1. Ouest-France Finistère Mardi 2 décembre 2014
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Brest joue à fond la carte des énergies marines
Brest veut devenir une place incontournable de l’industrie des énergies marine renouvelables.
Et se donne les moyens pour cela.
Six entreprises qui vivent de la mer
À Saint-Divy, le P’tit Zef
mise sur les algues
Philip Le Hir a eu le vent en poupe
lorsqu’il a lancé Le P’tit Zef en 2011
à Brest. L’entreprise d’une dizaine de
salariés, spécialiste des gels douche
et shampoings à base d’algues, s’est
installée à Saint-Divy en avril dernier,
au bord de la RN12 pour mieux ré-pondre
à sa vocation nationale. Au-jourd’hui,
ses produits sont commer-cialisés
dans 160 points de vente sur
l’Ouest de la France, contre 60 il y a
deux ans.
À Carantec, le chantier
Jézéquel travaille le bois
Depuis 1920, les Jézéquel cultivent
l’amour de la construction navale en
bois. La 4e génération est représen-tée
par Alain, un véritable orfèvre du
travail de l’acajou qui, a pris la barre
du chantier, aidé de son fils Jean-Ma-rie.
Leur spécialité : les bateaux tradi-tionnels
et surtout le Cormoran, déri-veur
de 1922, véritable emblème de
la baie de Morlaix, qui ne demande
pas moins de 650 heures de travail.
À Camaret, une ferme
élève le corail
Située dans la criée de Camaret, la
ferme de corail élève près de 250 es-pèces
de coraux à partir de pieds-mères
qu’elle conserve précieuse-ment.
Elle vend quelque 10 000 bou-tures
par an. Elles sont destinées aux
aquariophiles, aux jardineries et aux
animaleries. La ferme vient de réus-sir
l’élevage d’oursins tropicaux, et se
lance dans celui de la crevette. Elle
réalise 150 000 € de chiffre d’affaires
par an.
14400
Douarnenez : les chantiers
Gléhen, rois de l’acier
Nés au Guilvinec en 1911, à Douar-nenez
depuis 1985, les chantiers
Gléhen sont spécialisés dans la
construction navale acier et alumi-nium.
Fruit du premier contrat avec
la Direction générale de l’armement,
un navire de surveillance des pêches
dédié à la lutte contre le bracon-nage
en Guyane sera livré en avril. Le
chantier compte une quarantaine de
salariés sur ses trois sites (Douarne-nez,
Le Guilvinec et Loctudy).
Denis Bourbigot.
À Brest, Damen a relancé
la réparation navale civile
Les Hollandais de Damen ont repris
la Sobrena, mourante en 2012. De-puis,
les formes de radoub ont re-pris
de l’activité. De quoi assurer la
pérennité du premier site de répara-tion
navale civile de France. Depuis
la reprise, une centaine de navires
sont passés entre les mains de Da-men
(220 emplois), désormais ancré
dans le paysage. L’entreprise devrait
aussi se positionner sur le marché
des EMR.
« On ne pouvait
pas ne pas y al-ler.
» C’est Gérard
Lahellec, le vice-président
de la Ré-gion
propriétaire
du port de Brest depuis 2007, qui
le dit. L’élu porte le lourd dossier de
l’extension du port de Brest par pol-dérisation,
portant sa surface totale
à 50 ha. Un projet ambitieux qui re-présente
la bagatelle de 220 millions
d’euros. Brest cultive une ambition à
la hauteur des investissements : elle
veut créer une véritable filière indus-trielle
dédiée aux énergies marines
renouvelables (EMR).
Des énergies nouvelles sur les-quelles
compte la Bretagne pour ga-gner
son indépendance énergétique.
Dans le cadre du pacte électrique
breton, elles représenteraient 34 %
de la consommation bretonne, d’ici
2020. Plus largement, c’est un enjeu
national : les EMR doivent représen-ter
3,5 % de la consommation d’élec-tricité
du pays en 2020.
Le marché des fondations
À ce jour, plusieurs sites ont été re-tenus
pour accueillir des parcs éo-liens
offshores. Dans ce cas, les ma-chines
reposent sur des fondations.
En Bretagne, c’est celui de la baie de
Saint-Brieuc, porté par le consortium
Ailes marines qui regroupe Iberdrola
et Eoles res. Le projet initial portait
sur une centaine de machines. Brest,
depuis le début, s’était positionné
pour obtenir la construction des fon-dations,
à condition qu’elles soient
de type jacket (treillis métallique de
70 m de haut pouvant peser jusqu’à
900 tonnes).
Depuis le mois de juillet, à la Ré-gion,
on est « soulagé », selon Ge-rard
Lahellec. Si l’industriel a revu sa
copie - il s’agit maintenant de 62 ma-chines
de plus forte puissance - il a
donné sa préférence aux fameuses
jackets. Un point de gagné pour
Brest. Qui devra tout de même pa-tienter.
Le projet revu prend un an de
retard, le temps de refaire l’ensemble
des études d’impact. Chez Ailes ma-rines,
on évoque « l’année 2018 pour
le début des installations en mer et
2020 pour la fin de la mise en ser-vice
».
En attendant l’éolien flottant
Après deux accords passés avec
la Région en 2011 et 2013, tout
le monde est de retour à la table
des négociations « afin que les in-dustriels
participent à la prise de
risque », indique Gérard Lahellec. En
gros, qu’ils mettent un peu la main au
porte-monnaie. Une quinzaine d’hec-tares
sont réservées pour cette activi-té,
qui, personne n’en doute, « vien-dra
à Brest ». Cela pourrait générer
de 150 à 300 emplois.
L’ambition majeure du port de
Brest est dans une autre technologie,
moins avancée : l’éolien posé flottant.
DCNS est à la pointe en la matière, et
devrait démarrer une phase de test
au large de l’île de Groix en 2018.
Une convention vient juste d’être si-gnée
avec la Région. Si filière indus-trielle
il y a, c’est là qu’elle se trouve.
La Région vise un marché euro-péen,
voire mondial. « L’avantage
de Brest, c’est la surface dispo-nible.
Il nous fallait montrer aux
consortiums qu’on est prêts à les
accueillir, et on le sera ! » Les dif-férentes
phases de travaux prévoient
un quai dédié aux EMR de 175 mè-tres
de long et l’aménagement de
terrains pouvant supporter de très
lourdes charges.
Hydrolienne
dans le Fromveur
Quid de l’énergie hydrolienne, issue
des courants marins ? Seules retom-bées
possibles pour la cité du Po-nant
: le projet du Quimpérois Sabel-la.
L’assemblage de son hydrolienne
D 10 (17 mètres de haut, 450 tonnes)
aura lieu à Brest à partir de janvier
2015. Sabella D 10 prendra ensuite
la mer pour rejoindre le Fromveur,
entre Molène et Ouessant. Immer-gée
durant le premier semestre 2015,
l’hydrolienne produira de l’électricité
destinée à alimenter Ouessant. La
période de test est prévue pour du-rer
un an.
Sabella s’est également position-née
dans le cadre de l’appel à ma-nifestations
d’intérêt de l’Ademe. Elle
est sur les rangs (avec GDF-Suez)
pour l’installation d’une ferme hydro-lienne
dans le Fromveur. Les résul-tats
officiels de cet appel à projets ne
sont pas encore connus.
Pour les centaines d’emploi en jeu,
Brest devra attendre quelques an-nées.
Ce qui devrait tomber à pic :
le programme de DCNS sur l’adap-tation
des missiles M 51 sur les sous-marins
nucléaires lanceurs d’engins,
marins, gros pourvoyeur de main-d’oeuvre
se terminera en 2018. Une
page se tourne pour la ville-arsenal.
Renée-Laure EUZEN
et Jean-Pierre LE CARROU. Vue de synthèse de ce que va devenir le port de Brest, avec l’extension du polder existant.
DR Région Bretagne.
Économie
de la Mer
IDB Marine, à la pointe de l’innovation
Trois questions à…
Denis Bourbigot, patron d’IDB Ma-rine,
chantier naval de Trégunc (11
salariés).
Votre carnet de commandes est
rempli pour un an. Les raisons
de ce succès ?
Nous construisons des bateaux de
croisière légers et rapides, à por-tée
de tous, avec plein d’astuces
pour simplifier la navigation : cock-pit
confortable, tunnel pour l’annexe,
quille relevable… Si en 2005, à la
création du chantier, nous n’avions
pas mis l’annexe intégrée à l’arrière
du bateau, nous n’existerions pas
aujourd’hui. Le concept était unique
pour cette taille de bateau.
Comme le joli coup du Mojito
8.88 élu voilier de l’année 2015 ?
L’innovation, c’est le roof panora-mique
façon catamaran. On a osé le
mettre sur un monocoque de cette
taille. Le premier est sorti du chan-tier
en septembre et nous avons déjà
quatre commandes actées. C’est un
bon coup pour le chantier puisque
nous rationalisons aussi la produc-tion.
Le Mojito a la même coque que
le Malango. C’est juste le pont qui
change.
Quarante bateaux sortis depuis
2005, 10 commandes pour 2014,
l’avenir est dégagé ?
C’est beaucoup pour un petit chan-tier.
Aujourd’hui, notre production est
stabilisée à une dizaine de bateaux
par an. À la hausse. Du coup, nous
sommes à l’étroit dans nos locaux.
D’autant plus que nous avons un
beau projet dans les cartons qui sera
présenté au Nautic de Paris.
Recueilli par
Catherine GENTRIC.
À Riec, 5 degrés Ouest
décortique le homard
En 2010, Alexis Taugé monte la so-ciété
5 degrés Ouest sur le site os-tréicole
familial de Riec-sur-Bélon. Il
conçoit un système de décorticage à
cru et sous haute pression qui garde
saveurs et textures. En 2011, l’entre-prise
se tourne vers le homard puis
les coques, palourdes, huîtres. Aux
pics de production, elle emploie jus-qu’à
une quarantaine de personnes.
À l’étroit, elle lorgne vers le port de
pêche de Lorient.
C’est le nombre d’emplois générés dans les
secteurs pêche et nautisme dans le Finis-tère.
La pêche emploie 11 500 personnes.
Un emploi en mer induit quatre emplois à terre. Le nautisme em-ploie
3 900 équivalents temps plein.
La pêche bigoudène a perdu 110 bateaux en huit ans
Déclin ou mutation ? Les acteurs de
la filière pêche se pincent les lèvres.
Comment contrecarrer la spirale in-fernale
qui affaiblit l’activité des ports
de Loctudy, Le Guilvinec et Saint-
Guénolé-Penmarc’h ? La réalité a
dépité les plus optimistes, les plus
combatifs.
Avec 110 bateaux et plus de 400
marins perdus en huit ans, le socle
de la filière s’est dangereusement
fragilisé. Après les plans de casse
successifs, un autre fléau décime les
forces productives. Le rachat des ba-teaux
du secteur à prix fort, par des
sociétés à fonds étrangers (espa-gnols
notamment). Leurs quotas res-tent
français ; mais le poisson n’est
quasiment plus travaillé sur place.
Le mareyage, déjà malmené par la
baisse des tonnages débarqués, en
souffre. Les emplois de la filière s’ef-fritent.
« On manque
d’investisseurs »
L’âge des bateaux et des patrons
pêcheurs est élevé et le métier n’at-tire
plus assez de jeunes. Finies les
aides publiques à la construction de
bateaux neufs. Le manque de main-d’oeuvre
réduit la capacité de travail
et la rentabilité des bateaux. Les
rares candidats locaux à la reprise
d’une entreprise se heurtent à la fri-losité
des banques et s’inclinent face
aux capitaux étrangers.
« Notre système n’a pas su muter.
Nos coûts de production sont trop
élevés par rapport aux autres ré-gions
de pêche européennes. Les
aides publiques auraient dû accom-pagner
la mutation. Ça n’a pas été
le cas », analyse Joseph Loussouarn,
patron de l’armement La Houle, à
Penmarc’h.
« En France on a peur de tout »,
déplore Soizic Le Gall, patronne de
l’Armement bigouden du Guilvinec.
« Les banques sont frileuses. L’ad-ministration,
déjà tatillonne, nous
impose des règles inadaptées à la
réalité, au détriment de la produc-tion
et de la création de richesses. »
Demain ? Chacun le sait : la flottille
diminuera encore. Cinq bateaux sont
en passe d’être vendus au Guilvi-nec.
Dix, peut-être plus, attendent de
trouver preneur… « On manque d’in-vestisseurs.
On ne mesure pas les
conséquences si on perd encore 10
à 15 hauturiers », alerte Serge Guyot,
directeur des Viviers de Loctudy.
Ex-président du Comité local des
pêches, Robert Bouguéon enfonce
le clou. « Le médecin des gens de
mer n’est pas encore remplacé.
L’administrateur des Affaires mari-times
non plus. La criée de Saint-
Guénolé a conservé les stigmates
de la tempête de l’hiver dernier… Il
n’y a plus de Comité local pour en-tendre
la colère des marins. » Les
quais sont désespérément silen-cieux.
Corinne ARGENTINI.
Débarque au port du Guilvinec.
Archives Ouest France.
2. Vendredi 5 décembre 2014 Le Télégramme
Port de Brest. Un pari
de 220 millions d’euros
Port de Brest : un millier d’emplois à l’horizon 2018
Industriels Activités Surface Installation Emplois
STX Europe
Eiffage
Sabella
Renk
DCNS/Alstom
Fondations métalliques
d’éoliennes de type Jacket
Hydroliennes
Banc de fatigue de turbines
Éoliennes
flottantes Seareed
Les principaux postes de dépenses
Quais
Dragage et création du polder
Voiries et aménagements paysagers
Études et suivis
Assurances
Traitements et dépollution du site
En jeu la construction d’éoliennes
posée en mer, flottantes ou d’hyd-roliennes,
à partir de 2016-2017, à
Brest. Et 220 millions d’euros de tra-vaux,
en grande partie financés par la
Région Bretagne.
D’après les projets défendus par la
demi-douzaine de sociétés qui envi-sagent
de s’installer à proximité
15 ha 2016 150
15 ha 2016 250
13 ha 2017 150
1 ha 2017 20
25 ha 2018 450
44,6%
3,6%
4,1%
5,9%
26,2% 15,5%
d’Océanopolis, on ne construira pas
grand-chose à Brest mais on stockera
et on assemblera surtout les divers
éléments. La zone du polder 124,
abondée par une nouvelle aire
poldérisée de 14 hectares, soit une
bonne quarantaine d’hectares au
total, servira d’aire de montage
d’éléments élaborés dans les régions
voisines. Acheminés par bateau, les
divers éléments seront rassemblés et
montés à Brest avant de rejoindre les
sites en mer.
Eléments de grande taille
Pas ou peu de construction
d’éléments mais le montage de
pièces de grande taille comme les sup-ports
d’éoliennes posées en
mer (jacket) qui pourront atteindre
65 m de hauteur. D’où l’importance
de construire des quais capables de
supporter des charges importantes
(15 tonnes au m²) contre six tonnes
au m² usuellement.
Un important programme de dragage
permettra aux navires à fort tirant
d’eau de venir charger et décharger
ces éléments. Les chenaux et la zone
d’approche des quais Est du port de
Le Télégramme - Source : Région Bretagne
commerce bénéficieront également
de cet effort de dragage (1,2 million
de tonnes) afin d’accueillir d’autres
cargos à plus fort tirant d’eau (90.000
tonnes, post-Panamax). Indispensable
pour préserver la compétitivité d’un
port qui augmente son trafic de conte-neurs
et de matières premières agri-coles
mais qui, l’année dernière, a
perdu 5 % de son activité.
Relancer le trafic
Jusqu’à présent, les plus gros navires
qui fréquentent le port de Brest
doivent patienter en rade ou se
contenter de chargements partiels
pour ne pas toucher. Avec ces tra-vaux,
le port de Brest espère inverser
la tendance et relancer sa compétiti-vité.
Brest souhaite devenir la plaque
tournante de tous les sites éoliens et
hydroliens de la pointe de l’Europe,
aux côtés de poids lourds industriels
déterminés à attaquer le marché mon-dial.
Sa situation géographique
devrait également lui faire profiter
des activités de maintenance des sites
en mer les plus proches. Les énergies
marines réussiront-elles à compenser
le déclin de la construction navale ?
Stéphane Jézéquel
Autour de 1.000 emplois
visés pour,
majoritairement, une
activité de stockage et
d’assemblage des futures
éoliennes en mer et
hydroliennes. Aucune
société n’a encore
contractualisé sa venue à
Brest mais on en sait un
peu plus sur leurs
intentions.
Patronat. Les Bretons montent au front
3. Ouest-France
Jeudi 4 décembre 2014
L’éolien flottant décollera en juin prochain
Manuel Valls l’a annoncé mardi. DCNS et Alstom seront sur les
rangs, avec leur projet commun, prévu sur le polder.
Les industriels étaient dans les star-ting
blocks depuis plusieurs mois. Ils
savent désormais quand sera donné
le top départ. En juin prochain, l’État
lancera un appel à manifestation d’in-térêt
(1) de 150 millions d’euros pour
le développement de l’éolien flottant.
Une annonce faite par Manuel Valls,
Premier ministre, lors des assises de
la Mer, mardi à Nantes.
Cette décision aura des répercus-sions
à Brest. C’est en effet sur le
polder que les éoliennes flottantes
de DCNS et Alstom devraient être
construites. Si ces deux industriels
sont retenus au terme de l’AMI, au-quel
ils seront candidats. Ils l’avaient
annoncé en octobre, au Quartz, lors
de la Sea Tech Week. Un engage-ment
parachevé via un accord avec
la Région, propriétaire du port.
Un sacré potentiel !
Pour les techniciens, l’éolien flottant
présente des perspectives de dé-veloppement
supérieures à l’éolien
posé. N’étant pas concerné par les
contraintes de profondeur, il s’expose
moins aux conflits avec les utilisa-teurs
du milieu marin. En revanche, la
question du raccordement au réseau
terrestre est plus complexe que ce-lui
de l’éolien posé, plus proche des
L’éolien flottant possède davantage
de potentiel que l’éolien posé.
côtes. Un problème qui pourrait être
contrebalancé par la taille supérieure
des fermes.
À partir de 2018, DCNS et Alstom
profiteront d’un site pilote de huit ma-chines,
au sud-est de Groix. Durant
cette phase de tests, c’est à Lorient
que l’activité industrielle sera instal-lée.
Mais à terme, c’est bien à Brest
que seront construits les flotteurs de
DCNS, et qu’ils seront assemblés
avec les nacelles construites par Als-tom
à Saint-Nazaire.
O.P.
(1) L’appel à manifestation d’intérêt
est un mode de présélection des
candidats. Il sera suivi d’un véritable
appel d’offres.
DR