Des bâtiments productifs en milieu urbain, est-ce un atout pour des villes plus durable?
1. Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
DEVELOPPER
DES
BATIMENTS
PRODUCTIFS
EN
VILLE.
UN
ATOUT
POUR
DES
VILLES
PLUS
DURABLES
?
Sous
la
direction
de
Benjamin
CHAVARDES
Architecture nourricière
Urbanisme durable
Biodiversité
Paysages
Circuits courts
Ecole
Nationale
d’Architecture
de
Lyon,
2014
2. Développer
les
bâtiments
productifs
en
villes.
Un
atout
pour
des
villes
plus
durables
?
Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
FPC
M2
–
ENSAL
2013/2014
–
2
Pour
qu’un
jour
mes
enfants
observent
les
oiseaux
depuis
nos
fenêtres…
Sans
oublier
celles
et
ceux
qui
les
gardent
pendant
que
j’écris
ces
lignes.
MERCI
3. Développer
les
bâtiments
productifs
en
villes.
Un
atout
pour
des
villes
plus
durables
?
Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
FPC
M2
–
ENSAL
2013/2014
–
3
4. Développer
les
bâtiments
productifs
en
villes.
Un
atout
pour
des
villes
plus
durables
?
Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
FPC
M2
–
ENSAL
2013/2014
–
4
INTRODUCTION
:
.............................................................................................................................................
6
PARTIE
1:
...........................................................................................................................................................
8
L’AGRICULTURE
URBAINE,
UTOPIE
OU
SOLUTION
POUR
NOS
VILLES?
......................................
8
1:
UN
SYSTEME
AGRICOLE
QUI
ATTEINT
SES
LIMITES
:
...................................................................................
10
1.1
:
DES
AGRICULTEURS
QUI
PEINENT
A
SURVIVRE:
.....................................................................................................
10
1.2
:
L’AGRICULTURE,
UNE
NUISANCE
POUR
NOTRE
ENVIRONNEMENT:
....................................................................
11
1.3
:
COMMENT
PEUT-‐ON
NOURRIR
LA
PLANETE
DEMAIN:
...........................................................................................
12
2:
UNE
VILLE
DURABLE
PEUT-‐ELLE
NAITRE
DES
TERRITOIRES
URBAINS
DE
PLUS
EN
PLUS
VASTES
?
..........
14
2.1
:
L’ETALEMENT
URBAIN,
QUAND
LA
VILLE
GRIGNOTE
LE
TERRITOIRE
:
..............................................................
14
2.2
:
L’EVOLUTION
DES
ESPACES
DE
NATURE
EN
MILIEU
URBAIN
:
.............................................................................
16
L’évolution
du
paysage
en
milieu
urbain
:
.............................................................................................................
16
Le
modèle
des
cités
jardins
:
........................................................................................................................................
17
2.3
:
CHEMINEMENT
VERS
UNE
VILLE
PLUS
DURABLE
:
.................................................................................................
18
3
:
L’AGRICULTURE
URBAINE,
EN
QUOI
EST-‐CE
PERTINENT
DE
LIER
LA
VILLE
ET
L’AGRICULTURE
:
............
20
3.1
:
CONTEXTE
.....................................................................................................................................................................
20
Définition
de
l’agriculture
urbaine
...........................................................................................................................
20
3.2
PERTINENCE
DE
LIER
LA
VILLE
ET
L’AGRICULTURE
:
..............................................................................................
22
L’agriculture
urbaine
comme
réponse
nourricière
:
.........................................................................................
22
L’agriculture
urbaine
comme
outil
pédagogique
:
.............................................................................................
23
L’agriculture
urbaine
comme
outil
d’aménagement
:
......................................................................................
24
L’agriculture
urbaine,
vectrice
de
résilience
:
......................................................................................................
28
L’agriculture
urbaine
pour
favoriser
la
présence
de
biodiversité
urbaine
:
...........................................
32
PARTIE
2:
........................................................................................................................................................
34
PERTINENCE
DE
POSITIONNER
L’AGRICULTURE
SUR
LE
BATI,
MISE
EN
ŒUVRE
ET
ETUDE
DE
CAS
.............................................................................................................................................................
34
1
:
COMMENT
POSITIONNER
L’AGRICULTURE
SUR
LE
BATI:
...........................................................................
36
1.1
:
DIFFERENTS
TYPES
DE
CULTURE
POSSIBLES
SUR
LES
BATIS
:
.........................................................................
38
1.2
:
COMMENT
INVESTIR
LES
DIFFERENTES
ZONES
DE
CONSTRUCTION
:
.................................................................
40
Positionner
l’agriculture
au
pied
du
bâti
:
.............................................................................................................
40
Positionner
l’agriculture
en
façade
:
........................................................................................................................
41
Cultiver
les
toitures
:
.......................................................................................................................................................
44
Intégrer
des
serres
dans
le
bâti
:
...............................................................................................................................
48
Culture
à
l’intérieur
du
bâti,
sans
aucun
lien
avec
la
nature
:
.......................................................................
51
2:
QUELLES
SONT
LES
REPONSES
POSSIBLES
DU
BATIMENT
PRODUCTIF
?
....................................................
54
2.1
:
EXEMPLE
DE
BATIMENTS
PRODUCTIFS
:
.................................................................................................................
55
Des
bâtiments
productifs
pour
intégrer
les
animaux
en
ville
:
....................................................................
55
Des
bâtiments
productifs
pour
raccourcir
les
échanges:
................................................................................
58
Des
bâtiments
productifs
vecteurs
d’insertion
:
.................................................................................................
59
2.2
:
QUAND
L’AGRICULTURE
DEVIENT
LE
MOTEUR
DU
PROJET
DE
CONSTRUCTION
OU
D’AMENAGEMENT
:
......
60
2.2
:
A
L’ECHELLE
GLOBALE,
QUAND
LA
VILLE
DEVIENT
PRODUCTIVE
:
.....................................................................
64
2.3
:
QUELQUES
LIMITES
DE
L’AGRICULTURE
URBAINE
:
...............................................................................................
66
CONCLUSION
..................................................................................................................................................
68
BIBLIOGRAPHIE
...........................................................................................................................................
70
5. Développer
les
bâtiments
productifs
en
villes.
Un
atout
pour
des
villes
plus
durables
?
Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
FPC
M2
–
ENSAL
2013/2014
–
5
6. Développer
les
bâtiments
productifs
en
villes.
Un
atout
pour
des
villes
plus
durables
?
Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
FPC
M2
–
ENSAL
2013/2014
–
6
INTRODUCTION
:
Cultiver
la
ville
pour
qu’elle
nous
fournisse
ce
que
nous
mangeons
est
aujourd’hui
complexe
à
imaginer.
Cela
semble
même
contradictoire.
Pourquoi
:
d’abord
par
la
pollution,
également
par
le
manque
d’espace
disponible,
et
par
la
valeur
marchande
de
la
terre
urbaine.
Et
pourtant,
le
sujet
est
de
plus
en
plus
abordé
Que
ce
soit
par
des
citoyens,
des
architectes,
des
urbanistes,
des
travailleurs
sociaux…
La
question
de
la
cohabitation
du
béton
et
de
la
nature
est
omniprésente.
Pour
répondre
à
une
urbanisation
croissante,
à
l’augmentation
de
la
population,
ou
à
la
volonté
de
sortir
d’une
agriculture
trop
intensive.
Il
est
aujourd’hui
nécessaire
de
repenser
la
ville
dans
son
ensemble,
de
transformer
nos
espaces
urbains
pour
les
rendre
plus
durables,
et
de
trouver
une
réponse
pertinente
aux
nouveaux
impératifs
mondiaux
que
sont
la
crise
énergétique,
environnementale
et
économique.
Actuellement,
75%
de
la
population
européenne
habite
en
milieu
urbain.
Ce
mode
de
vie
n'est
pas
sans
conséquences,
et
nous
devons
réfléchir
aux
scénarios
alimentaires
possibles
dans
les
prochaines
années.
En
réponse,
nous
posons
l’hypothèse
de
l’augmentation
des
circuits
courts
qui
nécessitera
le
développement
massif
d’agriculture
urbaine
et
périurbaine,
et
nous
proposons
de
réfléchir
à
une
manière
pertinente
de
l’implanter
pour
qu’elle
soit
en
lien
avec
nos
milieux
urbains.
Effectivement,
la
mise
en
place
d’agriculture
urbaine
dans
nos
pays
développés
nécessite
de
considérer
la
culture
et
l’agriculture
autrement.
Les
espaces
accueillants
sont
restreints.
La
culture
devra
s’adapter
à
ces
nouveaux
sites
accueillants.
En
Europe,
et
en
tenant
compte
des
ressources
existantes,
est-‐il
cohérent
de
développer
ce
phénomène
?
Globalement,
la
baisse
généralisée
des
ressources
naturelles
et
la
constante
dégradation
de
l’environnement
nous
amène
à
réfléchir
à
de
nouvelles
manières
de
nous
nourrir.
La
mise
en
place
d’agriculture
urbaine
répond
à
ces
problématiques,
même
si,
de
manière
massive
elle
reste
de
l’ordre
de
l’utopie.
Dans
les
années
90,
une
des
réponses
s’est
illustrée
par
la
construction
d’éco
quartiers
ou
de
quartiers
durables.
Cette
solution
s’est
avérée
pertinente,
mais
elle
n’apporte
que
des
réponses
partielles
à
certains
de
ces
enjeux.
Il
s’agit
aujourd’hui
de
trouver
comment
passer
du
quartier
à
la
ville
durable,
en
intégrant
la
tendance
des
politiques
urbaines
souhaitant
mettre
en
place
une
ville
densifiée,
afin
de
préserver
la
ressource
en
territoires
agricoles
ou
naturels.
De
plus
en
plus
de
projets
d’agriculture
urbaine
voient
le
jour
et
se
positionnent
comme
une
solution
nouvelle
pour
développer
des
espaces
urbains
plus
durables.
Cependant
le
territoire
disponible
en
milieu
urbain
reste
une
denrée
rare.
La
question
est
de
trouver
comment
lui
laisser
une
place
conséquente
au
sein
même
de
la
ville
tout
en
l’économisant.
Une
réponse
est
apportée
par
l’architecte
Nicolas
Gilsoul,
co-‐commissaire
de
l’exposition,
«
La
ville
fertile
»
à
la
cité
de
l’architecture
et
du
patrimoine,
où
il
se
pose
la
question
du
devenir
de
la
biodiversité.
Selon
lui,
la
densification
des
milieux
urbains
entrainera
l’investissement
de
toutes
les
dents
creuses
par
du
bâti.
Ce
qui
laissera
une
place
dérisoire
à
7. Développer
les
bâtiments
productifs
en
villes.
Un
atout
pour
des
villes
plus
durables
?
Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
FPC
M2
–
ENSAL
2013/2014
–
7
la
nature
en
ville,
et
donc
à
la
biodiversité
urbaine.
Logiquement,
il
en
vient
à
se
demander
si
l’architecture
ne
peut
pas
elle-‐même
devenir
support
de
biodiversité.1
La
ville
durable,
même
si
ce
n’est
pas
l’intégralité
de
son
fondement,
se
doit
de
laisser
une
place
importante
au
végétal
en
son
sein
;
pour
respecter
notre
environnement,
stopper
l’artificialisation
des
sols
et
promouvoir
les
continuités
vertes.
Les
problématiques
nourricières
nous
incitent
plus
spécifiquement
à
utiliser
les
zones
disponibles
comme
des
espaces
vivriers
afin
d’optimiser
le
territoire.
Dans
tous
les
cas,
il
est
nécessaire
de
penser
le
développement
de
l’agriculture
urbaine
sans
entamer
le
territoire
destiné
à
d’autres
fonctions,
aux
fonctions
urbaines.
C’est
pourquoi,
après
avoir
analysé
la
pertinence
d’intégrer
l’agriculture
en
milieu
urbain,
nous
verrons
comment
les
constructions
peuvent
prendre
la
forme
de
bâtiments
productifs
et
quelle
réponse
cela
peut
apporter,
en
se
demandant
plus
spécifiquement
si
la
généralisation
de
ce
type
de
dispositifs
dans
nos
villes
françaises
peut
cheminer
vers
des
espaces
urbains
durables.
L’objectif
principal
de
cette
étude
est
de
définir
si
l’agriculture
urbaine
peut
prendre
la
forme
de
bâtiments
productifs
et
si
ce
type
de
dispositif
rendrait
nos
villes
plus
durables.
Cela
permettrait
de
multiplier
les
espaces
accueillants
l’agriculture
en
milieu
urbain,
engendrerait
un
rapport
avec
des
objets
architecturaux
différents
et
de
nouveaux
paysages
urbains.
A
terme,
cela
modifierait
les
rapports
entre
l’homme,
le
bâti,
la
ville,
la
nature
et
la
culture.
Ce
qui
place
l’agriculture
urbaine
au-‐delà
d’une
réponse
nourricière
:
comme
un
vecteur
de
lien
entre
les
citadins
et
leur
nourriture.
1
GILSOUL
Nicolas,
2011
8. Développer
les
bâtiments
productifs
en
villes.
Un
atout
pour
des
villes
plus
durables
?
Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
FPC
M2
–
ENSAL
2013/2014
–
8
Partie
1:
L’agriculture
urbaine,
utopie
ou
solution
pour
nos
villes?
L’agriculture
urbaine
peut
s’illustrer
par
la
reconquête
des
liens
entre
l’homme,
la
ville,
la
nature
et
la
nourriture.
Cependant,
penser
l’agriculture
ailleurs
que
dans
son
milieu
accueillant
classique
suppose
des
modifications
importantes
sur
les
bases
et
les
conceptions
agricoles
que
nous
avons.
Engendrant
par
là
de
nouveaux
rapports
entre
l’homme,
la
ville,
la
nature
et
l’agriculture.
A
ce
jour,
malgré
la
diversification
croissante
des
activités
humaines,
la
production
de
denrées
alimentaires
demeure
le
secteur
d’activité
le
plus
répandu
sur
notre
planète,
et
le
nombre
d’agriculteurs
continue
de
croître.
Près
de
43
%
de
la
population
active
mondiale
travaille
dans
l’agriculture.
Et,
quand
on
considère
le
secteur
agroalimentaire,
55
à
60
%
de
la
population
active
mondiale
répond
à
la
nécessité
de
nous
nourrir.
9. Développer
les
bâtiments
productifs
en
villes.
Un
atout
pour
des
villes
plus
durables
?
Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
FPC
M2
–
ENSAL
2013/2014
–
9
10. Développer
les
bâtiments
productifs
en
villes.
Un
atout
pour
des
villes
plus
durables
?
Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
FPC
M2
–
ENSAL
2013/2014
–
10
1:
Un
système
agricole
qui
atteint
ses
limites
:
1.1
:
Des
agriculteurs
qui
peinent
à
survivre:
Au
niveau
global,
le
système
agricole
et
alimentaire
mondial
est
complexe
et
composé
d’un
ensemble
d’activités
économiques
et
d’acteurs
qui
concourent
à
la
satisfaction
des
besoins
alimentaires
humains.
A
l’intérieur
de
ce
système,
plusieurs
«
stades
»
d’agriculture
trouvent
leur
place,
et
correspondent
à
la
façon
dont
les
hommes
s’organisent
et
organisent
l’espace
afin
de
produire
et
de
consommer
leur
nourriture.
-‐
Le
stade
agricole,
où
l’autoconsommation
locale
est
prédominante.
Ce
système
est
très
largement
répandu
dans
le
monde
en
particulier
dans
les
campagnes,
et
notamment
dans
les
pays
pauvres.
-‐Le
stade
artisanal,
qui
consiste
en
la
transformation
des
produits
agricoles
et
où
leur
commercialisation
prend
quelque
importance,
même
si
les
échanges
restent
limités
et
les
approvisionnements
encore
locaux.
-‐Le
stade
agro-‐industriel,
où
les
industries
agroalimentaires
transformatrices
prennent
une
place
croissante
jusqu’à
jouer
un
rôle
prépondérant
dans
le
pilotage
de
l’ensemble
du
système
alimentaire.
Les
approvisionnements
deviennent
nationaux
et
internationaux.
À
ce
stade,
à
peine
30
%
en
moyenne
du
prix
final
des
produits
alimentaires
revient
aux
producteurs
agricoles,
40
%
revenant
aux
industries
agroalimentaires.
-‐Le
stade
agro-‐tertiaire,
où
seulement
10
%
du
prix
final
des
produits
alimentaires
revient
aux
agriculteurs
alors
que
le
pilotage
du
système
alimentaire
se
trouve
effectué
par
les
acteurs
de
la
distribution.
Actuellement,
le
système
agricole
apparaît
totalement
lié
au
marché
mondial.
Il
est
fragilisé
et
en
danger.
Les
revenus
des
agriculteurs
fluctuent
énormément
d’une
année
sur
l’autre.
Ces
fluctuations
freinent
les
indispensables
investissements
dans
la
modernisation
et
le
développement
durable
de
la
production.
Face
à
la
libéralisation
croissante
des
échanges,
promue
par
l’organisation
mondiale
du
commerce,
les
petites
exploitations
ont
de
grandes
difficultés
à
se
maintenir.
Et
il
est
nécessaire
de
trouver
des
solutions
nouvelles
pour
mettre
en
place
un
système
agricole
plus
durable.
Les
populations
agricoles
sont
devenues
marginales
dans
les
campagnes
européennes.
En
France,
les
agriculteurs
représentent
désormais
moins
de
4
%
de
la
population
active,
mais
aussi
moins
de
10
%
de
la
population
des
campagnes.
Si,
dans
les
espaces
ruraux,
l’agriculture
continue
d’occuper,
avec
les
forêts,
la
plus
grande
part
des
superficies,
d’autres
activités
l’emportent,
l’activité
résidentielle,
récréative
et
touristique,
la
production
industrielle.
L’agriculture
mondiale
est
constituée
de
plus
de
1,3
milliards
d’exploitations
très
différentes.
A
cause
de
l’existence
d’un
marché
du
commerce
mondialisé,
ces
exploitations
sont
toutes
en
compétition.
Ce
qui
n’a
pas
grand
sens
car
la
productivité
par
unité
de
main
d’œuvre
varie
énormément
selon
les
exploitations,
cette
compétition
pénalise,
voire
condamne
les
exploitations
qui
n’entrent
pas
dans
le
productivisme.
Le
système
de
marché
est
aujourd’hui
11. Développer
les
bâtiments
productifs
en
villes.
Un
atout
pour
des
villes
plus
durables
?
Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
FPC
M2
–
ENSAL
2013/2014
–
11
indispensable,
mais
pour
conserver
une
variété
de
productions,
il
est
nécessaire
de
l’encadrer
et
de
le
moduler
avec
une
politique
agricole
forte
et
flexible.
Entre
2006
et
2008
les
cours
d’une
majorité
de
produits
agricoles
ont
doublé,
voire
plus,
avant
de
retomber
rapidement.
Ce
phénomène
rend
extrêmement
difficile
le
développement
des
exploitations
agricoles,
notamment
les
plus
petites
ou
les
plus
fragiles,
car
ce
contexte
instable
ne
permet
que
peu
d’investissements
ou
de
modernisation.
Elles
peinent
à
survivre.
La
politique
agricole
s’oriente
vers
de
grosses
productions
et
le
marché
mondial
n’encourage
pas
les
autres
voies.
En
Europe
et
en
France,
le
nombre
d’exploitations,
et
notamment
les
plus
petites,
tend
à
diminuer.
Ce
qui
encourage
le
commerce
des
matières
premières
à
l’échelle
mondiale.
Ceci
engendre
principalement
des
problématiques
environnementales
et
nourricières.
2
1.2
:
L’agriculture,
une
nuisance
pour
notre
environnement:
L’agriculture
productiviste
se
préoccupe
principalement
des
résultats
techniques
et
économiques
et
néglige
les
retombées
sociales
et
environnementales.
Elle
engendre
souvent
la
généralisation
d’un
modèle
d’exploitations,
une
moto-‐mécanisation
puissante
et
détruit
les
paysages
agraires
pré
existants.
Elle
porte
atteinte,
de
manière
plus
ou
moins
grande,
à
notre
environnement.
Nous
sommes
face
aux
conséquences
de
ce
type
d’agriculture.
Nous
sommes
également
face
aux
multiples
pollutions
que
cela
a
générées.
La
pollution
de
l’eau,
des
sols,
de
l’air,
les
phénomènes
d’érosion...
Plus
généralement
la
mise
en
danger
de
la
biodiversité
et
de
notre
environnement.
Il
est
actuellement
nécessaire
de
freiner,
voire
de
stopper
ce
fonctionnement
afin
de
maintenir
un
développement
soutenable.
Le
monde
agricole
semble
avoir
pris
conscience
de
la
nécessité
de
respecter
l’environnement
dans
ses
pratiques,
notamment
dans
les
pays
développés.
Mais
les
résultats
restent
fluctuants.
Une
amélioration
au
niveau
des
intrants
chimiques
est
constatée,
mais
peu
de
modifications
en
ce
qui
concerne
les
émissions
de
gaz
à
effet
de
serre
et
l’emploi
de
pesticides.
L’agriculture
biologique
n’apporte
pas
de
réponse
acceptable
car
elle
n’est
pas
apte
à
nourrir
toute
la
population.
La
politique
agricole
commune
(PAC)
commence
à
prendre
en
compte
ces
problématiques
environnementales.
Dans
ce
contexte,
de
nouvelles
évolutions
sont
envisagées
entre
2014
et
2020
:
cette
politique
au
départ
essentiellement
agricole,
a
progressivement
développé
un
volet
environnemental
et
un
volet
rural.
Aujourd’hui,
«
un
tournant
vert
»
est
nécessaire,
mais
il
ne
faut
pas
oublier
la
nécessité
d’une
production
alimentaire
conséquente.
Dans
cette
lignée,
l’élevage
est
remis
en
question,
trop
consommateur
de
matières
premières
alimentaires
et
il
génère
beaucoup
de
gaz
à
effet
de
serre
(18%).
Mais
pour
faire
de
ce
tournant
une
réelle
réponse,
il
est
nécessaire
d’investir
massivement
dans
des
recherches
techniques.
Les
agricultures
écologiquement
intensives
ou
doublement
vertes
n’en
sont
qu’à
leurs
débuts.
Pour
que
l’agriculture
continue
de
répondre
à
sa
fonction
première,
celle
de
nous
nourrir,
il
est
indispensable
de
développer
ses
capacités
productives
tout
en
gérant
au
mieux
la
durabilité
de
notre
environnement.
Il
ne
s’agit
pas
d’opposer
la
gestion
de
l’environnement
de
manière
durable
et
l’augmentation
de
la
productivité
agricole,
mais
bel
et
bien
de
mener
des
recherches
afin
de
permettre
de
lier
ces
deux
entités
pour
augmenter
2
CHARVET,
Jean-‐Paul,
2010
12. Développer
les
bâtiments
productifs
en
villes.
Un
atout
pour
des
villes
plus
durables
?
Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
FPC
M2
–
ENSAL
2013/2014
–
12
le
rendement,
et
parallèlement
se
tourner
vers
des
formes
d’agriculture
plus
durable
et
meilleures
gestionnaires
de
l’environnement.3
1.3
:
Comment
peut-‐on
nourrir
la
planète
demain:
Dans
la
majeure
partie
du
globe,
et,
notamment
dans
les
pays
peu
développés, il
se
pose
la
question
de
la
manière
dont
chacun
pourra
se
nourrir
demain.
En
France
et
dans
la
majorité
des
pays
développés
cette
problématique
est
moins
cruciale.
En
revanche,
la
question
du
coût
nourricier
et
de
la
qualité
alimentaire
est
réelle.
Aujourd’hui,
nous
sommes
face
à
une
agriculture
industrielle
mondialisée
et
une
spéculation
grandissante
sur
les
produits
alimentaires
de
base.
Il
est
cohérent
de
se
demander
comment
les
choses
peuvent
évoluer
afin
de
trouver
des
solutions,
plus
respectueuses,
plus
pérennes.
Car,
le
futur
de
l’agriculture
est
une
problématique
concernant
chaque
individu.
Depuis
les
années
70,
les
superficies
des
terres
cultivées
ont
augmenté.
Depuis
une
trentaine
d’années,
la
progression
est
beaucoup
plus
faible.
Les
superficies
cultivées
ont
progressé
en
faveur
de
pionniers
agricoles
en
Asie
du
sud-‐est,
en
Afrique
et
en
Amérique
latine,
en
particulier
au
Brésil.
Elles
ont
parallèlement
reculé
en
de
nombreux
endroits
de
la
planète
en
raison
des
problèmes
environnementaux,
sans
oublier
l’étalement
urbain
souvent
mal
contrôlé.
La
nourriture
du
terrien
moyen
était
produite
sur
0,45
ha
en
1960
contre
0,25
ha
en
2000.
En
2050
il
faudra
pouvoir
survivre
sur
0,15
ha.
La
terre
cultivable
devient
une
ressource
stratégique.
Cette
raréfaction
et
les
contextes
commerciaux
actuels
ont
développé
à
l’échelle
planétaire
la
délocalisation
de
production
agricole.
Dans
ce
contexte,
il
est
indispensable
de
penser
une
réponse
alimentaire
plausible.
Car,
l’urbanisation
croissante
et
l’accroissement
démographique
constituent,
à
l’échelle
mondiale,
une
composante
majeure
de
la
demande
alimentaire
et
il
est
nécessaire
de
trouver
un
moyen
de
nourrir
la
population
future
(3
milliards
de
personnes
supplémentaires).
Nous
devons
soit
modifier
nos
régimes
alimentaires,
diminuer
l’élevage,
en
allant
vers
une
alimentation
principalement
végétarienne.
Soit,
trouver
d’autres
systèmes
de
productions,
plus
respectueux
de
l’environnement,
tout
en
restant
autant
ou
plus
productifs.
Nous
parlons
de
transition
nutritionnelle.
La
question
de
pénurie
alimentaire
est
mise
en
avant
pour
les
années
à
venir,
mais
dès
aujourd’hui,
2
milliards
de
personnes
souffrent
de
malnutrition.
Soit
en
raison
de
régimes
alimentaires
déséquilibrés,
soit
faute
de
nourriture
suffisante.
Il
est
nécessaire
d’amorcer
une
réponse
dès
maintenant
afin
de
rendre
la
sécurité
alimentaire
de
la
planète
soutenable.
La
sous
nutrition
affecte
surtout
les
pays
en
développement.
Mais
parallèlement,
nous
observons
l’augmentation
de
personnes
suralimentées.
Il
s’agit
de
déficit
alimentaire
d’ordre
qualitatif.
La
consommation
alimentaire
des
français
évolue,
le
pain
et
les
pommes
de
terre
régressent,
les
fruits
et
légumes,
les
viandes
et
les
produits
laitiers
augmentent.
Cette
évolution
est
à
mettre
en
parallèle
avec
l’évolution
des
modes
de
vie,
en
particulier
l’augmentation
de
la
consommation
des
produits
transformés
et
préparés
par
les
industries
agroalimentaires.
L’alimentation
des
français
demeure
différente
selon
les
catégories
sociales
et
les
niveaux
d’éducation.
4
A
ce
jour,
la
transition
nutritionnelle
est
en
route,
mais
un
grand
nombre
d’incertitudes
demeurent.
Dans
toutes
les
hypothèses,
il
sera
nécessaire
de
trouver
un
moyen
d’organiser
3
CHARVET,
Jean-‐Paul,
2010
4
CHARVET,
Jean-‐Paul,
2010
13. Développer
les
bâtiments
productifs
en
villes.
Un
atout
pour
des
villes
plus
durables
?
Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
FPC
M2
–
ENSAL
2013/2014
–
13
l’approvisionnement
des
villes
qui
regroupent
désormais
plus
de
la
moitié
de
la
population
mondiale,
et
notamment
l’approvisionnement
des
agglomérations
urbaines
géantes.
Plusieurs
pistes
sont
évoquées
:
possibilité
de
développer
un
système
agricole
encore
plus
mondialisé
ou
au
contraire
de
renforcer
les
circuits
courts.
Nous
partons
de
l’hypothèse
que
la
transition
alimentaire
prendra
l’image
d’un
développement
agricole
au
cœur
des
territoires
urbains.
C’est
une
hypothèse
qui
entre
en
cohérence
avec
la
pensée
de
Geneviève
Savigny.
Agricultrice,
ingénieure
en
agriculture,
elle
s’est
largement
investie
dans
les
différents
syndicats
agricoles
au
cours
de
sa
carrière.
Elle
nous
donne
son
point
de
vue
sur
le
contexte
agricole
actuel
et
sur
la
pertinence
de
mettre
en
place
un
territoire
urbain
productif.
Il
est
question
de
produire
de
la
nourriture
en
ville,
au
plus
près
des
populations.
Voire
d’exercer
une
activité
économique.
C’est
avec
l’ensemble
de
ces
valeurs
qu’il
faut
considérer
ces
projets.
Il
est
tout
d’abord
nécessaire
de
rappeler
qu’actuellement
les
agriculteurs
ont
beaucoup
de
difficultés
à
obtenir
des
revenus
corrects.
Ce
phénomène
encourage
ces
derniers
à
soutenir
le
modèle
productiviste.
Il
empêche
souvent
les
agriculteurs
de
reprendre
des
exploitations
agricoles
et
il
encourage
la
baisse
de
la
sécurité
alimentaire.
Face
à
ces
constats,
la
proposition
d'introduire
une
production
alimentaire
en
ville
est
pertinente.
5
L’urbanisation
qui
a
été
longtemps
le
fait
des
pays
industrialisés,
où
75
%
des
habitants
sont
citadins,
s’est
développée
depuis
les
années
1960
dans
les
pays
du
sud.
Cette
explosion
urbaine
a
été
et
demeure
à
l’origine
de
la
transformation
des
habitudes
alimentaires
ainsi
que
d’un
accroissement
de
la
demande
alimentaire.
Ceci
alors
que
l’étalement
urbain
mange
de
plus
en
plus
de
terres
agricoles.
En
France
par
exemple,
nous
assistons
à
un
recul
des
terres
agricoles
de
200
ha
par
jour.
Quant
aux
ceintures
maraîchères
et
fruitières
présentes
jadis
autour
des
villes,
elles
ont
largement
disparu
pour
laisser
place
à
des
approvisionnements
plus
lointains.
5
SAVIGNY
Geneviève,
2011
14. Développer
les
bâtiments
productifs
en
villes.
Un
atout
pour
des
villes
plus
durables
?
Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
FPC
M2
–
ENSAL
2013/2014
–
14
2:
Une
ville
durable
peut-‐elle
naître
des
territoires
urbains
de
plus
en
plus
vastes
?
La
ville
durable
est
souvent
synonyme
de
nature
en
ville.
Ce
n’est
pas
forcément
le
cas.
Une
ville
pour
être
durable
doit
disposer
d’un
environnement
de
qualité,
notamment
en
ce
qui
concerne
la
nature,
et
être
un
espace
viable
de
production
de
richesses.
Afin
d’apporter
une
réponse
pertinente,
des
villes
ont
constitué
plusieurs
documents
d’urbanisme
afin
de
mutualiser
leurs
objectifs
et
mettre
en
place
un
cadre
de
vie
«
durable
»
à
une
échelle
plus
globale.
Ces
dispositifs
entrent
souvent
dans
la
composition
des
«
Agendas
21
».
Cependant,
la
ville
durable
échappe
à
une
définition
et
à
une
formalisation
stricte.
À
l’instar
du
développement
durable
dont
elle
se
réclame,
la
ville
durable
ne
peut
être
un
modèle
unique.
Elle
implique
un
développement
économique
respectant
les
critères
du
développement
durable,
elle
nécessite
l’équité
sociale
et
la
qualité
environnementale
:
préservation
des
ressources
et
du
patrimoine.
Elle
renvoie
donc
à
la
mixité
fonctionnelle
et
sociale,
à
la
question
de
la
densité
et
à
celle
de
l’étalement
urbain.
2.1
:
L’étalement
urbain,
quand
la
ville
grignote
le
territoire
:
L’étalement
urbain
est
l’extension
urbaine
plus
rapide
que
la
croissance
démographique
:
la
surface
consommée
par
habitant
s’accroît,
découplant
croissance
démographique
et
artificialisation
du
sol.
On
parle
donc
d’étalement
urbain
quand
le
processus
d’urbanisation
conduit
à
une
diminution
de
la
densité
des
zones
urbanisées,
du
fait
du
développement
de
zones
d’urbanisation
moins
denses
en
périphérie
et/ou,
parfois,
d’une
diminution
de
la
population
en
centre
ville.
En
France,
l’étalement
urbain
se
place
aujourd’hui
sur
le
devant
de
la
scène.
Notamment
par
sa
forte
présence
au
Grenelle
de
l’environnement.
Et
par
l’annonce
à
l’issue
de
celui-‐ci,
d’un
plan
national
de
lutte
contre
l’artificialisation
des
sols.
L’augmentation
démographique
mondiale
va
nécessairement
augmenter
les
surfaces
artificialisées
et
accroître
les
besoins
en
produits
agricoles.
Sachant
que
parallèlement
les
effets
du
changement
climatique
entraineront
une
désertification
ou
semi-‐désertification
de
certaines
zones
urbaines
ou
agricoles.
Face
à
cela,
la
lutte
contre
l’étalement
urbain
s’affiche
comme
une
priorité
et
des
dispositifs
sont
mis
en
avant.
Au
niveau
de
l’Union
européenne,
la
stratégie
thématique
pour
l’environnement
urbain
devrait
être
suivie
d’une
directive
sur
les
sols.
Plusieurs
pays
ont
déjà
mis
en
place
des
politiques
pour
faire
face
au
phénomène
de
l’étalement.
L’Allemagne
notamment,
qui
s’est
fixée,
en
1997,
un
objectif
de
division
par
dix
de
la
consommation
annuelle
d’espace
naturel
;
les
Etats-‐Unis,
avec
le
Brownfield
program
(programme
de
réhabilitation
des
friches
urbaines
et
des
sols
pollués).
Les
Pays-‐Bas
ont
institué
la
politique
ABC
(Accessibility
profile
of
urban
location),
favorisant
la
ville
compacte,
la
densification,
la
combinaison
des
politiques
de
construction
et
de
transport,
la
localisation
dense
des
activités
à
fort
flux
à
proximité
des
transports
collectifs.
En
Grande-‐Bretagne,
les
Planning
Policy
Guidance
fixent
aux
autorités
locales
un
cadre
global
pour
augmenter
la
densité,
freiner
l’étalement
et
les
commerces
en
périphérie.
Les
politiques
de
maîtrise
de
l’étalement
urbain
se
conduisent
aussi
à
l’échelon
local
:
plusieurs
villes
ont
obtenu
des
résultats
et
certaines
ont
vu
leur
densité
résidentielle
s’accroître
entre
le
milieu
des
années
1950
et
la
fin
des
années
1990
(Bilbao,
Munich).
Ces
politiques
ont
généralement
utilisé
des
outils
de
15. Développer
les
bâtiments
productifs
en
villes.
Un
atout
pour
des
villes
plus
durables
?
Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
FPC
M2
–
ENSAL
2013/2014
–
15
planification
du
territoire
et
de
l’urbanisme,
de
préservation
de
l’agriculture
périurbaine,
de
limitation
de
la
consommation
d’espaces
naturels
et
de
réhabilitation
des
friches
industrielles.
En
Europe
ce
phénomène
a
pris
de
l’ampleur
à
partir
des
années
1950
et
tend
à
s’accélérer
aujourd’hui.
Effectivement,
durant
ces
20
dernières
années,
l’étalement
urbain
a
été
très
important
en
France.
Entrainant
l’artificialisation
d’environ
600
km2
par
an,
soit
quatre
fois
plus
rapide
que
la
croissance
démographique,
avec
des
chiffres
en
constante
augmentation.
Ce
phénomène
est
quasiment
irréversible,
et,
s’explique
en
partie
car
la
moitié
des
nouvelles
constructions
se
font
dans
des
communes
de
moins
de
2000
habitants,
souvent
peu
qualifiées
pour
gérer
les
problématiques
de
croissance
urbaine.
Ce
qui
a
pour
conséquence
immédiate
des
problèmes
d’imperméabilisation
des
sols,
mais
également
des
problématiques
sociales,
économiques
et
environnementales.
D’un
point
de
vue
économique,
notamment
agricole,
l’étalement
urbain
et
la
construction
des
zones
périurbaines
concurrencent
la
production,
en
générant
inévitablement
une
diminution
des
zones
agricoles
périurbaines
et
/ou
urbaines,
un
morcellement
et
une
instabilité
à
long
terme
des
espaces
agricoles
les
plus
productifs
et
les
plus
proches
des
centres
de
consommation.
L’étalement
urbain
met
en
cause
la
possibilité
de
développer
des
circuits
courts.
Du
point
de
vue
environnemental,
les
conséquences
sont
nombreuses
et
malheureusement
irréversibles.
L’extension
urbaine
et
plus
spécifiquement
l’étalement
urbain,
entraine
une
diminution
des
espaces
naturels,
et
une
atteinte
à
la
biodiversité.
Notamment
en
ayant
des
effets
de
coupure
et
de
fragmentation
des
corridors
écologiques
ou
en
les
diminuant.
Ce
qui
entraîne
également
un
mitage
du
paysage,
l’imperméabilisation
des
sols
avec
pour
conséquence
l’accroissement
des
risques
d’inondation,
des
nappes
phréatiques
qui
peinent
à
se
remplir
et
qui
se
polluent,
un
lessivage
brutal
des
particules
de
pollution
déposées
sur
ces
sols
imperméabilisés.
Certains
assimilent
à
tort
la
maîtrise
de
l’étalement
urbain
et
la
densification,
à
la
disparition
des
espaces
verts
et
à
la
multiplication
de
grands
ensembles
de
logements.
Pourtant,
les
quartiers
de
tours
ne
sont
pas
toujours
les
plus
denses.
La
maîtrise
de
l’étalement
urbain
ne
se
positionne
pas
contre
le
développement
de
toutes
les
typologies
d’habitats.
En
revanche
ces
nouveaux
bâtis
doivent
être
correctement
placés.
En
matière
de
développement
durable,
l’étalement
urbain
va
à
l’encontre
de
la
majorité
des
principes
de
celui-‐ci.
Effectivement,
le
développement
d’une
ville
durable
préconise
d’éviter
les
irréversibilités,
de
découpler
la
croissance
économique
des
ressources
naturelles,
matières
premières
et
facteurs
de
production
employés,
et
de
payer
les
coûts
réels.
Or,
l’étalement
urbain
s’affiche
en
opposition
à
ces
trois
principes.
Notamment
celui
d’éviter
les
irréversibilités,
car
les
sols
artificialisés
sont
rarement
reconquis
en
tant
qu’espaces
verts
et
constituent
en
ce
sens
un
legs
négatif
pour
les
générations
futures.
6
6
SAINTENY
Guillaume,
2008
16. Développer
les
bâtiments
productifs
en
villes.
Un
atout
pour
des
villes
plus
durables
?
Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
FPC
M2
–
ENSAL
2013/2014
–
16
2.2
:
L’évolution
des
espaces
de
nature
en
milieu
urbain
:
L’évolution
du
paysage
en
milieu
urbain
:
A
l’antiquité,
les
jardins
étaient
principalement
utilisés
comme
des
espaces
cultivés.
Ils
étaient
idéalisés,
assimilés
à
des
espaces
paradisiaques.
Au
12ieme
siècle,
les
architectes
commencent
à
mettre
en
scène
le
paysage.
Et
c’est
au
moment
de
la
révolution
industrielle,
avec
la
densification
des
villes
et
la
hausse
de
la
pollution
dans
celles-‐ci
qu’est
apparu
le
besoin
de
nature
au
cœur
des
villes
et
que
sont
nés
les
premiers
parcs
urbains
et
les
avenues
arborées.
Longtemps,
les
espaces
verts
hérités
des
parcs
et
jardins
présents
dès
l’Antiquité
dans
les
villes
européennes,
ont
été
réservés
à
la
royauté
et
à
l’aristocratie.
La
notion
de
nature
accessible
au
peuple
apparaît
en
Europe
dès
la
seconde
moitié
du
19ème
siècle.
Ce
qui
a
amené
les
paysagistes
à
commencer
à
façonner
la
ville.
Mais
la
réelle
prise
en
compte
du
paysage
a
eu
lieu
en
France
à
partir
de
la
deuxième
guerre
mondiale.
Aujourd’hui,
c’est
une
nécessité
écologique
de
laisser
une
plus
grande
place
à
la
nature
en
ville.
Et
de
relier
la
ville
à
la
campagne
proche
par
des
liaisons
et
des
corridors
verts.
7
Le
thème
du
paysage
en
ville,
ou
du
moins
lié
à
la
ville
est
apparu
au
20ieme
siècle
et
se
place
aujourd’hui
comme
une
des
composantes
centrales
de
l’aménagement
urbain.
Cette
question
a
été
amorcée
au
début
du
siècle
par
Eugène
Hénard,
urbaniste
à
l’origine
de
la
création
des
parcs
urbains
à
Paris.
Nous
pouvons
également
considérer
comme
précurseur
la
ceinture
verte
proposée
pour
l’aménagement
du
Grand
Londres
par
Patrick
Abercrombie
dès
1943.
Suite
au
Grenelle
de
l’environnement,
les
formes
spatiales
du
vert
en
ville
sont
largement
déclinées
en
Europe
en
anneau
vert,
coulée
verte
et
plus
récemment
en
rayon
vert
animant
une
trame
verte
en
France.
Mais
à
ce
jour,
les
projets
réalisés
restent
anecdotiques.
Les
7
AUDOUY,
Michel,
PENA,
Michel,
2011
Antiquité 17ieme s.
1415
Révolution industrielle
19 ième s.
Aujourd’hui
jardins, paradis
jardins cultivés
jardins idéalisés
Naissance du terme
paysage en Europe
1716
Saint Petersbourg met en
place son premier plan
d’urbanisme. C’est la
première organisation
urbaine fortement
influencée par le végétal.
1945, Après la
2nde GM
Dans le sillage de la charte
d’Athènes.
1917
Tony Garnier met en place
sa citée industrielle où les
espaces verts trouvent une
place importante.
Gilles Clément dans le
jardin planétaire
«Ensembles, nous décidons
que la terre est un seul et
même petit jardin»
Amorce de mise en
scène du paysage par
les architectes
La ville plus dense et l’arrivée
de plus de pollution amorce la
mise en place de nature en
ville. Début des parcs urbain et
des avenues arborées
Les paysagistes façonnent la
ville
On crée des parc publics et des
avenues arborées. La ville
Haussmanienne fait entrer l’air
et le soleil.
Aujourd’hui, c’est encore très
structurant à Paris
Nécessité écologique de
développer plus de nature
en ville
17. Développer
les
bâtiments
productifs
en
villes.
Un
atout
pour
des
villes
plus
durables
?
Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
FPC
M2
–
ENSAL
2013/2014
–
17
anneaux,
les
coulées
et
les
rayons
verts
s’épanouissent
principalement
sur
les
documents
de
planification
urbaine.
Dans
le
cadre
de
cette
volonté
de
positionner
plus
d’espaces
de
nature
en
milieu
urbain,
il
est
intéressant
de
se
remémorer
le
modèle
des
cités
jardins.
Le
modèle
des
cités
jardins
:
L’anglais
Ebenezer
Howard
autour
de
1900
a
travaillé
à
l’aménagement
de
villes
nouvelles.
Il
propose
d’organiser
la
ville
sur
le
polycentrisme
plutôt
que
sur
l’étalement.
Une
ville
centre
d’environ
60
000
habitants,
puis
des
villes
satellite
d’environ
30
000
habitants.
Toutes
extrêmement
bien
reliées.
Chacune
conçue
selon
sa
vision
de
la
cité-‐jardin.
Dans
l’idéal
une
cité-‐jardin
devait
pouvoir
accueillir
de
30
000
à
50
000
habitants
en
autosuffisance.
Le
plan
était
circulaire.
Autour,
s’articulaient
du
centre
vers
la
périphérie,
différents
quartiers
dotés
de
différentes
fonctions.
Au
centre,
principalement
les
bâtiments
publics.
Cette
zone
centrale
était
fermée
par
une
trame
commerciale
couverte.
Une
série
de
boulevards
desservait
les
quartiers
d’habitation.
Les
limites
de
la
ville
étaient
définies
par
la
présence
d’industries
le
long
d’une
voie
ferrée.
Au-‐delà,
une
ceinture
verte
de
champs
et
de
fermes
fournissait
l’approvisionnement
en
produits
agricoles
et
limitait
la
zone
d’extension
urbaine,
évitant
ainsi
que
les
cités
ne
se
rejoignent
par
un
effet
de
débordement.
L’expansion
urbaine
était
ainsi
contrôlée
et
planifiée.
A
une
échelle
plus
importante,
il
était
prévu
de
raccorder
les
cités
jardins
à
la
ville
centre
par
des
radiales
ferroviaires
et
de
les
relier
entre
elles
par
un
anneau
ferroviaire.
Ce
schéma
polycentrisme
contient
les
concepts
qui
ont
guidé
et
qui
guident
encore
la
planification
de
nombreuses
villes.8
Ce
principe
permet
la
maîtrise
publique
du
foncier,
le
maintien
de
la
ceinture
agricole
à
proximité
de
toute
la
ville
et
la
présence
d’équipements
de
proximité
pour
tous
du
fait
de
la
poly
centralité.
Ebenezer
Howard
a
mis
en
application
ces
principes
dès
1903
en
réalisant
la
cité-‐jardin
de
Letchworth,
à
60km
au
Nord
de
Londres.
Ces
idées
seront
également
reprises
après
guerre
dans
le
développement
du
Grand
Londres
ainsi
que
dans
la
réalisation
de
villes
nouvelles
autour
de
Paris
ou
de
Lille.
Depuis,
on
qualifie
souvent
de
«
cités
jardins
»
par
erreur
les
espaces
urbains
qui
marient
ville
et
nature.
8
LE
GOIX,
Renaud,
VEYRET,
Yvette,
2011
18. Développer
les
bâtiments
productifs
en
villes.
Un
atout
pour
des
villes
plus
durables
?
Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
FPC
M2
–
ENSAL
2013/2014
–
18
2.3
:
Cheminement
vers
une
ville
plus
durable
:
Le
terme
«
ville
durable
»
est
utilisé
en
français.
Dans
les
autres
langues,
nous
parlons
de
ville
soutenable,
ou
de
résilience.
Ce
terme
a
l’avantage
de
mettre
en
exergue
la
notion
de
durabilité
et
replace
la
résilience
dans
la
durée.
Cette
approche
devrait
être
présente
dans
la
manière
de
concevoir
le
renouvellement
urbain.
Un
renouvellement,
une
résilience
qui
prend
en
compte
le
passé
et
le
devenir
de
nos
villes.
Dans
ce
contexte,
le
durable
ne
peut
pas
se
limiter
à
l’approche
de
la
nature
en
ville
ni
à
l’impact
de
l’urbanisation
sur
les
équilibres
naturels.
La
ville
durable
n’est
pas
seulement
une
ville
écologiquement
viable,
mais
une
ville
où
le
développement
humain,
urbain
et
écologique
s’équilibrent.
Un
territoire
où
l’habitabilité
urbaine
est
cohérente.
Au
cours
de
l’histoire,
nos
territoires
urbains
n’ont
cessé
de
gagner
en
qualité
de
vie.
Les
améliorations
sont
considérables
entre
la
ville
médiévale
et
la
ville
contemporaine.
Le
XIXe
siècle
est
marqué
par
l’hygiénisme,
les
utopies
sociales
et
urbaines,
et,
constitue
un
tournant
majeur.
L’urbanisme
moderne,
fonctionnaliste,
est
apparu
avec
le
mouvement
moderne
mené
principalement
par
les
architectes
Gropius
et
Le
Corbusier.
Il
a
été
illustré
en
1933
par
la
Charte
d’Athènes.
Celle-‐ci
prône
des
directives
éloignées
de
la
conception
de
la
ville
durable
d’aujourd’hui.
La
Charte
d’Athènes
met
en
avant
le
principe
de
la
table
rase.
Les
constructions
comme
la
ville
n’ont
pas
à
être
intégrées
au
cadre
territorial,
au
paysage.
Alors
que
la
ville
durable
se
doit
d’associer
passé
et
futur,
de
prendre
en
compte
l’existant
dans
les
projets
urbains
et
architecturaux
et
d’insérer
le
bâti
dans
son
environnement
;
la
Charte
d’Athènes,
elle,
propose
des
bâtiments
adaptables
dans
tous
les
territoires.
La
ville
durable
propose
de
généraliser
la
mixité
fonctionnelle
afin
de
réduire
les
déplacements,
tandis
que
la
Charte
d’Athènes
prône
le
zonage
et
la
séparation
des
fonctions.
La
ville
durable
favorise
les
modes
de
circulation
doux
et
propose
la
juxtaposition
des
modes
de
déplacements
contrairement
au
modernisme
qui
préconise
leur
séparation.
La
Charte
d’Athènes
pense
que,
l’urbanisme
ne
peut
être
que
le
fait
de
ceux
qui
savent
rationaliser
la
ville,
alors
que
la
ville
durable
s’appuie
sur
une
urbanisation
participative,
prenant
en
compte
les
souhaits
des
habitants.
En
Europe,
jusqu’à
la
fin
du
XXème
siècle,
le
territoire
urbain
était
considéré
comme
antinature,
comme
artificiel,
et
son
investissement
par
les
habitants,
comme
une
dégradation.
Il
faut
attendre
la
fin
de
cette
période
pour
que
la
question
du
développement
durable
soit
posée
dans
le
développement
de
la
ville.
En
1994,
l’union
européenne
a
adopté
la
«
charte
d’Aalborg
»,
initiant
la
mise
en
place
d’
«
Agenda
21
»
locaux,
selon
les
principes
définis
à
Rio
en
1992.
Les
villes
signataires
s’engagent
à
établir
les
«
Agendas
21
»
en
suivant
un
certain
nombre
d’orientations
et
de
principes.
C’est
un
acte
volontaire
de
la
part
des
communes,
mettant
en
exergue
la
volonté
des
collectivités
locales
de
prendre
en
compte
le
développement
durable
de
leur
territoire.
Ce
sont
elles
qui
proposent
les
différents
dispositifs
économiques,
sociaux
et
environnementaux,
et
qui
surveillent
le
processus
de
planification.
Elles
définissent
ce
qu’elles
souhaitent
mettre
en
place
afin
de
permettre
le
développement
durable
et
viable
de
leurs
territoires
pour
une
quinzaine
d’années,
dans
l’optique
d’en
proposer
une
gestion
plus
économe,
plus
équitable,
plus
intégrée.
C’est
un
projet
mené
sur
une
démarche
participative.
Le
Grenelle
de
l’environnement,
quant
à
lui,
insiste
sur
la
nécessaire
19. Développer
les
bâtiments
productifs
en
villes.
Un
atout
pour
des
villes
plus
durables
?
Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
FPC
M2
–
ENSAL
2013/2014
–
19
reconquête
des
centres
villes
souvent
en
déclin,
la
construction
d’éco
quartiers,
ainsi
que
l’élaboration
et
la
mise
en
œuvre
d’indicateurs
destinés
à
mesurer
le
recul
des
espaces
agricoles
et
naturels
en
périphérie
urbaine.
Les
propositions
de
Le
Corbusier
tel
que
le
«
Plan
Voisin
»
n’ont
jamais
pu
voir
le
jour.
Elles
étaient
l’illustration
parfaite
de
sa
pensée,
et
semblaient
permettre
un
avancement
pour
les
territoires
urbains.
Aujourd'hui,
les
conditions
urbaines
sont
très
différentes
et
la
notion
environnementale,
s’affiche
comme
la
priorité.
Ces
systèmes
sont
radicalement
opposés,
mais
s’inscrivent
tous
les
deux
à
leur
manière
dans
la
ville
durable.
Ils
prennent
en
compte
les
conditions
d’un
territoire
afin
d’y
répondre
de
manière
cohérente.
L’organisation
spatiale
et
politique
des
villes
évolue,
et
est
de
plus
en
plus
fondée
sur
des
principes
de
densification,
de
mobilités
douces,
avec
un
travail
important
sur
l’articulation
des
échelles.
Il
s’agit
aujourd’hui
de
développer
la
poly
centralité
et
la
mixité
des
fonctions
urbaines.
Mais
la
tâche
est
complexe
car
nous
sommes
confrontés
à
une
multiplication
des
acteurs
qui
peuvent
agir
en
faveur
du
développement
durable.
Par
exemple,
les
communes
conservent
des
compétences
liées
à
la
proximité,
et
l’intercommunalité
traite
du
développement
économique
et
des
transports,
tandis
que
les
syndicats
mixtes
élaborent
les
schémas
de
cohérence
territoriale
et
se
voient
confier
la
planification
territoriale.
Les
communes
conservent
avec
le
PLU
des
prérogatives
puissantes
en
matière
de
droit
du
sol.
Mais
une
planification
efficace
vers
un
développement
plus
durable
implique
la
mobilisation
de
l’ensemble
des
acteurs.
Les
objectifs
principaux
sont
les
suivants
:
l’équilibre
entre
espaces
urbains
et
zones
rurales,
la
mixité
sociale,
le
choix
de
la
ville
compacte.
A
ce
jour,
la
ville
durable
doit
également
contribuer
au
renouvellement
des
ressources
naturelles
alentour,
au
fonctionnement
des
écosystèmes,
ainsi
qu’aux
grands
équilibres
régionaux
et
planétaires
indispensables
au
développement
durable,
dans
le
but
de
préserver
les
capacités
de
vie
et
les
potentialités
de
choix
des
générations
futures.9
9
LE
GOIX,
Renaud,
VEYRET,
Yvette,
2011
1990
1992
1996
1994 1997
La charte d’Aalborg émane de la première
conférence européenne sur les villes durables
organisée au Danemark sous l’égide de la
commission européenne, de l’ICLEI et des
associations de villes et de gouvernements
locaux.
Elle marque l’engagement des signataires en
faveur de l’établissement d’un programme
stratégique local à long terme pour le 20eme
siècle (Agenda 21)
Remise du premier rapport «villes durables
européennes» à la commission européenne qui
lance le projet Urbain
La commission
européenne publie «la
question urbaine,
orientation pour débat
européen»
Publication du livre vert sur
l’environnement urbain qui
amorce le passage de la «ville
écologique à la ville durable»
Un groupe d’experts crée par
le conseil européen lance pour
trois ans le projet «villes
durables» pour promouvoir la
durabilité dans les aggloméra-
tions européenne
Un groupe d’experts
crée par le conseil
européen lance pour
trois ans le projet «villes
durables» pour
promouvoir la
durabilité dans les
agglomérations
européenne
2eme conférence européenne
des villes durables à Lisbonne.
Le plan d’action de Lisbonnes
«de la charte à l’action» issu de
cette conférence àa pour but la
mise en place concrète de la
charte d’Aalborg
1998
Quatre conférences régionales
permettent de préparer la
conférence europénne de
Hanovre (2000)
1998: conférence en Finlande et
en Bulgarie
1999: Conférence en Espagne et
aux Pays-bas
1991
20. Développer
les
bâtiments
productifs
en
villes.
Un
atout
pour
des
villes
plus
durables
?
Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
FPC
M2
–
ENSAL
2013/2014
–
20
3
:
L’agriculture
urbaine,
en
quoi
est-‐ce
pertinent
de
lier
la
ville
et
l’agriculture
:
3.1
:
Contexte
L’agriculture
urbaine
a
toujours
existé.
Nous
savons
par
exemple
qu’elle
était
déjà
présente
au
moyen
âge.
En
revanche,
aujourd’hui
elle
revêt
une
fonction
différente
qui
lui
permettra
peut
être
de
prendre
une
dimension
beaucoup
plus
importante.
Cette
fonction
est
à
ce
jour
très
différente
selon
les
différents
pays
accueillants.
Dans
les
pays
en
développement,
son
rôle
est
principalement
économique
et
alimentaire.
Elle
devient
même
un
des
uniques
moyens
de
subsistance
pour
les
citadins
démunis.
Quant
aux
pays
développés,
elle
affiche
plutôt
une
fonction
de
loisirs,
d’échanges,
de
rencontres…
En
conservant
une
fonction
nourricière.
Historiquement
ces
zones
agraires
ont
trouvé
leur
place
comme
un
espace
«ceinture»
afin
de
nourrir
la
zone
urbaine
voisine.
Aujourd’hui,
cet
emplacement
«
ceinture
»
tend
à
être
réinvesti
afin
de
stopper
l’urbanisation.
On
peut
également
remarquer
les
jardins
ouvriers,
dispositifs
fréquents
depuis
de
longues
années
au
cœur
de
nos
espaces
urbains.
Ils
ont
toujours
eu
plusieurs
rôles
à
la
fois,
celui
d’espace
vivrier,
mais
également
d’espace
de
rencontres,
d’espaces
verts…
Définition
de
l’agriculture
urbaine
L’agriculture
urbaine
englobe
les
formes
variées
d’agriculture
localisée
en
ville
ou
en
périphérie
des
villes.
Les
produits
agricoles
et
les
services
annexes
qu’elle
fournit
sont
en
majeure
partie
à
destination
des
villes
dont
elle
utilise
des
ressources
(foncières,
de
main
d’œuvre,
d’eau,
de
capital
etc.)
en
concurrence
mais
aussi
en
complémentarité
avec
des
usages
urbains.
Le
terme
définit
le
fait
que
cette
agriculture
existe
pour
et
avec
la
ville.
L’agriculture
«
urbaine
»
est
très
diversifiée
dans
ses
formes
entre
pays,
villes
et
contextes.
Elle
peut
par
exemple
occuper
des
champs
périurbains,
avec
des
systèmes
de
production
variés,
s’infiltrer
dans
des
interstices
urbains,
sur
le
bâti.
Une
caractéristique
omniprésente
est
sa
multifonctionnalité.
Elle
a
toujours
une
vocation
nourricière,
mais
également
souvent
productrice
de
fonctions
économiques
et
sociales
pour
la
ville,
par
la
mise
en
place
de
nouveaux
circuits
courts
et
les
emplois
générés,
les
liens
sociaux
qu’elle
peut
tisser
voire
parfois
des
dispositifs
de
réinsertion
sociale.
Elle
revêt
également
des
fonctions
environnementales,
par
la
mise
en
place
de
corridors
verts
et
d’action
sur
les
sols.
Pour
finir,
elle
peut
jouer
un
rôle
paysager
et
de
cadre
de
vie.
Dans
les
pays
du
nord,
on
lui
voue
également
une
fonction
pédagogique
et
ludique.
Cette
fonction
est
très
importante
et
justifie
souvent
sa
présence
car
il
semblerait
que
nous
ayons
un
besoin
de
nous
reconnecter
avec
l’alimentaire,
avec
la
nature,
la
terre.10
L’agriculture
urbaine
revêt
ces
différentes
images,
mais
nous
avons
peu
de
retours
argumentés
sur
sa
présence.
Car
peu
de
structures
forment
des
professionnels
compétents
10
AUBRY,
Christine,
2013
21. Développer
les
bâtiments
productifs
en
villes.
Un
atout
pour
des
villes
plus
durables
?
Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
FPC
M2
–
ENSAL
2013/2014
–
21
pouvant
fournir
des
études
et
des
recherches
fiables.
Les
projets
d’agriculture
urbaine
sont
principalement
menés
par
des
non
agronomes,
par
des
architectes,
des
urbanistes
ou
des
travailleurs
sociaux.
La
seule
formation
en
France
aujourd’hui
est
dispensée
par
AgroParisTech.
Elle
s’intitule,
«
ingénierie
des
espaces
végétalisés
en
ville,
spécialisée
en
agriculture
urbaine
».
Afin
d’avoir
des
retours
plus
globaux
et
de
favoriser
la
mise
en
place
pertinente
d’agriculture
dans
nos
villes,
il
est
nécessaire
de
réviser
les
concepts
et
les
méthodes
classiquement
utilisés
dans
la
recherche
agricole.
Inversement,
la
conception
de
la
durabilité
des
systèmes
urbains
peut
s’enrichir
de
la
prise
en
compte
des
dynamiques
agricoles.11
11
MARGETIC
Christine,
TOUSSAINT-‐SOULARD
Christophe,
VALETTE
Elodie,
2011
22. Développer
les
bâtiments
productifs
en
villes.
Un
atout
pour
des
villes
plus
durables
?
Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
FPC
M2
–
ENSAL
2013/2014
–
22
3.2
Pertinence
de
lier
la
ville
et
l’agriculture
:
L’avantage
de
développer
l’agriculture
urbaine
est
notamment
d’accroître
les
surfaces
potentiellement
cultivables,
de
cultiver
à
proximité
des
zones
d’habitat,
d’activités…des
zones
de
vie,
et
de
créer
un
lien
entre
l’urbain
et
l’agricole
qui
tend
à
disparaître.
La
mise
en
place
d’agriculture
peut
également
œuvrer
à
la
restauration
des
sols
urbains
dégradés,
grâce
aux
amendements
et
à
l’ajout
de
compost.
Et
permettre
d’augmenter
la
pollinisation
tout
en
fixant
le
carbone
grâce
à
la
présence
végétale.
La
mise
en
place
de
ce
type
d’agriculture
permettra
également
de
lutter
contre
l’uniformisation
engendrée
par
les
grandes
cultures
industrielles.
Elle
aidera
au
maintien
et
à
la
conservation
des
variétés
ancestrales
menacées
ou
déjà
disparues.
Elle
permettra
à
certaines
populations
de
s’auto
suffire
ou
de
pallier
à
un
manque
de
nourriture.
Elle
favorisera
le
lien
social
entre
habitants
d’un
même
quartier
en
permettant
la
participation
des
riverains
et
du
voisinage.
Selon
Chris
Younès,
philosophe,
professeur
d’architecture
et
responsable
d’un
laboratoire
de
recherche,
les
milieux
habités
sont
définis
par
un
équilibre
entre
zones
urbaines
et
zones
agraires.
Ce
qui
permet
d’investir
un
environnement
«
habitable
».
Auparavant,
la
ferme
était
uniquement
dédiée
aux
environnements
ruraux.
Mais,
les
modifications
de
notre
manière
de
vivre
et
de
notre
environnement
engendrent
la
renaissance
de
l’agriculture
urbaine.
Aujourd’hui,
la
FAO
(l’organisation
des
nations
unis
pour
l’alimentation
et
l’agriculture)
prône
ce
type
de
dispositifs
pour
pallier
la
perte
des
terres
agricoles
et
répondre
à
la
nécessaire
sécurité
alimentaire.
L’agriculture
urbaine
commence
par
le
développement
de
jardins
individuels
ou
collectifs
mais
peut
également
explorer
d’autres
typologies
comme
l’agriculture
verticale.
Il
s'agit
d'imaginer
des
possibles
entre
les
dynamiques
de
la
culture
et
de
la
nature
par
la
mise
en
œuvre
de
synergies
d'un
autre
type.
En
ce
sens,
les
accords
entre
agriculture
et
milieu
urbain
sont
des
plus
significatifs.12
La
mise
en
place,
même
massive,
de
territoires
urbains
productifs
n’attend
pas
une
réponse
uniquement
nourricière,
mais
le
dépassement
du
clivage
urbain/rural
afin
d’intégrer
dans
un
ensemble
cohérent
les
différents
types
de
territoires,
sans
toutefois
créer
un
territoire
urbain
qui
n’aurait
plus
besoin
du
rural.
13
L’agriculture
urbaine
comme
réponse
nourricière
:
Manger
c’est
faire
le
lien
entre
notre
corps
et
notre
environnement.
Dans
les
pays
en
développement
la
fonction
nourricière
est
prépondérante.
Elle
apporte
une
réponse
indispensable
pour
les
produits
frais
et
périssables,
dont
le
transport
depuis
des
zones
plus
rurales
est
très
complexe.
La
contribution
nourricière
de
ces
territoires
urbains
en
développement
est
considérable
et
trouve
sa
place
sous
différentes
formes
:
intra
et
péri-‐
urbaines,
d’autoproduction
ou
de
productions
commerciales.
Le
développement
de
l’agriculture
au
cœur
des
villes
permet
de
continuer
à
répondre
à
la
demande
de
nourriture
malgré
la
disparition
de
certaines
zones
agraires
péri-‐urbaines.
Des
études
ont
montré
que
les
producteurs
agricoles
urbains
seraient
plus
résistants
aux
fluctuations
du
prix
des
12
YOUNES
Chris,
2010
13
BAUDOUIN
Thierry,
2010
23. Développer
les
bâtiments
productifs
en
villes.
Un
atout
pour
des
villes
plus
durables
?
Emmanuelle
Le
Nezet-‐Creyssels
FPC
M2
–
ENSAL
2013/2014
–
23
denrées
alimentaires,
et,
que
les
productions
de
l’agriculture
urbaine
peuvent
être
complémentaires
dans
le
temps.
Cette
fonction
alimentaire
de
l’agriculture
urbaine
est
moins
significative
dans
les
pays
du
nord,
du
fait
de
l’internationalisation
forte
des
marchés,
y
compris
pour
les
produits
frais.
On
constate
cependant
dans
tous
les
pays
industrialisés
un
regain
d’intérêt
des
consommateurs
pour
des
circuits
courts
d’approvisionnement
alimentaire,
même
s’ils
sont
aujourd’hui
très
diversifiés.
Elle
utilise
le
biais
nourricier
pour
combler
d’autres
attentes.
C’est
ce
qui
se
passe
avec
les
formes
suivantes
plutôt
innovantes
de
transformation
des
espaces
verts
urbains
en
espaces
vivriers
dans
la
lignée
du
mouvement
des
«
Incredible
Edible
»
(Incroyables
comestibles)
qui
a
vu
le
jour
ces
dernières
années
à
Todmorden
en
Angleterre.
Le
principe
consiste
à
planter
tout
végétal
comestible
en
libre
service
dans
les
interstices
verts
urbains,
des
pieds
d’arbres
aux
plates-‐bandes
des
édifices
publics,
en
passant
par
l’éventuel
désalphatage
de
trottoirs.
Ce
qui
donne
naissance
à
des
espaces
vivriers,
mais
surtout
des
espaces
d’échanges
et
de
liens
sociaux.14
L’agriculture
urbaine
comme
outil
pédagogique
:
Plusieurs
dispositifs
pédagogiques
permettent
de
sensibiliser
les
urbains
à
la
nature.
Car,
afin
d’être
pérenne,
il
est
nécessaire
d’expliquer
la
gestion
écologique
aux
usagers.
Les
jardins
et
les
espaces
verts
sont
des
espaces
pédagogiques
pertinents.
Le
développement
d’un
territoire
urbain
productif
créera
un
lien
fort
entre
les
urbains
et
les
dispositifs
de
productions
alimentaires.
C’est
également
un
moyen
de
fournir
aux
scientifiques
de
nombreuses
données
sur
la
biodiversité
au
cœur
des
différents
territoires.
Ce
rôle
pédagogique
permet
de
pallier
l’absence
de
lien
entre
l’homme,
la
nature
et
la
nourriture.
Lien
qui
auparavant
se
faisait
naturellement
par
la
filiation
:
les
urbains
avaient
souvent
un
membre
de
leur
famille
dans
des
territoires
ruraux
et
plus
spécifiquement
au
cœur
d’exploitations
agricoles.
Cette
filiation
entraînait
un
respect
pour
la
culture
de
la
terre
et
pour
l'élevage,
ainsi
qu’une
connaissance
des
produits,
de
la
nourriture.
Ce
qui
est
une
véritable
lacune
chez
de
nombreux
jeunes
urbains
aujourd’hui.
Cette
fonction
pédagogique
permettra
une
plus
grande
connaissance
des
cultures
par
l’homme
et
la
diminution
du
gaspillage
de
la
nourriture,
car
selon
Nicolas
Vannier,
«
on
protège
et
on
ne
gaspille
pas
ce
que
l’on
a
produit
et
ce
que
l’on
a
vu
grandir
».15
A
ce
jour,
il
est
opportun
de
rappeler
qu’environ
le
tiers
de
la
production
agricole
mondiale
est
perdue
ou
gaspillée
;
aux
Etats-‐Unis,
près
de
40
%
des
quantités
d’aliments
disponibles
sont
jetés.16
L’introduction
de
l’agriculture
urbaine
permettrait
par
cette
fonction
pédagogique
de
revaloriser
les
aliments.
Ce
qui
mettrait
en
avant
la
saisonnalité,
la
différence
entre
des
produits
cueillis
à
maturité
ou
non,
ainsi
que
des
produits
locaux.
Ces
éléments
revaloriseraient
la
profession
d'agriculteur,
aujourd’hui
en
déclin
en
France,
alors
qu’ils
nous
14
AUBRY,
Christine,
2013
15
VANIER
Nicolas,
2010
16
CHARVET,
Jean-‐Paul,
2010