Intervention de Sylvie Roussel Gaucherand à l'occasion de la Journée nationale des aidants du 6 octobre 2011 en présence de :
- Nora Berra, Secrétaire d’Etat auprès du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé, chargée de la Santé,
- Pierre Dartout, Préfet du Val-de-Marne
- Brigitte Jeanvoine, Vice-Présidente du Conseil général, en charge des solidarités pour les personnes âgées et handicapées,
1. Intervention de Madame Sylvie ROUSSEL-GAUCHERAND
Directrice de mission INNOVATION SOLIDARITE
Conseil général du Val-de-Marne
Le 6 octobre 2011 - Agence du développement du Val-de-Marne
J’ai envie de vous raconter une histoire ...
Celle des petits colibris qui allaient chercher avec courage, détermination et
inventivité des gouttes d’eau dans la corolle des fleurs pour éteindre un
incendie ... Les tatous se gaussaient et les traitaient de fous, c’était pour eux,
inconcevable, inimaginable même idiot !
Qu’importe ! ces drôles de petits oiseaux s’envolaient toujours plus haut.
Les tatous s’énervaient, ne comprenaient pas. «Ce n’est certainement pas
comme cela , que vous allez éteindre le feu» ... Alors, les colibris, avec une
petite lueur d’intelligence et de complicité dans le regard, leur dirent :
Peut-être, mais en prenant de la hauteur, nous avons vu des chemins qui
conduisent à la rivière.
Aujourd’hui, pour fêter la deuxième journée des aidants, nous allons
parcourir toute la journée, les chemins empruntés par ces étonnants petits
oiseaux.
Ces voies nouvelles sont mises en lumière aujourd’hui par votre présence,
Madame la Ministre, Madame la vice-présidente, chère Brigitte , Monsieur le
Préfet , mes chers amis...
Merci tout simplement !
L’université des aidants est un projet expérimental initié en 2009, présenté
par le Conseil général et co-financé avec lui par le FEDER ( Ile de France )
dédié aux aidants. Face aux souffrances individuelles et masquées de l’
aidant qui souvent s’ignore en tant que tel l’Université des aidants impulse
une dynamique d’actions qui interpellent, stimulent et les aident à résoudre
les difficultés vécues au quotidien en utilisant les Technologies de
l’Information et de la Communication , dont Internet et les réseaux sociaux.
C’est un projet d’envergure européenne ayant pour objectif d’évaluer, en
2. juin 2012, par des experts reconnus par le pôle allongement de la vie
Charles Foix , les bienfaits ressentis par des «aidants» lorsqu’ils sont, non
seulement équipés de nouveaux matériels de communication , mais surtout
accompagnés dans la découverte des modes opératoires et guidés dans la
réalisation de contenus multimedias correspondant à leurs centres d’intéret.
Dès la genèse du projet, les questions que nous nous sommes posées
étaient les suivantes :
Comment les TIC peuvent-elles mobiliser ou remobiliser les liens familiaux
ou amicaux entre l’aidant et ses enfants ou ses amis, parfois éloignés
géographiquement ?
Les Technologies de l’Information et de la Communication permettent-elles
aux acteurs de l’aide aux aidants, les associations, les équipes
médico-sociales, les entreprises de service à la personne et bien d’autres,
d’ assurer à distance une présence régulière, sécurisante et chaleureuse
auprès d’un aidant isolé.
Les artistes, professionnels ou amateurs, qu’ils soient peintres , vidéastes,
lecteurs à haute voix, conteurs, clowns, musiciens, comédiens peuvent-ils
proposer le fruit de leur passion par visiophonie ?
Quels sont les nouveaux métiers qui pourraient être exercés en télétravail,
par des aidants de plus de 50 ans sachant que bon nombre d’entre eux sont
obligés de diminuer leur temps de travail, voir d’abandonner leur activité
professionnelle ?
Quels sont les dispositifs innovants à mettre en place pour permettre à un
aidant de s’absenter du domicile de son proche , ne serait-ce qu’un jour ou
deux pour respirer, ou tout simplement dormir ?
Et surtot, et c’est la question essentielle que nous nous posions : les
«aidants» peuvent-ils réellement former une communauté virtuelle ?
Peuvent il faire partie d’un réseau numérique ? Ces réseaux sont-ils
capables de générer des rencontres réelles permettant à ces membres de
s’entraider, se soutenir et sortir de leur isolement .
3. Nous avons fait et faisons encore le pari, que lorsqu’on se croise tous les
jours, lorsqu’on s’entend, et se voit , tous les jours, ne serait-ce qu’une
seule petite minute par jour, c’est déjà une présence pure. Nous avons
fait et faisons encore le pari, que lorsqu’on a la possibilité de se relier aux
autres , à l’heure où l’on veut, et de n’importe quel lieu, on tisse des
relations de solidarité nouvelle.
Nous avons fait et faisons encore le pari que lorsqu’il se retrouve
physiquement sur le terrain de nos lieux de vie, pour échanger et vivre
ensemble des activités , l’aidant se ressource, se renforce.
De fait, le projet s’emploie à préserver l’autonomie des aidants , l’incite à
découvrir de nouvelles joies dans une réciprocité relationnelle.
AUTONOMIE, JOIE ET RECIPROCITE, trois mots que les colibris de plus
en plus nombreux s’efforcent d’essaimer sur les nouveaux chemins ouverts
par les réseaux numériques privés ou publics tels que Facebook ( 1667
membres au 6 octobre 2011 ), twitter et des réseaux numériques privés
( accessible sur le portail de l’Université des aidants )
AUTONOMIE
Que l’on soit un aidant solide ou fragile, jeune ou âgé, femme ou homme,
gros ou maigre, riche ou pauvre, vivant seul ou en couple, val-de-marnais
ou malien , chômeur ou en activité, enfant unique ou faisant partie d’une
grande fratrie ... être autonome, c’est en tout premier : accepter un retour
à soi.
« L’aidant doit se retrouver en tant que personne, c’est ma mère qui prend
tout mon paysage intérieur» Paroles d’aidante ( Isabelle )
Le retour à soi implique le retour vers l’autre, celui que l’on
accompagne au quotidien
Agir pour préserver l’ autonomie de l’aidant, c’est en quelques sortes
faire sortir «l’aide aux aidants» du cercle thérapeutique pour la faire
entrer dans un espace plus vaste et convivial.
JOIE La joie, parce qu’elle fait partie même du tissu de l’existence.
4. « la vie n’est pas uniquement lourde ou légère»
Le rire, car le rire est aussi, une excellente façon de libérer des tensions et
situations angoissantes qui éprouvent l’aidant. . Et puis, le rire, c’est aussi le
partage, il est tout de même assez rare de rire tout seul. ( quoique )
RECIPROCITE
L’université des aidants tente humblement de participer à la construction
d’un monde nouveau, un monde social ouvert et solidaire, reposant sur la
reconnaissance mutuelle, sur la dignité de chacun, sur l’appel aux
intelligences de tous.
Tous, c’est à dire : ceux et celles qui seront de futurs aidants, ceux et celles
qui sont déjà aidants, ceux qui sont aidés et ceux qui ont aidés. .
Dans ce projet, vous l’avez compris, les matériels de communication ne sont
qu’un prétexte .
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Le but est de montrer que les savoirs, les apprentissage, s’ils sont partagés
entre aidants, permettent un ressourcement. Les rencontres centrées sur les
intérêts des aidants sont des vecteurs puissants pour leur mieux être :
On le sait bien : lorsque l’aidant va bien, l’aidé va mieux.
Depuis juin 2011, ils sont près d’une centaine à être équipés . Les télévisions
interactives ( E-lio de Technosens ) , les tablettes tactiles ( Tablette
simplifiée TV’ sentiels - Ezodis ) , IPAD2 et Acer sont déjà installées au
domicile des aidants.
Les dispositifs d’accompagnement ont été imaginés en 2011 selon trois
modes :
- les ateliers pédagogiques animés par des spécialistes du Centre de
documentation pédagogique du Val-de-marne, sont à pied d’oeuvre. Ils
vous seront présentés en fin de matinée.
- des rencontres autour des centres d’intérêt définis par les aidants sont
programmées de janvier à juillet 2012 . Un week end en Sologne sera
organisé au printemps pour les aidants et les aidés, en partenariat avec
5. l’Association des petits frères des Pauvres. , des ateliers de peintures sur
Ipad sont prévus en partenariat avec France Alzheimer 94.
Enfin, le village vacances Jean-Franco de Longefoy en Savoie avec l’équipe
de l l’Université des aidants offrira, comme il l’a déjà fait l’été dernier, une
parenthèse, un temps pour respirer et créer avec des petites caméras
légères, des instantanés de vie, dont le montage sera effectué par un
vidéaste en résidence d’artiste
- des soutiens à distance sont mis à disposition : Les aidants bénéficient de
l’accompagnement à distance par 6 jeunes de «l’association Fraternité
numérique» , guides pour faciliter l’usage d’un ordinateur et de ses
périphériques.
Nous avons fait beaucoup ... Sans doute, mais jamais assez !
Je tiens à remercier les mairies de Fontenay-sous-bois, de Saint-Maur, de
Créteil, les 6 clics et leurs partenaires , les associations des petits frères des
Pauvres, Cancer Campus, le Réseau ONCO94 , Aidant Attitude, France
Alzheimer 94, Les ateliers Vesuviani, le Centre départemental de
Documentation Pédagogique.
Merci encore à Novartis pour son soutien constant, à Orange qui a pris en
charge la connexion internet des rares aidants non connectés.
Et puis, bien-sur, merci à vous tous et toutes d’être présents . Vous
reconnaissez ainsi l’importance du rôle primordial joué par les aidants.
Tous les chemins du possible sont maintenant ouverts, les 100 aidants sont
prêts à vivre positivement l’expérimentation ... C’est à eux que nous devons
adresser le plus grand des mercis !
Place à parole d’aidants : Projection de la vidéo « PAROLES D’AIDANT» .