Internet, levier de renforcement des stratégies de city branding (virginie mahé)
10 bonnes raisons pour que les communicants publics s'interessent enfin a l'opendata
1. 10 BONNES RAISONS POUR QUE LES COMMUNICANTS PUBLICS
S’INTERESSENT (ENFIN) A L’OPEN DATA
Article publié sur Blog.territorial.fr le 13 février 2012
Open data, ouverture des données publiques, libération des données… Autant de mots qui
commencent à fleurir dans le champ sémantique des collectivités. Et pourtant, chaque fois
que j’aborde le sujet avec un communicant public, j’obtiens peu ou prou toujours la même
réponse, de l’ordre du « Heiiiiin ???? » *soupir…+
L’open data, késako ?
Je n’ai pas vocation dans cet article à vous faire un exposé complet sur les tenants et
aboutissants, les leviers et les freins de la libération des données publiques ; d’autres l’ont fait
mieux que moi. Pour faire court, l’open data, c’est une démarche qui vise à rendre disponibles
et réutilisables des données publiques afin de développer une démarche de transparence,
notamment vis-à-vis du citoyen, mais aussi de produire de l’innovation.
Je me contenterai simplement de vous renvoyer à cette petite vidéo ou encore à ce schéma
très pédagogique, tous deux réalisés par un acteur clé du mouvement open data en France,
l’association LiberTIC.
Voilà quelques bonnes raisons, qui, j’ose l’espérer, vous convaincront de l’intérêt et de la
nécessité de s’emparer du sujet « open data ».
BONNE RAISON N°1 : parce que c’est une obligation légale
A ne pas confondre avec le droit d’accès à l’information sur les documents publics, assuré
légalement depuis 1978, la réutilisation des données publiques est un droit opposable depuis
2005 en France. La différence est dans le format publié : l’open data exige de libérer des
données réutilisables, y compris de manière automatique, afin de les traiter en grande
quantité pour créer de la valeur ajoutée. Par données publiques, on entend toutes les
informations, études, fichiers que les administrations utilisent. A noter que certains types de
données ne sont pas concernés par cette obligation légale : les données privées, ou celles
relevant de la sécurité publique.
BONNE RAISON N°2 : parce que l’open data répond à une mission de service public
Libérer des données, c’est porter à la connaissance des citoyens des éléments qui les
concernent de près ou de loin. C’est répondre à un droit, et ainsi permettre aux étudiants, aux
chercheurs, aux créatifs, aux citoyens de mieux connaître leur propre territoire, c’est leur
fournir une matière brute à partir de laquelle penser, conceptualiser, construire. Je vous
invite à propos à tester cette petite application, « Où habitez-vous vraiment ? », développée
par OWNI, Orange Labs et la Fing, qui vous permettra d’avoir rapidement un aperçu très
concret du type de données qui peuvent être concernées par l’open data.
2. BONNE RAISON N°3 : parce que libérer les données, c’est booster l’attractivité du territoire
Un des arguments principaux qui incite à entrer dans une démarche d’open data réside dans
ses retombées économiques. A travers des concours ou en laissant à disposition des données,
collectivités et institutions « ouvertes » développent leur capacité à innover. Ce qui
demanderait des mois voire des années d’efforts à une collectivité pour développer de
nouveaux services à partir des données publiques en prendra ainsi bien moins, et avec des
résultats parfois surprenants, pour peu que l’on laisse des entreprises, des associations, des
individus s’en emparer. D’après LiberTIC, pour la Catalogne, l’ouverture des données a généré
des économies de 500 heures mensuelles de travail et un retour sur investissement en 4 mois.
BONNE RAISON N°4 : parce que l’open data ce sont des bénéfices directs pour les
usagers/citoyens
Grâce aux données publiées, vont pouvoir être mises au point des applications, gratuites ou
payantes, en triant, traitant, analysant, etc. les données de manière personnalisée et en
fonction des besoins. Le destinataire final de toutes ces applications et programmes est bel
et bien l’habitant, l’usager, le citoyen, la société. Ainsi, dans le cas du concours d’applications
lancé par la Ville de Rennes, ce sont pas moins de 43 applications qui ont été créées, à
l’exemple de Handimap qui recense et localise tous les trottoirs surbaissés, ou encore d’Eocity
qui rassemble l’ensemble des informations concernant les transports en commun (horaires,
parkings-relais…).
BONNE RAISON N°5 : parce que c’est l’opportunité de nourrir le lien entre la collectivité et
les acteurs moteurs du territoire
En développant une réelle collaboration avec les acteurs locaux créateurs d’innovation, la
collectivité crée et entretient un dialogue enrichissant pour chacune des parties prenantes.
Un bon exemple est celui de l’agglomération de Nantes, qui a choisi d’impliquer les acteurs
locaux dans la création de sa plateforme d’open data, à l’initiative de l’association LiberTIC. Ce
process a permis d’assurer une meilleure efficacité au projet, en mobilisant des compétences
et des expériences variées que la collectivité n’aurait pu apporter à elle seule.
BONNE RAISON N°6 : parce que c’est une piste d’avenir pour la construction des politiques
publiques
Cette collaboration public-privé, collectivité-citoyens, ne pourra manquer d’apparaître
comme prometteuse à l’heure où l’on repense le marketing des services publics de manière
transversale, en les centrant pleinement sur l’usager. Une bonne illustration en est le site
Seeclickfix.com (« voir, cliquer, réparer ») qui propose aux citoyens la possibilité de signaler
des problèmes dans leur commune, tels que les graffitis ou bien des poubelles non
ramassées. Les citoyens peuvent ainsi alerter administration et élus, mais aussi proposer des
solutions ou encore voter pour les problèmes à régler en priorité. Dans un contexte de
restrictions des ressources budgétaires pour les collectivités, les données ouvertes peuvent
finalement permettre une action publique plus efficace, plus à l’écoute et plus réactive, et ce
n’est pas pour rien que la ville de New York a fondé sa feuille de route numérique sur l’open
data.
BONNE RAISON N°7 : l’open data, un outil au service de la démocratie
L’open data peut contribuer à mieux faire comprendre l’action publique et/ou politique.
Ainsi, le site Where Does My Money Go (« où va mon argent ») permet de visualiser la
répartition des dépenses publiques de Grande Bretagne et d'explorer très simplement l'usage
qui est fait des impôts. Au delà du rôle didactique que l’open data peut jouer, il permet aussi
de répondre à une vraie demande citoyenne : plus de transparence sur la vie politique et
démocratique. Ainsi, l’association Regards Citoyens, créée pour retraiter les données de
NosDeputes.fr, a réussi à obtenir un principe d’amendes sanctionnant l’absence des députés
(juillet 2009). A l’inverse, du point de vue de l’élu, l’open data est susceptible d’éclairer la
3. décision publique, en permettant de rendre plus visibles et compréhensibles certains faits
marquants du territoire jusque là pressentis ou ignorés.
BONNE RAISON N°8 : parce que libérer les données, c’est donner l’image d’un territoire
moderne et ouvert
Bien entendu, au-delà des résultats en termes de dialogue citoyen et d’applications
économiques, entrer dans une démarche d’open data a forcément des répercussions sur
l’image du territoire et de la collectivité. Rennes l’a d’ailleurs bien compris et le fait d’être l’un
des précurseurs en matière de libération des données en France lui permet de mettre en
avant son positionnement stratégique axé sur l’innovation numérique.
Lancer une politique d’ouverture des données, c’est actionner un puissant levier de
modernisation et de démocratisation de son image pour une collectivité. A l’heure où de
plus en plus de collectivités territoriales, d’administrations et d’institutions nationales se sont
lancées dans la démarche (cf. la cartographie de LiberTIC ou encore les récents
http://www.data.gouv.fr/ pour l’Etat ou http://data.sncf.com/ pour la SNCF), il serait
dommage de ne pas prendre le train en marche…
Bien entendu, la communication publique a ici un rôle d’importance à jouer pour valoriser ces
politiques innovantes, et ce d’autant plus qu’il est nécessaire de faire un minimum de
pédagogie sur ce qu’est l’open data pour y parvenir efficacement.
BONNE RAISON N°9 : parce que la communication publique est tout à fait légitime dans une
démarche d’open data
C’est dans l’ADN même de l’open data qu’est inscrite la nécessité d’une médiation pour
rendre cette matière première brute que sont les données publiques compréhensibles et
utiles. Or, être un médiateur, n’est-ce pas là le propre de tout communicant ?
Pour que l’open data ait une vraie utilité sociale, il faut impérativement toucher le grand
public, et non seulement les « geeks ». La plateforme de données de la Saône-et-Loire essaie
ainsi de répondre à cet objectif par une cartographie interactive.
Permettre de visualiser ces données, mais surtout sensibiliser les citoyens à cette
problématique est aujourd’hui un enjeu de taille pour l’open data, dans lequel les
communicants publics ont un rôle clé à jouer.
BONNE RAISON N°10 : parce que la communication publique est nécessaire au
développement de l’open data
Dans la société de l’information dans laquelle nous évoluons, l’information, c’est le savoir, et
donc le pouvoir. Or, aujourd’hui, les données sont partout et sont produites ou co-produites
par tous. C’est une tendance de fond, et il semble vain de continuer à vouloir en maîtriser la
production et la diffusion. Si hier le pouvoir appartenait à qui détient l’information, demain
(aujourd’hui ?) il reviendra à qui sait la traiter et la faire circuler dans les bons réseaux et par
les bons canaux. Parce que le communicant public a aussi une responsabilité en
communication interne, il est un levier pour sensibiliser les différents services à la nécessité
de partager des données qui jusqu’à présent étaient considérées comme “chasse gardée”.
En résumé, ouvrir ses données, c’est entrer dans une démarche de transparence, développer
le dialogue entre acteurs du territoire et favoriser l’innovation. Le communicant public a tout
intérêt à se pencher de plus près sur l’open data, car cela a des résonnances profondes avec
sa propre mission :
- une mission de valorisation de son territoire : on ne peut passer à côté de ce puissant
levier d’innovation et de croissance, qui a des conséquences importantes en termes
d’image pour le territoire
- une mission démocratique : au vu du potentiel que comporte l’open data sur la
question du dialogue citoyen, il semble nécessaire que la communication publique
puisse être au coeur de la démarche
4. Enfin, dernier argument de poids, le communicant public est un acteur clé de l’open data, qui
peut revendiquer de fait de participer à cette démarche, notamment en ce qui concerne la
phase de sensibilisation et de valorisation qui doit l’accompagner.
Reste maintenant aux communicants publics à s’emparer sans tarder du sujet pour ne pas
laisser l’open data aux seules mains des techniciens du numérique.
Virginie Mahé
Consultante / chef de projets
Agence MMAP