La frayère à brochets étudiée dans ce rapport fut aménagée en 2016 dans le cadre des mesures compensatoires LGV. Son niveau d’eau, sa connexion avec la Boivre, sa physico-chimie et sa capacité de recrutement vis-à-vis du brochet ont été suivis afin de démontrer l’efficacité et l’intérêt de ce projet.
La frayère a été étudiée une fois par semaine du 22 janvier 2018 au 22 mai 2018, date de la vidange.
A chaque sortie sur cette frayère à brochets, plusieurs mesures et observations furent réalisées :
- Hauteurs d’eau
- Oxygène dissous et taux de saturation en oxygène
- Température
- Observation de pontes et des potentiels reproducteurs
- Observation de la qualité du substrat végétal
- Qualité et quantité du zooplancton présent
- Corrélation entre le débit de la Boivre, les débordements dans la frayère et le débit théorique de débordement calculé avec une modélisation hydraulique.
Suivi Frayère à Brochet - 2018 - Fédération de pêche
1. Suivi de la frayère à
brochets aménagée sur
la Boivre
2018
Validé par le Président Francis Bailly
Fédération Départementale des Associations Agréées de la Pêche et la
Protection du Milieu Aquatique de la Vienne
4 rue Caroline Aigle
86000 Poitiers
2. 1
1. Sommaire
2. Contexte du suivi de la frayère à brochets amenagée sur la Boivre............................................... 2
3. Localisation de la frayère................................................................................................................. 2
4. Suivi du niveau de la frayère et des connexions avec la Boivre...................................................... 3
5. Suivi de l’oxygène dissous et de la température de l’eau de la frayère.......................................... 4
6. Habitabilité de la frayere................................................................................................................. 5
7. Observation de la reproduction et des brochetons dans la frayere ............................................... 7
8. Réalisation de la vidange................................................................................................................. 8
9. Résultats de la biométrie............................................................................................................... 10
10. Conclusion ................................................................................................................................. 11
3. 2
2. CONTEXTE DU SUIVI DE LA FRAYERE A BROCHETS
AMENAGEE SUR LA BOIVRE
Pour rappel, la frayère à brochets étudiée dans ce rapport fut aménagée en 2016 dans le cadre des
mesures compensatoires LGV. Son niveau d’eau, sa connexion avec la Boivre, sa physico-chimie et sa
capacité de recrutement vis-à-vis du brochet ont été suivis afin de démontrer l’efficacité et l’intérêt
de ce projet.
La frayère a été étudiée une fois par semaine du 22 janvier 2018 au 22 mai 2018, date de la vidange.
A chaque sortie sur cette frayère à brochets, plusieurs mesures et observations furent réalisées :
Hauteurs d’eau
Oxygène dissous et taux de saturation en oxygène
Température
Observation de pontes et des potentiels reproducteurs
Observation de la qualité du substrat végétal
Qualité et quantité du zooplancton présent
Corrélation entre le débit de la Boivre, les débordements dans la frayère et le débit théorique
de débordement calculé avec une modélisation hydraulique.
3. LOCALISATION DE LA FRAYERE
Localisation de la frayère
Source : Scan 25 géoportail
4. 3
4. SUIVI DU NIVEAU DE LA FRAYERE ET DES CONNEXIONS
AVEC LA BOIVRE
Le graphique suivant (figure 1) présente l’évolution de la hauteur d’eau de la frayère (mesurée au
niveau de la vanne) en fonction du débit de la Boivre mesuré à la station hydrométrique de Vouneuil-
sous-Biard.
La corrélation entre le débit de la rivière et les débordements observés montre que le modèle
hydraulique est fonctionnel. La Boivre est entrée en connexion avec la frayère à deux reprises les
journées du 27 janvier et du 13 avril 2018 lorsque son débit est monté au-dessus des 3 m3
/s. Les
niveaux de débordement étaient suffisamment importants pour permettre la migration des brochets
reproducteurs de la Boivre vers la frayère aménagée.
En revanche, ces périodes de débordement ont été courtes et peu nombreuses. De plus, les débits de
la Boivre ont très vite diminué impliquant une vidange anticipée à cause du niveau d’eau presque
critique dans la frayère à la mi-mai. Les débits de l’année 2018 sont en dessous de leur niveau
habituel. Malgré ces faibles débits, la frayère a pu être fonctionnelle mais pas de manière optimale.
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10/1 30/1 19/2 11/3 31/3 20/4 10/5 30/5
Q(m3/s)
Heau(cm)
Date
H vanne (cm)
Débit BH (m3/s)
Débit de débordement théorique
Débordement
observé le
27/01
Débordement
observé le
13/04
Figure 1 : Corrélation entre la hauteur d'eau dans la frayère et le débit de la Boivre à Vouneuil-sous-Biard.
5. 4
L’autre information intéressante qui ressort de ce graphique est la correspondance des deux
courbes. Le niveau de la frayère suit le niveau de la nappe alluviale de la rivière. En effet, le niveau de
la frayère dépend directement du débit de la Boivre. Cette caractéristique est primordiale pour le
bon fonctionnement de la frayère puisque les niveaux de celle-ci seront régulés et maintenus à un
niveau correct par les débits de la Boivre jusqu’à maturation des jeunes brochetons.
Cette frayère aménagée fonctionne aussi comme une véritable petite zone humide jouant un rôle de
stockage en période de crue et un rôle de soutien au début des étiages de la Boivre.
5. SUIVI DE L’OXYGENE DISSOUS ET DE LA TEMPERATURE DE
L’EAU DE LA FRAYERE
Les mesures de température et d’oxygène dissous ont été réalisées dans deux zones distinctes de la
frayère : zone de fosse au niveau de la vanne et zone fortement végétalisée avec une faible hauteur
d’eau. Il s’agit des deux types d’habitats que les brochetons seront susceptibles d’occuper.
Figure 2 : Résultats du suivi physico-chimique de la frayère.
Le suivi des paramètres température et oxygène dissous montre que les caractéristiques de la
frayère sont compatibles avec le développement des brochetons (figure 2). Le seul problème
rencontré est l’atteinte du seuil sensible fixé à 5 mg/l pour les brochetons. Les valeurs sensibles
relevées à la mi-mai ont motivé la réalisation d’une vidange légèrement anticipée.
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31/12 20/1 9/2 1/3 21/3 10/4 30/4 20/5 9/6
O2 dissous (mg/l) Fosse
T°C fosse
T°C plat
O2 dissous (mg/l) Plat
Seuil sensible O2
dissous 5 mg/l
Seuil critique O2
dissous 3 mg/l
6. 5
6. HABITABILITE DE LA FRAYERE
La frayère a été aménagée de manière à optimiser la reproduction du brochet. Elle dispose d’une
diversité importante d’habitats. Les quelques zones plus profondes localisées au milieu de la frayère
offre une cache de qualité pour s’abriter des prédateurs mais aussi garantir l’accès à une zone d’eaux
plus fraîches et oxygénées quand la hauteur d’eau devient limitante. La bordure en rive gauche de la
frayère est quant à elle moins profonde mais elle est richement colonisée en végétaux (figure 3). Ces
plantes aquatiques sont d’excellentes caches, oxygènent l’eau et surtout offrent un support de ponte
de choix pour les brochets reproducteurs de la Boivre. La rive droite est caractérisée par une pente
douce légèrement végétalisée et très ensoleillée (figure 4). Cette partie de la frayère est optimale
pour assurer la bonne croissance des alevins nageants. La dernière zone caractérisant cette frayère
est son extrémité amont. Il s’agit d’une partie peu profonde densément végétalisée. La queue de
cette frayère est très régulièrement exondée puis inondés (figure 5). Ces variations hydrauliques
favorisent la décomposition des végétaux et enrichissent l’eau en matières organiques. Cette matière
organique booste la chaine alimentaire de la frayère et permet un développement optimal du
zooplancton, base du régime alimentaire des brochetons dans leurs premières semaines.
Cette diversité d’habitats permet également de diminuer la compétition ainsi que le cannibalisme
omniprésent chez les brochetons et donc d’optimiser le taux de survie de la reproduction.
En revanche, ce nombre d’habitats ne peut être exploité par les brochetons que lorsque la surface en
eau de la frayère est importante. Au moment de la vidange seule la moitié de la frayère était encore
inondée.
Figure 3 : Photographie de la zone végétalisée située en rive gauche de la frayère.
7. 6
Figure 4 : Zone en pente douce en rive droite de la frayère.
Figure 5 : Photographie de la queue de la frayère.
zooplancton
8. 7
7. OBSERVATION DE LA REPRODUCTION ET DES
BROCHETONS DANS LA FRAYERE
L’observation de cette frayère n’est pas facile. Le recouvrement végétal important ainsi que les zones
plus profondes localisées au milieu de la frayère ne permettent pas d’avoir de bonnes conditions
d’observation. De plus, la prospection au sein de la frayère n’était pas possible car il y aurait eu des
risques de perturbation et de dégradation importants pour le milieu.
Ni les brochets reproducteurs ni les pontes n’ont pu être observés.
En revanche, les premiers alevins nageants ont pu être mis en évidence à partir du 2 mai (figure 6 et
7). Il est donc très probable que ce soit le deuxième débordement qui ait permis aux reproducteurs
de la Boivre d’accéder à cette frayère. La ou les pontes auraient eu lieu dans la deuxième moitié du
mois d’avril. Il s’agit d’une ponte tardive mais cohérente au vu du régime thermique assez frai de la
Boivre.
Figure 6 : Brocheton d’environ 35 mm observé le 7 mai dans la zone ensoleillée en pente douce, rive
droite de la frayère.
Figure 7 : Brocheton d’environ 65 mm capturé le 16 mai, une semaine avant la
vidange.
9. 8
8. REALISATION DE LA VIDANGE
La vidange a dû être légèrement anticipée car les conditions de vie liées à la faible hauteur d’eau et
au développement végétal important commençaient à menacer la survie des brochetons dans la
frayère (figure 8). La taille moyenne optimale pour la sortie des brochetons de la frayère vers la
rivière se situe aux alentours des 8-9 cm. La majorité des brochetons pêchés le jour de la vidange
correspondait à cette classe de tailles.
Deux procédés de pêche différents ont été utilisés pour optimiser le nombre de brochetons capturés.
En effet, une vidange par simple ouverture des vannes n’aurait pas permis le retour des brochetons
dans la Boivre. Le fossé situé à l’exutoire de la frayère était assec au moment de la vidange et la
faible pression exercée par le volume d’eau de la frayère n’aurait pas permis de le mettre en charge
jusqu’à la Boivre.
Les vannes ont été ouvertes après installation d’un piège installé à la sortie de la frayère (figure 9). Le
piège consistait à capturer les brochets sortant de la frayère dans une bourriche inondés dans une
petite fosse créée à l’aide d’un petit seuil en pierre. Le piège a été relevé une fois dans la soirée du 22
mai et une autre fois le matin du 23 mai.
Figure 8 : Etat de la frayère le jour de la vidange (22/05/18).
10. 9
Les brochetons refusant de sortir ont été capturés à l’aide d’un matériel de pêche électrique de type
« martin-pêcheur » (figure 10).
Figure 9 : Photographie du piège placé à l'exutoire de la frayère.
Figure 10 : Réalisation d'une pêche de sauvetage à l'aide du matériel de pêche électrique.
11. 10
9. RESULTATS DE LA BIOMETRIE
Au total, 238 brochetons ont été produits par cette frayère et déplacés dans la Boivre. 187
brochetons ont été capturés dans le piège au niveau de l’exutoire et 51 l’ont été lors de la pêche
électrique (figure 11 et 12).
Les reproducteurs n’ont pas été retrouvés. Deux hypothèses sont possibles. Soit ils ont frayé puis
sont retournés dans la Boivre soit ils sont morts après la reproduction (prédation, cannibalisme,
pêche).
Si l’on considère qu’une ponte d’environ 10 000 à 20 000 œufs a été réalisée, cela signifie que le taux
de survie se situe autour des 1.2 à 2.4 % ce qui est dans la moyenne des taux de survie naturels
compris entre 0.05 et 5 %.
Figure 12 : Photographies des brochetons mesurés lors de la biométrie (2).
Figure 11 : Photographies des brochetons mesurés lors de la biométrie (1).
12. 11
Figure 13 : Histogramme des classes de tailles des brochetons produits par la frayère.
Cet histogramme (figure 13) montre très clairement qu’il n’y a qu’une seule génération de
brochetons. L’écart de taille existant entre les deux classes extrêmes est normal. Il s’explique par la
disparité naturelle qu’il peut y avoir entre les brochetons d’une même ponte. Cette différence est
liée à la compétition qu’il y a au sein de la frayère. Certains brochetons grandiront plus rapidement
que les autres à cause de leur régime alimentaire qui s’axera plus vite sur de plus grosses proies. De
plus, à partir d’une certaine taille, les brochetons deviennent cannibales ce qui accentue encore plus
ce phénomène de disparité au niveau de leur croissance. Il s’agit d’une sélection naturelle. Le choix
de vidanger lorsque les brochetons ont atteint les 8-9 cm n’est pas anodin. Cette classe de tailles
correspond à un stade de migration naturelle vers la rivière. Dans le cadre d’une frayère aménagée, il
s’agit également d’une fenêtre physiologique évitant de grandes phases de cannibalisme qui seraient
susceptibles de diminuer fortement le rendement d’une frayère pour laquelle la vidange ne peut pas
se faire naturellement.
10.CONCLUSION
La frayère à brochets aménagée sur la Boivre dans le cadre des mesures compensatoires LGV est
fonctionnelle. Le modèle hydraulique qui calait un débit de débordement à 3 m3
/s est validé. Le
deuxième débordement du 13 avril a permis une migration des reproducteurs de la Boivre vers la
frayère. Les caractéristiques de la frayère ont permis la reproduction des brochets reproducteurs et
le développement des alevins jusqu’au stade de retour vers la rivière. Le taux de survie estimé des
brochetons est bon au vu des conditions hydrauliques limitantes observées dans la frayère les
dernières semaines avant la vidange.
Ce projet est très clairement une plus-value écologique pour les écosystèmes de la Boivre.
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Classes de tailles (mm)