2. Daniel Boyarin
Né en 1946, universitaire, philosophe et historien, spécialiste
d'histoire des religions. Double nationalité états-unienne et israélienne.
Doctorat au Jewish Theological Seminary of America. Professeur de
culture talmudique à l’université de Berkeley.
Spécialiste des premiers siècles de notre ère, des écrits juifs,
chrétiens ou "hérétiques". Auteur prolifique, notamment d'un ouvrage
majeur (mais non traduit) sur Paul de Tarse. Son livre sur les martyrs
juifs et chrétiens a été traduit en français : Mourir pour Dieu. L'invention
du martyre aux origines du judaïsme et du christianisme. Applique aux
textes de la Torah orale la méthode historico-critique.
Selon lui, la séparation des chemins entre les deux religions
n’aurait pas eu lieu au Ier ou 2e siècle de notre ère, mais beaucoup plus
tardivement, peu avant le 4e siècle.
« La plupart des études juives qui portent sur Jésus, même celles
rédigées par des érudits ou des esprits très ouverts, ont généralement
rejeté l'idée que Jésus était le fils de Dieu, au même titre qu'elles
réfutaient l'Incarnation ou la Trinité, et plus encore l'idée que le Messie
pouvait mourir, à plus forte raison s'il est le fils de Dieu. ../..
3. Daniel Boyarin
Ces dernières années, des intellectuels juifs, dont je fais
partie, ont néanmoins avancé que ce dernier point n'était peut-être
pas si certain. En effet, on trouve dans la littérature primitive non
rabbinique, et en particulier dans la littérature pré-rabbinique (mais
pas seulement), des écrits qui évoquent l'existence d'une seconde
figure divine, qui se tiendrait au ciel à côté de Dieu et respecterait la
seule volonté de Dieu. Cette doctrine, dite "binitarisme", caractérise
également la théologie en vigueur chez de nombreux chrétiens avant
le premier concile de Nicée [325].
La principale différence entre juifs et chrétiens aujourd'hui
concerne l'identité de ce Messie: les chrétiens affirment qu'il est déjà
venu en la personne de Jésus, tandis que les juifs l'attendent
toujours.»
Jésus aurait donc été condamné non pas seulement parce qu’il
remettait en cause la religion sacrificielle, ou qu’il mettait la religion au
service du développement de l’homme, mais parce qu’il se présentait
comme ‘Fils de l’homme’, c’est-à-dire seconde figure divine.
4. Jean-Louis Schlegel
Né en 1946, sociologue des religions français. Jésuite jusqu’en
1985. Éditeur de 1985 à 2009 aux éditions du Seuil (philosophie,
théologie, sociologie, histoire religieuse, spiritualité). Membre du comité
éditorial de la revue Esprit. Essayiste, traducteur de 23 livres de philo-
sophes et de théologiens allemands.
Montre que le caractère inéluctable de la sécularisation des
sociétés européennes n'implique pas pour autant une baisse de la
croyance religieuse et que le rejet de la modernité s'accompagne de
crispations diverses et de phénomènes identitaires (sectes,
dogmatismes, fondamentalismes, intégralismes *, intégrismes **...).
«Le monde moderne, incertain, superficiel, crée une demande
de certitudes et de sens. Les fondamentalistes offrent le sens de la vie
sur un plateau, par des témoins archi-convaincus ! Plutôt que d'aller
vers les outils compliqués de la connaissance, les jeunes préfèrent
l'adhésion immédiate, confiante, enthousiaste. C'est respectable, mais
une certaine expression de la foi des "jeunes" est terriblement simpliste
et crédule. »
* Intégralisme : Caractère de celui qui n'admet aucune restriction, aucune compromission.
** Intégrisme : Refus de toute évolution au nom du respect de la tradition
5. Ingmar Granstedt
Né en 1946, socio-économiste français d'origine suédoise.
Membre de ‘La ligne d’horizon - Les amis de François Partant’.
Étudie les conséquences sociales de l'industrialisation et le
‟capitalisme absolu englobant ” (chacun pour soi, démesure,
conformisme, etc.).
Une autre partie de ses écrits est consacrée à la théologie (Etty
Hillesum, Pierre Ganne, etc.)
« Pour éveiller la conscience et la maintenir éveillée :
- faire attention, apprendre à ralentir, chercher des moments de silence
pour veiller au meilleur de soi-même;
- s’interroger sur ce que l’on perçoit et ressent;
- s’informer pour mieux comprendre, chercher soi-même;
- mettre à l’œuvre toute la raison, percevoir autrement, pouvoir changer
d’interprétation;
- discerner, s’engager avec courage d’une façon ou d’une autre;
- faire une autocritique saine et responsable de ses actes et
comportements;
- poser des refus et des actes de rupture en conscience et librement. »
Voir aussi I. Granstedt in chercheurs d’alternatives économiques
6. Matthieu Ricard
né en 1946, scientifique français, chercheur en génétique
cellulaire dans le laboratoire de François Jacob, philosophe,
photographe, écrivain et moine bouddhiste.
Quand il n’est pas en déplacement, réside au monastère
Shéchèn au Népal.
Consacre l’intégralité de ses droits d’auteur à une quarantaine de
projets humanitaires de l’association Karuna Schéchèn au Népal, au
Tibet et en Inde, à la préservation de la culture tibétaine et à la vie
contemplative.
Participe activement à des projets de recherche qui étudient
l’influence de l’entraînement de l’esprit et de la méditation sur le
cerveau.
« Le bonheur, c’est d’abord le goût de vivre.
Le bonheur ne nous est pas donné ni le malheur imposé. Nous
sommes à chaque instant à la croisée des chemins, et il nous
appartient de choisir la direction à prendre. » ../..
7. Matthieu Ricard
« L’altruisme est le seul concept qui puisse concilier trois échelles de
temps - le court, le moyen et le long terme -, qui correspondent aux trois
impératifs majeurs que sont l’économie, la recherche du bonheur et le
respect de l’environnement. Dès lors que vous avez davantage de
considération pour autrui, vous ne jouez plus avec l’argent des autres,
vous faites en sorte que la qualité de vie dans la société soit acceptable et
que l’état de la planète pour les générations futures le soit aussi. (…)
À l’échelle de l’évolution des espèces, il est prouvé que la
coopération a toujours amené à des niveaux de complexité et de progrès
bien plus élevés que la compétition.
Comme l’a dit Victor Hugo, rien n’est aussi puissant qu’une idée
dont le temps est venu. Le temps de l’altruisme arrive, c’est évident. Parce
que, de toute façon, nous n’avons plus le choix.
L'altruisme n'est ni une utopie ni un vœu pieux, mais une nécessité,
voire une urgence, dans notre monde de plus en plus interdépendant à
l'heure de la mondialisation. »
8. Matthieu Ricard
« Nous tuons chaque année 60 milliards d'animaux terrestres
et 1 000 milliards d'animaux marins pour notre consommation. Un
massacre inégalé dans l'histoire de l‘humanité qui pose un défi
éthique majeur et nuit à nos sociétés : cette surconsommation
aggrave la faim dans le monde, provoque des déséquilibres
écologiques, est mauvaise pour notre santé.
En plus de l'alimentation, nous instrumentalisons aussi les
animaux pour des raisons purement vénales, pour la recherche
scientifique ou par simple divertissement.
Et si le temps était venu de les considérer non plus comme des
êtres inférieurs mais comme nos “concitoyens” sur cette terre ? Nous
vivons dans un monde interdépendant où le sort de chaque être, quel
qu'il soit, est intimement lié à celui des autres. (…)
La plus grande partie des souffrances, incommensurables, que
nous leur infligeons ne sont ni nécessaires ni inévitables.(…) Il ne
s'agit pas d'humaniser les animaux ou d'animaliser l'homme, mais
d'étendre aux deux notre bienveillance ! »
9. Élie Barnavi
Né en 1946 en Roumanie, émigre avec ses parents en Israël en 1961.
Historien et diplomate israélien. Professeur d’histoire de l’Occident
moderne à l’université de Tel Aviv, où il dirige le ‘Centre d’études
internationales’.
Ambassadeur d’Israël en France de 2000 à 2002. Directeur
scientifique du ‘Musée de l’Europe’ à Bruxelles.
« La culture capable de se dresser contre le fanatisme est une culture
humaniste, autrement dit centrée sur l’homme libre qui, parvenu à l’âge
"adulte", est en mesure d’exercer son autonomie. C’était le programme des
Lumières. »
« Partout en Occident, la séparation de l’Église et de l’État s’est
imposée comme l’un des traits majeurs de sa culture politique, mieux, une
caractéristique essentielle de sa civilisation ».
« La guerre n’est pas une fatalité humaine, due à la part de violence
tapie en nous, mais une institution sociale et culturelle. Ainsi considérée,
elle est non seulement susceptible d’être régulée et civilisée, mais abolie.
Si la construction européenne nous a appris quelque chose, c’est bien
cela. »
10. Raúl Fornet-Betancourt
Né en 1946, philosophe cubain installé en Allemagne. Études de
philosophie à Salamanque (Espagne) et à Aix-la-Chapelle (Allemagne).
Penseur lié à la philosophie de la libération, invite à prendre au
sérieux les pauvres et les minorités culturelles dominées. Travaille dans
le domaine de la culture et en particulier propose un dialogue
interculturel issu de la philosophie latino-américaine. Reconnaît
l'existence de philosophies mayas, andines, mapuches, etc. Propose de
passer d'une philosophie inculturée à une philosophie interculturelle qui
surmonte "l'eurocentrisme" de la philosophie latino-américaine, inclut
l'oralité et les pratiques communautaires. Propose de lier la philosophie
aux processus sociaux et de la transformer en un moteur des processus
de libération, au lieu de la considérer comme un exercice purement
académique et professionnel.
Passionné par la rencontre des mondes, pose le dialogue
interculturel comme une alternative à la mondialisation néolibérale.
Radicalement anti-fataliste, sa pensée vise à modifier le cours de
l'histoire, à valoriser les mémoires opprimées et à redonner de la saveur
à la notion d'utopie.
11. Alain Chapellier
Né en 1946, écrivain et chercheur français. Né dans une famille
agnostique et anticléricale. Lors d’une longue quête spirituelle, en Italie,
en Inde, en France, cherche et trouve des maîtres et des lieux de
sagesse. Entre au ‘Séminaire français de Rome’ à l’âge de 25 ans.
Ordonné prêtre catholique, est pendant 30 ans vicaire, puis curé dans
plusieurs paroisses du diocèse de Versailles et aumônier de la prison de
Bois-d’Arcy.
Revenu à l’état laïque, passionné d’art et d’histoire, auteur de
plusieurs livres : De miel et de fiel, La tentation de Fra Lippi, Le Christ nu,
Ne m’appelez plus Père;
Dans Sur la piste de Moïse, voit Moïse intervenir dans sa vie et
l’accompagner jusqu’au jour où il tombe sur des textes d’historiens juifs
qui le persuadent que Moïse n’a pas d’existence historique.
« Le Christ nu est au musée. Et les Christ rhabillés dans les
églises. Et certains s’étonneront que les hommes aient du mal à suivre, à
adhérer, à croire en ce Christ costumé à l’aune des humains. (…)
Tu étais nu, seul, silencieux. Ils sont en foule, costumés et bruyants.
Comment pourrait-on entendre ta voix, noyée dans ce raffut ? »
12. Marie de Hennezel
Née en 1946, psychologue et psychothérapeute française.
Travaille pendant 10 ans dans la première unité de soins palliatifs
de France, créée en 1987.
Anime des conférences et des séminaires de formation à
l'accompagnement de la fin de vie en France et à l'étranger.
Cofonde l’association ‘Sida et ressourcement’.
« Lorsqu'on accepte de perdre quelque chose, autre chose vient.
C'est la dynamique du deuil. Ce n'est pas une consolation, c'est
une réalité. Mais on l'oublie. Aussi je crois sincèrement que nous
parviendrons à nous aimer sous nos rides, sous les plis et les
poches de notre peau. Nous guérirons de nos blessures
narcissiques, et les autres verront en nous une autre beauté."
13. Marc de Smedt
Né en 1946, journaliste français, écrivain, éditeur, journa-
liste. Spécialiste des sagesses du monde, disciple du maître zen
Taizen Deshimaru.
Dirige les ‘éditions Le Relié’, et plusieurs collections chez
‘Albin Michel’ : ‘Spiritualités Vivantes’, ‘Espaces libres’, ‘Carnets de
sagesse’ et ‘Paroles de…’ *
Dirige, jusqu’à sa cessation en 2016, le magazine Clés (ex-
Nouvelles Clés), qui explore les traditions spirituelles, la santé du
corps et de l’esprit, l’évolution des sociétés et l’écologie.
« L’amour est une disposition d’accueil, de curiosité, de
respect pour ses proches, mais aussi pour l’humanité, la nature et
tout ce que la vie nous offre. Aimer, c’est alors rencontrer, lire,
planter des arbres, créer, évoluer. Et l’essentiel est sans doute
d’essayer de déployer cela à l’infini .»
* Paroles de bonté, Paroles d’espoir, Paroles de tolérance, Paroles de sérénité,
Paroles de liberté, Paroles de vérité, Paroles de résistance, Paroles de sagesse, Paroles
de méditation, Paroles zen, Paroles du Tao, Paroles du Bouddha, Parole de sages de
l’Inde, Paroles du Tibet, Paroles du Dalaï Lama, Paroles persanes, Paroles d’Afrique,
Paroles de femmes, Paroles de Jésus, Paroles de chamans, etc
14. Claire Ly
Née en 1946 au Cambodge. Professeure de philosophie à Pnom
Penh. En avril 1975, les Khmers rouges deviennent les maîtres du
Cambodge et fusillent son père et son mari. Fuit avec ses 2 enfants
vers la Thaïlande. Arrêtée par les soldats de Pol Pot, subit un calvaire
de 4 ans dans des camp de travail à la campagne.
Née bouddhiste, rejetant la doctrine fataliste du karma, ne tient
que par cet extraordinaire défi qu'elle se donne à elle-même : tout faire,
avec l'aide du Dieu des Chrétiens dont elle ignore presque tout, pour
échapper à la destruction et à la mort, pour se sauver et sauver ses
enfants.
Aujourd'hui, enseigne le bouddhisme à l‘’Institut de Sciences et
Théologie des Religions’ (ISTR) de Marseille. Par ses conférences, fait
partager son expérience humaine et spirituelle invitant inlassablement
les deux religions à progresser ensemble.
« Il faudrait créer un espace pour que bourreaux et victimes
puissent se parler sans jugement. En fait, ce n’est pas d’un tribunal
dont le Cambodge a besoin, mais d’une commission de réconciliation,
un peu comme en Afrique du Sud. »
15. Juan José Tamayo Acosta
Né en 1946, théologien laïc espagnol. Docteur en théologie de
l’université de Salamanque, en philosophie et lettres de l’université de
Madrid. Secrétaire général de l‘’Association des théologiens Jean XXIII’
qui rassemble des théologien(ne)s catholiques et protestants. Professeur
à l‘université publique Carlos III à Madrid et à celle de Valencia. Donne de
nombreuses conférences aux États-Unis, en Espagne et en Amérique
hispanophone.
Auteur d'environ 60 livres, dont plusieurs ont été traduits en
plusieurs langues, écrit dans de nombreux magazines et journaux de
Bilbao, ou Madrid. Sa conception du dialogue interconvictionnel s'étend
jusqu'à l'athéisme (sa thèse de philosophie portait sur l'espérance chez
Ernst Bloch).
Son livre Dios y Jesus ("Dieu et Jésus, l’horizon religieux de
Jésus de Nazareth") en 2000 remet en question la divinité de Jésus et
l’historicité de sa résurrection. Après trois années d’examen, sans
demander à le rencontrer et sans divulguer le texte intégral des réserves
doctrinales, la ‘Congrégation pour la Doctrine de la Foi’, présidée par le
cardinal Joseph Ratzinger, estime en janvier 2003 que cet ouvrage est «
une version renouvelée de l'ancienne erreur d’Arius ». ../..
16. Juan José Tamayo Acosta
« Mais à mes remerciements s’ajoute ma surprise qu’on ait fait des
recherches sur moi sans me consulter et qu’on m’ait communiqué
l’existence d’une Note et d’un Rapport de disqualification de mes idées une
fois l’instruction terminée. Alors qu’il eût été si facile d’établir un dialogue
entre collègues, même si nous n’étions pas parvenu à un accord.
Habermas nous a enseigné que la raison est dialogique, non pas
autoritaire. Dommage qu’on ait étudié mon œuvre pour me condamner
sans m’écouter, et non pour avoir un débat de fond sur les grandes
questions débattues aujourd’hui dans le domaine de la théologie. Je
l’aurais accepté avec plaisir, non dans les locaux du vieux Saint Office,
mais à l’Académie, au grand jour et avec des sténos. »
« De ce bref parcours* à travers l’histoire de l’hétérodoxie chrétienne, on
peut tirer quelques leçons :
1. La majorité des condamnés se caractérise par une profonde
expérience religieuse, une vie exemplaire, un engagement avec les
marginalisés et une grande cohérence entre la pensée et la pratique.
* Dans ce texte qu’il publie après sa condamnation, J.-J. Tamoyo Acosta évoque :
Jésus de Nazareth, Arius, Nestorius, Priscillien, Joachim de Fiore, Johann Eckhart,
Marguerite Porète, Guillemette de Bohème, Jean Hus, Galilée, Jean de la Croix,
Thérèse d’Avila, Antonio Rosmini, Alfred Loisy, Marie-Dominique Chenu, Yves Congar,
Bernard Häring, Hans Küng, Leonardo Boff, Ivone Gebara, Tisa Balasuriya, Jacques
Dupuis.
17. Juan José Tamayo Acosta
2. Presque tous ont fait preuve de beaucoup de force morale et de
lucidité d’esprit, et ne se sont laissé effrayer ni par le feu des bûchers, ni
par les excommunions, ni par les expulsions de leurs chaires, ni par les
menaces de châtiments éternels, qui n’existent que dans l’imagination de
ceux qui menacent.
3. Ils ont dialogué avec la culture de leur temps et ils ont fait avancer
la réflexion théologique.
4. Le temps passant, beaucoup furent réhabilités, et certains
canonisés. Je ne peux donc être en meilleure compagnie.
Je garde la main tendue pour dialoguer. Toutefois, pour commencer le
dialogue, j’aimerais rappeler au cardinal Ratzinger et à ses collabora-
teurs le vers d’Antonio Machado : "Ta vérité ? Non. Garde-la-toi. La
vérité. Nous allons la chercher ensemble". »
18. Marcel Gauchet
Né en 1946, philosophe et historien français, directeur d’études à
l’’École des hautes études en sciences sociales’ (EHESS).
Dans son livre Le Désenchantement du monde (1985), histoire
politique de la religion, décrit et analyse de ce qu’il repère comme un
basculement décisif, le déplacement de la réalité sociale de la religion
vers la démocratie.
Ce qu’il appelle "la sortie de la religion" aboutit à une conséquence
radicalement neuve du point de vue historique : dorénavant « le lien des
hommes est concevable et praticable sans les dieux. »
« La désofficialisation (des identités religieuses) s’accompagne, en
fait, d’un gain en visibilité et en légitimité sociales des instances
religieuses, en tant que sources morales et spirituelles. Elles sont
reconnues apporter quelque chose dont l’existence en commun ne saurait
se passer et que la chose publique n’est plus en mesure de fournir par
elle-même. Quelque chose qui ne fait plus problème dès lors qu’il ne se
présente plus sous le signe de l’autorité et qu’il se donne dans une
essentielle pluralité. »
19. Christoph Theobald
Né en 1946, théologien jésuite français et allemand, licencié en
philosophie et docteur en théologie de l’université de Bonn. Un des plus
importants théologiens catholiques européens.
Enseigne depuis 1980 au Centre Sèvres (facultés jésuites) à Paris.
Rédacteur en chef de Recherches de science religieuse depuis 2009,
conseiller et auteur à la revue Études. Travaux en histoire de l’exégèse
(19ème et 20ème siècle, modernisme) et en histoire des dogmes, en
théologie fondamentale et dogmatique.
Identifie le foyer où Chrétiens et Non-chrétiens peuvent se
rencontrer dans une « foi élémentaire, attachée à la bonté foncière de la
vie », dont le déploiement est nécessaire à la poursuite de l’existence de
chacun, mais dont le surgissement n’est jamais garanti face aux
épreuves. La mission consiste pour les Chrétiens à se mettre, « avec
gratuité » et « sans esprit de récupération », au service de la vie d’autrui,
en mettant à disposition de « quiconque » les ressources de confiance et
d’espérance de l’Évangile.
../..
20. Christoph Theobald
Notre société post-moderne est marquée par une crise de
confiance et une crise du vivre ensemble, la fascination pour les
technosciences et les biosciences, les craintes écologiques et la
domination d’un système économique fondé sur la spéculation. En
soubassement, « c’est le rapport à la mort qui représente aujourd’hui
le problème majeur de nos sociétés. » Cette crainte de la mort nourrit
une fascination pour son dépassement par les techniques, qui
pourrait bien marquer la fin de l’humanisme européen…
« Désormais rien ne nous oblige plus à faire intervenir Dieu
dans la gestion de nos existences individuelles et collectives ; son in-
évidence renvoie chacun à la liberté de sa conscience ; mais pour
ceux qui se risquent à Le nommer, le mot "Dieu" reçoit alors une
singulière signification - à proprement parler inouïe -, une signification
qui se forme, dans et grâce à l’histoire, au croisement de l’épreuve du
silence divin, de la présence de la sainteté dans notre monde et d’un
indéracinable désir de bonheur pour chacun de nous et commun à
tous. »
21. Abdelwahab Meddeb
(1946-2014), écrivain franco-tunisien. Directeur de la revue
internationale et transdisciplinaire Dédale, enseigne la littérature
comparée à l’Université Paris-X.
Anime l’émission hebdomadaire ‘Cultures d'islam’ sur France
Culture.
Engagé contre l'exclusivisme belliqueux de l'intégrisme qu'il
diagnostique comme étant la maladie de l'islam.
Appelle les musulmans à élaborer une transmutation des
valeurs, à cesser de juger les actes et les paroles sur le seul critère
du châtiment et de la récompense.
« L’assimilation de la pensée musulmane libérale nous restitue
à la complexité et nous réoriente vers l’interrogation, elle nous
détourne des réponses toutes faites. Telles sont les conditions qui
nous conduisent sur la voie de la liberté et de la reconnaissance de
celui qui ne partage ni vos convictions ni votre croyance ».
22. Alain Chevillat
Né en 1946, Français très marqué par la spiritualité de l’Inde.
Fondateur avec son épouse Évelyne de l’ ‘Université Terre du Ciel
des savoirs et sagesses du monde’, association qui organise des stages de
formation, des rencontres, des voyages, et édite la revue Sources.
Auteur de la Charte de l’Europe des consciences.
Crée en 1999 un espace pédagogique à Chardenoux, près de
Louhans (Bresse bourguignonne). S’installe en 2014 dans la chartreuse de
Pierre Chatel (Ain).
La spiritualité est pour lui la base du changement sociétal incluant
l’écologie, la solidarité, la non-violence.
« L’économique satisfait les besoins. Il doit être au service du politique
qui détermine où sont les besoins, arbitre les choix et coordonne la mise en
œuvre. Le politique doit lui-même être au service de la sagesse, qui donne
les orientations à la société, prenant en considération le bien de tous. »
23. Michel Lacroix
Né en 1946, philosophe et écrivain français. Normalien, agrégé
et docteur en philosophie, maître de conférences à l’université de
Cergy-Pontoise.
Le premier philosophe français à étudier le développement
personnel. Travaille et écrit aussi sur l’idéologie totalitaire des sectes et
du new age, sur l’urgence d’une morale planétaire, l’éthique de la
sauvegarde, le courage, l’éthique du langage, le patriotisme*, la
nécessité d’une gouvernance mondiale.
« Le new age abolit le rationnel et l’individuel, c’est une
philosophie de la totalité close et réductrice. Au contraire, le développe-
ment personnel ou réalisation de soi doit viser l'épanouissement de ce
qui est constitutif de notre nature : la raison et la capacité d'autono-
mie. Dans les grandes religions établies, en tout cas pour ce qui
concerne le monde judéo- chrétien, il y a des contre-pouvoirs à
l'intérieur même de l'institution qui freinent les dérapages. (…) Ce qui
m'inquiète aujourd'hui, c'est le regain de l'esprit particulariste et tribal,
les communautarismes ethno-culturels. »
* amour de la patrie, qui permet de passer du personnel à l’universel. À distinguer du
nationalisme, exaltation du sentiment national en opposition aux autres populations et nations.
24. Ahmed al-Tayeb
Cheikh Ahmed Mohamed al-Tayeb, né en 1946. Étudie la pensée
islamique à la Sorbonne (Paris), y obtient un doctorat, y enseigne ainsi
qu'à l'Université de Fribourg (Suisse). Traduit plusieurs œuvres de
théologie du français en arabe.
Recteur de l’université al-Azhar (Le Caire) de 2003 à 2010. Sous
son autorité, l’université émet une déclaration qui souhaite un État-
nation "moderne" et "démocratique", et une autre qui affirme la liberté
d'expression, de croyance, de création et de recherche scientifique.
Depuis 2010, 44e imam de la mosquée al-Azhar.
En mai 2016, rencontre au Vatican le pape François, qui lui rend
visite en avril 2017 à l'Université al-Azhar. En février 2019, à Abu
Dahbi, signe avec François un Document sur la fraternité humaine pour
la paix dans le monde et la coexistence commune. Ils déclarent
« adopter la culture du dialogue comme chemin ; la collaboration
commune comme conduite, la connaissance réciproque comme
méthode et critère » : refus du terrorisme, refus des discriminations au
nom de la religion et affirmation de la pleine citoyenneté, apport mutuel
Orient-Occident, refus de l’individualisme, dialogue interreligieux.
25. James D. Tabor
Né en 1946, universitaire états-unien. Professeur de judaïsme
ancien et de christianisme primitif au département d'études religieu-
ses de l'université de Caroline du Nord à Charlotte. Fondateur et
directeur de Transparent Bible Project, association qui vise à
produire une nouvelle traduction de la Bible en anglais. Étudie
d’abord le mysticisme de l'apôtre Paul, les attitudes à l'égard du
suicide religieux et du martyre dans le monde antique.
En 2006, dans son ouvrage The Jesus Dynasty, dessine
l'image d'un Jésus très humain, aîné d'une nombreuse fratrie, à la
tête d'une véritable dynastie, rejoignant Jean-Baptiste dans son élan
messianique, et enrôlant dans son mouvement ses 4 frères dont 3
reprendront le flambeau après sa mort. La forme du christianisme
instituée par l'apôtre Paul constitue pour lui une déviation décisive
qui s’est imposée au détriment du projet initial de Jésus : conduire le
peuple juif à sa rédemption politique, sociale et spirituelle.
Autres livres : Paul and Jesus (Comment l’apôtre a transformé
le christianisme), The Lost Mary (Comment la mère juive de Jésus
est devenue la Vierge mère de Dieu).
26. Arouna Lipschitz
Erna Lipschitz, née en France 1947, philosophe française et
canadienne, femme de lettres, conférencière, productrice et réalisatrice.
Originaire d’une famille juive hassidique, en grande partie décimée
pendant la Shoah. Études de psychologie et de littérature française à la
faculté de Tel-Aviv, doctorat ès lettres à l’université de Nanterre.
Professeure de yoga. Approfondit ses connaissances de philosophie
orientale avec le swami Venkatesananda rencontré en Israël en 1970. En
1986, prend conscience des limites d'une spiritualité transcendantale, ôte
la robe orange de swami et donne une nouvelle orientation à sa vie en
émigrant à Toronto (Canada). Retour en France en 1999.
Se définit comme une "philosophe de la relation". Depuis 1999,
élabore et enseigne ‘La Voie de l’Amoureux’, une voie de sagesse de
l’amour fondée sur le développement relationnel. Réfléchit à une
spiritualité incarnée dans la dualité et l’altérité avec comme axes de
recherche : la relation amoureuse, l'identité et l'altérité, le masculin /
féminin, l'éthique et le pouvoir personnel, l' Arbre de Vie kabbaliste et un
travail initiatique sur l'esprit des saisons Au Fil du Temps.
Pour illustrer son concept-clé de La nostalgie de l'ailleurs, prépare
en 2017 un film long métrage du même nom. ../..
27. Arouna Lipschitz
« J'ai longtemps été malade de la nostalgie de l‘ailleurs, cette
maladie qui au sens littéral du terme empêche de ressentir la joie de
vivre ici-bas, la simple et puissante joie d'être vivant. »
« La pensée peut panser, elle soigne l’âme, le corps et l’esprit. »
« Le corps est la clé de l’éveil de la conscience; on est aussi
intelligent que son ressenti corporel. »
« Quand on appelle, on obtient une réponse : une rencontre, un
livre, un évènement inattendu. »
« Accepter qu’on est pour une part à l’origine de tout ce qui nous
arrive. »
« Être amoureux, c’est un choix philosophique. C’est choisir de
devenir amoureux de sa vie, de guérir de la nostalgie de l’ailleurs, de
la perfection, du prince charmant, de la princesse parfaite, du couple
parfait. Apprendre à aimer en dépassant échecs et souffrances, plutôt
que rêver d’amour. »
« On ne naît pas amoureux, on le devient. L’initiation à la joie
de vivre et d’aimer, à la joie de vivre ensemble, c’est aussi une
démarche politique, écologique, philosophique, c’est un chemin de
vie. »
28. Michel Fromaget
Né en 1947*, anthropologue français. Études de sciences
économiques, de sociologie, de psychologie, de lettres, maître de
conférences à l’Université de Caen.
Recherches, études, communications et publications sur
l’imaginaire de la mort, sur l‘expérience et la notion d’émerveillement,
sur l’Enfer dans le Nouveau Testament et les Pères de l’Eglise, sur
Etty Hillesum, sur Maurice Zundel, sur l’anthropologie ternaire et les
soins palliatifs, etc.
Propose une articulation entre les dimensions physique
(corps), psychique (âme) et spirituelle (esprit, réalité mystérieuse) de
l’être humain qui permet d’éviter les confusions et de valoriser les
synergies. Son anthropologie ternaire se réfère à Blaise Pascal qui
distingue les trois "ordres de réalité" qui sont ceux du corps, de l’âme
et de l’esprit. François Cheng le rejoint quand il appelle à sortir d’un
dualisme corps-esprit pour donner toute sa place à la force de l’âme
dans nos vies. ../..
* « Michel Fromaget voit le jour, en pleine nuit, le 10 mars 1947 à Bordeaux au 14, Cours de
Verdun, demeure dont il sortit quelques jours après sans y être, au préalable, jamais entré (il
ne parviendra jamais par la suite à rééditer un tel exploit). »
29. Michel Fromaget
« L’empreinte de l’anthropologie ternaire se remarque
aussi bien en Occident qu’en Orient, aussi bien dans le
judaïsme, le christianisme et l’islam que dans l’hindouisme,
le bouddhisme et le taoïsme. Aussi bien à l’ombre des Pyramides que dans
les religions à Mystère grecques, aussi bien dans le platonisme que dans le
néo-platonisme, ou le stoïcisme. Au vrai, le vécu tripartite se montre
comme une donnée humaine quasiment universelle. Il n’appartient, en
propre, à aucune religion, aucune tradition, aucune philosophie, aucune
école, aucune période de l’histoire. »
« Distinguer le corps, l’âme et l’esprit n’équivaut nullement à accorder
à chacun une existence séparée des deux autres. Pas plus la forme, la
couleur, ou la saveur d’un citron ou d’une fraise n’a d’existence en soi. (…)
Ces trois modalités de l’être humain se présentent comme entretenant
entre elles des rapports tout à fait semblables à ceux de l’air et de la
lumière : elles se montrent toujours parfaitement unies, mais sans nulle
confusion, et toujours parfaitement distinctes, mais sans nulle séparation.»
« L’esprit étant ce lieu en l’homme où ce dernier s’enracine en Dieu et
où Dieu se déploie en lui, l’esprit humain, bien qu’humain, participe de
l’Incréé et de l’Infini et par conséquent ne peut nullement se définir.
Cependant, si nul ne peut le définir, on peut néanmoins le pressentir. »
30. Peter Sloterdijk
Né en 1947, philosophe et essayiste allemand, professeur de
philosophie et d'esthétique à la Hochschule für Gestaltung de
Karlsruhe.
Propose une réflexion sur l'humanisme, la génétique, étudie la
colère d'un point de vue psycho-politique.
Dénonce les excès des trois monothéismes zélateurs, propose
une manière ambitieuse de résoudre les conflits par un trialogue
valorisant l'apprentissage d'une éthique de la civilisation.
« Notre travail de civilisation commence ici : reformuler un code
de combat impliquant le souci de l’ennemi. Qui ne veut pas être
responsable d’un ennemi a déjà cédé à la tentation du pire. Vouloir
être responsable de son ennemi, ce serait le geste primordial d’une
éthique civilisatrice des conflits. »
31. Danièle Hervieu-Léger
Née en 1947, sociologue des religions française. ‘Institut d’Études
Politiques’ de Paris, droit, docteur en sociologie, docteur en Lettres et
Sciences Humaines. Directrice de recherche au ‘Groupe de Sociologie des
Religions’ du CNRS. Directrice d’études à l’’École des Hautes Études en
Sciences Sociales’ (EHESS), y dirige le ‘Centre d’Études Interdisciplinaires
des Faits Religieux’.
Travaille sur la description sociologique et à l'interprétation
théorique de la modernité religieuse : sécularisation, individualisation du
croire, formes de religiosité et de communalisation, transformations des
institutions.
« Le catholicisme ne fait plus aujourd'hui partie des références
communes de notre univers culturel français. (…) Mais si cette crise n'était
pas seulement due aux aléas de l'histoire et des temps ? S'il s'agissait
d'une crise profonde, inéluctable, qui touche le catholicisme au cœur en
ôtant toute légitimité à son discours sur l'homme, la nature, la vie en
société ? »
« La laïcité a mis au point les règles du jeu d’une religion acceptable
dans les limites de la République, mais ces règles ont été pensées en vue,
avant tout, de contenir les prétentions hégémoniques de l’Église romaine.
La laïcité est-elle en crise parce qu’elle ne sait pas gérer la pluralité
religieuse ? »
32. Bruno Latour
Né en 1947, sociologue, anthropologue et philosophe des
sciences français. Agrégé de philosophie, enquête en Afrique sur la
décolonisation et la notion de race, sur la sociologie des primatologues,
etc. Professeur, directeur scientifique et directeur adjoint de l’’Institut
d’Études Politiques’ de Paris. Cocréateur du master SPEAP (‘Sciences-
Po Programme d'expérimentation en arts et politique’) qui réarticule les
liens entre les arts, les sciences et la politique.
Mène une recherche sur l'exégèse biblique des textes portant sur
la résurrection pour une thèse de troisième cycle.
Dans Nous n'avons jamais été modernes (1991), critique le
rationalisme dogmatique. Notre société "moderne" n’a jamais fonctionné
conformément au grand partage qui fonde son système de représenta-
tion du monde : celui qui oppose radicalement la nature d’un côté, la
culture de l’autre. Dans la pratique, les modernes n’ont cessé de créer
des objets hybrides, qui relèvent de l’une comme de l’autre, et qu’ils se
refusent à penser.
Avec Steve Woolgar*, propose une vision hétérodoxe et
controversée des sciences. Ils défendent l'idée que les objets d'étude
scientifiques sont "socialement construits" dans les laboratoires, qu'ils
n'ont pas d'existence en dehors des instruments de mesure et des
spécialistes qui les interprètent. ../..
* sociologue des sciences britannique, né en 1950
33. Bruno Latour
Plus largement, ils considèrent l'activité scientifique comme un
système de croyances, de traditions orales et de pratiques culturelles
spécifiques. Applique également sa méthode au monde du droit en
rendant compte des travaux du Conseil d'État dans La Fabrique du
droit.
« Pour accéder à une vérité scientifique, la méthode scientifique
n'est pas d'un grand secours. Ce dont on a besoin, c'est d'un dispositif
composite, rassemblant des éléments non scientifiques tels que des
institutions, des installations matérielles, la coopération avec ses pairs,
une bonne intuition, etc. En somme, la production des vérités scientifi-
ques dépend aussi de dimensions non scientifiques. »
« La description détaillée des pratiques humaines souligne
l’impossibilité de conserver seulement deux types d’êtres : les sujets et
les objets. Il y a plutôt une pluralité de "modes d’existence", c’est-à-dire
une pluralité de régimes de vérité. (…) Nous avons repéré 14 modes
d'existence : la technique, l'art, le droit, la science, la religion, la
politique, l'organisation, le journalisme, les affects, etc.
34. Bruno Latour
Chaque mode d'existence possède son propre régime de vérité
(ou de véridiction) : une déclaration d'amour, une décision de justice ou
un ordinateur sont "vrais", mais chacun à sa manière. »
Son analyse de la dénonciation critique de la croyance met en
évidence la façon dont les faits et les fétiches mélangent leurs vertus,
même chez les modernes.
Aborde la tradition chrétienne en s’intéressant aux difficultés que
rencontrent ceux qui souhaitent non pas parler de religion, mais parler
religieusement, ce qui n’a rien à voir avec la croyance.
« Si en matière de science naturelle ou sociale, le chercheur a le
devoir d’ajouter sa pierre au vaste édifice du savoir, de découvrir,
d’innover, de produire de l’information nouvelle, en matière de religion,
son devoir est de fidélité : il ne doit pas inventer, mais renouveler; il ne
doit pas découvrir, mais recouvrer; il ne doit pas innover, mais reprendre
à nouveaux frais la sempiternelle ritournelle. »
35. Catherine Chalier
Née en 1947, philosophe française, élève d’Elisabeth de Fontenay
au lycée. Issue d’un milieu catholique, s’intéresse tôt au judaïsme. Au
retour de son premier voyage en Israël, à 22 ans, apprend l’hébreu.
Devient l’étudiante d’Emmanuel Levinas à l’université de Nanterre,
puis consacre une grande part de sa thèse et de son œuvre à ses
écrits. Professeure à l’université Paris-Nanterre. Se convertit au
judaïsme, traduit de nombreux livres de l’hébreu.
Auteure de plus de 35 livres de spiritualité dont : La persévérance du mal
(1987), Sagesse des sens (1994), Traité des larmes. Fragilité de Dieu, fragilité de
l’âme (2003), La fraternité, un espoir en clair-obscur (2003), Spinoza lecteur de
Maïmonide, la question théologico-politique (2006), Des anges et des hommes
(2007), Transmettre, de génération en génération (2008), et La Nuit, le Jour
(2009), Le désir de conversion (2011)
Dans Dieu sans puissance (1994), s’intéresse au thème de la
kénose, c’est-à-dire de la relative faiblesse de Dieu qui laisse l’homme
aux prises avec sa propre liberté. Dans la tradition juive, le concept de
tsimtsoum évoque lui aussi le retrait, l’effacement partiel de Dieu qui
fait place à l’humain.
« Cette obscurité, ce silence et retrait de Dieu conditionnent
l’existence du monde. »
36. Odon Vallet
Né en 1947, enseignant et écrivain français, diplômé de
‘Sciences Po’ et de l'ENA, docteur en droit et en science des religions,
spécialiste des religions (histoire des religions, anthropologie
religieuse, etc.).
Traque les idées fausses sur les religions, montre leur utilité et
leurs dérives.
Avec l'imposante fortune (147 millions d’€) dont il a hérité de son
père, crée la ‘Fondation Vallet’ qui remet aux étudiants brillants mais
défavorisés de Paris, du Bénin et du Vietnam des bourses afin de les
aider à poursuivre leurs études.
« Se référer partiellement ou hors contexte à un texte, particuliè-
rement lorsqu’il détient un statut "sacré", est source de confusion, au
mieux, d’erreur ou de contre-sens, au pire. Cette notion de contexte
est en fait primordiale puisque c’est elle qui ouvre la perspective d’une
réflexion dynamique, renouvelée, revivifiée sur la religion en particulier
et sur l’humanité en général. »
37. Rémi Brague
Né en 1947, écrivain et philosophe français, universitaire, spécialiste
de la philosophie médiévale arabe et juive, et connaisseur de la philosophie
grecque.
Enseigne la philosophie grecque, romaine et arabe à Paris et à
Munich, membre de ‘l'Institut’.
Ses recherches actuelles portent sur l'histoire des idées à très long
terme et de la comparaison entre christianisme, judaïsme et islam.
« La modernité n’a inventé ni la révolution technique, ni l'urbanisa-
tion, ni la société civile, ni même la personne comme sujet de libertés. (…)
Nous sommes incapables de donner une réponse à la question : en quoi
est-il bon qu’il continue à y avoir des êtres humains sur cette terre ? »
« D’abord, prendre conscience de ce que l’on n’est pas le seul, ni
l’héritier de la seule civilisation qui soit. Ensuite, comparer sans cesse, ce
qui suppose que l’on peut pêcher ses termes de comparaison dans un
vivier qu’il faut s’efforcer de rendre le plus large possible. Enfin, écouter les
autres points de vue, et essayer de les comprendre. »
38. Anne Soupa et Christine Pedotti
A.S. : Française née en 1947. Études de sciences
politiques, de droit et de théologie.
Travaille dans la presse enfantine, à Grain de Soleil,
puis au Monde de la Bible. Rédactrice en chef de la
revue Fêtes & Saisons, puis crée Biblia.
C. P. : Française née en 1960. Études d’histoire et de
sciences politiques.
Collabore à la naissance de Grain de Soleil, mensuel
chrétien pour enfants, écrit de nombreux ouvrages de
vulgarisation de la foi catholique, principalement
adressés aux jeunes et aux enfants. Auteure des
romans à succès publiés sous le nom de Pietro de
Paoli. Depuis mars 2013, rédactrice en chef de la
revue Témoignage chrétien.
../..
39. Anne Soupa et Christine Pedotti
En 2008, à la suite d’un mot malheureux du cardinal
archevêque de Paris, André Vingt-Trois*, créent le ‘Comité de la Jupe’
pour lutter contre la discrimination à l’égard des femmes dans l’Église
catholique.
En 2009, créent la ‘Conférence catholique des baptisé-e-s
francophones’ (CCBF, logo ci-dessous), afin de promouvoir la
responsabilité des baptisés catholiques.
« Ni partir, ni se taire »
« Nous ne demandons rien, nous espérons tout ».
« Il existe des hommes qui s’épanouissent dans les tâches
d’accueil et de compassion, comme il existe des femmes faites pour
la décision et le gouvernement. Le "féminin" n’est pas seulement chez
la femme, ni le "masculin" seulement chez l’homme. Aussi nous nous
interdisons impérativement de dire ce pour quoi la femme et l’homme
sont faits. »
* « Le plus difficile, c’est d’avoir des femmes qui soient formées. Le tout n’est pas d’avoir
une jupe, c’est d’avoir quelque chose dans la tête. » Le cardinal a présenté ses excuses
après ce dérapage. ../..
40. Anne Soupa
En mai 2020, Anne Soupa présente sa candidature à la responsabilité
d’archevêque de Lyon.
« Je veux ouvrir une porte, stopper le discours condescendant envers
les femmes. (…) Certains diront que ce geste est fou,; mais ce qui est fou,
c’est que cela paraisse fou alors que cela ne l’est pas. N’y aurait-il qu’un
seul modèle d’évêque, celui d’un homme célibataire, âgé et tout de noir
vêtu ? Pourtant, quel gain ce serait d’oser offrir d’autres visages à cette
fonction ! »
« Je voulais être évêque laïque ! » A.S.
« Il y a quelque chose de thérapeutique dans son geste. Ce qu’elle veut
c’est renverser les choses, nous pousser à nous poser des questions. Est-il
juste que le pape soit élu par des seules voix masculines ? Quand enten-
dra-t-on la voix d’une Hildegarde de Bingen résonner à nouveau dans une
cathédrale devant des évêques et des cardinaux ? »
Commentaire d’une théologienne,
« Déjà au XlXe siècle, les suffragettes menaient des actions specta-
culaires pour se faire entendre et reconnaître (...) Quand on est face à un
mur dur comme du béton, on est tenté de l’attaquer au marteau-piqueur ! »
Michel Cool
41. Jacqueline Kelen
Française née en 1947 ?, diplômée de lettres classiques, autrice
de plus de 70 ouvrages parus entre 1982 et 2020. Productrice
d'émissions à ‘France-Culture’ entre 1980 et 2000. Conférencière, anime
des séminaires d'expression orale et de communication dans l'enseigne-
ment supérieur.
Consacre la plupart de ses livres et de ses séminaires au
déchiffrement des mythes de la tradition occidentale et à l'étude de la
voie mystique.
« La solitude est un défi qui demande de la vaillance, de l’ardeur et
du courage. Elle n’a rien à voir avec l’isolement. Être solitaire, c’est être
ouvert à tout ce qui peut arriver, mais en défendant son intériorité et sa
liberté. Je suis une grande solitaire très entourée d’amitié et d’amour.
Celui qui vit souvent seul apprécie d’autant mieux la diversité des
individus qu’il rencontre ».
« Les épousailles avec soi, dans le secret d'une solitude fertile,
permettent une alliance avec l'autre qui ne portera pas atteinte à
l'intégrité de chacun. Mais tant que l'individu cherche à l'extérieur celui
qui le complètera, qui répondra à ses manques, il ne pourra que nouer
des relation intéressés ou précaires. »
42. Paulo Coelho
Né en 1947, romancier et interprète brésilien. Son questionne-
ment spirituel l'amène à participer à bien des expériences, y compris des
rituels de magie noire.
Acquiert une renommée internationale avec la publication de
L'Alchimiste, vendu à 85 millions d'exemplaires. La légende à la source de
son ouvrage est celle du fondateur d'une synagogue de Cracovie, Isaac
Jakubowicz. Ses livres sont des romans à tendance philosophique
abordant une spiritualité syncrétique, à la manière d'un vaste conte.
Emprunte à des traditions très diverses et parfois contradictoires :
religions, courants philosophiques, mysticisme, spiritisme, méditation,
surnaturel, ésotérisme.
Affirme que nous sommes tous porteurs d'un destin particulier et
favorable. L'accomplissement de ce destin, la "légende personnelle",
dépend de notre capacité à retrouver nos envies profondes.
« Si vous écoutez votre cœur, vous savez précisément ce que
vous avez à faire sur Terre. Enfant, nous avons tous su. Mais parce que
nous avons peur d’être désappointé, peur de ne pas réussir à réaliser
notre rêve, nous n’écoutons plus notre cœur. (…) À plusieurs reprises, la
vie nous donne la possibilité de recoller à cette trajectoire idéale. » ../..
43. Paulo Coelho
« La connaissance n’est pas la vérité absolue sur la vie et la mort, mais
ce qui nous aide à vivre et à affronter les défis de la vie quotidienne. »
« À ceux qui se sentent opprimés par la solitude, il faut rappeler ceci :
dans les moments les plus importants de la vie, nous serons toujours seuls,
et particulièrement devant la mort. »
« La religion a été faite pour partager les mystères et l’adoration, jamais
pour opprimer et convertir les autres. La plus grande manifestation du
miracle de Dieu est la vie. »
« Tu peux bien revisiter ta vie et revoir chaque moment où tu as
souffert, sué et souri sous le soleil, tu ne pourras jamais savoir précisément
quand tu as été utile aux autres. »
« Le bon chemin, c’est celui de la nature. En constante mutation,
comme les dunes du désert. Les montagnes changent. Les arbres
changent. (…) Pour ceux qui trouvent que l’aventure est dangereuse, qu’ils
essaient la routine : elle tue avant l’heure ».
« Pourquoi les fleurs feraient-elles tant d’efforts pour attirer l’attention
des abeilles ? Et pourquoi les gouttes de pluie se transformeraient-elles en
arc en ciel quand elles rencontrent le soleil ? La nature désire ardemment
la beauté. »
« L'extraordinaire se trouve sur le chemin des gens ordinaires ».
44. Violette Khoury
Née en 1948, palestinienne israélienne, chrétienne melkite.
Est née et vit toujours à Nazareth où elle a exercé comme
pharmacienne.
Infatigable militante, dénonce les injustices dont est victime la
population palestinienne israélienne (les Palestiniens restés sur le
territoire israélien en 1948 et leurs descendants).
Cofondatrice de Sabeel, association œcuménique qui lutte
pour les droits de tous les Palestiniens et qui fonde son action sur
la théologie de la libération.
« Voir le visage de Dieu en toute personne ne veut pas dire
consentir au mal ou à l’oppression de sa part. L’amour consiste
plutôt à corriger le mal et à arrêter l’oppression. »
« Il est temps que cessent la discrimination, la ségrégation et la
restriction des déplacements. Il est temps d’honorer tous ceux qui
ont souffert, Palestiniens et Israéliens »
45. Daniel Duigou
Né en 1948, maîtrise de droit et d’économie et DESS de psycho-
logie. Carrière de journaliste à la radio puis à la télévision, d'abord à
TF1, France 2 Télé-matin, et France 5. Pratique également son métier
de psychologue clinicien et de psychanalyste dans un service hospita-
lier de soins palliatifs à Villejuif.
Ordonné prêtre à l'âge de 51 ans. En 2008, infléchit encore sa vie
pour se faire ermite près de la palmeraie de Skoura, dans le désert
marocain, près de Ouarzazate. De retour à Paris depuis 2015 dans la
paroisse de Saint-Merri, tente " d'inventer une nouvelle manière de faire
l'Église dans la ville" avec son équipe de 6 laïcs élus par les fidèles.
Chaque miracle du Christ est l'occasion pour lui d'illustrer une
impasse existentielle, dans le rapport à la mère, au père, à la fratrie,
une invitation à l'action, à l'autonomie, au libre arbitre. Nous invite à
ouvrir les yeux sur notre propre histoire. Montre comment l'Évangile
parle aux hommes, qu'ils soient croyants ou pas.
« L’important n’est pas sa propre vie, mais la vie qui se transmet
vers d’autres pour que l’expérience de la rencontre, de la découverte,
du rêve et de l’amour soit possible. L’expérience de la Création. »
../..
46. Daniel Duigou
« Naître au monde, à soi-même, ne relève pas d’un calcul, mais
d’un acte de liberté. Entrer et participer à la Création, devenir soi-même
créateur, suppose un engagement, une prise de risque, une dépense de soi,
un choix. Une responsabilité. Un désir de vivre qui passe par le risque de
perdre, par la perte. (…) Tant que nous ne sommes pas traversés par l’acte
de donner, nous n’existons pas, nous sommes morts de n’être pas encore
nés. »
« Face au sentiment d’absurdité, Qohélet (…) invite le lecteur à
recevoir le présent comme un don de Dieu. Et à en jouir. "Tout le reste est
vanité", nous répète-t-il. »
« À travers ces deux gestes essentiels, le partage (le repas de la
Cène) et le service (le lavement des pieds des disciples), Jésus souligne ce
qui est véritablement en jeu : le don de soi pour l’autre passe par la mort de
la toute-puissance. (…) En tenant compte de l’apport psychanalytique, on
pourrait sans doute traduire ainsi l’idée de Jésus : "Qui reste dans la toute-
puissance meurt, qui accepte de perdre vit." »
« Le christianisme n’est pas la religion du sacrifice. (…) La Croix
s’inscrit dans une double logique : la logique de l’amour divins sans limite et
la logique de la liberté humaine sans limite, que l’amour divin lui-même ne
peut violenter ».
47. Siddhartha
Né en 1948, écrivain, penseur et activiste indien. Études d’anglais,
de droit, d’anthropologie sociale. Enseigne à Paris, Dublin, Tokyo. Travaille
une bonne partie de sa vie sur des questions politiques et sociales. Avec
les années, s’intéresse aux cultures puis à la spiritualité.
Coordinateur de l’ONG Pipal Tree*, organisme qui tente de créer
une symbiose entre la dimension personnelle, le social et l'écologique afin
de mettre en œuvre des pratiques de développement durable. Il est situé
au Fireflies Ashram (Centre interculturel laïc des Lucioles) dans le village
de Dinnepalya à 30 kilomètres de Bangalore, en Inde. Partenaire
historique des ‘Dialogues en humanité’ et du ‘Forum Social Mondial’.
4 orientations de Pipal Tree :
- Programme pour les médias;
- National Rural Employment Guarantee Program : création d’emploi pour
les personnes en zones rurales;
- Programme en lien avec les populations tribales : agriculture, le logement,
les terres.
- Programme interculturel qui rassemble différentes religions et spiritualités
afin de construire la paix, travailler pour la justice sociale et la protection de
l’environnement.
* Le pipalier est l’arbre sous lequel Siddhartha Gautama, le Bouddha, a reçu l’illumination
Photo du bas : Statue de Gandhi au Fireflies Ashram avec la citation du Mahatma : « Je suis un
Hindou, un Musulman, un Chrétien, un Bouddhiste, un Juif ! »
48. Joachim Bouflet
Né en 1948, historien français. Docteur en histoire, membre du
tiers-ordre carmélite. Est amené, après une rencontre avec le Padre
Pio, à "rendre service à l'Église" en décidant de se consacrer à l'étude
des apparitions et de la mariophanie*.
Historien pour les postulateurs qui travaillent sur la cause des
saints au Vatican, un des meilleurs experts mondiaux des phénomènes
"extraordinaires" ou surnaturels qui ont marqué la vie des hommes et
femmes appelés à être béatifiés ou canonisés. Étudie les miracles,
l'inédie* des mystiques, la télépathie, la précognition, la vue à distance,
la lecture des consciences, les expériences aux frontières de la mort,
mais aussi l'industrie déployée par "les faussaires de Dieu"...
Cite volontiers le cistercien Adam de Perseigne (1145-1221) :
« Une pieuse réserve sur ce qui nous échappe vaut mieux qu'une âpre
discussion sur ce dont on est incertain. »
En désaccord avec René Laurentin sur les phénomènes surve-
nus à Medjugorje et leur signification.
* Mariophanie : apparition mariale. Selon Frédéric Lenoir (2011), l’Église catholique a
reconnu 15 apparitions mariales sur 21 000 recensées depuis l'an mille.
* Inédie (ou pranisme) : capacité à vivre sans manger et sans boire pendant plusieurs
mois ou années.
49. Jean-François Barbier-Bouvet
et Philippe Le Vallois
J.-F. B.-B., né en 1948, chercheur français. IEP de Paris, docteur en
sociologie, directeur des études et de la recherche du ‘groupe Bayard
Presse’ puis du groupe La Vie - Le Monde.
P. L.V., chercheur à l’université de Strasbourg, animateur de
l‘’Observatoire des Nouvelles Croyances’ auprès du ‘Conseil épiscopal
pour les relations interreligieuses et les nouveaux courants religieux’.
Cooauteurs en 2015, avec d’autres, d’une grande enquête sociolo-
gique menée pendant deux ans, à partir de 50 078 contacts, via 23
centres, auprès de 5 754 nouveaux chercheurs de sens. Ceux-ci font
souvent du "hors-piste", n’inscrivent pas nécessairement leur démarche
dans le cadre des religions instituées, soit qu’ils ne s’y limitent pas, soit
qu’ils en fassent délibérément l’économie. Sont analysés l’individualisa-
tion du croire, la désinstitutionnalisation du sentiment religieux, le
pragmatisme expérimental.
« Les chercheur spirituels distinguent clairement ce qui pour eux est
au centre et ce qui est à la périphérie, ce qui relève du fondamental et ce
qui relève de l’accessoire. »
« Leur quête, en les faisant passer par d’autres filiations spirituelles
et par l’expérience d’autres recherches personnelles, leur fait souvent
réinvestir leur tradition d’origine, mais d’une manière qui leur est propre,
enrichie et reformulée. »
50. Patrick Viveret
Né en 1948, philosophe et essayiste français, ancien rédacteur
en chef de la revue Transversales Science Culture, conseiller honoraire
à la Cour des Comptes, co-initiateur avec Geneviève Ancel des
"Dialogues en Humanité".
« Le fait religieux est ambivalent. Les religions posent la question
du sens de la vie, de la souffrance, de la mort. Presque toutes, elles
affirment à leur façon la règle d’or « Ne fais pas à autrui le mail que tu
ne voudrais pas qu’il te fasse. Fais à autrui le bien que tu voudrais qu’il
te fasse ». Toutes, elles se sont compromises historiquement avec le
pouvoir et avec la violence.
La part d’ombre du fait religieux se résume en trois mots :
- la peur de Dieu : Dieu juge, Dieu qui met les morts au Ciel ou en
Enfer, etc. ;
- la soumission à Dieu, au détriment du discernement, du libre arbitre,
du bon sens ;
../..
51. Patrick Viveret
- le sacrifice pour Dieu : sacrifices humains ; sacrifices animaux,
symboles des sacrifices humains ; renonciation au mariage et à la
sexualité (chasteté), etc.
« Les mêmes éléments qui peuvent conduire l’humanité à sa
perte, peuvent aussi permettre un saut qualitatif vers l’humanisation. »
« Une vraie laïcité devrait être beaucoup plus ouverte, pour ne
pas laisser aux religions le monopole des questions du sens.
Le travail spirituel d’interpellation des religions (par exemple sur la
violence, le fanatisme, le dogmatisme des religions, etc.) a besoin d’un
espace public : ce serait le rôle d’une laïcité exigeante. »
52. Lucetta Scaraffia
Née en 1948, historienne, théologienne et journaliste italienne.
Professeure d'histoire contemporaine à l'Université de Rome La
Sapienza, spécialiste de l'histoire des femmes et de l'histoire religieuse.
Conseillère au ‘Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle
évangélisation’. Se dit « féministe en lutte contre la pensée unique
féministe ». Prend position en 2008 sur la définition éthique de la fin de
vie, ce qui provoque une déclaration du Saint-Siège lui laissant la
responsabilité de ses propos.
Fondatrice et pendant 7 ans directrice de Donne Chiesa Mondo
(‘Femmes Eglise Monde’), supplément du quotidien officiel du Saint-
Siège, L’Osservatore Romano. Le mensuel s’intéresse aux questions
religieuses et théologiques, mais présente aussi des dossiers explosifs :
exploitation servile des religieuses, souvent sans aucune rémunération;
religieuses violées par des prêtres et la plupart du temps forcées à
avorter, puis chassées de leurs communautés. En mars 2019, les 9
femmes membres du comité de rédaction remettent leur démission.
« Nous jetons l’éponge, car nous nous sentons entourées d’un
climat de méfiance et d’une délégitimation progressive.»
53. Pedro Opeka
Né en 1948, prêtre lazariste argentin d’origine slovène.
Missionnaire à Madagascar, d’abord dans le Sud, puis à
Tananarive.
Crée en 1989 l’association Akamasoa (« les amis fiables et
sincères ») destinée à procurer aux populations des bidonvilles un
travail, un logement et une scolarisation.
L’association accueille 40 000 personnes dans les 17 villages
qu’elle a crées et assure un salaire à plus de 3 000 personnes.
« Nous sommes tous responsables de notre Terre.
L’extrême pauvreté est l’affaire de tous. »
« Nous pouvons créer une mentalité de partage. C’est la
seule issue à la crise actuelle. »
« Nous sommes obligés de mettre un terme à cette société
de consommation dont bénéficie une petite minorité de gens sur
notre planète. »
54. Trinh Xuan Thuan
Né en 1948, astrophysicien et écrivain vietnamo-américain,
d'expression principalement française.
Professeur d'astrophysique, notamment extragalactique (en dehors
de la Voie Lactée) à l'université de Virginie à Charlottesville, chercheur à
l'Institut d'astrophysique de Paris.
Donne depuis 30 ans un cours "L'astronomie pour les poètes".
« Les concepts bouddhiques de l’interdépendance, de la vacuité et
de l’impermanence correspondent aux idées de la science moderne. (…)
L’univers semble être parfaitement réglé pour l’apparition d’un
observateur intelligent capable d’apprécier son organisation et son
harmonie. (…)
Si nous rejetons l’hypothèse d’univers parallèles et adoptons celle
d’un seul univers, le nôtre, alors nous devons postuler l’existence d’un
principe créateur qui a ajusté l’évolution de l’univers dès son début. (…)
Je suis toujours émerveillé par l’organisation, la beauté et l’harmonie du
cosmos. » ../..
55. Trinh Xuan Thuan
«Il y a cent milliards de galaxies connues et, dans chacune
d'elles, il y a cent milliards de soleils.(…) Oui, je suis amoureux du
ciel, je n'ai pas honte de le dire. »
« La science est neutre. Elle ne s’occupe pas de morale ni
d’éthique. Ses applications techniques peuvent nous faire du bien
ou du mal. Par contre, la contemplation a pour but notre
transformation intérieure afin que nous soyons capables d’aider les
autres.(…)
Confronté à des problèmes éthiques ou moraux urgents,
comme en génétique, le scientifique a besoin de la spiritualité pour
l’aider à ne pas oublier son humanité. »
56. Antoine Sontag
Né en 1948, prêtre catholique français. Diplômé de
‘Sciences Po’ Paris, reçu à ‘l’ENA’, choisit l’engagement religieux.
Responsable d’une paroisse de Metz une dizaine d’années, ressent le
besoin de s’engager plus profondément dans la lutte pour le respect des
droits de l’homme et contre la pauvreté.
Secrétaire général de la ‘Commission Justice et Paix’ de la
‘Conférence des évêques de France’, aumônier international de Pax
Romana et président du collectif d’associations de défense des droits de
l’homme ‘Article premier’.
Travaille 10 ans au ‘Secours Catholique’ dont il est responsable des
études et recherches internationales. Rédacteur en chef de la revue
Développement et civilisations, écrit plusieurs livres pour sensibiliser les
Chrétiens au problème de la pauvreté et rappeler le devoir de solidarité.
« Nos sociétés modernes ont les moyens d'éradiquer la pauvreté,
à court terme dans les pays industrialisés, et à moyen terme sur la planète
entière. Nous en avons les capacités financières, les moyens techniques,
le savoir-faire. Mais il nous manque la volonté politique. Nous cherchons à
fuir cette vérité qui dérange. La pauvreté est le dernier esclavage toléré, la
honte cachée dont on s'accommode. »
57. Loïc de Kerimel
(1948-2020), agrégé de philosophie, professeur de philosophie et
de culture générale en classes préparatoires au lycée Touchard, au Mans.
Nourrit la réflexion de différents groupes bibliques interreligieux. Membre
actif de l’association ’Amitié judéo-chrétienne’. Cofondateur et membre
actif de l’association ‘Chrétiens en marche’. Retraité, anime les ateliers
philosophie à la prison des Croisettes.
Pour lui, le cléricalisme provient d’«un détournement d’héritage »,
celui de la vie et de l’enseignement de Jésus. Dans la lignée des prophè-
tes d’Israël, celui-ci a lutté, jusqu’à en payer le prix ultime, pour désacra-
liser la relation des humains au divin et a dénoncé l’appropriation de Dieu
par les religieux de Jérusalem. La parole de l’homme de Nazareth
conteste radicalement une conception religieuse centrée sur le sacré et le
sacrifice, et non sur l’éthique, la vie bonne et juste.
Le partage du pain et du vin, communément pratiqué lors des repas juifs, est
ainsi transformé en eucharistie ritualisée et sacrificielle célébrée par des clercs.
L’idéologie sacrale a toutes sortes de conséquences négatives : perversions
sexuelles, pratiques de gouvernance proches du paternalisme.
« Ce qu'il y a en l'humain d’ "image et ressemblance" avec le divin,
avant toute différence de sexe, de genre, d'orientation sexuelle, de race,
de culture, de religion, c’est la personnalité de chacun, autrement dit sa
radicale singularité, son absolue liberté, sa dignité de principe, son
imprenable altérité. »
58. Ekhart Tolle
Né en 1948 en Allemagne, études à Londres. Vit jusqu’à 13
ans dans un état d’anxiété et de dépression suicidaire.
Connaît à l’âge de 29 ans une profonde "transformation
intérieure" qui le transfigure et change radicalement le sens de son
existence. Habite à Vancouver.
Conseiller et enseignant spirituel auprès d’individus et de
petits groupes en Europe et en Amérique du Nord.
« Bien sûr, pour fonctionner dans ce monde, nous avons
besoin du mental ainsi que du temps. Mais s’ils prennent le contrôle
de votre vie, alors s’installent le dysfonctionnement, la souffrance et
la chagrin.
Quelle que soit la situation où vous vous trouvez, vous pouvez dire
Oui à ce qui est, et cela devient le fondement de toute action
ultérieure. »
59. Isabelle Le Bourgeois
Né en 1948, religieuse française. Cheffe d’entreprise dans les
assurances, “avec plein d’argent, des tas d’amis, un compagnon” . Pendant
un sermon à Pâques 1981, est bouleversée par la phrase du curé d’Anet
(Eure et Loir) « Dieu vous aime et vous ne le savez pas ! ». A recours à la
psychanalyse pour vivre cette tourmente. Travaille dans un bidonville au
Mexique, devient religieuse de spiritualité ignacienne, psychanalyste et
aumônière de prison.
Durant 14 ans, accompagne des détenus dans la maison d'arrêt
de Fleury Mérogis et forme des aumôniers de prison avant de rejoindre le
‘Contrôle général des lieux de privation de liberté’ où elle continue d’accom-
pagner les détenus. Dans son cabinet de psychanalyste, recueille la parole
fragile de ceux qui cherchent à sortir de leurs enfermements intérieurs.
« Au Mexique, j’ai découvert la modalité de "l’être-avec" que je
voulais vivre : une réciprocité dans la relation où chacun se laisse
enseigner par son prochain. À partir de là, puisque j’avais compris que
Dieu nous confiait mutuellement les uns aux autres, j’ai vécu des mois
formidables, fondateurs.»
../..
60. Isabelle Le Bourgeois
« À un détenu qui m’avouait se sentir abandonné de Dieu, j’ai
rétorqué du tac au tac : "Mais non, puisque je suis là !" C’était sorti
comme une évidence. Et de fait, je ne venais pas seule, mais avec Lui.
Avec ce Dieu qui ne déserte aucun lieu, même le plus noir, aucune
personne, même la plus ignoble, ni aucune situation, même le plus
terrible. Dieu est cet "Étre-là" qui est avec nous jusque dans les tréfonds
de nos cloaques humains. Nous ne pouvons pas tomber plus bas que là
où est Dieu, et le plus bas que nous tombions, il est encore là. »
« Le salut ne consiste pas à être délivré de soi-même, pauvre
pêcheur, mais à être délivré de ce qui nous empêche d’être nous-
mêmes. Ce qui nous empêche d’être nous-mêmes, c’est l’angoisse de
la mort, la finitude, l’être limité que nous sommes, le mal subi et le mal
que l’on fait, c’est-à-dire toutes nos impuissances. (…) Comme l’avait
compris un des détenus, c’est en nous que sont les barreaux qui nous
emprisonnent.»
« Je tente seulement d'être là, de ne pas déserter le lieu de la
douleur, du cri, du silence ou des larmes. Je ne suis pas une psychana-
lyste pure et dure. Je parle un peu car s’il n’y pas de relation, il ne se
passe rien. »
61. Hans Joas
Né en 1948, professeur et chercheur allemand en sociologie reli-
gieuse. Études de sociologie, philosophie, histoire et littérature allemande
à l’université de Munich, doctorat en sociologie à ‘l’Université libre de
Berlin’. Professeur de sociologie à l’université de Chicago (États-Unis) et
de sociologie de la religion à la Faculté de théologie de l’université
Humboldt de Berlin. Très engagé en faveur d’un universalisme des droits
de la personne et d’une Europe pacifique.
Auteur des ouvrages Comment la personne est devenue sacrée
(2016), Les Pouvoirs du sacré. Une alternative au récit du désenchan-
tement (2020) et La foi comme option. Possibilités d’avenir du christia-
nisme (2021).
« Nos formulations religieuses sont des tentatives faibles et
faillibles d’articuler l’expérience d’une rencontre avec le divin. »
« C’est de l’expérience individuelle de la foi que les choses peuvent
toujours renaître. »
« Je crois qu’une nouvelle page de l’histoire des religions s’ouvre
et qu’elle redistribue les cartes. (…) D’une part parce que presque
personne ne nie aujourd’hui que les religions ont de l’avenir. D’autre part,
parce qu’on peut constater que des pays très sécularisés, comme la
Suède ou les pays scandinaves en général, sont beaucoup plus moraux,
dans leurs affaires publiques notamment, que beaucoup de pays
catholiques. »
62. Lama Denys Rinpoché
Né en 1949, maître bouddhiste français de la tradition Kagyupa
du bouddhisme tibétain.
Dirige l’université Rimay-Nalanda et le centre de retraite
traditionnelle de trois ans à l'institut Karma Ling, dans l’ancienne
chartreuse de St Hugon à Arvillard (Savoie).
Participe très activement au dialogue interreligieux, est à l'initiative
de nombreuses rencontres inter-traditions.
Karma Ling (particulièrement Lama Lhundroup) a organisé et
accueilli les forums "Écologie et spiritualité" en 2004, "Économie et
spiritualité" en 2011.
« La crise économique et la crise écologique, indissociablement liées,
ont une cause commune : le désir avide. La simplicité volontaire est
l’enjeu principal d’une vraie solution à la crise. Le changement doit être
d’abord personnel. (…) La contemplation est une cure de
désintoxication pour se libérer des automatismes et des égoïsmes. Elle
consiste à être empathique, attentif à nos actions, à notre
consommation. »
Photos : Lama Denys Rinpoché et Lama Lhundroup
63. Patrice van Eersel
Journaliste et écrivain français, né en 1949 au Maroc. Diplômé
de ‘Sciences Po’, journaliste à Libération, à Actuel puis à Nouvelles
Clés (devenu Clés)
S’intéresse à ce qui fait sens, écrit sur les dauphins, le cerveau,
les expériences de mort imminentes, la réincarnation, les anges, la
psycho-généalogie, les animaux thérapeutes, les origines de l’univers,
les mystères de la naissance, l’évolution, l’écologie et la spiritualité.
« Je participe à la maladie du monde chaque fois que mes
faiblesses me font céder à la pression aliénante de ce que Simone
Weil appelait " la grosse bête ", l'instinct grégaire qui maintient la
cohésion du troupeau mais freine l'éveil et peut rendre parano.
À l'inverse, je participe, à ma mesure, à la santé du monde
chaque fois qu'à la recherche d'un jaillissement d'énergie et
d'inspiration, je rapporte aux miens un récit exemplaire de la beauté
de l'humain et de la vie ».
64. Cheikh Khaled Bentounès
Né en 1949, Algérien, études de droit et d’histoire à Paris.
Devient en 1975, après la mort de son père, le 46ème maître
spirituel de la confrérie (tariqa) soufie Alawiya à Mostaganem.
Témoin d’une culture de paix et de fraternité soucieux de
dégager les valeurs universelles partagées. Écrivain, pédagogue,
conférencier et acteur du dialogue inter-religieux. Fondateur en 1991
des ‘Scouts Musulmans de France’. Cofondateur, en 2003, du
‘Conseil français du culte musulman’.
Crée la fondation Djanatu-al-Arif, ("le Jardin du connaissant"),
‘Centre Méditerranéen du Développement Durable’, réimplante en
Algérie la culture de l'arganier.
« Si la politique est la gestion de la cité des hommes, la
spiritualité est celle de notre cité intérieure. Elle nous engage à
cheminer dans le sens du bien, de l’unité, de la fraternité. Elle n’a
pas pour vocation d’exclure le politique : son rôle est, au contraire,
de lui donner du sens, de l’humaniser. » ../..
65. Cheikh Khaled Bentounès
Nous invite à redécouvrir la dimension essentielle de notre
nature originelle que notre conditionnement culturel a fini par occulter.
La vision soufie de la thérapie de l'âme consiste à cheminer vers le
centre de l'être par une éducation d'éveil des sens et du vivant.
« Le soufisme, que l’on appelle parfois "mystique musulmane",
n’est pas un phénomène marginal de la civilisation islamique, encore
moins une pièce rapportée : c’est le cœur même de l’islam. Lui seul
donne sens à la religion en révélant comment l’islam, loin d’être une
"soumission" aliénante, élève l’homme jusque dans la plus grande
proximité du divin tout en l’inscrivant dans une fraternité universelle. »
« On a des académies, de sciences, de mathématiques, de
musique, de philosophie, militaires, mais on n’a pas d’académies de
paix, pourquoi ? La paix n’est pas quelque chose qui descend comme
ça toute seule du ciel, c’est quelque chose qui se travaille, qui se
cultive, qui se sème. Et pour cela il faut lui donner la place qu’elle
mérite. »
66. Ysé Tardan-Masquelier
Née en 1949, écrivain français, historienne des religions,
spécialiste de l’hindouisme.
Enseigne les spiritualités orientales à Université Paris IV-
Sorbonne et à l‘’Institut catholique de Paris’.
Auteure, avec Frédéric Lenoir, de l’ouvrage Le livre des
sagesses. L’aventure spirituelle de l’humanité (2002, nouvelle
édition 2015).
« Du Bouddha à Thérèse d’Avila, de Sénèque à
Gandhi, d’Ibn’Arabi à Simone Weil, des sages égyptiens aux
lamas tibétains contemporains, des maîtres du hassidisme
aux gurus de l’Inde moderne, ce livre évoque d’abord
l’expérience transformante des plus grandes figures
spirituelles de l’histoire de l’humanité. S’ensuit une antho-
logie de textes du monde entier, le plus souvent dans des
traductions originales, dont les thèmes scandent cette
aventure singulière et universelle : le scandale de la
souffrance et l’aspiration au bonheur, le chemin spirituel, la
prière et la méditation, l’amour et la compassion, la liberté, la
mort et l’au-delà… »
67. Gérard Mordillat et Jérôme Prieur
(G. M., né en 1949), (J. P., né en 1951), écrivains et cinéastes
français. 15 années de recherches communes sur le
christianisme. Coauteurs de séries documentaires télévisées
diffusées sur Arte :
- Corpus Christi : état de la recherche historique sur Jésus de Nazareth
en 12 parties . Étude de l'évangile selon Jean par 27 chercheurs laïcs et
théologiens de confessions diverses.
- L’origine du christianisme : en 10 épisodes, l'émergence d'une nouvelle
religion entre l'an 30 et l'an 150 de notre ère, avec les plus grands
spécialistes internationaux : exégèse, critique textuelle, histoire de la
littérature chrétienne, histoire du judaïsme, étude des apocryphes ou
des premiers Pères de l'Eglise, etc.
- L'Apocalypse : série de 12 films.
68. Yves Duteil
Chanteur et auteur-compositeur-interprète français né en 1949.
Membre du comité de parrainage de la ‘Coordination française pour
l’éducation à la paix et la non-violence’. Maire sans étiquette de la
commune du Précy-sur-Marne.
Président de l‘association APRES (‘Assistance aux Populations et
Réhabilitation des Espaces Sinistrés’), qui contribue à l’éducation
d’enfants d’Intouchables près de Pondichéry.
« Prendre un enfant par la main / pour l´emmener vers demain /
pour lui donner la confiance en son pas / prendre un enfant pour un
roi. »
« Qu´y a-t-il après / quand nos âmes ont disparu / quand nos
cœurs ne battent plus / près de ceux qu´on aime ? »
69. Amin Maalouf
Né en 1949, écrivain franco-libanais, auteur de romans, essais et
livrets d’opéras.
Quitte le Liban en 1976 à cause de la guerre civile. Ex-rédacteur
en chef de Jeune Afrique.
Préside en 2007-2008 pour l’Union Européenne un groupe de
réflexion sur le multilinguisme. Membre de l’’Académie française’.
« Je crois que Dieu doit avoir davantage de tendresse pour celles
et ceux qui doutent, qui réfléchissent, que pour ceux qui ne s’interrogent
plus et font de leur foi en Lui une forteresse de certitudes. »
« Lorsque la foi devient haineuse, bénis soient ceux qui doutent ! »
« Lorsque l'esprit des hommes te paraîtra étroit, dis-toi que la terre
est vaste. N'hésite jamais à t'éloigner, au-delà de toutes les mers, au-
delà de toutes les frontières, de toutes les patries, de toutes les
croyances. »
70. Ken Wilber
Kenneth Earl Wilber Jr, né en 1949, philosophe, écrivain et
enseignant états-unien. S’intéresse au Tao Te King qui l’oriente ensuite
vers le bouddhisme. Licence en chimie et en biologie. Un des chefs de
file de ce qu'on appelle, dans les pays anglo-saxons, la "théorie
intégrale". Fondateur en 1998 de l’Integral Institute (400 chercheurs), et
de l’Integral Spirituality, auteur de 35 livres.
Son œuvre couvre les domaines variés : psychologie, histoire des
idées et des sciences, sociologie, mystique, écologie, évolution. Elle a
pour projet de formuler une "théorie intégrale de la conscience”.
Identifie les dénominateurs communs de tous les systèmes de
connaissance, propose une "méta carte” ou vision intégrale du savoir
humain, cadre dans lequel il est possible d’intégrer les opposés.
Démontre que tous les systèmes de connaissance obéissent à quatre
invariants majeurs (ou quadrants) qui décrivent toutes les facettes de la
réalité : intérieure, extérieure, individuelle et collective, et que tout
événement, être humain, objet ou organisation peut être considéré à
partir de ces quatre perspectives.
71. Olivier Roy
Né en 1949, politologue français. Diplômé de l’’INALCO’ où il apprend
le persan, agrégé de philosophie. Chercheur au ‘CNRS’, docteur en
sciences politiques de l‘IEP de Paris. Participe à la guerre d'Afghanistan
contre l'URSS. Professeur à l‘’Institut universitaire européen’ de Florence
(Italie), où il dirige le Programme méditerranéen.
Spécialiste de l’islamisme et plus largement des relations entre
religions et cultures.
« Le conflit n'est pas entre les Lumières et l'islam, mais entre les
valeurs issues de la révolution des années 1960 (féminisme, droits des
LGBT, liberté sexuelle, avortement, etc.) et les valeurs conservatrices que
défendent aujourd'hui les religions. Cela était très net avec la ‘Manif pour
tous’ menée par les catholiques. D'où la crise de la laïcité : la laïcité
d'aujourd'hui, qui est une laïcité idéologique, exige que tous partagent les
mêmes valeurs. J'y vois une tentation totalitaire. »
« Ceux qui se revendiquent d’une identité chrétienne sans se
référer aux valeurs chrétiennes accélèrent la déchristianisation. Ceux-là
mêmes qui veulent promouvoir des racines chrétiennes ne prêchent
absolument pas un retour à la foi, ils ne sont eux-mêmes pas pratiquants.
Cela n’a rien à voir avec la religion. »
72. Edmond Blattchen
Né en 1949, journaliste belge. Fait toute sa carrière profession-
nelle à la RTBF (‘Radio télévision belge francophone’).
En 1992, avec Jacques Dochamps, crée l’émission ‘Noms de
dieux’ dans laquelle, pendant 23 ans, jusqu’en 2015, il recueille autour
d’une table, dans un décor épuré, les confidences de 200 grands
penseurs et acteurs contemporains, homme et femmes. Les thèmes
abordés sont principalement l’avenir, nos systèmes de valeurs, la
religion, la philosophie, les choix politiques des invités, leur vision de la
vie, de la mort et des sociétés humaines en général.
Chaque invité choisit le titre (réécrit le titre de l'émission en fonction
de ses opinions personnelles), une image (qui sert de base à l’échange),
une phrase (citation d'un auteur, généralement connu), un objet ou un
symbole. L’émission se termine par la vision de l'avenir de l'invité.
« La recherche de sens habite tous les êtres humains et le nom de
Dieu se décline sous toutes les latitudes. »
« Moi, être humain, je suis responsable des autres, de tous les
autres humains. Ma femme, mes enfants, mes compatriotes, les
citoyens du monde entier sont mon prochain. (…) Le mot responsabilité
est, pour moi, la clé. »
73. Philippe Descola
Né en 1949, anthropologue français. Thèse de doctorat d’ethnologie à
‘l’École pratique des hautes études’ sous la direction de Claude Lévi-
Strauss. Recherches de terrain en Amazonie équatorienne, auprès des
Jivaros Achuar. Directeur du laboratoire d'anthropologie sociale (LAS)
Son anthropologie s’intéresse aux relations entre humains et non-
humains (Univers, Terre, ordre minéral, végétal, animal) autant qu'à celles
entre humains.
À partir de la critique du dualisme nature/culture, entreprend une
analyse comparative des modes de socialisation de la nature et des
schèmes intégrateurs de la pratique : identification, relation et figuration.
Distingue dans les sociétés humaines 4 "modes d’identification", ou
bassins de pensée, ou manières de définir des frontières entre soi et
autrui : le totémisme, l’animisme, l'analogisme et le naturalisme.
Propose, en vertu de ces propositions de constituer ce qu’il nomme
une "écologie des relations" et d’édifier une "maison commune" capable
d'accueillir, d'héberger correctement les 4 ontologies.
Une seule sur les 4, la nôtre, le naturalisme, nie la réalité des
anomalies du type miracles, phénomènes extraordinaires de la vie
mystique.*
* Lui-même, Descola, reconnaît qu'il est incapable d'une telle construction en dépit de son
effort de "symétrie", c'est-à-dire de respect des ontologies qui ne sont pas la sienne.
74. André Pighiera
Né en 1949, citoyen français, père de 3 enfants, commercial en
bureautique. Connaît la nuit durant de longues années : enfance misérable
à Marseille, environnement familial difficile, père alcoolique et violent,
adolescence à l'hôpital, terrible apprentissage de la vie professionnelle
avec des patrons sans vergogne, alcool, tentation du suicide, séduction
d'une secte.
Découvre l’amour de Dieu par l’intercession de Thérèse de Lisieux
et son livre Histoire d’une âme.
Président de l’association ‘Aix-en-Partage’, fondée par une religieu-
se clarisse d’Aix, soeur Marie Pascale, qui n’a cessé de solliciter les entre-
preneurs locaux afin de soulager les plus démunis. Vient en aide aux
personnes et familles en difficulté par l’écoute et l’aide matérielle.
Dans son livre Comme un papillon maladroit, raconte sa vie au
quotidien avec Thérèse de Lisieux. Prend pour modèle Georges Bernanos
et son « invincible espérance ».
« Quelquefois, ne voulant jamais douter de la miséricorde de Dieu pour
moi, je me suis souvent répété en un mot d'esprit consolateur mais profon-
dément sincère : Qu'importe toutes mes chutes, pourvu que la dernière me
fasse tomber dans les bras de Dieu. »
75. Roger-Pol Droit
Né en 1949, philosophe et journaliste français. ‘École Normale
Supérieure’, docteur en philosophie. Chercheur au CNRS, enseignant et
écrivain, chroniqueur au Monde des livres, aux Échos, au Point, à Clés.
Ses travaux de recherche portent sur les représentations des autres
dans la pensée occidentale : approche des doctrines indiennes, découverte
du bouddhisme par les Européens, évolution historique des représentations
des "barbares" depuis l'Antiquité grecque jusqu'à nos jours. Enquête sur les
modifications suscitées dans les représentations de l'humain par les
mutations scientifiques et techniques.
« Le barbare n'est pas un étranger qui parle une autre langue, la
sienne, mais l'étranger qui parle ma langue et qui l'écorche. »
« Le confinement nous oblige à réfléchir à des choses que,
d’habitude, nous ne voulions pas voir : le hasard qui peut tout bouleverser,
la vulnérabilité de nos vies et de nos corps, le rapport étrange que nous
avons entre notre solitude dans le confinement et la solidarité. »
« Le lien humain fondamental, c’est le fait que nous partageons des
peurs, des émotions, des solidarités. Lorsque nous avons le sentiment que
des semblables, même inconnus, sont en danger de mort, nous nous
portons à leur secours sans réfléchir. Ce n’est pas une histoire d’argument,
de démonstration. C’est un lien humain de solidarité, de sursaut, pour aider
les autres. »
76. Marie Balmary
Née en 19??, psychanalyste clinicienne agnostique, écrivain et
conférencière française.
Essaye de comprendre les bouleversements et les souffrances
accompagnant l'émergence d'une parole qui devrait pourtant être
libératrice.
S’intéresse à la Bible, « première fondation et première histoire
de la parole », persuadée qu'on y trouve les remèdes pour guérir la
civilisation judéo-chrétienne de ses maladies.
Consacre dix ans à apprendre l'hébreu, le grec ancien et
l’exégèse pour serrer le texte au plus près.
« Ruth reprit :
- Je crois qu'il y a une religion universelle avec laquelle on ne compte
pas assez : c'est justement celle que combattent tous les penseurs,
Freud y compris. ../..
77. Marie Balmary
Cette religion n'a pas de nom, ou plutôt elle a tous les noms,
christianisme, judaïsme ou islam, mais elle consiste aussi bien
dans toute conformité absolue à un ordre, une caste, une classe.
En fait, elle traverse toutes les religions et même les idéologies
athées : c'est celle du dieu obscur qui demande à l'homme le
sacrifice de sa pensée, le renoncement à sa conscience.
- À quoi la repérez-vous, cette religion ?
- À ses effets de mort psychique. Il me semble qu'elle se trouve là
où le Bien - dont elle détiendrait la définition - a fait disparaître
jusqu'au désir de vérité. Je crains que la raison démocratique,
scientifique, ne suffise pas pour la combattre. Pas même pour la
signaler. La seule religion qui pourrait m'intéresser serait celle qui
donnerait aux humains deux choses que les religions d'habitude
leur retirent : la conscience de ce faux dieu et surtout l'autorité pour
le mettre dehors ».
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