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La question des communs dans les
pays du Maghreb : un état des lieux
Omar BESSAOUDOmar BESSAOUD
CIHEAM- IAM- MontpellierCIHEAM- IAM- Montpellier
UMR MOISA et GIS-Pôle foncier-AGTERUMR MOISA et GIS-Pôle foncier-AGTER
“Entre Etat et marché: la dynamique du commun.
Vers de nouveaux équilibres
8-10 juin 2017–Université Paris II
PLAN
1. Propos liminaires
2. Rappel historique sur le statut des communs
dans le Maghreb pré colonial
3. La colonisation agraire et le régime des
communs
4. La période post indépendance: le statut des
communs
5. Les logiques marchandes et le processus de
privatisation des communs
Conclusion
Propos liminaires
1. Un paradoxe: « renaissance » des
communs dans les pays du Nord vs
privatisation des communs au Maghreb
2. Etat et marché: politiques publiques et
marché participent à la transformation
du régime des communs
3. La construction de l’Etat-Nation face au fait
tribal
4. Les exclus sociaux: les « perdants » de la
privatisation des communs au Maghreb
1. Un rappel historique
Les communs dominent dans le Maghreb
précolonial
Avant que la colonisation française n’impose à
ses colonies sa législation foncière, le régime des
« communs », au sens de ressources naturelles
(terres de culture, de parcours et forêts) utilisées
et gérées par des communautés rurales de base
(les « arouch») selon des règles définies
généralement par la coutume, a été un mode
dominant dans les pays d’Afrique du Nord.
Les communs dominent dans le Maghreb
précolonial 
La tribu (« arch ») renvoyait à une organisation
caractérisée par une relation de solidarité
communautaire et de cohésion sociale entre les
membres de la tribu.
Elle se structurait à la base par la famille élargie «aïla»
rassemblant plusieurs générations (jusqu’à trois
générations). Cette famille était issue d’une fraction «
ferka », regroupant plusieurs familles se rattachant au
même ancêtre commun regroupées soit dans des
tentes (« kheïma ») pour les pasteurs, des « mechtas »
(habitat semi-dispersé) ou des « douars» pour les tribus
sédentaires.
Plusieurs tribus forment une confédération de tribus
Les communs dominent dans le Maghreb
précolonial 
L’accès collectif et la libre circulation sur des espaces
ouverts représentaient la forme originelle d’occupation
de ces territoires aux ressources les plus diverses
(terres de culture, parcours, forêts).
Les droits ayant trait aux usages de ces ressources
foncières, à leurs modalités d'appropriation et de
jouissance à leurs produits découlaient naturellement
de l’appartenance à la communauté, et de la place
occupée dans la hiérarchie sociale.
Les communs dominent dans le Maghreb
précolonial 
Cette forme sociale d’appropriation des terres
communes autorisait une exploitation complémentaire
des ressources disponibles à l’intérieur des différents
domaines bioclimatiques (montagnes/plaines,
forêts/terres de culture, hautes plaines/steppe).
A signaler que les ressources communes ont des
dimensions matérielles ou immatérielles, et pour le
pastoralisme, le droit à la mobilité est une ressource
immatérielle tout aussi nécessaire à la reproduction du
système.
Les communs dominent dans le Maghreb
précolonial 
Cette occupation territoriale découlait également des
relations entretenues avec les pouvoirs politiques
constitués et des différentes ententes entre
communautés sur les délimitations des territoires aux
frontières mouvantes.
Antérieurement à la colonisation française, il n’y avait
pas de limites foncières, et la notion de propriété – au
sens de règles juridiques, de procédures et de normes
écrites- est étrangère à ces tribus.
Les communs dominent dans le Maghreb
précolonial 
« Chez  eux  [les  populations   
indigènes],  point  de  propriété 
individuelle.  Les  terres  arch  sont 
soumises  à  l’indivision  dans  la  tribu »
(Vacherot, 1869).Revue des deux
mondes
Les communs dominent dans le Maghreb
précolonial 
Les « communs » faisaient pourtant l’objet -pour les
terres de culture- de formes privées d’appropriation. De
façon générale, les règles imposées par la coutume
étaient les mêmes dans les pays du Maghreb : la terre 
était partagée périodiquement entre les fractions des
tribus, entre groupements villageois puis entre les
familles, en parts proportionnelles à la taille de la famille
et des moyens de labours, ou à la qualité des terroirs
(Stahl, 1997). Si la terre arch de culture est de
« jouissance communautaire dont la tribu est 
souveraine (…) l’appropriation, elle est toujours 
individuelle même dans l’indivision» (Henni, 1982 : 30).
Si le droit d’usage est transmissible, il est toutefois
incessible et inaliénable par les ayants droit.
Les communs dominent dans le Maghreb
précolonial 
Les « communs » faisaient pourtant l’objet -pour les
terres de culture- de formes privées d’appropriation. De
façon générale, les règles imposées par la coutume
étaient les mêmes dans les pays du Maghreb : la terre
était partagée périodiquement entre les fractions des
tribus, entre groupements villageois puis entre les
familles, en parts proportionnelles à la taille de la famille
et des moyens de labours, ou à la qualité des terroirs
(Stahl, 1997). Si la terre arch de culture est de
« jouissance communautaire dont la tribu est
souveraine (…) l’appropriation, elle est toujours
individuelle même dans l’indivision» (Henni, 1982 : 30).
Si le droit d’usage est transmissible, il est toutefois
incessible et inaliénable par les ayants droit.
Les communs dominent dans le Maghreb
précolonial 
Les limites entre terres du collectif et celles marquées
du sceau de la propriété individuelle- le « melk »- n’ont
jamais été figées, ni immuables.
Les rapports de force établis par les pouvoirs en place,
la démographie, les accidents naturels (sécheresse,
inondations, invasions de sauterelles...), de même que
les différenciations sociales à l’œuvre au sein des tribus
seront au fondement même des mutations foncières
observés au cours de l’histoire.
Les communs dominent dans le Maghreb
précolonial 
Jusqu’au XIXème siècle, la fragilité des groupes face
aux accidents climatiques ou aux formes de domination
politique qui se sont succédé sur ces territoires ruraux
durant deux millénaires, n’avaient pas réussi à réduire
la structure d’organisation tribale ou les institutions qui
la supportait.
2. Colonisation agraire et ruptures dans le
régime des communs
Les tribus: obstacle à la colonisation
L’organisation tribale est considérée comme un
obstacle à la colonisation, car cette structure selon
le pouvoir colonial « une faculté d’agression et de
résistance qu’il importe de détruire »
Il faut dissoudre la tribu, « ce petit Etat dans l’Etat » et
faire disparaitre ainsi « tous les obstacles contre
lesquels nos efforts d’assimilation et de civilisation ont
été impuissantes jusqu’à ce jour »
Les tribus sont des « petites nations complétement
organisés… [qui]…les porteront toujours à nous faire
la guerre »- A. De Tocqueville
Les tribus: obstacle à la colonisation
« Il faut démanteler la tribu dans ses structures, dans
ses richesses, dans ses terres », et en particulier de
« rompre le lien charnel de la tribu avec la terre » »
(Warnier, 1865).
« La propriété individuelle une fois établie dans la tribu,
les Européens s’y introduiront vite. Ils y trouveront les
terres qui leur manquent et la main-d’œuvre qui leur
fait défaut » (Vacherot, 1869). « L’honneur de la
civilisation nous impose de substituer la propriété
incommutable et individuelle à l’usufruit précaire et
collectif, aussi bien au profit des indigènes que des
colons européens », car « maintenir la forme de
propriété [c’est-à-dire communautaire] détenue par les
indigènes... c’est perpétuer la barbarie » (Warnier,
1865)
Les réformes foncières coloniales
Les réformes foncières coloniales (lois sur le
cantonnement, séquestre collectif, Sénatus- Consulte
de 1863 et loi Warnier de 1873 en Algérie, Dahir de
1919 au Maroc, Décrets de 1918 et 1935 en Tunisie)
et administratives (création des douars-communes et
remplacement des institutions coutumières par des
institutions de l’Etat colonial).
Les réformes foncières coloniales: leurs consquences
Les réformes ont perturbé les règles de
fonctionnement et d’usage des terres tribales
La colonisation accélèrera la destruction du
nomadisme, soit par la réduction des aires de
parcours, par leur fermeture ou des délimitations par
décisions administratives.
La sédentarisation et l’extension de l’économie de
marché fut pour l’autorité coloniale un moyen privilégié
de contrôle de ces espaces et de domination sociale et
politique des populations qui les occupaient.
3. La période post indépendance: le statut des
communs
Persistance des communs
Mis à part l’Algérie, où la vitalité de la société pastorale
avait été plus sérieusement entamée par le système
colonial (Boukhobza, 1982), persistent de vastes
territoires à usage collectif qui servent de base
matérielle à de nombreuses communautés rurales
(collectifs de tribu ou de douar).
Les terres ne sont jamais restées « vides », « sans
maîtres » ou « mortes », et les « mises en sommeil »
de terres étaient souvent perçues comme base
matérielle d’existence pour les membres paupérisés
des communautés tribales, sinon comme réserve de
valeur.
Persistance des communs
Mis à part l’Algérie, où la vitalité de la société pastorale
avait été plus sérieusement entamée par le système
colonial (Boukhobza, 1982), persistent de vastes
territoires à usage collectif qui servent de base
matérielle à de nombreuses communautés rurales
(collectifs de tribu ou de douar).
Les terres ne sont jamais restées « vides », « sans
maîtres » ou « mortes », et les « mises en sommeil »
de terres étaient souvent perçues comme base
matérielle d’existence pour les membres paupérisés
des communautés tribales, sinon comme réserve de
valeur.
Les Etats nationaux face au régime des communs et à
l’organisation tribale
Dès leur accession à l’indépendance, les Etats
nationaux maghrébins reconduisent les politiques
coloniales : «moderniser» les systèmes fonciers,
«unifier les statuts fonciers», au nom de la construction
nationale et des principes de l’Etat-Nation qui voient
dans le maintien des liens tribaux ou de communautés
rurales fondées sur les solidarités de sang ou
d’appartenance religieuse, un obstacle à leur projet
national de refondation d’une société civile
Les Etats nationaux face au régime des communs et à
l’organisation tribale
Dès leur accession à l’indépendance, les Etats
nationaux maghrébins reconduisent les politiques
coloniales : «moderniser» les systèmes fonciers,
«unifier les statuts fonciers», au nom de la construction
nationale et des principes de l’Etat-Nation qui voient
dans le maintien des liens tribaux ou de communautés
rurales fondées sur les solidarités de sang ou
d’appartenance religieuse, un obstacle à leur projet
national de refondation d’un Etat et d’une société civile
Les Etats nationaux face au régime des communs et à
l’organisation tribale
Toutes les réformes administratives relatives aux
communes initiées par les Etats nationaux vont tenter
d’ignorer également l’organisation communautaire. Il
en est de même des programmes agricoles et ruraux,
et ceci à l’exception de quelques expériences limitées
à des territoires du Maroc (Projet de Développement
Pastoral et de l’Elevage dans l’Oriental marocain) ou
de Tunisie (projet PRODESUD)
Une révolution technique silencieuse accélère le
processus de transformation du régime des communs
Une révolution technique « silencieuse » va favoriser
les formes d’appropriations privées sur les terres de
parcours localisées sur les vastes étendues
steppiques (Bourbouze, 2000) : motorisation et la
mécanisation des emblavures et de la moisson,
introduction de camions pour le transport des animaux,
des camionnettes pour le transport de l’orge et des
aliments concentrés pour le bétail, citernes d’eau)
Une révolution technique silencieuse accélère le
processus de transformation du régime des communs
Cette révolution technique « silencieuse » allait
favoriser une véritable « révolution foncière ». Les
compétitions sur l'espace entre éleveurs et éleveurs
convertis à l'agriculture allaient être plus actives.
Ont émergées, et se sont exprimées plus fermement
des stratégies individuelles d’appropriations des terres
de parcours au sein même des organisations sociales
traditionnelles.
Ces stratégies suivaient les mêmes trajectoires:
mettre en valeur par la construction, le creusement
d’un puits ou le trait de labour («vivifier» selon la
charia) et donc s’approprier le sol ou l’eau
Vers une privatisation des communs
Partout, la privatisation d’origine arch relevant du
domaine agricole privé de l’Etat gagne en ampleur.
Partout des dispositifs juridiques ou des
investissements privés et des financements publics
renforcent des formes d’appropriation privée des terres
collectives. Partout, l’entreprenariat et la grande
exploitation privée ont la faveur des politiques
publiques. Partout enfin, l’urbanisation, les projets
industriels ou touristiques ou la hausse de la demande
(de viandes rouges) exercent une pression sur les
terres et fait accroître leur valeur marchande.
Vers une privatisation des communs
En Tunisie : engagée de façon informelle dès les
années 1960. Les lois de 1971-1973, adoptés par
l’État tunisien vont énoncer clairement l’objectif de
«sortir ces terres de leur léthargie en les plaçant dans
la dynamique des circuits économiques» par
l’allotissement des collectifs en propriétés individuelles.
Au Maroc, Il y a une individualisation de fait des terres
de culture («melkisation»), le partage périodique ayant
pratiquement disparu sur ces terres du fait des
processus de relâchement du lien social entre les
membres des collectivités ethniques, de la
sédentarisation, de l’exode rural…
En Algérie, attribution en 1972-73 des terres arch de
culture, dispositif de l’APFA( 1983), concession par la
mise en valeur des terres (1990)
Compétitions sociales et renaissance du fait tribal sur
les communs
Face à une réduction des réserves de terres
utilisables, des stratégies spéculatives d’investisseurs
se développent à la faveur de décisions publiques
prises au détriment des petits éleveurs et de
communautés rurales locales.
Si les conflits sont un fait permanent, ils ont pris
toutefois une dimension nouvelle face aux stratégies
spéculatives de prise de contrôle des terres collectives
)
L’impuissance des structures communautaires
Même si les résistances sont aujourd’hui plus vives et
les oppositions plus fortes face à ces processus de
privatisation, les communautés traditionnelles et leurs
institutions (J’mâas) ont été impuissantes à freiner les
tendances à l’appropriation des terres collectives ou à
défendre leurs droits historiques exercés sur ces terres
Vers la rupture d’un compromis historique
Les termes du compromis noué dans le passé entre
l’Etat et les communautés rurales sont
progressivement remis en question.
Il faut en effet rappeler, que les conflits autour des
communs étaient limités - même si les terres étaient
versées au domaine privé de l’Etat- dès lors que ces
mêmes Etats s’étaient résigné à reconnaitre les droits
d’usage aux populations légitimes et s’efforçaient de
respecter les droits fonciers historiques des
communautés locales.
Vers la rupture d’un compromis historique
Les cessions des terres collectives
ont soulevé ces dernières années de larges
mouvements de protestation des communautés
ethniques.
Des centaines d’associations locales se sont constitué
pour exprimer vigoureusement leur opposition ou
revendiquer des compensations en contrepartie des
confiscations ou des cessions de terres collectives aux
investisseurs privés.
De la remise en cause des communs aux revendications
identiaires et culturelles
Toutes ces luttes sociales conduites dans différentes
régions du pays ont eu pour effet de réactiver les
revendications identitaires et culturelles, de conquérir
de nouveaux droits que la loi coutumière ne leur
accordait pas, le droit d’hériter ou siéger dans les
conseils de gestion des terres (Bendjeddi, 2015),
Mahdi, 1016)
CONCLUSION
De la remise en cause des communs aux revendications
identiaires et culturelles
Les organisations communautaires rurales
traditionnelles ont été soumises au cours de ces
dernières décennies à des changements
démographiques (forte croissance, urbanisation et
sédentarisation); Les communs ont été confrontés à
une expansion des marchés et à des interventions
directes et fortes des Etats nationaux.
Ces changements vont être accompagnés de
transformations radicales de les modes de vie et de
production. A des rythmes différents selon les pays, de
vigoureuses tendances à la privatisation des
ressources vont se manifester sur tous les territoires
maghrébins
De la remise en cause des communs aux revendications
identiaires et culturelles
Les politiques publiques foncières ont opté pour la
cession des terres collectives ou « arch » au profit de
concessionnaires privés. La privatisation des terres
collectives de culture ayant été engagée par l’Etat
depuis les années 1970 en Tunisie, et cette
« melkisation » s’étend aujourd’hui aux terres de
parcours dans les trois pays du Maghreb.
De la remise en cause des communs aux revendications
identiaires et culturelles
•Paradoxalement, les actions de cessions au secteur
privé réactivent les revendications des organisations
communautaires tribales sur leurs ressources,
alimentent le sentiment tribal et les identités culturels
que les Etats nationaux s’étaient efforcé d’effacer.
•Ces mouvements sociaux de contestation recourent à
de formes d’organisation moderne (associations),
occupent l’espace public et élargissent leurs doléances
à des questions relatives à leur place de la société
civile –organisations coutumières inclus- et dans la
définition des politiques foncières.
.
De la remise en cause des communs aux
revendications identiaires et culturelles
Ces résistances sociales signent le
fait majeur que les ressources
communes constituent toujours pour
le monde rural maghrébin une base
d’existence et un mode de vie
essentiel
Merci pour votre attention
BIBLIOGRAPHIE
•Benchérif, S (2017). La gestion et la gouvernance des terres
collectives « tribales » dans la région de Stitten (Wilaya d’El
Bayadh). Algérie. Rapport FAO-CIHEAM. Février 2017. Non
publié.
•Benjeddi M (2015). Les terres collectives à l’épreuve des
mouvements sociaux au Maroc. Thèse de Master of Science du
CIHEAM – Montpellier
•Bensâad, A (2017). Réhabilitation de l’écosystème pastoral et
renforcement du processus de gestion des parcours de l’UST
Ouled Chehida. Etude de cas foncier Tunisie. Rapport FAO-
CIHEAM. Février 2017. Non publié.
•Bensaad A., AbaabA., Bourbouze A., Elloumi M., Jouve A-
M., & Sghaier M., (2010) La privatisation des terres collectives
dans les régions arides tunisiennes : contraintes socio-
économiques et impact sur l’environnement. Cas de la région de
Tatatouine, Sud tunisien in AFD – CTFD. Mars 2010.
BIBLIOGRAPHIE
•Bessaoud, O (2013)., La question foncière au Maghreb : la
longue marche vers la privatisation. Les cahiers du CREAD
n°103-2013, p 17-44
•Berchiche T., (2000), «Enjeux et stratégies d’appropriation du
territoire steppique Cas de la zone de Maamora (Saïda) Options
Méditerranéennes, Série A / n°39.
•Boukhobza M., (1982). L'agro pastoralisme traditionnel en
Algérie : de l'ordre tribal au désordre colonial. OPU; Alger, 458
p.
•Bourbouze A., (2000) «Pastoralisme au Maghreb : la
révolution silencieuse », Revue Fourrages, 161
•Chiche J., (1992), «Pratiques d'utilisation des terres collectives
au Maroc». In Terres collectives en Méditerranée, coordonné
par Bourbouze A. et Rubino R., Ars Grafica, FAO, pp 41-56.
BIBLIOGRAPHIE
•Davis, DK., (2012). Les mythes environnementaux de la
colonisation française au Maghreb. Editions Vallon. 2012. 329 P
•El Alaoui M., (2012) Conflits relatifs aux terres collectives de
parcours au Maroc et modalités de leur règlement. Document
non publié.
•Mahdi, M., (2015). Revendiquer sa ‘’part’’ de ses
propres terres ! Communication présentée à La
deuxième Conférence du Conseil Arabe pour les
Sciences Sociales. ‘‘Remise en question de l’inégalité
sociale et des différences dans les sociétés arabes’’.
Beyrouth 13-15 mars, 2015.
•Mahdi M., 2009 : La tribu au secours du
développement pastoral. Études rurales n° 184, 2009,
pp 133-148
BIBLIOGRAPHIE
•Moulai A., (2011) Intérêts et enjeux autour du foncier
steppique : Cas des M’khalifs de Bennana - Algérie.
Communication au séminaire Foncimed - Cargèse (Corse).
Sept. 2011
•Stahl P.H (1997) La méditerranée - Propriété et structure
sociale (XIX-XXème siècles). Ed. Alif (Tunisie) - Edisud (France)
– Toubkal (Maroc)
•Vacherot, A., (1869) L'Algérie sous l'Empire. Les indigènes et
la colonisation, Revue des Deux Mondes T.83
•Warnier, A (1865) L'Algérie devant l'Empereur, éd.
Challlamel, Alger.
•

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La question des communs dans les pays du Maghreb : un état des lieux

  • 1. 1 La question des communs dans les pays du Maghreb : un état des lieux Omar BESSAOUDOmar BESSAOUD CIHEAM- IAM- MontpellierCIHEAM- IAM- Montpellier UMR MOISA et GIS-Pôle foncier-AGTERUMR MOISA et GIS-Pôle foncier-AGTER “Entre Etat et marché: la dynamique du commun. Vers de nouveaux équilibres 8-10 juin 2017–Université Paris II
  • 2. PLAN 1. Propos liminaires 2. Rappel historique sur le statut des communs dans le Maghreb pré colonial 3. La colonisation agraire et le régime des communs 4. La période post indépendance: le statut des communs 5. Les logiques marchandes et le processus de privatisation des communs Conclusion
  • 3. Propos liminaires 1. Un paradoxe: « renaissance » des communs dans les pays du Nord vs privatisation des communs au Maghreb 2. Etat et marché: politiques publiques et marché participent à la transformation du régime des communs 3. La construction de l’Etat-Nation face au fait tribal 4. Les exclus sociaux: les « perdants » de la privatisation des communs au Maghreb
  • 4. 1. Un rappel historique
  • 5. Les communs dominent dans le Maghreb précolonial Avant que la colonisation française n’impose à ses colonies sa législation foncière, le régime des « communs », au sens de ressources naturelles (terres de culture, de parcours et forêts) utilisées et gérées par des communautés rurales de base (les « arouch») selon des règles définies généralement par la coutume, a été un mode dominant dans les pays d’Afrique du Nord.
  • 6. Les communs dominent dans le Maghreb précolonial  La tribu (« arch ») renvoyait à une organisation caractérisée par une relation de solidarité communautaire et de cohésion sociale entre les membres de la tribu. Elle se structurait à la base par la famille élargie «aïla» rassemblant plusieurs générations (jusqu’à trois générations). Cette famille était issue d’une fraction « ferka », regroupant plusieurs familles se rattachant au même ancêtre commun regroupées soit dans des tentes (« kheïma ») pour les pasteurs, des « mechtas » (habitat semi-dispersé) ou des « douars» pour les tribus sédentaires. Plusieurs tribus forment une confédération de tribus
  • 7. Les communs dominent dans le Maghreb précolonial  L’accès collectif et la libre circulation sur des espaces ouverts représentaient la forme originelle d’occupation de ces territoires aux ressources les plus diverses (terres de culture, parcours, forêts). Les droits ayant trait aux usages de ces ressources foncières, à leurs modalités d'appropriation et de jouissance à leurs produits découlaient naturellement de l’appartenance à la communauté, et de la place occupée dans la hiérarchie sociale.
  • 8. Les communs dominent dans le Maghreb précolonial  Cette forme sociale d’appropriation des terres communes autorisait une exploitation complémentaire des ressources disponibles à l’intérieur des différents domaines bioclimatiques (montagnes/plaines, forêts/terres de culture, hautes plaines/steppe). A signaler que les ressources communes ont des dimensions matérielles ou immatérielles, et pour le pastoralisme, le droit à la mobilité est une ressource immatérielle tout aussi nécessaire à la reproduction du système.
  • 9. Les communs dominent dans le Maghreb précolonial  Cette occupation territoriale découlait également des relations entretenues avec les pouvoirs politiques constitués et des différentes ententes entre communautés sur les délimitations des territoires aux frontières mouvantes. Antérieurement à la colonisation française, il n’y avait pas de limites foncières, et la notion de propriété – au sens de règles juridiques, de procédures et de normes écrites- est étrangère à ces tribus.
  • 10. Les communs dominent dans le Maghreb précolonial  « Chez  eux  [les  populations    indigènes],  point  de  propriété  individuelle.  Les  terres  arch  sont  soumises  à  l’indivision  dans  la  tribu » (Vacherot, 1869).Revue des deux mondes
  • 11. Les communs dominent dans le Maghreb précolonial  Les « communs » faisaient pourtant l’objet -pour les terres de culture- de formes privées d’appropriation. De façon générale, les règles imposées par la coutume étaient les mêmes dans les pays du Maghreb : la terre  était partagée périodiquement entre les fractions des tribus, entre groupements villageois puis entre les familles, en parts proportionnelles à la taille de la famille et des moyens de labours, ou à la qualité des terroirs (Stahl, 1997). Si la terre arch de culture est de « jouissance communautaire dont la tribu est  souveraine (…) l’appropriation, elle est toujours  individuelle même dans l’indivision» (Henni, 1982 : 30). Si le droit d’usage est transmissible, il est toutefois incessible et inaliénable par les ayants droit.
  • 12. Les communs dominent dans le Maghreb précolonial  Les « communs » faisaient pourtant l’objet -pour les terres de culture- de formes privées d’appropriation. De façon générale, les règles imposées par la coutume étaient les mêmes dans les pays du Maghreb : la terre était partagée périodiquement entre les fractions des tribus, entre groupements villageois puis entre les familles, en parts proportionnelles à la taille de la famille et des moyens de labours, ou à la qualité des terroirs (Stahl, 1997). Si la terre arch de culture est de « jouissance communautaire dont la tribu est souveraine (…) l’appropriation, elle est toujours individuelle même dans l’indivision» (Henni, 1982 : 30). Si le droit d’usage est transmissible, il est toutefois incessible et inaliénable par les ayants droit.
  • 13. Les communs dominent dans le Maghreb précolonial  Les limites entre terres du collectif et celles marquées du sceau de la propriété individuelle- le « melk »- n’ont jamais été figées, ni immuables. Les rapports de force établis par les pouvoirs en place, la démographie, les accidents naturels (sécheresse, inondations, invasions de sauterelles...), de même que les différenciations sociales à l’œuvre au sein des tribus seront au fondement même des mutations foncières observés au cours de l’histoire.
  • 14. Les communs dominent dans le Maghreb précolonial  Jusqu’au XIXème siècle, la fragilité des groupes face aux accidents climatiques ou aux formes de domination politique qui se sont succédé sur ces territoires ruraux durant deux millénaires, n’avaient pas réussi à réduire la structure d’organisation tribale ou les institutions qui la supportait.
  • 15. 2. Colonisation agraire et ruptures dans le régime des communs
  • 16. Les tribus: obstacle à la colonisation L’organisation tribale est considérée comme un obstacle à la colonisation, car cette structure selon le pouvoir colonial « une faculté d’agression et de résistance qu’il importe de détruire » Il faut dissoudre la tribu, « ce petit Etat dans l’Etat » et faire disparaitre ainsi « tous les obstacles contre lesquels nos efforts d’assimilation et de civilisation ont été impuissantes jusqu’à ce jour » Les tribus sont des « petites nations complétement organisés… [qui]…les porteront toujours à nous faire la guerre »- A. De Tocqueville
  • 17. Les tribus: obstacle à la colonisation « Il faut démanteler la tribu dans ses structures, dans ses richesses, dans ses terres », et en particulier de « rompre le lien charnel de la tribu avec la terre » » (Warnier, 1865). « La propriété individuelle une fois établie dans la tribu, les Européens s’y introduiront vite. Ils y trouveront les terres qui leur manquent et la main-d’œuvre qui leur fait défaut » (Vacherot, 1869). « L’honneur de la civilisation nous impose de substituer la propriété incommutable et individuelle à l’usufruit précaire et collectif, aussi bien au profit des indigènes que des colons européens », car « maintenir la forme de propriété [c’est-à-dire communautaire] détenue par les indigènes... c’est perpétuer la barbarie » (Warnier, 1865)
  • 18. Les réformes foncières coloniales Les réformes foncières coloniales (lois sur le cantonnement, séquestre collectif, Sénatus- Consulte de 1863 et loi Warnier de 1873 en Algérie, Dahir de 1919 au Maroc, Décrets de 1918 et 1935 en Tunisie) et administratives (création des douars-communes et remplacement des institutions coutumières par des institutions de l’Etat colonial).
  • 19. Les réformes foncières coloniales: leurs consquences Les réformes ont perturbé les règles de fonctionnement et d’usage des terres tribales La colonisation accélèrera la destruction du nomadisme, soit par la réduction des aires de parcours, par leur fermeture ou des délimitations par décisions administratives. La sédentarisation et l’extension de l’économie de marché fut pour l’autorité coloniale un moyen privilégié de contrôle de ces espaces et de domination sociale et politique des populations qui les occupaient.
  • 20. 3. La période post indépendance: le statut des communs
  • 21. Persistance des communs Mis à part l’Algérie, où la vitalité de la société pastorale avait été plus sérieusement entamée par le système colonial (Boukhobza, 1982), persistent de vastes territoires à usage collectif qui servent de base matérielle à de nombreuses communautés rurales (collectifs de tribu ou de douar). Les terres ne sont jamais restées « vides », « sans maîtres » ou « mortes », et les « mises en sommeil » de terres étaient souvent perçues comme base matérielle d’existence pour les membres paupérisés des communautés tribales, sinon comme réserve de valeur.
  • 22. Persistance des communs Mis à part l’Algérie, où la vitalité de la société pastorale avait été plus sérieusement entamée par le système colonial (Boukhobza, 1982), persistent de vastes territoires à usage collectif qui servent de base matérielle à de nombreuses communautés rurales (collectifs de tribu ou de douar). Les terres ne sont jamais restées « vides », « sans maîtres » ou « mortes », et les « mises en sommeil » de terres étaient souvent perçues comme base matérielle d’existence pour les membres paupérisés des communautés tribales, sinon comme réserve de valeur.
  • 23. Les Etats nationaux face au régime des communs et à l’organisation tribale Dès leur accession à l’indépendance, les Etats nationaux maghrébins reconduisent les politiques coloniales : «moderniser» les systèmes fonciers, «unifier les statuts fonciers», au nom de la construction nationale et des principes de l’Etat-Nation qui voient dans le maintien des liens tribaux ou de communautés rurales fondées sur les solidarités de sang ou d’appartenance religieuse, un obstacle à leur projet national de refondation d’une société civile
  • 24. Les Etats nationaux face au régime des communs et à l’organisation tribale Dès leur accession à l’indépendance, les Etats nationaux maghrébins reconduisent les politiques coloniales : «moderniser» les systèmes fonciers, «unifier les statuts fonciers», au nom de la construction nationale et des principes de l’Etat-Nation qui voient dans le maintien des liens tribaux ou de communautés rurales fondées sur les solidarités de sang ou d’appartenance religieuse, un obstacle à leur projet national de refondation d’un Etat et d’une société civile
  • 25. Les Etats nationaux face au régime des communs et à l’organisation tribale Toutes les réformes administratives relatives aux communes initiées par les Etats nationaux vont tenter d’ignorer également l’organisation communautaire. Il en est de même des programmes agricoles et ruraux, et ceci à l’exception de quelques expériences limitées à des territoires du Maroc (Projet de Développement Pastoral et de l’Elevage dans l’Oriental marocain) ou de Tunisie (projet PRODESUD)
  • 26. Une révolution technique silencieuse accélère le processus de transformation du régime des communs Une révolution technique « silencieuse » va favoriser les formes d’appropriations privées sur les terres de parcours localisées sur les vastes étendues steppiques (Bourbouze, 2000) : motorisation et la mécanisation des emblavures et de la moisson, introduction de camions pour le transport des animaux, des camionnettes pour le transport de l’orge et des aliments concentrés pour le bétail, citernes d’eau)
  • 27. Une révolution technique silencieuse accélère le processus de transformation du régime des communs Cette révolution technique « silencieuse » allait favoriser une véritable « révolution foncière ». Les compétitions sur l'espace entre éleveurs et éleveurs convertis à l'agriculture allaient être plus actives. Ont émergées, et se sont exprimées plus fermement des stratégies individuelles d’appropriations des terres de parcours au sein même des organisations sociales traditionnelles. Ces stratégies suivaient les mêmes trajectoires: mettre en valeur par la construction, le creusement d’un puits ou le trait de labour («vivifier» selon la charia) et donc s’approprier le sol ou l’eau
  • 28. Vers une privatisation des communs Partout, la privatisation d’origine arch relevant du domaine agricole privé de l’Etat gagne en ampleur. Partout des dispositifs juridiques ou des investissements privés et des financements publics renforcent des formes d’appropriation privée des terres collectives. Partout, l’entreprenariat et la grande exploitation privée ont la faveur des politiques publiques. Partout enfin, l’urbanisation, les projets industriels ou touristiques ou la hausse de la demande (de viandes rouges) exercent une pression sur les terres et fait accroître leur valeur marchande.
  • 29. Vers une privatisation des communs En Tunisie : engagée de façon informelle dès les années 1960. Les lois de 1971-1973, adoptés par l’État tunisien vont énoncer clairement l’objectif de «sortir ces terres de leur léthargie en les plaçant dans la dynamique des circuits économiques» par l’allotissement des collectifs en propriétés individuelles. Au Maroc, Il y a une individualisation de fait des terres de culture («melkisation»), le partage périodique ayant pratiquement disparu sur ces terres du fait des processus de relâchement du lien social entre les membres des collectivités ethniques, de la sédentarisation, de l’exode rural… En Algérie, attribution en 1972-73 des terres arch de culture, dispositif de l’APFA( 1983), concession par la mise en valeur des terres (1990)
  • 30. Compétitions sociales et renaissance du fait tribal sur les communs Face à une réduction des réserves de terres utilisables, des stratégies spéculatives d’investisseurs se développent à la faveur de décisions publiques prises au détriment des petits éleveurs et de communautés rurales locales. Si les conflits sont un fait permanent, ils ont pris toutefois une dimension nouvelle face aux stratégies spéculatives de prise de contrôle des terres collectives )
  • 31. L’impuissance des structures communautaires Même si les résistances sont aujourd’hui plus vives et les oppositions plus fortes face à ces processus de privatisation, les communautés traditionnelles et leurs institutions (J’mâas) ont été impuissantes à freiner les tendances à l’appropriation des terres collectives ou à défendre leurs droits historiques exercés sur ces terres
  • 32. Vers la rupture d’un compromis historique Les termes du compromis noué dans le passé entre l’Etat et les communautés rurales sont progressivement remis en question. Il faut en effet rappeler, que les conflits autour des communs étaient limités - même si les terres étaient versées au domaine privé de l’Etat- dès lors que ces mêmes Etats s’étaient résigné à reconnaitre les droits d’usage aux populations légitimes et s’efforçaient de respecter les droits fonciers historiques des communautés locales.
  • 33. Vers la rupture d’un compromis historique Les cessions des terres collectives ont soulevé ces dernières années de larges mouvements de protestation des communautés ethniques. Des centaines d’associations locales se sont constitué pour exprimer vigoureusement leur opposition ou revendiquer des compensations en contrepartie des confiscations ou des cessions de terres collectives aux investisseurs privés.
  • 34. De la remise en cause des communs aux revendications identiaires et culturelles Toutes ces luttes sociales conduites dans différentes régions du pays ont eu pour effet de réactiver les revendications identitaires et culturelles, de conquérir de nouveaux droits que la loi coutumière ne leur accordait pas, le droit d’hériter ou siéger dans les conseils de gestion des terres (Bendjeddi, 2015), Mahdi, 1016)
  • 36. De la remise en cause des communs aux revendications identiaires et culturelles Les organisations communautaires rurales traditionnelles ont été soumises au cours de ces dernières décennies à des changements démographiques (forte croissance, urbanisation et sédentarisation); Les communs ont été confrontés à une expansion des marchés et à des interventions directes et fortes des Etats nationaux. Ces changements vont être accompagnés de transformations radicales de les modes de vie et de production. A des rythmes différents selon les pays, de vigoureuses tendances à la privatisation des ressources vont se manifester sur tous les territoires maghrébins
  • 37. De la remise en cause des communs aux revendications identiaires et culturelles Les politiques publiques foncières ont opté pour la cession des terres collectives ou « arch » au profit de concessionnaires privés. La privatisation des terres collectives de culture ayant été engagée par l’Etat depuis les années 1970 en Tunisie, et cette « melkisation » s’étend aujourd’hui aux terres de parcours dans les trois pays du Maghreb.
  • 38. De la remise en cause des communs aux revendications identiaires et culturelles •Paradoxalement, les actions de cessions au secteur privé réactivent les revendications des organisations communautaires tribales sur leurs ressources, alimentent le sentiment tribal et les identités culturels que les Etats nationaux s’étaient efforcé d’effacer. •Ces mouvements sociaux de contestation recourent à de formes d’organisation moderne (associations), occupent l’espace public et élargissent leurs doléances à des questions relatives à leur place de la société civile –organisations coutumières inclus- et dans la définition des politiques foncières. .
  • 39. De la remise en cause des communs aux revendications identiaires et culturelles Ces résistances sociales signent le fait majeur que les ressources communes constituent toujours pour le monde rural maghrébin une base d’existence et un mode de vie essentiel
  • 40. Merci pour votre attention
  • 41. BIBLIOGRAPHIE •Benchérif, S (2017). La gestion et la gouvernance des terres collectives « tribales » dans la région de Stitten (Wilaya d’El Bayadh). Algérie. Rapport FAO-CIHEAM. Février 2017. Non publié. •Benjeddi M (2015). Les terres collectives à l’épreuve des mouvements sociaux au Maroc. Thèse de Master of Science du CIHEAM – Montpellier •Bensâad, A (2017). Réhabilitation de l’écosystème pastoral et renforcement du processus de gestion des parcours de l’UST Ouled Chehida. Etude de cas foncier Tunisie. Rapport FAO- CIHEAM. Février 2017. Non publié. •Bensaad A., AbaabA., Bourbouze A., Elloumi M., Jouve A- M., & Sghaier M., (2010) La privatisation des terres collectives dans les régions arides tunisiennes : contraintes socio- économiques et impact sur l’environnement. Cas de la région de Tatatouine, Sud tunisien in AFD – CTFD. Mars 2010.
  • 42. BIBLIOGRAPHIE •Bessaoud, O (2013)., La question foncière au Maghreb : la longue marche vers la privatisation. Les cahiers du CREAD n°103-2013, p 17-44 •Berchiche T., (2000), «Enjeux et stratégies d’appropriation du territoire steppique Cas de la zone de Maamora (Saïda) Options Méditerranéennes, Série A / n°39. •Boukhobza M., (1982). L'agro pastoralisme traditionnel en Algérie : de l'ordre tribal au désordre colonial. OPU; Alger, 458 p. •Bourbouze A., (2000) «Pastoralisme au Maghreb : la révolution silencieuse », Revue Fourrages, 161 •Chiche J., (1992), «Pratiques d'utilisation des terres collectives au Maroc». In Terres collectives en Méditerranée, coordonné par Bourbouze A. et Rubino R., Ars Grafica, FAO, pp 41-56.
  • 43. BIBLIOGRAPHIE •Davis, DK., (2012). Les mythes environnementaux de la colonisation française au Maghreb. Editions Vallon. 2012. 329 P •El Alaoui M., (2012) Conflits relatifs aux terres collectives de parcours au Maroc et modalités de leur règlement. Document non publié. •Mahdi, M., (2015). Revendiquer sa ‘’part’’ de ses propres terres ! Communication présentée à La deuxième Conférence du Conseil Arabe pour les Sciences Sociales. ‘‘Remise en question de l’inégalité sociale et des différences dans les sociétés arabes’’. Beyrouth 13-15 mars, 2015. •Mahdi M., 2009 : La tribu au secours du développement pastoral. Études rurales n° 184, 2009, pp 133-148
  • 44. BIBLIOGRAPHIE •Moulai A., (2011) Intérêts et enjeux autour du foncier steppique : Cas des M’khalifs de Bennana - Algérie. Communication au séminaire Foncimed - Cargèse (Corse). Sept. 2011 •Stahl P.H (1997) La méditerranée - Propriété et structure sociale (XIX-XXème siècles). Ed. Alif (Tunisie) - Edisud (France) – Toubkal (Maroc) •Vacherot, A., (1869) L'Algérie sous l'Empire. Les indigènes et la colonisation, Revue des Deux Mondes T.83 •Warnier, A (1865) L'Algérie devant l'Empereur, éd. Challlamel, Alger. •