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L’agence d’information agro-économique – Paris-Bruxelles - www.agrapresse.fr




Semaine du 2 avril 2012 – N° 3344
                                                            PRESSE                          HEBDO




                                                  Présidentielle


   Déclarations Pac
 Simplifications                    Les candidats planchent
 en 2012
 La campagne est ouverte
 du 1er avril au 15 mai
                                    devant la FNSEA
 et la déclaration sera
                                    Pas moins de sept candidats à l’élection présidentielle se sont présentés à
 plus simple                        Montpellier le 29 mars au matin devant quelque 1 500 personnes à l’issue du
 que l’an dernier.    p. 15         congrès de la FNSEA. Un événement organisé par 22 organisations profes-
                                    sionnelles de l’agriculture mais en fait orchestré par la fédération des syndi-
                                    cats d’exploitants. Ce fut l’occasion, pour les candidats à l’élection des 22 avril
     Schmallenberg                  et 6 mai de valoriser la place de l’agriculture dans la société et leur program-
 La Russie                          me, soulignant l’urgence d’une amélioration de la compétitivité, voulant récon-
                                    cilier l’agriculture et l’environnement tout en prônant le développement de
 lèverait son                       toutes les formes d’agriculture. Une matinée consensuelle, chacun apportant,
 embargo                            si ce n’est une partition différente, une tonalité plus personnelle. Seule Marine
 Certaines origines en              Le Pen choisit de jeter un pavé dans la mare en s’en prenant nommément à
 matière d’exportation              la FNSEA et à son président, Xavier Beulin, lui reprochant de défendre les OGM.
 d’animaux vivants
 pourraient être
                                           ’un se plaisait à rappeler son passé d’agriculteur (François Bayrou), l’autre
 épargnées.


            Ovins
                     p. 17

                                    L      mettait en garde contre la démagogie de ses adversaires (nicolas Dupont-
                                           Aignan) sans s’en priver pour autant, l’une jouait carrément la provocation
                                    (Marine Le Pen) tandis qu’un quatrième candidat insistait sur les maléfices de la
 Les prix                           finance folle ou les promesses de l’agroéquipement (Jacques Cheminade). Eva Joly
                                    assurait que les différences de point de vue entre son mouvement écologiste et les
 soutenus par                       agriculteurs n’étaient pas si grandes ; nicolas Sarkozy parlait autant comme pré-
 le manque                          sident actuel, annonçant un décret très attendu tout en disant que l’Europe « ne
                                    peut pas continuer comme ça » ; François Hollande annonçait des grands chan-
 Le manque d’offre au
                                    tiers agricoles de sa présidence désirée, tels celui des coûts de production, de la
 niveau mondial soutien
 les prix des ovins. p. 26          gestion de l’eau, des coûts énergétiques ou encore de la création du statut d’un
                                    groupement d’intérêt économique et environnemental.
                                    Telle fut la matinée à laquelle assistèrent pas moins de 1 500 personnes, dans le
           Centre                   grand Corum de Montpellier par un beau soleil printanier, quasi estival. 1 500 per-
 Après le gel,                      sonnes plutôt attentives, surtout face aux deux leaders des sondages, mais ne dédai-
                                    gnant pas les candidats plus modestes. une assemblée composée de congressistes
 la sécheresse                      de la FnSEA réunis la veille auxquels s’étaient joints des dizaines d’invités des 22
 Dans le Centre comme               organisations (1) hôtes de l’événement.
 dans d’autres régions,             « Sur la question de la compétitivité, on reste sur notre faim », affirmait le prési-
 le risque de sécheresse            dent de la FnSEA Xavier Beulin, remarquant que la question embarrassait la plu-
 est de plus en plus
                                    part des candidats, notamment lorsqu’il s’agit de traiter des charges sociales. Le
 probable.           p. 32
                                    président de la centrale syndicale de remarquer néanmoins une légère avancée de
                                    nicolas Sarkozy, celui-ci affirmant que si l’union européenne ne censurait pas une
                                    mesure sectorielle, l’allégement des charges d’employeurs sur les salariés perma-
événement
SOMMAIRE



L’éVéNeMeNt                                                      1   Viticulture : le marché mondial du vin
Présidentielle : les candidats                                       donne des signes de reprise                      31
planchent devant la FNSeA                                            Climatologie : en région Centre, après le gel,
                                                                     la sécheresse pointe                             32
LeADerS                                                         11   Fruits et légumes : la Saf veut améliorer
                                                                     les relations dans la filière fruits et légumes  33
LeS PoLitiqueS                                                  12
                                                                     Marché du sucre - Sucre : la production mondiale
n Politiques agricoles européennes                                   attendue entre 173 et 177Mt en 2011-2012         34
Cadre financier 2014-2020 : la réforme                               Bois : La FNB (bois) prône des accords
de la Pac suspendue à un compromis                                   de réciprocité, notamment avec la Chine          35
sur le budget européen                                 12
                                                                     n Agrofournitures
réforme de la Pac : Dacian Ciolos
                                                                     Sûreté sanitaire : les discussions sur la
exprime sa différence                                  13
                                                                     réintroduction des farines animales avancent     37
traité de Lisbonne : entrée en vigueur de l’initiative
citoyenne européenne                                   14            AgriCuLture & SoCiété                                39
Déclarations Pac 2012 : une simplification                           n Entreprises & distribution
des déclarations Pac en ligne en 2012                  15
                                                                     Promotion des produits agricoles : Bruxelles
n Monde                                                              veut améliorer les programmes européens
Schmallenberg : la russie pourrait lever en partie                   de promotion                                        39
son embargo sur les animaux vivants                    17            n Environnement
Cycle de Doha : les négociateurs agricoles de l’oMC                  union européenne : les eurodéputés veulent
cherchent à sortir de l’impasse                        18            que la Pac préserve la biodiversité                 41
Sécurité alimentaire : aide de l’ue et appel de la FAo               epandages aériens : les règles en matière
pour l’Afrique                                         18            d’épandage aérien changent,
Sénégal : le programme économique du nouveau                         la polémique demeure                                42
président Macky Sall                                   20            n Santé animale                                     47
environnement : la gestion de l’eau, une des clefs                   Bien-être animal : le Parlement européen demande
pour lutter contre la faim                             21            de limiter le temps de transport                    44
n Organisations professionnelles agricoles                           n OGM
Syndicats : le procès des cotisations syndicales                     Mon 810 : dépôt d’un recours contre l’interdiction
débutera le 2 juillet à toulouse                       22            du maïs Mon 810 en France                           45
LeS ProDuCtioNS                                                 24   n Nouvelles valorisations
n Productions animales                                               innovation : création d’une plateforme pour
                                                                     la valorisation des protéines végétales             46
Produits laitiers : Danone crée un centre de formation
en russie pour les éleveurs laitiers                24               recherche variétale : améliorer le miscanthus
                                                                     et le sorgho pour produire des agro-matériaux       47
Jeunes bovins : la Confédération paysanne dénonce
les modalités de l’aide à l’engraissement           25               n Recherche & formation
ovins : le prix des ovins soutenu par le manque                      Publication scientifique : mortalité des abeilles :
de disponibilité mondiale                           26               deux études mettent en cause les insecticides 48
                                                                     n Sécurité alimentaire                              49
Volailles : belle progression des ventes françaises
pour le foie gras en 2011                           27               tABLeAux De BorD                                     50
n Productions végétales
Vin : La Commission « prête à discuter »                             AgeNDA                                               52
des droits de plantation, mais...                   29




        2    AGRA Presse Hebdo – N° 3344 – Lundi 2 avril 2012                                              Reproduction interdite
événement

Á           Présidentielle : les candidats planchent devant la FNSEA


edito                                          nents pourrait être étendu aux exploitants eux-mêmes. Autre engagement du
                                               président de la République, l’accord, via un décret qui devrait paraître bien-
En phase ou non                                tôt, pour la possibilité de créer des retenues collinaires sans demande d’au-
                                               torisation en deçà de 350 000 m3 d’eau. un dossier très sensible en cette
qu’est-ce qui est important pour une
catégorie socioprofessionnelle
                                               période de sécheresse annoncée, largement évoqué par le congrès de la veille
comme les agriculteurs, dans leur              et abordé par la quasi totalité des candidats à l’élection présidentielle.
relation avec un président de la répu-         De fait, la question de l’environnement fut bien souvent au centre des pres-
blique ou celui qui aspire à l’être ?          tations, chacun, ou presque voulant arrondir les angles d’un sujet chatouilleux
que ce président soit « en phase »             pour les agriculteurs français. Eva Joly promit qu’elle s’opposait à une « éco-
avec les membres de cette catégo-              logie punitive » tout en se disant convaincue que « la France n’abuse pas du
rie. que ce candidat comprenne
devant qui il se trouve. La rencontre          principe de précaution ». De quoi soulever des murmures réprobateurs, bien
de sept candidats à la présidentielle          en deçà des protestations vigoureuses quelques moments avant, contre les
avec la FNSeA le 29 mars est inté-             provocations de Marine Le Pen. Celle-ci n’avait pas hésité, choisissant la fin
ressante à ce titre. elle a montré, par        de sa prestation, à s’en prendre nommément à Xavier Beulin. Lui reprochant
exemple, que Marine Le Pen n’était             d’agir autant comme patron de Sofiprotéol que comme président de la FnSEA,
justement pas vraiment en phase                elle l’accusait de défendre l’introduction des OGM « dont les Français ne
avec la sensibilité de son audience.
Pas parce qu’elle a attaqué de front           veulent pas », soutenait-elle. « Je n’ai aucune leçon à recevoir de Mme Le
xavier Beulin, défendu assez natu-             Pen », lui rétorquait Xavier Beulin, regrettant l’utilisation « d’amalgames
rellement par ses confrères. on peut           comme effet de tribune ».
être en phase et faire de la provoc ‘.
Au demeurant, la question des ogM              (1) Accompagnement Stratégie - Comité de liaison des centres et associations de gestion partenaires;
n’était pas le bon prétexte.
                                               Association générale des entreprises vinicoles ; Conseil national du réseau CER France ; Conseil
Ce qui montrait qu’elle n’avait pas            nationale de l’enseignement privé ; Confédération de la Mutualité, de la Coopération et du Crédit
bien compris le public, c’était plutôt         agricoles ; Groupama ; Mutualité sociale agricole ; Fédération nationale du Crédit agricole ; Coop de
les attaques si outrées contre l’in-
                                               France ; Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France ; Fédération du négoce agricole
dustrie agroalimentaire. en évoquant
la « bibine Listel », Marine Le Pen            ; Fédération nationale des courses françaises ; Fédération nationale des entrepreneurs des territoires
oubliait que devant elle se trouvaient         ; Fédération nationale des métiers de la jardinerie ; Fédération nationale des syndicats d’exploitants
justement des agriculteurs pour qui            agricoles ; Groupement national interprofessionnel des semences et plants ; Jeunes agriculteurs ;
il n’est pas dégradant de fournir le           union des industriels de l’agroéquipement ; union des industries de la fertilisation ; union des indus-
rosé de Listel. Des syndicalistes pour         tries de la protection des plantes ; union nationale des entrepreneurs du paysage ; union nationale
qui l’agroalimentaire peut être ponc-
                                               des Maisons familiales rurales d’éducation et d’orientation.
tuellement un adversaire mais qui
sentent que ces entreprises sont plu-
tôt, sur le long terme, des alliées.
Au fond, eva Joly, ce jour-là, qui n’a
sans doute que 1% d’électeurs chez
les paysans, était peut-être moins à
côté de la plaque que Marine Le Pen
qui en compterait 17%. egalement
déphasé, François Bayrou, lorsqu’il
tenta de faire vibrer une corde sen-
sible, évoquant « l’agriculteur qui, en
bout de champ, ne trouve pas de voi-
sin à qui parler ». on ne s’adresse
pas à un rassemblement de repré-
sentants syndicaux comme on
s’adresse au grand public. Ces repré-
sentants demandaient moins de
l’émotion que des motions, des enga-
gements d’un homme qui prétend
diriger le pays.
            Hervé Plagnol, rédacteur en chef


Reproduction interdite                                                             Lundi 2 avril 2012 – N° 3344 – AGRA Presse Hebdo   3
événement

Á   Présidentielle : les candidats planchent devant la FNSEA



François Bayrou : pour des prix les plus vrais possible
                   i on me pousse un peu je dirais que je suis pour une politique de prix les plus vrais pos-
           «S     sible », annonce François Bayrou à plusieurs reprises. n’hésitant pas à jouer sur l’émotion
           de l’exploitant agricole qu’il est, le candidat centriste livrait plus un plaidoyer sur sa sensibilité
           agricole qu’un programme en tant que tel. Pour lui, l’agriculteur est protecteur et entrepreneur.
           Protecteur de l’environnement et à ce titre doit pouvoir maîtriser sa ressource en eau alors que «
           nous allons vers des crises pluviométriques plus importantes ». L’agriculteur entrepreneur, lui,
           doit voir se réduire la paperasse et les contrôles « qui sont là pour aider et pas pour bloquer ». Et
           François Bayrou de plaider pour une stabilisation des normes et la défense de l’organisation des
           producteurs. Quant aux aides Pac, il s’agit moins de subventions que de compensations pour des
           prix bas. C’est bien pour cela qu’il faut maintenir une régulation des marchés (on a abandonné
           les quotas laitiers à tort mais il ne faut surtout pas abandonner les droits de plantation viticoles),
           tandis « qu’il ne faut pas céder un millimètre de terrain sur le budget agricole européen ». Enfin,
           la fiscalité agricole « est à remettre à plat mais pas sous la pression. C’est à vous de faire des pro-
           positions », lance François Bayrou aux agriculteurs.



Jacques Cheminade : « pas de spéculation sur ce qu’on mange »
             ACQuES Cheminade distingue deux types d’agriculture, l’une à forte intensité capitalistique,
           J exportatrice, et l’autre à circuits courts, biologique, raisonnée. Pour lui, il faut rejeter l’affir-
           mation selon laquelle la mise en concurrence de l’agriculture européenne est souhaitable. Et de
           souhaiter que l’on revienne à une politique européenne des biotechnologies, sous contrôle public,
           depuis la recherche jusqu’aux applications. Et le candidat « anti-finance folle » de stigmatiser les
           grandes banques, souhaitant mettre fin à « la spéculation sur ce qu’on mange » et demandant la
           séparation entre les banques de financement et les banques de détail. Mais Jacques Cheminade
           insiste aussi sur les promesses technologiques de l’agroéquipement, rappelant le lien entre des
           industries de pointe comme le spatial et les retombées pour les agriculteurs et leurs machines sou-
           vent plus en avance que les voitures elles-mêmes.



nIcolas Dupont-Aignan : « la politique agricole détricotée »
               TiGMATiSAnT « la démagogie » de ses concurrents, nicolas Dupont-Aignan promet que s’il est
           S   élu, il fera tout pour instaurer des prix rémunérateurs pour les agriculteurs. Pour le candidat
           souverainiste, tout le mal vient du « détricotage systématique » de la Pac, notamment depuis le
           « malheureux élargissement » de l’Europe aux pays de l’Est. Sous De Gaulle, qui n’hésitait pas à
           utiliser la politique de la chaise vide, la Pac avait été négociée de manière favorable aux intérêts
           de la France. Tout cela a disparu au fil des traités européens, dit-il. Et de condamner « la contrac-
           tualisation qui est un mensonge organisé », brandissant le contrat proposé par Lactalis à ses pro-
           ducteurs de lait. « Contrat de la honte, contrat de servage », dit-il, évoquant ensuite ces indus-
           triels « qui iront chercher du lait en Roumanie ». Avec ces pays de l’Est, on ne s’en sortira qu’en
           instaurant des montants compensatoires, prévoit nicolas Dupont-Aignan.




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François Hollande : « installer et installer des agriculteurs »
                                   ouS devons installer et installer des agriculteurs », martèle François Hollande. Suivant pré-
                         «N       cisément la trame proposée par ses hôtes, le candidat favori des sondages du 2e tour prend
                         l’occasion d’annoncer les chantiers à ouvrir s’il est élu. C’est d’abord relever le défi alimentaire
                         de la planète en maintenant encore des organisations communes de marché dans le cadre euro-
                         péen. « il ne faut pas se résigner à ce que les marchés imposent leurs règles », dit-il. Concernant
                         les problèmes de sécheresse il faut dès maintenant une politique de long terme sur la ressource,
                         de même qu’une politique de diversification des sources d’énergie. ce qui signifie aussi des mar-
                         chés nouveaux pour l’agriculture. Des politiques à mener sur un, voire deux quinquennats, explique-
                         t-il, déclenchant les sourires de l’assemblée. Et de proposer un nouveau statut pour les exploita-
                         tions, le Groupement d’intérêt économique et environnemental, bénéficiant d’une fiscalité incitative
                         et d’accompagnements des institutions publiques. François Hollande annonce aussi vouloir por-
                         ter à 40% la part des produits locaux dans la restauration publique. Surtout, concernant la com-
                         pétitivité, il estime qu’il y a bel et bien un problème de charges excessives pour les employeurs
                         mais que la solution n’est pas un report de cette charge sur le consommateur. « Toute source de
                         financement doit être considérée », insiste-t-il, persuadé qu’il faut « engager une réforme du mode
                         de financement des prestations sociales ». Mais cela n’exclut pas une négociation européenne des-
                         tinée à une harmonisation sociale. François Hollande prône aussi une démarche de filière qui
                         passe par des contrats collectifs entre agriculteurs et industriels. Contrats qui permettent une pré-
                         visibilité des prix et des quantités. « Je crois, moi, aux corps intermédiaires », assure-t-il. Et d’in-
                         diquer que la création d’emplois dans l’enseignement qu’il a annoncé concerne aussi l’enseigne-
                         ment agricole, tout l’enseignement agricole, insiste-t-il faisant allusion au public et au privé.



marine Le Pen : « le libre échange est vecteur de chaos »
                                 ne prendrai pas un centime aux salariés », clamait Marine Le Pen évoquant la réduction
                         «J   e
                              des charges sociales sur les salariés de manière à alléger les coûts du travail. C’est une Marine
                         Le Pen volontiers provocatrice qui s’est adressée aux agriculteurs, allant jusqu’à accuser Xavier
                         Beulin de confondre son rôle de patron de Sofiprotéol et président de la FnSEA en défendant les
                         OGM. « Mme Le Pen n’a aucune leçon à me donner », répondait celui-ci, conscient que l’offensive
                         de la présidente du Front national était clairement murie et préméditée. Marine Le Pen se livrait
                         également à une critique en règle des entreprises agroalimentaires et de la grande distribution, évo-
                         quant la « bibine de Listel » ce qui ne manquait pas de susciter de vives réactions de l’audience, mani-
                         festement pas d’accord sur cette vision. « Pas question de brader les AoC », affirmait-elle, évoquant
                         un « collectivisme ultralibéral » et encore ce « machin ultralibéral » que constituerait la réforme de
                         la Pac. « Aux entreprises agroalimentaires, je demanderai des comptes », prévenait-elle.




nicolas Sarkozy : « les agriculteurs ne sont
pas des jardiniers »
                            RéSiDEnT de la République sortant, nicolas Sarkozy pouvait à la fois faire campagne comme
                         P  candidat et annoncer quelques bonnes nouvelles pour les agriculteurs « qui sont des entre-

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          preneurs, pas des jardiniers ». Ainsi, il affirmait avoir donné son feu vert à la possibilité de créer
          des retenues collinaires sans demande d’autorisation dans le cas où elles représentent moins de
          350 000 m3 d’eau. Faisant l’éloge de la Pac, il rappelait ses deux exigences face à l’Europe : d’une
          part la mise en place d’une véritable politique de gestion de l’espace Schengen (libre-circulation
          des personnes) ; d’autre part, la possibilité de réserver une proportion des approvisionnements
          en cantines publiques à des produits d’origine locale. « L’europe ne peut plus continuer comme
          cela », affirmait le président-candidat. Si elle ne fait rien d’ici un an, « nous le ferons nous-mêmes »,
          affirme nicolas Sarkozy. Critiquant l’ouverture sans contrôle des frontières, il demandait : alors
          que les éleveurs européens respectent la traçabilité et le bien-être animal, « pourquoi faire venir
          de la viande de pays où le terme de traçabilité n’existe même pas et où les règles de bien-être ani-
          mal sont inexistantes ? » nicolas Sarkozy se félicitait d’avoir obtenu un accord pour le maintien
          en euros courants du budget de la Pac de même que d’avoir fait prendre des mesures (TVA emploi
          notamment) pour alléger les charges salariales des exploitants. Et de promettre : « Si la Com-
          mission européenne dit que ce n’est pas une mesure sectorielle, nous étendrons l’allègement des
          cotisations sociales aux exploitants non salariés ». Et de conclure par une pique à l’encontre du
          candidat socialiste : « Ce n’est pas nous qui voulons travailler avec les Verts ! »




eva Joly : « le développement durable implique un changement
de modèle »
                 « clash » semblait devoir venir de la confrontation entre les représentants agricoles et Eva
          L    E
              Joly, la candidate d’Europe-Ecologie-Les Verts. il n’en a rien été et la candidate a laissé le rôle
          de provocatrice à Marine Le Pen. Eva Joly a été au contraire plutôt consensuelle, justifiant tout
          au plus le principe de précaution et s’affirmant radicalemenrt contre les OGM, non sans provo-
          quer quelques murmures. Quelques murmures appuyés aussi lorsqu’elle évoqua, ironie ou incons-
          cience (?) être conseillée par les agriculteurs que sont René Louailhe et José Bové, oubliant qu’elle
          citait là deux ex-adversaires syndicalistes de la Confédération paysanne. Eva Joly s’efforçait néan-
          moins de « montrer nos convergences, évoquant « la bataille qualitative qui doit être gagnée après
          que la bataille quantitative eut été remportée ». Plus tranchée était sa position concernant la voca-
          tion exportatrice de l’Europe, la candidate estimant que l’uE n’avait pas vocation à nourrir le
          monde et citant à ce sujet, Luc Guyau, ce qui rendait dubitatifs les congressistes.




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 Congrès de la FNSEA



Une Europe omniprésente
en attendant le futur président
Précédant le grand oral des candidats à l’Elysée, le congrès de la FNSEA qui s’est déroulé les 27 et 28 mars
à Montpellier aura surtout été dominé par les interventions du président Xavier Beulin et du commissaire
européen à l’Agriculture, Dacian Ciolos. Points phares : le budget de la Pac, la relation tumultueuse « agri-
culture/environnement » et le gel.

                                i « globalement, quand même, l’ambiance sur le terrain est nettement meilleure qu’il y a un


                         S      an, parce que dans la plupart des productions, la situation s’est améliorée », c’est du « déclin »
                                de l’agriculture dont a parlé, le 28 mars, le président de la FnSEA, et de « barre à redres-
                         ser », devant le commissaire européen à l’Agriculture, Dacian Ciolos, convié à un échange avec
                         les agriculteurs en fin d’après-midi. Première inquiétude pointée par Xavier Beulin : le budget de
                         la future Pac. « Les Anglais demandent une ristourne sur leur contribution qui n’est toujours pas
                         traitée » et les Allemands montrent des signes « inquiétants ». « Je veux parler des élections en
                         Sarre allemande, le week-end dernier, où Angela Merkel a perdu sa majorité – ce qui va l’obliger
                         sans doute à recomposer sa gouvernance », a-t-il auguré. Le président de la FnSEA craint une
                         position allemande « extrêmement rigide » non pas en matière budgétaire, mais « sur l’incapacité
                         à prendre une décision sur la fin de l’année ».
                         Pac : « Rien n’est gagné »
                         Pour le commissaire européen, l’incertitude vient du Conseil et du Parlement européens qui auront
                         à se prononcer sur la proposition budgétaire faite par le collège des commissaires européens. Le
                         consensus autour de ce budget préconisé, « aussi consistant que possible au regard des restric-
                         tions budgétaires », fut déjà difficile à trouver, a rappelé Dacian Ciolos. En clair, « rien n’est gagné
                         jusqu’à la décision finale ». « Les discussions entre les ministres des Finances sont en cours.
                         ensuite, le Parlement européen devra s’exprimer par un vote sur le budget global ». C’est seule-
                         ment à ce moment-là qu’un travail significatif pourra  être engagé sur le contenu de la Pac. « Cela
                         nous fait craindre que l’échéance du 1er janvier 2014 ait beaucoup de difficultés à être tenue »,
                         s’est inquiété Xavier Beulin.
                         Marché et durabilité : des approches « complémentaires »
                         « Produire pour le marché ne va pas à l’encontre de la bonne gestion des ressources naturelles »,
                         a poursuivi Dacian Ciolos, interpellé par un agriculteur sur l’incompatibilité des approches « mar-
                         ché » et « durabilité ». « on doit concilier une bonne fois pour toute ces deux approches » au sein
                         de la Pac, a-t-il insisté. Et de faire la lumière sur les 7% de zones d’intérêt écologiques, dénoncés
                         par les agriculteurs comme une nouvelle pression foncière. « Je souhaite souligner qu’il ne s’agit
                         pas de jachère. on n’a jamais dit qu’il s’agissait de sortir 7% des terres arables de la production
                         pour les faire en jachère écologique ». il existe d’autres types de surfaces que des terres arables,
                         a-t-il précisé. La Commission clarifiera dans les semaines qui viennent la question. Et quand bien
                         même, a poussé jusqu’aux sifflets le commissaire européen, « la jachère obligatoire a existé jus-
                         qu’en 2008, sur quelques millions d’hectares. or d’après nos statistiques, on a toujours 4,5 mil-



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                                    Le syndicalisme agricole investit les comités

            L   orSdu huis clos qui a débuté le congrès,
               le 27 mars, xavier Beulin a fait part de
            nombreuses interpellations en matière
                                                                       Autre point positif : « Nous commençons à être
                                                                       entendus sur la difficile question du stockage de
                                                                       l’eau. Un décret devrait être publié dans les jours
            d’environnement. L’occasion rare pour lui de se            qui viennent – fixant un seuil à 350 000 m3, en
            réjouir de points positifs en la matière. À l’initiative   deçà duquel il n’y aurait pas besoin d’autorisation
            du Premier ministre, « dix-huit régions ont en effet       pour pouvoir  investir dans une réserve d’eau
            déjà rencontré leur préfet, leur Dreal et leur Draaf       qu’elle soit collinaire ou artificielle ». et d’ajouter :
            pour faire un point de situation sur l’ensemble des        « Ça n’est pas un propos politique, mais je le dis au
            mesures qui concernent la relation                         passage, si le Premier ministre ne s’était pas investi
            agriculture/environnement ». or, ces rencontres ont        lui-même, je pense que l’on serait toujours à la case
            abouti à une présence plus significative du                départ, c’est-à-dire un beau discours signé de
            syndicalisme agricole dans les comités régionaux,          Nicolas Sarkozy en juillet dernier, mais rien
            locaux etc., « là où sont prises grand nombre de           derrière ».
            décisions importantes concernant l’agriculture ».


          lions d’hectares en jachère jusqu’en 2008, qui ne sont toujours pas cultivés ». Selon le commis-
          saire européen, la solution pour une meilleure compatibilité « agriculture/environnement » doit
          surtout passer par une simplification réglementaire. Et de renvoyer la balle au niveau national :
          « Comment peut-on expliquer que la même norme européenne puisse représenter dans un État
          membre, un formulaire d’une demie page et la même norme dans un autre État membre, 5, 10,
          voire 15 pages ». Pour mettre fin à ces excès, la Commission européenne étudie un dispositif de
          valorisation des états modèles. Xavier Beulin a préconisé une autre valorisation, la reconnais-
          sance des efforts des agriculteurs en matière d’écologie. « Nous voulons sortir d’une écologie puni-
          tive et dogmatique pour une écologique responsable, raisonnée. il faut aussi que l’on arrête de
          demander beaucoup à l’agriculture ».
          Situation climatique inquiétante
          Parmi les autres questions fortes revenues lors du congrès, la situation climatique a suscité beau-
          coup de réactions, en particulier le gel climatique survenu en février et en mars dans « les régions
          Lorraine, un bout de la Champagne-Ardenne, une partie de la Bourgogne et une partie du Centre »,
          a précisé Xavier Beulin. un phénomène qui laisse déjà des traces : « Plusieurs centaines de mil-
          liers d’hectares ont dû être ressemés et d’autres vont changer de destination ». « Comment va
          s’appliquer la Pac sur ces surfaces ?, a interrogé le président de la FnSEA, quelles mesures envi-
          ronnementales? Rotationnelles ? Quels contrôles ? ». Pour les agriculteurs touchés, il s’agit en
          effet de faire reconnaître dans un premier temps leur situation. Mais un cas pose problème, « c’est
          celui des parcelles qui ne sont pas détruites à 100% » – « ce sont des grands ronds où il n’y a plus
          rien, mais qui ne justifient pas d’être retournés ». Comment vont-ils être interprétés par les contrôles
          le plus souvent satellitaires aujourd’hui ?, a interrogé Xavier Beulin. Autre questionnement sur
          ce même sujet autour des mesures agro-environementales (MAE) : « Des cas de force majeure
          sont prévus dans le règlement – ce que nous allons bien évidemment faire valoir. Mais il faut que
          derrière, cela permette à l’agriculteur de ressemer autre chose. Des points d’aménagements seront
          nécessaires ». Le président a annoncé qu’il se rendrait dans les jours qui viennent dans ces régions
          pour établir un point plus précis de la situation. Le congrès fut aussi l’occasion pour lui d’évo-
          quer le déficit pluviométrique « évident dans la plupart des régions de France » qui sévit en par-
          ticulier sur le grand Ouest, sur une partie du Centre et une partie du sud de la France. La cellule
          sécheresse a été activée, a-t-il annoncé.
          Les perspectives : la réforme de la fiscalité ?
          Lors de son dernier congrès à Saint Malo, la FnSEA avait pris l’engagement de trouver des moyens
          pouvant permettre de sécuriser les systèmes agricoles face à la volatilité des cours et au désen-

     8   AGRA Presse Hebdo – N° 3344 – Lundi 2 avril 2012                                                    Reproduction interdite
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                         gagement des pouvoirs publics sur la gestion des crises. C’est du côté de la fiscalité, abordée au
                         cours d’une table ronde, le 28 mars, que la solution est actuellement pressentie. « une fiscalité
                         différenciée pour celui qui transmet et celui qui s’installe », concourrait, selon le sénateur socia-
                         liste Didier Guillaume, à notamment améliorer la succession. « L’agriculture française est l’une
                         des plus performantes en europe, mais pas la plus compétitive, ça renvoie le débat à la fiscalité
                         appliquée en France », a de son côté pointé l’eurodéputé uMP Michel Dantin, avant de rappeler
                         le bémol à une éventuelle réforme : la fiscalité est plus élevée en France, aussi parce qu’on attend
                         beaucoup du pouvoir.                                                                             (RA)



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Sur Twitter, un « a-geek-culteur »
« rend l’agriculture accessible »
Adepte convaincu de Twitter, il poste aussi chaque semaine un billet sur son blog et envisage par ailleurs de
créer un réseau professionnel dédié au monde agricole. Hervé Pillaud, éleveur en Vendée et secrétaire géné-
rale de la FDSEA85, s’est engagé sur la voie du 2.0 depuis plus d’un an  : les 27 et 28 mars, il a « live twee-
té » le congrès de la FNSEA.


Pour quelle raison vous êtes-vous lancé sur Twitter?
               En plus d’être secrétaire général de la FDSEA85, je m’investis dans le suivi depuis près de cinq
               ans, de l’évolution du contenu d’un journal qui s’appelle La Vendée agricole. C’est le directeur
               de la rédaction qui est également le directeur de la FDSEA85 qui m’a dit l’an dernier : « il faut
               que tu t’engages sur Twitter, voir ce que ça donne, ce qu’est un réseau... ». Donc, au départ, j’ai
               simplement essayé Twitter. Et là où je me suis pris particulièrement au jeu, c’est en juin dernier,
               lors du G120 : j’ai eu le privilège d’y participer et c’est à cette occasion que j’ai fait du live tweet
               (qui signifie faire vivre l’évènement en direct via Twitter). Depuis, j’ai toujours continué.

... Jusqu’à suivre et commenter le congrès de la FNSEA sur Twitter, les 27 et 28 mars. Quel est
l’intérêt d’une telle démarche ?
                 Ces informations intéressent autant les personnes du monde agricole que celles extérieures à ce
                 monde. C’est l’avantage de Twitter : vous pouvez à la fois rendre l’agriculture accessible à ceux
                 qui la connaissent mal, voire pas du tout, et informer ceux qui la connaissent déjà. Concernant
                 le congrès, les agriculteurs ont bien souvent envie de savoir ce qui s’y dit ... des agriculteurs fran-
                 çais mais aussi canadiens avec qui je suis entré en contact via Twitter. C’est l’autre avantage : le
                 réseau ne connaît pas de frontière.

Est-ce à dire que de nombreux agriculteurs utilisent Twitter?
                Pour le moment, il y a peu d’agriculteurs, mais beaucoup sont équipés de smartphones qui est
                l’outil privilégié pour tweeter. Je suis persuadé que nombreux vont y venir. Pour le moment, ils
                ont surtout des comptes sur Facebook. Mais ça n’a rien à voir avec Twitter : le premier se fait à
                titre privé, le second est en général professionnel, c’est un relais qui peut permettre en plus de se
                tenir informés, de sortir de l’isolement. Et ça, c’est très important, notamment pour les agricul-
                teurs.

Reproduction interdite                                                    Lundi 2 avril 2012 – N° 3344 – AGRA Presse Hebdo   9
événement

Á        Présidentielle : les candidats planchent devant la FNSEA


                                             Quel type d’informations tweetez-vous ?
                                             Des informations qui relèvent surtout de l’agriculture. J’ai par exemple com-
                                             menté sur Twitter l’un des concours du Salon international de l’agriculture.
                                             J’ai aussi envoyé des photos de cet évènement, comme pour le congrès de la
                                             FnSEA... Je diffuse souvent des informations syndicales, je transmets par-
                                             fois des articles que j’ai pu trouver intéressants...mais je peux aussi échan-
                                             ger sur le temps qu’il fait. il y a quelques jours, j’ai pris une photo de mes
                                             vaches dans ma prairie, simplement parce que je trouvais cela beau. Et c’est
                                             drôle, mais c’est une photo qui a beaucoup circulé.

                                       Estimez-vous que Twitter peut amener quelque chose à
                                       l’agriculture?
                                       À la FnSEA, mais ailleurs aussi, on travaille beaucoup sur le fond. Et ce tra-
                 vail a parfois du mal à être diffusé. il y a tellement de données qui restent dans les placards... Or
                 pour moi, l’outil le plus efficace – pour transmettre cette information –, c’est bien Twitter. Donc,
                 oui, cela peut permettre d’écouler de l’information.

En 140 mots maximum pour chaque message, vous êtes ainsi susceptible de diffuser tout ce que
vous souhaitez. Vous êtes-vous fixé des règles ?
              Oui, je m’impose des règles déontologiques par rapport à mon propre syndicat. Par exemple, je
              ne retweete pas les messages des autres syndicats par exemple. C’est le cas pour d’autres comptes
              pour d’autres raisons. Pour autant, si je ne les retweete pas, je les suis, ce qui me permet de me
              tenir au courant. Par ailleurs, je suis d’une nature aussi impulsive, aussi je fais très attention à ne
              pas balancer des choses sous le coup de la colère. Autre règle : quand un évènement est en huis
              clos, je ne tweete pas là non plus. il est hors de question de divulguer les huis clos via les réseaux.

Vous tenez aussi un blog ? Depuis combien de temps ? Est-ce un complément à Twitter ?
              Mon blog est fonctionnel depuis un an. Le cheminement est le même, ça a été au début pour
              essayer et puis je me suis pris au jeu. J’écris depuis longtemps des billets dans la Vendée agricole,
              maintenant, je les fais aussi pour mon blog. Je m’oblige à en écrire un chaque dimanche matin.
              Le dernier en date parlait des sons que j’aime entendre. Mais globalement c’est un blog qui parle
              d’agriculture. Et je mentionne sur Twitter chacun de mes nouveaux billets publiés sur mon blog,
              avec un lien pour y accéder.

Des professions ont mis en place des réseaux sociaux qui leur sont réservés. Cela existe-t-il en agriculture?
               Cela existe en effet, mais ça ne fonctionne pas très bien pour le moment. J’ai une idée dans ce
               domaine-là que j’aimerais beaucoup voir se mettre en place. Je participe en effet à l’association
               AEi (Agriculture écologiquement intensive). C’est quelque chose qui va demander beaucoup
               d’échanges entre les agriculteurs. Et, je suis partisan de l’ouverture la plus large possible... Les
               réseaux sociaux peuvent servir à cela. Selon moi, ça peut être possible.

Vous semblez être un a-geek-culteur assidu... Quand trouvez-vous le temps de tweeter?
              Tout le temps et partout. Partout, sauf au volant... Mais sinon, je ne m’impose pas de restriction. D’au-
              tant que j’ai deux fils, et qu’il n’y a guère que ma femme qui ne soit pas geek à la maison. nous
              avons cinq ordinateurs fixes, trois portables et autant de smartphones que nous sommes, j’ai aussi
              une plaquette. C’est quelque chose qui non seulement m’intéresse, mais me plaît. Et c’est loin d’être
              une addiction à une forme de relations virtuelles... Je rencontre en effet – réellement – d’autres twee-
              tos qui aiment, comme moi, échanger et se tenir informés.            PROPOS RECUEiLLiS PAR ROSANNE ARiES
                 Pour suivre Hervé Pillaud sur Twitter : @Herve_Pillaud, et via son blog : www.hervepillaud.blogspot.com


           10   AGRA Presse Hebdo – N° 3344 – Lundi 2 avril 2012                                                      Reproduction interdite
Leaders



                                            Départ de Jean-Marc Bournigal du ministère de l’Agriculture
    En direct de Bruxelles
                                            Jean-Marc Bournigal a été nommé président de l’Institut national de
                                            recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agri-
                                            culture (Irstea), par décret du 23 mars, paru au J.O du 24 mars. Il quitte
     Echéance incertaine                    ainsi la direction du cabinet du ministre de l’Agriculture, Bruno Le
                                            Maire et est remplacé par son adjoint, Julien Steimer. A l’Irstea, Jean-
  La Pac nouvelle pourra-t-elle être        Marc Bournigal remplace Roger Genet qui assure depuis le 7 mars la
  mise en œuvre début 2014 ? Jim            Direction générale de la recherche et de l’innovation au sein du minis-
  Paice, ministre d’Etat britannique        tère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur.
  chargé de l’agriculture et de l’envi-
  ronnement, en doute, estimant même        Béatrice Dingli nommée à la direction de Vivea
  que cette échéance est « irréaliste »     Béatrice Dingli remplacera, à partir du 1er avril 2012 Jean-Jacques Lous-
  et devra sans doute être repoussée        souarn à la direction générale de Vivéa, le fonds d’assurance formation
  d’un an. A mi-chemin de la prési-         du secteur agricole. Béatrice Dingli est directrice générale adjointe depuis
  dence danoise de l’Union, constate-       décembre 2012 et, depuis 2008, déléguée régionale à la délégation Sud,
  t-il, les Vingt-sept en sont encore à     qui couvre Aquitaine, Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon et l’île de
  parler de simplification, au lieu de      la Réunion. Son prédécesseur, Jean-Jacques Loussouarn, part en retraite,
  progresser sur les volets les plus        après 37 ans passés dans les secteurs de l’agriculture et de la forma-
  importants de la réforme. Or, il leur     tion.
  faudrait conclure fin 2012 pour que
  la réglementation de l’après-2013
  puisse être mise en place dans les
  temps. A la difficulté de la négocia-
  tion agricole proprement dite s’ajoute
  la complexité des marchandages sur
  le cadre financier 2014-2020 de l’UE
  dans lesquels les chefs d’État et de
  gouvernement doivent encore se lan-
  cer. Co-décisionnaire, le Parlement
  européen n’adoptera d’ailleurs pas
  sa position définitive sur la réforme
  de la Pac tant que les données bud-
  gétaires ne seront pas connues. « Pas
  d’argent, pas de vote », a ainsi résumé
  le député démocrate-chrétien alle-
  mand Peter Jahr. Quant au libéral bri-
  tannique George Lyon, il a souligné
  ironiquement que, faute d’accord sur
  les finances, il faudra s’en tenir au
  statu quo, c’est-à-dire aux chiffres
  de 2013 augmentés chaque année de
  l’inflation, ce qui, selon lui, serait
  même mieux pour la Pac que le cadre
  pluriannuel proposé par la Commis-
  sion européenne... De toute façon, il
  n’est pas sûr non plus que les parle-
  mentaires « agricoles » soient, sur le
  plan législatif, en mesure de pré-
  senter leur projet dans les temps.

                          Agra Europe



Reproduction interdite                                             Lundi 2 avril 2012 – N° 3344 – AGRA Presse Hebdo   11
Les politiques



POLITIQUES AGRICOLES EUROPÉENNES

 Cadre financier 2014-2020


La réforme de la Pac suspendue
à un compromis sur le budget européen
Les ministres des affaires européennes des Vingt-sept ont commencé à s’attaquer au projet de cadre finan-
cier 2014-2020 de l’UE, dont ils aborderont le volet agricole le 24 avril. L’objectif est de parvenir à boucler
cette négociation à la fin de l’année. Tant que les chiffres définitifs du budget ne seront pas connus, le
Parlement européen ne procédera pas au vote sur la réforme de la Pac.

                       près un échange de vues sur d’autres chapitres le 26 mars, les ministres de l’UE chargés


                A      des affaires européennes aborderont le 24 avril les volets agriculture (plafonds annuels des
                       dépenses, redistribution des paiements directs, aide alimentaire aux plus démunis, etc.) et
                cohésion du cadre financier de l’Union proposé par la Commission de Bruxelles pour la période
                2014-2020. À partir de la mi-mai, ils traiteront tous les éléments du dossier Les chefs d’État et de
                gouvernement en débattront lors de leur réunion des 28 et 29 juin, l’objectif étant de conclure les
                négociations à la fin de l’année. La question devait par ailleurs être examinée sans conclusion lors
                d’une rencontre informelle des ministres des finances les 30 et 31 mars à Copenhague.
                « Pas d’argent, pas de vote »
                Au parlement européen, la commission des budgets devrait préparer un rapport intérimaire sur
                le prochain cadre financier début octobre, parallèlement à des discussions informelles entre les
                représentants des députés et le Conseil des ministres. Les résultats de ces pourparlers seront régu-
                lièrement transmis, entre autres, à la commission parlementaire de l’agriculture. Cette dernière,
                en tout cas, considère que l’assemblée ne pourra voter sur la réforme de la pac qu’une fois qu’au-
                ront été agréés les chiffres définitifs du budget de l’UE pour 2014-2020 (1).
                « Pas d’argent, pas de vote », a ainsi résumé le démocrate-chrétien allemand peter Jahr. Faute
                d’accord budgétaire, l’UE s’en tiendra au statu quo, c’est-à-dire aux chiffres de 2013 augmentés
                chaque année de l’inflation, ce qui, selon le libéral britannique George Lyon, serait encore mieux
                pour la pac que le cadre financier tel qu’il est proposé par la Commission européenne...
                Opposition au Fonds d’ajustement à la mondialisation
                Lors de l’échange de vues du 26 mars des ministres des affaires européennes, une minorité –
                suède, Allemagne, royaume-Uni, république tchèque, slovaquie, pays-Bas, Estonie et Lettonie
                – s’est constituée contre le renouvellement du Fonds européen d’ajustement à la mondialisation
                pour 2014-2020, estimant que le rôle dévolu à celui-ci relève du niveau national et pas du niveau
                communautaire.Or, la Commission européenne propose qu’une enveloppe pouvant aller jusqu’à
                2,8 milliards d’euros soit, dans le prochain cadre financier, réservée au sein de ce fonds à des
                mesures éventuelles pour l’agriculture. par ailleurs, plusieurs États membres – Italie, pologne,
                portugal, Hongrie, roumanie, république tchèque, slovaquie, slovénie, Lettonie, Bulgarie et
                Malte – ont demandé que, si la macro-conditionnalité (suspension des versements de l’UE en cas
                de non-respect des critères de discipline budgétaire au niveau national) est appliquée aux fonds
                structurels, de développement rural et pour la pêche, elle doit l’être à toutes les dépenses de l’UE
                couvertes par le cadre financier pluriannuel 2014-2020.                                         (FXS)
                (1) Voir n° 3343 du 26/03/12


          12   AGRA Presse Hebdo – N° 3344 – Lundi 2 avril 2012                                    Reproduction interdite
Les politiques



 Réforme de la Pac



Dacian Ciolos exprime sa différence
« Le soutien financier pour l’agriculture doit inciter les agriculteurs à produire des biens publics. L’objectif n’est
pas qu’en échange, ils soient abandonnés aux incertitudes insurmontables des marchés et de la nature »,
estime le commissaire européen à l’agriculture qui, prenant quelque distance par rapport à ses prédéces-
seurs, regrette que « les vingt dernières années (aient) été marquées par un désengagement progressif des
pouvoirs publics » et que « nous (ayons) renoncé à la plupart de nos prérogatives d’action sur les marchés ».

                                 ErtEs, le contexte économique et financier de l’époque « poussait à supprimer les mesures


                         C       inefficaces », mais « ce que l’on constate, c’est que nous n’avons pas mis en place de méca-
                                 nismes alternatifs », a déclaré Dacian Ciolos lors du 5e Forum pour le futur de l’agricul-
                         ture, le 27 mars à Bruxelles. « Nous avons, avec les filets de sécurité, des traces des anciens outils,
                         pas de véritables outils d’action pour anticiper, agir, donner les moyens aux agriculteurs de faire
                         face à des crises de plus en plus nombreuses », a-t-il constaté, déplorant que « nous (ayons) laissé
                         l’impression d’un désengagement, sans pour autant rendre la pac plus facile à comprendre ».
                         « Pompiers avec un arrosoir »
                         « Nous avons démantelé une certaine vision de la gestion encadrée des marchés. Il fallait le faire.
                         Mais nous avons fait seulement la moitié du chemin », a estimé le commissaire européen, consta-
                         tant que, « avec la politique agricole actuelle, nous sommes des pompiers qui travaillons avec un
                         arrosoir ».
                         « Nous devons repenser le rôle des pouvoirs publics, redonner de la consistance à nos outils,
                         notamment aux paiements directs, et revoir la place des acteurs professionnels, notamment dans
                         la gestion des marchés, a-t-il dit. Les professionnels doivent avoir les moyens de faire face aux
                         marchés de façon durable ». « Nous devons également revoir nos règles de la concurrence pour
                         les rendre cohérentes avec la réalité » du secteur agricole qui « n’est pas un secteur comme les
                         autres », a ajouté Dacian Ciolos.
                         « Il est du rôle des pouvoirs publics, avec une politique agricole et un budget public, de “réconci-
                         lier” les attentes contradictoires des marchés et de la société », a-t-il conclu, avertissant que les pro-
                         positions de la Commission pour la pac après 2013 ne sont « qu’un premier pas » et que « beau-
                         coup de choses seront encore à faire après ou à côté de cette réforme ».
                         « Encore beaucoup à faire », selon le commissaire... à l’environnement
                         Au cours de ce Forum pour le futur de l’agriculture présidé par Franz Fischler, ancien commis-
                         saire européen à l’agriculture, Janez potocnik, le commissaire à l’environnement, a affirmé que
                         « l’agriculture européenne est en bonne voie pour établir des bases plus durables », mais qu’ « il
                         reste encore beaucoup à faire avant que le travail ne soit terminé ».
                         selon lui, « l’écologisation de la Pac représente l’approche logique – c’est ce que le public veut,
                         c’est ce dont l’environnement a besoin et c’est ce qu’il faut aux agriculteurs pour assurer leur acti-
                         vité sur le long terme ». pour sa part, John Atkin, du groupe syngenta, cofondateur du forum, a
                         souligné que « l’approche excessivement prudente adoptée par l’Europe à l’égard des technolo-
                         gies agricoles est inutile et constitue un obstacle à la réduction du déficit de productivité ».
                         Projet d’avis du Comité des régions
                         La commission des ressources naturelles du Comité des régions de l’UE a adopté le 26 mars un
                         projet d’avis du socialiste français rené souchon, président du conseil régional d’Auvergne, qui
                         souligne la nécessité d’une régulation publique des marchés agricoles. Cette prise de position sur



Reproduction interdite                                                       Lundi 2 avril 2012 – N° 3344 – AGRA Presse Hebdo   13
Les politiques



                 les propositions de réforme de la pac de la Commission européenne, qui sera présentée le 3 mai
                 en session plénière du Comité des régions plaide aussi pour :
                 – un réexamen des effets de la disparition des quotas laitiers et sucriers et des droits de planta-
                 tion viticoles ;
                 – une dégressivité des paiements directs dès 100 000 euros par exploitation (au lieu de 150 000
                 euros), avec un plafonnement à 200 000 euros (au lieu de 300 000 euros) ;
                 – des mesures de verdissement qui tiennent compte des réalités agricoles et environnementales
                 locales, élaborées en concertation avec les agriculteurs, ainsi que la reconnaissance des prairies
                 comme « zones d’intérêt écologique » ;
                 – l’extension des soutiens en faveur de toutes les nouvelles installations d’agriculteurs, tout en
                 ciblant en priorité celle des jeunes ;
                 – le maintien du couplage des aides, en particulier dans les zones soumises à des contraintes natu-
                 relles et les zones ultrapériphériques ;
                 – la mise en place de sous-programmes thématiques de développement rural en faveur des pro-
                 ductions sous signes officiels de qualité et de l’agriculture périurbaine ;
                 – le maintien du budget de la pac au moins à son niveau actuel ;
                 – une nouvelle gouvernance, avec une forte implication des régions.                            (FXS)



 Traité de Lisbonne


Entrée en vigueur de l’initiative
citoyenne européenne
L’initiative citoyenne, issue du traité de Lisbonne, est entrée en application le 1er avril. Greenpeace avait eu
recours, avant l’heure, à ce dispositif pour demander l’interdiction de toute autorisation d’OGM tant que de
nouvelles méthodes d’évaluation ne seraient pas mises en œuvre.

                        ’InItIAtIVE citoyenne est entrée en application le 1er avril. C’est une des principales innova-

                 L     tions du traité de Lisbonne – entré en vigueur en décembre 2009 – qui permet aux citoyens
                       européens – au nombre d’un million et réparti dans au moins sept Etats membres – de sou-
                 mettre à la Commission européenne une proposition législative (voir encadré).
                 Greenpeace a été le premier à s’emparer de cette possibilité en présentant au mois de décembre
                 2010, une pétition réunissant plus d’un million de signatures demandant d’arrêter toute nouvelle
                 autorisation de mise en culture de plante génétiquement modifiée au sein de l’Union européenne
                 tant que des évaluations sanitaires « exhaustives, indépendantes et scientifiques » des OGM n’au-
                 ront pas été réalisées (1).
                 D’autres initiatives dans les starting blocks
                 La démarche a été jugée non conforme d’une part parce qu’à l’époque elle a été présentée avant
                 l’entrée en application officielle de l’initiative citoyenne et d’autre part, même aujourd’hui, elle
                 ne serait pas recevable car elle ne répond pas à tous les critères techniques requis par la Com-
                 mission (notamment les date et lieu de naissance ainsi que le numéro de pièce d’identité des signa-
                 taires n’ont pas été collectés). La démarche de Greenpeace, qui avait été lancée suite à l’autori-
                 sation de mise en culture de la pomme de terre transgénique Amflora de BAsF – le premier OGM
                 autorisé depuis le Mon 810 en 1998 –, avait surtout eu pour but d’alerter la Commission, le par-
                 lement et les États membres. Greenpeace ne compte d’ailleurs pas pour le moment relancer sa
                 démarche, aucun nouvel OGM n’ayant obtenu le feu vert de Bruxelles depuis cette action. Mais



           14   AGRA Presse Hebdo – N° 3344 – Lundi 2 avril 2012                                     Reproduction interdite
Les politiques



                                                 Initiative citoyenne : comment ça marche ?

                            E  ntrée en vigueur le 1er avril
                               2012, l’initiative citoyenne
                            permet à un million de citoyens
                                                                1er avril 2012 afin de pouvoir
                                                                prendre les dispositions
                                                                administratives nécessaires au
                                                                                                         74 250 en Allemagne,
                                                                                                         55 500 en France, 38 250
                                                                                                         en Pologne, 16 500 en
                            européens venant de sept États      niveau national. Dans un premier         Belgique…). Après vérification
                            membre au minimum de                temps, les organisateurs issus           des déclarations de soutien et
                            demander directement à la           de sept pays de l’UE doivent             examen de la requête par
                            Commission européenne de            déposer une demande                      la Commission européenne, celle
                            formuler une proposition            d’enregistrement d’initiative. Ils       ci, si elle décide de donner suite
                            législative. Les modalités          disposent alors de 12 mois pour          à l’initiative, engage une
                            d’application ont été adoptées le   recueillir un million                    procédure législative classique
                            16 février 2011, mais les États     de signatures. Un minimum                qui passe par un vote au
                            membres avaient demandé un          de signatures est requis pour            Parlement européen et au
                            report d’application au             chaque pays (par exemple :               Conseil.



                         si les États membres ne parviennent pas à trouver un compromis sur les nouvelles modalités d’au-
                         torisation de mise en culture des OGM au sein de l’UE (2), Greenpeace pourrait revenir à la
                         charge avec une initiative citoyenne conforme cette fois.
                         D’autres initiatives, dans des domaines divers et variés, attendent l’adoption définitive du dispo-
                         sitif pour se lancer (place du nucléaire en Europe, pluralisme des media…). Une pétition comme
                         celle plaidant pour limiter à 8 heures maximum le transport des animaux vers l’abattoir qui a
                         réuni un million de signatures en Europe (3), pourrait également emprunter ce cadre si les ins-
                         tances européennes ne répondent pas à cette revendication.                                      (AG)
                         (1) Voir n° 3279 du 13/12/2010
                         (2) Voir n° 3342 du 19/3/2012
                         (3) Voir même numéro



 Déclarations Pac 2012


Une simplification des déclarations Pac
en ligne en 2012
La campagne 2012 de déclaration en ligne des demandes d’aides Pac sera ouverte du 1er avril au 15 mai
inclus sous une version simplifiée. C’est ce qu’a indiqué Eric Allain, directeur général des politiques agricoles,
agroalimentaires et des territoires, lors d’une conférence de presse au ministère de l’Agriculture le 28 mars.
Signalant une hausse du taux de télédéclarations en France en 2011, il a détaillé les nouveautés du portail en
ligne « telepac », ainsi que les changements concernant le couplage des aides publiques à l’agriculture en 2012.

                                             du 1er avril au 15 mai inclus, la campagne 2012 de déclaration en ligne des

                         «O
                                       uvERtE
                                     demandes d’aides Pac a été simplifiée », a indiqué le 28 mars Eric Allain, directeur
                                     général des politiques agricoles, agroalimentaires et des territoires. se félicitant d’un
                         taux de « télédéclaration » atteignant les 55% en France en 2011, « soit une progression de 14
                         points par rapport à 2010 » il a souhaité présenter les nouveautés de la campagne 2012 de « tele-
                         pac ».
                         Une campagne 2012 de télédéclarations Pac simplifiée
                         Afin de simplifier les démarches des agriculteurs lors de leurs déclarations pac sur internet, les
                         données télédéclarées l’an dernier ont été enregistrées afin de préremplir les formulaires en ligne.



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Les politiques



                Autres simplifications en 2012, la suppression de la déclaration annuelle du respect des engage-
                ments des mesures agroenvironnementales (MAE), la fin de l’envoi d’une copie de la déclaration
                du parcellaire ou la possibilité de signer de façon électronique les télédéclarations. Cette simpli-
                fication répond notamment aux critiques de la FDsEA de la Marne qui appelle au boycott des
                télédéclarations cette année. « par cette action collective, la FDsEA entend montrer sa solidarité
                envers deux agriculteurs marnais privés de 100 % des primes 2011 pour l’un, et d’une partie des
                primes pour l’autre », indique un communiqué de la fédération marnaise. Ces suppressions d’aides
                ont fait suite à l’absence de signature électronique de la déclaration dans un cas, et de l’oubli de
                cocher une case dans l’autre. pourtant, Eric Allain a assuré que des dispositifs de contrôles auto-
                matiques des déclarations remplies par les agriculteurs avaient été mis en place afin d’éviter ce
                genre d’omissions.
                Quelques évolutions réglementaires pour les aides Pac en 2012
                « Si 2011 s’est caractérisée par une stabilité réglementaire, quelques changements interviennent
                en 2012 », a souligné Eric Allain. Ainsi, des aides sont désormais découplées, telles celles à la
                transformation de fourrages séchés, du lin et du chanvre pour la production de fibres, et celles à
                la production de pomme de terre féculières, primes incluses. Les aides aux fruits à coques, celles
                spécifiques au riz, et à la production de semences ou de protéagineux, sont aussi découplées. En
                revanche, trois nouvelles aides couplées apparaissent en 2012 : l’aide à la qualité du tabac, celles
                aux légumineuses fourragères destinées à la déshydratation et l’aide supplémentaire aux protéa-
                gineux, ainsi que les aides destinées à l’engraissement des jeunes bovins. En outre, la fin du décou-
                plage de l’aide à la tomate transformée sera mise en place en 2012, a indiqué Eric Allain. Il a enfin
                signalé qu’en 2011, sur les 11 milliards d’euros versés au titre de la pac à l’ensemble des agri-
                culteurs français, plus de 8 milliards l’ont été par voie électronique. À 55%, la France atteint la
                moyenne européenne du taux de télédaclarations en 2011, alors que d’autres pays comme l’Ita-
                lie, l’Espagne ou la Hongrie, ayant rendu obligatoire la télédéclaration, sont à 100%.            (FG)


En bREF

Aide aux démunis : le Parlement demande à la Commission de se battre
                Interrogée par le parlement européen, la Commission de Bruxelles a assuré le 29 mars qu’elle
                n’abandonnerait pas son droit d’initiative pour tenter d’obtenir, malgré l’opposition de plusieurs
                Etats membres, le maintien au-delà de 2013 du programme communautaire de distribution de
                produits alimentaires aux personnes les plus démunies de l’UE (1). Devant les députés, qui crai-
                gnent l’abandon de cette aide, le commissaire européen Olli rehn a rappelé que, dans son projet
                de cadre financier de l’Union pour 2014-2020, la Commission propose d’y consacrer 2,5 mil-
                liards d’euros au titre de la politique sociale.
                Bruxelles étudie diverses options afin d’insérer le futur programme de distribution d’aliments
                dans la politique de cohésion, a également précisé le commissaire européen.
                (1) Voir n° 3338 du 20/02/12

Budget : annulation de pénalités imposées par Bruxelles à quatre pays
                Le tribunal de l’UE a annulé le 29 mars une décision d’avril 2007 de la Commission européenne
                qui imposait des pénalités à quatre des dix Etats membres ayant intégré l’Union en 2004 pour
                avoir constitué des stocks excédentaires de différents produits agricoles avant leur adhésion au
                1er mai 2004 (1). pour « couvrir les coûts de l’élimination » de ces produits, la pologne avait ainsi
                été tenue de verser au budget communautaire 12,449 millions d’euros, la slovaquie 3,634 mil-
                lions, la république tchèque 12,287 millions, la Lituanie 3,181 millions. par la suite, ces pays
                ont formé un recours en annulation de la décision de Bruxelles (2).
                Les juges estiment que les versements qui leur ont été infligés ne sont pas des contributions finan-
                cières prévues par l’acte d’adhésion pour couvrir les frais d’élimination des excédents, mais de

          16   AGRA Presse Hebdo – N° 3344 – Lundi 2 avril 2012                                     Reproduction interdite
Les politiques



                         simples paiements mis à la charge des nouveaux Etats membres au profit de la Communauté. Les
                         produits en question ont pu en effet s’intégrer définitivement au marché intérieur.
                         (1) Voir n° 3099 du 09/04/07
                         (2) Voir n° 3107 du 04/06/07



MONDE

 Schmallenberg


La Russie pourrait lever en partie
son embargo sur les animaux vivants
Les services vétérinaires russes ont annoncé que l’interdiction d’importation d’animaux vivants en prove-
nance de l’Union européenne à cause de virus de Schmallenberg pourrait être en partie levée. Le Danemark
et l’Espagne pourraient voir leurs exportations reprendre. De son côté, le bélarus a décidé de suspendre les
importations de bétail vivant (porcs, bovins, ovins) européen.

                                  rUssIE pourrait en partie lever l’embargo imposé sur les importations d’animaux vivants

                         L
                                A
                                et de matériel génétique en provenance de l’UE européenne du fait de l’épizootie de virus
                                de schmallenberg (1). En effet, le Danemark et l’Espagne pourraient voir leurs expéditions
                         d’animaux vivants vers la russie de nouveau autorisées. « On va reprendre les importations, mais
                         pas de tout le monde », a en effet annoncé le chef de l’agence fédérale russe de contrôle vétéri-
                         naire, sergueï Dankvert. « Nous allons revoir notre position pour le Danemark, ils travaillent effi-
                         cacement », a précisé sergueï Dankvert. Les services vétérinaires danois vont être reçus par les
                         autorités russes prochainement. Une des conditions nécessaires est la mise en place d’un système
                         fiable de contrôle sur la sécurité des exportations. L’Espagne pourrait aussi voir ses exportations
                         reprendre, même si aucune date n’est pour le moment précisée.
                         Dans une lettre adressée à la ministre russe de l’agriculture, Elena skrynnik, le commissaire euro-
                         péen John Dalli demande de rencontrer le plus vite possible les autorités sanitaires de Moscou. Il
                         souhaite que l’agence fédérale de contrôle vétérinaire russe (rosselkhoznadzor) lui fournisse une
                         évaluation du risque sanitaire posé par la gestion européenne de l’épidémie de schmallenberg au
                         regard des règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). L’UE a déjà commencé à
                         prendre des mesures correctives pour répondre aux préoccupations soulevées par les autorités
                         russes pour justifier l’embargo (comme le non-respect des règles de documentation), précise le
                         commissaire Dalli.
                         Le bélarus aussi bloque les importations d’animaux européens
                         par ailleurs, le Bélarus a annoncé qu’il allait suspendre « temporairement à partir du 23 mars les
                         importations de l’UE de bétail à cornes et de porcs vivants, suite à la détection de nouveaux cas
                         de maladie provoquée par le virus de schmallenberg sur le territoire des pays membres de l’UE
                         ». Exception sera accordée aux animaux mis en quarantaine dans le pays d’origine et mis sous
                         contrôle de vétérinaires du Bélarus. Le pays s’ajoute ainsi à la liste des États – russie en tête –
                         qui ont fermé leurs frontières aux importations à cause du nouveau virus.                      (AG)
                         (1) Voir n° 3343 du 26/3/2012, n° 3340 du 5/03/12 et n° 3342 du 19/03/12




Reproduction interdite                                                            Lundi 2 avril 2012 – N° 3344 – AGRA Presse Hebdo   17
Les politiques



 Cycle de Doha



Les négociateurs agricoles de l’OMC
cherchent à sortir de l’impasse
Lors de leur première réunion depuis la Conférence ministérielle de l’OMC en décembre 2011, les négocia-
teurs agricoles du cycle de Doha se sont engagés à envisager de nouvelles approches pour tenter de faire
progresser leurs travaux.

                               ON sentiment est que, dans l’ensemble, nous sommes encore au stade de clarifier où


                «M            en sont les choses, avant de déterminer où cela nous mènera », a admis le 22 mars
                              l’ambassadeur néo-zélandais, John Adank, devant le groupe des négociations agri-
                coles de l’OMC dont il assure la présidence. « Nous devons nous écouter soigneusement les uns
                les autres », a-t-il demandé.
                C’était la première fois que ces négociateurs se retrouvaient à Genève depuis la conférence minis-
                térielle de décembre 2011 qui a reconnu que le cycle Doha est dans une impasse et prôné un chan-
                gement d’approche.
                selon John Adank, les divergences portent entre autres sur la question de savoir quels sont les
                sujets agricoles qui pourraient être agréés avant un compromis global, au titre d’une « récolte
                précoce », et si des décisions sont possibles dans le climat actuel.
                Au cours de la discussion, l’Australie a ainsi estimé que le dossier de la concurrence à l’exporta-
                tion – subventions, crédit, aide alimentaire, entreprises d’Etat – est mûr pour un accord précoce.
                Ce à quoi l’UE a répondu que tout engagement dans ce domaine reste lié à un accord sur tous les
                chapitres de la négociation agricole du cycle de Doha ainsi que sur le volet indications géogra-
                phiques des règles de propriété intellectuelle.
                par ailleurs, le président récemment élu du groupe de négociation de l’OMC sur un registre multi-
                latéral des indications géographiques pour les vins et les spiritueux, l’ambassadeur nigérian Yonov
                Frederick Agah, a informé les délégations, le 23 mars, qu’il tiendrait des consultations sur la manière
                de suivre les instructions données par les ministres en décembre. (FXS)


 Sécurité alimentaire


Aide de l’UE et appel de la FAO
pour l’Afrique
La Commission européenne a proposé le 23 mars un programme d'aide, d'une valeur de 164,5 millions d'eu-
ros, pour renforcer la sécurité alimentaire dans les pays du Sahel. Le même jour, la FAO a a lancé un appel
urgent de 50 millions de dollars pour la Corne de l'Afrique.

                           aide de 164,5 millions d'euros a été préconisée par la Commission européenne pour

                U
                          nE
                       renforcer la sécurité alimentaire dans les pays du sahel. Bruxelles, qui souligne que 15
                       millions de personnes risquent de souffrir de famine dans la région, a déjà mobilisé 123,5
                millions d'euros pour apporter une réponse humanitaire précoce à cette crise.



          18   AGRA Presse Hebdo – N° 3344 – Lundi 2 avril 2012                                     Reproduction interdite
Les politiques



                                              Les soutiens de l’UE à l’Afrique subsaharienne
                                                          globalement efficaces
                          D     ans un rapport publié le 28 mars, la Cour
                                des comptes européenne juge généralement
                           efficace l’aide, de plus de 3,1 milliards d’euros au
                                                                                    réaction à la crise des prix alimentaires de 2007-
                                                                                    2008, n’a pas été conçue pour faire face à la
                                                                                    volatilité à long terme des prix des denrées
                           total, que l’UE a apporté sur la période 2002-2010       alimentaires.La Cour des comptes propose, entre
                           à l’Afrique subsaharienne dans le domaine                autres recommandations, que la Commission de
                           de la sécurité alimentaire. Elle estime néanmoins        Bruxelles étudie la possibilité de mettre en place un
                           que d’importantes améliorations peuvent encore           instrument permanent qui permettrait de remédier,
                           être apportées sur plusieurs points, citant par          le cas échéant, aux conséquences des crises
                           exemple la Facilité alimentaire qui, instituée en        alimentaires affectant les pays en développement.



                         Ce nouveau programme soutiendra les systèmes nationaux existants de sécurité alimentaire gérés
                         par les gouvernements. De plus, des initiatives d’« argent/nourriture-contre-travail » seront ren-
                         forcées au profit des plus démunis, pour qu'ils puissent se permettre d'acheter de la nourriture,
                         et les fermiers recevront des bons pour des semences et des engrais. En outre, ajoute la Com-
                         mission, l'information sur la sécurité alimentaire et la nutrition sera améliorée à travers de meilleurs
                         systèmes d'alerte précoce sur la situation alimentaire.
                         L’allocation proposée vient s'ajouter aux financements déjà prévus ou en cours au profit de la
                         sécurité alimentaire dans la région, d'une valeur de 208 millions d'euros, portant la contribution
                         totale de l'UE à quelque 373 millions d'euros pour 2007-2013.
                         Déficit de financement
                         De son côté, la FAO a lancé un appel urgent de 50 millions de dollars pour couvrir le déficit de
                         financement des activités agricoles et pastorales prioritaires à déployer dans la Corne de l'Afrique
                         avant et durant la prochaine campagne de semis, coïncidant avec la saison des pluies qui s'étend
                         d'avril à juin.
                         selon l’agence de l’Onu, bien que la situation dans les zones de la région victimes de la séche-
                         resse se soit considérablement améliorée ces derniers mois, on estime que 8,1 millions d'habi-
                         tants ont encore besoin d'une assistance (Ethiopie 3,2 millions, Kenya : 2,2 millions, somalie 2,5
                         millions, Djibouti 180 000).
                         Les activités d'urgence planifiées prévoient la distribution de semences vivrières et potagères, la
                         création de petits périmètres d'irrigation et la gestion de programmes « argent-contre-travail »
                         pour réhabiliter les infrastructures agricoles vitales. Les initiatives concernant l'élevage com-
                         prennent le soutien à la production fourragère et le démarrage ou l'intensification des campagnes
                         de vaccination.
                         pour 2012, la FAO lance un appel d’un montant total de 293,7 millions de dollars destinés à une
                         combinaison d'opérations d'urgence et de développement à plus long terme dans la Corne de
                         l'Afrique, dont 101,7 millions – moins de la moitié – ont déjà été reçus. Il reste par conséquent
                         un important déficit de financement, dont les 50 millions requis d'urgence dans les trois pro-
                         chains mois.                                                                                    (FXS)




Reproduction interdite                                                            Lundi 2 avril 2012 – N° 3344 – AGRA Presse Hebdo   19
Les politiques



 Sénégal



Le programme économique
du nouveau président Macky Sall
Macky Sall, 51 ans, nouveau président du Sénégal, élu le 25 mars pour un mandat de 7 ans, se propose de
mettre en place un programme économique qui sera marqué par un « mix » entre croissance et austérité.
Réduction du train de vie de l’Etat, avec un gouvernement de 25 ministres (contre une quarantaine), et sup-
pression de 15 ambassades du Sénégal à l’étranger, ainsi que des voyages en première classe, pour les
ministres, et des logements conventionnés, constituent quelques aspects de ce programme qu’il a dénom-
mé : « La voie de la croissance ».

                         E programme économique de Macky sall se concentre sur 3 priorités : la jeunesse, les


                 L      femmes, et le monde rural. Il consiste à apporter une protection, des perspectives et des
                        opportunités d’emploi.
                 pour les jeunes, il prévoit la création de 500 000 emplois pendant 7 ans. par ailleurs, sera mis en
                 place un fonds de garantie de 40 milliards de francs CFA  (60,79 millions d’euros) pour faciliter
                 l’accès des femmes au crédit. Il s’y ajoute un investissement de 300 milliards de francs CFA (457,34
                 millions d’euros) dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de la formation professionnelle, de
                 la recherche et de l’innovation, de la restructuration des banlieues, et de  l’aménagement du ter-
                 ritoire, pour faire des villes un « levier » de développement.
                 Le programme prévoit aussi la mise en œuvre d’un pacte pour la petite entreprise et les pME/pMI
                 dans les secteurs de l’agriculture, du Btp (Bâtiment et travaux publics) et de la construction, du
                 tourisme, des tIC (technologies de l’information et de la communication), et de la culture. Un
                 « small Business Act » à la sénégalaise s’appuyant sur une Caisse des dépôts et consignation réfor-
                 mée, a pour but de mener une politique favorable à la création d’entreprises, à l’investissement
                 et la création d’emplois et de richesses.
                 L’agriculture, moteur du développement sénégalais
                 L’agriculture sera l’une des priorités du nouveau chef de l’Etat sénégalais, pour qui c’est dans ce
                 secteur que se trouve le véritable « moteur » du développement, pour stimuler l’ensemble de l’éco-


                                  L’agriculture sénégalaise : plus de 70% de la population

                    L  ’AgrICULtUrE au Sénégal qui
                       occupe plus de 70%
                    de la population, est considérée
                                                                   l’eau douce et l’eau salée,
                                                                   appelée aussi menace
                                                                   d’intrusion marine, indique
                                                                                                       2011/2012, 25 milliards
                                                                                                       de francs CFA (38,11 millions
                                                                                                       d’Euros) pour l’achat
                    comme le moteur                                la FAO. Conséquence, la part        de semences et d’intrants
                    de la croissance de l’économie                 dans le Produit intérieur brut      agricoles, il prévoyait de
                    du pays. Elle traverse une passe               (PIB) baisse chaque année. En       consacrer, en 2012, 165 autres
                    difficile, due au déficit                      2004, elle représentait 17,9%       milliards de francs CFA
                    pluviomètrique chronique,                      du PIB. Pour faire face à  cette    (251,5 millions d’euros), à
                    à la mévente des récoltes                      situation, le président Abdoulaye   l’aménagement de terres dans
                    d’arachide, à la réduction                     Wade avait entrepris un vaste       le cadre du programme
                    des terres de culture à cause                  programme de développement          d’autosuffisance en riz, au nord
                    de la salinité, ainsi qu’à                     agricole, marqué par la             et au sud, en plus du Plan retour
                    l’acidification ou érosion éolienne            mécanisation, la diversification    vers l’agriculture qui a créé
                    des sols, à l’ensablement des                  et la permanence des activités      24 fermes agricoles, et le soutien
                    terres de bas-fonds, et au risque              agricoles en toutes saisons.        à l’entreprenariat rural qui
                    de rupture de l’équilibre entre                Après avoir investi, en             a financé 1 514 projets.




           20   AGRA Presse Hebdo – N° 3344 – Lundi 2 avril 2012                                                       Reproduction interdite
Les politiques



                         nomie et améliorer les niveaux de vie des sénégalais. L’objectif est d’avoir une agriculture
                         « moderne » et suffisamment « productive » pour transformer le sénégal dans les 7 prochaines
                         années. Le financement prévu dans ce secteur est de 2 000 milliards de francs CFA (plus de 3
                         milliards d’euros).
                         pour Macky sall, le modèle économique mis en place par son prédécesseur, Abdoulaye Wade dont
                         il a été premier ministre d’avril 2004 à juin 2007, « n’est pas suffisamment productif » pour créer
                         les emplois et les richesses nécessaires au développement du pays. Au pouvoir depuis 2000, Abdou-
                         laye Wade avait mis en place un vaste programme économique basé sur la construction d’infra-
                         structures, le retour vers l’agriculture (rEVA). Il avait aussi lancé une Grande offensive pour
                         l’abondance de la nourriture et de l’agriculture (GOAnA) qui visait à assurer l’autosuffisance ali-
                         mentaire du pays.
                         Macky sall prévoit la création de 6 pôles de développement économique à travers le pays, et une
                         bourse de sécurité familiale de 100 000 francs CFA (152,44 euros) par an qui apportera un com-
                         plément financier aux mères des familles les plus défavorisées. Quelque 250 000 familles, au
                         moins, sont concernées par ce programme.                                                        (IC)



 Environnement


La gestion de l’eau, une des clefs
pour lutter contre la faim
La gestion de l’eau en agriculture devra être au cœur des discussions du sommet de la Terre Rio+20, a
demandé ban Ki Moon, le secrétaire général de l’OnU, à l’occasion de la journée mondiale de l’eau le 22 mars.

                                   I NOuS n’utilisons pas l’eau de façon plus avisée dans l’agriculture, nous ne serons pas


                         «s        en mesure d’éliminer la faim et nous ouvrirons la porte à toute une série d’autres maux,
                                   notamment la sécheresse, la famine et l’instabilité politique », a prévenu le secrétaire
                         général de l’OnU, Ban Ki Moon, à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau 2012, le 22 mars.
                         Cette année, la journée était organisée par la FAO (Organisation des nations unies pour l’agri-
                         culture et l’alimentation) sur le thème : « L’eau et la sécurité alimentaire ». « Au prochain Som-
                         met de la terre Rio+20 (du 20 au 22 juin 2012 à Rio de Janeiro, NDLR), la communauté inter-
                         nationale devra faire les liens entre la sécurité hydrique et la sécurité alimentaire et nutritionnelle
                         dans le cadre d’une économie verte », a insisté Ban Ki Moon.
                         « Si, depuis le premier sommet de la terre à Rio, de nombreux pays ont fait de grands pas en
                         avant dans la gestion de leurs ressources hydriques, il reste encore beaucoup à accomplir », a
                         estimé le directeur général de la FAO José Graziano da silva. selon la FAO, les principales prio-
                         rités pour les années à venir seront de renforcer la résilience des agriculteurs contre le change-
                         ment climatique, d’améliorer la gouvernance de l’eau, et créer des institutions en mesure d’amé-
                         liorer la gestion nationale et régionale de l’eau. On estime que l’agriculture est responsable de
                         70% de tous les prélèvements mondiaux d’eau douce et d’eaux souterraines.                          (AG)


En bREF

Etiquetage : les États-Unis en appel à l’OMC
                         Les États-Unis font appel du jugement de l’OMC qui met en cause leur loi sur l’étiquetage de la
                         viande (1). Attaquée par le Canada et le Mexique et connue sous la dénomination de COOL, cette
                         législation impose la mention du pays d’origine sur la viande vendue sur le marché américain.

Reproduction interdite                                                     Lundi 2 avril 2012 – N° 3344 – AGRA Presse Hebdo   21
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  • 1. L’agence d’information agro-économique – Paris-Bruxelles - www.agrapresse.fr Semaine du 2 avril 2012 – N° 3344 PRESSE HEBDO Présidentielle Déclarations Pac Simplifications Les candidats planchent en 2012 La campagne est ouverte du 1er avril au 15 mai devant la FNSEA et la déclaration sera Pas moins de sept candidats à l’élection présidentielle se sont présentés à plus simple Montpellier le 29 mars au matin devant quelque 1 500 personnes à l’issue du que l’an dernier. p. 15 congrès de la FNSEA. Un événement organisé par 22 organisations profes- sionnelles de l’agriculture mais en fait orchestré par la fédération des syndi- cats d’exploitants. Ce fut l’occasion, pour les candidats à l’élection des 22 avril Schmallenberg et 6 mai de valoriser la place de l’agriculture dans la société et leur program- La Russie me, soulignant l’urgence d’une amélioration de la compétitivité, voulant récon- cilier l’agriculture et l’environnement tout en prônant le développement de lèverait son toutes les formes d’agriculture. Une matinée consensuelle, chacun apportant, embargo si ce n’est une partition différente, une tonalité plus personnelle. Seule Marine Certaines origines en Le Pen choisit de jeter un pavé dans la mare en s’en prenant nommément à matière d’exportation la FNSEA et à son président, Xavier Beulin, lui reprochant de défendre les OGM. d’animaux vivants pourraient être ’un se plaisait à rappeler son passé d’agriculteur (François Bayrou), l’autre épargnées. Ovins p. 17 L mettait en garde contre la démagogie de ses adversaires (nicolas Dupont- Aignan) sans s’en priver pour autant, l’une jouait carrément la provocation (Marine Le Pen) tandis qu’un quatrième candidat insistait sur les maléfices de la Les prix finance folle ou les promesses de l’agroéquipement (Jacques Cheminade). Eva Joly assurait que les différences de point de vue entre son mouvement écologiste et les soutenus par agriculteurs n’étaient pas si grandes ; nicolas Sarkozy parlait autant comme pré- le manque sident actuel, annonçant un décret très attendu tout en disant que l’Europe « ne peut pas continuer comme ça » ; François Hollande annonçait des grands chan- Le manque d’offre au tiers agricoles de sa présidence désirée, tels celui des coûts de production, de la niveau mondial soutien les prix des ovins. p. 26 gestion de l’eau, des coûts énergétiques ou encore de la création du statut d’un groupement d’intérêt économique et environnemental. Telle fut la matinée à laquelle assistèrent pas moins de 1 500 personnes, dans le Centre grand Corum de Montpellier par un beau soleil printanier, quasi estival. 1 500 per- Après le gel, sonnes plutôt attentives, surtout face aux deux leaders des sondages, mais ne dédai- gnant pas les candidats plus modestes. une assemblée composée de congressistes la sécheresse de la FnSEA réunis la veille auxquels s’étaient joints des dizaines d’invités des 22 Dans le Centre comme organisations (1) hôtes de l’événement. dans d’autres régions, « Sur la question de la compétitivité, on reste sur notre faim », affirmait le prési- le risque de sécheresse dent de la FnSEA Xavier Beulin, remarquant que la question embarrassait la plu- est de plus en plus part des candidats, notamment lorsqu’il s’agit de traiter des charges sociales. Le probable. p. 32 président de la centrale syndicale de remarquer néanmoins une légère avancée de nicolas Sarkozy, celui-ci affirmant que si l’union européenne ne censurait pas une mesure sectorielle, l’allégement des charges d’employeurs sur les salariés perma-
  • 2. événement SOMMAIRE L’éVéNeMeNt 1 Viticulture : le marché mondial du vin Présidentielle : les candidats donne des signes de reprise 31 planchent devant la FNSeA Climatologie : en région Centre, après le gel, la sécheresse pointe 32 LeADerS 11 Fruits et légumes : la Saf veut améliorer les relations dans la filière fruits et légumes 33 LeS PoLitiqueS 12 Marché du sucre - Sucre : la production mondiale n Politiques agricoles européennes attendue entre 173 et 177Mt en 2011-2012 34 Cadre financier 2014-2020 : la réforme Bois : La FNB (bois) prône des accords de la Pac suspendue à un compromis de réciprocité, notamment avec la Chine 35 sur le budget européen 12 n Agrofournitures réforme de la Pac : Dacian Ciolos Sûreté sanitaire : les discussions sur la exprime sa différence 13 réintroduction des farines animales avancent 37 traité de Lisbonne : entrée en vigueur de l’initiative citoyenne européenne 14 AgriCuLture & SoCiété 39 Déclarations Pac 2012 : une simplification n Entreprises & distribution des déclarations Pac en ligne en 2012 15 Promotion des produits agricoles : Bruxelles n Monde veut améliorer les programmes européens Schmallenberg : la russie pourrait lever en partie de promotion 39 son embargo sur les animaux vivants 17 n Environnement Cycle de Doha : les négociateurs agricoles de l’oMC union européenne : les eurodéputés veulent cherchent à sortir de l’impasse 18 que la Pac préserve la biodiversité 41 Sécurité alimentaire : aide de l’ue et appel de la FAo epandages aériens : les règles en matière pour l’Afrique 18 d’épandage aérien changent, Sénégal : le programme économique du nouveau la polémique demeure 42 président Macky Sall 20 n Santé animale 47 environnement : la gestion de l’eau, une des clefs Bien-être animal : le Parlement européen demande pour lutter contre la faim 21 de limiter le temps de transport 44 n Organisations professionnelles agricoles n OGM Syndicats : le procès des cotisations syndicales Mon 810 : dépôt d’un recours contre l’interdiction débutera le 2 juillet à toulouse 22 du maïs Mon 810 en France 45 LeS ProDuCtioNS 24 n Nouvelles valorisations n Productions animales innovation : création d’une plateforme pour la valorisation des protéines végétales 46 Produits laitiers : Danone crée un centre de formation en russie pour les éleveurs laitiers 24 recherche variétale : améliorer le miscanthus et le sorgho pour produire des agro-matériaux 47 Jeunes bovins : la Confédération paysanne dénonce les modalités de l’aide à l’engraissement 25 n Recherche & formation ovins : le prix des ovins soutenu par le manque Publication scientifique : mortalité des abeilles : de disponibilité mondiale 26 deux études mettent en cause les insecticides 48 n Sécurité alimentaire 49 Volailles : belle progression des ventes françaises pour le foie gras en 2011 27 tABLeAux De BorD 50 n Productions végétales Vin : La Commission « prête à discuter » AgeNDA 52 des droits de plantation, mais... 29 2 AGRA Presse Hebdo – N° 3344 – Lundi 2 avril 2012 Reproduction interdite
  • 3. événement Á Présidentielle : les candidats planchent devant la FNSEA edito nents pourrait être étendu aux exploitants eux-mêmes. Autre engagement du président de la République, l’accord, via un décret qui devrait paraître bien- En phase ou non tôt, pour la possibilité de créer des retenues collinaires sans demande d’au- torisation en deçà de 350 000 m3 d’eau. un dossier très sensible en cette qu’est-ce qui est important pour une catégorie socioprofessionnelle période de sécheresse annoncée, largement évoqué par le congrès de la veille comme les agriculteurs, dans leur et abordé par la quasi totalité des candidats à l’élection présidentielle. relation avec un président de la répu- De fait, la question de l’environnement fut bien souvent au centre des pres- blique ou celui qui aspire à l’être ? tations, chacun, ou presque voulant arrondir les angles d’un sujet chatouilleux que ce président soit « en phase » pour les agriculteurs français. Eva Joly promit qu’elle s’opposait à une « éco- avec les membres de cette catégo- logie punitive » tout en se disant convaincue que « la France n’abuse pas du rie. que ce candidat comprenne devant qui il se trouve. La rencontre principe de précaution ». De quoi soulever des murmures réprobateurs, bien de sept candidats à la présidentielle en deçà des protestations vigoureuses quelques moments avant, contre les avec la FNSeA le 29 mars est inté- provocations de Marine Le Pen. Celle-ci n’avait pas hésité, choisissant la fin ressante à ce titre. elle a montré, par de sa prestation, à s’en prendre nommément à Xavier Beulin. Lui reprochant exemple, que Marine Le Pen n’était d’agir autant comme patron de Sofiprotéol que comme président de la FnSEA, justement pas vraiment en phase elle l’accusait de défendre l’introduction des OGM « dont les Français ne avec la sensibilité de son audience. Pas parce qu’elle a attaqué de front veulent pas », soutenait-elle. « Je n’ai aucune leçon à recevoir de Mme Le xavier Beulin, défendu assez natu- Pen », lui rétorquait Xavier Beulin, regrettant l’utilisation « d’amalgames rellement par ses confrères. on peut comme effet de tribune ». être en phase et faire de la provoc ‘. Au demeurant, la question des ogM (1) Accompagnement Stratégie - Comité de liaison des centres et associations de gestion partenaires; n’était pas le bon prétexte. Association générale des entreprises vinicoles ; Conseil national du réseau CER France ; Conseil Ce qui montrait qu’elle n’avait pas nationale de l’enseignement privé ; Confédération de la Mutualité, de la Coopération et du Crédit bien compris le public, c’était plutôt agricoles ; Groupama ; Mutualité sociale agricole ; Fédération nationale du Crédit agricole ; Coop de les attaques si outrées contre l’in- France ; Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France ; Fédération du négoce agricole dustrie agroalimentaire. en évoquant la « bibine Listel », Marine Le Pen ; Fédération nationale des courses françaises ; Fédération nationale des entrepreneurs des territoires oubliait que devant elle se trouvaient ; Fédération nationale des métiers de la jardinerie ; Fédération nationale des syndicats d’exploitants justement des agriculteurs pour qui agricoles ; Groupement national interprofessionnel des semences et plants ; Jeunes agriculteurs ; il n’est pas dégradant de fournir le union des industriels de l’agroéquipement ; union des industries de la fertilisation ; union des indus- rosé de Listel. Des syndicalistes pour tries de la protection des plantes ; union nationale des entrepreneurs du paysage ; union nationale qui l’agroalimentaire peut être ponc- des Maisons familiales rurales d’éducation et d’orientation. tuellement un adversaire mais qui sentent que ces entreprises sont plu- tôt, sur le long terme, des alliées. Au fond, eva Joly, ce jour-là, qui n’a sans doute que 1% d’électeurs chez les paysans, était peut-être moins à côté de la plaque que Marine Le Pen qui en compterait 17%. egalement déphasé, François Bayrou, lorsqu’il tenta de faire vibrer une corde sen- sible, évoquant « l’agriculteur qui, en bout de champ, ne trouve pas de voi- sin à qui parler ». on ne s’adresse pas à un rassemblement de repré- sentants syndicaux comme on s’adresse au grand public. Ces repré- sentants demandaient moins de l’émotion que des motions, des enga- gements d’un homme qui prétend diriger le pays. Hervé Plagnol, rédacteur en chef Reproduction interdite Lundi 2 avril 2012 – N° 3344 – AGRA Presse Hebdo 3
  • 4. événement Á Présidentielle : les candidats planchent devant la FNSEA François Bayrou : pour des prix les plus vrais possible i on me pousse un peu je dirais que je suis pour une politique de prix les plus vrais pos- «S sible », annonce François Bayrou à plusieurs reprises. n’hésitant pas à jouer sur l’émotion de l’exploitant agricole qu’il est, le candidat centriste livrait plus un plaidoyer sur sa sensibilité agricole qu’un programme en tant que tel. Pour lui, l’agriculteur est protecteur et entrepreneur. Protecteur de l’environnement et à ce titre doit pouvoir maîtriser sa ressource en eau alors que « nous allons vers des crises pluviométriques plus importantes ». L’agriculteur entrepreneur, lui, doit voir se réduire la paperasse et les contrôles « qui sont là pour aider et pas pour bloquer ». Et François Bayrou de plaider pour une stabilisation des normes et la défense de l’organisation des producteurs. Quant aux aides Pac, il s’agit moins de subventions que de compensations pour des prix bas. C’est bien pour cela qu’il faut maintenir une régulation des marchés (on a abandonné les quotas laitiers à tort mais il ne faut surtout pas abandonner les droits de plantation viticoles), tandis « qu’il ne faut pas céder un millimètre de terrain sur le budget agricole européen ». Enfin, la fiscalité agricole « est à remettre à plat mais pas sous la pression. C’est à vous de faire des pro- positions », lance François Bayrou aux agriculteurs. Jacques Cheminade : « pas de spéculation sur ce qu’on mange » ACQuES Cheminade distingue deux types d’agriculture, l’une à forte intensité capitalistique, J exportatrice, et l’autre à circuits courts, biologique, raisonnée. Pour lui, il faut rejeter l’affir- mation selon laquelle la mise en concurrence de l’agriculture européenne est souhaitable. Et de souhaiter que l’on revienne à une politique européenne des biotechnologies, sous contrôle public, depuis la recherche jusqu’aux applications. Et le candidat « anti-finance folle » de stigmatiser les grandes banques, souhaitant mettre fin à « la spéculation sur ce qu’on mange » et demandant la séparation entre les banques de financement et les banques de détail. Mais Jacques Cheminade insiste aussi sur les promesses technologiques de l’agroéquipement, rappelant le lien entre des industries de pointe comme le spatial et les retombées pour les agriculteurs et leurs machines sou- vent plus en avance que les voitures elles-mêmes. nIcolas Dupont-Aignan : « la politique agricole détricotée » TiGMATiSAnT « la démagogie » de ses concurrents, nicolas Dupont-Aignan promet que s’il est S élu, il fera tout pour instaurer des prix rémunérateurs pour les agriculteurs. Pour le candidat souverainiste, tout le mal vient du « détricotage systématique » de la Pac, notamment depuis le « malheureux élargissement » de l’Europe aux pays de l’Est. Sous De Gaulle, qui n’hésitait pas à utiliser la politique de la chaise vide, la Pac avait été négociée de manière favorable aux intérêts de la France. Tout cela a disparu au fil des traités européens, dit-il. Et de condamner « la contrac- tualisation qui est un mensonge organisé », brandissant le contrat proposé par Lactalis à ses pro- ducteurs de lait. « Contrat de la honte, contrat de servage », dit-il, évoquant ensuite ces indus- triels « qui iront chercher du lait en Roumanie ». Avec ces pays de l’Est, on ne s’en sortira qu’en instaurant des montants compensatoires, prévoit nicolas Dupont-Aignan. 4 AGRA Presse Hebdo – N° 3344 – Lundi 2 avril 2012 Reproduction interdite
  • 5. événement Á Présidentielle : les candidats planchent devant la FNSEA François Hollande : « installer et installer des agriculteurs » ouS devons installer et installer des agriculteurs », martèle François Hollande. Suivant pré- «N cisément la trame proposée par ses hôtes, le candidat favori des sondages du 2e tour prend l’occasion d’annoncer les chantiers à ouvrir s’il est élu. C’est d’abord relever le défi alimentaire de la planète en maintenant encore des organisations communes de marché dans le cadre euro- péen. « il ne faut pas se résigner à ce que les marchés imposent leurs règles », dit-il. Concernant les problèmes de sécheresse il faut dès maintenant une politique de long terme sur la ressource, de même qu’une politique de diversification des sources d’énergie. ce qui signifie aussi des mar- chés nouveaux pour l’agriculture. Des politiques à mener sur un, voire deux quinquennats, explique- t-il, déclenchant les sourires de l’assemblée. Et de proposer un nouveau statut pour les exploita- tions, le Groupement d’intérêt économique et environnemental, bénéficiant d’une fiscalité incitative et d’accompagnements des institutions publiques. François Hollande annonce aussi vouloir por- ter à 40% la part des produits locaux dans la restauration publique. Surtout, concernant la com- pétitivité, il estime qu’il y a bel et bien un problème de charges excessives pour les employeurs mais que la solution n’est pas un report de cette charge sur le consommateur. « Toute source de financement doit être considérée », insiste-t-il, persuadé qu’il faut « engager une réforme du mode de financement des prestations sociales ». Mais cela n’exclut pas une négociation européenne des- tinée à une harmonisation sociale. François Hollande prône aussi une démarche de filière qui passe par des contrats collectifs entre agriculteurs et industriels. Contrats qui permettent une pré- visibilité des prix et des quantités. « Je crois, moi, aux corps intermédiaires », assure-t-il. Et d’in- diquer que la création d’emplois dans l’enseignement qu’il a annoncé concerne aussi l’enseigne- ment agricole, tout l’enseignement agricole, insiste-t-il faisant allusion au public et au privé. marine Le Pen : « le libre échange est vecteur de chaos » ne prendrai pas un centime aux salariés », clamait Marine Le Pen évoquant la réduction «J e des charges sociales sur les salariés de manière à alléger les coûts du travail. C’est une Marine Le Pen volontiers provocatrice qui s’est adressée aux agriculteurs, allant jusqu’à accuser Xavier Beulin de confondre son rôle de patron de Sofiprotéol et président de la FnSEA en défendant les OGM. « Mme Le Pen n’a aucune leçon à me donner », répondait celui-ci, conscient que l’offensive de la présidente du Front national était clairement murie et préméditée. Marine Le Pen se livrait également à une critique en règle des entreprises agroalimentaires et de la grande distribution, évo- quant la « bibine de Listel » ce qui ne manquait pas de susciter de vives réactions de l’audience, mani- festement pas d’accord sur cette vision. « Pas question de brader les AoC », affirmait-elle, évoquant un « collectivisme ultralibéral » et encore ce « machin ultralibéral » que constituerait la réforme de la Pac. « Aux entreprises agroalimentaires, je demanderai des comptes », prévenait-elle. nicolas Sarkozy : « les agriculteurs ne sont pas des jardiniers » RéSiDEnT de la République sortant, nicolas Sarkozy pouvait à la fois faire campagne comme P candidat et annoncer quelques bonnes nouvelles pour les agriculteurs « qui sont des entre- Reproduction interdite Lundi 2 avril 2012 – N° 3344 – AGRA Presse Hebdo 5
  • 6. événement Á Présidentielle : les candidats planchent devant la FNSEA preneurs, pas des jardiniers ». Ainsi, il affirmait avoir donné son feu vert à la possibilité de créer des retenues collinaires sans demande d’autorisation dans le cas où elles représentent moins de 350 000 m3 d’eau. Faisant l’éloge de la Pac, il rappelait ses deux exigences face à l’Europe : d’une part la mise en place d’une véritable politique de gestion de l’espace Schengen (libre-circulation des personnes) ; d’autre part, la possibilité de réserver une proportion des approvisionnements en cantines publiques à des produits d’origine locale. « L’europe ne peut plus continuer comme cela », affirmait le président-candidat. Si elle ne fait rien d’ici un an, « nous le ferons nous-mêmes », affirme nicolas Sarkozy. Critiquant l’ouverture sans contrôle des frontières, il demandait : alors que les éleveurs européens respectent la traçabilité et le bien-être animal, « pourquoi faire venir de la viande de pays où le terme de traçabilité n’existe même pas et où les règles de bien-être ani- mal sont inexistantes ? » nicolas Sarkozy se félicitait d’avoir obtenu un accord pour le maintien en euros courants du budget de la Pac de même que d’avoir fait prendre des mesures (TVA emploi notamment) pour alléger les charges salariales des exploitants. Et de promettre : « Si la Com- mission européenne dit que ce n’est pas une mesure sectorielle, nous étendrons l’allègement des cotisations sociales aux exploitants non salariés ». Et de conclure par une pique à l’encontre du candidat socialiste : « Ce n’est pas nous qui voulons travailler avec les Verts ! » eva Joly : « le développement durable implique un changement de modèle » « clash » semblait devoir venir de la confrontation entre les représentants agricoles et Eva L E Joly, la candidate d’Europe-Ecologie-Les Verts. il n’en a rien été et la candidate a laissé le rôle de provocatrice à Marine Le Pen. Eva Joly a été au contraire plutôt consensuelle, justifiant tout au plus le principe de précaution et s’affirmant radicalemenrt contre les OGM, non sans provo- quer quelques murmures. Quelques murmures appuyés aussi lorsqu’elle évoqua, ironie ou incons- cience (?) être conseillée par les agriculteurs que sont René Louailhe et José Bové, oubliant qu’elle citait là deux ex-adversaires syndicalistes de la Confédération paysanne. Eva Joly s’efforçait néan- moins de « montrer nos convergences, évoquant « la bataille qualitative qui doit être gagnée après que la bataille quantitative eut été remportée ». Plus tranchée était sa position concernant la voca- tion exportatrice de l’Europe, la candidate estimant que l’uE n’avait pas vocation à nourrir le monde et citant à ce sujet, Luc Guyau, ce qui rendait dubitatifs les congressistes. 6 AGRA Presse Hebdo – N° 3344 – Lundi 2 avril 2012 Reproduction interdite
  • 7. événement Á Présidentielle : les candidats planchent devant la FNSEA Congrès de la FNSEA Une Europe omniprésente en attendant le futur président Précédant le grand oral des candidats à l’Elysée, le congrès de la FNSEA qui s’est déroulé les 27 et 28 mars à Montpellier aura surtout été dominé par les interventions du président Xavier Beulin et du commissaire européen à l’Agriculture, Dacian Ciolos. Points phares : le budget de la Pac, la relation tumultueuse « agri- culture/environnement » et le gel. i « globalement, quand même, l’ambiance sur le terrain est nettement meilleure qu’il y a un S an, parce que dans la plupart des productions, la situation s’est améliorée », c’est du « déclin » de l’agriculture dont a parlé, le 28 mars, le président de la FnSEA, et de « barre à redres- ser », devant le commissaire européen à l’Agriculture, Dacian Ciolos, convié à un échange avec les agriculteurs en fin d’après-midi. Première inquiétude pointée par Xavier Beulin : le budget de la future Pac. « Les Anglais demandent une ristourne sur leur contribution qui n’est toujours pas traitée » et les Allemands montrent des signes « inquiétants ». « Je veux parler des élections en Sarre allemande, le week-end dernier, où Angela Merkel a perdu sa majorité – ce qui va l’obliger sans doute à recomposer sa gouvernance », a-t-il auguré. Le président de la FnSEA craint une position allemande « extrêmement rigide » non pas en matière budgétaire, mais « sur l’incapacité à prendre une décision sur la fin de l’année ». Pac : « Rien n’est gagné » Pour le commissaire européen, l’incertitude vient du Conseil et du Parlement européens qui auront à se prononcer sur la proposition budgétaire faite par le collège des commissaires européens. Le consensus autour de ce budget préconisé, « aussi consistant que possible au regard des restric- tions budgétaires », fut déjà difficile à trouver, a rappelé Dacian Ciolos. En clair, « rien n’est gagné jusqu’à la décision finale ». « Les discussions entre les ministres des Finances sont en cours. ensuite, le Parlement européen devra s’exprimer par un vote sur le budget global ». C’est seule- ment à ce moment-là qu’un travail significatif pourra  être engagé sur le contenu de la Pac. « Cela nous fait craindre que l’échéance du 1er janvier 2014 ait beaucoup de difficultés à être tenue », s’est inquiété Xavier Beulin. Marché et durabilité : des approches « complémentaires » « Produire pour le marché ne va pas à l’encontre de la bonne gestion des ressources naturelles », a poursuivi Dacian Ciolos, interpellé par un agriculteur sur l’incompatibilité des approches « mar- ché » et « durabilité ». « on doit concilier une bonne fois pour toute ces deux approches » au sein de la Pac, a-t-il insisté. Et de faire la lumière sur les 7% de zones d’intérêt écologiques, dénoncés par les agriculteurs comme une nouvelle pression foncière. « Je souhaite souligner qu’il ne s’agit pas de jachère. on n’a jamais dit qu’il s’agissait de sortir 7% des terres arables de la production pour les faire en jachère écologique ». il existe d’autres types de surfaces que des terres arables, a-t-il précisé. La Commission clarifiera dans les semaines qui viennent la question. Et quand bien même, a poussé jusqu’aux sifflets le commissaire européen, « la jachère obligatoire a existé jus- qu’en 2008, sur quelques millions d’hectares. or d’après nos statistiques, on a toujours 4,5 mil- Reproduction interdite Lundi 2 avril 2012 – N° 3344 – AGRA Presse Hebdo 7
  • 8. événement Á Présidentielle : les candidats planchent devant la FNSEA Le syndicalisme agricole investit les comités L orSdu huis clos qui a débuté le congrès, le 27 mars, xavier Beulin a fait part de nombreuses interpellations en matière Autre point positif : « Nous commençons à être entendus sur la difficile question du stockage de l’eau. Un décret devrait être publié dans les jours d’environnement. L’occasion rare pour lui de se qui viennent – fixant un seuil à 350 000 m3, en réjouir de points positifs en la matière. À l’initiative deçà duquel il n’y aurait pas besoin d’autorisation du Premier ministre, « dix-huit régions ont en effet pour pouvoir  investir dans une réserve d’eau déjà rencontré leur préfet, leur Dreal et leur Draaf qu’elle soit collinaire ou artificielle ». et d’ajouter : pour faire un point de situation sur l’ensemble des « Ça n’est pas un propos politique, mais je le dis au mesures qui concernent la relation passage, si le Premier ministre ne s’était pas investi agriculture/environnement ». or, ces rencontres ont lui-même, je pense que l’on serait toujours à la case abouti à une présence plus significative du départ, c’est-à-dire un beau discours signé de syndicalisme agricole dans les comités régionaux, Nicolas Sarkozy en juillet dernier, mais rien locaux etc., « là où sont prises grand nombre de derrière ». décisions importantes concernant l’agriculture ». lions d’hectares en jachère jusqu’en 2008, qui ne sont toujours pas cultivés ». Selon le commis- saire européen, la solution pour une meilleure compatibilité « agriculture/environnement » doit surtout passer par une simplification réglementaire. Et de renvoyer la balle au niveau national : « Comment peut-on expliquer que la même norme européenne puisse représenter dans un État membre, un formulaire d’une demie page et la même norme dans un autre État membre, 5, 10, voire 15 pages ». Pour mettre fin à ces excès, la Commission européenne étudie un dispositif de valorisation des états modèles. Xavier Beulin a préconisé une autre valorisation, la reconnais- sance des efforts des agriculteurs en matière d’écologie. « Nous voulons sortir d’une écologie puni- tive et dogmatique pour une écologique responsable, raisonnée. il faut aussi que l’on arrête de demander beaucoup à l’agriculture ». Situation climatique inquiétante Parmi les autres questions fortes revenues lors du congrès, la situation climatique a suscité beau- coup de réactions, en particulier le gel climatique survenu en février et en mars dans « les régions Lorraine, un bout de la Champagne-Ardenne, une partie de la Bourgogne et une partie du Centre », a précisé Xavier Beulin. un phénomène qui laisse déjà des traces : « Plusieurs centaines de mil- liers d’hectares ont dû être ressemés et d’autres vont changer de destination ». « Comment va s’appliquer la Pac sur ces surfaces ?, a interrogé le président de la FnSEA, quelles mesures envi- ronnementales? Rotationnelles ? Quels contrôles ? ». Pour les agriculteurs touchés, il s’agit en effet de faire reconnaître dans un premier temps leur situation. Mais un cas pose problème, « c’est celui des parcelles qui ne sont pas détruites à 100% » – « ce sont des grands ronds où il n’y a plus rien, mais qui ne justifient pas d’être retournés ». Comment vont-ils être interprétés par les contrôles le plus souvent satellitaires aujourd’hui ?, a interrogé Xavier Beulin. Autre questionnement sur ce même sujet autour des mesures agro-environementales (MAE) : « Des cas de force majeure sont prévus dans le règlement – ce que nous allons bien évidemment faire valoir. Mais il faut que derrière, cela permette à l’agriculteur de ressemer autre chose. Des points d’aménagements seront nécessaires ». Le président a annoncé qu’il se rendrait dans les jours qui viennent dans ces régions pour établir un point plus précis de la situation. Le congrès fut aussi l’occasion pour lui d’évo- quer le déficit pluviométrique « évident dans la plupart des régions de France » qui sévit en par- ticulier sur le grand Ouest, sur une partie du Centre et une partie du sud de la France. La cellule sécheresse a été activée, a-t-il annoncé. Les perspectives : la réforme de la fiscalité ? Lors de son dernier congrès à Saint Malo, la FnSEA avait pris l’engagement de trouver des moyens pouvant permettre de sécuriser les systèmes agricoles face à la volatilité des cours et au désen- 8 AGRA Presse Hebdo – N° 3344 – Lundi 2 avril 2012 Reproduction interdite
  • 9. événement Á Présidentielle : les candidats planchent devant la FNSEA gagement des pouvoirs publics sur la gestion des crises. C’est du côté de la fiscalité, abordée au cours d’une table ronde, le 28 mars, que la solution est actuellement pressentie. « une fiscalité différenciée pour celui qui transmet et celui qui s’installe », concourrait, selon le sénateur socia- liste Didier Guillaume, à notamment améliorer la succession. « L’agriculture française est l’une des plus performantes en europe, mais pas la plus compétitive, ça renvoie le débat à la fiscalité appliquée en France », a de son côté pointé l’eurodéputé uMP Michel Dantin, avant de rappeler le bémol à une éventuelle réforme : la fiscalité est plus élevée en France, aussi parce qu’on attend beaucoup du pouvoir. (RA) Réseaux sociaux Sur Twitter, un « a-geek-culteur » « rend l’agriculture accessible » Adepte convaincu de Twitter, il poste aussi chaque semaine un billet sur son blog et envisage par ailleurs de créer un réseau professionnel dédié au monde agricole. Hervé Pillaud, éleveur en Vendée et secrétaire géné- rale de la FDSEA85, s’est engagé sur la voie du 2.0 depuis plus d’un an  : les 27 et 28 mars, il a « live twee- té » le congrès de la FNSEA. Pour quelle raison vous êtes-vous lancé sur Twitter? En plus d’être secrétaire général de la FDSEA85, je m’investis dans le suivi depuis près de cinq ans, de l’évolution du contenu d’un journal qui s’appelle La Vendée agricole. C’est le directeur de la rédaction qui est également le directeur de la FDSEA85 qui m’a dit l’an dernier : « il faut que tu t’engages sur Twitter, voir ce que ça donne, ce qu’est un réseau... ». Donc, au départ, j’ai simplement essayé Twitter. Et là où je me suis pris particulièrement au jeu, c’est en juin dernier, lors du G120 : j’ai eu le privilège d’y participer et c’est à cette occasion que j’ai fait du live tweet (qui signifie faire vivre l’évènement en direct via Twitter). Depuis, j’ai toujours continué. ... Jusqu’à suivre et commenter le congrès de la FNSEA sur Twitter, les 27 et 28 mars. Quel est l’intérêt d’une telle démarche ? Ces informations intéressent autant les personnes du monde agricole que celles extérieures à ce monde. C’est l’avantage de Twitter : vous pouvez à la fois rendre l’agriculture accessible à ceux qui la connaissent mal, voire pas du tout, et informer ceux qui la connaissent déjà. Concernant le congrès, les agriculteurs ont bien souvent envie de savoir ce qui s’y dit ... des agriculteurs fran- çais mais aussi canadiens avec qui je suis entré en contact via Twitter. C’est l’autre avantage : le réseau ne connaît pas de frontière. Est-ce à dire que de nombreux agriculteurs utilisent Twitter? Pour le moment, il y a peu d’agriculteurs, mais beaucoup sont équipés de smartphones qui est l’outil privilégié pour tweeter. Je suis persuadé que nombreux vont y venir. Pour le moment, ils ont surtout des comptes sur Facebook. Mais ça n’a rien à voir avec Twitter : le premier se fait à titre privé, le second est en général professionnel, c’est un relais qui peut permettre en plus de se tenir informés, de sortir de l’isolement. Et ça, c’est très important, notamment pour les agricul- teurs. Reproduction interdite Lundi 2 avril 2012 – N° 3344 – AGRA Presse Hebdo 9
  • 10. événement Á Présidentielle : les candidats planchent devant la FNSEA Quel type d’informations tweetez-vous ? Des informations qui relèvent surtout de l’agriculture. J’ai par exemple com- menté sur Twitter l’un des concours du Salon international de l’agriculture. J’ai aussi envoyé des photos de cet évènement, comme pour le congrès de la FnSEA... Je diffuse souvent des informations syndicales, je transmets par- fois des articles que j’ai pu trouver intéressants...mais je peux aussi échan- ger sur le temps qu’il fait. il y a quelques jours, j’ai pris une photo de mes vaches dans ma prairie, simplement parce que je trouvais cela beau. Et c’est drôle, mais c’est une photo qui a beaucoup circulé. Estimez-vous que Twitter peut amener quelque chose à l’agriculture? À la FnSEA, mais ailleurs aussi, on travaille beaucoup sur le fond. Et ce tra- vail a parfois du mal à être diffusé. il y a tellement de données qui restent dans les placards... Or pour moi, l’outil le plus efficace – pour transmettre cette information –, c’est bien Twitter. Donc, oui, cela peut permettre d’écouler de l’information. En 140 mots maximum pour chaque message, vous êtes ainsi susceptible de diffuser tout ce que vous souhaitez. Vous êtes-vous fixé des règles ? Oui, je m’impose des règles déontologiques par rapport à mon propre syndicat. Par exemple, je ne retweete pas les messages des autres syndicats par exemple. C’est le cas pour d’autres comptes pour d’autres raisons. Pour autant, si je ne les retweete pas, je les suis, ce qui me permet de me tenir au courant. Par ailleurs, je suis d’une nature aussi impulsive, aussi je fais très attention à ne pas balancer des choses sous le coup de la colère. Autre règle : quand un évènement est en huis clos, je ne tweete pas là non plus. il est hors de question de divulguer les huis clos via les réseaux. Vous tenez aussi un blog ? Depuis combien de temps ? Est-ce un complément à Twitter ? Mon blog est fonctionnel depuis un an. Le cheminement est le même, ça a été au début pour essayer et puis je me suis pris au jeu. J’écris depuis longtemps des billets dans la Vendée agricole, maintenant, je les fais aussi pour mon blog. Je m’oblige à en écrire un chaque dimanche matin. Le dernier en date parlait des sons que j’aime entendre. Mais globalement c’est un blog qui parle d’agriculture. Et je mentionne sur Twitter chacun de mes nouveaux billets publiés sur mon blog, avec un lien pour y accéder. Des professions ont mis en place des réseaux sociaux qui leur sont réservés. Cela existe-t-il en agriculture? Cela existe en effet, mais ça ne fonctionne pas très bien pour le moment. J’ai une idée dans ce domaine-là que j’aimerais beaucoup voir se mettre en place. Je participe en effet à l’association AEi (Agriculture écologiquement intensive). C’est quelque chose qui va demander beaucoup d’échanges entre les agriculteurs. Et, je suis partisan de l’ouverture la plus large possible... Les réseaux sociaux peuvent servir à cela. Selon moi, ça peut être possible. Vous semblez être un a-geek-culteur assidu... Quand trouvez-vous le temps de tweeter? Tout le temps et partout. Partout, sauf au volant... Mais sinon, je ne m’impose pas de restriction. D’au- tant que j’ai deux fils, et qu’il n’y a guère que ma femme qui ne soit pas geek à la maison. nous avons cinq ordinateurs fixes, trois portables et autant de smartphones que nous sommes, j’ai aussi une plaquette. C’est quelque chose qui non seulement m’intéresse, mais me plaît. Et c’est loin d’être une addiction à une forme de relations virtuelles... Je rencontre en effet – réellement – d’autres twee- tos qui aiment, comme moi, échanger et se tenir informés. PROPOS RECUEiLLiS PAR ROSANNE ARiES Pour suivre Hervé Pillaud sur Twitter : @Herve_Pillaud, et via son blog : www.hervepillaud.blogspot.com 10 AGRA Presse Hebdo – N° 3344 – Lundi 2 avril 2012 Reproduction interdite
  • 11. Leaders Départ de Jean-Marc Bournigal du ministère de l’Agriculture En direct de Bruxelles Jean-Marc Bournigal a été nommé président de l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agri- culture (Irstea), par décret du 23 mars, paru au J.O du 24 mars. Il quitte Echéance incertaine ainsi la direction du cabinet du ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire et est remplacé par son adjoint, Julien Steimer. A l’Irstea, Jean- La Pac nouvelle pourra-t-elle être Marc Bournigal remplace Roger Genet qui assure depuis le 7 mars la mise en œuvre début 2014 ? Jim Direction générale de la recherche et de l’innovation au sein du minis- Paice, ministre d’Etat britannique tère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur. chargé de l’agriculture et de l’envi- ronnement, en doute, estimant même Béatrice Dingli nommée à la direction de Vivea que cette échéance est « irréaliste » Béatrice Dingli remplacera, à partir du 1er avril 2012 Jean-Jacques Lous- et devra sans doute être repoussée souarn à la direction générale de Vivéa, le fonds d’assurance formation d’un an. A mi-chemin de la prési- du secteur agricole. Béatrice Dingli est directrice générale adjointe depuis dence danoise de l’Union, constate- décembre 2012 et, depuis 2008, déléguée régionale à la délégation Sud, t-il, les Vingt-sept en sont encore à qui couvre Aquitaine, Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon et l’île de parler de simplification, au lieu de la Réunion. Son prédécesseur, Jean-Jacques Loussouarn, part en retraite, progresser sur les volets les plus après 37 ans passés dans les secteurs de l’agriculture et de la forma- importants de la réforme. Or, il leur tion. faudrait conclure fin 2012 pour que la réglementation de l’après-2013 puisse être mise en place dans les temps. A la difficulté de la négocia- tion agricole proprement dite s’ajoute la complexité des marchandages sur le cadre financier 2014-2020 de l’UE dans lesquels les chefs d’État et de gouvernement doivent encore se lan- cer. Co-décisionnaire, le Parlement européen n’adoptera d’ailleurs pas sa position définitive sur la réforme de la Pac tant que les données bud- gétaires ne seront pas connues. « Pas d’argent, pas de vote », a ainsi résumé le député démocrate-chrétien alle- mand Peter Jahr. Quant au libéral bri- tannique George Lyon, il a souligné ironiquement que, faute d’accord sur les finances, il faudra s’en tenir au statu quo, c’est-à-dire aux chiffres de 2013 augmentés chaque année de l’inflation, ce qui, selon lui, serait même mieux pour la Pac que le cadre pluriannuel proposé par la Commis- sion européenne... De toute façon, il n’est pas sûr non plus que les parle- mentaires « agricoles » soient, sur le plan législatif, en mesure de pré- senter leur projet dans les temps. Agra Europe Reproduction interdite Lundi 2 avril 2012 – N° 3344 – AGRA Presse Hebdo 11
  • 12. Les politiques POLITIQUES AGRICOLES EUROPÉENNES Cadre financier 2014-2020 La réforme de la Pac suspendue à un compromis sur le budget européen Les ministres des affaires européennes des Vingt-sept ont commencé à s’attaquer au projet de cadre finan- cier 2014-2020 de l’UE, dont ils aborderont le volet agricole le 24 avril. L’objectif est de parvenir à boucler cette négociation à la fin de l’année. Tant que les chiffres définitifs du budget ne seront pas connus, le Parlement européen ne procédera pas au vote sur la réforme de la Pac. près un échange de vues sur d’autres chapitres le 26 mars, les ministres de l’UE chargés A des affaires européennes aborderont le 24 avril les volets agriculture (plafonds annuels des dépenses, redistribution des paiements directs, aide alimentaire aux plus démunis, etc.) et cohésion du cadre financier de l’Union proposé par la Commission de Bruxelles pour la période 2014-2020. À partir de la mi-mai, ils traiteront tous les éléments du dossier Les chefs d’État et de gouvernement en débattront lors de leur réunion des 28 et 29 juin, l’objectif étant de conclure les négociations à la fin de l’année. La question devait par ailleurs être examinée sans conclusion lors d’une rencontre informelle des ministres des finances les 30 et 31 mars à Copenhague. « Pas d’argent, pas de vote » Au parlement européen, la commission des budgets devrait préparer un rapport intérimaire sur le prochain cadre financier début octobre, parallèlement à des discussions informelles entre les représentants des députés et le Conseil des ministres. Les résultats de ces pourparlers seront régu- lièrement transmis, entre autres, à la commission parlementaire de l’agriculture. Cette dernière, en tout cas, considère que l’assemblée ne pourra voter sur la réforme de la pac qu’une fois qu’au- ront été agréés les chiffres définitifs du budget de l’UE pour 2014-2020 (1). « Pas d’argent, pas de vote », a ainsi résumé le démocrate-chrétien allemand peter Jahr. Faute d’accord budgétaire, l’UE s’en tiendra au statu quo, c’est-à-dire aux chiffres de 2013 augmentés chaque année de l’inflation, ce qui, selon le libéral britannique George Lyon, serait encore mieux pour la pac que le cadre financier tel qu’il est proposé par la Commission européenne... Opposition au Fonds d’ajustement à la mondialisation Lors de l’échange de vues du 26 mars des ministres des affaires européennes, une minorité – suède, Allemagne, royaume-Uni, république tchèque, slovaquie, pays-Bas, Estonie et Lettonie – s’est constituée contre le renouvellement du Fonds européen d’ajustement à la mondialisation pour 2014-2020, estimant que le rôle dévolu à celui-ci relève du niveau national et pas du niveau communautaire.Or, la Commission européenne propose qu’une enveloppe pouvant aller jusqu’à 2,8 milliards d’euros soit, dans le prochain cadre financier, réservée au sein de ce fonds à des mesures éventuelles pour l’agriculture. par ailleurs, plusieurs États membres – Italie, pologne, portugal, Hongrie, roumanie, république tchèque, slovaquie, slovénie, Lettonie, Bulgarie et Malte – ont demandé que, si la macro-conditionnalité (suspension des versements de l’UE en cas de non-respect des critères de discipline budgétaire au niveau national) est appliquée aux fonds structurels, de développement rural et pour la pêche, elle doit l’être à toutes les dépenses de l’UE couvertes par le cadre financier pluriannuel 2014-2020. (FXS) (1) Voir n° 3343 du 26/03/12 12 AGRA Presse Hebdo – N° 3344 – Lundi 2 avril 2012 Reproduction interdite
  • 13. Les politiques Réforme de la Pac Dacian Ciolos exprime sa différence « Le soutien financier pour l’agriculture doit inciter les agriculteurs à produire des biens publics. L’objectif n’est pas qu’en échange, ils soient abandonnés aux incertitudes insurmontables des marchés et de la nature », estime le commissaire européen à l’agriculture qui, prenant quelque distance par rapport à ses prédéces- seurs, regrette que « les vingt dernières années (aient) été marquées par un désengagement progressif des pouvoirs publics » et que « nous (ayons) renoncé à la plupart de nos prérogatives d’action sur les marchés ». ErtEs, le contexte économique et financier de l’époque « poussait à supprimer les mesures C inefficaces », mais « ce que l’on constate, c’est que nous n’avons pas mis en place de méca- nismes alternatifs », a déclaré Dacian Ciolos lors du 5e Forum pour le futur de l’agricul- ture, le 27 mars à Bruxelles. « Nous avons, avec les filets de sécurité, des traces des anciens outils, pas de véritables outils d’action pour anticiper, agir, donner les moyens aux agriculteurs de faire face à des crises de plus en plus nombreuses », a-t-il constaté, déplorant que « nous (ayons) laissé l’impression d’un désengagement, sans pour autant rendre la pac plus facile à comprendre ». « Pompiers avec un arrosoir » « Nous avons démantelé une certaine vision de la gestion encadrée des marchés. Il fallait le faire. Mais nous avons fait seulement la moitié du chemin », a estimé le commissaire européen, consta- tant que, « avec la politique agricole actuelle, nous sommes des pompiers qui travaillons avec un arrosoir ». « Nous devons repenser le rôle des pouvoirs publics, redonner de la consistance à nos outils, notamment aux paiements directs, et revoir la place des acteurs professionnels, notamment dans la gestion des marchés, a-t-il dit. Les professionnels doivent avoir les moyens de faire face aux marchés de façon durable ». « Nous devons également revoir nos règles de la concurrence pour les rendre cohérentes avec la réalité » du secteur agricole qui « n’est pas un secteur comme les autres », a ajouté Dacian Ciolos. « Il est du rôle des pouvoirs publics, avec une politique agricole et un budget public, de “réconci- lier” les attentes contradictoires des marchés et de la société », a-t-il conclu, avertissant que les pro- positions de la Commission pour la pac après 2013 ne sont « qu’un premier pas » et que « beau- coup de choses seront encore à faire après ou à côté de cette réforme ». « Encore beaucoup à faire », selon le commissaire... à l’environnement Au cours de ce Forum pour le futur de l’agriculture présidé par Franz Fischler, ancien commis- saire européen à l’agriculture, Janez potocnik, le commissaire à l’environnement, a affirmé que « l’agriculture européenne est en bonne voie pour établir des bases plus durables », mais qu’ « il reste encore beaucoup à faire avant que le travail ne soit terminé ». selon lui, « l’écologisation de la Pac représente l’approche logique – c’est ce que le public veut, c’est ce dont l’environnement a besoin et c’est ce qu’il faut aux agriculteurs pour assurer leur acti- vité sur le long terme ». pour sa part, John Atkin, du groupe syngenta, cofondateur du forum, a souligné que « l’approche excessivement prudente adoptée par l’Europe à l’égard des technolo- gies agricoles est inutile et constitue un obstacle à la réduction du déficit de productivité ». Projet d’avis du Comité des régions La commission des ressources naturelles du Comité des régions de l’UE a adopté le 26 mars un projet d’avis du socialiste français rené souchon, président du conseil régional d’Auvergne, qui souligne la nécessité d’une régulation publique des marchés agricoles. Cette prise de position sur Reproduction interdite Lundi 2 avril 2012 – N° 3344 – AGRA Presse Hebdo 13
  • 14. Les politiques les propositions de réforme de la pac de la Commission européenne, qui sera présentée le 3 mai en session plénière du Comité des régions plaide aussi pour : – un réexamen des effets de la disparition des quotas laitiers et sucriers et des droits de planta- tion viticoles ; – une dégressivité des paiements directs dès 100 000 euros par exploitation (au lieu de 150 000 euros), avec un plafonnement à 200 000 euros (au lieu de 300 000 euros) ; – des mesures de verdissement qui tiennent compte des réalités agricoles et environnementales locales, élaborées en concertation avec les agriculteurs, ainsi que la reconnaissance des prairies comme « zones d’intérêt écologique » ; – l’extension des soutiens en faveur de toutes les nouvelles installations d’agriculteurs, tout en ciblant en priorité celle des jeunes ; – le maintien du couplage des aides, en particulier dans les zones soumises à des contraintes natu- relles et les zones ultrapériphériques ; – la mise en place de sous-programmes thématiques de développement rural en faveur des pro- ductions sous signes officiels de qualité et de l’agriculture périurbaine ; – le maintien du budget de la pac au moins à son niveau actuel ; – une nouvelle gouvernance, avec une forte implication des régions. (FXS) Traité de Lisbonne Entrée en vigueur de l’initiative citoyenne européenne L’initiative citoyenne, issue du traité de Lisbonne, est entrée en application le 1er avril. Greenpeace avait eu recours, avant l’heure, à ce dispositif pour demander l’interdiction de toute autorisation d’OGM tant que de nouvelles méthodes d’évaluation ne seraient pas mises en œuvre. ’InItIAtIVE citoyenne est entrée en application le 1er avril. C’est une des principales innova- L tions du traité de Lisbonne – entré en vigueur en décembre 2009 – qui permet aux citoyens européens – au nombre d’un million et réparti dans au moins sept Etats membres – de sou- mettre à la Commission européenne une proposition législative (voir encadré). Greenpeace a été le premier à s’emparer de cette possibilité en présentant au mois de décembre 2010, une pétition réunissant plus d’un million de signatures demandant d’arrêter toute nouvelle autorisation de mise en culture de plante génétiquement modifiée au sein de l’Union européenne tant que des évaluations sanitaires « exhaustives, indépendantes et scientifiques » des OGM n’au- ront pas été réalisées (1). D’autres initiatives dans les starting blocks La démarche a été jugée non conforme d’une part parce qu’à l’époque elle a été présentée avant l’entrée en application officielle de l’initiative citoyenne et d’autre part, même aujourd’hui, elle ne serait pas recevable car elle ne répond pas à tous les critères techniques requis par la Com- mission (notamment les date et lieu de naissance ainsi que le numéro de pièce d’identité des signa- taires n’ont pas été collectés). La démarche de Greenpeace, qui avait été lancée suite à l’autori- sation de mise en culture de la pomme de terre transgénique Amflora de BAsF – le premier OGM autorisé depuis le Mon 810 en 1998 –, avait surtout eu pour but d’alerter la Commission, le par- lement et les États membres. Greenpeace ne compte d’ailleurs pas pour le moment relancer sa démarche, aucun nouvel OGM n’ayant obtenu le feu vert de Bruxelles depuis cette action. Mais 14 AGRA Presse Hebdo – N° 3344 – Lundi 2 avril 2012 Reproduction interdite
  • 15. Les politiques Initiative citoyenne : comment ça marche ? E ntrée en vigueur le 1er avril 2012, l’initiative citoyenne permet à un million de citoyens 1er avril 2012 afin de pouvoir prendre les dispositions administratives nécessaires au 74 250 en Allemagne, 55 500 en France, 38 250 en Pologne, 16 500 en européens venant de sept États niveau national. Dans un premier Belgique…). Après vérification membre au minimum de temps, les organisateurs issus des déclarations de soutien et demander directement à la de sept pays de l’UE doivent examen de la requête par Commission européenne de déposer une demande la Commission européenne, celle formuler une proposition d’enregistrement d’initiative. Ils ci, si elle décide de donner suite législative. Les modalités disposent alors de 12 mois pour à l’initiative, engage une d’application ont été adoptées le recueillir un million procédure législative classique 16 février 2011, mais les États de signatures. Un minimum qui passe par un vote au membres avaient demandé un de signatures est requis pour Parlement européen et au report d’application au chaque pays (par exemple : Conseil. si les États membres ne parviennent pas à trouver un compromis sur les nouvelles modalités d’au- torisation de mise en culture des OGM au sein de l’UE (2), Greenpeace pourrait revenir à la charge avec une initiative citoyenne conforme cette fois. D’autres initiatives, dans des domaines divers et variés, attendent l’adoption définitive du dispo- sitif pour se lancer (place du nucléaire en Europe, pluralisme des media…). Une pétition comme celle plaidant pour limiter à 8 heures maximum le transport des animaux vers l’abattoir qui a réuni un million de signatures en Europe (3), pourrait également emprunter ce cadre si les ins- tances européennes ne répondent pas à cette revendication. (AG) (1) Voir n° 3279 du 13/12/2010 (2) Voir n° 3342 du 19/3/2012 (3) Voir même numéro Déclarations Pac 2012 Une simplification des déclarations Pac en ligne en 2012 La campagne 2012 de déclaration en ligne des demandes d’aides Pac sera ouverte du 1er avril au 15 mai inclus sous une version simplifiée. C’est ce qu’a indiqué Eric Allain, directeur général des politiques agricoles, agroalimentaires et des territoires, lors d’une conférence de presse au ministère de l’Agriculture le 28 mars. Signalant une hausse du taux de télédéclarations en France en 2011, il a détaillé les nouveautés du portail en ligne « telepac », ainsi que les changements concernant le couplage des aides publiques à l’agriculture en 2012. du 1er avril au 15 mai inclus, la campagne 2012 de déclaration en ligne des «O uvERtE demandes d’aides Pac a été simplifiée », a indiqué le 28 mars Eric Allain, directeur général des politiques agricoles, agroalimentaires et des territoires. se félicitant d’un taux de « télédéclaration » atteignant les 55% en France en 2011, « soit une progression de 14 points par rapport à 2010 » il a souhaité présenter les nouveautés de la campagne 2012 de « tele- pac ». Une campagne 2012 de télédéclarations Pac simplifiée Afin de simplifier les démarches des agriculteurs lors de leurs déclarations pac sur internet, les données télédéclarées l’an dernier ont été enregistrées afin de préremplir les formulaires en ligne. Reproduction interdite Lundi 2 avril 2012 – N° 3344 – AGRA Presse Hebdo 15
  • 16. Les politiques Autres simplifications en 2012, la suppression de la déclaration annuelle du respect des engage- ments des mesures agroenvironnementales (MAE), la fin de l’envoi d’une copie de la déclaration du parcellaire ou la possibilité de signer de façon électronique les télédéclarations. Cette simpli- fication répond notamment aux critiques de la FDsEA de la Marne qui appelle au boycott des télédéclarations cette année. « par cette action collective, la FDsEA entend montrer sa solidarité envers deux agriculteurs marnais privés de 100 % des primes 2011 pour l’un, et d’une partie des primes pour l’autre », indique un communiqué de la fédération marnaise. Ces suppressions d’aides ont fait suite à l’absence de signature électronique de la déclaration dans un cas, et de l’oubli de cocher une case dans l’autre. pourtant, Eric Allain a assuré que des dispositifs de contrôles auto- matiques des déclarations remplies par les agriculteurs avaient été mis en place afin d’éviter ce genre d’omissions. Quelques évolutions réglementaires pour les aides Pac en 2012 « Si 2011 s’est caractérisée par une stabilité réglementaire, quelques changements interviennent en 2012 », a souligné Eric Allain. Ainsi, des aides sont désormais découplées, telles celles à la transformation de fourrages séchés, du lin et du chanvre pour la production de fibres, et celles à la production de pomme de terre féculières, primes incluses. Les aides aux fruits à coques, celles spécifiques au riz, et à la production de semences ou de protéagineux, sont aussi découplées. En revanche, trois nouvelles aides couplées apparaissent en 2012 : l’aide à la qualité du tabac, celles aux légumineuses fourragères destinées à la déshydratation et l’aide supplémentaire aux protéa- gineux, ainsi que les aides destinées à l’engraissement des jeunes bovins. En outre, la fin du décou- plage de l’aide à la tomate transformée sera mise en place en 2012, a indiqué Eric Allain. Il a enfin signalé qu’en 2011, sur les 11 milliards d’euros versés au titre de la pac à l’ensemble des agri- culteurs français, plus de 8 milliards l’ont été par voie électronique. À 55%, la France atteint la moyenne européenne du taux de télédaclarations en 2011, alors que d’autres pays comme l’Ita- lie, l’Espagne ou la Hongrie, ayant rendu obligatoire la télédéclaration, sont à 100%. (FG) En bREF Aide aux démunis : le Parlement demande à la Commission de se battre Interrogée par le parlement européen, la Commission de Bruxelles a assuré le 29 mars qu’elle n’abandonnerait pas son droit d’initiative pour tenter d’obtenir, malgré l’opposition de plusieurs Etats membres, le maintien au-delà de 2013 du programme communautaire de distribution de produits alimentaires aux personnes les plus démunies de l’UE (1). Devant les députés, qui crai- gnent l’abandon de cette aide, le commissaire européen Olli rehn a rappelé que, dans son projet de cadre financier de l’Union pour 2014-2020, la Commission propose d’y consacrer 2,5 mil- liards d’euros au titre de la politique sociale. Bruxelles étudie diverses options afin d’insérer le futur programme de distribution d’aliments dans la politique de cohésion, a également précisé le commissaire européen. (1) Voir n° 3338 du 20/02/12 Budget : annulation de pénalités imposées par Bruxelles à quatre pays Le tribunal de l’UE a annulé le 29 mars une décision d’avril 2007 de la Commission européenne qui imposait des pénalités à quatre des dix Etats membres ayant intégré l’Union en 2004 pour avoir constitué des stocks excédentaires de différents produits agricoles avant leur adhésion au 1er mai 2004 (1). pour « couvrir les coûts de l’élimination » de ces produits, la pologne avait ainsi été tenue de verser au budget communautaire 12,449 millions d’euros, la slovaquie 3,634 mil- lions, la république tchèque 12,287 millions, la Lituanie 3,181 millions. par la suite, ces pays ont formé un recours en annulation de la décision de Bruxelles (2). Les juges estiment que les versements qui leur ont été infligés ne sont pas des contributions finan- cières prévues par l’acte d’adhésion pour couvrir les frais d’élimination des excédents, mais de 16 AGRA Presse Hebdo – N° 3344 – Lundi 2 avril 2012 Reproduction interdite
  • 17. Les politiques simples paiements mis à la charge des nouveaux Etats membres au profit de la Communauté. Les produits en question ont pu en effet s’intégrer définitivement au marché intérieur. (1) Voir n° 3099 du 09/04/07 (2) Voir n° 3107 du 04/06/07 MONDE Schmallenberg La Russie pourrait lever en partie son embargo sur les animaux vivants Les services vétérinaires russes ont annoncé que l’interdiction d’importation d’animaux vivants en prove- nance de l’Union européenne à cause de virus de Schmallenberg pourrait être en partie levée. Le Danemark et l’Espagne pourraient voir leurs exportations reprendre. De son côté, le bélarus a décidé de suspendre les importations de bétail vivant (porcs, bovins, ovins) européen. rUssIE pourrait en partie lever l’embargo imposé sur les importations d’animaux vivants L A et de matériel génétique en provenance de l’UE européenne du fait de l’épizootie de virus de schmallenberg (1). En effet, le Danemark et l’Espagne pourraient voir leurs expéditions d’animaux vivants vers la russie de nouveau autorisées. « On va reprendre les importations, mais pas de tout le monde », a en effet annoncé le chef de l’agence fédérale russe de contrôle vétéri- naire, sergueï Dankvert. « Nous allons revoir notre position pour le Danemark, ils travaillent effi- cacement », a précisé sergueï Dankvert. Les services vétérinaires danois vont être reçus par les autorités russes prochainement. Une des conditions nécessaires est la mise en place d’un système fiable de contrôle sur la sécurité des exportations. L’Espagne pourrait aussi voir ses exportations reprendre, même si aucune date n’est pour le moment précisée. Dans une lettre adressée à la ministre russe de l’agriculture, Elena skrynnik, le commissaire euro- péen John Dalli demande de rencontrer le plus vite possible les autorités sanitaires de Moscou. Il souhaite que l’agence fédérale de contrôle vétérinaire russe (rosselkhoznadzor) lui fournisse une évaluation du risque sanitaire posé par la gestion européenne de l’épidémie de schmallenberg au regard des règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). L’UE a déjà commencé à prendre des mesures correctives pour répondre aux préoccupations soulevées par les autorités russes pour justifier l’embargo (comme le non-respect des règles de documentation), précise le commissaire Dalli. Le bélarus aussi bloque les importations d’animaux européens par ailleurs, le Bélarus a annoncé qu’il allait suspendre « temporairement à partir du 23 mars les importations de l’UE de bétail à cornes et de porcs vivants, suite à la détection de nouveaux cas de maladie provoquée par le virus de schmallenberg sur le territoire des pays membres de l’UE ». Exception sera accordée aux animaux mis en quarantaine dans le pays d’origine et mis sous contrôle de vétérinaires du Bélarus. Le pays s’ajoute ainsi à la liste des États – russie en tête – qui ont fermé leurs frontières aux importations à cause du nouveau virus. (AG) (1) Voir n° 3343 du 26/3/2012, n° 3340 du 5/03/12 et n° 3342 du 19/03/12 Reproduction interdite Lundi 2 avril 2012 – N° 3344 – AGRA Presse Hebdo 17
  • 18. Les politiques Cycle de Doha Les négociateurs agricoles de l’OMC cherchent à sortir de l’impasse Lors de leur première réunion depuis la Conférence ministérielle de l’OMC en décembre 2011, les négocia- teurs agricoles du cycle de Doha se sont engagés à envisager de nouvelles approches pour tenter de faire progresser leurs travaux. ON sentiment est que, dans l’ensemble, nous sommes encore au stade de clarifier où «M en sont les choses, avant de déterminer où cela nous mènera », a admis le 22 mars l’ambassadeur néo-zélandais, John Adank, devant le groupe des négociations agri- coles de l’OMC dont il assure la présidence. « Nous devons nous écouter soigneusement les uns les autres », a-t-il demandé. C’était la première fois que ces négociateurs se retrouvaient à Genève depuis la conférence minis- térielle de décembre 2011 qui a reconnu que le cycle Doha est dans une impasse et prôné un chan- gement d’approche. selon John Adank, les divergences portent entre autres sur la question de savoir quels sont les sujets agricoles qui pourraient être agréés avant un compromis global, au titre d’une « récolte précoce », et si des décisions sont possibles dans le climat actuel. Au cours de la discussion, l’Australie a ainsi estimé que le dossier de la concurrence à l’exporta- tion – subventions, crédit, aide alimentaire, entreprises d’Etat – est mûr pour un accord précoce. Ce à quoi l’UE a répondu que tout engagement dans ce domaine reste lié à un accord sur tous les chapitres de la négociation agricole du cycle de Doha ainsi que sur le volet indications géogra- phiques des règles de propriété intellectuelle. par ailleurs, le président récemment élu du groupe de négociation de l’OMC sur un registre multi- latéral des indications géographiques pour les vins et les spiritueux, l’ambassadeur nigérian Yonov Frederick Agah, a informé les délégations, le 23 mars, qu’il tiendrait des consultations sur la manière de suivre les instructions données par les ministres en décembre. (FXS) Sécurité alimentaire Aide de l’UE et appel de la FAO pour l’Afrique La Commission européenne a proposé le 23 mars un programme d'aide, d'une valeur de 164,5 millions d'eu- ros, pour renforcer la sécurité alimentaire dans les pays du Sahel. Le même jour, la FAO a a lancé un appel urgent de 50 millions de dollars pour la Corne de l'Afrique. aide de 164,5 millions d'euros a été préconisée par la Commission européenne pour U nE renforcer la sécurité alimentaire dans les pays du sahel. Bruxelles, qui souligne que 15 millions de personnes risquent de souffrir de famine dans la région, a déjà mobilisé 123,5 millions d'euros pour apporter une réponse humanitaire précoce à cette crise. 18 AGRA Presse Hebdo – N° 3344 – Lundi 2 avril 2012 Reproduction interdite
  • 19. Les politiques Les soutiens de l’UE à l’Afrique subsaharienne globalement efficaces D ans un rapport publié le 28 mars, la Cour des comptes européenne juge généralement efficace l’aide, de plus de 3,1 milliards d’euros au réaction à la crise des prix alimentaires de 2007- 2008, n’a pas été conçue pour faire face à la volatilité à long terme des prix des denrées total, que l’UE a apporté sur la période 2002-2010 alimentaires.La Cour des comptes propose, entre à l’Afrique subsaharienne dans le domaine autres recommandations, que la Commission de de la sécurité alimentaire. Elle estime néanmoins Bruxelles étudie la possibilité de mettre en place un que d’importantes améliorations peuvent encore instrument permanent qui permettrait de remédier, être apportées sur plusieurs points, citant par le cas échéant, aux conséquences des crises exemple la Facilité alimentaire qui, instituée en alimentaires affectant les pays en développement. Ce nouveau programme soutiendra les systèmes nationaux existants de sécurité alimentaire gérés par les gouvernements. De plus, des initiatives d’« argent/nourriture-contre-travail » seront ren- forcées au profit des plus démunis, pour qu'ils puissent se permettre d'acheter de la nourriture, et les fermiers recevront des bons pour des semences et des engrais. En outre, ajoute la Com- mission, l'information sur la sécurité alimentaire et la nutrition sera améliorée à travers de meilleurs systèmes d'alerte précoce sur la situation alimentaire. L’allocation proposée vient s'ajouter aux financements déjà prévus ou en cours au profit de la sécurité alimentaire dans la région, d'une valeur de 208 millions d'euros, portant la contribution totale de l'UE à quelque 373 millions d'euros pour 2007-2013. Déficit de financement De son côté, la FAO a lancé un appel urgent de 50 millions de dollars pour couvrir le déficit de financement des activités agricoles et pastorales prioritaires à déployer dans la Corne de l'Afrique avant et durant la prochaine campagne de semis, coïncidant avec la saison des pluies qui s'étend d'avril à juin. selon l’agence de l’Onu, bien que la situation dans les zones de la région victimes de la séche- resse se soit considérablement améliorée ces derniers mois, on estime que 8,1 millions d'habi- tants ont encore besoin d'une assistance (Ethiopie 3,2 millions, Kenya : 2,2 millions, somalie 2,5 millions, Djibouti 180 000). Les activités d'urgence planifiées prévoient la distribution de semences vivrières et potagères, la création de petits périmètres d'irrigation et la gestion de programmes « argent-contre-travail » pour réhabiliter les infrastructures agricoles vitales. Les initiatives concernant l'élevage com- prennent le soutien à la production fourragère et le démarrage ou l'intensification des campagnes de vaccination. pour 2012, la FAO lance un appel d’un montant total de 293,7 millions de dollars destinés à une combinaison d'opérations d'urgence et de développement à plus long terme dans la Corne de l'Afrique, dont 101,7 millions – moins de la moitié – ont déjà été reçus. Il reste par conséquent un important déficit de financement, dont les 50 millions requis d'urgence dans les trois pro- chains mois. (FXS) Reproduction interdite Lundi 2 avril 2012 – N° 3344 – AGRA Presse Hebdo 19
  • 20. Les politiques Sénégal Le programme économique du nouveau président Macky Sall Macky Sall, 51 ans, nouveau président du Sénégal, élu le 25 mars pour un mandat de 7 ans, se propose de mettre en place un programme économique qui sera marqué par un « mix » entre croissance et austérité. Réduction du train de vie de l’Etat, avec un gouvernement de 25 ministres (contre une quarantaine), et sup- pression de 15 ambassades du Sénégal à l’étranger, ainsi que des voyages en première classe, pour les ministres, et des logements conventionnés, constituent quelques aspects de ce programme qu’il a dénom- mé : « La voie de la croissance ». E programme économique de Macky sall se concentre sur 3 priorités : la jeunesse, les L femmes, et le monde rural. Il consiste à apporter une protection, des perspectives et des opportunités d’emploi. pour les jeunes, il prévoit la création de 500 000 emplois pendant 7 ans. par ailleurs, sera mis en place un fonds de garantie de 40 milliards de francs CFA  (60,79 millions d’euros) pour faciliter l’accès des femmes au crédit. Il s’y ajoute un investissement de 300 milliards de francs CFA (457,34 millions d’euros) dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de la formation professionnelle, de la recherche et de l’innovation, de la restructuration des banlieues, et de  l’aménagement du ter- ritoire, pour faire des villes un « levier » de développement. Le programme prévoit aussi la mise en œuvre d’un pacte pour la petite entreprise et les pME/pMI dans les secteurs de l’agriculture, du Btp (Bâtiment et travaux publics) et de la construction, du tourisme, des tIC (technologies de l’information et de la communication), et de la culture. Un « small Business Act » à la sénégalaise s’appuyant sur une Caisse des dépôts et consignation réfor- mée, a pour but de mener une politique favorable à la création d’entreprises, à l’investissement et la création d’emplois et de richesses. L’agriculture, moteur du développement sénégalais L’agriculture sera l’une des priorités du nouveau chef de l’Etat sénégalais, pour qui c’est dans ce secteur que se trouve le véritable « moteur » du développement, pour stimuler l’ensemble de l’éco- L’agriculture sénégalaise : plus de 70% de la population L ’AgrICULtUrE au Sénégal qui occupe plus de 70% de la population, est considérée l’eau douce et l’eau salée, appelée aussi menace d’intrusion marine, indique 2011/2012, 25 milliards de francs CFA (38,11 millions d’Euros) pour l’achat comme le moteur la FAO. Conséquence, la part de semences et d’intrants de la croissance de l’économie dans le Produit intérieur brut agricoles, il prévoyait de du pays. Elle traverse une passe (PIB) baisse chaque année. En consacrer, en 2012, 165 autres difficile, due au déficit 2004, elle représentait 17,9% milliards de francs CFA pluviomètrique chronique, du PIB. Pour faire face à  cette (251,5 millions d’euros), à à la mévente des récoltes situation, le président Abdoulaye l’aménagement de terres dans d’arachide, à la réduction Wade avait entrepris un vaste le cadre du programme des terres de culture à cause programme de développement d’autosuffisance en riz, au nord de la salinité, ainsi qu’à agricole, marqué par la et au sud, en plus du Plan retour l’acidification ou érosion éolienne mécanisation, la diversification vers l’agriculture qui a créé des sols, à l’ensablement des et la permanence des activités 24 fermes agricoles, et le soutien terres de bas-fonds, et au risque agricoles en toutes saisons. à l’entreprenariat rural qui de rupture de l’équilibre entre Après avoir investi, en a financé 1 514 projets. 20 AGRA Presse Hebdo – N° 3344 – Lundi 2 avril 2012 Reproduction interdite
  • 21. Les politiques nomie et améliorer les niveaux de vie des sénégalais. L’objectif est d’avoir une agriculture « moderne » et suffisamment « productive » pour transformer le sénégal dans les 7 prochaines années. Le financement prévu dans ce secteur est de 2 000 milliards de francs CFA (plus de 3 milliards d’euros). pour Macky sall, le modèle économique mis en place par son prédécesseur, Abdoulaye Wade dont il a été premier ministre d’avril 2004 à juin 2007, « n’est pas suffisamment productif » pour créer les emplois et les richesses nécessaires au développement du pays. Au pouvoir depuis 2000, Abdou- laye Wade avait mis en place un vaste programme économique basé sur la construction d’infra- structures, le retour vers l’agriculture (rEVA). Il avait aussi lancé une Grande offensive pour l’abondance de la nourriture et de l’agriculture (GOAnA) qui visait à assurer l’autosuffisance ali- mentaire du pays. Macky sall prévoit la création de 6 pôles de développement économique à travers le pays, et une bourse de sécurité familiale de 100 000 francs CFA (152,44 euros) par an qui apportera un com- plément financier aux mères des familles les plus défavorisées. Quelque 250 000 familles, au moins, sont concernées par ce programme. (IC) Environnement La gestion de l’eau, une des clefs pour lutter contre la faim La gestion de l’eau en agriculture devra être au cœur des discussions du sommet de la Terre Rio+20, a demandé ban Ki Moon, le secrétaire général de l’OnU, à l’occasion de la journée mondiale de l’eau le 22 mars. I NOuS n’utilisons pas l’eau de façon plus avisée dans l’agriculture, nous ne serons pas «s en mesure d’éliminer la faim et nous ouvrirons la porte à toute une série d’autres maux, notamment la sécheresse, la famine et l’instabilité politique », a prévenu le secrétaire général de l’OnU, Ban Ki Moon, à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau 2012, le 22 mars. Cette année, la journée était organisée par la FAO (Organisation des nations unies pour l’agri- culture et l’alimentation) sur le thème : « L’eau et la sécurité alimentaire ». « Au prochain Som- met de la terre Rio+20 (du 20 au 22 juin 2012 à Rio de Janeiro, NDLR), la communauté inter- nationale devra faire les liens entre la sécurité hydrique et la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le cadre d’une économie verte », a insisté Ban Ki Moon. « Si, depuis le premier sommet de la terre à Rio, de nombreux pays ont fait de grands pas en avant dans la gestion de leurs ressources hydriques, il reste encore beaucoup à accomplir », a estimé le directeur général de la FAO José Graziano da silva. selon la FAO, les principales prio- rités pour les années à venir seront de renforcer la résilience des agriculteurs contre le change- ment climatique, d’améliorer la gouvernance de l’eau, et créer des institutions en mesure d’amé- liorer la gestion nationale et régionale de l’eau. On estime que l’agriculture est responsable de 70% de tous les prélèvements mondiaux d’eau douce et d’eaux souterraines. (AG) En bREF Etiquetage : les États-Unis en appel à l’OMC Les États-Unis font appel du jugement de l’OMC qui met en cause leur loi sur l’étiquetage de la viande (1). Attaquée par le Canada et le Mexique et connue sous la dénomination de COOL, cette législation impose la mention du pays d’origine sur la viande vendue sur le marché américain. Reproduction interdite Lundi 2 avril 2012 – N° 3344 – AGRA Presse Hebdo 21