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D’ENVERGURE MONDIALE
Avec une superficie de 30.528 kilomètres carrés, la Belgique n’est qu’un infime petit point sur la carte du monde. Et pourtant,
ce territoire pas plus grand qu’une tête d’épingle à l‘échelle du globe terrestre regorge d’acteurs d’envergure internationale. Des
entreprises parties à la conquête du marché mondial. Quelle est la clé de leur succès ? Vous le découvrirez en lisant la série
« Acteurs d’envergure mondiale ». ENTREPRISE 2 : AGEAS
15 novembre 2014
COMMENT LES ENTREPRISES BELGES PARTENT À LA CONQUÊTE DU MONDE
CONNECT Echo Connect offre aux entreprises, organisations et organismes publics l’accès
au réseau de L’Echo, pour partager leur vision, leurs idées et leurs solutions avec
la communauté de L’Echo. Ageas est responsable du contenu.
« Ageasie »
« Comment ça, Ageas est en Asie ? »
Vous n’avez pas idée du nombre de fois que l’on me pose cette question. Pourtant, nous y
sommes un acteur d’envergure. Nous sommes le cinquième assureur-vie de Chine, le deuxième
de Thaïlande et le troisième assureur en Malaisie. Et ce, en suivant un modèle très particulier, qui
consiste à associer notre expérience internationale à l’expertise locale. Entre-temps, nous employons
plus de 33.000 personnes et près de 170.000 agents en Asie.
Aujourd’hui, les activités d’assurance en Asie représentent environ 15% de nos fonds propres, et représentent
déjà 25% de notre bénéfice. Le tout en treize ans à peine ! De plus, il semblerait que les arbres grandissent
jusqu’au ciel sur ce continent. La classe moyenne est en plein essor et le marché des assurances recèle encore un
énorme potentiel.
Il serait dès lors logique que notre volume d’activité en Asie dépasse celui que nous réalisons en Belgique. Car
finalement, nous réalisons avec AG Insurance un peu plus d’un tiers de notre chiffre d’affaires et la moitié du bénéfice
du groupe sur une population de 11 millions de personnes, alors que la population d’Asie se chiffre en milliards.
Nos activités dans les pays émergents sont un complément idéal au marché mature des assurances en Europe. Alors
que le principal défi réside plutôt dans le contrôle de la croissance en Asie, le marché européen des assurances est aussi
confronté à ses propres difficultés, telles que la nouvelle réglementation et les taux très bas. Mais Ageas est
suffisamment flexible pour répondre à l’évolution du contexte dans lequel elle opère. Nous
sommes convaincus que notre excellente position domestique et notre bonne
liquidité, combinées à notre situation solide dans un certain nombre de
marchés européens matures et notre position de tête sur
plusieurs marchés émergents comme la Chine, la Malaisie,
la Thaïlande, l’Inde et la Turquie, nous offrent de belles
perspectives pour l’avenir.
trois autres marchés : le Royaume-Uni, l’Europe continentale (qui com-prend
également la Turquie) et l’Asie. Cette dernière région se montre
d’ailleurs particulièrement performante. Ageas n’y travaille pas avec des
filiales, mais en partenariat avec des leaders locaux et des marques répu-tées
qui connaissent le marché mieux que quiconque.
En plaçant ses propres collaborateurs dans le management, Ageas asso-cie
à ces canaux de distribution son expertise dans le domaine du design
de produits, de gestion des risques, de demandes d’indemnisation, de
modèles actuariels… « Nous préférons être forts dans un nombre réduit
de pays, que dans le ventre mou partout à la fois », explique le CEO Bart
De Smet. « Notre objectif est d’atteindre le top 5 dans les pays où nous
sommes présents. »
Cette philosophie explique l’accent qui est mis sur des marchés émer-gents
comme la Chine, l’Inde, la Malaisie ou la Thaïlande, ainsi que l’in-térêt
porté à d’autres marchés qui combinent population dense, crois-sance
rapide et faible pénétration des assurances, comme l’Indonésie, le
Vietnam, le Cambodge et les Philippines. « Le Japon, la Corée du Sud et
Taïwan sont en revanche des marchés totalement matures. Nous préfé-rons
dès lors les éviter, parce que nous ne pouvons y jouer aucun rôle
significatif » conclut Bart De Smet.
Bart De Smet
CEO Ageas
achetons également des actions d’entreprises
belges », explique Hans De Cuyper. « Notre por-tefeuille
d’actions reste cependant relativement
réduit parce que nous devons détenir trop de
capitaux propres en contrepartie. En revanche,
nous nous intéressons de plus en plus aux obliga-tions
d’entreprises. Naturellement, nous investis-sons
également beaucoup dans l’infrastructure
et l’immobilier. »
C’est ici le terrain de chasse d’AG Real Estate.
Cette branche prend à son compte un tiers des
6.100 salariés d’AG Insurance. L’un de ses projets
le plus marquants est le programme « Écoles de
Demain » (Scholen van Morgen) : il prévoit la
construction de 165 nouvelles écoles à l’horizon
2017 dans le cadre d’un partenariat public-privé
avec la Région flamande.
Partenariat
Outre AG Insurance, Ageas est encore active sur
Si Ageas n’existe que depuis cinq ans sous sa forme actuelle,
les racines de l’assureur belge remontent au début du XIXe
siècle. La compagnie originelle, AG Vie – pour Compagnie
d’Assurances Générales sur la Vie, les Fonds Dotaux et les
Survivances –, a en effet été fondée en 1824. Après une série
d’acquisitions, la compagnie d’assurances rejoint le nouveau
groupe Fortis en 1990. Fortis absorbera ensuite la CGER et la Générale
de Banque, pour transférer toutes les activités d’assurances dans Fortis
AG.
Pourtant, ce ne sera pas une réussite. ABN Amro est un trop gros pois-son,
et Fortis doit finalement être sauvée par les contribuables belges,
néerlandais et luxembourgeois.
En mai 2009, le gouvernement belge vend Fortis Banque au groupe
français BNP Paribas. Les activités dans les assurances sont alors héber-gées
dans Fortis Holding, qui adopte un an plus tard la dénomination
Ageas. Entre-temps, les activités d’assurances belges du holding ont déjà
été rebaptisées AG Insurance.
Leader sur le marché
Cinq ans plus tard, Ageas fait partie du club fermé des vingt plus grands
assureurs d’Europe. Le groupe compte plus de 13.000 collaborateurs
dans les entités consolidées, et plus de 33.000 dans les entités non
consolidées. Les primes encaissées dépassent les 23 milliards d’euros
par an.
En Belgique, Ageas est le leader du marché de l’assurance-vie
individuelle et des employee benefits, par l’intermédiaire d’AG
Insurance. C’est également l’un des principaux acteurs dans le
segment « non-vie », c’est-à-dire les assurances qui couvrent l’incendie,
les accidents et les risques divers. En Belgique par exemple, un million de
voitures sont assurées par AG Insurance.
Ce marché de l’assurance non-vie commence cependant à être saturé en
Europe, affirme Hans De Cuyper, Chief Financial Officer (CFO) d’AG
Insurance. Il voit en revanche un potentiel de croissance dans le domaine
de l’État-providence et des soins de santé. « On note par exemple une
augmentation des besoins de couverture pour les maladies graves et les
frais médicaux, ainsi que pour les produits liés au vieillissement de la
population, comme les pensions ou l’assurance dépendance, lorsqu’une
personne ne peut plus prendre soin d’elle même. »
Investisseur
AG Insurance est également un investisseur important dans l’économie
belge. « Nous détenons énormément d’obligations publiques mais nous
Cette
semaine
>
© Thierry du Bois
LES RACINES
EN BELGIQUE,
LA TÊTE
EN ASIE
Un vieil arbre en fleurs, avec quelques branches qui
s’étendent rapidement. C’est la métaphore qui définit
le mieux Ageas. Le groupe belge d’assurance profite
pleinement de l’essor asiatique.
2. « NOUS DEVONS
continuer de
pour chaque paysan une prime qu’il pourra dif-ficilement
payer individuellement. Nous leur
offrons de souscrire une assurance en groupe.
Génial, non ? N’oubliez pas que, dans ces pays,
les inondations sont souvent une question de
vie ou de mort. »
Fuseaux horaires
Ageas a-t-elle l’ambition de déployer son
expérience des marchés émergents en dehors
d’Asie ? « L’Asie et l’Europe sont des marchés
très complémentaires », rétorque le directeur
d’Ageas, Bart De Smet. « Faisons d’abord en
sorte de réussir là-bas. D’autant que ce conti-nent
présente encore d’autres avantages. Les
fuseaux horaires y sont nos alliés, par exemple.
Quand nous commençons à travailler le matin
en Europe, il est midi en Asie. Il est ainsi plus
facile de discuter ensemble, par vidéoconfé-rence
par exemple. »
« Si nous ajoutons un pôle latino-américain,
nous serons confrontés à un nouveau fuseau
portrait
Le marché de l’assurance est en forte croissance
en Asie. Ageas en récolte les fruits grâce à un
remarquable système de partenariat, dans le
respect de la culture locale.
horaire qui nous obligera à modifier toute notre organisation »,
remarque Bart De Smet. « Il sera impossible de réunir tous les
acteurs-clés au même moment. C’est pourquoi nous nous
concentrons sur ces deux régions. Naturellement, aucune déci-sion
n’est éternelle. »
Plus sûrs d’eux
Les acteurs locaux aussi veulent continuer à aller de l’avant.
« Nos partenaires attendent de nous que nous continuions à
leur apporter de la valeur ajoutée », explique Filip Coremans.
« Nous ne pouvons donc pas nous reposer sur nos lauriers ou
faire preuve de suffisance. Nous devons continuer à séduire :
rester attentifs à ce qui change et beaucoup parler et écouter.
L’Asie d’il y a 10 ans n’est pas l’Asie d’aujourd’hui. Les
Asiatiques ont gagné en assurance, mais ils ont également
développé d’autres besoins. »
« En Chine par exemple, notre partenaire parle de plus en plus
de s’étendre à l’étranger », poursuit le CRO. « Naturellement,
nous possédons l’expérience nécessaire. Mais nous avons éga-lement
des partenaires dans des pays voisins, qui verraient ainsi
la concurrence s’intensifier. Donc oui, la situation reste intéres-sante.
» (il rit)
- « Est-il vrai qu’il est très difficile de dire non dans de nom-breuses
cultures asiatiques ? »
- « Oui. En Malaisie, ils n’ont même pas de véritable mot pour
dire "non". »
- « En fait, ils disent donc oui à chaque fois que vous demandez
quelque chose. »
- « Plus ou moins. »
- « Et si cela ne marche pas ? Vous avez demandé quelque
chose, et ils ont répondu "oui". »
- « Pas du tout, c’est très subtil. Ils ont dit non, mais vous n’avez
pas compris. »
Filip Coremans sourit face à notre regard interloqué. Fort
d’une expérience d’une dizaine d’années en Asie, ce pionnier
connaît les usages locaux comme nul autre. L’actuel Chief Risk
Officer (CRO) d’Ageas à Bruxelles a successivement travaillé
quatre ans en Malaisie, trois ans en Inde et cinq ans à Hong
Kong. « L’âge d’or », se souvient-il. « Tous ceux qui travail-laient
là-bas à l’époque sont tombés amoureux de cette
région. »
« Stoïque vis-à-vis de l’extérieur, très sensible à l’intérieur » :
telle est sa description de l’Asie. C’est d’ailleurs la raison pour
laquelle vous devez vous y rendre vierge de toute compétence.
« Vous devez être ouvert au fait que si quelque chose ne fonc-tionne
pas, c’est de votre faute. Car vous n’avez pas compris
comment il fallait procéder. »
Cette humilité – « typiquement belge » – est notamment à la
base de la réussite des partenariats mis sur pied par Ageas. « Si
vous voulez vous engager avec les meilleurs, vous devez aussi
pouvoir faire des compromis. Notre background de fédéralisme
nous procure un peu plus de flexibilité concernant tout ce qui
relève du contrôle et de l’influence. »
Ageas laisse ainsi le branding et le contrôle à ses partenaires
locaux. « Notre ambition n’est pas de voir flotter le drapeau
d’Ageas partout : nous voulons avant tout construire des cham-pions
locaux », poursuit Filip Coremans. « D’ailleurs, les plus
grands assureurs de France sont des Français, ceux de Belgique,
des Belges. Pourquoi en irait-il différemment en Asie ? »
Dans cette collaboration, Ageas doit aussi tenir compte du
poids de la hiérarchie en Asie, souffle encore Filip Coremans.
« Nous essayons toujours d’envoyer une personne du même
niveau hiérarchique aux réunions. Si Jozef De Mey, le président
d’Ageas, n’y avait pas joué un rôle aussi important, nous n’au-rions
jamais pu mettre le pied dans la porte en Chine. Ils veulent
un président pour parler avec leur président. Pour eux, c’est une
question de respect. »
Le bâton dans le sol
Hans De Cuyper, l’actuel CFO d’AG Insurance, a également tra-vaillé
en Asie pendant des années, notamment à Hong Kong et
en Malaisie. « Je trouve qu’ici, nous nous préoccupons surtout
de préserver le présent, parfois même de gérer le déclin.
En Asie, on construit l’avenir. Ils comblent leur retard en gardant
les yeux grand ouverts et en nous copiant. Sauf pour nos
erreurs, bien sûr. »
Le monde de l’assurance aussi est en plein essor en Orient,
signale Hans De Cuyper. « Ici, en Europe, nous réfléchissons très
longtemps, nous analysons toutes les options. Là, le marché
nous force à aller de l’avant, quitte à rectifier par la suite. »
« La chose la plus passionnante que j’ai apprise en Asie ? À sor-tir
des sentiers battus », indique Hans De Cuyper. « Oser remet-tre
en cause ce qui est d’usage sur notre marché domestique,
tester les limites de ce qui est possible. Lorsqu’on se rend à
l’étranger, on remarque souvent qu’il est possible de procéder
autrement. Ainsi avons-nous vu comment l’assurance dépasse
le traditionnel système de l’indemnisation pour se focaliser sur
le bien-être total du client en Malaisie. Et cette approche fonc-tionne.
»
Un autre exemple ? L’idée qu’un assureur n’a rien à offrir aux
couches inférieures de la population, explique Hans De Cuyper.
« C’est possible à condition de changer d’approche. Dans une
région rurale par exemple, nous plantons un bâton dans le sol,
nous traçons une marque à la craie à une certaine hauteur et
nous disons aux paysans : si l’eau arrive ici, vous êtes indemni-sés.
De cette manière, nous ne sommes pas obligés de calculer
Assurer tout
en respectant
la religion locale
Plusieurs pays du sud-est de l’Asie abritent une
importante population musulmane. Cela a-t-il
un impact sur les activités d’un assureur ? Oui,
car la loi islamique n’autorise pas l’assurance
telle que l’Occident la conçoit.
En Malaisie, Ageas détient une participation de
près de 31% dans Etiqa Takaful, le numéro un
absolu de l’assurance islamique, ou Takaful.
Quel est le problème ?
Trois éléments de la charia ou loi islamique inter-disent
les assurances conventionnelles. Le pre-mier
est l’incertitude (« gharar »), ce qui se tra-duit
par le fait que ni le moment, ni le montant
du dédommagement ne sont connus au début
du contrat. Ensuite, la charia interdit les intérêts
© DOC
SÉDUIRE »
Hong Kong reste une région qui recèle d’énormes opportunités
2
3. « Si seulement nous
pouvions rééditer dix
fois notre success-story
thaïlandaise… »
La Chine et la Thaïlande en sont les meilleures preuves :
Ageas a choisi le bon modèle pour planter son drapeau
en Asie. Un modèle qui consiste à enregistrer une forte
croissance à l’aide de participations minoritaires.
En moins de 15 ans, l’Asie est devenue la deuxième source de
bénéfices d’Ageas. Derrière la Belgique, mais devant le
Royaume-Uni et l’Europe continentale. « D’autres assureurs
se sont rendus en Asie avec l’idée qu’ils devaient tout surveil-ler,
tout contrôler. Et si possible être propriétaires de ces
entreprises », sourit Filip Coremans, Chief Risk Officer d’Ageas.
« Nous avons appliqué une philosophie totalement
différente. »
La grande réussite d’Ageas trouve son origine dans son
modèle de partenariat, explique-t-il. « Nous choisissons
uniquement des partenaires très sérieux. Ce sont généra-lement
de grandes institutions financières bien gérées,
qui disposent également d’une marque forte. Et si pos-sible,
cotées en Bourse, afin qu’elles soient aussi sous la
surveillance des marchés financiers. En Thaïlande par
exemple, Ageas détient une participation de 31% dans
Muang Thai Life, une joint-venture avec l’éminente
famille Lamsam et la Kasikornbank, troisième banque du
pays. Cette dernière gère plus de 1.000 filiales, pour un
total bilantaire de 51 milliards d’euros et une capitalisation
boursière de 11 milliards d’euros. Muang Thai Life a rapide-ment
conquis la première position en termes de nouvelles
polices en Thaïlande. »
« J’aimerais que nous rééditions une dizaine de fois cette suc-cess-
story thaïlandaise », poursuit Filip Coremans. « Quand nous
y sommes arrivés en 2004, Kasikornbank était numéro 7 en matière
d’encaissement de primes dans l'assurance-vie ; dix ans plus tard, nous
sommes déjà numéro 2. L’an prochain, nous aurons récupéré la totalité
du montant que nous y avons investi depuis 2004. »
Classe moyenne
L’autre grande réussite d’Ageas est la Chine, où le groupe belge d’assurance
détient un quart de Taiping Life. Le propriétaire de cet assureur est égale-ment
coté en Bourse (à Hong Kong), avec une capitalisation boursière de
plus de 3 milliards d’euros.
Il subsiste des opportunités, souligne le CEO Bart De Smet. « Ce n’est pas
parce que la croissance est retombée à “seulement” 6 ou 7% en Chine que
le marché de l’assurance ne peut pas se développer à un rythme de 20 à
25%. Ce pays allie une classe moyenne en plein essor et un faible taux de
pénétration pour les assurances. En d’autres termes, il a un important retard
à combler. »
(« riba »), comme les garanties de taux dans les
assurances-vie. Elle inclut également l’interdic-tion
d’investir dans certains secteurs comme les
brasseries, les casinos… Enfin, il y a l’interdiction
du jeu (« maysir »). Pour un musulman, payer
une prime pour un dommage futur qui reste
incertain revient à jouer à un jeu de hasard.
Quelle est la solution ?
Au lieu de verser une prime comme le prévoit le
contrat d’assurance traditionnel, les participants
paient une contribution à un fonds commun,
appelé Takaful. Chaque participant signe alors
un contrat par lequel il s’affilie au groupe et
accepte d’aider les autres participants si l’un
d’entre eux subit une perte déterminée.
C’est donc une sorte de mutualité qui est orga-nisée
en échange d’une commission pour l’assu-reur.
Le modèle est-il importable
en Europe ?
L’expérience qu’accumule Ageas avec le Takaful
peut-elle lui être utile dans nos contrées ?
L’Europe abriterait 38 millions de musulmans.
Mais la majorité d’entre eux habitent en Europe
centrale et en Europe de l’Est, en Russie et en
Allemagne, des marchés où Ageas n’est pas pré-sente
ou dont elle s’est retirée. Si cette option ne
semble pas envisageable dans l’immédiat, rien
ne dit qu’à plus long terme elle ne sera pas
explorée.
>
EUROPE CONTINENTALE
(Luxembourg, Italie, Turquie,
France, Portugal)
• 1.070 collaborateurs
• 4,9 millions de clients
• 1,5 million de voitures assurées
• 1,75 million de logements assurés
•N° 1 en Vie au Portugal
•N° 4 en Non-Vie en Turquie
•N° 2 en matière de libre prestation de
srevices au Luxembourg
Conseiller du
maharadjah
Ceux qui partent à l’étranger pour Ageas
doivent donner satisfaction au partenaire local.
« Le partenaire local fournit la marque et la distribution, nous apportons l’expertise
internationale. C’est le deal », explique Filip Coremans, CRO d’Ageas. « Nous avons dès
lors besoin d’excellents profils techniques : actuaires, spécialistes de la gestion des risques
ou directeurs financiers… » Les candidats intéressés font l’objet d’un screening approfondi,
embraie Hans De Cuyper, directeur financier d’AG Insurance. « Il est crucial de trouver la personne
idéale. En Malaisie par exemple, nous avons quatre personnes en poste chez notre partenaire local,
sur un total de plus de 10.000 salariés. Dans un tel cas de figure, nous n’avons aucune marge d’erreur. »
« Ces expatriés doivent aimer l’aventure, éviter de trop réfléchir en termes de politique et avoir la matu-rité
et la compétence nécessaires pour gagner la confiance du CEO local », complète Filip Coremans. « Ils
savent qu’ils ne feront pas carrière là-bas, mais qu’ils pourront progresser chez Ageas si notre partenaire
est satisfait de leur travail. En fait, ce sont de véritables ambassadeurs d’Ageas. Ce rôle de « conseiller du
roi » est fondé sur l’influence, pas le contrôle. C’est une méthode qui fonctionne très bien en Asie, car elle
permet de mettre des mesures en place dans un grand respect. »
Les meilleures pratiques
Ageas exploite habilement les meilleures pratiques des partenariats pour améliorer le service
dans les autres pays. Pour autant, il ne s’agit pas uniquement de transférer des connais-sances
: les collaborateurs aussi doivent être mobiles. « La valeur ajoutée d’un expatrié
augmente rapidement les deux ou trois premières années pour plafonner ensuite »,
explique Filip Coremans. « C’est le cas dans toutes les fonctions managériales.
C’est pourquoi il convient également d’organiser une rotation des expa-triés,
afin de générer régulièrement de nouvelles idées. De plus,
ces expatriés construisent ainsi un réseau dont Ageas pro-fite
également. »
Ageas dans le monde
BELGIQUE
• 3,7 millions de clients
• 1.006.000 de voitures assurées
• 1.325.000 de logements assurés
• 6.083 collaborateurs
•Distribution d’assurances via BNP Paribas Fortis,
Fintro, bpost banque et courtiers indépendants
•N° 1 en Vie
•N° 2 en Non-Vie
ROYAUME-UNI
• 9,2 millions de clients
• 3,6 millions de voitures assurées
• 2,8 millions de ménages avec assurances habitation
• 5.777 collaborateurs
•N° 2 dans l’assurance voiture particulière
•N° 6 en Non-Vie
ASIE
(Hong Kong, Chine, Thaïlande,
Malaisie, Inde)
• 18 millions de clients
• 170.000 agents
•N° 6 en Vie en Chine
•N° 2 en Vie en Malaisie
•N° 1 en Non-Vie en Malaisie
•N° 2 en Vie en Thaïlande
•N° 5 en Non-Vie en Thaïlande
•N° 5 en réseau d’agents à Hong Kong
Source : Ageas, chiffres de fin décembre 2013
© DOC © DOC
ACTEURS D’ENVERGURE MONDIALE
4. interview
« Nous voulions
ÊTRE TRÈS CLAIRS
ENVERS TOUT
LE MONDE »
Jozef De Mey, le président Ageas, entrevoit un avenir radieux, sur
lequel plane cependant l’ombre du passé. « Il est impossible de
prévoir quand se termineront les actions juridiques en cours contre
nous. Elles sont d’une incroyable complexité. »
De Mey : « La communication et la transparence
figurent dans notre ADN. Nous voulons dire
comment nous allons et quels défis nous pré-voyons
pour le futur. »
« Pour les actionnaires institutionnels, il y a les
investor relations et les roadshows classiques,
auxquels participent toutes les sociétés cotées en
Bourse. Nous fournissons également des explica-tions
après chaque résultat trimestriel. »
« Pour les actionnaires particuliers belges, nous
avons fondé l’Ageas Club (lire ci-contre). En
outre, nous tenons également un stand trois fois
par an, aux happenings de la VFB et de Finance
Avenue. Enfin, Bart De Smet chatte régulière-ment
avec les lecteurs de L'Echo et du Tijd. »
Un autre canal intéressant est le blog de Koen
Devos, Head Investor Relations, sur la page d’ac-cueil
du site internet d’Ageas. Il y discute chaque
semaine de l’évolution de l’action.
Ageas applique une politique de dividende
claire. Elle distribue entre 40 et 50% du
bénéfice annuel des activités d’assurance à
ses actionnaires.
Jozef De Mey, président d’Ageas, préconise une com-munication
claire avec les actionnaires. Et cela commence
par une stratégie transparente. « L’actionnaire doit savoir ce
qu’il peut attendre de nous. C’est pourquoi nous avons
annoncé fin 2009 que nous allions nous concentrer sur
l’Europe et sur l’Asie. Une décision qui impliquait également
une réévaluation de notre portefeuille, et nous a amenés à quitter des
marchés comme la Russie et l’Ukraine. »
On recense de nombreux marchés émergents. Pourquoi vous
concentrer sur l’Asie ?
De Mey : « Lorsque l’on analysait les marchés émergents au début du siè-cle,
on avait deux options : soit l’Europe de l’Est, soit l’Asie. À l’époque,
je trouvais que nous arrivions dix ans trop tard pour la première. Tous les
grands assureurs européens y étaient déjà présents. »
A posteriori, l’Asie était-elle le bon choix ?
De Mey : « Treize ans plus tard, nous sommes encore très heureux de
notre décision. Naturellement, il faut pouvoir se montrer patient sur les
marchés émergents. Ils sont petits, ils doivent encore se développer. Ceci
dit, ils ont déjà acquis un certain poids. Regardez la Chine et la
Thaïlande, deux marchés où les assurances enregistrent une croissance
de 20 à 25% par an. L’Asie représente aujourd’hui 15% de nos activités,
mais apporte un quart des primes perçues et des bénéfices d’Ageas. »
Ces cinq dernières années,
nous avons investi environ
2 milliards d’euros et
distribué le même montant
aux actionnaires. »
Le groupe financier Ping An détient 5,2% d’Ageas. Cette
connexion chinoise peut-elle contribuer à ouvrir des portes en
Asie ?
De Mey : « Non. En Chine, nous sommes même un grand concurrent de
Ping An avec Taiping Life, une compagnie dans laquelle nous possédons
une participation de 25%. »
« Gardez le contact avec vos actionnaires, qu’ils détiennent une
centaine d’actions ou une participation de 4%. » C’est ce que
conseillait le CEO Bart De Smet dans une tribune. Comment Ageas
procède-t-elle dans la pratique ?
~ Jozef De Mey, président d’Ageas
“
4
Le roi Philippe, encore prince à l’époque,
lors de la mission économique.
© DOC
« Une mission
princière attire
l’attention sur
nos activités en
Asie »
Les contacts locaux et les contrats existent déjà. Une mission prin-cière
n’a donc plus aucune utilité à cet égard pour Ageas.
Cependant, une mission de ce genre permet aussi de consolider les
liens avec les partenaires locaux, et d’accroître la notoriété et la
connaissance des activités d’Ageas auprès des dirigeants belges.
Fin novembre, ce sera la troisième fois qu’Ageas participe à une mission
commerciale belge dans un pays où elle est déjà active. Après la Turquie en
2012 et la Thaïlande en 2013, ce sera le tour de la Malaisie.
« Contrairement à la plupart de nos collègues, nous ne participons pas à
cette mission princière pour conclure des contrats locaux », explique le CEO
Bart De Smet. « Pour nous, c’est surtout l’occasion de montrer qu’Ageas s’est
constitué une excellente position sur ce marché avec son partenaire –
Maybank – en Malaisie. Nous pouvons ainsi clarifier le profil du groupe.
Aujourd’hui, de nombreuses personnes s’étonnent encore lorsque je leur
explique ce que nous faisons en Malaisie et la position que nous y occupons.
Les missions princières nous aident à attirer l’attention sur cet aspect de
nos activités. »
Prestige et estime
« Pour nos partenaires locaux, c’est un honneur de pouvoir participer à de
telles missions », poursuit Bart De Smet. « Le Prince Philippe a accédé au
trône peu après son passage en Thaïlande en 2013, ce qui a encore accru le
prestige du CEO local qui l’a rencontré. En Asie, le respect pour les person-nalités,
les structures et les institutions est énorme. »
Et pour le CEO, est-ce une corvée ou un plaisir ? « Heureusement, je trouve
du plaisir dans tout ce que je fais », sourit Bart De Smet. « Et avec des activi-tés
aussi variées, on ne s’ennuie jamais. En Malaisie, je vais rencontrer des
dirigeants politiques et des investisseurs, rendre visite à des partenaires
locaux, déjeuner avec nos collaborateurs sur place, tenir des conférences de
presse… Les quelques jours que je passerai là-bas seront donc largement
rentabilisés. »
5. De Mey :
« C’est vrai.
Le holding pos-sède
un trésor de
guerre considérable
(Jozef De Mey entend par là
une position nette de trésorerie de
1,5 milliard d’euros, un matelas que détient Ageas en plus des réserves
de capitaux imposées par la loi aux filiales en assurance, NDLR.). Nous
l’utilisons avant tout pour financer la croissance interne et les acquisi-tions.
En l’absence d’opportunités intéressantes, nous ristournons cet
argent à nos actionnaires. Ces cinq dernières années, nous avons investi
environ 2 milliards d’euros dans nos activités, et distribué à peu près le
même montant aux actionnaires sous la forme de dividendes et du
rachat d’actions propres. »
Votre CEO disait qu’Ageas n’était pas une action de bon père de
famille. Partagez-vous son opinion ?
De Mey : « Quelle est la définition d’une action de bon père de famille ?
Ceux qui achètent une action doivent savoir qu’elle comporte un risque.
Nous sommes un assureur, et nous voulons développer cette activité.
Mais si un investisseur achète une action Ageas, il doit savoir qu’il y a
actuellement des actions juridiques en cours contre la société. Nous ne
cachons rien à ce propos. »
L’action qui saute le plus aux yeux est celle de FortisEffect. En
tant qu’héritier juridique de Fortis, Ageas a été condamnée pour
communication trompeuse entre le 29 septembre et le 1er octobre
2008.
De Mey : « Je ne suis toujours pas convaincu qu’il y ait eu une communi-cation
trompeuse à l’époque, mais bon, le juge a tranché. En tant que
conseil d’administration, notre devoir consiste à présent à combattre
cette décision dans l’intérêt de la société (Ageas s’est pourvue en
Cassation contre l’arrêt, NDLR). »
Ne craignez-vous pas un effet en cascade ? D’autres actions
Fortis courent sur des périodes plus longues, et les réparations
pourraient être beaucoup plus importantes.
De Mey : « Non, pas vraiment. FortisEffect reste un cas isolé. Je veux sou-ligner
ceci : si nous devons payer des indemnités avant que le pourvoi en
Cassation ait été tranché et si nous obtenons gain de cause par la suite,
nous devrons récupérer cet argent. Cela montre toute la complexité du
dossier. »
Combien de temps Ageas sera-t-elle encore poursuivie par les
actions juridiques de l’ère Fortis ?
De Mey : « Impossible de fixer une date. Lorsqu’on me pose cette ques-tion,
il m’arrive de répondre : 100 ans. C’est de l’humour, ce ne sera pas
autant, mais ce sera encore long. »
ACTEURS D’ENVERGURE MONDIALE
Ageas et ses parties
prenantes
«Nous avons fait le choix de la trans-parence
», martèle Bart De Smet,
CEO d’Ageas. « Au moment de la
crise de l’euro par exemple, nous
avons été parmi les premiers à publier la compo-sition
détaillée de notre portefeuille de titres
publics. Cette ouverture n’est pas toujours
agréable, mais notre cohérence contribue à
gagner la confiance des investisseurs et des ana-lystes.
En témoignent les récompenses que nous
a décernées l’Association belge des analystes
financiers en 2012 et 2014 pour notre commu-nication.
»
Le personnel aussi est informé et impliqué.
Chaque trimestre, nos salariés peuvent poser
des questions à Bart De Smet et ses collègues
sur le parcours de l’entreprise, dans le cadre
d’une séance de chat. Ageas fait également
preuve d’une grande transparence vis-à-vis du
monde financier en général et de ses action-naires
en particulier.
Nous avons posé quelques questions à Jozef
De Mey au sujet de ces derniers.
Qui est l’actionnaire type d’Ageas ?
De Mey : « Compte tenu du passé Fortis,
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nous distinguons trois types d’actionnaires. Le
premier groupe est composé des actionnaires
qui l’étaient déjà avant septembre-octobre
2008 et le sont toujours. Le deuxième groupe
est également composé d’actionnaires “histo-riques”,
à cette différence près qu’eux ont
racheté après l’implosion de l’action et ont
ainsi récupéré une grande partie de leurs
pertes. Enfin, il y a les nouveaux actionnaires
qui sont arrivés après octobre 2008. Nous
estimons que ces nouveaux actionnaires sont
désormais majoritaires. »
En 2009, Ageas était encore une
action spéculative, avec beaucoup
de fonds à effet de levier parmi ses
actionnaires. Quelles relations
entreteniez-vous avec eux ?
De Mey : « Chacun a le droit d’acheter ou de
vendre une action. Mais si un fonds à effet de
levier essaye d’exercer une influence sur notre
stratégie, pourquoi devrais-je l’écouter ? Il ne
sera plus là demain. Leur stratégie à court
terme ne va pas modifier notre stratégie à long
terme. »
Que peut attendre un actionnaire
d’Ageas ?
De Mey : « Un actionnaire doit naturellement
croire en notre stratégie, sans quoi il ne doit
pas acheter ou conserver ses actions. Mais il
doit en tout cas nous évaluer sur notre capa-cité
à tenir nos promesses. Et je pense en toute
modestie que nous y sommes parvenus haut la
main. Mais il revient bien entendu aux action-naires
d’en juger. »
2
3
Ageas Club
• L’Ageas Club existe déjà depuis avril 2011. Ses
quelque 3.000 membres reçoivent régulièrement des
newsletters et des flashs d’information qui expliquent
les événements du trimestre précédent et à venir.
• L’Ageas Club organise régulièrement des conférences avec
des orateurs internes et externes. Des figures-clés du monde de
la finance comme Jos Clijsters et Peter De Keyzer sont déjà
venues y exposer leurs idées. Le 9 décembre, ce sera le tour de
Koen Van Gerven, CEO de bpost. Bart De Smet et les autres
membres de la direction y sont présents en nombre et prêtent
une oreille attentive à toutes les questions, suggestions...
• Il n’est pas nécessaire de détenir des actions pour être
membre du club. Un simple intérêt pour le groupe
d’assurance suffit.
Il est possible de s’inscrire sur
ageas.com/membre
© Frank Toussaint
© DOC
A suivre
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www.lecho.be/
acteursmondiaux
6. D’ENVERGURE MONDIALE
Comment garantir
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Découvrez samedi prochain dans votre journal
l’acteur d’envergure mondiale Soudal.
Soudal, la persévérance au niveau international
“
COMMENT LES ENTREPRISES BELGES PARTENT À LA CONQUÊTE DU MONDE
Nous grandissons parce que
nous recherchons des lieux où
nous pouvons commencer à petite
échelle et nous étendre peu à peu. »
~ Vic Swerts, Président de Soudal
PROCHAINES PARUTIONS
22 novembre 2014 > Soudal
29 novembre 2014 > Cartamundi
6 décembre 2014 > Jan De Nul Group
13 décembre 2014 > Univeg
20 décembre 2014 > Vandemoortele
Pour les autres acteurs de la série :
Katoen Natie: www.lecho.be/acteursmondiaux/katoennatie
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Hans De Rore, hans.de.rore@mediafin.be, Tél.: 02.422.05.01
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