Construire de nouveaux ouvrages pour défendre quelques bâtiments coûterait trop cher à la collectivité.
Il faut trouver des solutions alternatives plus souples
La Communauté de communes de Montesquieu multiplie les stratégies pour protéger sa
population : création de zones d’expansion des crues, entretien des digues, ou déploiement de
batardeaux collectifs (lire ci-dessous). Un autre système de lutte contre les inondations est en
cours d’expérimentation. Il a été inventé par la nouvelle société Halt’eau. Un prototype de
batardeau individuel a été imaginé dans les locaux d’Eurêkapôle, à l’entrée de la technopole de
Montesquieu. Ces barrages individuels seront prochainement expérimentés dans des foyers
pilotes à Cadaujac, Martillac et Isle-Saint-Georges.
Protéger toutes les maisons
Ce dispositif de protection sur-mesure a été imaginé par les forces vives d’Eurêkapôle, en
particulier par Dominique Rochier. Cet ingénieur est bien connu sur la zone d’activité de
Martillac. Il est le cofondateur de Kitewinder, start-up qui a mis au point il y a quelques années une
éolienne aéroportée par un cerf-volant.
Le
prototype du batardeau Halt’eau sera testé dans les prochaines semaines.
A. D.
« Les digues entretenues par la Communauté de communes de Montesquieu (CCM) ne peuvent
pas protéger tous les habitants du territoire. Certains hameaux sont régulièrement inondés.
Construire de nouveaux ouvrages pour défendre quelques bâtiments coûterait trop cher à la
collectivité. Il faut trouver des solutions alternatives plus souples », introduit Jean-André Lemire,
élu à Isle-Saint-Georges, et vice-président en charge des régimes hydrauliques à la CCM.
Certains de ses administrés dans le quartier du port d’Isle-Saint-Georges ont les pieds dans
l’eau plusieurs fois par an.
Système pratique et rapide
« Quand les crues s’annoncent, nous protégeons les bâtiments à risque du village en collant
des plaques devant les portes. C’est du bricolage. Cela prend du temps et il faut recommencer
à chaque fois », regrette Jean-André Lemire. La société Halt’eau a imaginé un système de
protection individuel léger qui s’installe en moins de cinq minutes. Le système est simple : une
plaque en bois de 80 centimètres de hauteur se fixe devant la porte d’entrée. L’étanchéité est
assurée grâce à un joint en caoutchouc qui se gonfle avec une pompe à vélo. Le prototype a
été fabriqué dans le fab lab de la CdC de Montesquieu grâce à la découpe laser et la fraiseuse
numérique.
Le client pourra acheter des batardeaux autour de 400 euros pour une largeur de 90 centimètres. Pour
les grandes portes de plus de 2 mètres, il faudra compter le double
Les avantages de cette invention : légèreté, prix bas et fabrication sur mesure. « Il existe des
batardeaux sur le marché. Mais les acheteurs doivent l’installer eux-mêmes généralement. Nous
travaillons autrement avec des mesures précises et une installation du dispositif à domicile »,
présente le responsable d’Halt’eau. Dominique Rochier opte pour le circuit court : « Cela permet
de baisser les coûts. Le client pourra acheter des batardeaux autour de 400 euros pour une
largeur de 90 centimètres. Pour les grandes portes de plus de 2 mètres, il faudra compter le
double. »
d'investir dans un bâtiment à 10 millions d'euros. L'architecte est stupéfait par cette décision.
Le système de protection est fixé au bas de la porte grâce à quatre taquets qui se glissent dans
l’encadrement. Quelques coups de pompe, et le tour est joué. Après la phase de test sur le
terrain, la société Halt’eau compte recruter un commercial et un technicien. « Le but est
d’équiper les habitants menacés par les crues dans toute la vallée de la Garonne. Nous voulons
toucher une clientèle locale dans un premier temps », conclut Dominique Rochier.
Le site Internet www.halteau.fr sera bientôt en ligne.
Batardeau collectif
À l’occasion des coefficients de marée élevés en février, les services techniques de la
Communauté de communes de Montesquieu ont déployé une nouvelle barrière anti-inondation
à Isle-Saint-Georges en février pour effectuer un test en situation réelle. Long de 115 mètres,
ce dispositif mobile d’urgence, facile à mettre en œuvre, permet de retenir ou de dévier l’eau
lors de crues ou d’inondations. Ce batardeau collectif est prévu pour les sites les plus touchés
par ces risques naturels sur le territoire. Après une formation des agents en novembre dernier,
deux exercices de montage de ce matériel avaient été réalisés à Saint-Médard-d’Eyrans en
décembre et à Saint-Selve en janvier.