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2014
HMB
House Music Baka
16/10/2014
THEORIE ET PRATIQUE DE
L’AYITA
NGBWA JEAN FABRICE
Plan :
Introduction
I. Origine et évolutionde l’ayita
A. La génèse
1. Les mythes et les croyances autour de l’Ayita
2. Les premières formes de l’Ayita
3. Les rythmes et les thématiques
B. L’évolution
1. La désacralisation de l’Ayita
2. Les apports et influences extérieures (cas du groupe Ayita)
II. Pratiques et techniques des jeux de l’Ayita
A. Le réglage de l’Ayita
1. Présentation de la gamme diatonique
2. Les accords et leurs significations
3. Le réglage de l’Ayita à 8-12 cordes
B. Les théories de l’Ayita
1. Les temps de mesure/Coulée/point d’orgue
2. Contre temps/syncopes
3. Triolet/Les notes arpégées
C. Les Exercices pratiques
III. Les conseils pour l’entretien de l’Ayita
A. Les techniques de conservation de l’Ayita
B. L’entretien des cordes
C. L’entretien du bois
Thème
CONFERENCE SUR LA MUSIQUE PATRIMONIALE
A LA FOIRE INTERNATIONALE DE LA MUSIQUE
Contribution du groupe Ayita à
l’évolution de la musique patrimoniale
camerounaise
Introduction
L’Ayita est le nom que les pygmées baka de l’Est Cameroun ont
consacré à ce qui ressemble à un sitar, appelée vulgairement dans les
campements « la harpe ». Cet instrument à corde pincée que l’on retrouve
chez plusieurs peuples dans le monde, est connu depuis les lustres chez
les pygmées dans la réserve du Dja. Située à plus de 300 km de la ville
de Yaoundé, la réserve du Dja compte une dizaine de campements pygmées
dont le plus important est celui de Bifolone à 18 km de l’arrondissement
de Somalomo. Campement de 300 âmes qui s’étend sur une distance de 2 km
situé dans l’arrondissement de Messamena, Bifolone présente aujourd’hui
les allures d’un village bantou à l’architecture des habitations en terre
battue. Les familles reparties en quatre grands groupes sont toutes
originaires du Sud. La chasse, la pêche, la cueillette sont encore des
pratiques récurrentes mais en butes au phénomène de déforestation,
d’exode rural qui entravent le quotidien de Bifolone. L’activité
économique qui s’y est développée depuis plus d’une décennie est le
tourisme clandestin organisé par la multinationale Monde Sans Frontière.
Le village baka de Bifolone fait aussi l’objet d’une grande dégradation
du tissu social et culturel avec les phénomènes de l’alcoolisme, du
braconnage, de la lèpre, des maladies hydriques qui s’expliquent par un
taux élevé de la mortalité infantile. Cette détérioration est aussi
amplifiée par la présence des églises pentecôtistes qui accentue
l’acculturation des Baka. C’est donc dans ce contexte particulièrement
douloureux et sombre que perdure la tradition de l’Ayita chez les Baka.
I. L’Origine et évolution de l’Ayita
A/ La genèse
Lorsqu’on interroge les pygmées sur l’origine de l’Ayita, hélas très
peu en savent. Certains vous répondront que c’est un patrimoine hérité du
personnage biblique appelé le Roi David. D’autres par ailleurs
prétendront vaguement qu’il s’agit d’une création ancestrale qui aurait
donné naissance à la guitare moderne. Mais à y regarder de très près, il
est curieux d’observer une multitude d’instruments à vent et percussions
qui meublent leur patrimoine musical. La musicalité de leur culture à
partir même de l’intonation de leur langue appelée Ngoma n’est-elle pas
suffisante pour attester le génie créateur de ce peuple dont
l’originalité de la musique à ton au mouvement syncopé n’est plus à
démontrer.
1. Mythes et croyances autour de l’Ayita
Malgré quelques doutes sur les évidences de la genèse de cet
instrument, il est néanmoins intéressant de remarquer que tous les Baka
s’accordent sur les valeurs mystiques et spirituelles de l’Ayita mais à
une époque révolue. Par exemple, dans le campement-village de Bifolone,
les initiés racontent cette histoire :
Autrefois, dans le village de Bifolone, vivait une femme du nom
d’Alla, une sorcière très célèbre qui avait un grand pouvoir de nuisance
sur les populations. Elle ne redoutait pas l’Ayita qui, à cette époque
très lointaine, était l’instrument consacré pour appeler les esprits de
la forêt. La sacralité de l’Ayita était alors garantie par des gris-gris
qui étaient accrochés autour du manche et logés dans la caisse de
résonnance. Personne en dehors des initiés n’avait le droit de le jouer
sous peine d’un sacrilège. En dépit de cette proscription, Alla eut la
prétention de transgresser l’interdit pour démontrer à la communauté
toute entière la supériorité de ses pouvoirs mystiques. Un jour, elle
alla défier Mbobo, un initié de la localité de Lomié. Elle fit un voyage
astral, pénétra la demeure de celui-ci et brisa l’instrument. Hélas, à
l’issue de son forfait, elle tomba gravement malade. Sentant sa mort
prochaine, elle fit ses aveux à la communauté et rendit l’âme. Son
expérience amplifia davantage la croyance tout autour de l’Ayita chez les
Baka. 1
2. Présentation de l’Ayita et ses premières formes
L’Ayita est un ensemble composé d’une caisse de résonnance relié à
un manche par des cordes. L’essence qui sert à sa fabrication est appelée
Ngόbo vulgairement connue sous le nom de Djansa. La caisse de résonnance
peut épouser les formes d’une pirogue ou d’un carrée. La longueur du
manche varie en fonction du nombre de cordes. D’une part, on distingue
les Ayita à 8 cordes de petite taille aux sons aigues et d’autre part les
Ayita géants de 11 cordes qui ont un manche de plus 60 cm avec la
particularité de générer les sons graves, mediums et aigues. A l’origine,
les premières formes d’Ayita étaient recouvertes de peaux de bêtes,
tandis que les cordes étaient issues des feuilles de raphia. Avec le
phénomène de déforestation et des mesures de protection des espèces
fauniques prônées par le programme ECOFAC, aux peaux d’animaux ont été
substitués les feuilles d’aluminium et aux cordes de raphias des fils de
nylon dits fils de pêche sur l’Ayita dont l’architecture épouse celle
d’une harpe ordinaire. La beauté de cet instrument se trouve non
seulement sur ses formes, mais aussi dans son timbre familier aux
xylophones.
A Bifolone, l’Ayita a connu une évolution remarquable. Avant les
années 90, les Baka de cette localité ont connu un type à 5 cordes.
Ensuite en 1994, un modèle à 7 cordes y a été introduit. Dans les années
2000 l’Ayita a atteint sa forme parfaite et définitive avec l’extension
des cordes à 11.
1 Entretien du 16 Septembre 2012 avec Sapouam Rémy, Koulou Stéphane Martial, Mpwa Osso
Jean, Bifolone.
Pour fabriquer un Ayita à 7 cordes, il fallait une période d’un
mois. En effet, lorsque le Ngóbo était abattu, il fallait attendre une
semaine pour qu’il perde son humidité. Ensuite, devant l’arbre, des
incantations étaient faites par le fabricant qui donnait des coups au
tronc à l’aide de ses feuilles. L’essence recevait les ordres de se faire
obéissante pendant la fabrication de l’instrument. Une portion du tronc
était coupée et transportée vers l’atelier. Le morceau de bois était
alors écorché et taillé pour devenir une caisse. Une branche du Ngóbo
était transpercée de petits trous de 3 à 5 cm de diamètre. La peau
d’animal choisie pour recouvrir la caisse était transpercée d’un même
nombre de trous présent sur le manche. Avant de recouvrir la caisse, les
fils attachés au manche y étaient fixés contre la peau. Tout le long du
processus, les mêmes incantations étaient faites jusqu’à la dernière
phase qui consistait à laisser l’Ayita sur la tombe d’un initié pour une
nuit. Le lendemain, il était remis à son propriétaire. Ce dernier était
sujet à des scarifications sur son corps pour assimiler les
connaissances.
3. Les interdits, rythmes et les thématiques de l’Ayita
Les interdits sont similaires dans l’ensemble des communautés baka
vivant au Cameroun. La proscription fondamentale et d’ailleurs unique est
celle qui limite aux femmes le droit de le jouer. L’Ayita est donc un
instrument réservé exclusivement aux hommes. Une certaine tradition fait
état de ce qu’encours les femmes si elles venaient à transgresser
l’interdit : pour les adolescentes, une excroissance des seins observés
et une perturbation de la puberté en générale ; les adultes sont
exposées au mépris des hommes. Toutefois, les femmes peuvent accompagner
le chant de leurs voix.
L’Ayita accompagne plusieurs rythmes locaux. On peut citer les
rythmes plus anciens tels que le Modiné, le Yéyi, le Beya ebwa-ebwa, le
beya siwo, le Bazuka, le Kongola, le Mebasse I, le Mebasse II. L’Ayita
peut aussi s’associer, à cause de la diversité des rythmes qu’il
accompagne, a plusieurs instruments. On peut citer le Ndoumou qui est le
tambour fait de peau de lièvre, les clappes et la bouteille. Plusieurs
thématiques sont abordées par l’Ayita. Il s’agit surtout sous forme
d’anecdotes des thèmes tels que l’amour du prochain, le courage, la foi
en Dieu, le respect de la nature, la patience, la ruse. Mais l’on
remarque que ces thématiques sont réellement abordées selon les
circonstances de deuil, de mariage, de visite d’un étranger, de palabre,
de chasse, etc.
B/ L’évolution de l’Ayita
La sédentarisation des Baka a accentue un flux important d’échanges
culturels avec les autres peuples. Il s’en suivra progressivement, une
transformation de l’Ayita par les nouveaux genres qui s’intègrent dans
leur patrimoine au détriment des anciens.
1. La désacralisation de l’Ayita
Avec le brassage des populations dans les campements, l’Ayita peu à
peu devient un instrument profane, c’est-à-dire qu’il ne sera plus
l’apanage des initiés baka. La beauté de ses sons suscite la curiosité
des étrangers bantous qui se font aussi initier. Déjà au sein des
communautés baka, les connaissances et techniques de fabrication sont
accessibles désormais à la majorité. De la fabrication à l’initiation aux
techniques du jeu, de l’interprétation à la composition, les initiés de
plus en plus s’éloignent de la tradition. Aujourd’hui, l’Ayita peut
servir pour accompagner les rythmes tels le Bikutsi, le Makossa, le Zouk,
le Ndombolo, etc. Toutefois, malgré ces changements, l’Ayita garde
toujours son originalité par son timbre brillant et dominant. Certes l’on
peut décrier ses transformations, mais il faut admirer la capacité des
Baka à s’adapter selon les époques. Sans prétendre rompre avec le passé,
il est de bon ton d’accompagner l’Ayita au rendez-vous du donner et du
recevoir pour apporter son timbre spécifique et original à la famille des
instruments dits modernes et classiques.
1. Les apports et influences extérieures (cas du groupe Ayita)
Imprégné de la culture musicale baka, le groupe Ayita est une
création du GIC House Music Baka dont le but est la promotion et la
valorisation des instruments de musique des pygmées baka dans les régions
de l’Est et du Centre. Crée en 2012, le groupe Ayita constitué de bantous
dont un bassiste originaire de l’ouest (Brice Kamga), d’un batteur
originaire du Littoral (Edouard Lobé), de deux joueurs de harpe (Ngbwa
Jean Fabrice, Abeh Patrick), adopte l’Ayita comme instrument de
prédilection pour valoriser le chant. A cet effet, plusieurs travaux sont
effectués pour adapter l’instrument aux normes occidentales ou anglo
saxon. Encore en cours de modernisation, l’Ayita fait l’objet des
curiosités des professionnels de la musique de tous les coins du monde.
Voici une théorie conçue pour apprendre à jouer l’Ayita selon le groupe
Ayita.
II. Pratique et techniques de l’Ayita
Cette partie de notre exposé sera plus aisée pour des personnes qui
ont une connaissance moyenne de la théorie musicale. Il s’agira
d’acquérir des connaissances pour un réglage correcte et la position
idoine des doigts pour aborder les rythmes dans leurs variétés.
A/ le réglage de l’Ayita
Cependant, pour maîtriser le réglage de l’Ayita, nous nous
permettront de faire un feedback sur la présentation de la gamme
diatonique.
1. La gamme diatonique
Avant de parler de la gamme diatonique, retenons que les 7 notes de
musique sont : DO-RE-MI-FA-SOL-LA-SI (C-D-E-F-G-A-B). Lorsqu’on ajoute DO
à la fin de la série des 7 notes, on obtient la Gamme. On dira alors que
la gamme est une suite de 8 notes voisines. Notons que pour les modalités
pratiques, nous demeurons sur la gamme de DO c’est-à-dire la série des
notes de Do de la première note (Tonique) à Do à la huitième note
(Octave). Dans le cadre de l’Ayita, nous éliminerons une note de cette
série : il s’agit de la note SI (B). Nous obtenons ainsi cette série :
DO-RE-MI-FA-SOL-LA-DO (C-D-E-F-G-A-C).
2. Les accords et leurs significations
Nous prenons comme échantillon l’Ayita à 11 cordes dont voici la
série ascendante : LA-DO-RE-MI-FA-SOL-LA-DO-RE-MI-FA
Chaque note devrait générer un groupe de 3 notes appelés accords selon le
modèle 1-3-5.
On aura donc dans cette série, un accord majeur (DO) et un accord
mineur (RE). Ceci est la traduction d’un idéalisme d’une humanité
équilibrée comme la dualité du bien et du mal, du chaud et du froid, de
l’amour et de la haine, la lumière et les ténèbres, le mal et la femelle,
etc. L’Ayita, selon ce réglage et à ce point de vue est le reflet d’un
idéal de vie d’harmonie et de tempérance. C’est ici que se dégage sa
dimension spirituelle.
A partir de ces groupes, on peut avoir des accords complexes c’est-
à-dire des notés étrangères aux groupes énumérés plus haut : groupe de 4
notes.
On y reviendra…
Si vous observez bien, on peut résumer
ces accords en deux groupes :
DO-MI-SOL accord de DO
RE-FA-LA accord de RE
Les autres accords sont des
renversements de l’accord de DO et de
l’accord de RE
LA : LA-RE-FA
DO : DO-MI-SOL
RE : RE-FA-LA
MI : MI-SOL-DO
FA : FA-LA-RE
SOL: SOL-DO-MI
LA : LA-RE-FA
3. Le réglage de l’Ayita à 12 – 8 cordes
Voici comment seront positionnées les notes sur les cordes d’un Ayita
de 12 cordes.
De la gauche vers la droite, la hauteur est celle des notes graves aux
notes aigues. Ainsi la note la plus grave est le LA à l’extrême gauche et
la note la plus aigue est le SOL à l’extrême droite.
Remarque : Servez vous du diapason pour fixer la hauteur des notes sur
l’Ayita. Vous aviez le choix de baisser la tonalité d’un ton (Sib).
De la gauche vers la droite, la hauteur est celle des notes graves
aux notes aigues. Ainsi la note la plus grave est le DO à l’extrême
gauche et la note la plus aigue est le RE à l’extrême droite.
Après le réglage de vos Ayita, prenez le soin grincer les notes par série
ascendante (de la note la plus grave à la plus aigue). Pour bien exercer
ce mouvement de notes, il faut avoir la bonne attitude pour tenir
l’Ayita. La meilleure posture consiste à jouer assis. Votre colonne
vertébrale doit former un angle de 90 dégré. Posez l’Ayita sur la cuisse
gauche. La main gauche occupe le côté gauche de l’Ayita et la main
opposée son côté droit. Maintenez l’Ayita avec la pression du coude
contre la caisse de résonnance.
L’Ayita peut aussi se jouer debout. A cet effet, il est recommandé
d’avoir une ceinture accrochée sur la sortie arrière du son de la harpe
et sur son manche. Accroché la ceinture à l’épaule gauche si vous jouer
de la main droite. Voici deux exemples imagés du port de l’Ayita assis et
debout.
Groupe Ayita-Clip Abim Avon te
Concert du groupe Ayita au palais des sports de
Yaoundé 2013
A. La théorie de l’Ayita
Il existe une pluralité de doigtés appliqués sur l’Ayita. Tout
dépend de la position des doigts et du rythme. Nous allons sans ce
chapitre vous proposer une théorie sur le doigté et les signes qui vont
avec. Pour faciliter la compréhension, affectons à chaque corde des
numéros correspondants aussi à leurs notes. Exemple : sur l’Ayita 12
cordes, on aura :
- temps de mesure
On dénombre deux principaux temps de mesure : la mesure à 2/4 et la
mesure 6/8. 2 et 6 correspondent à la pulsion (battements), 4 et 8 est la
valeur d’un carrée. Pour 2/4 on aura en tout 2 battements tels que :
2/4 =
Un carrée= un battement. Pour 6/8 on aura en tout 3 battements tels que :
6/8 =
- La mesure
Elle est la division d’un morceau de musique en partie de valeur égale.
La = I
Do = II
Ré = III
Mi = IV
Fa = V
Sol = VI
La = VII
Do = VIII
Ré = IX
Mi = X
Fa = XI
Exemple :
Matérialisons ces temps dans une partition Ayita
Exercice I : Au dessus des eaux (Ngbwa Jean Fabrice)
2/4
M.G I II I II I II I II
M.D IV VI
VII
IV VI
VII
IV VI
VII
I V VI
VII
Cette partition est composée de 2 Mesures.
La ligne du haut correspond à la portion réservée à la Main Gauche
(Pouce). La ligne du bas à celle qui est réservée à la Main Droite
(Pouce/Majeur/Annulaire).
De la Main Gauche pincer la I sur un battement, la II sur un battement.
Pendant ce temps, la Main Droite pince simultanément la III-V-VI pour
une valeur de deux battements. Ainsi la M.D joue groupé, tandis que la
M.G fait une ballade.
Les deux points dans la dernière case signifie faire une reprise
complète.
Pour des raisons de commodité, jouez à maintes reprises seulement de la
M.G toutes les cases du haut. Faîtes autant avec les cases du bas de la
M.D. Familiarisez vous avec l’instrument et la partition. Essayez de
jouer des deux mains simultanément.
6/8 : Echos (Ngbwa Jean Fabrice)
M.G I II I I II I I II I I II I
M.D IV VI VII IV VI VII IV VI VII IV VI VII
- La coulée/liaison de valeur
La coulée est le prolongement de la valeur de temps d’une note ou d’un
groupe de note
M.G = Main Gauche
M.D= Main droite
= Faire une reprise
M.G I II I II I II I II
M.D IV VI
VII
IV VI
VII
La M.D joue sur 2 temps IV-VI-VII et laisse le groupe de notes se
prolonger sur la prochaine mesure pour une valeur de 2 temps. Sur ce
prolongement, la M.G joue continuellement I-II.
- Le point d’orgue
Le point d’orgue est le prolongement volontaire d’une note ou d’un groupe
de note.
6/8 : Yéyé-(Ngbwa Jean Fabrice)
- Le contre temps
C’est la partie forte du temps suivant étant formé d’une interruption de
son (Silence). Il est à noter pour les deux temps de mesure (2/4, 6/8),
les temps forts sont descendants et les temps faibles sont ascendants
M.G II II II II II II II II
M.D
VIII
X
VIII
X
VIII
X
VIII
X
VIII
X
VIII
X
VIII
X
VIII
X
M.G II II II II II II II II II II II II
M.D IV
VI
V
VII
VI
VIII
VIII
X
VII
IX
VI
VIII
M.G II II II II II II II II II II II II
M.D IV
VI
V
VII
VI
VIII
VI
VIII
- Les syncopes
La syncope est la prolongation d’un temps faible sur un temps fort. Avec
l’Ayita il est très courant et son jeu constitue la spécificité de
l’instrument.
M.G I II I II I II I II
M.D VII
X
VII
X
VII
X
VII
X
-Le triolet
Dans la tradition classique, le triolet est un groupe de trois notes
d’égale valeur qui se joue dans le temps de deux et surmonter d’un
chiffre trois. Dans l’univers de l’Ayita, l’on retiendra qu’il s’agit de
la division d’un battement en trois parties de valeur égale. La présence
du triolet est indiquée par le chiffre 3.
Il sera représenté dans la grille sous la forme ci-dessus.
M.G I II I II I II I II
M.D VII
X
3
VII
X
3
VII
X
3
VII
X
3
- Les notes arpégées
Les notes arpégées sont très usitées dans la pratique de l’Ayita. Elles
enjolivent les harmonies. Les notes arpégées sont jouées détachées et
continues. Elles exigent une habilité digitale.
Exemple : Djengy (Ngbwa Jean Fabrice)
M.G II III IV II III IV II III IV II III IV II III IV II III IV
M.D VI VII VIII VI VII VIII VI VII VIII VI VII VIII VI VII VIII VI VII VIII
Exercices pratiques de l’Ayita
1. Yéyé-(Ngbwa Jean Fabrice)
2. Mbélé-(Ngbwa Jean Fabrice)
3. Andella-(Ngbwa Jean Fabrice)
M.G II II II II II II II II
M.D
VIII
X
VIII
X
VIII
X
VIII
X
VIII
X
VIII
X
VIII
X
VIII
X
M.G II II II II II II II II II II II II
M.D IV
VI
V
VII
VI
VIII
VIII
X
VII
IX
VI
VIII
M.G II II II II II II II II II II II II
M.D IV
VI
V
VII
VI
VIII
VI
VIII
M.G I II I II I II I II
M.D VII
X
3
VII
X
3
VII
X
3
VII
X
3
M.G I II I II I II I II
M.D VII
X
3
VII
X
3
VII
X
3
VII
X
3
M.G II II II II II II II II
M.D
VIII
X
VIII
X
VIII
X
VIII
X
VIII
X
VIII
X
VIII
X
VI
II
X
Noté bien : Faire attention Il ya inversion. La musique commence avec la
main droite.
4. Wose -(Ngbwa Jean Fabrice)
M.D VII VII VII VII IX VII IX VII IX VII VII VII
M.G
V VI III V VI III V VI III
4. Yéyi-(Ngbwa Jean Fabrice)
M.G IX XI
3
IX XI
3
IX XI
3
IX XI
3
IX XI
3
IX XI
3
IX XI
3
IX XI
3
IX XI
3
M.D
VII VII VII VII VII VII VII VII VII
M.G VII VIII IX VIII VII VIII IX VIII
M.D
XI VII VII VII VII VII VII VII
M.D VII VII VII VII VII VII VII VII VII
M.G
I II III I II III I II III
M.D VII VII VII VII VII VII VII VII VII
M.G
I II III I II III I II III
M.D VII IX VII IX VII IX VII VII VII VII IX VII
IX
VII
IX
M.G
V VI III V VI III V VI III
I. Les conseils pour l’entretien de l’Ayita
L’Ayita est un instrument qui se dégrade. Conservé dans l’humidité, il
est exposé aux termites et aux charançons. La meilleure manière de le
protéger consiste à le sécher régulièrement au soleil. Il sera préférable
de le vernir. Après fabrication, l’Ayita doit faire l’objet d’un ponçage.
Pour éviter son déréglage pendant les promenades, il faut le mettre dans
une caisse en bois. Vous pouvez diminuer la tension des cordes avant pour
éviter qu’elles se coupent.
Conclusion
L’Ayita est un instrument qui peut contribuer aussi au développement de
la musique camerounaise. En présentant ses origines, nous avons voulu
attirer l’attention des musiciens sur les premiers maîtres que sont les
baka. Son évolution est le fruit de plusieurs apports. A cet effet, le
groupe Ayita qui a passé deux années à comprendre son fonctionnement, a
mis sur une théorie musicale dont l’application aiderait les musiciens à
enrichir leurs créations. Le deuxième volume de ces travaux portera sur
l’orchestration de plusieurs Ayita.
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Semelhante a Apprendre à jouer à l'ayita, la harpe pygmée (12)

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Apprendre à jouer à l'ayita, la harpe pygmée

  • 1. 2014 HMB House Music Baka 16/10/2014 THEORIE ET PRATIQUE DE L’AYITA NGBWA JEAN FABRICE
  • 2. Plan : Introduction I. Origine et évolutionde l’ayita A. La génèse 1. Les mythes et les croyances autour de l’Ayita 2. Les premières formes de l’Ayita 3. Les rythmes et les thématiques B. L’évolution 1. La désacralisation de l’Ayita 2. Les apports et influences extérieures (cas du groupe Ayita) II. Pratiques et techniques des jeux de l’Ayita A. Le réglage de l’Ayita 1. Présentation de la gamme diatonique 2. Les accords et leurs significations 3. Le réglage de l’Ayita à 8-12 cordes B. Les théories de l’Ayita 1. Les temps de mesure/Coulée/point d’orgue 2. Contre temps/syncopes 3. Triolet/Les notes arpégées C. Les Exercices pratiques III. Les conseils pour l’entretien de l’Ayita A. Les techniques de conservation de l’Ayita B. L’entretien des cordes C. L’entretien du bois Thème CONFERENCE SUR LA MUSIQUE PATRIMONIALE A LA FOIRE INTERNATIONALE DE LA MUSIQUE Contribution du groupe Ayita à l’évolution de la musique patrimoniale camerounaise
  • 3. Introduction L’Ayita est le nom que les pygmées baka de l’Est Cameroun ont consacré à ce qui ressemble à un sitar, appelée vulgairement dans les campements « la harpe ». Cet instrument à corde pincée que l’on retrouve chez plusieurs peuples dans le monde, est connu depuis les lustres chez les pygmées dans la réserve du Dja. Située à plus de 300 km de la ville de Yaoundé, la réserve du Dja compte une dizaine de campements pygmées dont le plus important est celui de Bifolone à 18 km de l’arrondissement de Somalomo. Campement de 300 âmes qui s’étend sur une distance de 2 km situé dans l’arrondissement de Messamena, Bifolone présente aujourd’hui les allures d’un village bantou à l’architecture des habitations en terre battue. Les familles reparties en quatre grands groupes sont toutes originaires du Sud. La chasse, la pêche, la cueillette sont encore des pratiques récurrentes mais en butes au phénomène de déforestation, d’exode rural qui entravent le quotidien de Bifolone. L’activité économique qui s’y est développée depuis plus d’une décennie est le tourisme clandestin organisé par la multinationale Monde Sans Frontière. Le village baka de Bifolone fait aussi l’objet d’une grande dégradation du tissu social et culturel avec les phénomènes de l’alcoolisme, du braconnage, de la lèpre, des maladies hydriques qui s’expliquent par un taux élevé de la mortalité infantile. Cette détérioration est aussi amplifiée par la présence des églises pentecôtistes qui accentue l’acculturation des Baka. C’est donc dans ce contexte particulièrement douloureux et sombre que perdure la tradition de l’Ayita chez les Baka.
  • 4. I. L’Origine et évolution de l’Ayita A/ La genèse Lorsqu’on interroge les pygmées sur l’origine de l’Ayita, hélas très peu en savent. Certains vous répondront que c’est un patrimoine hérité du personnage biblique appelé le Roi David. D’autres par ailleurs prétendront vaguement qu’il s’agit d’une création ancestrale qui aurait donné naissance à la guitare moderne. Mais à y regarder de très près, il est curieux d’observer une multitude d’instruments à vent et percussions qui meublent leur patrimoine musical. La musicalité de leur culture à partir même de l’intonation de leur langue appelée Ngoma n’est-elle pas suffisante pour attester le génie créateur de ce peuple dont l’originalité de la musique à ton au mouvement syncopé n’est plus à démontrer. 1. Mythes et croyances autour de l’Ayita Malgré quelques doutes sur les évidences de la genèse de cet instrument, il est néanmoins intéressant de remarquer que tous les Baka s’accordent sur les valeurs mystiques et spirituelles de l’Ayita mais à une époque révolue. Par exemple, dans le campement-village de Bifolone, les initiés racontent cette histoire : Autrefois, dans le village de Bifolone, vivait une femme du nom d’Alla, une sorcière très célèbre qui avait un grand pouvoir de nuisance sur les populations. Elle ne redoutait pas l’Ayita qui, à cette époque très lointaine, était l’instrument consacré pour appeler les esprits de la forêt. La sacralité de l’Ayita était alors garantie par des gris-gris qui étaient accrochés autour du manche et logés dans la caisse de résonnance. Personne en dehors des initiés n’avait le droit de le jouer sous peine d’un sacrilège. En dépit de cette proscription, Alla eut la prétention de transgresser l’interdit pour démontrer à la communauté
  • 5. toute entière la supériorité de ses pouvoirs mystiques. Un jour, elle alla défier Mbobo, un initié de la localité de Lomié. Elle fit un voyage astral, pénétra la demeure de celui-ci et brisa l’instrument. Hélas, à l’issue de son forfait, elle tomba gravement malade. Sentant sa mort prochaine, elle fit ses aveux à la communauté et rendit l’âme. Son expérience amplifia davantage la croyance tout autour de l’Ayita chez les Baka. 1 2. Présentation de l’Ayita et ses premières formes L’Ayita est un ensemble composé d’une caisse de résonnance relié à un manche par des cordes. L’essence qui sert à sa fabrication est appelée Ngόbo vulgairement connue sous le nom de Djansa. La caisse de résonnance peut épouser les formes d’une pirogue ou d’un carrée. La longueur du manche varie en fonction du nombre de cordes. D’une part, on distingue les Ayita à 8 cordes de petite taille aux sons aigues et d’autre part les Ayita géants de 11 cordes qui ont un manche de plus 60 cm avec la particularité de générer les sons graves, mediums et aigues. A l’origine, les premières formes d’Ayita étaient recouvertes de peaux de bêtes, tandis que les cordes étaient issues des feuilles de raphia. Avec le phénomène de déforestation et des mesures de protection des espèces fauniques prônées par le programme ECOFAC, aux peaux d’animaux ont été substitués les feuilles d’aluminium et aux cordes de raphias des fils de nylon dits fils de pêche sur l’Ayita dont l’architecture épouse celle d’une harpe ordinaire. La beauté de cet instrument se trouve non seulement sur ses formes, mais aussi dans son timbre familier aux xylophones. A Bifolone, l’Ayita a connu une évolution remarquable. Avant les années 90, les Baka de cette localité ont connu un type à 5 cordes. Ensuite en 1994, un modèle à 7 cordes y a été introduit. Dans les années 2000 l’Ayita a atteint sa forme parfaite et définitive avec l’extension des cordes à 11. 1 Entretien du 16 Septembre 2012 avec Sapouam Rémy, Koulou Stéphane Martial, Mpwa Osso Jean, Bifolone.
  • 6. Pour fabriquer un Ayita à 7 cordes, il fallait une période d’un mois. En effet, lorsque le Ngóbo était abattu, il fallait attendre une semaine pour qu’il perde son humidité. Ensuite, devant l’arbre, des incantations étaient faites par le fabricant qui donnait des coups au tronc à l’aide de ses feuilles. L’essence recevait les ordres de se faire obéissante pendant la fabrication de l’instrument. Une portion du tronc était coupée et transportée vers l’atelier. Le morceau de bois était alors écorché et taillé pour devenir une caisse. Une branche du Ngóbo était transpercée de petits trous de 3 à 5 cm de diamètre. La peau d’animal choisie pour recouvrir la caisse était transpercée d’un même nombre de trous présent sur le manche. Avant de recouvrir la caisse, les fils attachés au manche y étaient fixés contre la peau. Tout le long du processus, les mêmes incantations étaient faites jusqu’à la dernière phase qui consistait à laisser l’Ayita sur la tombe d’un initié pour une nuit. Le lendemain, il était remis à son propriétaire. Ce dernier était sujet à des scarifications sur son corps pour assimiler les connaissances. 3. Les interdits, rythmes et les thématiques de l’Ayita Les interdits sont similaires dans l’ensemble des communautés baka vivant au Cameroun. La proscription fondamentale et d’ailleurs unique est celle qui limite aux femmes le droit de le jouer. L’Ayita est donc un instrument réservé exclusivement aux hommes. Une certaine tradition fait état de ce qu’encours les femmes si elles venaient à transgresser l’interdit : pour les adolescentes, une excroissance des seins observés et une perturbation de la puberté en générale ; les adultes sont exposées au mépris des hommes. Toutefois, les femmes peuvent accompagner le chant de leurs voix. L’Ayita accompagne plusieurs rythmes locaux. On peut citer les rythmes plus anciens tels que le Modiné, le Yéyi, le Beya ebwa-ebwa, le beya siwo, le Bazuka, le Kongola, le Mebasse I, le Mebasse II. L’Ayita peut aussi s’associer, à cause de la diversité des rythmes qu’il accompagne, a plusieurs instruments. On peut citer le Ndoumou qui est le tambour fait de peau de lièvre, les clappes et la bouteille. Plusieurs
  • 7. thématiques sont abordées par l’Ayita. Il s’agit surtout sous forme d’anecdotes des thèmes tels que l’amour du prochain, le courage, la foi en Dieu, le respect de la nature, la patience, la ruse. Mais l’on remarque que ces thématiques sont réellement abordées selon les circonstances de deuil, de mariage, de visite d’un étranger, de palabre, de chasse, etc. B/ L’évolution de l’Ayita La sédentarisation des Baka a accentue un flux important d’échanges culturels avec les autres peuples. Il s’en suivra progressivement, une transformation de l’Ayita par les nouveaux genres qui s’intègrent dans leur patrimoine au détriment des anciens. 1. La désacralisation de l’Ayita Avec le brassage des populations dans les campements, l’Ayita peu à peu devient un instrument profane, c’est-à-dire qu’il ne sera plus l’apanage des initiés baka. La beauté de ses sons suscite la curiosité des étrangers bantous qui se font aussi initier. Déjà au sein des communautés baka, les connaissances et techniques de fabrication sont accessibles désormais à la majorité. De la fabrication à l’initiation aux techniques du jeu, de l’interprétation à la composition, les initiés de plus en plus s’éloignent de la tradition. Aujourd’hui, l’Ayita peut servir pour accompagner les rythmes tels le Bikutsi, le Makossa, le Zouk, le Ndombolo, etc. Toutefois, malgré ces changements, l’Ayita garde toujours son originalité par son timbre brillant et dominant. Certes l’on peut décrier ses transformations, mais il faut admirer la capacité des Baka à s’adapter selon les époques. Sans prétendre rompre avec le passé, il est de bon ton d’accompagner l’Ayita au rendez-vous du donner et du recevoir pour apporter son timbre spécifique et original à la famille des instruments dits modernes et classiques.
  • 8. 1. Les apports et influences extérieures (cas du groupe Ayita) Imprégné de la culture musicale baka, le groupe Ayita est une création du GIC House Music Baka dont le but est la promotion et la valorisation des instruments de musique des pygmées baka dans les régions de l’Est et du Centre. Crée en 2012, le groupe Ayita constitué de bantous dont un bassiste originaire de l’ouest (Brice Kamga), d’un batteur originaire du Littoral (Edouard Lobé), de deux joueurs de harpe (Ngbwa Jean Fabrice, Abeh Patrick), adopte l’Ayita comme instrument de prédilection pour valoriser le chant. A cet effet, plusieurs travaux sont effectués pour adapter l’instrument aux normes occidentales ou anglo saxon. Encore en cours de modernisation, l’Ayita fait l’objet des curiosités des professionnels de la musique de tous les coins du monde. Voici une théorie conçue pour apprendre à jouer l’Ayita selon le groupe Ayita. II. Pratique et techniques de l’Ayita Cette partie de notre exposé sera plus aisée pour des personnes qui ont une connaissance moyenne de la théorie musicale. Il s’agira d’acquérir des connaissances pour un réglage correcte et la position idoine des doigts pour aborder les rythmes dans leurs variétés. A/ le réglage de l’Ayita Cependant, pour maîtriser le réglage de l’Ayita, nous nous permettront de faire un feedback sur la présentation de la gamme diatonique. 1. La gamme diatonique Avant de parler de la gamme diatonique, retenons que les 7 notes de musique sont : DO-RE-MI-FA-SOL-LA-SI (C-D-E-F-G-A-B). Lorsqu’on ajoute DO à la fin de la série des 7 notes, on obtient la Gamme. On dira alors que la gamme est une suite de 8 notes voisines. Notons que pour les modalités pratiques, nous demeurons sur la gamme de DO c’est-à-dire la série des notes de Do de la première note (Tonique) à Do à la huitième note (Octave). Dans le cadre de l’Ayita, nous éliminerons une note de cette
  • 9. série : il s’agit de la note SI (B). Nous obtenons ainsi cette série : DO-RE-MI-FA-SOL-LA-DO (C-D-E-F-G-A-C). 2. Les accords et leurs significations Nous prenons comme échantillon l’Ayita à 11 cordes dont voici la série ascendante : LA-DO-RE-MI-FA-SOL-LA-DO-RE-MI-FA Chaque note devrait générer un groupe de 3 notes appelés accords selon le modèle 1-3-5. On aura donc dans cette série, un accord majeur (DO) et un accord mineur (RE). Ceci est la traduction d’un idéalisme d’une humanité équilibrée comme la dualité du bien et du mal, du chaud et du froid, de l’amour et de la haine, la lumière et les ténèbres, le mal et la femelle, etc. L’Ayita, selon ce réglage et à ce point de vue est le reflet d’un idéal de vie d’harmonie et de tempérance. C’est ici que se dégage sa dimension spirituelle. A partir de ces groupes, on peut avoir des accords complexes c’est- à-dire des notés étrangères aux groupes énumérés plus haut : groupe de 4 notes. On y reviendra… Si vous observez bien, on peut résumer ces accords en deux groupes : DO-MI-SOL accord de DO RE-FA-LA accord de RE Les autres accords sont des renversements de l’accord de DO et de l’accord de RE LA : LA-RE-FA DO : DO-MI-SOL RE : RE-FA-LA MI : MI-SOL-DO FA : FA-LA-RE SOL: SOL-DO-MI LA : LA-RE-FA
  • 10. 3. Le réglage de l’Ayita à 12 – 8 cordes Voici comment seront positionnées les notes sur les cordes d’un Ayita de 12 cordes. De la gauche vers la droite, la hauteur est celle des notes graves aux notes aigues. Ainsi la note la plus grave est le LA à l’extrême gauche et la note la plus aigue est le SOL à l’extrême droite. Remarque : Servez vous du diapason pour fixer la hauteur des notes sur l’Ayita. Vous aviez le choix de baisser la tonalité d’un ton (Sib).
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  • 12. De la gauche vers la droite, la hauteur est celle des notes graves aux notes aigues. Ainsi la note la plus grave est le DO à l’extrême gauche et la note la plus aigue est le RE à l’extrême droite. Après le réglage de vos Ayita, prenez le soin grincer les notes par série ascendante (de la note la plus grave à la plus aigue). Pour bien exercer ce mouvement de notes, il faut avoir la bonne attitude pour tenir l’Ayita. La meilleure posture consiste à jouer assis. Votre colonne vertébrale doit former un angle de 90 dégré. Posez l’Ayita sur la cuisse gauche. La main gauche occupe le côté gauche de l’Ayita et la main opposée son côté droit. Maintenez l’Ayita avec la pression du coude contre la caisse de résonnance. L’Ayita peut aussi se jouer debout. A cet effet, il est recommandé d’avoir une ceinture accrochée sur la sortie arrière du son de la harpe et sur son manche. Accroché la ceinture à l’épaule gauche si vous jouer
  • 13. de la main droite. Voici deux exemples imagés du port de l’Ayita assis et debout. Groupe Ayita-Clip Abim Avon te Concert du groupe Ayita au palais des sports de Yaoundé 2013
  • 14. A. La théorie de l’Ayita Il existe une pluralité de doigtés appliqués sur l’Ayita. Tout dépend de la position des doigts et du rythme. Nous allons sans ce chapitre vous proposer une théorie sur le doigté et les signes qui vont avec. Pour faciliter la compréhension, affectons à chaque corde des numéros correspondants aussi à leurs notes. Exemple : sur l’Ayita 12 cordes, on aura : - temps de mesure On dénombre deux principaux temps de mesure : la mesure à 2/4 et la mesure 6/8. 2 et 6 correspondent à la pulsion (battements), 4 et 8 est la valeur d’un carrée. Pour 2/4 on aura en tout 2 battements tels que : 2/4 = Un carrée= un battement. Pour 6/8 on aura en tout 3 battements tels que : 6/8 = - La mesure Elle est la division d’un morceau de musique en partie de valeur égale. La = I Do = II Ré = III Mi = IV Fa = V Sol = VI La = VII Do = VIII Ré = IX Mi = X Fa = XI
  • 15. Exemple : Matérialisons ces temps dans une partition Ayita Exercice I : Au dessus des eaux (Ngbwa Jean Fabrice) 2/4 M.G I II I II I II I II M.D IV VI VII IV VI VII IV VI VII I V VI VII Cette partition est composée de 2 Mesures. La ligne du haut correspond à la portion réservée à la Main Gauche (Pouce). La ligne du bas à celle qui est réservée à la Main Droite (Pouce/Majeur/Annulaire). De la Main Gauche pincer la I sur un battement, la II sur un battement. Pendant ce temps, la Main Droite pince simultanément la III-V-VI pour une valeur de deux battements. Ainsi la M.D joue groupé, tandis que la M.G fait une ballade. Les deux points dans la dernière case signifie faire une reprise complète. Pour des raisons de commodité, jouez à maintes reprises seulement de la M.G toutes les cases du haut. Faîtes autant avec les cases du bas de la M.D. Familiarisez vous avec l’instrument et la partition. Essayez de jouer des deux mains simultanément. 6/8 : Echos (Ngbwa Jean Fabrice) M.G I II I I II I I II I I II I M.D IV VI VII IV VI VII IV VI VII IV VI VII - La coulée/liaison de valeur La coulée est le prolongement de la valeur de temps d’une note ou d’un groupe de note M.G = Main Gauche M.D= Main droite = Faire une reprise
  • 16. M.G I II I II I II I II M.D IV VI VII IV VI VII La M.D joue sur 2 temps IV-VI-VII et laisse le groupe de notes se prolonger sur la prochaine mesure pour une valeur de 2 temps. Sur ce prolongement, la M.G joue continuellement I-II. - Le point d’orgue Le point d’orgue est le prolongement volontaire d’une note ou d’un groupe de note. 6/8 : Yéyé-(Ngbwa Jean Fabrice) - Le contre temps C’est la partie forte du temps suivant étant formé d’une interruption de son (Silence). Il est à noter pour les deux temps de mesure (2/4, 6/8), les temps forts sont descendants et les temps faibles sont ascendants M.G II II II II II II II II M.D VIII X VIII X VIII X VIII X VIII X VIII X VIII X VIII X M.G II II II II II II II II II II II II M.D IV VI V VII VI VIII VIII X VII IX VI VIII M.G II II II II II II II II II II II II M.D IV VI V VII VI VIII VI VIII
  • 17. - Les syncopes La syncope est la prolongation d’un temps faible sur un temps fort. Avec l’Ayita il est très courant et son jeu constitue la spécificité de l’instrument. M.G I II I II I II I II M.D VII X VII X VII X VII X -Le triolet Dans la tradition classique, le triolet est un groupe de trois notes d’égale valeur qui se joue dans le temps de deux et surmonter d’un chiffre trois. Dans l’univers de l’Ayita, l’on retiendra qu’il s’agit de la division d’un battement en trois parties de valeur égale. La présence du triolet est indiquée par le chiffre 3. Il sera représenté dans la grille sous la forme ci-dessus. M.G I II I II I II I II M.D VII X 3 VII X 3 VII X 3 VII X 3 - Les notes arpégées Les notes arpégées sont très usitées dans la pratique de l’Ayita. Elles enjolivent les harmonies. Les notes arpégées sont jouées détachées et continues. Elles exigent une habilité digitale. Exemple : Djengy (Ngbwa Jean Fabrice)
  • 18. M.G II III IV II III IV II III IV II III IV II III IV II III IV M.D VI VII VIII VI VII VIII VI VII VIII VI VII VIII VI VII VIII VI VII VIII Exercices pratiques de l’Ayita 1. Yéyé-(Ngbwa Jean Fabrice) 2. Mbélé-(Ngbwa Jean Fabrice) 3. Andella-(Ngbwa Jean Fabrice) M.G II II II II II II II II M.D VIII X VIII X VIII X VIII X VIII X VIII X VIII X VIII X M.G II II II II II II II II II II II II M.D IV VI V VII VI VIII VIII X VII IX VI VIII M.G II II II II II II II II II II II II M.D IV VI V VII VI VIII VI VIII M.G I II I II I II I II M.D VII X 3 VII X 3 VII X 3 VII X 3 M.G I II I II I II I II M.D VII X 3 VII X 3 VII X 3 VII X 3 M.G II II II II II II II II M.D VIII X VIII X VIII X VIII X VIII X VIII X VIII X VI II X
  • 19. Noté bien : Faire attention Il ya inversion. La musique commence avec la main droite. 4. Wose -(Ngbwa Jean Fabrice) M.D VII VII VII VII IX VII IX VII IX VII VII VII M.G V VI III V VI III V VI III 4. Yéyi-(Ngbwa Jean Fabrice) M.G IX XI 3 IX XI 3 IX XI 3 IX XI 3 IX XI 3 IX XI 3 IX XI 3 IX XI 3 IX XI 3 M.D VII VII VII VII VII VII VII VII VII M.G VII VIII IX VIII VII VIII IX VIII M.D XI VII VII VII VII VII VII VII M.D VII VII VII VII VII VII VII VII VII M.G I II III I II III I II III M.D VII VII VII VII VII VII VII VII VII M.G I II III I II III I II III M.D VII IX VII IX VII IX VII VII VII VII IX VII IX VII IX M.G V VI III V VI III V VI III
  • 20. I. Les conseils pour l’entretien de l’Ayita L’Ayita est un instrument qui se dégrade. Conservé dans l’humidité, il est exposé aux termites et aux charançons. La meilleure manière de le protéger consiste à le sécher régulièrement au soleil. Il sera préférable de le vernir. Après fabrication, l’Ayita doit faire l’objet d’un ponçage. Pour éviter son déréglage pendant les promenades, il faut le mettre dans une caisse en bois. Vous pouvez diminuer la tension des cordes avant pour éviter qu’elles se coupent. Conclusion L’Ayita est un instrument qui peut contribuer aussi au développement de la musique camerounaise. En présentant ses origines, nous avons voulu attirer l’attention des musiciens sur les premiers maîtres que sont les baka. Son évolution est le fruit de plusieurs apports. A cet effet, le groupe Ayita qui a passé deux années à comprendre son fonctionnement, a mis sur une théorie musicale dont l’application aiderait les musiciens à enrichir leurs créations. Le deuxième volume de ces travaux portera sur l’orchestration de plusieurs Ayita.
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