcher le marché européen avec des produits de qualité. En plus de l’apport en cash du promoteur, le schéma de financement initial a été bouclé comme suit. Le partenaire industriel allemand a apporté 12.5% du capital, la STB SICAR a participé à hauteur de 47,4% et 30,1 % ont été injectés sous forme de prêt participatif par la BFPME avec un taux bonifié de 2%. L’activité d’exploitation a été financée par des crédits bancaires et des crédits fournisseurs. En 2013, la PME a bénéficié d’un autre round de financement bancaire pour son extension d’un montant de 1 235 000 DT dont 285 000 DT sous forme d’obligations convertibles en actions, 520 000 DT sous forme de crédit à MT de la BFPME et 430 000 DT au titre d’un crédit à MT auprès de l’Amen Bank (une banque commerciale). La BFPME a ainsi financé la société BSI pour la création de sa filiale Biome Inox Industry à hauteur de 720 000 DT dont 200 000 en prêt participatif dans le capital initial et 520 000 DT en tant que crédit à MT. Cette filiale produit des cuves en inox pour des marchés spécifiques. BSI étant bien transparente dans sa gestion, elle a bénéficié des mesures spéciales COVID- 19 prises par le gouvernement en faveur des PMEs. Dans ce contexte, elle a mobilisé des crédits bancaires de 1.5 millions de TND à un taux de TMM + 1.5%.
  • 36. 36 BSI a su bénéficier des instruments de financement bancaire réservés à la création des PMEs et au financement de son exploitation pour assurer sa croissance et financer son extension. Il faut dire que tous les ingrédients du succès étaient réunis dans BSI: un projet bien étudié avec un partenaire industriel allemand et une demande en gestation encouragée par des facilités et des primes de l’Etat. Côté financement, un effet de levier a été possible grâce à la contribution de la BFPME. Avec seulement 10% d’apport personnel, sans aucune hypothèque, le promoteur a créé sa société en mobilisant le capital initial requis de 400 000 DT. Il a dû, à cet effet, souscrire à une assurance obligatoire contractée au taux de 1,5% auprès de la SOTUGAR. Ces encouragements étaient complétés par d’autres mesures fiscales et sociales du fait d’avoir domicilié l’entreprise dans une zone de développement régional (gouvernorat de Béja). Les leçons apprises de ce client, suivi depuis sa création par la BFPME sont de plusieurs ordres: ● Les programmes de soutien émanant des stratégies de développement nationales génèrent des opportunités de création d’entreprises à fort potentiel de croissance. ● La maturité de l’entrepreneur est gage de succès pour le projet et facilite le dialogue avec la banque A part quelques rares exceptions, comme celle de Novation City dont l’exemple est décrit plus bas, le financement de l’infrastructure dédiée aux PMEs (Hub technologique, Technopole, …) en mode greenfield est resté l’apanage du financement public direct. Par contre, dans les extensions d’investissement, on commence à voir depuis peu l’implication des banques commerciales et des fonds d’investissement, dans une logique de Partenariat Public Privé (PPP). Exemple 2: Le pôle technologique de Sousse: L’infrastructure à succès Une des rares opérations de financement en capital de la BFPME, le pôle technologique de Sousse (spécialisé en mécatronique) est initialement un projet public. Il relevait comme les pôles technologiques de Bizerte (spécialisé en Agroalimentaire) et de Fejja-Monastir (Spécialisé en Textile) du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique en Tunisie. Par décision politique, le pôle technologique de Sousse a été privatisé en 2009 par l’entremise de l’Amen Bank qui a réuni un tour de table de TND 5 millions de capital dont 10% apporté par la BFPME. L’Etat est resté minoritaire dans le capital et a transféré le foncier comme actif au Dinars symbolique, à condition de ne pas vendre ni céder les terrains. Le modèle économique du pôle technologique couvre l’aménagement et la gestion de plusieurs zones d’excellence économique. Baptisé Novation City, sa proposition de valeur s’articule autour de trois concepts clefs: Novation Mechatronic City, Novation Business City (à Sousse) et Novation Industrial City (à Enfidha). Le capital social de Novation City est monté à TND 35 millions en 2014, en intégrant la CDC à hauteur de 25% environ. La société a généré un chiffre d’affaires de TND 15 millions en 2020. Elle emploie 20 personnes et héberge une
  • 37. 37 cinquantaine d’entreprises qui emploient plus de 5000 personnes. Elle envisage une introduction imminente en Bourse pour lever les TND 25 millions nécessaires à sa croissance. Ce cas atypique de financement a donné lieu à un retour d’expérience intéressant pour la BFPME en termes de performance financière (un retour sur equity qui sera confirmé avec l’opération d’IPO), de dynamique entrepreneuriale (une quarantaine de startups sont hébergées sur place) et d’impact sociétal (une vitrine technologique avec 5000 emplois permanents directs créés en une douzaine d’années). Cet exemple de financement direct d’une infrastructure dédiée aux Startups et PMEs (pôle technologique) montre l’importance de mixer les véhicules de financement (dette et equity) dans les projets d’innovation. L’impact est beaucoup plus important en termes d’ODD, avec un effet d'additionnalité assuré pour une meilleure maîtrise des risques sans compter le nombre de startups et PMEs qui bénéficieront d’un meilleur environnement pour y éclore et croître. De même qu’il faut considérer une stratégie de développement des PMEs, il y a lieu de considérer le développement de l’infrastructure d’accueil (tangible) et de l’environnement des affaires (intangible). Un positionnement de la BFPME en porte à faux avec l’écosystème bancaire On note une situation paradoxale en Tunisie : un faible niveau de crédit bancaire aux PMEs (estimé à 15% du crédit total à l’économie) et une forte intermédiation bancaire à l’économie en général (77% du PIB)22 . Selon le rapport Doing Business 2018 de la Banque Mondiale, la Tunisie se classe au 88ème rang sur 190 économies. Les plus grands défis restent le crédit (105ème) et la création d'entreprises (100ème). En Tunisie, comme la plupart des pays en voie de développement, les banques restent la principale source d’intermédiation pour le financement de l’économie. Cependant avec une part ne dépassant pas 15% du total des crédits, les prêts bancaires aux PME restent insuffisants en Tunisie. Ce niveau de crédit bancaire par rapport au PIB reste inférieur au potentiel et même au-dessous des pays voisins, tels que le Maroc avec 24% du total des crédits. Une analyse plus fine sur une longue période (1993–2016) de la distribution des crédits à l’économie montre que la part de l’agriculture, de la pêche et de l’industrie ne cesse de diminuer régulièrement au profit des crédits à la consommation. Aux questions faut-il avoir une banque de développement en Tunisie ? et quel serait son positionnement par rapport aux banques commerciales? Les avis des acteurs de l’écosystème bancaire, interrogés en focus groups, sont quasi unanimes sur la nécessité d’avoir une banque de développement à condition de changer de modèle économique. 22 Source : Banque Mondiale (2014)
  • 38. 38 La question relative au modèle économique d’une banque nationale de développement fait partie des questions épineuses ayant fait l’objet d’une étude stratégique diligentée par le ministère des finances en 2015 (avec un financement KfW). Cette étude a fait valoir l’intérêt d’une transformation du rôle de la BFPME en financeur des PMEs via des banques commerciales moyennant une fusion avec la SOTUGAR en un premier temps et avec une autre banque publique de micro-crédit; à savoir la Banque Tunisienne de Solidarité (BTS) en un second temps. En effet, à part la sous capitalisation de la BFPME (point évoqué ci-avant), son modèle économique actuel pose un souci de «soutenabilité» qui ne peut être corrigé que si la politique de développement de la Tunisie est clairement exprimée et lisible par tous les acteurs de l’écosystème financier. Ceci permettrait à chacun de tracer une stratégie de financement claire et alignée aux besoins du marché, avec une meilleure répartition des rôles et une gestion des risques plus efficace. L’expérience acquise depuis sa création, donne aujourd’hui à la BFPME des éléments d’appréciation qui peuvent alimenter la réflexion dans cette direction. Une analyse SWOT (des forces/faiblesses/opportunités/menaces) donne une première lecture des leviers à actionner pour une éventuelle restructuration stratégique de la BFPME. Tableau 12: BFPME. Analyse SWOT de son positionnement dans l’écosystème Par ailleurs, il semble que l’expérience de gestion déléguée de fonds publics (FOPRODI, Intilak, Bader,..) ait donné des résultats prometteurs en termes de rentabilité, non seulement des projets financés mais aussi au niveau des résultats de la banque. Ceci a permis de drainer des lignes concessionnelles spéciales additionnelles fournies par des bailleurs de fonds internationaux (Fonds Suisse, Ligne Espagnole, JICA, Ligne Française, Banque Mondiale, BAD,...). F O R C E S F A I B L E S S E S M E N A C E S O P P O R T U N IT E S
  • 39. 39 En approfondissant l’analyse, on relève que la banque reste toutefois soumise à des contraintes et des risques systémiques induits par des facteurs endogènes et exogènes. Le tableau 13 résume les effets de ces facteurs (PESTEL) sur le développement de la BFPME comme suit: Facteurs Effets sur le développement de la BFPME Politique Le retard dans la mise en œuvre des réformes bloque les mesures de promotion de l’investissement privé Économique L’arrivée sur le marché de nouveaux acteurs de la finance alternative (fonds RSE, fonds d’impact,....) crée de la concurrence à la BFPME Social Orientation des priorités vers des catégories sociales spécifiques (primo-entrepreneurs, micro et mezzo finance, genre,...) Technologique Généralisation de la digitalisation des services et valorisation de la donnée comme élément essentiel du risque Environnemental Ciblage stratégique des ODD grâce à des programmes comme le Plan Solaire Tunisien (Énergies Renouvelables) Légal Institutionnalisation de la coopération entre les parties prenantes de l’écosystème est nécessaire pour une meilleure application du nouveau cadre juridique de l’investissement Tableau 13: BFPME. Analyse des facteurs PESTEL sur la banque de développement Défis et Perspectives d’avenir pour la BFPME Avec un engagement de TND 432 millions à fin 2020 et plus de 1100 PMEs financées (sur un tissu de 15000), la BFPME est un acquis important dans le paysage de la finance de développement en Tunisie. Même si un client sur cinq seulement est solvable (cf. Figure 8), on peut considérer qu’elle a joué son rôle de moteur économique si on admet que le crédit au secteur privé participe à la croissance économique; comme avancé par Ben Jedidia et al. (2014)23 . Certes, le taux de casse aurait pu être plus faible si l’environnement global et les services offerts étaient plus favorables. La faible rentabilité des projets et le risque d’échec élevé caractérisent les économies fragiles, comme c’est le cas de la Tunisie. 23 Ben Jedidia, K. , Boujelbène, T., & Helali, K. (2014). Financial Development and Economic Growth: New Evidence from Tunisia, Journal of Policy Modeling, 36(5), 883-898. https://doi.org/10.1016/j.jpolmod.2014.08.002
  • 40. 40 Même si certaines PMEs financées par la BFPME révèlent qu'elles sont capables de faire des success stories, leur nombre, sur un intervalle de 15 ans, ne permet pas de confirmer l’association positive avancée entre le financement du développement et la croissance économique (King & Levin, 199324 ). Les conditions macroéconomiques dans lesquelles la BFPME a évolué pourraient expliquer la limitation de sa contribution au développement économique. En effet, selon Bittencourt (2012)25 , plus de développement financier requiert plus de performance macroéconomique. Il semble que cette donnée n’a pas été convenablement intégrée dans la réflexion initiale ayant amené à la création de la BFPME. D’autres erreurs ont été faites; comme la limitation à une offre mono-produit, à savoir le Crédit Moyen et Long Terme, la rigidité en matière de schéma de financement, les lourdeurs administratives, etc. Par ailleurs, pour renforcer la relation à long terme entre le système financier et l’économie productive, il est incontournable d'avoir un cadre institutionnel approprié. Pour cela, des réformes politiques et l'application de dispositions juridiques et fiscales plus efficaces sont requises (Ben Jedidia et al, 201426 ). Outre l’absence d’un tel cadre institutionnel pour la banque de développement, les conditions réglementaires inappropriées et l'instabilité politique des 10 dernières années, ont mis la BFPME dans une position où elle ne peut plus assumer pleinement son mandat. Dans la perspective d’une volonté des pouvoirs publics de reprendre en main la stratégie de la BFPME pour en faire un véhicule de taille suffisante capable de passer à une vitesse supérieure et de contribuer efficacement à la relance économique tant attendue, la banque aura à relever trois défis interdépendants, à savoir: le défi de la continuité, le défi de la performance et le défi de consolidation de l’écosystème. Le défi de la continuité exige une restructuration financière et une recapitalisation pour absorber les pertes cumulées. L’assainissement des créances accrochées et douteuses pouvant se faire le cas échéant via une Bad Bank. Cela passe forcément par l’édiction d’un statut spécifique de banque de développement avec des objectifs stratégiques ambitieux appuyés par des règles de gouvernance adaptées. 24 King, RG & Levin, R. (1993), Finance and Growth: Schumpeter Might be Right, The Quarterly Journal of Economics, 108 (3), 717-737. http://links.jstor.org/sici?sici=0033-5533%28199308%29108%3A3%3C717%3AFAGSMB%3E2.0.CO%3B2-4 25 Bittencourt, M (2012) Financial development and economic growth in Latin America: Is Schumpeter right?. Journal of Policy Modeling 34 (3), 341–355. https://doi.org/10.1016/j.jpolmod.2012.01.012 26 Op Cite
  • 41. 41 Le défi de la performance passe par la révision du modèle économique ainsi qu’un repositionnement sur le marché. En effet, la mission de financement des PMEs, que ce soit en direct ou via le secteur bancaire, aura à prendre une nouvelle dimension et à intégrer plusieurs formes de véhicules de financement publics et privés pour atteindre des seuils de performance en phase avec les besoins de l’économie tout en veillant à rester alignée avec les ODD. Le défi de la consolidation de l’écosystème renvoie vers une meilleure coopération pour accélérer la création d’entreprises dans tous les domaines économiques. Or, le développement de la banque ne pourra se faire sans le développement du système financier, qui lui-même dépend de l’écosystème entrepreneurial. Les différentes parties prenantes auront à aligner leur vision de la finance de développement et à partager plus rapidement des informations stratégiques permettant une meilleure performance globale. Dans les faits, la BFPME a déjà commencé à redéfinir sa mission et son modèle économique. La récente décision de séparer les fonctions de Président du Conseil d’Administration (CA) et de Directeur Général montre qu’il y a une volonté de s’engager dans une nouvelle ère de gouvernance. Un plan de restructuration est en cours de préparation et nécessitera une recapitalisation pour sortir la banque d’une situation critique de fonds propres négatifs. Des lignes de financement spécifiques budgétaires et extra-budgétaires devront être mises à disposition avec un droit de tirage selon des objectifs prédéfinis, y compris sur le volet sociétal. Deux grandes options s’offrent à la BFPME: soit elle continue à maintenir son statut monopolistique de banque de développement nationale et agir concomitamment aux acteurs financiers de la place (extension du modèle actuel avec un mandat et un statut spécifique), soit elle se transforme en financeur on-lending (modèle prôné par le projet de Banque des Régions) qui soutiendrait les banques commerciales qui deviendraient à leur tour des banque de développement. Les lignes de financement pourraient être soit en dette, soit en capital; ce qui permettrait à la BFPME une meilleure emprise sur tous les types d’instruments de financement du développement public et privé. Parallèlement, et afin de consolider son positionnement d’acteur public de premier plan, la BFPME aura à travailler davantage avec les acteurs de l’écosystème pour réduire le taux de mortalité des PMEs, concevoir de nouveaux produits et services de financement idoines et mesurer leur impact sur le marché. La banque pourrait ainsi drainer de nouvelles ressources non budgétaires, notamment des facilités étrangères (FADES, IsDB, QFF, BEI, BIRD,...) ou des Fonds à gérer par délégation pour le compte du secteur public et privé (fonds RSE en particulier).
  • 42. 42 Le traitement des créances douteuses de la BFPME est un chantier incontournable pour mieux comprendre les causes d’échecs des PMEs et rétablir la confiance dans sa capacité à bien cibler et à accompagner ses clients. L’ouverture de la banque sur les secteurs productifs autres que l’industrie lui permettrait de mieux gérer ses risques. A ce propos, les industries sans fumée telles qu’avancées par Mouley S. et Al (2021)27 pourront être une cible de prédilection pour la relance économique en Tunisie. L’intégration d’un système d’information adéquat permettra d’assurer une meilleure performance et d’entamer la transformation digitale de la banque. Ceci va au-delà de l’automatisation des processus d’affaires et des services offerts par celle-ci. Une introduction en Bourse pourrait, à terme, être un gage d’une meilleure transparence et indépendance de l’influence politique directe. Parallèlement, cette introduction faciliterait l’accès de la banque aux marchés de capitaux, ce qui est indispensable à son développement et à sa pérennité (Pradhan et al, 201428 ). Enfin, le statut de la banque et son actionnariat seront appelés à être requalifiés pour assurer une meilleure observation des règles de gouvernance. Les enchevêtrements des participations dans le capital des entreprises publiques seraient probablement remplacés par un fonds public commun d’investissements qui représenterait l’Etat en sa qualité d’investisseur dans la BFPME. Ceci éviterait les montages alambiqués et l’interférence d’intérêts entre entités publiques. Dans tous les cas, une attention particulière devra être portée à la composition du Conseil d’Administration et à son mode de fonctionnement qui est, in fine, redevable de la stratégie de la banque et de son alignement avec les exigences de développement. 27 Mouley, S et Elbeshbishi. A.N(2021). Addressing youth unemployment through industries without smokestacks. A Tunisia case study. September, Africa Growth Initiative at Brookings, AGI Working Paper 38. https://www.brookings.edu/wp- content/uploads/2021/09/Tunisia-IWOSS_final.pdf 28 Pradhan, R. Tripathy, S. Pandey, S & Bele, S.K. (2014). Banking sector Development and economic growth in ARF countries: the role of stock markets. Macroeconomics and Finance in Emerging Market Economies, 7(2):208-229. http://dx.doi.org/10.1080/17520843.2014.913071
  • 43. 43 Références Bittencourt, M (2012) Financial development and economic growth in Latin America: Is Schumpeter right?. Journal of Policy Modeling 34 (3), 341–355. https://doi.org/10.1016/j.jpolmod.2012.01.012 Ben Jedidia, K., Boujelbène, T., & Helali, K. (2014). Financial Development and Economic Growth: New Evidence from Tunisia, Journal of Policy Modeling, 36(5), 883-898. https://doi.org/10.1016/j.jpolmod.2014.08.002 King, RG & Levin, R. (1993), Finance and Growth: Schumpeter Might be Right, The Quarterly Journal of Economics, 108 (3), 717-737. http://links.jstor.org/sici?sici=0033-5533%28199308%29108%3A3%3C717%3AFAGSMB%3E2.0.CO%3B2-4 Mouley, S et Elbeshbishi. A.N(2021). Addressing youth unemployment through industries without smokestacks. A Tunisia case study. September, Africa Growth Initiative at Brookings, AGI Working Paper 38. https://www.brookings.edu/wp- content/uploads/2021/09/Tunisia-IWOSS_final.pdf Pradhan, R. Tripathy, S. Pandey, S & Bele, S.K. (2014). Banking sector Development and economic growth in ARF countries: the role of stock markets. Macroeconomics and Finance in Emerging Market Economies, 7(2):208-229. http://dx.doi.org/10.1080/17520843.2014.913071
  • 44. 44 Annexe 1: Principaux indicateurs du compte de la Nation (2005-2018) Source : Banque Centrale de Tunisie www.bct.gov.tn
  • 45. 45 Annexe 2: Liste des parties prenantes contactées Prénom Nom Fonction Organisation email adress M. Lebid Zaafrane CEO BFPME L.ZAAFRANE@bfpme.com.tn Mr. Hamdi Ksiaa Communication & PR manager BFPME hamdi.ksiaa@bfpme.com.tn Mr. Marouane Ouederni Deputy CEO BFPME dga@bfpme.com.tn Mr. Mohamed Ali Dabki Board Chairman BFPME Mdabki@finances.tn Ms. Wafa Sfar Board Member BFPME wsfar2412@gmail.com M. Mourad Ben Arab Board Member BFPME M.BENARAB@bfpme.com.tn M. Marouene Abassi Governor Central Bank of Tunisia gouverneur@bct.gov.tn Mr. Nabil Felfel DG Central Bank of Tunisia nabil.felfel@bct.gov.tn Ms. Rym Ayadi Central Bank of Tunisia rym.ayadi@bct.gov.tn M. Jaloul Ayed Former Minister of Finance Government jaloulayed@hotmail.com Ms. Sonia Zoghlami DG Financement Ministry of Finance Szoghlami@finances.tn Ms. Nejia Gharbi DGA Caisse des Dépôts et Consignations ngharbi@cdc.tn Ms. Olfa Chammari Chargée de mission Caisse des Dépôts et Consignations Ochammari@cdc.tn M. Omar Bouzouada CEO Agence de Promotion de l'Industrie et de l'Innovation dg@api.com.tn Ms. Sinda Zairi Agence de Promotion de l'Industrie et de l'Innovation sinda.zairi@apii.tn M. Saber Rehayem CMF (Financial Market Authority) saber.rehayem@cmf.tn M. Abdelhakim HAMDI Deputy General Manager SOTUGAR hakim.hamdi@sotugar.com.tn M. Taher BEN HATIRA CEO SOTUGAR pdg@sotugar.com.tn M. Fredj Jatlaoui SOTUGAR fraj.jatlaoui@sotugar.com.tn Ms. Mouna Saied Managing Director Association Professionnelle de Banques dg@apbt.org.tn Ms. Faten Lassoued Association Professionnelle de Banques lassoued.faten@apbt.org.tn M. Mohamed Salah Frad President Tunisian VC & PE Association (ATIC) mfrad@ugfsnorthafrica.com.tn Ms. Sonia Barka CEO Tunisian VC & PE Association (ATIC) sonia.barka@atic.org.tn Ms. Safia Hachicha Financial sector specialist World Bank shachicha@worldbank.org Ms. Zouhour Karray Trust Fund manager World Bank zkarray@worldbank.org Ms. Alexandra Chauveau AFD chauveaua@afd.fr Ms. Isolde Roumy AFD roumyi@afd.fr Ms. Beate Richter Director / Tunis Office KfW beate.richter@kfw.de M. Slim Tounsi Private Sector Director KfW Slim.Tounsi@kfw.de
  • 46. 46 Annexe 3: Fil conducteur du Focus Group du 10/09/2021 Annexe 4: Références et ressources bibliographiques https://drive.google.com/drive/folders/1Z6OwLBNIKxbUrNicWK0s5C4MLR_uBh_y?usp=sharing
  • 47. 47 Annexe 5: Liste des graphiques, tableaux et figures Figure 1: Croissance annuelle du PIB (%) période 1960-2020, Tunisie Figure 2: Tunisie: Taux d’épargne et taux d’investissement, période 2005-2018 Figure 3: Tunisie -Aide publique au développement nette et aide publique reçue en US$ courants Figure 4: Tunisie - Flux d’aides bilatérales nettes des donateurs DAC Tableau 1: Tunisie: Dépenses de développement sur ressources extérieures affectées Tableau 2: Tunisie: Évolution des crédits à l’économie du système financier (en million de TND) Tableau 3: Évolution des crédits à l’économie par terme et par bénéficiaire (en million de TND) Tableau 4: Tunisie: Évolution des Investissements directs étrangers (en million de TND et en % du PIB) Figure 5 : La création d’emplois (en milliers) sur la période 2005-2018 Tableau 5: BFPME - Services financiers fournis aux PMEs durant leur cycle de vie Table 6: BFPME - Services non financiers fournis aux PMEs ante et post création Graphique 1: Tunisie: Produit Net Bancaire et Résultat Comptable en TND Tableau 7: BFPME. Les ressources spéciales par origines (2020) Graphique 2: Évolution des actifs sous gestion de la BFPME en TND Tableau 8: Actifs sous gestion par la BFPME Figure 6 BFPME: Évolution des demandes de financement et des approbations Figure 7: Source: BFPME - Analyse du portefeuille Tableau 9: BFPME. Évolution des approbations par nature Tableau 10. BFPME Répartition régionale des approbations Tableau 11: Entreprises entrées en production et emplois générés (APII 2020) Figure 8. BFPME Classement du portefeuille par classe de risque Tableau 12: BFPME. Analyse SWOT de son positionnement dans l’écosystème Tableau 13: BFPME. Analyse des facteurs PESTEL sur la banque de développement