CS ARMENIA _UPDATE JANUARI 2010_ _ENGLISH VERSION_.pdf
Newsletter octobre 2009.pdf
1. Retour & Réintégration
NUMERO 07 - Octobre 2009
Contenu
Statistiques générales
Statistiques générales STATISTIQUES PREMIER SEMESTRE 2009
Visite à notre partenaire Caritas
Mongolie
2009 Janvier Février Mars Avril Mai Juin Total
Retour volontaire au Pérou :
l’histoire d’Ana Dossiers 24 15 14 18 23 28 122
Cameroun : nécessité d’un re- Personnes 34 22 15 23 31 31 161
tour bien préparé
Poursuivant la tendance d’une année
2008 bien supérieure aux prévisions, Reab A B C
la première partie de l’année 2009 a vu
le retour de 161 personnes, malgré un Dossiers 5 54 63
net durcissement des critères envers
l’Ukraine, le Brésil et la Mongolie, pays Personnes 5 69 87
dans lesquels des abus avaient été
constatés.
Le premier semestre 2009 dégage un Sur un total de 122 dossiers, nous en avons
« Top 5 » sans surprise, avec une confir- rencontré 110 directement. Les autres dos-
mation de l’importance des retours vers siers ont été conseillés par téléphone ou par
le Népal, où une visite d’évaluation a été l’intermédiaire de leurs conseillers retours.
effectuée en mars, et où une étudiante
soutenue par Caritas International a réali-
sé un mémoire de fin d’étude après trois Conséquences de la régularisation
semaines d’évaluation de la situation des
personnes rentrées par le programme de
Caritas en 2007 et 2008. Sans surprise, les rumeurs puis l’annonce
d’une régularisation sous conditions ont pro-
voqué un net reflux des demandes de retour
volontaire ainsi qu’une vague d’annulation de
Pays Départs dossiers en cours. Situation compréhensible,
les migrants souhaitant s’informer, avant
Mongolie 23 toute décision définitive, des critères de ré-
gularisation. L’enregistrement des demandes
se clôturant le 15 décembre, nous nous at-
Brésil 22
tendons à une reprise à partir de ce moment.
Caritas International Népal 14
Cellule Retour Volontaire
Ukraine 13
Rue de la Charité, 43
1210 Bruxelles Bosnie 12
Anne Dussart : +32 2 2293604 Si les REAB C sont majoritaires, c’est
Annelieke Carlier : +32 2 2293586 essentiellement en raison du développe-
Thomas Jézéquel : +32 2 2111052 ment de nos activités en Amérique latine.
Sofie De Mot : +32 2 2111059 16 personnes sont ainsi rentrées dans
Rut Van Caudenberg : +32 2 2293602 des pays comme la Bolivie, l’Equateur
(reprise des activités du CIRE), le Chili, le
Pérou, le Paraguay et le Nicaragua. Les
reintegration@caritasint.be ressortissants de ce pays ne demandent
www.caritas-int.be/reintegration/ traditionnellement jamais l’asile et vien-
nent en Belgique pour des raisons éco-
nomiques.
2. RETOUR & REINTEGRATION-NUMERO 07 - Octobre 2009 2
Visite à notre partenaire Caritas Mongolie
Du 19 au 25 août, Annelieke Carlier et Thomas Jézéquel Une des personnes visitées a pu rouvrir un petit commerce
de la Cellule «Retour volontaire et réintégration» de Cari- dans la banlieue de la capitale. Celle-ci vivote tant bien que
tas International ont effectué une visite d’évaluation de mal malgré le peu de liquidité : la pauvreté générale fait que
leur partenaire en Mongolie. l’épicière est obligé de faire crédit à de nombreuses familles
en espérant être remboursée à terme, ce qui lui pose des
Les Mongols représentent en effet une part importante des problèmes pour renouveler ses stocks.
retours volontaires gérés par Caritas dans le monde, avec plus
de 70 personnes aidées depuis mars 2007. La communauté
mongole de Belgique se concentre principalement dans la ville
d’Anvers.
En Mongolie, Caritas travaille étroitement avec la Caritas Mon-
golie, gérée par le père Pierrot Kasemuana, missionnaire origi-
naire du Sud-Kivu congolais. Il peut compter sur une équipe
locale solide et anglophone. Caritas Mongolie se concentre
principalement sur l’aide d’urgence (catastrophe naturelle) et
les projets d’agriculture, mais a accepté, lors d’une première
visite sur place en décembre 2007, de devenir un partenaire
structurel de Caritas Belgique pour l’aide à la réintégration des
migrants.
Notre dernière visite nous a permis de constater le sérieux et
le professionnalisme de l’équipe de Caritas Mongolie, qui tra-
vaille dans des conditions difficiles. Si de nombreux migrants
collaborent facilement, Caritas est également en butte à des
attitudes agressives et des menaces afin de débloquer les
fonds «sans poser de question». Cela nous conduira à une
sélection plus attentive des dossiers de réintégration à partir
de la Belgique.
Un jeune couple, avec un enfant né en Belgique, nous a
Cependant, dans l’ensemble, les personnes bénéficiaires du permis de mieux comprendre les mécanismes improbables
projet sont bien aidées et nous avons pu constater les condi- qui mènent des candidats à l’exil jusqu’à Anvers. De l’achat
tions de grande précarité dans lesquelles elles vivraient sans (800 euros) d’un Visa contrefait grâce à la collaboration
appui à leur retour. La société mongole est gangrenée par la d’employés locaux des consulats européens (notamment
corruption et le taux de chômage élevé s’explique en partie tchèques et allemands) au passage par la Russie entre les
par le fait qu’un candidat à un emploi est supposé mains de trafiquants Mongols qui se relaient tout le long du
«rémunérer» la personne qui l’aide à trouver un travail (ami ou trajet. La destination est souvent la république tchèque, où
simple connaissance). Cette pratique généralisée du pot de les Mongols sont employés au noir dans les usines et les
vin handicape grandement les personnes ne bénéficiant pas campagnes. La communauté mongole importante et invisi-
d’un réseau social leur permettant de s’insérer facilement dans ble qui s’est formée en Belgique attire ensuite ceux qui sont
l’économie locale. déçus par le «rêve» tchèque. A Anvers, certaines personnes
sont aux mains de «gangs» mongols qui les forcent à voler
Les principaux problèmes de nos bénéficiaires sont l’accès au
dans les magasins ou à être pickpockets. D’autres ont plus
logement et la santé. Nous avons rencontré de nombreuses
de chance et plusieurs personnes ont témoigné avoir été
personnes vivant à plusieurs familles dans des petits apparte-
domestiques dans des riches familles anversoises. Le tarif
ments voire de simples baraques dans les immenses
semble être de 800 euros par mois et les conditions de tra-
«bidonvilles» (principalement composés de maisons en bois et
vail correctes.
de tentes traditionnelles, les «ger») d’ Ulaan Baator. La Cari-
tas Mongole suit les dossiers de près et tente de remédier à Notre service a donc été plus que satisfait de la mission et
ces situations avec les budgets octroyés par FEDASIL via des enseignements tirés. Une meilleure connaissance des
Caritas Belgique. conditions réelles à Ulaan Baator nous permettra d’adapter
notre programme et notre conseil aux migrants en Belgique.
La collaboration structurelle continuera en 2010 avec la Ca-
ritas Mongolie, qui sera présente à Bruxelles lors de la tradi-
tionnelle semaine des partenaires internationaux.
Annelieke Carlier et Thomas Jézéquel
3. RETOUR & REINTEGRATION-NUMERO 07 - Octobre 2009 3
Retour volontaire au Pérou : l’histoire d’Ana
C’est en mars 2009 qu’Ana, 39 ans, décida de renoncer Caritas Pérou, estimant que l’investissement était judicieux,
à sa vie en Belgique, sans papiers adéquats et dans une informa la Cellule Retour Volontaire du projet. Ce genre
situation très précaire, pour retourner à Lima, la capitale d’activité est en effet très populaire au Pérou et encore peu
de son pays d’origine, le Pérou. Habitant depuis 5 ans présent dans le quartier d’Ana. Il y avait donc indubitable-
en Belgique mais, ayant accouché d’un fils, se retrou- ment un marché et une possibilité pour Ana de générer un
vant sans revenu et n’ayant personne vers qui se tour- revenu.
ner, le retour lui parut la meilleure option.
Le budget servit à acheter deux machines à coudre et le
matériel nécessaire. Bien avant de lancer son activité de
Elle frappa à la porte du service social de Caritas, qui pou- couture, Ana s’inscrivit dans un cours de couture afin d’amé-
vait l’aider à régler les modalités de son retour. Au vu de la liorer ses connaissances et sa technique. Le fils d’Ana profi-
situation difficile d’Ana, mère célibataire sans revenu, elle fut ta également d’un soutien à la réintégration afin de recevoir
envoyée par le service social de Caritas à la Cellule Retour les vaccins nécessaires et six mois de lait en poudre pour lui
et Réintégration, afin de pouvoir compter sur une aide à la assurer une alimentation complète et saine. Caritas Pérou
réintégration après son retour au Pérou. s’assura ensuite que les droits du bébé à l’assurance médi-
cale gratuite seraient respectés.
Avant son départ, Ana et son conseiller retour parlèrent de
ses difficultés et de ses projets. En tant que mère céliba-
taire, elle avait le droit à un budget supplémentaire pour
« groupe vulnérable), pour un total de 2100 euros pour elle
et son fils. Elle pouvait à son retour être hébergée chez sa
mère, où habitait déjà son frère et ses deux enfants. Elle
n’avait donc pas besoin de mettre de l’argent de côté pour le
logement. Le plus important pour Ana était de commencer
une activité génératrice de revenus afin de pouvoir recom-
mencer une vie au Pérou pour elle et son enfant.
Une fois rentrée à Lima, où elle fut accueillie par sa mère et
par le reste de sa famille, elle prit contact avec Caritas Pé-
rou. Il fut décidé après plusieurs entretiens avec la personne
de contact de Caritas, d’investir l’argent dans un petit atelier
de couture qu’elle pourrait accueillir chez elle. L’idée était de
coudre des vêtements et de les vendre aux personnes du Ana est la deuxième personne rentrée au Pérou via le pro-
voisinage. gramme d’aide à la réintégration de Caritas Belgique. Entre-
temps, une troisième personne est partie pour Lima, et a pu
acheter le matériel nécessaire pour commencer une activité
de dentiste.
Mère célibataire, vivant clandestinement en Belgique dans
des conditions difficiles et précaires, décidant de rentrer
dans son pays afin de bénéficier du soutien de sa famille :
Ana représentait bien la majorité des dossiers Latino-
Américains. Grâce au réseau et au soutien de sa famille, à
l’aide à la réintégration et à l’assistance du partenaire local,
on peut parler de succès en ce qui concerne la réintégration
dans ce genre de situations.
Pour l’instant, tout se passe bien pour Ana. Elle continue à
suivre sa formation mais espère commencer après les fêtes
de fin d’année à réaliser quelques vêtements pour enfants et
à les vendre. Son fils se porte bien. Caritas Pérou reste en
contact régulier avec elle afin de suivre leur situation.
Rut Van Caudenbergh
4. RETOUR & REINTEGRATION-NUMERO 07 - Octobre 2009 4
Cameroun : nécessité d’un retour bien préparé
En ce qui concerne le retour au départ de la Belgique, la
comparaison entre les situations de Mr Félix M’babit
(hébergé en ILA à Kasterlee) et Mr Bradley Lyonga (10
mois dans un centre Croix-Rouge à Eeklo, 2 mois dans
une ILA à Zottegem) est édifiante sur l’influence que l’ac-
cueil en Belgique peut avoir sur un retour éventuel.
Bien intégré en Flandres, M. M’babit a correctement appris la
langue, s’est constitué un réseau social important, et a eu le
temps de réfléchir à son retour. L’aide financière de FEDASIL,
à hauteur de 700 euros, n’a constitué qu’un appui secondaire
par rapport à l’aide reçue de ses amis belges : près de 6000
euros en espèces ou en nature : minibus en bon état, machi-
nes de boulangerie d’occasion (four, pétrisseuses), et aide
financière pour acheter un groupe électrogène. L’appui du par-
tenaire a constitué en un soutien administratif pour dédouane- M. Bradley Lyonga vit près de Buea, au pied du Mont Came-
ment du matériel à Douala (pour un coût de 2700 euros !!), roun, dans la province du Sud-Ouest anglophone du Came-
l’élaboration d’un business plan, ainsi qu’en un suivi régulier roun. Demandeur d’asile en Belgique, il était meneur d’une
malgré la distance entre Bamenda et Yaoundé (près de 7h de grève étudiante au Cameroun, violemment réprimée par la
route pour 350 km). police. Battu, il souffre de problèmes de dos que les soins
prodigués en Belgique ont atténué mais n’ont pas suffit à effa-
M. Felix M’babit vit dans le village de Guzang, à 40 km de Ba- cer. Sa demande d’asile rejetée, il a été très rapidement ex-
menda (partie anglophone du Cameroun) au bout d’une piste pulsé de son ILA à Zottegem et a pris sa décision de retour
en terre qui doit être impraticable en cas de fortes pluies. Les dans la précipitation. Après deux semaines difficiles, sans
coupures d’électricité sont courantes. C’est l’impossibilité de appui social, marquées par la peur d’être repris par la police,
trouver un local abordable à Bamenda qui l’a poussé à installer l’aide de 1400 euros (cas vulnérable) lui a permis d’ouvrir une
son projet de boulangerie dans son village d’origine. L’accessi- petite échoppe qui lui génère un revenu. Il loue au moins ce
bilité réduite et les coupures d’électricité constituent des obsta- local ainsi qu’une petite chambre. Il a payé pendant plusieurs
cles réels à la viabilité du projet. Mr M’babit a suivi une forma- mois des soins qu’il ne peut aujourd’hui plus se permettre.
tion de boulanger chez un retraité du village de Kasterlee qui Banni à vie des universités camerounaises, il ne peut pas
l’a pris sous son aile pendant son séjour en Belgique. Le pain, reprendre ses études de sciences politiques et obtenir son
préparé grâce au matériel importé de Belgique, mais égale- diplôme.
ment grâce au specta-
culaire four traditionnel Malgré toutes ces difficultés, le petit commerce ouvert il y a
en briques, est d’une près de 9 mois semble bien fonctionner. M. Lyonga emploie
qualité supérieure. Il pour les travaux difficiles un jeune homme qui l’assiste quel-
est vendu, grâce à un ques heures par semaine. Il met de l’argent de côté et compte
réseau de livreurs en louer un second local sur le bord de la route nationale afin de
motos, dans tous les toucher une clientèle plus large. Là encore, Mr Biack va tenter
villages environnants et de lui faire profiter des possibilités offertes par les agences
dans les écoles voisi- gouvernementales d’appui aux entrepreneurs.
nes.
Dans le premier cas, l’accueil dans une structure personnali-
Mais les revenus seraient nettement supérieurs à Bamenda, où sée, en contact avec la population, a permis au migrant de se
il compte investir, dès qu’il le pourra, dans un dépôt-vente per- constituer un réseau local décisif dans sa réintégration. Dans
mettant d’écouler sa production. Pour ce faire, il a besoin d’un le second cas, le retour brusque et précipité, difficilement
groupe électrogène afin de se garantir contre les coupures préparé dans des conditions de stress et d’angoisse, aurait pu
d’électricité et assurer une production continue. Mr M’babit joue très mal se passer. Caritas souhaite insister sur la nécessité
sur l’aspect « pain belge » afin d’attirer le client. La qualité de de donner aux personnes qui ont accepté le principe d’un
son produit lui garantit une clientèle, à laquelle il doit cependant retour volontaire la possibilité de rester dans le réseau d’ac-
pouvoir accéder. cueil pendant une période raisonnable, afin de préparer effi-
cacement leur réintégration.
Auparavant sceptique quant à la viabilité du projet, notre parte-
naire M. Biack s’est dit impressionné par le travail réalisé et par
l’énergie et la motivation du promoteur. Il compte, à son retour
à Yaoundé, tenter de lui donner accès aux crédits proposés par Thomas Jézéquel
des organismes tels que le PAJER-U et le PIASI, agences gou-
vernementales d’appuis aux entrepreneurs indépendants en
milieu urbain et rural.