Un dossier réalisé dans le cadre des cours de l'Académie ESJ Lille : le journalisme cross-média, qu'est-ce que c'est ? Quel parcours de formation permet d'y accéder ?
2. Internet a apporté son lot de changements dans
de nombreux domaines. Le journalisme n'y a pas
échappé : des nouveaux médias émergent, au
détriment des médias dits traditionnels.
Désormais, on consomme l'information partout, à
tout moment. Les pratiques journalistiques,
quant-à-elles, se diversifient : journalisme de
données, journalisme citoyen, journalisme
participatif…
Mais aussi le journalisme multimédia, cross-
média ou encore transmédia, souvent confondus.
Pour les différencier, il faut avant tout distinguer
la ou les formes d'un sujet (texte, image,
graphique, vidéo, son, etc.) et son ou ses canaux
de diffusion (journal, télévision, radio, site web…).
Un journaliste multimédia raconte une histoire
sous plusieurs formes et la partage via un seul
canal de diffusion. Un article sur un site internet,
accompagné de photos et d'une vidéo
correspond à ce type de journalisme. On peut
aussi utiliser le terme journaliste multi-supports.
Le journalisme cross-média élargit l'audience et
améliore l'impact d'un message. Ainsi, une
même histoire est publiée via divers canaux de
diffusion. On parle de média global. En France, le
bi-média est fréquent : un média "historique"
complété par le web.
Toutefois, l'uniformisation des contenus n'est pas
de mise. À titre d'exemple, l'écriture est différente
entre la presse écrite et le web. Entre autres, le
web prend en compte le SEO (référencement).
En cross-média, l'identité et le message restent
cohérents, mais la forme et le ton sont adaptés
au public.
Ce type de journalisme rime aussi avec
interactivité et permet de garder le contact avec
une audience de plus en plus connectée. Je
pense que sans le web, le cross-média ne
pourrait exister. On remarque d'ailleurs que le
terme a commencé à être employé au début du
XXIe siècle, après l'explosion de la bulle Internet.
Autant de caractéristiques qui me donnent envie
de m'orienter dans cette voie ! Pour moi, les
journalistes cross-média sont les pionniers du
journalisme à l'époque du numérique. Non
seulement, ils s'intègrent dans l'ère digitale, mais
en plus, ils arrivent à croiser les supports, les
outils.
Autre point : ne serait-on pas en train de
s'orienter vers du 100 % cross média ? Les
journalistes radio doivent aujourd'hui être
capable d'écrire un article pour le web. Pareil
pour la télévision et la presse écrite au format
papier.
Plusieurs histoires, plusieurs formes, plusieurs
canaux : voici le transmédia, au-delà du
crossmédia. On se concentre non plus sur une
seule histoire, mais sur un univers d'histoires (une
grosse problématique avec plusieurs sous-
problèmes par exemple).
Pour terminer, pourquoi une spécialisation dans
les voyages ? Ce domaine m'intéresse tout
particulièrement. J'ai moi-même déjà vadrouillé :
randonnée du mur d'Hadrien, route de la mer du
Nord à vélo, 3 mois en Allemagne, Scandinavie…
C'est une réelle niche, mais je trouve passionnant
de découvrir le monde, de nouvelles cultures, de
partir "à l'aventure"… Qui plus est, il me semble
que le cross-média se prête bien à ce domaine.
PAGE 1 CROSS-MÉDIA INTRODUCTION
Le journalisme
cross-média
R A P I D E I N T R O D U C T I O N
3. S. Watrigant : Pour moi, c'est la capacité qu'a un
journaliste à traiter d'un même sujet sur différents
supports : la TV, la radio, le web, le print.
C. Menegaux : Ou plus largement : la vidéo, le son,
l'écrit. C'est pour ça que tous les journalistes,
maintenant, sont cross-média : ils sont tous invités à
utiliser tous les supports, à ne pas se cantonner à
leur spécialisation. Ils font tous du web d'une
manière ou d'une autre. Et quand on dit web, ils
peuvent faire de la vidéo, du son, de l'écrit…
S. Watrigant : Le web est la réalisation la plus
accomplie du cross-média : c'est l'endroit où on
peut faire différents formats.
PAGE 2 CROSS-MÉDIA INTERVIEWS
Charlotte Menegaux
Sidonie Watrigant
U N E I N T E R V I E W C R O I S É E
Charlotte Menegaux est responsable de la
formation web de l'ESJ Lille. Sidonie Watrigant,
journaliste à BFM Business, est enseignante en
master à l'ESJ Lille.
Comment définir le journalisme cross-média ?
Est-ce parce que les étudiants sont formés à tous
les médias qu'il n'existe aucune formation cross-
média ?
S. Watrigant : Oui, ils ont de tout, mais je pense qu'il
faut qu'on accentue, nous en tout cas, dans les
écoles de journalisme, sur cette capacité à être
flexible et à faire plusieurs choses en même temps.
Ce n'est pas forcément inné chez eux.
C. Menegaux : C'est pour ça qu'on a monté des
sessions un peu nouvelles, où, par exemple, ils
travaillent sur un sujet, mais ils en font un desk
vidéo, un article pour le site internet, un sujet pour
un journal radio… Ils le déclinent sous plusieurs
formes, comme ça existe dans la vraie vie.
Est-ce nécessaire pour les journalistes d'être
présent sur les réseaux sociaux aujourd'hui ?
C. Menegaux : Je pense que c'est important. C'est
important d'être sa propre marque sur les
réseaux sociaux. On incite les étudiants à avoir au
moins une veille sur les réseaux sociaux, sur les
sujets qui les intéressent.
S. Watrigant : J'ai un avis un peu plus mesuré sur
l'intérêt du réseau social. Je pense que c'est
effectivement une vitrine pas inintéressante, ou
un outil de veille. Après, comme un CV, ce n'est
que le reflet de ce que tu as fait, ça ne doit pas
forcément aller beaucoup plus loin.
C. Menegaux : Non, mais c'est intéressant de voir
ce que la personne aime comme sujets, suit… Ça
te donne des indications sur ses domaines de
prédilection.
S. Watrigant : Je pense qu'on le surdimensionne
un peu trop. Tu ne dois pas exister au simple
nombre de followers que tu as.
C. Menegaux : Certaines rédaction ont embauché
des gens comme ça [au nombre de followers],
mais ils en sont revenus…
S. Watrigant : Tu peux être influenceur et ne pas
être compétent. Là, en l'occurrence, je mettrai ça
plutôt sur le côté communication…
C. Menegaux : Oui, mais savoir communiquer sur
soi, je pense que c'est quand même important.
Parce qu'il faut quand même que les étudiants
se démarquent à la sortie de l'école. Il faut qu'un
recruteur puisse savoir assez rapidement, en
regardant son compte Twitter, s'il se débrouille,
s'il sait organiser sa veille, etc. C'est un élément.
Effectivement, ça ne fait pas tout. Mais c'est un
élément.
4. Marie-Julie Gagnon est une journaliste pigiste
québécoise, spécialisée dans les voyages. Ses
études se sont concentrées sur la presse écrite et la
télévision.
Mais ses activités sont désormais divisées entre la
presse écrite, le web, la télévision, la radio et
l'écriture de livres. Elle représente une journaliste
cross-média type : pour un même voyage, elle
réalise plusieurs reportages pour différents médias.
Être multimédia, changer de support, est-ce utile ?
Ce qui m'a toujours un peu sauvé, c'est que je
touche à différents médias. Et il va y avoir beaucoup
plus de boulot pour les gens qui peuvent arriver à
faire un peu de tout.
PAGE 3 CROSS-MÉDIA INTERVIEWS
Marie-Julie Gagnon
D E P U I S L E Q U É B E C
Avez-vous quand même un média de prédilection ?
À la base, je préfère l'écriture, pour la flexibilité, la
liberté… Mais je ne pourrais jamais choisir un média
dans la mesure où je m'ennuie facilement. Faire
différents trucs, ça me permet de ne pas trop
m'ennuyer.
En plus, ce mélange va chercher des forces
complémentaires. Ça se nourrit l'un l'autre.
Comment choisissez-vos vos reportages, pour
quel(s) média(s) les traiter ?
Quand je pars en voyage, je m'arrange pour avoir au
moins trois médias où je sais que je peux en parler.
Après, c'est plus une question de comment traiter
de la bonne manière pour le bon média. Tous les
sujets s'adaptent, mais certains s'adaptent
effectivement mieux à certains supports, certains
médias.
Pourquoi avoir un blog ?
Le blog n'a jamais été mon gagne-pain. Je l'ai
créé au départ pour pouvoir faire ce que je
voulais, quand je voulais, à ma façon, et sans
aucune contrainte.
Être journaliste aujourd'hui, ça passe aussi par
les médias sociaux. Comment le gérez-vous ?
Les gens rattachés à un média sont obligés de
tempérer leurs propos, ils ne peuvent pas dire ce
qu'ils veulent. Moi, je suis mon propre patron,
donc je peux dire ce que je veux. Ça joue contre
ou pour moi, c'est moi qui le gère. Mais, en
même temps, ça devient aussi notre carte de
visite quand on est pigiste.
Un point de vue sur votre situation actuelle ?
Le contexte dans lequel on travaille a beaucoup
changé, et pas positivement… Les contrats qu'on
nous fait signer sont pourris, les tarifs diminuent…
C'est frustrant de se retrouver en compétition
avec des gens qui sont considérés comme des
"influenceurs". Tout ce qu'ils ont, c'est des chiffres
et des abonnés. Nous, on a un bagage, des
connaissances, une expérience !
J'adore ce que je fais, mais c'est le contexte qui
est moins favorable à ce que je m'y sente bien.
Un conseil pour une étudiante en journalisme ?
Il n'y a pas de chemin qui est vraiment tracé. Il y
a le chemin que tu imagines, qui va être le tien
et qui va te ressembler. La grande question, c'est
"Quelles sont tes priorités comme journaliste au
moment où tu deviens journaliste ?".
Et mon truc : j'ai toujours misé sur mes forces et
sur les choses que j'aime sincèrement. Dès que je
m'emmerde, ça se sent : je n'ai pas de plaisir et je
fais beaucoup moins bien mon travail.
5. Originellement, j'ai fait du pure player web, j'ai fait
du papier et j'ai été responsable des services web de
Paris Normandie. Et là, je faisais volontairement du
cross-média, dans le sens où on essayait d'avoir des
productions web particulières pour ne pas se
contenter de recopier ce qui se faisait dans le
journal, mais d'apporter des choses en plus.
Le cross-média peut marcher dans les 2 sens. Soit
on a un article qui est d'abord une version imprimée
et on va offrir des choses en plus sur Internet. Et
dans l'autre sens, on le fait souvent sous forme de
teasing : on va mettre en ligne une version light du
papier, en disant : "Vous retrouverez la version
complète dans le journal du lendemain."
PAGE 4 CROSS-MÉDIA INTERVIEWS
Sébastien Bailly
J O U R N A L I S T E E T F O R M A T E U R
Sébastien Bailly est journaliste (pigiste pour Ouest-
France, avant tout pour le print, mais aussi pour le
web), ainsi que formateur et consultant sur la
thématique des réseaux sociaux, d'Internet et de
l'écriture Web.
Avez-vous choisi délibérément d'aller vers du cross-
média ?
Comment pensez-vous que le journalisme va évoluer ?
Ce qui a changé par rapport à ce que je pouvais
faire il y a 5, 10 ans ou un peu plus, c'est qu'on est de
plus en plus tourné vers le web. Le support
numérique devient le premier support de
publication. Le support print devient un support de
deuxième publication, ou de publication
complémentaire.
Donc le cross-média est en train de s'inverser : on
publie d'abord sur le web, et puis on va derrière faire
des choses sur le papier qui seront des
choses différentes, complémentaires du web,
Est-ce qu'une bonne présence en ligne, sur les
réseaux sociaux est indispensable pour un
journaliste ?
ou qui seront un extrait de ce qu'il y a sur le web.
On passe en web first voire en mobile first.
Les journaux papiers sont amenés à évoluer
puisque l'information chaude n'aura plus sa
place dans leurs colonnes. Elle est dans nos
mobiles, sur nos écrans… À partir de là, il va falloir
qu'ils trouvent une autre façon de traiter l'info,
plus dans du papier de fond, du papier un peu
plus fouillé. Et puis garder l'info chaude pour nos
écrans. L'évolution va se faire doucement, et se
fait doucement déjà.
Pour un journaliste, aujourd'hui, ne pas être
présent sur les réseaux sociaux, c'est un peu
bizarre et particulier : c'est là où l'information
circule, où il y a les leaders d'opinion, les témoins.
Et un journaliste qui déciderait de ne pas être là
où l'information circule, c'est un journaliste qui se
met dans une position assez étrange par rapport
à ce qu'est son métier.
Existe-t-il une formation initiale en cross-média ?
Je n'ai pas tous les plans de formation en tête,
mais l'ancien monde avec cette division en 3
grands secteurs (radio, TV et presse écrite) est
bien ancrée. On a un socle commun de
techniques journalistiques et après, on se
spécialise plutôt sur l'un de ces 3 domaines.
Le souci, c'est qu'en formation initiale, le digital
est encore un peu léger. Souvent, on survole les
choses et on considère que, parce que les
étudiants sont jeunes, c'est quasiment naturel
chez eux.
6. Est-ce que ça existe le journalisme cross-média ? Ce
qui est intéressant, c'est plutôt de se dire : "Est-ce
que ça pourrait exister en n'étant pas cross-média ?"
Est-ce que ce n'est pas un pléonasme ? Est-ce qu'on
pourrait faire du journalisme non-cross-média
aujourd'hui ?
Mais en même temps, ce ne sont pas les mêmes
qualités [pour écrire ou faire de la vidéo]. C'est
extrêmement difficile d'être bon sur tous les médias
à la fois. Je pense qu'autrefois, il fallait vraiment avoir
des qualités par rapport à son média. Aujourd'hui,
ce qui compte peut-être, c'est le reach cross-média.
Mais est-ce que c'est des journalistes, les gens qui
ont les plus gros reach cross-média ? Ce n'est peut-
être plus des journalistes… C'est peut-être des
influenceurs au fond !
En fait vous avez un sujet qui est vraiment difficile.
C'est un sujet intéressant, mais vraiment compliqué.
PAGE 5 CROSS-MÉDIA INTERVIEWS
Marie-Laure
Sauty de Châlon
P D G D ' A U F E M I N I N
Après des études de droit, Marie-Laure Sauty de
Châlon a travaillé dans diverses régies publicitaires de
la presse. Elle est actuellement PDG du groupe
aufeminin (notamment Marmiton et aufeminin). Je
souhaitais recueillir son point de vue, celui d'une
personne à la tête d'un média digital et print.
Les journalistes qui travaillent chez Marmiton ont-ils
tous fait des études de journalisme ?
Les contenus vont être consommés sur l'instant.
Et, comme disait un journaliste que j'aimais
énormément à Libération, qui s'appelait Péninou
: « Il ne faut jamais oublier que le journal ça sert à
emballer le poisson. » C'est-à-dire que le
lendemain, c'est fini.
Nous, on est à l'opposé. On est des contenus
everlasting, des contenus qui vont toujours durer.
C'est ça qu'a apporté le digital par rapport aux
anciens médias. On est un média de stock, et un
média de stock ne doit pas être top down, il doit
être bottom up. Il doit aller chercher ce qui va
intéresser les gens.
Donc ce n'est pas une culture journalistique au
fond. C'est une culture des insights, de ce que
veut la communauté, de ce qu'attend la
communauté.
Est-ce que l'équipe de Marmiton est divisée
entre une partie web et une partie print ?
Non, c'est les mêmes. Ils sont justement cross-
média.
Mais en revanche, il y a des experts qui sont sur
des sujets de fabrication, de maquette, etc. Qui
eux sont uniquement print. Mais le corps du
contenu, ce sont les mêmes personnes.
D'après vous, la tendance en terme de
recrutement des journalistes, est-elle plutôt
mono-média ou cross-média ?
Plutôt cross-média, mais je ne crois pas qu'il faut
attendre des gens qu'ils soient des hommes à
tout faire ou des femmes à tout faire. Je pense
qu'il y a aussi des affinités. Donc l'idéal, ce serait
d'avoir des gens qui ont une culture cross et une
spécialité verticale.
Non. En fait, dans le digital, que ce soit MyLittleParis,
aufeminin ou Marmiton, il n'y a pas de journalistes.
Pour même être un peu provocante, je dirai que les
journalistes ne réussissent pas. On a essayé, mais ça
n'a pas marché.
Pourquoi ? Parce que le monde du journalisme,
pour moi, c'est le monde du top down.
7. 100 notions
pour le
crossmédia
G H I S K A N I E A Z É M A R D
Ce livre permet de mettre en évidence la diversité
du cross-média. Au-delà du journalisme, le cross-
média est aussi une pratique publicitaire et
marketing. Le terme "cross-média" à proprement
parler a vu son apparition dans l'industrie de la
publicité au point de départ !
Le livre se veut lui-même cross-média, car
disponible sur Internet et au format papier… Mais
il commence à dater lui aussi (2013). Le flash-code
de la couverture n'est plus vraiment moderne : il
ne fonctionne même plus…
En outre, c'est un ouvrage universitaire. Et à
l'opposé d'un écrit journalistique, il ne s'adresse
pas à tout le monde, mais à des professionnels ou
scientifiques (explicitement spécifié !). Le
vocabulaire s'en ressent et il n'est pas toujours
aisé de tout comprendre.
N O M A D I C | 2 4
PAGE 6 NOTES DE LECTURECROSS-MÉDIA
Manuel de
journalisme
web
Blogs, réseaux sociaux,
multimédia, info mobile
M A R K B R I G G S
Le cross média me semble intimement lié au web :
on a commencé à utiliser ce terme au début du
XXIe siècle, avec l'apparition du web 2.0.
Le manuel de Briggs me semble relativement
complet par rapport à la thématique du
journalisme web, et du journalisme multimédia :
blogs, Twitter, journalisme mobile, photographie,
audio, vidéo, datajournalisme…
Cependant un livre qui date de 2013 (édition
anglaise) me semble déjà dépassé pour aborder de
tels sujets… Comment, en 2018, ne pas évoquer les
diffusions en live ou l'usage des stories ?
A contrario, certains outils n'existent plus, ont été
remplacés par d'autres. Le blogging semble moins
important qu'il n'a pu l'être, mais les médias sociaux
nécessiteraient d'être davantage mis en avant.
8. Le
National
Geographic
Un siècle d'aventures et de découvertes
C . D . B . B R Y A N Pour ce dossier, j'ai choisi le journalisme cross-
média avec une spécialisation en voyages. Tous
mes autres livres portaient sur le journalisme
numérique / cross-média, mais aucun sur la
spécialisation en voyages : le National Geographic
m'a semblé adapté.
Difficile en effet de ne pas penser à National
Geographic lorsqu'on songe aux voyages, aux
cultures, à la géographie, voire à l'histoire !
Dans ce livre, ce sont avant tout les photographes
et leurs photographie, que l'on (re)découvre avec
plaisir. Mais il permet aussi de constater
l'évolution de National Geographic depuis ses
débuts en 1888 : une couverture sans illustration
au point de départ, ou des scientifiques qui au fil
du temps se sont transformés en journalistes.
N O M A D I C | 2 4
PAGE 7 NOTES DE LECTURECROSS-MÉDIA
A-t-on encore
besoin des
journalistes ?
Manifeste pour un
"journalisme augmenté"
E R I C S C H E R E R
Impressionnant à quel point ce livre est résonnant
d'actualité ! Et dépitant de se rendre compte que,
depuis 2011, si peu a évolué !
Alors certes, on a encore besoin des journalistes,
mais leur métier doit se réinventer.
« Internet a besoin de sons, d'images, fixes et
animées, de bases de données, etc. Le nouveau
journalisme est interactif, "24/7", multiplate-forme,
désagrégé et convergent. » La situation est bien
résumée. Le cross-média ne correspondrait-il pas à
ce nouveau journalisme ?
Eric Scherer explique que les qualités
fondamentales des journalistes sont plus que
jamais nécessaires, mais il faut aussi réussir à
"retrouver une confiance qui tend à s'échapper". On
croirait lire un ouvrage sur les fake news en 2018.
9. Un parcours
de formation adapté
P O U R T E R M I N E R
En cross-média, on doit savoir écrire, créer du
son, de l'image, de la vidéo, et réaliser ces
tâches dans deux optiques : médias
traditionnels et web. Il y a aussi tout un côté
programmation, data journalisme, infographies
(animées ?) et SEO à maîtriser. Il faut être
polyvalent, débrouillard, autonome.
Au niveau international, on trouve quelques
formations en cross-média : SAE Institute en
Allemagne ou à Genève (diplôme en
production cross-média) ou le graduate degree
in journalism (niveau master) du Emerson
College - Université à Boston, USA.
En France il n'existe a priori aucun
parcours spécifique de formation en
journalisme cross-média. Mais les écoles
forment souvent à différents médias : filière
généraliste de l'ESJ Lille, formation initiale du
CUEJ Strasbourg, ou cursus temps plein à l'IPJ
Paris… Ces diplômes semblent convenir.
Pour ma part, je m'orienterais vers une
spécialisation télévision. Depuis un an et demi,
je blogue sur la plateforme Mondoblog, ce qui
m'a permis d'acquérir un certains nombre de
notions relatives au web. Mes activités sur le
blog La cuisine de mémé Moniq complètent
cette mise en pratique.
J'ai en outre participé à la 5e formation
Mondoblog, portant sur les nouvelles
techniques journalistiques et les outils
numériques innovants.
Pour ce qui est de la spécialisation dans le
voyage, le meilleur complément de
l'apprentissage scolaire reste de voyager par soi-
même, et -pourquoi pas- de proposer des piges
sur la thématique des voyages à diverses
rédactions.
PAGE 8 FORMATIONCROSS-MÉDIA